L’UE profondément divisée avant un sommet sur l’après-crise

Les dirigeants européens semblent plus divisés que jamais au moment de débattre jeudi des solutions pour sortir l’UE de la récession due à la pandémie de coronavirus, ce qui devrait les contraindre à reporter toute décision d’envergure.

Les 27 ne parviennent pas, pour le moment, à s’entendre sur la façon de relancer le moteur économique et un détail en dit long sur leurs divergences: contrairement à l’habitude, ils ne devraient adopter aucune déclaration commune à l’issue de leur sommet en visioconférence, qui débutera à 13H00 GMT.

Dans sa lettre d’invitation aux chefs d’Etat et de gouvernement, le président du Conseil européen Charles Michel, à la manoeuvre lors des sommets, leur « suggère de se mettre d’accord pour travailler sur un fonds de relance aussi vite que possible ».

Mission devrait être confiée à la Commission européenne de travailler rapidement sur le sujet, ce qui constituera « le principal résultat du Conseil », anticipe une source européenne.

Pourtant, la pandémie a percuté de plein fouet les économies: l’UE, dont les populations sont confinées dans la plupart des pays, devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI.

Et la crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d’être la pire de la courte histoire de la monnaie unique lancée en 1999.

– Solidarité –

Dans ce contexte, les vieux clivages, auxquels on avait déjà assisté après la crise financière de 2009, ont réapparu au grand jour.

D’un côté les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie comme l’Italie et l’Espagne, réclament davantage de solidarité financière à leurs voisins du Nord.

Mais ces derniers, en particulier l’Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, rechignent à payer pour des Etats à qui ils reprochent de ne pas avoir fait preuve de discipline budgétaire pendant les années de croissance.

« Les pays du Sud ont l’impression que certains Etats, actuellement plus forts économiquement, vont utiliser cette crise pour l’être encore davantage. Et ceux du Nord pensent que leurs voisins du Sud vont profiter de la pandémie pour leur léguer le fardeau de la dette qu’ils ont contractée par le passé », résume un haut responsable européen.

L’Elysée anticipe « encore des débats à l’issue du Conseil » et n’attend pas d’accord avant l’été.

« Il faudra une réunion physique des chefs d’Etat et de gouvernement, au moins une », a résumé une source française.

« C’est le sommet typique sur lequel les rencontres bilatérales, la rencontre à côté de la salle, la possibilité de se parler, de se comprendre mieux dans un tête-à-tête, tout cela va manquer », a estimé l’ancien président du Conseil italien et président de l’Institut Jacques Delors, Enrico Letta.

– « Coronabonds » –

De l’avis de tous, le plan de relance devrait être de plusieurs centaines de milliards d’euros, mais un montant définitif est encore loin d’être acté.

Sur l’épineuse question du financement de fonds de relance, différentes options ont été présentées, mais aucune ne fait pour l’instant l’unanimité.

Rome, Madrid ou Paris plaident pour un endettement commun, sous des formes variées, que l’on a souvent résumé par le terme de « coronabonds ».

L’intérêt de la mutualisation des dettes pour les pays du Sud de l’Europe, c’est de bénéficier des taux d’intérêt peu élevés des pays du Nord.

La question se pose également sur le lien entre le fonds de relance et le budget à long terme de l’UE, qui doit en principe être adopté d’ici la fin de l’année pour la période 2021-2027.

Cette option rassure les pays du Nord car elle fournit un cadre légal mais elle risque de susciter d’autres questions tout aussi compliquées, comme la priorité de ces dépenses d’investissement d’après-crise par rapport à celles qui sont traditionnelles comme la Politique agricole commune (PAC).

Les dernières négociations sur ce budget pluriannuel, en février avant la crise sanitaire et économique, s’étaient soldées par un échec retentissant.

