Le président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadéra, a pris la parole lundi à l’occasion du 7ᵉ Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine et de l’Union européenne, qui se tient du 24 au 25 novembre à Luanda, en Angola. Voici l’intégralité de son discours.
– Excellence Monsieur João Manuel Gonçalves Lourenço, Président de la République d’Angola et Président en Exercice de l’Union Africaine ;
– Excellences ;
– Mesdames et Messieurs ;
Je suis honoré de prendre la parole, au nom de la République Centrafricaine, à ce 7ème Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine et de l’Union Européenne.
Ma présence à ce Sommet témoigne, non seulement de l’excellence des relations que la République Centrafricaine entretient avec l’Union Européenne, au plan bilatéral, mais aussi de l’adhésion du Gouvernement centrafricain aux valeurs universelles et irréversibles de paix et sécurité, de liberté, de justice, de droits humains, du respect de la diversité et de la non-indifférence, qui fondent notre attachement au multilatéralisme et à la coopération internationale.
Permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude au Président LOURENÇO, au Gouvernement et au peuple frère Angolais pour l’excellente organisation de ce 7ème Sommet et l’accueil chaleureux qui nous a été réservé.
– Excellences ;
– Mesdames et Messieurs,
Au moment où nos deux continents célèbrent les ans 25 ans d’un partenariat solide, unique et stratégique, je tiens à saluer les efforts constants de nos deux Organisations à construire un partenariat stratégique porteur d’espoir pour nos deux continents.
Ce Sommet, placé sous le thème : « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme efficace », se tient dans un contexte où le monde fait face à une accumulation de menaces inédites : guerres persistantes, rivalités géopolitiques, montée du terrorisme et du crime organisé, déplacements massifs de populations, insécurité alimentaire aggravée par le changement climatique, crises économiques structurelles.
Ce contexte chargé d’incertitudes nous rappelle que nous sommes aujourd’hui à un tournant historique de notre partenariat stratégique que nous avons voulu ambitieux, équitable, porteur de transformation et de développement partagé pour nos peuples.
Ce Sommet marque également une nouvelle ère, celle où l’Afrique, au regard de ses immenses potentialités humaines et économiques, s’affirme comme une voix incontournable du multilatéralisme efficace et d’un ordre mondial fondé sur le respect du droit international et de la souveraineté de chacun des Etats membres des Nations Unies.
– Excellences ;
– Mesdames et Messieurs,
Le multilatéralisme est aujourd’hui en crise en raison de plusieurs facteurs parmi lesquels l’on note :
– la montée du nationalisme et de l’unilatéralisme dans de nombreux pays qui privilégient leurs propres intérêts au détriment de la coopération multilatérale ;
– la complexité des crises contemporaines avec des organisations internationales qui ont du mal à gérer efficacement les défis actuels tels que les pandémies, les conflits, le changement climatique et les inégalités croissantes ;
– les tensions géopolitiques croissantes entre les grandes puissances ;
– la rigidité institutionnelle due à des difficultés d’adaptation à un monde avec plusieurs Etats et de nouveaux enjeux ;
– les défis économiques liés au ralentissement du commerce international et la remise en cause du modèle de la mondialisation.
Face à cette crise profonde, la République Centrafricaine propose, entre autres solutions:
– la réforme des institutions multilatérales existantes en mettant à jour les règles et les mécanismes de leur fonctionnement ;
– le développement de nouvelles approches en incluant de nouveaux acteurs non étatiques ;
– le renforcement de l’engagement multilatéral comme un modèle de gestion des relations mondiales dans un monde en mutation ;
– la modernisation de l’architecture de gouvernance mondiale en intégrant des nouveaux acteurs comme les jeunes dans le processus de décision.
– Excellences ;
– Mesdames et Messieurs,
L’Afrique, riche de ses ressources humaines et naturelles, est engagée sur la voie de la transformation structurelle de ses économies, de la consolidation d’une paix durable et de l’affirmation de sa souveraineté dans ses choix de développement.
Nous saluons, à ce titre, les priorités retenues par l’Union Africaine, à savoir la mise en œuvre accélérée de l’Agenda 2063, la transition énergétique, la ZLECAF ainsi qu’une réforme en profondeur de la gouvernance mondiale.
Mais cette ambition doit être soutenue par des mécanismes innovants et efficaces, notamment un soutien accru à l’agriculture, à l’énergie, à l’industrialisation et aux infrastructures, et surtout une mise en œuvre effective de l’Initiative Global Gateway afin que les 150 milliards d’Euros annoncés puissent bénéficier véritablement à l’ensemble des pays africains, en particulier les plus vulnérables, au moyen d’un accès facilité au financement et d’une sélection équitable des projets.
Pour la République Centrafricaine, pays post-conflit en reconstruction, ce partenariat ne saurait être abstrait.
Il doit se matérialiser par des actions visibles, impactantes, en harmonie avec les besoins de notre peuple, et débarrassées de toutes les pressions motivées par les seuls intérêts géopolitiques.
Nos priorités sont claires, à savoir :
– la modernisation et l’accroissement de notre capacité de production énergétique à travers l’hydroélectricité et les énergies renouvelables ;
– le désenclavement de notre pays avec des infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et aériennes ;
– la réalisation des investissements créateurs d’emplois pour notre peuple.
Convaincue qu’un multilatéralisme efficace et rénové est la clé pour relever les défis de notre temps, la République Centrafricaine plaide pour que les pays fragiles, bénéficient d’un traitement différencié dans l’accès aux financements, à la gouvernance mondiale et aux mécanismes de sécurité.
Nous voulons une Afrique capable de peser collectivement dans le système multilatéral.
Je forme le vœu que ce 7ème Sommet puisse renforcer la coopération entre nos deux continents et offrir à tous les pays africains et européens, les moyens de bâtir une prospérité partagée et durable.
Je vous remercie.