Libye : MSF appelle à faciliter l’évacuation des migrants les plus vulnérables

Médecins Sans Frontières (MSF) invite les pays européens et nord-américains à accélérer de toute urgence l’évacuation des personnes qui vivent dans des conditions inhumaines en Libye.En Libye, les candidats à l’émigration clandestine, venus principalement de l’Afrique subsaharienne, souffrent le martyre. Dans un communiqué parvenu ce lundi à APA, MSF tire la sonnette d’alarme.

« En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée est parfois leur seule échappatoire », explique Claudia Lodesani, responsable des programmes en Libye pour MSF, citée par la note. 

Depuis 2016 et le début de son intervention humanitaire auprès de personnes migrantes en Libye, MSF affirme avoir été confrontée, de façon répétée, à l’impossibilité de les protéger, à l’intérieur comme à l’extérieur des centres de détention, et de garantir la continuité des soins pour celles et ceux qui présentent les troubles physiques et mentaux les plus graves, notamment les victimes de torture.

C’est pourquoi, elle appelle les pays occidentaux à agir à travers le renforcement des mécanismes de secours existants et l’ouverture de voies de sortie alternatives.

« Nous pensons que les pays sûrs, notamment au sein de l’Union européenne, qui financent depuis des années les garde-côtes libyens et encouragent le retour forcé des migrants vers la Libye ont, au contraire, le devoir de faciliter la sortie et la protection, sur leur sol, de ces personnes victimes de violence », estime Mme Losiane.

Dans son rapport intitulé « Out of Libya » publié ce lundi, MSF décrit la faiblesse des mécanismes de protection existants pour les personnes bloquées en Libye. Selon l’ONG française, les rares voies de sortie légale vers des pays sûrs, mises en place par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) sont très lentes et restrictives. 

A en croire MSF, seules les personnes de neuf nationalités sont prises en compte pour l’enregistrement auprès de ce service du HCR difficilement accessible et quasiment inexistant en dehors de Tripoli et dans les centres de détention. Le nombre de places dans les pays de destination est aussi très limité. 

« En 2021, seules 1 662 personnes ont pu quitter la Libye via les mécanismes de réinstallation du HCR sur environ 40 000 personnes inscrites, et environ 3 000 personnes via le programme de retour volontaire de l’OIM. Au total, on estime à 600 000 le nombre d’exilés présents dans le pays », soutient MSF.

Ce rapport présente également des solutions alternatives, en particulier celles qui peuvent être mises en place par les organisations de secours et les gouvernements.

En Italie, un corridor humanitaire a déjà été ouvert et permet la sortie d’un certain nombre de personnes en situation de grande vulnérabilité et ayant besoin de protection, notamment des patients de MSF en Libye. 

Ce type de mécanismes, plaide l’ONG sanitaire, doit pouvoir être dupliqué dans d’autres pays sûrs. En France, des discussions sont en cours avec les autorités afin d’évacuer des survivants de torture, de violence et de détention, ainsi que des personnes présentant de graves pathologies médicales, informe-t-elle, ajoutant que ces personnes feraient l’objet d’un suivi spécifique de MSF à leur arrivée dans le pays d’accueil.

« La prise en charge médicale de personnes détenues arbitrairement et indéfiniment, ou à risque de subir des violences systématiques, pose de nombreux dilemmes. Nos possibilités d’actions sont, de fait, limitées. Pour réellement protéger les personnes les plus vulnérables, il faut avant tout, et de toute urgence, les sortir du système de détention et du pays », explique Jérôme Tubiana, responsable de plaidoyer en Libye pour MSF.

RCA : implication des victimes de Bégoua dans le processus de justice traditionnelle

Les victimes des crises de l’arrondissement de Bégoua à Bangui, ont été édifiées le 17 juin 2022, sur le processus de la justice traditionnelle, son rôle et ses objectifs.

C’était dans le cadre de la Campagne d’information coordonnée par le ministère de la Réconciliation nationale. La directrice générale dudit ministère, Lydie Solange Yaoumbi a pris part aux échanges. Le maire de Bégoua, Jean Emmanuel Gazanguenza était également de la partie.

