RCA : Bossangoa se prépare à la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle est prévu le 27 décembre. Un possible glissement de la date est déjà au cœur des débats, à Bangui, à cause de retards possibles sur le calendrier électoral. Malgré cela, sur le terrain, le scrutin se prépare comme à Bossangoa, dans l’ouest du pays.

Après Obo, l’Autorité nationale des élections (ANE) est arrivée à Bossangoa, dans l’ouest de la Centrafrique, et a constitué les organes de représentation dans la ville.

« Les personnes que nous avons désignées cet après-midi sont celles qui vont nous remplacer ici, au niveau local, parce que nous ne pourrons pas être à la fois à Bangui et à Bossangoa pour travailler, explique René Sakanga Morouba, commissaire central auprès de l’Autorité nationale des élections et chef de la mission pour la mise en place des démembrements pour la région de l’Ouham. Ce sont ces personnes qui sont appelées à relayer le travail, les instructions que nous donnerons au niveau local dans le cadre de la préparation des différents scrutins en vue. Ce sont donc nos représentants légaux. Ces personnes sont dotées de toutes les compétences que nous avons au niveau national pour l’exécution de leur mission dans la localité ou dans la préfecture de l’Ouham ».

De son côté, Pierre Denamguere, maire de Bossangoa, prépare, dans son bureau, les actes de naissance – perdus pendant le conflit – de plusieurs centaines de femmes afin qu’elles puissent aller voter.

« Les élections, cela se prépare tranquillement. Il n’y a pas d’inquiétude. Sans élections, le pays ne peut pas marcher. Vraiment, il faut qu’il y ait des élections dans la transparence. Bossangoa se prépare pour que les élections puissent avoir lieu », souligne-t-il.

À Bossangoa, la cartographie des électeurs a déjà été effectuée, assure le maire. La prochaine étape est l’enregistrement des électeurs.

RCA : près de 25000 réfugiés retourneront dans leur pays

Un an après la signature de l’accord de paix de Khartoum, ces centrafricains doivent retourner dans leur pays.

Sept ans après le début de la guerre civile en République centrafricaine et un an après la signature des accords de paix de Khartoum, le pays cherche à se reconstruire. Un processus fragile qui passe par le retour au pays des quelques 600 000 réfugiés centrafricains, dont près de 270 000 se trouvent au Cameroun voisin. Quelque 25 000 d’entre eux doivent rentrer cette année en Centrafrique lors d’une vaste opération de rapatriement orchestrée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

RCA : la situation demeure préoccupante à Ndélé (ONU)

Les armes sont restées silencieuses ce dimanche à Ndélé. Le calme semble en effet revenu, les derniers tirs ont été entendus samedi matin.

Dans le nord de la Centrafrique, un calme précaire est revenu à Ndélé après les affrontements survenus, selon nos informations, entre deux communautés d’un même groupe armé, le FPRC (même si dernier a affirmé dans un communiqué être opposé à un autre groupe armé).

Les armes sont restées silencieuses ce dimanche à Ndélé. Le calme semble en effet revenu, les derniers tirs ont été entendus samedi matin. Mais quand de nombreux habitants ont trouvé refuge autour du site de la Minusca et que d’autres ont fui ailleurs, la crainte des humanitaires reste grande. Pour leur propre sécurité et celles des civils.

Des sources sécuritaires précisent que les garants de l’Union africaine ont amorcé un dialogue depuis vendredi avec les protagonistes du conflit.

De son côté, la Minusca dénonçait ce week-end le meurtre d’un de ses employés. Son corps a été retrouvé criblé de balles mais les casques bleus ont pu reprendre leurs patrouilles depuis samedi dans certaines zones de la ville. D’autres zones restent encore inaccessibles, aux mains des miliciens armés qui utilisent parfois des civils comme boucliers humains à en croire la Minusca qui parle de possible crime de guerre.

Les humanitaires présents sur place demeurent quant à eux cantonnés dans leur base et sur le site de la Minusca justement. Un site autour duquel près d’un millier de personnes ont trouvé refuge, fuyant les combats. Des sources humanitaires affirment que le réseau téléphonique a été coupé, difficile de joindre le terrain donc.

Et tant que le calme ne sera pas revenu de façon certaine, impossible de sortir pour évaluer les besoins des populations quand de nombreux civils auraient également fui dans la brousse ou vers d’anciens sites de déplacés aujourd’hui désaffectés. La situation est très préoccupante d’après les mots de l’Ocha, le bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires.

Nous avons environ 136 humanitaires qui ont besoin de sécurité […] On aimerait sortir pour faire une évaluation des besoins, mais pour des questions de sécurité, on ne sort pas.

Soudan: le Premier ministre de transition échappe à un attentat

Le Premier ministre de transition au Soudan, Abdallah Hamdok, a échappé lundi à un attentat « terroriste » à Khartoum, décrit comme une tentative de faire dérailler le processus politique engagé dans ce pays après 30 ans de dictature militaro-islamiste du président Omar el-Béchir.

Le convoi de M. Hamdok a été visé par une explosion et des tirs d’armes automatiques au moment où il ralentissait pour s’engager dans un pont sur le Nil menant aux bureaux du Premier ministre.

Ali Bakhit, le chef de cabinet du chef du gouvernement a été le premier a annoncer sur Facebook qu' »une explosion s’est produite au passage de la voiture du Premier ministre mais que grâce à dieu personne n’a été touché ».

« Le Premier ministre a été visé par une tentative d’assassinat mais il se porte bien et a été transporté dans un lieu sûr », a ensuite annoncé la télévision d’Etat, évoquant un « attentat terroriste ».