Nouvelle manifestation anti-confinement aux Etats-Unis, Trump limite l’immigration

Donald Trump doit signer mercredi un décret suspendant temporairement la délivrance de cartes vertes afin, dit-il, de protéger les emplois américains en pleine crise liée au coronavirus, tandis que les manifestations pour réclamer la réouverture de l’économie se poursuivent à travers les Etats-Unis.

Elu en 2016 sur la promesse de construire un mur entre son pays et le Mexique, Donald Trump a fait de l’immigration un sujet clé de sa présidence et de sa campagne de réélection avant le scrutin de novembre.

« Je signerai aujourd’hui le décret interdisant l’immigration dans notre pays », a-t-il tweeté mercredi matin.

Contrairement à ce que le locataire de la Maison Blanche avait initialement laissé entendre, la suspension –d’une durée initiale de 60 jours– ne s’appliquera pas aux visas de travail temporaires mais aux seules cartes vertes qui offrent le statut de résident permanent.

Mardi, M. Trump avait mis en avant la situation de l’emploi aux Etats-Unis pour justifier sa décision.

« Il serait injuste que les Américains soient remplacés par une main-d’oeuvre venue de l’étranger », avait déclaré l’ancien homme d’affaires de New York, en appelant à « donner la priorité au travailleur américain ».

Plus de 22 millions d’Américains ont perdu leur emploi depuis que la crise du coronavirus a soudainement paralysé l’économie.

Avec près de 46.000 décès, les Etats-Unis affichent le plus lourd bilan du monde. Ils dénombrent plus de 826.000 cas de Covid-19.

Et les hôpitaux dans certaines régions particulièrement touchées ont encore du mal à répondre à l’afflux de patients, alors que le pays a enregistré l’un de ses pires bilans journaliers mardi, avec plus de 2.700 décès.

– « Besoin d’emplois » –

Donald Trump a toutefois jugé la semaine dernière qu’il était temps de faire « redémarrer l’Amérique », en laissant chacun des gouverneurs prendre la décision selon la gravité de l’épidémie dans son Etat.

Certains ont rapidement commencé à relâcher les règles de distanciation. Des plages de Floride ont été autorisées à rouvrir dimanche dernier, les gouverneurs du Texas et du Vermont ont prudemment relancé certaines activités dès lundi tandis que la Géorgie ira plus loin dès vendredi.

Coiffeurs, salons de beauté et de tatouages, bowlings et autres petits commerces pourront ouvrir leurs portes bien que cet Etat du Sud ne réponde pas aux recommandations de la Maison Blanche, qui préconise notamment d’enregistrer 14 jours de baisse du nombre d’infections avant d’assouplir les mesures.

Son gouverneur républicain, Brian Kemp, a conseillé aux employés de respecter des distances de sécurité mais elles semblent difficiles à maintenir dans certaines de ces professions.

Dans les Etats encore sous ordre de confinement, des Américains multiplient depuis plusieurs jours les manifestations pour appeler à relancer l’économie.

« Nous avons besoin d’emplois. Les gens ne peuvent pas payer leurs loyers, ils ne peuvent pas s’acheter de nourriture », a déclaré à l’AFP Jason Roberge, venu protester mercredi à Richmond, capitale de la Virginie.

« Liberté plutôt que peur », pouvait-on lire sur la pancarte brandie par un homme tandis que des automobilistes, agitant drapeaux américains ou au nom de Donald Trump, klaxonnaient.

Pour soutenir les petites entreprises en détresse et tenter de garantir leurs emplois, le Congrès doit approuver jeudi un nouveau plan d’aide de près de 500 milliards de dollars, qui financera aussi les hôpitaux et renforcera la capacité de dépistage, un facteur jugé crucial pour pouvoir relancer l’activité économique.

Face aux Etats qui se préparent à une « réouverture », le gouverneur de New York, épicentre de la pandémie aux Etats-Unis, a lui lancé cet avertissement retentissant: « Nous ne pouvons pas être stupides ».

