Chypre: manifestation contre la fermeture de checkpoints, 4 policiers blessés

La police chypriote a utilisé du gaz lacrymogène lors d’une manifestation samedi contre la fermeture temporaire par Chypre de la moitié des points de passage avec la partie nord de l’île occupée par la Turquie, sur fond de lutte contre le coronavirus.

Environ 350 Chypriotes ont participé à une manifestation organisée à Nicosie par le mouvement citoyen Unite Cyprus Now, durant laquelle des échauffourées ont fait quatre blessés parmi les policiers, qui ont répondu par un « usage limité » de gaz lacrymogène, selon un porte-parole de la police, qui n’a fait état d’aucune interpellation.

Le 28 février, les autorités chypriotes ont annoncé fermer pour une semaine quatre des huit points de passage pour le tiers nord de l’île, sous occupation de la Turquie depuis 1974, « pour un contrôle accru » dans le pays, qui n’a déclaré à ce jour aucun cas de nouveau coronavirus.

Mais jeudi, le ministre de la Santé Constantinos Ioannou a indiqué qu’ils resteraient fermés jusqu’à lundi, avant une nouvelle évaluation de la situation.

C’est la première fois que ces points de passage sont fermés depuis leur ouverture en 2003 le long de la « ligne verte », surveillée par la mission des Nations unies à Chypre (Unficyp), et qui divisait jusque-là hermétiquement l’île en deux.

Samedi, environ 200 Chypriotes-grecs et 150 Chypriotes-turcs se sont rassemblés de part et d’autre du point de passage de la rue de Ledra –l’un des quatre fermés– situé dans le centre-ville de la capitale.

« La paix à Chypre ne peut être stoppée », « Contenir le virus de la partition », ont notamment scandé les manifestants demandant la réouverture des checkpoints.

La tension est montée d’un cran lorsque des manifestants côté chypriote-turc ont tenté de percer un cordon policier, a indiqué la police.

La République de Chypre –seule reconnue par la communauté internationale et membre de l’Union européenne depuis 2004– contrôle les deux tiers sud de l’île.

L’autoproclamée République turque de Chypre-nord (RTCN) est, elle, uniquement reconnue par la Turquie, qui affirme avoir envahi le tiers nord de l’île en réaction à un coup d’Etat qui visait à rattacher le pays à la Grèce.

Aucun cas de nouveau coronavirus n’a été détecté à ce stade en Turquie.

Jeudi, l’Unficyp s’est dite « préoccupée par les perturbations infligées aux personnes des deux côtés » de la « ligne verte » provoquées par la fermeture temporaire des checkpoints.

Lundi, le président de la RTCN, Mustafa Akinci, a critiqué une « décision unilatérale » et a appelé à sa révision, lors d’un entretien téléphonique avec le président de Chypre Nicos Anastasiades, qui avait dit avoir informé son homologue de la fermeture.

Des pourparlers sous l’égide de l’ONU entre MM. Anastasiades et Akinci sont suspendus depuis 2017.

Le Liban se dirige vers le premier défaut de paiment de son histoire

Le Liban se dirige vers le premier défaut de paiement de son histoire, les hauts dirigeants du pays surendetté affichant samedi leur opposition au paiement imminent d’une dette, une décision qui devrait être entérinée incessamment sous peu par le gouvernement.

Réuni samedi au palais présidentiel, le gouvernement doit trancher sur le remboursement de cette dette après des semaines de tractations, tandis que se poursuit depuis près de cinq mois un mouvement de contestation inédit contre une classe politique jugée incompétente et corrompue.

Le 9 mars, l’Etat doit en théorie rembourser 1,2 milliard d’Eurobonds – des bons du Trésor émis en dollar par l’Etat, dont une partie est détenue par les banques et la Banque centrale – mais pourrait déclarer ne pas être en mesure d’honorer son engagement.

A l’issue d’une réunion au palais présidentiel, le chef de l’Etat, le Premier ministre, le chef du Parlement, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale ont laissé entendre que l’Etat ne rembourserait pas.

Au cours de la réunion, il a été « décidé à l’unanimité de se tenir au côté du gouvernement dans sa gestion de la dette, mais pas pour un remboursement de dettes arrivant à échéance », a indiqué la présidence à l’issue de la rencontre.

Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit environ 170% de son produit intérieur brut (PIB), selon l’agence internationale Standard and Poor’s (S&P), l’un des ratios les plus élevés au monde.

– « Retombées » –

Les banques libanaises, qui détiennent une grande partie de la dette publique — dont près de la moitié des 30 milliards d’Eurobonds –, ont récemment appelé l’Etat à éviter un défaut de paiement, qui creuserait leur manque de liquidités notamment en dollars.

Craignant un épuisement de leurs réserves en devises étrangères, les banques ont déjà imposé des restrictions drastiques ces derniers mois, plusieurs établissements plafonnant les retraits à 100 dollars par semaine et interdisant les transferts d’argent vers l’étranger.

« Un défaut aurait des retombées sur l’économie nationale », prévient le chef du département de recherche à la Bank Audi, Marwan Barakat.

De nombreuses voix se sont élevées ces dernières semaines pour réclamer une restructuration de la dette afin d’accorder au gouvernement un délai supplémentaire afin de mener des réformes profondes pour remettre le pays sur la bonne voie.

Au Liban, le dollar est utilisé au quotidien au même titre que la livre libanaise et les Libanais craignent l’accélération de la perte de valeur de leur monnaie.

La livre libanaise, indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar, a récemment frôlé les 2.700 livres pour un dollar sur le marché parallèle, poussant la banque centrale à émettre vendredi une circulaire plafonnant le taux dans les bureaux de change à 2.000 livres pour un dollar.

« Je ne pense pas qu’une dévaluation officielle soit à l’ordre du jour à court terme », estime toutefois M. Barakat.

– « Le prix des lacunes » –

La rue impute la situation actuelle à un cumul de mauvaises politiques au cours des trois dernières décennies.

Le pays a commencé à s’endetter massivement à la fin de la guerre civile (1975-1990) pour reconstruire le pays.

Mais faute de réformes et de bonne gouvernance, le déficit public n’a eu de cesse de se creuser au fil des ans et les banques locales ont continué d’acheter des bons du trésor.

Conséquence: la dette publique a bondi de quelques milliards de dollars au début des années 1990 à plus de 90 milliards de dollars.

Samedi, des manifestants ont défilé à Beyrouth pour crier leur colère.

« Nous ne devons pas payer le prix des lacunes du gouvernement », affirme Nour, une manifestante de 16 ans devant le siège de la Banque centrale libanaise.

A la demande de l’Etat, une mission d’urgence du Fonds monétaire international (FMI) a été dépêchée le mois dernier mais aucune assistance financière de l’institution n’a été annoncée pour le moment.

« Le Liban a besoin avant tout d’un plan imminent de restructuration de la dette dans le cadre d’un plan global (…) sous l’égide du FMI pour que l’aide financière internationale se concrétise », explique Marwan Barakat. Mais certaines forces politiques locales, notamment le Hezbollah, ont récemment affiché leur opposition à une « mise sous tutelle ».

Le Liban a longtemps compté sur les aides internationales.

En avril 2018, une aide de 11,6 milliards de dollars a été promise lors d’une conférence parrainée par la France mais les fonds n’ont toujours pas été débloqués faute de réformes.

Coronavirus: Ryad rouvre l’esplanade de la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam

L’Arabie saoudite a rouvert samedi l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam situé au coeur de la Grande mosquée de La Mecque, qui avait été temporairement fermée pour prévenir la propagation du nouveau coronavirus.

Le petit pèlerinage musulman -la Omra- dans les villes saintes de La Mecque et Médine, reste lui suspendu, une mesure inédite annoncée mercredi par les autorités.

Le petit pèlerinage présentait le risque de devenir un foyer majeur de contamination en Arabie saoudite où 5 cas de nouveau coronavirus ont été confirmés. Plus de 150 cas ont été enregistrés dans le Golfe.

Le roi Salmane « a autorisé la réouverture » samedi à l’aube de l’esplanade entourant la Kaaba pour les pèlerins n’effectuant pas la Omra, a indiqué l’agence de presse officielle SPA.

Des centaines de pèlerins étaient présents sur l’esplanade, tournant autour de la Kaaba, une structure cubique enveloppée dans une étoffe noire brodée d’or et vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier.