D’entrée de jeu, la D.G du ministère a tenu à préciser que, la commission vérité justice réparation et réconciliation (CVJRR). Lydie Solange Yaoumbi fait savoir que cette commission permet de : « mener des enquêtes, d’établir la vérité et situer les responsabilités sur les graves événements nationaux depuis le 29 mars  1959 date à laquelle le Président fondateur Barthélemy Boganda a trouvé la mort dans un accident d’avion ». Elle a également insisté sur le fonctionnement de la Cour pénale spéciale qui est une juridiction centrafricaine créée par la loi  du 13 juin 2015 et le forum de Bangui.

Pour sa part, Kolougoussou Marie Paule, Coordonnatrice des femmes solidaires de lutte contre la violence liée aux conflits dans la Commune de Bégoua indique que cette campagne donnera l’opportunité à la population victime des multiples crises d’avoir des orientations sur des démarches à entreprendre.

Le HCR déclare officiellement la cessation du statut de réfugié ivoirien

Cette mesure prend effet le 30 juin 2022, lors de la Journée mondiale du réfugié.Le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré lundi officiellement, à Abidjan, la cessation du statut des réfugiés ivoiriens.

M. Filippo Grandi a fait cette déclaration, en présence du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara et du vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné, et des représentants des pays d’accueil des réfugiés ivoiriens.

« Je veux donc vous rendre hommage M. le président parce que vous avez proposé vous-même d’entamer ce processus qui a été rendu possible par de multiples facteurs, essentiellement, ici en Côte d’Ivoire, le rétablissement de la paix et de la stabilité, les efforts de réconciliation nationale et le développement économique que vous avez guidé », a dit M. Filippo Grandi.

Il a aussi rendu un hommage aux pays de la région qui ont joué un « rôle indispensable dans l’accueil de plus de 300.000 réfugiés ivoiriens, notamment la Guinée, le Libéria, le Mali, la Mauritanie, le Togo ».

« Des réfugiés rentrent encore et on va continuer les opérations de rapatriement pendant quelques semaines encore (…). Il est important que ceux qui ne souhaitent pas rentrer, pour des raisons personnelles, des mesures de régularisation soient prises », a-t-il assuré.

Le nombre de réfugiés dans le monde, fera-t-il observer, a atteint 100 millions dans le monde et la crise en Ukraine l’a propulsé davantage. « Merci président Ouattara d’avoir lancé ce challenge (..) et merci pour les pays d’accueil pour votre rôle humanitaire ».

Le vice-président ivoirien, Meyliet Koné, a au nom du président Alassane Ouattara salué les pays d’accueil, rappelant que « plus de 300.000 compatriotes réfugiés ont regagné le pays, soit plus de 96% des réfugiés ivoiriens ».

Le Ghanéen Frédéric Daniel, a au nom des pays d’accueil, fait savoir que « le 30 juin 2022, c’est à cette date que le gouvernement ivoirien, les pays d’asile et le HRC se sont accordés pour marquer la fin du statut des réfugiés ivoiriens ».

Le gouvernement ivoirien, à l’issue d’une réunion régionale, les 6 et 7 septembre 2021 à Abidjan, a signé avec des pays accueillant des réfugiés ivoiriens, une déclaration conjointe devant conduire à la cessation du statut de réfugié.

La clause de cessation de réfugié ivoirien a été officiellement recommandée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés « HCR », lors de la 72e session de son Comité exécutif, qui a eu lieu du 4 au 8 octobre 2021.

Le gouvernement ivoirien favorise le retour de dirigeants de l’opposition de premier plan, depuis février 2021. L’ex-président Laurent Gbagbo est dans ce contexte rentré au pays le 17 juin 2021.

Le gouvernement ivoirien a adopté, il y a quelques semaines, un projet de loi instituant le statut d’asile national pour les réfugiés. La Côte d’Ivoire ne disposait pas véritablement de textes pour encadrer le statut de réfugié.

RDC : Bruxelles restitue une « relique » de Patrice Lumumba

Soixante-et-un ans après sa mort, la dépouille de l’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC) a été restituée lundi 20 juin à sa famille et à son pays.Cette restitution concerne une dent conservée toutes ces années par l’un des policiers belges qui avaient été chargés de faire disparaître toute trace du héros national. Cette dent restituée par la Belgique a valeur de « relique » et doit permettre aux Congolais d’établir un lieu dédié à la mémoire de leur ancien Premier ministre, torturé puis abattu en 1961.

« Je vous remercie pour les démarches judiciaires que vous avez entreprises parce que, sans ces démarches, on n’en serait pas là aujourd’hui, cela a permis à la justice de notre pays de pouvoir avancer », a déclaré Frédéric Van Leeuw, le procureur fédéral belge.

