Victoires de la musique: Clara Luciani, la grenade pop

C’est la belle histoire de la chanson française: loin du cliché du démarrage météorique, Clara Luciani a dû attendre près d’un an avant que ne détone « La grenade », son hit féministe.

Le nom de son album « Sainte-Victoire » semblait évidemment prédestiné pour les Victoires de la musique qui l’ont consacrée vendredi « artiste féminine ».

Mais que la reconnaissance fut longue. L’opus sort en avril 2018 et il faut attendre près de 12 mois pour que « La grenade » éclate sur les ondes. « Qu’est-ce que tu regardes?/T’as jamais vu une femme qui se bat/Suis-moi/Dans la ville blafarde/Et je te montrerai/Comme je mords, comme j’aboie ». Des paroles fortes, sur une trame électro, façon années 1980 revisitées, qui ont fait mouche.

Le titre a trouvé un bel écho dans le contexte #MeToo né de l’affaire Harvey Weinstein, mais s’est aussi inscrit dans le courant des nouvelles porte-voix du féminisme, comme Angèle avec « Balance ton quoi » ou Suzane avec « SLT ».

Le refrain « Prends garde/Sous mon sein la grenade/Sous mon sein là regarde » a aussi été récupéré pour des campagnes vantant le dépistage du cancer du sein. « Une politicienne a écrit des paroles en Belgique pour en faire un hymne écolo », confiait même Clara Luciani dans Le Parisien. « Heureusement, c’est assez proche de mes idées, mais j’aurais bien aimé que l’on me demande l’autorisation ».

– « Le tremblement essentiel » –

La chronologie de ce succès étonne encore aujourd’hui cette fille d’une aide-soignante et d’un employé de banque. « Ça a mis un temps fou! +La Grenade+ a commencé à être vraiment diffusée à la radio en janvier 2019 », souffle encore la chanteuse. Mais tout ira ensuite très vite pour celle qui s’est longtemps cherchée, en assurant des voix pour le groupe La Femme ou pour le chanteur Raphaël.

Elle sera ainsi sacrée « révélation scène » en février 2019. Et garde un souvenir fort des journées qui avaient précédé la cérémonie. « C’est l’exercice de chanter dans cette grande soirée qui me traumatisait. Je faisais des rêves où je manquais une marche, je tombais devant tout le monde ».

« En plus, j’ai une maladie qui s’appelle le tremblement essentiel », confiait-elle encore dans Le Parisien. « C’est neurologique, héréditaire, ma mère a ça aussi. Je tremble donc toujours un peu et c’est accentué par le stress, la fatigue… Et les Victoires, c’était la première télé où je n’ai pas trop tremblé, où on ne voyait pas à quel point j’étais effrayée ».

A 27 ans, la native de Martigues profite pleinement des concerts. Et parfois en famille, puisque sa sœur aînée, Léa – Ehla de son nom de scène – est également chanteuse. C’est elle qui avait assuré la première partie de Clara à l’Olympia en avril dernier.

Sur « Sainte-Victoire » on peut ainsi entendre « Ma soeur » que Clara dédie à Léa: « Personne ne croit en toi comme j’y crois/Personne, personne/Je serai là même s’il ne devait rester/Personne, personne ».

Philippe Katerine, l’homme à la tête de Chouan

Tellement décalé qu’il finit par être à sa place partout: Philippe Katerine, césarisé au cinéma, est désormais une valeur sûre de la chanson, plus libre que jamais après avoir passé le cap de la cinquantaine.

« Confessions », album-péplum complètement fou, a valu vendredi soir la Victoire de la musique de l’artiste masculin à ce Vendéen fier de l’être – il avait soutenu en chanson le petit club des Herbiers en Coupe de France.

Une nouvelle consécration pour ce faux-naïf qui a été reconnu sur le tard.

Le Vendéen débute sa carrière en 1991 sous l’unique nom de Katerine, avec le disque « Les mariages chinois ». Mais le succès n’arrive qu’une quinzaine d’années plus tard. En 2005, l’ancien étudiant en arts plastiques à Rennes fait un carton avec son huitième opus, « Robots après tout », clin d’oeil à l’album « Human After All » des Daft Punk. Son tube « Louxor, j’adore » lui permet d’accéder à une large audience.

