RCA : Caritas menacé à la suite à une affaire d’abus sexuels

Depuis plusieurs semaines, les activités de Caritas fonctionnent au ralenti parce que les soutiens financiers n’arrivent plus après la condamnation du père Luk Delft.

Le père Luk Delft, établi en Centrafrique depuis 2013, avait officié pendant deux ans à Kaga Bandoro, une ville située dans le Nord du pays, avant d‘être nommé en 2015 secrétaire exécutif national de l’association Caritas en Centrafrique.

Le prêtre avait été condamné en Belgique pour pédophilie. Libéré, il est parti travailler pour Caritas en Centrafrique où il aurait encore abusé d’enfants. Depuis plusieurs semaines, les activités de Caritas fonctionnent au ralenti car les soutiens financiers n’arrivent plus depuis que cette affaire a été révélée.

Dans le site ATIB à Bimbo, (ouest de Bangui), qui accueille les victimes des inondations d’octobre dernier, les rires des femmes bénéficiaires de l’aide de la Caritas cachent mal les douleurs d’une population qui, depuis plusieurs semaines, ne mange pas à sa faim ou ne peut se soigner lorsqu’elle tombe malade. Caleb, un des sinistrés du site témoigne. «  Caritas nous a aidé dans des moments difficiles. Caritas nous a amenés des bâches, des couvertures, des ustensiles et même des vivres. Cela va faire un mois qu’on ne reçoit plus d’aide ni financière ni matérielle » se lamente Caleb.

Les populations civiles grandes victimes de la faiblesse des appuis financiers à la Cariatas

Situation difficile pour Caritas

L’assistance à ces sinistrés est aujourd’hui réduite de moitié, conséquence des mesures conservatoires prises par les partenaires qui ont préféré suspendre leurs financements à Caritas Centrafrique.

Pour Fiacre Sieng chargé de communication à la Caritas diocésaine de Bangui, « Caritas Bangui intervient dans plusieurs domaines : dans le cas des catastrophes naturelles et, si le pays est en situation de conflit. Suite aux dernières inondations, on avait prévu d’aider au moins 1.000 sinistrés. Mais on n’a pas pu atteindre cet objectif parce que les partenaires ont suspendu leurs partenariats et on n’a plus de financement », dit le responsable communication à la Caritas.

Un Centrafricain dans un camp pour réfugiés

Un coup dur pour le personnel de l’institution qui, en plus du manque d’argent, doit affronter les questions et les reproches de la population.

L’abbé Alain Bienvenu Bangbanzi est le secrétaire national de Caritas Centrafrique : « Les activités pour la plupart sont au ralenti, les salaires ne sont plus payés et certains de nos collaborateurs sont tentés d’aller trouver mieux ailleurs. D’autres  sont aujourd’hui stigmatisés et l’organisation aussi est l’objet de stigmatisation parce que beaucoup pensent que Caritas est devenue une structure de péché et qu’il ne faut pas s’approcher de nous. »

En octobre dernier, la conférence des évêques de Centrafrique a déposé une plainte auprès du Parquet de Bangui contre ce prêtre. Une procédure qui pourrait se greffer à celle entamée par la justice belge qui a condamné dans un premier temps le père Delft à 18 mois de prison avec sursis.

Soupçons d’abus sexuels à Caritas: l’archevêque de Bangui donne sa version des faits

En Centrafrique, l’ancien secrétaire nationale de l’ONG Caritas, le père Luk Delft, fait l’objet d’une plainte à Bangui, après avoir été condamné en 2012 en Belgique pour abus sur mineur. Président de Caritas en Centrafrique, le cardinal Nzapalainga a donné sa version des faits sur cette affaire.

Chaque évêque est responsable de la section locale de Caritas. L’évêque de Kaga Bandoro dans le centre de la RCA, monseigneur Vanbuel, a donc fait venir le père Luk Delft en 2013. Puis, le secrétaire national, blessé par balle, a dû être évacué.

Président de Caritas en Centrafrique, le cardinal Nzapalainga s’est alors tourné vers le père Luk Delft pour le remplacer. « À ce moment-là nous avons écrit au supérieur des pères salésiens pour leur demander : « Nous voulons confier une responsabilité », raconte-t-il. Si les supérieurs nous avaient écrit pour nous dire « arrêtez c’est quelqu’un à problème » ou « il y a une situation grave », je pense que vous pourrez nous accuser en disant « vous avez reçu une réponse ». Ils ont accepté que nous puissions le prendre. Quand nous avons été alertés encore par une psychothérapeute, nous leur avons écrit pour dire il semble qu’il y a quelque chose. Ils ont dit « on peut lui donner une nouvelle chance ».

Le cardinal connaît donc le passé du père et décide de lui laisser sa chance. Mais au mois de juin, la chaîne de télévision américaine CNN qui enquête sur le terrain alerte sur de nouveaux cas. « Immédiatement, quand nous avons appris, on a demandé la démission du père, poursuitle cardinal Nzapalainga. Ceux qui pensent que nous, nous avons caché le père pour l’envoyer en Europe, c’est faux. L’Église a porté plainte le 7 octobre au niveau du tribunal de Bangui par rapport à cette situation. Nous ne sommes pas là pour cacher ni masquer la vérité ». Le Cardinal dit avoir été convoqué par la Section recherche et investigation (SRI). Il affirme attendre que la justice fasse son travail.