Une cérémonie officielle privée s’est tenue ce lundi dans la capitale belge. A cette occasion, les enfants de Lumumba ont reçu un coffret bleu vif contenant la dent de leur père, assassiné au Katanga en 1961. Un des fils s’est saisi du coffret, sans s’exprimer. La dépouille a ensuite été mise dans un cercueil de bois sombre qui a été conduit à l’ambassade de RDC, première étape de son retour en terre congolaise.

Une cérémonie officielle présidée par les Premiers ministres belge et congolais était programmée après la partie « intime et privée » de la restitution. Présent à cette cérémonie, le Premier ministre belge Alexander De Croo a renouvelé les « excuses » de son pays pour la responsabilité de certains dirigeants et fonctionnaires de l’ex-puissance coloniale dans l’assassinat de Patrice Lumumba.

Évoquant la procédure judiciaire en cours pour « crime de guerre », après la plainte déposée en 2011 par la famille pour éclaircir les conditions de l’assassinat, Frédéric Van Leeuw a ajouté : « Je m’engage évidemment avec le juge d’instruction à continuer à essayer d’avancer (…) cela reste un combat ».

La restitution doit permettre aux proches d’achever leur deuil et au pouvoir congolais d’ériger un « Mémorial Patrice Lumumba », en cours de construction à Kinshasa, sur un grand axe où s’élève déjà une statue du héros national.

RCA : un soldat tue trois de ses frères d’armes à Bambari

Un militaire des forces armées centrafricaines (FACA) a tiré à mort sur trois de ses compagnons d’armes. Les faits se sont produits dans la nuit de jeudi à vendredi 17 juin 2022.

A Bambari, dans la préfecture de l’Ouaka, un soldat a ouvert le feu sur trois de ses collègues à l’aide de son arme de service. La première victime est morte sur place. L’autre décès a été signalé des heures plus tard.  Le troisième homme en tenue succombe le lendemain malgré les soins médicaux d’urgence.

D’après les premières informations, le soldat qui a ouvert le feu sur ses compagnons souffre des troubles mentaux. Certains militaires confient que l’Etat-major a été informé du trouble du militaire ‘’bourreau’’, mais aucune mesure n’a été envisagé  pour suivre ce dernier. Les mêmes sources rapportent que ce militaire est coutumier des faits de violence dans son environnement. « Même dans son quartier il fait souvent des crises mentales ». D’où la question de savoir comment a-t-il intégré les rangs des FACA ?

Après la manifestation de l’opposition, le Sénégal « panse ses plaies »

Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA titrent principalement sur l’heure du bilan après les manifestations de l’opposition de vendredi dernier, ayant fait trois morts à Dakar et Ziguinchor (sud).Sud Quotidien titre sur la « suite et pas fin de la manifestation interdite de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW, libérer le peuple, opposition) » et note que « Dame justice prend le relais ». Le journal renseigne que les députés Déthié Fall et Mame Diarra Fam ainsi que le maire Ahmed Aidara  feront « face au parquet ce lundi ».

« Heurts des comptes », indique Walf Quotidien, soulignant que « Dakar panse ses plaies ». Le Quotidien parle pour sa part de « l’heure de la justice » après la répression de la manifestation de vendredi. « Quand on viole la loi, on doit en assumer les conséquences », dit Me Malick Sall, le ministre de la Justice.

L’Observateur revient sur les manifestations du 17 juin, allant « de la rue à l’enfer des cachots ». Outre certains leaders politiques, le journal note que « plus de 250 manifestants sont entre les mains de la police ». Vox Populi renseigne que l’activiste « Guy Marius Sagna allonge la liste des arrêtés » à Ziguinchor où « une grande marche est annoncée vendredi ».

EnQuête place « dans l’œil du cyclone » le maintien de l’ordre et les manifestations sanglantes dans le pays. Le quotidien décompte « au moins 16 morts » entre mars 2021 et juin 2022 à l’occasion de manifestations de l’opposition. Selon une source policière, « c’est difficile de gérer ces situations, parce qu’il y a des étourdis qui sont parfois prêts à mourir ».

Par ailleurs, l’ancien ministre Abdoulaye Bathily constate dans Vox Populi que « cette jeunesse, aujourd’hui, se battra avec les armes et moyens de son époque ». Présentant ses mémoires « Passion de liberté », l’historien note qu’il « y a des dynamiques sociales qui s’imposent toujours aux individus avec leur ambition ».