L’homme aux pantalons à pattes d’éléphant vintage et pulls cintrés n’a pas fait que passer le mur du son. Il a aussi crevé l’écran. En 2019, il est récompensé par un César du meilleur second rôle pour son personnage de Thierry, employé de piscine timide au parler lent dans « Le Grand Bain ».

Depuis, l’hurluberlu dégarni enchaîne les piges au cinéma. On l’a ainsi vu dans des seconds rôles d’impresario aux tenues improbables dans « Yves » de Benoît Forgeard – pour qui il avait été aussi président de la République dans « Gaz de France » -, ou dernièrement d’adjoint au maire dans « Notre Dame » de Valérie Donzelli et de préfet dans « Merveilles à Montfermeil » de Jeanne Balibar.

– « Je suis timide » –

« C’est vrai que je suis timide », reconnaissait-il récemment auprès de l’AFP, affirmant que le cinéma est aussi pour lui un moyen de sortir de chez lui, où il resterait volontiers toute la journée à dessiner. Et bien sûr à créer une musique qui n’a plus de limites, comme « Confessions », qui brasse thèmes sociétaux et intimes. Du Katerine tout craché. Entre langue très crue ou enfantine.

Gérard Depardieu, beau-père de ce touche-à-tout qui vit avec Julie Depardieu, mère de deux de ses enfants, vient même y poser sa voix. Dans ce titre, « Blond », Katerine parle habilement du sort réservé au fil des âges à ceux qui n’ont pas cette couleur de cheveux, de l’esclavage aux contrôles au faciès.

On y entend le monument du cinéma reprocher à Katerine sa blondeur. « Je lui ai écrit sa partie, en lui disant +là, tu vois, tu me juges, tu m’engueules+ et ça, il sait très bien faire ça, pas de problème (rires) », confie-t-il à l’AFP.

Ce fan de hip-hop – l’album « Ye » de Kanye West est « un repère très fort » pour lui – s’offre aussi des duos avec Oxmo Puccino (« La Clef ») et Lomepal (« 88% », chanson qui dénonce l’homophobie).

Ainsi qu’une belle sucrerie avec Léa Seydoux dans « Rêve heureux ». « Elle avait un peu le désir de chanter, on s’est rencontrés et j’ai tout de suite accroché avec elle, je la trouve sensible, un peu sauvage, on s’est reconnus comme des cousins éloignés ». Elle lui dit « aimer » ses chansons depuis « qu’elle est jeune ». « Alors je lui ai écrit une chanson un peu à ma gloire, histoire de me faire du bien (rires), mais que des gens pourront chanter à d’autres: c’est une chanson de service à la personne ».

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Pour la première fois, des ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican, deux Etats sans relations diplomatiques depuis des décennies en raison de différends d’ordre religieux, se sont rencontrés, a indiqué samedi un média officiel.

Le Chinois Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont vus vendredi à Munich, a indiqué le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC). La ville allemande accueille en ce moment la Conférence sur la sécurité.

Une rencontre à ce niveau diplomatique est une première depuis au moins six décennies, le Vatican et la République populaire de Chine n’ayant plus de relations diplomatiques depuis les années 1950.

Elle intervient dans un contexte de réchauffement des relations bilatérales depuis la signature d’un accord historique en 2018 sur la nomination des évêques en Chine.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican », a déclaré Wang Yi.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », s’est-il félicité selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

Le PCC au pouvoir se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité. Il s’est longtemps méfié du Vatican en raison de son influence potentiellement politique sur les catholiques chinois.

Les quelque 10 millions de catholiques de Chine sont censés ne fréquenter que les églises homologuées par l’Etat et dont le clergé est validé par le PCC. Mais beaucoup se rendent également dans des lieux de culte dirigés par des religieux fidèles au pape.