« Je comprends la pression » que peuvent ressentir gouverneurs pour assouplir les règles, a déclaré le démocrate Andrew Cuomo, tout en rejetant catégoriquement l’argument voulant que la paralysie de l’économie et le confinement soient pire que le risque de voir l’épidémie se propager.

« Oui, il s’agit de votre vie (…). Vous pouvez faire ce que vous voulez. Sauf que vous êtes maintenant responsable de ma vie », a-t-il expliqué. « Il ne s’agit pas que de vous ».

Andrew Cuomo a salué le « léger recul » de l’épidémie dans son Etat mais a averti: « si nous sommes irresponsables aujourd’hui (…), nous verrons ce taux d’hospitalisations monter d’ici trois, quatre, cinq jours ».

burs-elc/iba

Yémen: 14 morts dans des inondations à Aden, craintes du coronavirus

Des inondations ont tué 14 personnes et fait des dizaines de blessés à Aden, principale ville du sud du Yémen, ont annoncé mercredi les autorités, sur fond de craintes d’une propagation du nouveau coronavirus dans le pays en guerre.

« Les inondations à Aden ont tué 14 personnes, des hommes, des femmes et des enfants », a déclaré à l’AFP le vice-Premier ministre yéménite, Salem al-Khanbashi.

« Nous avons besoin d’une aide urgente dans le secteur de la santé pour stopper la propagation des maladies, en particulier le choléra et d’autres infections virales qui peuvent tuer les gens », a alerté ce responsable qui dirige le haut comité des secours.

Mardi, au moins sept personnes ont péri et 85 blessées mardi dans plusieurs provinces du nord en proie aux intempéries, selon l’ONU.

Au total, au moins 21 Yéménites ont trouvé la mort dans des inondations ces dernières 48 heures dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

La capitale Sanaa et d’autres régions du pays –surtout dans le nord– subissent depuis plusieurs semaines par de fortes pluies, dans un pays déjà touché par la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, et qui a officiellement enregistré un premier cas de nouveau coronavirus début avril.

Depuis 2014, le gouvernement yéménite, soutenu à partir de 2015 par une coalition armée dominée par l’Arabie saoudite, est en guerre contre les rebelles Houthis, aidés par l’Iran, qui contrôlent Sanaa et plusieurs pans du nord du pays.

Plus de trois millions de Yéménites ont été déplacés en raison du conflit, le plus souvent dans des camps particulièrement exposés au risque de propagation de maladies, comme le choléra et le paludisme.

« Des gens sont morts, des maisons ont été endommagées, des (camps de déplacés) ont été touchés et ces inondations pourraient accélérer la propagation du choléra », a mis en garde mercredi Samah Hadid, responsable de l’ONG Oxfam.

Selon Mme Hadid, « il pourrait y avoir un million de cas de choléra cette année avec le début de la saison des pluies au Yémen », évoquant également « la menace sérieuse du coronavirus dans le pays ».

– Eau et boue –

Mercredi à Aden, capitale du sud et siège provisoire du gouvernement, déclarée « zone sinistrée » la veille par le Premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, des centaines de véhicules flottaient dans des rues inondées.

Au moins dix maisons ont été détruites et 90 autres endommagées, selon un responsable du gouvernement. Pas moins de 35 familles étaient bloquées dans leurs foyers inondés, ont indiqué des résidents d’Aden.

« Il y a de l’eau et de la boue chez moi, les voitures ont été balayées le long des rues, qui sont à présent complètement détruites », a dit l’un d’eux, Mohammed Abdel Hakim.

Ces intempéries ont touché les déplacés dans l’ensemble du pays, a indiqué mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), notamment à Marib, l’un des derniers bastions du gouvernement dans le nord où de violents affrontements ont éclaté ces dernières semaines entre loyalistes et rebelles.

« Beaucoup de familles ont perdu leur abri, et tout ce qu’elles détenaient », a écrit le HCR sur Twitter.

Environ 24 millions de Yéménites –plus de 80% de la population– dépendent d’une forme d’aide ou de protection, selon l’ONU.