L’AS indique que « Bathily expose ses mémoires de vieux combattant » en évoquant « la liberté de réunion, l’alternance démocratique et la lutte démocratique », entre autres. Sud Quotidien note de son côté que « Pr Abdoulaye Bathily sort du bois ». A l’occasion de la présentation de son livre, il semble déplorer la « dégradation des mœurs politiques ».

Côte d’Ivoire : évaluations des écoles privés du supérieur

L’évaluation des écoles privées de l’enseignement supérieur ivoirien démarre ce lundi 20 juin 2022 par la phase en ligne, puis la phase terrain à partir du 27 juin 2022L’annonce a été faite vendredi à Abidjan par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, professeur Adama Diawara au cours d’une cérémonie de lancement de cette opération qui a rassemblé à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, des autorités universitaires, des partenaires et des fondateurs d’établissements.

« Cette opération débutera par la phase en ligne le lundi 20 juin 2022, et la phase de terrain se fera à partir du 27 juin 2022 », rapporte une note d’information du ministère, ajoutant que les résultats de cette évaluation seront disponibles à partir du 20 juillet 2022, et seront mis à la disposition des parents et des nouveaux bacheliers pour permettre à ces derniers d’effectuer leur inscription dans des établissements reconnus par l’Etat.

« Nous mettrons de l’ordre dans les grandes écoles et universités privées afin de crédibiliser les enseignements qui y sont dispensés et améliorer notre système d’enseignement », a expliqué le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, professeur Adama Diawara. Selon lui, il existe en Côte d’Ivoire 519 établissements supérieurs privés.

L’évaluation portera notamment sur la qualité des infrastructures, les équipements, la gestion pédagogique, la gouvernance, le rendement interne et externe. Chaque critère sera noté sur 10. L’établissement évalué doit avoir au moins une moyenne pondérée de 10/20 pour recevoir des affectés de l’Etat.

Selon le ministre, trois indicateurs seront obligatoires avant l’évaluation, car leur absence éliminera du classement l’établissement à évaluer. Il s’agit de l’arrêté de création, de l’arrêté d’ouverture et du statut juridique de l’établissement. La liste des établissements supérieurs privés, leurs filières et les diplômes délivrés seront publiés à l’issue de cette opération.

Economie et santé au menu des quotidiens marocains

Les enjeux de l’événementiel à Marrakech, la gestion de l’épidémie de coronavirus et la situation de l’économie dans un contexte mondial perturbé sont les principaux sujets traités par les quotidiens marocains parus ce lundi.+L’Opinion+, qui revient sur les enjeux de l’événementiel à Marrakech, écrit qu’en l’espace de quatre jours, du 15 au 18 courant, Marrakech est revenue aux devants de la scène par la plus belle des manières.

En effet, au beau milieu d’une conjoncture économique sinistrée qui ne prête guère à la joie, le « Marrakech du rire », qui est incontestablement l’événement culturel le plus important organisé dans cette ville après le retour d’un semblant de vie normale post-Covid, lui a permis de “renouer avec son âme naturellement joyeuse et foncièrement optimiste”, constate le quotidien.

Grâce à un “impressionnant afflux de la jet set internationale” représentée par de nombreuses célébrités, dont les followers se comptent par centaines de millions, le rayonnement de Marrakech a été démultiplié durant ces quatre jours, relève-t-il.

Une visibilité réelle et protéiforme dont l’efficacité exponentielle outrepasse largement celle escomptée des campagnes de marketing touristique menées aux quatre coins du globe, souligne-t-il.

L’Economiste, qui aborde la gestion de l’épidémie de coronavirus au Maroc, écrit que malgré le millier de cas quotidiens, les autorités sanitaires n’ont pas décidé de décréter des “mesures intempestives” comme pour la vague Omicron, imposant la fermeture au premier cas.

Le Maroc ne semble pas opter pour le modèle “zéro Covid”, dont les dégâts sociaux sur plusieurs secteurs comme le tourisme, la restauration, les finances de l’Etat “ne sont pas encore digérés”, indique le journal, notant que ces dégâts sur l’économie peuvent être supérieurs à ceux sur la santé.

Car contre Omicron, le Maroc a fermé, alors que l’Europe a continué de vivre normalement avec ses milliers de cas par jour, en misant sur la responsabilité des citoyens pour reprendre une vie normale, relancer l’économie et vivre avec le Covid, constate-t-il, soulignant que ce modèle européen, qui repose sur la maturité d’individus libres et responsables, a réussi et perdure.