Aux termes de l’accord « préliminaire » signé en 2018, le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval. Le texte donne toutefois aux deux parties un droit de regard sur les nominations.

Malgré le rapprochement en cours, le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Sous pression, la Grèce prend le dossier migratoire à bras le corps

Mur flottant pour bloquer les canots de migrants, centres de rétention, reconductions à la frontière: sept mois après sa prise de fonctions, le gouvernement conservateur grec durcit sa politique en matière d’asile, sous la pression des îles égéennes exaspérées et au bord de l’asphyxie.

« La décongestion de nos îles est notre priorité numéro 1 », a déclaré à l’AFP le ministre des Migrations Notis Mitarachi, dans un geste d’apaisement vers les insulaires qui multiplient les actions de protestation parfois émaillées d’incidents.

Cinq ans après la grande crise migratoire de 2015, la Grèce, à nouveau première porte d’entrée des migrants en Europe, peine à gérer les procédures de demande d’asile dont près de 90.000 sont à ce jour en souffrance, dans un pays qui compte 112.000 exilés, selon les derniers chiffres officiels.

Premières impactées, les cinq îles égéennes, où les migrants continuent d’affluer quotidiennement en provenance de la Turquie voisine.

Plus de 38.000 personnes vivent dans des camps surpeuplés et insalubres prévus pour 6.200 places. Tentes et abris de fortune aux allures de bidonville y poussent comme des champignons aux abords de ces sites, suscitant exaspération et réactions de rejet aux relents xénophobes.

« Il est essentiel de transférer dans les prochaines semaines autant de demandeurs d’asile que possible sur le continent où ils pourront poursuivre leur procédure de demande d’asile », a déclaré à l’AFP le représentant du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) en Grèce, Philippe Leclerc, qui réclame « des conditions supplémentaires de réception » en Grèce continentale.

Après avoir transféré 9.000 demandeurs d’asile sur le continent (au lieu des 20.000 prévus) sur fond de grogne des habitants, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis élu en juillet se focalise désormais sur les reconductions à la frontière des déboutés du droit d’asile.

« Le processus de retour sera accéléré » vers la Turquie et vers les pays d’origine, a précisé Notis Mitarachi.

– Accélération des procédures –

Condition sine qua non: les services grecs de l’asile devront rendre plus rapidement leurs verdicts. La nouvelle législation, entrée en vigueur en janvier et vivement critiquée par les ONG, le leur permet.

« Je pense qu’il serait raisonnable de traiter les cas en trois mois », a estimé Notis Mitarachi. Priorité sera donnée aux nouveaux arrivants: 25 jours maximum pour gérer la première demande et jusqu’à 60 jours en cas d’appel, avant une reconduction sine die à la frontière pour les déboutés.

En outre, l’octroi de l’asile en Grèce sera réversible tous les trois ans, selon la situation dans le pays d’origine, a tranché le gouvernement, contraint de rétablir un ministère des Migrations supprimé à son arrivée au pouvoir.

Et pour décourager encore les exilés de traverser la mer Egée, le gouvernement prévoit d’installer un mur flottant de 2,7 kilomètres de long et d’1,10 mètre de haut.

Un projet controversé qui attire les foudres des organisations non gouvernementales. Human Rights Watch le considère comme « insensé et potentiellement dangereux » pour les frêles canots de migrants qui viendraient s’y accrocher la nuit.

Amnesty International s’est alarmé d’un plan « qui suscite de graves inquiétudes sur les capacités des sauveteurs à continuer à venir au secours de personnes tentant la périlleuse traversée maritime vers Lesbos ».

Aux termes de sa nouvelle loi, la majorité de la droite Nouvelle Démocratie s’attaque aussi aux passeurs et aux éventuelles complicités, en prévoyant un registre des organisations humanitaires autorisées à intervenir auprès des migrants.

– « Camps prisons » –

Le gouvernement espérait au moins apaiser la colère des insulaires avec la fermeture des camps sordides de Moria (Lesbos), Vathy (Samos) et Vial (Chios), remplacés, à l’été, par de nouveaux centres « fermés ».