Entourée de barrières, la Kaaba restait toutefois inaccessible.

La zone entre les collines avoisinantes de Safa et Marwa où cheminent également les fidèles durant la Omra, restait également fermée.

Les fidèles sont néanmoins toujours autorisés à se rendre dans la Grande mosquée de La Mecque et dans la mosquée du Prophète à Médine pour leurs prières quotidiennes.

Celles-ci sont uniquement fermées une heure après la prière du soir pour permettre de nettoyer et désinfecter les lieux avant leur réouverture à l’aube.

La décision de suspendre la Omra, qui attire chaque année des millions de pèlerins, a soulevé des incertitudes autour du grand pèlerinage du Hajj –un pilier essentiel de l’islam– qui doit débuter fin juillet.

Les autorités saoudiennes ne se sont pas encore exprimées sur d’éventuelles mesures de précaution pour le Hajj, qui a attiré environ 2,5 millions de personnes en 2019.

Déjà affecté par la chute des prix du pétrole, le royaume pourrait perdre des milliards de dollars de revenus générés chaque année par le tourisme religieux en limitant l’accès aux sites.

Samedi, SPA a par ailleurs indiqué que les entrées dans le royaume depuis les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn, seraient « temporairement » restreintes à trois aéroports situés dans la capitale Ryad, à Jeddah (ouest) et à Dammam (nord-est).

Et seuls les camions de marchandises pourront traverser la frontière terrestre, selon SPA.

Le ministère des Sports a lui annoncé « suspendre la participation du public » à tous les événements sportifs dès samedi.

D’autres pays du Golfe ont pris des mesures pour prévenir la propagation du nouveau coronavirus. Le Koweït a annoncé samedi suspendre les vols en provenance et à destination du Bangladesh, des Philippines, d’Inde, du Sri Lanka, de Syrie, du Liban et d’Egypte.

Ankara ordonne à ses garde-côtes de stopper les migrants en mer Egée

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné l’ordre aux garde-côtes d’empêcher les migrants de traverser la mer Egée, confirmant une accalmie dans la crise migratoire entre la Turquie et l’Union européenne.

« Sur ordre du président (…) aucune autorisation ne sera donnée aux migrants de traverser la mer Egée en raison des dangers que cela comporte », a indiqué le service des garde-côtes sur Twitter.

« L’approche consistant à ne pas intervenir pour empêcher les migrants de quitter la Turquie reste valable, sauf pour ce qui concerne les départs par la mer, en raison des dangers », a-t-il précisé.

Le service des garde-côtes a par ailleurs assuré avoir sauvé jeudi 97 migrants en danger, accusant les Grecs d’avoir « dégonflé leurs trois bateaux et les avoir laissé dériver, à moitié en train de couler ».

Ankara et Athènes échangent continuellement des accusations concernant les migrants, les Turcs dénonçant la brutalité des Grecs à l’encontre des migrants, les Grecs accusant la Turquie de les pousser et même de les aider à passer en Grèce.

Des milliers de migrants tentent de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis que le président turc a annoncé le 29 février qu’il cessait de respecter un accord de mars 2016 avec l’Union européenne prévoyant que les migrants restent en Turquie, en échange d’une aide financière européenne à Ankara.

Les autorités grecques ont annoncé jeudi que plus de 1.700 d’entre eux étaient arrivés sur les îles grecques, venant s’ajouter aux 38.000 déjà présents qui surpeuplent les camps de réfugiés dans des conditions de plus en plus précaires.

Cette situation tendue a réveillé en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015.

Pour tenter de sortir de l’impasse, M. Erdogan s’était entretenu au téléphone vendredi avec la chancelière allemande Angela Merkel. Celle-ci avait piloté les négociations ayant abouti à l’accord de 2016.

L’UE a de son côté adressé vendredi un message dissuasif aux migrants: « N’allez pas à la frontière. La frontière n’est pas ouverte », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

– Nouveaux heurts à la frontière –

De nouveaux heurts ont opposé samedi pendant plusieurs heures la police grecque et les migrants massés à la frontière avec la Turquie. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour repousser les migrants qui tentaient de franchir les grilles au poste-frontière de Pazarkule (appelé Kastanies, côté grec). Ceux-ci leur jetaient des pierres et criaient « ouvrez les portes », selon des journalistes de l’AFP sur place.