ONU: un projet de résolution sur le Covid-19 enfin sur la table du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité de l’ONU a commencé mercredi à travailler sur un projet de résolution co-rédigé par la Tunisie et la France, qui réclame « une coordination renforcée » face au Covid-19 et une « cessation des hostilités » dans les pays à son agenda, selon le texte obtenu par l’AFP.

Depuis le début de la pandémie, le Conseil de sécurité est resté largement silencieux pour cause de fortes divisions entre ses membres permanents, notamment les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Il s’est borné, à l’initiative de Berlin, à tenir le 9 avril sa première réunion exclusivement consacrée au Covid-19, sans toutefois d’adoption d’un texte fort à la clé.

Le projet de la Tunisie et de la France, de trois pages, a été remis mercredi matin aux 15 membres du Conseil de sécurité. Des discussions vont débuter « bientôt » après la remise par les membres de leurs « commentaires », ont indiqué des diplomates sous couvert d’anonymat.

« Il n’y aura pas de négociations en tant que telles », prédit un troisième diplomate, également sous couvert d’anonymat, en évoquant un vote qui pourrait intervenir en début de semaine prochaine.

Une impulsion décisive pour une adoption pourrait être donnée par une visioconférence des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui est envisagée ce vendredi, selon des médias russes.

Le texte de la Tunisie et de la France est le fruit de deux négociations et de deux projets concurrents, menés depuis un mois, d’un côté sous la houlette de Tunis par les dix pays non membres permanents du Conseil, et de l’autre sous la direction de Paris avec uniquement ses cinq membres permanents.

Le projet souligne « le besoin urgent d’une coordination renforcée parmi tous les pays » pour combattre la pandémie. Il « demande une cessation générale et immédiate des hostilités dans tous les pays à (l’)agenda » du Conseil de sécurité, en soutien des efforts en ce sens du secrétaire général de l’ONU.

Antonio Guterres avait lancé le 23 mars un appel à un cessez-le-feu général dans le monde pour mieux lutter contre le Covid-19 et demandé depuis au Conseil de sécurité de soutenir cette démarche.

– « Pause humanitaire » –

« Il est très important que le Conseil de sécurité parle d’une seule voix sur la crise actuelle qui affecte le monde entier », a répété mercredi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors de sa conférence de presse quotidienne. « Nous aimerions beaucoup une voix forte du Conseil de sécurité », a-t-il insisté.

Le projet de résolution demande aussi « à toutes les parties dans des conflits armés d’observer une pause humanitaire d’au moins 30 jours consécutifs » pour permettre la délivrance d’une assistance humanitaire aux populations les plus éprouvées.

Le texte prévoit des exceptions pour les opérations militaires contre l’Etat islamique en Irak et au Levant, les groupes Al-Qaïda et Al-Nosra ainsi que toutes les autres entités « terroristes » listées par le Conseil de sécurité.

Via ce projet, le Conseil demanderait aussi au secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la lutte de l’ONU contre le Covid-19 dans « les pays en conflit armés ou affectés par des crises humanitaires » et des implications pour les missions de paix.

Un paragraphe dans le projet relatif à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), décriée depuis une quinzaine de jours par les Etats-Unis qui ont suspendu leur participation financière à cette agence de l’ONU pour protester contre son manque supposé de réactivité, est laissé en blanc, devant « être décidé à la fin de la négociation ».

Le sujet pourrait être abordé lors de la vidéoconférence planifiée prochainement par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume Uni).

Les dix membres non permanents du Conseil de sécurité sont outre la Tunisie, l’Allemagne, l’Indonésie, la Belgique, la République dominicaine, l’Afrique du Sud, l’Estonie, le Niger, Saint-Vincent et les Grenadines, et le Vietnam.