Mais élus et habitants exigent « le désengorgement immédiat et massif des îles », d’où leur rejet sans équivoque d’un projet voué, selon eux, à héberger toujours plus de migrants dans des « camps prisons ».

« Si nous acceptons un nouveau camp pour 7.000 personnes, il pourra accueillir officieusement 20 à 25.000 personnes », a déclaré le maire de Samos, Georgios Stantzos. La capacité de cinq camps sera théoriquement prévue pour 20.000 personnes.

Le projet suscite aussi les critiques d’ONG qui y voient une « violation du droit international sur l’asile ».

« Demander l’asile n’est pas un crime même si on a franchi irrégulièrement une frontière. Nous demandons (…) que la détention soit l’exception absolue », a déclaré Philippe Leclerc du HCR.

« Toute violation du règlement intérieur (des futurs camps) affectera négativement la demande d’asile et accélérera le processus de retour du délinquant », a pourtant prévenu le ministre des Migrations.

RCA : cinq chefs de milice condamnés à perpétuité

Cinq chefs d’une milice centrafricaine ont été condamnés, vendredi 07février à Bangui, aux travaux forcés à perpétuité pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » pour le massacre de dizaines de civils en 2017.

Une condamnation inédite en République centrafricaine. Cinq chefs de milice ont été condamnés à des travaux forcés à perpétuité pour des « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », pour leur rôle dans le massacre de dizaines de civils en 2017, dans ce pays endeuillé par une guerre civile depuis sept ans.

Deux des hommes condamnés par la Cour criminelle de Bangui sont Crépin Wakanam, dit « Pino Pino », et Kevin Bere Bere, dit « Béré-Béré », soit les principaux chefs d’un groupe armé anti-balaka. Ces milices d’auto-défense à majorité chrétienne et animiste avaient perpétré un massacre à Bangassou, dans le sud, contre des civils musulmans le 13 mai 2017.

« C’est la première fois qu’une condamnation pour crimes contre l’humanité est prononcée par un tribunal centrafricain », a déclaré par téléphone à l’AFP le ministre de la Justice Flavien Mbata, ce qu’a confirmé la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH).

Le « général Pino-Pino » et le « lieutenant Béré-Béré » étaient à la tête d’une milice anti-balaka qui avait notamment attaqué le 13 mai 2017 le quartier de Tokoyo et une base de l’ONU dans la localité de Bangassou.

Selon l’ONU, l’assaut ce jour-là, ainsi que des heurts les jours d’avant et d’après, avaient fait 72 morts, 76 blessés et 4 400 déplacés. Les membres de la communauté musulmane qui se trouvaient réfugiés dans l’église catholique de cette ville avaient été particulièrement visés le 13 mai.

Dix casques bleus ont également été tués au cours d’attaques menées par des miliciens entre mai et novembre 2017 dans Bangassou et ses environs.

Les verdicts, lus par le président de la Cour pour chacun des accusés devant une salle de tribunal remplie de policiers et militaires, ne sont susceptibles que d’un recours en cassation.

En tout, 28 accusés étaient jugés par la Cour criminelle du tribunal de Bangui pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre, pillages et meurtres ». Trois autres ont été condamnés à la même peine et pour les mêmes chefs que Béré-Béré et Pino-Pino en tant que cadres de la milice : Romaric Mandago, Patrick Gbiako et Yembeline Mbenguia Alpha.

Le reste des accusés, des combattants du groupe, ont été condamnés à des peines allant de 10 à 15 années de travaux forcés notamment pour assassinats et détention illégale d’armes.

Deux tiers de la Centrafrique aux mains de groupes armés

La FIDH a salué dans un communiqué « ce verdict, qui démontre la volonté grandissante des autorités judiciaires centrafricaines à mener à leur terme des procès de premier plan contre les responsables des violences et crimes internationaux qui endeuillent » ce pays parmi les plus pauvres du monde depuis plus de sept années.