Aux termes de l’accord de 2016, la Turquie avait accepté de contenir le flot des migrants qui fuient la guerre en Syrie, en échange d’une aide de plusieurs milliards d’euros.

Mais Ankara proteste contre l’insuffisance de cette aide pour faire face au coût des quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu’elle accueille depuis des années.

Ce coût a encore augmenté aveec l’offensive du régime syrien — appuyé par Moscou — depuis décembre contre la province d’Idleb, dernier bastion rebelle en Syrie, qui a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d’un million de personnes déplacées.

Les Européens, qui avaient proposé un milliard d’euros supplémentaire d’aide qu’Ankara a refusé, voient dans la décision d’Ankara d’ouvrir les vannes un chantage politique pour obtenir un soutien occidental aux opérations turques en Syrie.

Le ministère turc des Affaires étrangères a reclamé samedi que Bruxelles applique strictement l’accord de 2016 et a dénoncé le soutien exprimé à la Grèce par les 27 lors d’une réunion ministérielle à Zagreb vendredi.

« Il est malheureux que l’UE agisse en contradiction avec ses propres principes en soutenant la Grèce qui viole la législation internationale sur les droits de l’Homme », a affirmé le ministère en accusant l’UE de faire preuve d' »hypocrisie » et de politiser le dossier migratoire.

La Grèce de son côté se défend « d’user d’une force excessive » contre les migrants. Athènes n’a fait « que réagir aux provocations qui ont eu lieu à la frontière », a affirmé son Premier ministre Kyriakos Mitsotakis sur CNN.

Il avait aussi accusé Ankara d’aider les migrants à passer en Grèce par la voie terrestre mais aussi par mer.

Le directeur de la communication du président Erdogan Fahrettin Altun a rejeté « catégoriquement » ces accusations grecques.

Oum Kalthoum illumine l’Opéra du Caire 45 ans après sa mort

La légende égyptienne Oum Kalthoum a illuminé l’Opéra du Caire vendredi soir le temps d’une chanson, pour la première fois en Egypte et 45 ans après sa disparition, grâce à la technologie de l’hologramme.

Au lever du rideau sur la scène de la grande salle de l’Opéra, celle que l’on surnommait « L’Astre de l’Orient » ou la « quatrième pyramide », s’est matérialisée en trois dimensions dans une robe violette brillante, arborant son célèbre foulard à la main.

Immédiatement, la salle pleine à craquer, d’une capacité d’un millier de personnes, a offert une immense ovation.

Habillé en tenue de soirée rappelant les galas d’autrefois, le public composé d’hommes, de femmes et de jeunes a écouté la chanson « Hayart Albi ma’ak » (Tu as troublé mon coeur) écrite par le poète égyptien Ahmed Rami avec une musique de Riad Al-Sunbati.

Le passage holographique n’a duré qu’une quinzaine de minutes et a été joué deux fois sous les applaudissements. Les chanteuses May Farouk et Riham Abdel Hakim ont ensuite interprété les plus grands titres de la chanteuse.

« Je suis venu aujourd’hui parce que j’ai toujours rêvé d’assister à une soirée d’Oum Kalthoum », a expliqué à l’AFP Aya Yassin, professeur à la faculté de médecine de l’université cairote d’Ain Shams.

« Ma grand-mère me parlait souvent des fameux concerts du jeudi d’Oum Kalthoum », se souvient-il.

Issue d’une famille modeste, Oum Kalthoum ou Fatima Ibrahim al-Beltagui est née en décembre 1898 dans un village du delta du Nil. Son talent est découvert dès l’âge de 16 ans et elle alors entame une longue et flamboyante carrière.

-« Authenticité et identité »-

Véritable star de la musique arabe classique, elle a occupé la scène des années 1920 aux années 1970.

Ses concerts duraient plusieurs heures et leur diffusion en direct à la radio attiraient de nombreux auditeurs.

Plus de quatre décennies après sa mort le 3 février 1975, des taxis aux cafés, en passant par les foyers, sa voix –un contralto profond– résonne encore aujourd’hui aux quatre coins du monde arabe.