+Aujourd’hui Le Maroc+ qui revient sur la conjoncture actuelle, marquée par un niveau sans précédent de turbulences, d’incertitudes et d’instabilités à l’échelle mondiale, écrit que le Royaume, à l’instar des pays du monde entier, a tenté et continue encore de faire face à l’adversité par ses propres moyens et avec, à ce jour, plus ou moins de réussite et surtout des enseignements pour l’avenir proche ou lointain.

Un des enseignements majeurs, au-delà du contenu concret des réponses apportées aux différentes situations, est que face à une situation de crise, quelle qu’en soit la nature, le facteur clé contribuant à la résilience réside dans la capacité à prendre les meilleures décisions possibles au bon timing, note la publication.

Et pour cela, un paramètre est éminemment décisif : les éléments de prise de décisions sont supposés être une bonne et vraie synthèse de toutes les données actuelles et problèmes et tous les scénarios possibles du futur, estime-t-il.

Comment le Burkina Faso a basculé dans un jihadisme endémique

Au Burkina Faso, les attaques jihadistes se sont multipliées ces dernières années.Jeudi 9 juin, les jihadistes ne se sont pas contentés de tuer neuf gendarmes à Seytenga. Trois jours plus tard, ils sont revenus dans cette localité du nord-est, située dans la province de Séno, à 276 kilomètres au nord-est de Ouagadougou, pour s’en prendre aux civils.

Selon plusieurs témoignages, ils ont tiré sans sommation, faisant au final 86 morts. Ce massacre est l’un des signes de la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso depuis 2015. Avant, ce pays n’avait pas connu d’événement lié à l’activité jihadiste qui était pourtant en pleine expansion dans son voisinage immédiat.

Qu’est ce qui a changé pour que le Burkina Faso, considéré un temps comme un « Etat-médiateur » pour avoir offert ses bons offices dans le conflit du Mali en 2012, voit « 40% de son territoire » échapper au contrôle de l’Etat ?

Le nord du pays a servi de réceptacle aux premières activités des groupes jihadistes. Le 23 août 2015, le poste de police d’Oursi, dans la province de l’Oudalan, est attaqué par des individus armés venus du Mali. Le pays était engagé dans un processus de transition avec plusieurs rebondissements après la chute de Blaise Compaoré le 30 octobre 2014 précipité par un soulèvement populaire suite à son souhait de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir malgré ses 27 ans de règne.

Intitulée « La montée de l’insécurité frontalière : ce que disent 800 sahéliens », une étude réalisée par le Centre pour le dialogue humanitaire et le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD) en 2016, considère la transition politique de l’époque comme « la menace la plus sérieuse d’insécurité ».  Elle faisait référence à la mobilisation des forces de sécurité pour des préoccupations politiques en lieu et place de la défense du territoire. La tentative avortée du 16 septembre 2015 du Général Gilbert Diendéré de s’emparer du pouvoir, en s’appuyant sur le régiment de la sécurité présidentielle (RSP) dont il était le patron en est une illustration parfaite.

Lorsque Roch Marc Christian Kaboré arrive aux affaires au soir de la présidentielle du 29 novembre 2015, la question sécuritaire s’est imposée comme l’une des priorités de son action. Pendant ce temps, le nord du Burkina Faso, essentiellement la région du Sahel qui souffrait déjà de sa proximité avec des pays déjà touchés par le jihadisme et de carences en termes de services sociaux de base, continuait d’enregistrer de nouveaux incidents liés à l’insurrection jihadiste.

En septembre 2016, le jihadiste sahraoui Adnan Abou Walid al Sahraoui revendique la première action de la filiale de l’Etat islamique au Sahel, pourtant non encore reconnue par le commandement central depuis la zone syro-irakienne. L’attaque était dirigée contre un poste de Douane à Markoye. Un douanier et un civil y ont péri.

Le 15 janvier 2016, Al Qaïda au Maghreb Islamique Islamique (AQMI) qui vient de sceller ses retrouvailles avec Al Mourabitoune, frappe au cœur de Ouagadougou. Le Splendid Hotel, le restaurant Cappucino et le Taxi Brousse fréquentés sont ciblés par trois assaillants dont un burkinabé. La même année, un groupe local voit le jour dans la province du Soum, toujours dans la région du Sahel. Proche d’Amadou Kouffa, jihadiste malien et chef de la Katiba Macina, Malam Ibrahim Dicko monte « Ansarul Islam » (les partisans de l’Islam). Le groupe tue 12 soldats à Nassoumbou, le 26 décembre 2016.