La Centrafrique est plongée dans une guerre civile meurtrière depuis que le président François Bozizé a été renversé en 2013 par la Séléka, une coalition de groupes rebelles à dominante musulmane. Des milices populaires, les anti-balaka, avaient été créées pour combattre la Séléka, entraînant le pays dans une spirale infernale de violences et combats.

La signature, il y a un an, d’un accord de paix à Khartoum entre le pouvoir de Bangui et 14 groupes armés a permis une baisse significative des affrontements. Mais le pays reste secoué par des combats réguliers et des crimes dont sont encore victimes de nombreux civils. Deux tiers du territoire restent aux mains de groupes armés rivaux.

RCA : l’opposition crée une coalition

Elle se compose de 16 partis d’opposition, dont 14 ont signé une liste qui pourrait être appelée à grandir.

Initiée en novembre 2019, la Coalition de l’opposition démocratique 20-20 (COD 20-20) a été officiellement créée lundi 10 février à Bangui. Des partis d’opposition traditionnels (URCA, KNK, CRPS) se sont ainsi alliés avec des partis plus récents.

La Coalition de l’opposition démocratique 20-20, qui a vu le jour lundi 10 février, veut défendre et surveiller les questions de paix, de sécurité, de libertés publiques en République centrafricaine. Anicet-Georges Dologuélé, chef du parti URCA, est à la tête de sa présidence tournante. La coalition a surtout en ligne de mire les élections générales de fin 2020.

« Nous avons vocation à conquérir le pouvoir. L’opposition se définit au Parlement, et dans la vie de tous les jours. Les hommes politiques de l’opposition sont regroupés pour avoir des actions d’oppositions démocratiques contre le pouvoir en place. Chacun de nous prend des positions de manière isolée, ce qui affaiblit nos prises de position. En se mettant ensemble, on forme un bloc puissant puisque nous réunissons nos énergies, nous réunissons nos voix. »

« Le temps des élections bâclées et mal organisées est révolu »

Solennellement, les leaders des partis d’opposition ont signé une charte. L’ancien Premier ministre, Mahamat Kamoun, à la tête du récent parti Be Afrika ti é Kwè, compte parmi eux.

« L’union fait la force et nous avons décidé de nous retrouver pour planifier des actions. Naturellement, nous n’avons pas d’armes. Mais les moyens légaux dont nous disposons, c’est quoi ? C’est les meetings, les marches, des prises de position, des sit-in. C’est la mobilisation de nos électeurs, de nos populations, puisque le point important pour nous, c’est les élections. Nous voulons qu’il y ait des bonnes élections tout simplement parce que le temps des élections bâclées et mal organisées est déjà révolu en Afrique. »

La coalition se laisse aussi la possibilité de discuter d’une candidature unique pour la présidentielle à venir.

RCA : le CICR réduit ses activités pour des raisons de sécurité

L’organisation caritative internationale a réduit certaines de ses activités humanitaires à Kaga-Bandoro et dans la préfecture de Nana-Grébizi, dans le centre-nord du pays.

Bruce Biber le chef adjoint de la délégation du CICR en République centrafricaine a confirmé leur décision.

Pour des raisons de sécurité, le CICR a réduit certaines de ses activités humanitaires à Kaga-Bandoro et dans la préfecture de Nana-Grébizi, dans le centre-nord du pays.

Le Comité international de la Croix Rouge a été l’objet de plusieurs attaques ces derniers temps attribués à des bandes armées opérant dans la région.

Une vingtaine de miliciens tués dans des combats en Centrafrique. Difficile accès aux antirétroviraux en Centrafrique

Biber signale que leur mesure a été prise pour permettre une meilleure mobilisation des forces locales dans la lutte contre la hausse de la criminalité.

Il estime qu’en dehors de son organisation, les populations expriment leur ras le bol face aux attaques répétées perpétrées par les groupes armés.

Bruce Biber qui révèle que les structures de l’état sont encore faibles à Kaga-Bandoro, fait appel à l’implication des leaders religieux, des membres de la société civile, des responsables communautaires pour venir à bout de la criminalité en hausse.