« L’utilisation de nouvelles technologies vise à attirer les nouvelles générations (…) et à les rattacher à leur histoire », avait indiqué à l’AFP le directeur de l’Opéra, Magdy Saber, quelques jours avant le concert.

Le concert de vendredi, qui fait revivre par une technologie moderne une icône du passé, intervient en pleine querelle des anciens et des modernes sur la scène musicale égyptienne.

En février, le syndicat égyptien des musiciens a interdit aux artistes du mouvement musical populaire électro « mahraganat » de se produire sur scène, jugeant leurs chansons trop vulgaires pour ce pays conservateur.

« Je suis un ancien militaire, et je suis venu ici parce que (…) j’en ai assez de ce que la génération moderne propose sous le nom d’art, qui n’est rien d’autre que du déchet », a déclaré Mostafa à l’AFP, qui n’a pas souhaité décliner son nom de famille.

« Nous avons choisi Oum Kalthoum pour encourager un retour à l’authenticité et à notre véritable identité », a souligné Mohamed Mounir, l’un des responsables de l’Opéra.

D’autres concerts utilisant la même technologie devraient avoir lieu pour rendre hommage à d’autres chanteurs classiques tels que Mohamed Abdel Wahhab ou Abdel Halim Hafez, selon l’Opéra.

Oum Kalthoum était déjà apparue sur scène deux fois l’an dernier grâce au même procédé technologique, d’abord en Arabie saoudite puis à Dubaï.

RDC: le général tombé en disgrâce est mort par « pendaison » (président)

Le général congolais sous sanction de l’Union européenne (UE) décédé brutalement il y a une semaine, juste après sa mise à l’écart, est mort par « pendaison », selon des « éléments » de l’enquête cités par le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi.

Chef d’état-major adjoint chargé du renseignement militaire, Delphin Kahimbi, 50 ans, est mort le 28 février chez lui à Kinshasa. Il est décédé d’une « crise cardiaque », selon les déclarations de sa femme à la presse.

« Le président de la République a informé les membres du conseil des ministres qu’il avait décidé de diligenter une enquête indépendante à l’initiative de la Monusco (Mission des Nations unies au Congo) », lit-on dans le compte-rendu du conseil des ministres diffusé samedi.

« Cependant, d’après les éléments en sa possession, il s’avère qu’il s’agit d’une pendaison », ajoute le compte-rendu du conseil qui s’est tenu vendredi.

Le président souhaite « que toutes ces enquêtes se terminent rapidement afin de soulager la famille éplorée ».

Nommé à l’époque de l’ancien président Joseph Kabila, M. Kahimbi était l’un des douze officiels congolais toujours sous sanctions européennes pour atteintes aux droits de l’homme dans les dernières années de l’ancien régime (2015-2018).

Dans la semaine ayant précédé sa mort, il avait été suspendu de ses fonctions et entendu par le Conseil national de sécurité (CNS), selon des sources concordantes.

Resté en place après l’investiture du nouveau président en janvier 2019, il était accusé d’avoir mis en place « un système d’écoute des autorités », a déclaré une source militaire à l’AFP.

Juste avant sa mort, les États-Unis – soutien affiché du nouveau président Tshisekedi – avaient publiquement salué sa destitution.

Ancienne figure de l’opposition, M. Tshisekedi gouverne la RDC en coalition avec son prédécesseur Kabila, dont les partisans sont majoritaires au Parlement et les autres institutions du pays.

Plusieurs personnalités très influentes à l’époque du président Kabila ont cependant été mises à l’écart.

Mexique: un raid policier contre un gang tourne au massacre et fait neufs morts

Neuf personnes, dont deux policiers, ont été tuées lors d’un raid mené par la police mexicaine pour tenter de délivrer des personnes qui avaient été enlevées par un gang, dans l’ouest du Mexique, a-t-on annoncé de source officielle.

Outre les deux policiers, six des morts étaient des personnes apparemment retenues en otages dans la maison visée par le raid, le septième étant un passant, a précisé le procureur général de la région Gerardo Octavio Solis.