Ce rythme infernal de violence ne s’infléchit pas durant le magistère de Roch Marc Kaboré. La naissance, le 2 mars 2017 du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) ne fera qu’empirer les choses. Un an après sa naissance, cette fédération des principales organisations jihadistes sahéliennes proches d’Aqmi réussit une nouvelle intrusion à Ouagadougou. Cette fois, l’offensive vise l’État-major des armées burkinabés et l’ambassade de France à Ouagadougou, en représailles à la mort de Mohamed Ould Nouini, éliminé quelques jours plus tôt par l’armée française au Mali. Commandant d’Al Mourabitoune, cet arabe malien de Gao est le principal instigateur des premières attaques « terroristes » de Ouagadougou et de la station balnéaire de Grand Bassm en Côte d’Ivoire. Cette évolution se concrétise par une assise incontestable sur le territoire burkinabé.

Pour Apa, Héni Nsaibia, chercheur senior à Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), a cartographié les groupes jihadistes présents sur le sol burkinabé. « GSIM est présent dans la plupart des régions mais reste plus actif dans la Sahel (Soum et Yagha en particulier), le Centre-nord, le Nord, la Boucle de Mouhoun, l’Est, Cascades, les Hauts-Bassins, le Sud-Ouest, le Centre-Est et est émergent dans le Centre-Ouest ».

Quant à l’Etat islamique, poursuit le chercheur, ses zones d’influence incontestables se trouvent dans l’Oudalan et dans le Séno. « Ses éléments se font aussi apercevoir dans la partie nord du Yagha et dans le nord-est du Centre-nord », ajoute-t-il.

Face à la présence et à la montée inquiétante du jihadisme, les autorités burkinabé se voient obligées de réajuster leur stratégie de lutte. C’est ainsi qu’en janvier 2020, le corps des Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP) est formé, avec pour objectif « d’appuyer les forces de défense et de sécurité dans leur mission de sécurisation du territoire national ». Ils reçoivent une formation de 14 jours délivrée par l’armée.

A la fin de cette formation, ils reçoivent un équipement composé de matériel de communication, de vision et d’un armement. « Sauf que la création de cette milice est contreproductive car elle a contribué à attiser les tensions entre les populations civiles et les jihadistes qui les considèrent maintenant comme des cibles », fait constater Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes.

Cette propension des groupes jihadistes à se rendre coupables d’exactions contre des civils peut aussi s’expliquer par la liberté d’actions dont certains d’entre eux peuvent faire prévaloir vis-à-vis de la chaîne de commandement. « L’exemple le plus parlant, c’est celui de Solhan où un massacre a été commis par une unité proche du JNIM (l’acronyme arabe du GSIM), mais qui a été niée ou critiquée par la communication officielle du groupe. Finalement on avait compris que c’était une unité indisciplinée », démontre Wassim Nasr.

La goutte d’eau de trop

Cependant, aussi meurtrier soit-il, ce carnage n’a pas été la goutte d’eau de trop. Le vase a réellement cédé après l’attaque d’Inata, à l’occasion de laquelle 53 victimes dont 49 gendarmes et 4 civils ont été dénombrées. Les conditions presqu’inhumaines dans lesquelles étaient abandonnées les gendarmes de ce détachement ont créé une onde de choc et ont planté les germes du départ précipité de Roch Kaboré.

Malgré les décisions prises pour rectifier le tir, le président, réélu pour un mandat de cinq ans, n’a pu éviter son renversement le 24 janvier par le Mouvement Populaire pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) amené par le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Mais ce changement de direction n’a pas amélioré la situation sécuritaire. L’ONG Armed Conflict Location and Data Project (ACLED) indique que « les violences liées à Al-Qaïda et à l’Etat islamique ont augmenté de 7% au cours des trois premiers mois de règne de la junte par rapport à la période précédente ».

Pour inverser la tendance, le lieutenant-colonel Damiba qui a prêté serment en tant que président de la transition s’est adressé à la nation le 1er avril et a annoncé la « création de comité locaux de dialogue pour la restauration de la paix, dont la mission est d’initier des approches avec les membres des groupes en rupture de dialogue avec la nation ».