Au terme d’un mois de négociations, ces pays, excédés par les atermoiements des membres permanents, étaient la semaine dernière parvenus à un projet de résolution définitif, ne comportant plus que deux paragraphes entre crochets liés à une demande de levée de sanctions internationales poussée par l’Afrique du Sud. Aucune demande de vote n’avait cependant suivi.

RCA : l’ONU espère des présidentielles « crédibles »

L’émissaire de l’ONU pour la région des Grands Lacs, le Chinois Huang Xia, a souligné mercredi devant le Conseil de sécurité l’importance d’avoir des scrutins présidentiels « crédibles » au Burundi et en Centrafrique, où leur préparation est dépendante de l’évolution de la pandémie de coronavirus.

« Je souhaite vivement que les échéances électorales à venir, notamment au Burundi et en République centrafricaine, soient l’occasion de consolider les acquis démocratiques et la stabilité dans ces deux pays. J’encourage tous les acteurs à garantir des processus électoraux pacifiques, inclusifs et crédibles », a-t-il dit lors d’une visioconférence du Conseil.

La présidentielle au Burundi est prévue le 20 mai, celle en Centrafrique, pays proche de la région des Grands Lacs (qui inclut outre le Burundi, la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Rwanda), est programmée le 27 décembre.

Alors que le Burundi entretient des relations difficiles avec l’ONU, l’émissaire s’est aussi félicité de « discussions fructueuses » avec les autorités et d’autres acteurs « sur la promotion d’une plus grande participation des femmes au processus électoral ». Elles se sont déroulées dans le cadre d’une « mission de plaidoyer et de solidarité à Bujumbura en mars » effectuée par le Bureau de l’ONU pour la région des Grands Lacs, a-t-il précisé.

Concernant le Covid-19, Huang Xia a indiqué que le nombre de contaminations augmentait dans la région, même si c’est à un rythme modéré en comparaison à d’autres régions du monde. « À ce jour, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 4.766 cas et 131 décès ont été enregistrés dans la région ».

Les mesures prises (restrictions de mouvements, mises en quarantaine, mesures de distanciation sociale, couvre-feux, suspensions des vols internationaux et fermetures des frontières sauf pour le fret) ont « permis aux pays de la région de limiter la progression de la pandémie », a-t-il relevé.

« En revanche, dans le domaine économique, les répercussions négatives de la crise sanitaire sont, hélas, déjà importantes, avec l’arrêt quasi-complet de certaines activités dans des secteurs névralgiques » (tourisme, agriculture, industries extractives), a précisé l’émissaire.

RCA-Covid 19 : le FMI décaisse 38 millions de dollars

Ces fonds aideront le pays à répondre à ses besoins urgents en matière de balance des paiements et soutiendront les efforts des autorités pour contenir la propagation du Covid-19.

Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, le 20 avril, un décaissement d’urgence d’un montant de 27,85 millions de droits de tirage spéciaux, soit l’équivalent d’environ 38 millions $ (ou 25% de la quote-part) en faveur de la République centrafricaine.

Ces fonds aideront le pays à répondre à ses besoins urgents en matière de balance des paiements et soutiendront les efforts des autorités pour contenir la propagation du Covid-19 et limiter ses impacts économiques et sociaux.

Selon l’institution, la pandémie de Covid-19 affecte durement l’économie de la Centrafrique. La forte récession économique mondiale et les fermetures de frontières avec les pays voisins ont déjà entraîné une réduction significative de l’activité économique ; des secteurs tels que les exportations de produits de base, le commerce et la construction étant particulièrement touchés.

Pour le directeur général adjoint du FMI, Mitsuhiro Furusawa (photo), « un élargissement temporaire du déficit budgétaire est justifié à court terme pour permettre la mise en œuvre du plan de réponse tout en continuant à répondre aux besoins sociaux, infrastructurels et sécuritaires considérables de la République centrafricaine ».

Après s’être maintenue à un niveau relativement soutenu de 3,8 % en 2018 et 4% en 2019, la croissance économique de la Centrafrique devrait chuter à 1,0% du PIB selon les projections du FMI.