Les policiers entamaient un raid sur cette maison de la ville de Tlaquepaque, dans l’Etat de Jalisco, lorsque les bandits ont immédiatement ouvert le feu. Les policiers ont demandé du renfort, qui est arrivé sous formes de dizaines de policiers et de soldats, ainsi que deux hélicoptères

Se voyant acculés, les ravisseurs ont tué leurs captifs avant de s’enfuir. La police a fouillé sans ménagement, mais en vain, tout le quartier pour tenter de les retrouver.

« Ils ont cogné si fort sur la porte qu’ils ont cassé les vitres, ils n’ont même pas attendu qu’on arrrive pour ouvrir », a raconté à l’AFP une des habitantes du quartier, expliquant que les policiers étaient ensuite montés sur le toit.

Dans une école maternelle proche, les institutrices ont immédiatement appliqué le protocole de sécurité, faisant allonger tous les enfants par terre pour les protéger, a expliqué une femme de l’école à l’AFP.

L’Etat de Jalisco connaît une violence particulièrement importante due au crime organisé, en particulier la cartel de drogue Jalisco New Generation, que les autorités américaines considèrent comme une des cinq plus dangereuses organisations criminelles internationales au monde.

En Guinée, l’opposition soigne ses blessés dans sa propre clinique

Le patient se retient comme il peut de gémir tandis que le médecin s’affaire autour des blessures par balle qu’il a reçues aux jambes. La pièce décrépite empeste le sang et la sueur, c’est la clinique de fortune de l’opposition guinéenne à Conakry.

La Guinée est en proie depuis octobre à la contestation contre le projet prêté au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la tête de l’un des pays les plus pauvres au monde.

Plus de 30 civils et un gendarme ont été tués et des centaines de personnes blessées, dans la répression brutale des manifestations par les policiers et les gendarmes, mais aussi, souvent, lors de confrontations éparses en marge des rassemblements. Dans bien des cas encore, les blessés dénoncent des attaques des forces de sécurité sans la moindre provocation.

Bon nombre de blessés se retrouvent ici, dans la clinique discrètement tenue par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif qui mène le mouvement contre le président. A l’abri d’une enceinte, ils se remettent entre les mains de médecins volontaires qui soignent leurs plaies dans une seule pièce, rudimentaire et étouffante.

Certains « ont peur de se rendre dans les hôpitaux », explique un médecin, que l’AFP ne nomme pas pour des raisons de sécurité. Il fait référence à la crainte des habitants de certains quartiers soit d’être refoulés par les établissements hospitaliers, soit de voir des hommes en uniforme venir les y chercher.

Les quartiers d’où ils viennent sont réputés être des bastions de l’opposition, dans la banlieue de Conakry par exemple, où nombre d’incidents mortels ont été déplorés. Maints habitants dénoncent un harcèlement policier systématique selon eux.

À l’extérieur de la salle qui fait office de clinique, une douzaine de patients, adolescents pour la plupart, cherchent à récupérer sur des chaises rembourrées et sur une terrasse ombragée. Certains peuvent à peine parler. Les uns n’ont en apparence que des égratignures ou des bleus. D’autres, en revanche, désignent les épais bandages qui, disent-ils, dissimulent leurs blessures par balle.

– La routine –

Les douze hommes et adolescents auxquels l’AFP a parlé ont tous dit venir de quartiers connus pour leur sympathie avec l’opposition et avoir été pris pour cibles sans même avoir participé aux manifestations.

La veille encore, ces quartiers avaient été pour la énième fois le théâtre de manifestations et de heurts le long d’une des principales artères de la ville.

L’un des blessés, âgé de 18 ans, a la lèvre entaillée et arbore un pansement au-dessus de l’oeil droit. Frêle et tremblant, il soulève son tee-shirt pour dévoiler les larges marques sombres qui lui couvrent le dos.

Les policiers l’ont arrêté et frappé avec des câbles, « pour rien », assure-t-il.

Un adolescent de 15 ans à la tête bandée raconte qu’il prenait le thé avec ses amis quand il a été lui aussi arrêté et battu. « C’est juste dans leurs habitudes », accuse-t-il.

Un jeune de 20 ans dit avoir croisé les gendarmes et s’être mis à courir. « J’ai reçu un coup de couteau dans le dos », dit-il. Lui aussi s’exprime en peul, la langue de l’ethnie qui est majoritaire en Guinée avec les Malinkés, autre communauté dont est issu le président.