« Mais la situation ne s’est pas améliorée. Elle s’est même détériorée », estime Wassim Nasr. Chercheur sénior à ACLED, Héni Nsaibia a recensé, sans préciser les groupes, 404 attaques ayant occasionné 795 décès entre le début de la mutinerie, le 23 janvier et le 3 juin. À titre de comparaison, l’Etat islamique a revendiqué 67 attaques du 16 janvier 2019 au 12 novembre 2021, confie à Apa Damien Ferré, directeur général de la société Jihad Analytics, spécialisée dans l’analyse du jihad mondial et cyber.

Wassim Nasr explique la dégradation de la situation par l’absence de « solution magique » à la problématique du jihadisme. La tâche risque de se compliquer davantage d’après le journaliste qui affirme avoir appris que « certaines populations sont allées chercher l’aide du GSIM pour faire face à l’Etat islamique pendant l’attaque de Seytenga ». « On est en train d’assister à une dynamique similaire à celle du Mali où des civils qui se sentent délaissés sont obligés de demander secours de l’un des deux groupes jihadistes », s’inquiète-t-il.

A cela, se grefferont les conséquences désastreuses du retrait du Mali des instances et de la force conjointe du G5 Sahel, pour protester contre des « manœuvres » visant à l’empêcher de jouir de son tour de présidence de cette organisation créée en 2014 pour lutter contre les groupes jihadistes au Sahel.

Ce vide de coopération régionale ajouté aux réticences de Ouagadougou à faire appel aux forces de Barkhane en cas d’attaque, ouvre la voie à un autre acteur qui est en train de s’illustrer au Mali, la compagnie militaire privée controversée, Wagner. Wassim Nasr reconnaît que des militaires pensent à cette option qui, à son avis, n’a pourtant pas eu de résultats militaires tangibles et probants au Mali.

Pour le moment, le président de la transition n’envisage pas cette hypothèse. Lors d’une visite à la ville de garnison de Bobo Dioulasso, le lieutenant-colonel Damiba avait clairement déclaré que le salut ne viendra pas de l’extérieur. L’actuel chef suprême des armées burkinabé veut d’abord compter sur ses hommes pour sécuriser le territoire national et soumettre un bilan à ses compatriotes dans cinq mois, comme il en avait fait la promesse le 1er avril.

Maroc: « Culture et cinéma » en débat au Festival de Dakhla

Par Hicham Alaoui — Les intervenants évoquent largement le rôle du cinéma dans les sociétés et cultures africaines.Courts et longs métrages, documentaires, etc… Au festival international du film de Dakhla, tous les genres cinématographiques ont été l’occasion de nourrir de riches débats sur différents sujets de société, notamment lors d’une rencontre spéciale organisée, vendredi, et animée par le journaliste marocain Karim Douichi.

Ce conclave a été une occasion pour interpeller, entre autres, l’écrivaine, professeure universitaire, journaliste et productrice d’émissions, Rita El Khayat sur cette relation entre « culture et le cinéma », thème de la discussion.

Pour cette intellectuelle marocaine amoureuse du 7éme art, « le cinéma est un art éminemment populaire et de ce fait il fait indéniablement partie de la culture. Avec sa dimension hautement technologique multidimensionnelle, est une synthèse de plusieurs formes de la culture ».

Selon Mme El Khayat, qui est également médecin-psychiatre et psychanalyste, le cinéma est à la croisée de tous les arts. Il est un reflet de cultures diverses qui s’influencent, un outil de conscientisation et un instrument d’éducation.

Interrogée par APA news, Mme El Khayat a souligné que les pratiques culturelles dans le monde entier sont en train de sculpter un développement différent. « On est plus uniquement dans un système politique mais dans un système de société de l’intérieur duquel il y a des pratiques culturelles qui vont dicter des conduites économiques, sociales, humaines, anthropologiques et politiques… C’est extrêmement important », analyse-t-elle.

Présidente de la Commission d’aide à la production cinématographique nationale du Centre cinématographique marocain (CCM) pour la 3ème fois consécutive (2012-2022), Mme El Khayat a tenu à assurer qu’elle tient à « honorer le mieux possible cette charge que je fais avec une passion totale pour savoir comment évolue ce cinéma ».