RCA : l’ONU sanctionne Abdoulaye Miskine

Le 20 avril 2020, le Comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, a placé Abdoulaye Miskine sur la liste des personnalités centrafricaines privées de voyages et dont leurs avoirs sont désormais gelés.

Ces sanctions contre Abdoulaye Miskine, de son vrai nom  Martin Koumtamadji, font suite au rapport du comité des experts chargé de suivre la situation en Centrafrique. Le fondateur du mouvement rebelle, le Front démocratique du peuple centrafricain ( FDPC) et ancien chef de la sécurité du président Patassé, avait signé l’Accord de Paix et de Réconciliation du 6 février 2019.

Nommé ministre, dans la foulée, il démissionna aussitôt pour reprendre les armes. Il avait abandonné son fief de l’ouest, le long de la frontière camerounaise,  pour s’installer à la frontière soudanaise, près de Amdafok,  nouveau point névralgique des combats entre groupes rebelles. Le 19 novembre 2019, il est tombé aux mains d’Idriss Deby Itno, lors d’un voyage au Tchad. Il y serait toujours emprisonné.

Nourredine Adam, architecte de l’Accord de Khartoum

Abdoulaye Miskine était déjà sous sanctions des Etats-Unis d’Amérique. Aujourd’hui il rejoint sur la liste, Nourredine Adam, l’ancien leader de l’Ex Seleka et chef du FPRC et l’ancien président François Bozizé.

On rappellera, que Nourredine Adam, pourtant privé de voyages par le Conseil de Sécurité, fut l’un des architectes de l’Accord de Khartoum. Il y put s’entretenir en toute liberté avec Jean-Pierre Lacroix, Chef des Opérations de maintien de la Paix de l’ONU. De même, François Bozizé, également inscrit sur la liste des sanctions de l’ONU depuis 2014, n’a cessé de voyager durant son exil en Ouganda. Il revint a Bangui, en décembre 2019  en toute liberté.

Nul doute que Abdoulaye Miskine a beaucoup plus à craindre de son emprisonnement au Tchad que les décisions du Comité des sanctions de l’ONU.

Le Pentagone considère Kim Jong Un en « plein contrôle » du programme nucléaire nord-coréen

Le Pentagone n’a aucune information permettant de dire que Kim Jong Un a perdu le contrôle du programme nucléaire nord-coréen, a indiqué mercredi un haut responsable de l’état-major américain questionné sur les rumeurs sur les problèmes de santé du dirigeant nord-coréen.

En dehors des informations de presse, « je peux vous dire que selon nos renseignements, je n’ai rien pour confirmer ou démentir quoi que ce soit », a déclaré le chef d’état-major adjoint des Etats Unis, le général John Hyten, au cours d’une conférence de presse.

« Je pars du principe que Kim Jong Un a encore le plein contrôle de la force nucléaire nord-coréenne et des forces armées nord-coréennes », a-t-il ajouté.

La Corée du Nord a marqué le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies officielles.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le dirigeant nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

La Maison Blanche est elle aussi restée prudente sur ces informations.

Le président américain Donald Trump a souhaité mardi « bonne chance » à Kim Jong Un, tout en soulignant que les rumeurs sur ses éventuels problèmes de santé n’avaient pas été confirmées.

« Je veux juste dire à Kim Jong Un que je lui souhaite bonne chance », a déclaré M. Trump.

« Si son état de santé est celui mentionné dans les médias, c’est un état très préoccupant », a-t-il ajouté. « Personne n’a confirmé cela », a-t-il précisé. « Nous ne savons pas », a-t-il insisté, avant de conclure: « J’espère le voir en bonne santé ».

Les autorités sud-coréennes ont toutefois minimisé ces informations. Un haut responsable sud-coréen cité par l’agence de presse Yonhap a notamment affirmé, sous couvert de l’anonymat, qu’il n’était « pas vrai » que Kim Jong Un était gravement malade.