– Règle d’impunité –

Les autres patients de la clinique rapportent des faits similaires. Les accusations d’abus policiers sont difficilement vérifiables de source indépendante. Cependant, elles sont constantes depuis des années et soutenues par les défenseurs des droits humains. Certains agissements sont corroborés par des vidéos circulant largement sur les réseaux sociaux.

Interrogé, un porte-parole de la police a déclaré ne pas avoir connaissance des faits dénoncés par les patients de la clinique. Celui de la gendarmerie n’a pu être joint.

Dans un entretien récent avec l’AFP, le ministre de la Sécurité, Damantang Albert Camara, admettait qu’aucun service de sécurité n’était parfait. Mais il assurait, comme ne cessent de le répéter les autorités, que les plaintes donnaient « systématiquement » lieu à une enquête.

Les défenseurs des droits humains dressent un tableau plus sombre. Amnesty International écrivait en novembre qu’au moins 61 manifestants et passants avaient été tués par les forces de sécurité depuis 2015. Le bilan s’est alourdi depuis.

Malgré des dizaines de plaintes, un seul membre des forces de sécurité a été poursuivi, et « l’impunité continue d’être la règle en Guinée », disait l’ONG.

Après des mois de tensions, la situation en Guinée reste suspendue aux décisions de M. Condé, 82 ans. Il entretient le flou sur son intention de se présenter ou non à sa propre succession à l’expiration de son mandat en 2020.

Par peur du coronavirus, « c’est la folie » dans des supermarchés de Los Angeles

Pas un rouleau de papier toilette en vue et l’eau minérale est rationnée: des habitants de Los Angeles se sont rués sur des supermarchés cette semaine par peur de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Deux jours après que la Californie a déclaré l’état d’urgence sur son territoire, les magasins de vente en gros visités par l’AFP vendredi n’arrivaient pas à répondre à la demande croissante de toute une série de produits de base.

« C’est la pagaille, on fait le double du chiffre de d’habitude », dit Rene, qui travaille dans un supermarché Costco à Burbank.

« Aujourd’hui, c’est incontrôlable. C’est pour ça que nous n’avons plus de papier toilette, presque plus d’eau, et plus de gel pour les mains ».

La Californie a jusqu’ici enregistré un décès, ce qui la place en deuxième position après l’Etat de Washington (11 morts pour l’instant).

Malgré les appels des autorités à la retenue, des Californiens ont commencé à céder à la panique et à acheter en masse comme dans certaines régions d’Asie et ailleurs.

« C’est la folie », a dit le directeur financier de Costco, Richard Galanti, à des analystes jeudi.

Ce jour-là, la police du comté de San Bernardino, près de Los Angeles, a dû être appelée à la rescousse dans l’un des magasins de la chaîne après que des clients ont explosé de colère au vu du manque de stocks.

– Rationnement –

Vendredi, les acheteurs chez Costco n’avaient droit qu’à deux packs d’eau, contre quatre la veille.

Beaucoup ont tenté de passer outre mais se sont vu confisquer l’eau à la caisse, ce qui a provoqué des tensions.

Un employé qui ramenait la masse de bouteilles confisquées sur les rayons était constamment arrêté par de nouveaux clients s’emparant de ce qu’ils pouvaient.

« Avec la folie ici, on commence vraiment à réaliser », dit Lisa Garcia, 30 ans, qui reconnaît qu’elle est de plus en plus inquiète.

« On pensait s’approvisionner en papier toilette et essuie-tout mais regardez ces rayons vides! », lance-t-elle.

Dans un autre magasin Costco, des employés racontent comment des clients sont entrés presque en courant dès l’ouverture pour se jeter sur des produits.

En milieu de journée, il ne restait plus que des bouteilles d’une onéreuse eau pétillante, au grand dam de plusieurs acheteurs.

Certains essaient malgré tout de voir le bon côté des choses.

« Je suis prudent », explique Andrew, qui travaille dans les secours et préfère ne pas donner son nom de famille. L’homme pousse un chariot chargé d’eau, d’essuie-tout, de citron vert et de soda au gingembre.