RCA : Caritas menacé à la suite à une affaire d’abus sexuels

Depuis plusieurs semaines, les activités de Caritas fonctionnent au ralenti parce que les soutiens financiers n’arrivent plus après la condamnation du père Luk Delft.

Le père Luk Delft, établi en Centrafrique depuis 2013, avait officié pendant deux ans à Kaga Bandoro, une ville située dans le Nord du pays, avant d‘être nommé en 2015 secrétaire exécutif national de l’association Caritas en Centrafrique.

Le prêtre avait été condamné en Belgique pour pédophilie. Libéré, il est parti travailler pour Caritas en Centrafrique où il aurait encore abusé d’enfants. Depuis plusieurs semaines, les activités de Caritas fonctionnent au ralenti car les soutiens financiers n’arrivent plus depuis que cette affaire a été révélée.

Dans le site ATIB à Bimbo, (ouest de Bangui), qui accueille les victimes des inondations d’octobre dernier, les rires des femmes bénéficiaires de l’aide de la Caritas cachent mal les douleurs d’une population qui, depuis plusieurs semaines, ne mange pas à sa faim ou ne peut se soigner lorsqu’elle tombe malade. Caleb, un des sinistrés du site témoigne. «  Caritas nous a aidé dans des moments difficiles. Caritas nous a amenés des bâches, des couvertures, des ustensiles et même des vivres. Cela va faire un mois qu’on ne reçoit plus d’aide ni financière ni matérielle » se lamente Caleb.

Les populations civiles grandes victimes de la faiblesse des appuis financiers à la Cariatas

Situation difficile pour Caritas

L’assistance à ces sinistrés est aujourd’hui réduite de moitié, conséquence des mesures conservatoires prises par les partenaires qui ont préféré suspendre leurs financements à Caritas Centrafrique.

Pour Fiacre Sieng chargé de communication à la Caritas diocésaine de Bangui, « Caritas Bangui intervient dans plusieurs domaines : dans le cas des catastrophes naturelles et, si le pays est en situation de conflit. Suite aux dernières inondations, on avait prévu d’aider au moins 1.000 sinistrés. Mais on n’a pas pu atteindre cet objectif parce que les partenaires ont suspendu leurs partenariats et on n’a plus de financement », dit le responsable communication à la Caritas.

Un Centrafricain dans un camp pour réfugiés

Un coup dur pour le personnel de l’institution qui, en plus du manque d’argent, doit affronter les questions et les reproches de la population.

L’abbé Alain Bienvenu Bangbanzi est le secrétaire national de Caritas Centrafrique : « Les activités pour la plupart sont au ralenti, les salaires ne sont plus payés et certains de nos collaborateurs sont tentés d’aller trouver mieux ailleurs. D’autres  sont aujourd’hui stigmatisés et l’organisation aussi est l’objet de stigmatisation parce que beaucoup pensent que Caritas est devenue une structure de péché et qu’il ne faut pas s’approcher de nous. »

En octobre dernier, la conférence des évêques de Centrafrique a déposé une plainte auprès du Parquet de Bangui contre ce prêtre. Une procédure qui pourrait se greffer à celle entamée par la justice belge qui a condamné dans un premier temps le père Delft à 18 mois de prison avec sursis.

Reserve d’or en RCA : la Russie nie la présence des entreprises russe

L’ambassadeur de Russie en Centrafrique M.Titorenko dans une interview qu’il a accordé à Sputnik, a déclaré qu’aucune entreprise russe ne travaille en République centrafricaine.

« À l’heure actuelle, aucune entreprise russe ne travaille en République centrafricaine », a déclaré à Sputnik l’ambassadeur de Russie en République centrafricaine. Il a  souligné que les informations sur les réserves de diamants et d’or dans ce pays étaient exagérées. Selon lui, les Chinois sont le principal acteur économique en RCA.

En outre, la plupart des mines se trouvent dans la zone non contrôlée par le gouvernement, a-t-il ajouté.