Yémen: huit morts dans des inondations à Aden, craintes du coronavirus

Des inondations ont tué huit personnes, dont cinq enfants, et fait des dizaines de blessés à Aden, la principale ville du sud du Yémen, ont indiqué des responsables mercredi, sur fond de craintes d’une propagation du nouveau coronavirus dans le pays en guerre.

Au total, au moins 15 Yéménites ont trouvé la mort dans des inondations en 48 heures dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. Au moins sept personnes ont péri et 85 blessées mardi dans plusieurs provinces du nord en proie aux intempéries, selon l’ONU.

La capitale Sanaa et d’autres régions du pays surtout du nord sont touchées depuis plusieurs semaines par de fortes pluies, dans un pays déjà touché par la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, et qui a officiellement enregistré un premier cas de nouveau coronavirus début avril.

Depuis 2014, le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition armée dominée par l’Arabie saoudite, est en guerre contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent Sanaa et plusieurs pans du nord du pays.

Plus de trois millions de Yéménites sont déplacés en raison du conflit, le plus souvent dans des camps particulièrement exposés au risque de propagation de maladies, notamment hydriques comme le choléra et le paludisme.

« Des gens sont morts, des maisons ont été endommagées, des (camps de déplacés) ont été touchés et ces inondations pourraient accélérer la propagation du choléra », a mis en garde mercredi Samah Hadid, responsable du plaidoyer à l’ONG Oxfam.

Selon Mme Hadid, « il pourrait y avoir un million de cas de choléra cette année avec le début de la saison des pluies au Yémen », évoquant également « la menace sérieuse du coronavirus dans le pays ».

Mercredi à Aden, capitale du sud et siège provisoire du gouvernement, déclarée « zone sinistrée » la veille par le Premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, des centaines de véhicules flottaient dans des rues inondées.

Au moins dix maisons ont été détruites et 90 autres endommagées, selon un responsable du gouvernement. Pas moins de 35 familles étaient bloquées dans leurs foyers inondés, ont indiqué des résidents d’Aden.

« Il y a de l’eau et de la boue chez moi, les voitures ont été balayées le long des rues, qui sont à présent complètement détruites », a dit l’un d’eux, Mohammed Abdel Hakim.

Ces intempéries ont touché les déplacés dans l’ensemble du pays, a indiqué mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), notamment à Marib, l’un des derniers bastions du gouvernement dans le nord où de violents affrontements ont éclaté ces dernières semaines entre loyalistes et rebelles.

« Beaucoup de familles ont perdu leur refuge, et tout ce qu’elles détenaient », a écrit le HCR sur Twitter.

Environ 24 millions de Yéménites –plus de 80% de la population– dépendant d’une forme d’aide ou de protection, selon l’ONU.

Covid-19: le Niger redoute de nouvelles violences à l’approche du ramadan

L’approche du ramadan fait craindre une flambée de violences au Niger, où des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives, décrétés pour lutter contre la propagation du coronavirus.

« Nous, on veut seulement prier dans nos mosquées, sans violences, rien de plus et nous sommes décidés à exercer ce droit religieux », menace Hassane Dari, un jeune commerçant du Lazaret, un quartier populaire de Niamey, interrogé par l’AFP mercredi.

« On n’a pas pu faire les prières collectives les vendredis et on veut en plus nous empêcher les prières durant le mois béni de ramadan ? Ca ne va pas se passer comme ça ! », se révolte Hadjia Aïssa, une ménagère de Banizoumbou, un quartier voisin de Lazaret.

Les troubles ont commencé il y a un mois dans une localité du centre de ce pays profondément musulman, dès l’annonce par le gouvernement des mesures de lutte contre l’épidémie, en particulier la fermeture des mosquées, avant de s’étendre à la capitale depuis près d’une semaine.

Les forces de l’ordre ont interpellé près de 300 personnes ces derniers jours, alors que le ramadan doit bientôt débuter dans ce pays très pauvre d’Afrique de l’Ouest.