Répondant à tous ceux qui lui reproche le fait qu’elle ne maîtrise pas la langue arabe, alors que la majorité des productions cinématographiques postulant pour les fonds du CCM sont en langue arabe, « Qu’on me dise que je ne maîtrise pas la langue arabe, je vous assure que je s’entretue avec cette langue, corps à corps, pour avancer dans l’apprentissage de cette langue mais aussi avec cette langue utilisée dans les scénarii. J’avoue que c’est un exercice intellectuel majeur parce que je suis en train d’apprendre ».

Nonobstant, elle a exprimé son étonnement de voir tous les dossiers budgétaires « présentés systématiquement en langue française ».

Pour ce qui est du cinéma africain, cette cinéphile vorace, qui compte à son actif une intense production scientifique de 38 ouvrages et plus de 150 articles traduits dans plusieurs langues, a indiqué que le cinéma africain est une « passion que j’ai acquise il y a quelques années et fait partie d’un travail que j’ai fait sous le thème ‘femme et l’esclave’.

« Je suis entrée en Afrique à travers la problématique de la femme esclave et je me suis rendue compte que l’histoire de toute l’Afrique entière, il y 5 siècles, démarre avec l’esclavage puis la colonisation. Ce sont deux phénomènes totalement liés », a-t-elle expliqué.

Le sénégalais Magueye Kasse, médaillé de reconnaissance du Festival panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) a affirmé, lui, que «le cinéma est un vecteur d’influence voire un outil stratégique à part entière dans la puissance des nations ».

Selon cet officier de l’Ordre national du Lion (Sénégal) et citoyen d’honneur de Louisville (Etats-Unis), le thème sur la relation entre la culture et le cinéma est « important » et « vaste ».

« Il est évident que nos sociétés qui sont devant le choix de se développer d’une certaine manière, doivent repenser le rapport entre la culture et le cinéma ».

Et d’ajouter que « les cinéastes sont les premiers à être interpellés pour cela. Le cinéma est un vecteur de la culture, un moyen par lequel on peut atteindre les cultures, pénétrer ces cultures, les discuter, les analyser et partant distinguer entre ce qu’on doit conserver et ce qu’on doit rejeter ».

« Nous sommes dans un système international dans lequel les cultures dominantes des pays développés ont tendance à imposer implicitement ou explicitement leurs cultures », a-t-il estimé, avant de lancer une mise en garde : « Si on ne fait pas attention, c’est la déperdition de nos cultures. Le cinéma doit lutter contre la déperdition et participer à l’échange culturel qui nous enrichit mutuellement ».

Pour lui, l’hybridité est un concept à appréhender au sens négatif. « On oublie nos cultures pour nous approprier des cultures totalement différentes des nôtres. En partant de notre culture qu’on maîtrise on peut raconter notre culture ».

Le coup d’envoi de la 10ème édition du Festival International du Film de Dakhla, a été donné, vendredi, en présence d’un parterre de professionnels du cinéma, de producteurs marocains et africains, de grandes figures du cinéma marocain ainsi que des personnalités des mondes de la culture, des arts et des médias.

Cette édition qui célèbre le cinéma africain à travers la présence de cinéaste de 13 pays africains, se veut une opportunité de révéler et mettre en valeur des œuvres de qualité pour servir l’évolution du cinéma national, favoriser le développement de l’industrie du film et célébrer le 7ème art à l’africain dans cette ville de Dakhla, surnommée « la perle du sud marocain » devenue au fil des ans un pôle urbain important et une destination touristique très prisée.

Organisée par l’Association pour l’animation culturelle et artistique dans les provinces du Sud, cette édition verra la participation de 7 films qui concourent pour les prix du festival à savoir le Prix spécial du jury, le Prix de la Réalisation et le Grand Prix.

Les films de la compétition officielle sont : « La nuit des rois » – Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire), « Juju stories » – Abba T Makama, C J ‘Fiery’ Obasi, Michael Omonua (Nigeria), « Amansa Tiafi » – Kofi Ofosu-Yeboah (Ghana), « Breakable » – Ahmed Rashwan (Egypte), « Bendskins » – Narcisse Wandji (Cameroun), « Annatto » – Fatima Ali Boubakdi (Maroc), et « la traversée » – Irene Tassembedo (Burkina Faso)

Le jury de cette dixième édition est présidé par le réalisateur et producteur sénégalais Moussa Tourré. Il est composé des actrices béninoise Tella Kpomaho et marocaine Farah El Fassi outre les réalisateurs congolais David-Pierre Fila et tunisien Sami Tlili.