« Je veux être sûr que nous ayons ce qui est essentiel – du tonic, du vin, comme ça, si les choses empirent, je pourrai me faire à boire ».

« Je suis juste ici au cas où ce serait l’apocalypse », plaisante aussi Carlos Gonzalez, 35 ans.

« J’imagine qu’ils ont trouvé un bon moyen de vendre beaucoup de choses ».

Haïti entraîné dans le cercle vicieux de la crise politique et humanitaire

Haïti dispose enfin d’un nouveau gouvernement mais, sans parlement pouvant lui donner sa légitimité ni perspectives électorales, le pays reste paralysé par une crise politique aux conséquences sociales, économiques et sécuritaires alarmantes.

Cela faisait près d’un an que le pays de la Caraïbe était dirigé par un gouvernement intérimaire. Joseph Jouthe, nommé lundi, est le cinquième Premier ministre du président Jovenel Moïse depuis son arrivée au pouvoir en février 2017.

Mais ni la politique générale de M. Jouthe ni son cabinet, dont la composition a été rendue publique mercredi, ne peuvent obtenir l’approbation des députés et sénateurs: les élections législatives n’ayant pas été organisées à l’automne 2019, le parlement est inopérant depuis janvier.

« Haïti n’a ni loi électorale ni budget électoral. Le président Moïse peut les faire passer par décret mais les manifestations populaires et la défiance montrent clairement que cela ne serait pas considéré comme légitime », a témoigné mercredi l’avocate Ellie Happel, directrice du programme haïtien Global Justice Clinic devant la Commission des droits humains du Congrès des Etats-Unis.

Elu à l’issue d’un processus électoral qui a duré près de deux ans et auquel à peine 20% de l’électorat a participé, M. Moïse était inconnu du grand public avant son entrée en politique à l’occasion de la campagne présidentielle.

Décrié depuis la première heure par ses principaux concurrents, le chef de l’Etat haïtien a rapidement concentré la colère populaire et les manifestations exigeant sa démission se sont multipliées à travers le pays.

– Corruption et pauvreté –

Dans ce pays où plus de 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 2,41 dollars américains par jour selon la Banque mondiale), la révolte contre Jovenel Moïse a gonflé quand la Cour supérieure des comptes a fait état en mai 2019 de son implication présumée dans un vaste scandale de corruption s’étalant sur les dix années précédentes.

Face à cette défiance, sans que la police nationale n’ait les capacités de contrôler l’ensemble du territoire, l’insécurité s’est amplifiée au-delà des seuls bidonvilles de la capitale, aux mains des gangs armés depuis des années.

A l’automne 2019, des manifestations et des barricades dressées sur les principaux axes routiers ont abouti à un blocage quasi total des activités. La majorité des écoles ont par exemple gardé portes closes plus de deux mois.

Rétablir la sécurité, en garantissant la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire, a été la priorité donnée par le président à ce cabinet ministériel mais ses capacités d’intervention paraissent minces.

« Un nouveau gouvernement dans un contexte aussi complexe, sans les ressources budgétaires adéquates, sans un climat apaisé, sans un vrai dialogue national, sans une volonté réelle de divorcer d’avec les pratiques de corruption ne fera pas de miracle », analyse l’économiste haïtien Etzer Emile.

– Investissements privés au plus bas –

Outre cette impasse politique, la recrudescence des enlèvements contre rançon enregistrée en Haïti depuis plusieurs semaines est un coup supplémentaire porté à l’espoir d’une relance économique.

« La misère s’est accélérée. Les investissements privés, domestiques et étrangers, n’ont jamais été aussi faibles depuis ces dernières années », déplore M. Emile.

Un tiers des habitants a aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire d’urgence, parmi lesquels un million de Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire sévère, échelon qui précède la situation de famine selon la classification utilisée par le Programme alimentaire mondial.

L’effondrement de la fragile économie du pays n’est, pour l’heure, évité que grâce au large soutien financier des Haïtiens de la diaspora.

En 2019, quelque 3,3 milliards de dollars américains ont été envoyés en Haïti via des transferts de fonds à titre privé, provenant principalement des Etats-Unis, du Chili et du Canada, ce qui représente plus d’un tiers du produit intérieur brut haïtien.