Bien que le Niger soit relativement peu touché par l’épidémie de coronavirus, avec 657 cas dont 20 décès selon un bilan officiel mardi, les autorités avaient pris dès le début il y a un mois des mesures drastiques pour stopper sa propagation : fermeture des frontières, état d’urgence, couvre-feu, fermeture des lieux de culte et des écoles, isolement de Niamey du reste du pays.

Les émeutes ont débuté le 23 mars dans la localité de Mirrya (région de Zinder, centre), où des jeunes armés de gourdins et d’armes blanches ont incendié des bâtiments et des véhicules, selon les autorités.

Une semaine après, dans la région de Tahoua (ouest), des manifestants ont envahi les rues de la commune d’Illéla, ciblant la mairie et des biens particuliers qu’ils ont incendiés.

Dans ces villes, des dizaines de manifestants ont été arrêtés et écroués, selon les autorités.

Les troubles se sont poursuivis à Niamey à partir de vendredi dernier, prenant une ampleur inédite.

Une dizaine de quartiers de la capitale, dont Lazaret et Banizoumbou, se sont « embrasés » dimanche soir, des troubles ayant été menés par « des individus organisés » ayant bravé le couvre-feu pour « brûler des pneus et s’attaquer à des biens privés », a dénoncé à la télévision mardi le gouverneur de Niamey Issaka Assane Karanta.

– Nombreuses interpellations –

Au moins 108 manifestants ont été arrêtés lors d’une première vague entre le 17 et le 19 avril. Dix d’entre eux ont été écroués à la prison de haute sécurité de Koutoukalé, selon la police.

Les manifestations se sont poursuivies lundi soir et 166 personnes ont encore été interpellées, a indiqué la police mercredi. Les personnes ont été arrêtées « dans le feu de l’action : en train de détruire les routes, de casser les lampadaires pour ériger des barricades, de mettre le feu à des pneus ».

Selon des publications sur les réseaux sociaux, où les émeutiers diffusent parfois en direct leur actions, de nouvelles manifestations ont eu lieu mardi dans la nuit à Niamey.

Pour tenter de calmer les esprits, les autorités et d’influents chefs religieux multiplient les appels aux fidèles.

« La terre entière » est une « mosquée, sauf le cimetière et les toilettes. Fuyez devant les maladies contagieuses, comme vous fuirez devant un lion. Ne mettez pas ensemble les personnes contaminées et les personnes en bonne santé. Il faut les séparer », a martelé la semaine dernière à la télévision le président nigérien Mahamadou Issoufou.

Le 18 avril, le Conseil islamique du Niger, plus haute instance religieuse nationale, a « demandé à toute la population de faire preuve d’endurance » et de « s’abstenir de tout attroupement (dans les mosquées) dans le seul but de se protéger et de protéger les autres ».

Le Conseil prévient que « toutes les mesures de prévention seront maintenues et renforcées », aussi « longtemps que durera la chaîne de contamination » du nouveau coronavirus.

« Pour éviter une amplification de la violence, ils vont certainement lever le couvre-feu et rouvrir les mosquées juste pour la durée du ramadan », affirme Allassane Issa, riverain d’une mosquée de Danzama-Koira, autre quartier de la capitale.

A Niamey, une ville de 1,5 million d’habitants, « il y a une mosquée presque à chaque coin de rue » donc « il est difficile de tout contrôler », constate-t-il.

Le Niger a déjà connu des troubles religieux graves.

Après la publication de caricatures du prophète Mahomet par le journal français Charlie Hebdo en 2015, des émeutes antichrétiennes avaient fait dix morts à Niamey et détruit la plupart des églises de la capitale et de Zinder. Le Niger compte dans sa population seulement 1 à 2% de chrétiens.

Outre la pandémie de coronavirus, le Niger fait face depuis plusieurs années à une spirale de violences de groupes jihadistes, qui frappe toute la région sahélienne.