«Il n’y a pas d’entreprises russes ici. Il y a une entreprise qui a été créée avec la participation d’hommes d’affaires russes particuliers, elle est enregistrée en vertu des lois de la République centrafricaine, elle n’a qu’une seule licence pour rechercher et extraire des diamants. Pour autant que je sache, cette entreprise fonctionne à perte», a déclaré M.Titorenko.

Données exagérées

Selon lui, les données sur les réserves de diamants et d’or en République centrafricaine sont largement exagérées:

«Par le passé la République centrafricaine était un producteur relativement moyen de diamants, par exemple à l’époque de Bokassa [ancien dirigeant, 1966-1979, ndlr] et avant les événements qui ont commencé dans les années 1990, le pays exportait de 350 à 360.000 carats de diamants bruts, cela ne représentait que 11% des recettes budgétaires de l’État. C’est loin de la Namibie, loin de notre région russe de Yakoutie. Il y a des diamants, mais il y en a peu».

D’après l’ambassadeur, de 35.000 à 36 000 carats sont exportés par an, soit dix fois moins qu’auparavant. «Naturellement, il existe une contrebande de diamants, des experts de l’Onu le soulignent également, mais cela se fait dans des zones qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement», a déclaré le diplomate.

Extraction de l’or

Quant à l’or, a-t-il noté, si 91 tonnes sont extraites au Soudan voisin, il s’agit d’environ 500-600 kilogrammes «et bien moins» en RCA, et encore, dans les conditions les plus favorables.

«Et la plupart des mines sont situées dans une zone échappant au contrôle du gouvernement. Par conséquent, la Russie a peu dans ce domaine. Alors que la Chine possède 12 licences pour l’exploration et la production de diamants, quatre licences pour l’extraction de l’or, et les Chinois sont le principal acteur économique en RCA, comme partout en Afrique», a conclu le diplomate.

RCA : la Minusca lance l’opération Mokiri

Cette opération vise à démanteler des barrières illégales de l’UPC sur l’axe Bambari Alindao.

Les forces internationales en Centrafrique ont lancé, le 1er février, l’opération militaire dénommée « Mokiri » pour démanteler des barrières illégales de l’UPC sur l’axe Bambari Alindao, quelques heures après la fin de l’ultimatum.

Les casques bleus de la Minusca ont contraint l’’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darrassa à abandonner ses positions au centre d’Alindao et à mettre fin à toute circulation de ses éléments armés dans la ville. Par ailleurs, ce groupe armé a annoncé son retrait de Bambouti (sud-est de la République centrafricaine) au plus tard le 5 février, ville qu’il occupait depuis novembre 2019. Peu avant, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) a constaté que l’UPC a effectivement démantelé sa base située près du camp des Forces armées centrafricaines (Faca) et ses barrières à l’entrée et à la sortie d’Alindao. Le groupe s’est, en outre, engagé à informer la Minusca de tous ses mouvements.

Les opérations se sont principalement déroulées au croisement Digui, non loin du village Ngakobo, menées conjointement par les forces spéciales portugaises et népalaises, appuyées par les soldats du contingent gabonais et quelques éléments des Faca. «La Minusca continuera à maintenir la pression sur l’UPC ainsi que d’autres groupes armés, conformément à son mandat de protection des populations civiles et de soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix », a affirmé Mankeur Ndiaye, chef de la Minusca et représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RCA.

En plus de cette pression militaire, « l’opération lancée contre l’UPC se poursuit sur le front politique », a indiqué la Minusca. « Elle vise à contraindre l’UPC à cesser toute entrave à la sécurité d’Alindao. L’objectif final est de restaurer l’autorité de l’Etat et de protéger les populations civiles menacées. Il est aussi exigé de l’UPC de stopper ses velléités d’expansion vers d’autres régions comme Bambouti et Markounda et de s’engager auprès de la Minusca et du gouvernement pour ramener la quiétude dans la Haute-Kotto », a fait valoir la mission onusienne en Centrafrique. Selon la Minusca, l’opération « Mo kiri » va maintenir le renforcement de son dispositif et sa posture à Bambari et Alindao en vue de la mise en œuvre de l’accord de paix.