Radio Omdourman, une station d’Etat, a indiqué que le convoi du Premier ministre avait été visé par des tirs d’armes automatiques.

Le lieu de l’explosion, survenue à Kober, un quartier du nord-est de Khartoum, a été bouclé par les forces de l’ordre, qui ont immédiatement lancé une enquête.

Les images de deux véhicules endommagés par l’explosion ont été diffusées par la télévision d’Etat.

Dans un communiqué lu par le ministre de la Culture et de l’information, Fayçal Mohammed Saleh, le Conseil des ministres a qualifié l’attaque de « terroriste » sans en désigner les responsables.

– Attentat contre « la révolution » –

L’attentat, qui n’a pas été revendiqué dans l’immédiat, a fait un blessé léger parmi les membres du protocole accompagnant M. Hamdok, a précisé le Conseil des ministres en promettant de « faire face avec détermination à toutes les attaques terroristes ».

C’est la « révolution soudanaise qui a été visée par cette attaque (…) mais nous ferons en sorte que cette révolution poursuive sa marche », a souligné le Conseil des ministres.

« Je veux rassurer le peuple soudanais que je me porte bien et que ce qui s’est passé n’arrêtera pas la marche (du Soudan) sur la voie du changement », a écrit le Premier ministre sur Twitter.

A la mi-journée, M. Hamdok a présidé une réunion des dirigeants des Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance de la contestation qui a conduit au départ de l’ancien président Béchir en avril 2019. Il a ensuite réuni ses ministres pour une réunion extraordinaire.

Dans des images de la télévision d’Etat, M. Hamdok est apparu souriant pendant ces réunions et donnant l’accolade aux personnalités venues montrer leur soutien après l’échec de la tentative d’assassinat.

Plusieurs cortèges de manifestants soutenant M. Hamdok ensuite sillonné Khartoum, selon des témoins.

Ce sont les FLC qui ont proposé M. Hamdok, un ex-économiste de l’ONU, au poste de Premier ministre.

Conformément à un accord avec les militaires en août 2019, M. Hamdok a pris la tête d’un gouvernement de transition, aux côtés d’un Conseil souverain composé de civils et de militaires. Ces deux instances sont chargées de conduire une transition de trois ans, avec des élections libres à la clé.

– indignation générale –

Depuis son investiture, le Premier ministre s’emploie à relancer une économie en berne, à négocier la paix avec des mouvements rebelles de l’ouest et du sud du pays et à réformer un système politique hérité du pouvoir islamiste d’Omar el-Béchir, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 30 ans.

Des Etats-Unis au Golfe, en passant par l’Ethiopie, les réactions à l’attentat ont été nombreuses et indignées

Un haut responsable du département d’Etat en charge de l’Afrique, Tibor Nagy, a condamné l’attentat, réaffirmant le soutien des Etats-Unis au « gouvernement de transition dirigé par des civils au Soduan et au peuple soudanais ».

Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borrell a condamné l’attentat et souligné que les « idéaux de la révolution (soudanaise) doivent être préservés ».

La mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad) a condamné, dans un communiqué, l’attaque, estimant qu’elle visait « à faire dérailler le processus de transition au Soudan ».

Ryad a rejeté « cet acte terroriste et lâche dirigé contre la sécurité et la stabilité du Soudan » alors que le Emirats arabes unis ont dit « soutenir la période de transition » au Soudan.

Le ministre d’Etat aux Affaires étrangères des Emirats Anwar Gargash a estimé que l’attentat était destiné à « porter un coup à la transition et aux espoirs et aux aspirations du peuple soudanais ».

Le Qatar a condamné l’attentat avec « force », tandis que le Premier ministre d’Ethiopie Abiy Ahmed a souligné qu’un « tel incident ne doit pas faire dérailler le processus (politique) et la marche pour assurer la stabilité du Soudan ».

Coronavirus: 43 nouveaux décès en Iran, le bilan officiel monte à 237 morts

Téhéran a annoncé lundi la mort de 43 personnes supplémentaires infectées par le nouveau coronavirus, portant à 237 morts le bilan officiel de l’épidémie dans le pays.

« Au cours des dernières 24 heures, 43 personnes ont malheureusement (péri), et nous avons donc jusqu’à présent 237 personnes décédées de cette maladie dans notre pays », a déclaré Kianouche Jahanpour, porte-parole du ministère de la Santé lors d’une conférence de presse télévisée.

M. Jahanpour a indiqué par ailleurs que « 595 nouveaux cas (de contamination avaient) été identifiés (…) dans une trentaine de laboratoires agréés à travers le pays ».

« Nous avons eu donc 7.161 cas de Covid-19 à ce jour », a-t-il ajouté.

L’Iran est, avec la Chine et l’Italie, l’un des principaux foyers de la maladie Covid-19.

Avec 1.945 confirmés lundi, la province de Téhéran est la plus touchée du pays, devant celle de Qom (centre, 712 cas) et Mazandaran (nord, 633 cas).

Cette dernière, en bordure de la mer Caspienne est une destination prisée des Iraniens pour le traditionnel congé du Nouvel An persan (cette année du 19 mars au 3 avril), qui met tout l’Iran sur les routes pour des retrouvailles familiales.

A l’approche de cette échéance, le journal Iran a titré en première page « Le divertissement et les voyages mis en quarantaine ».

Si aucune mesure de quarantaine de certaines villes ou régions entières n’a été annoncée –contrairement à celles mises en place en Chine ou en Italie–, les autorités déconseillent formellement les voyages et ont annoncé que tout automobiliste soupçonné d’être contaminé par le virus serait placé immédiatement en quarantaine.

– « Agression bactériologique » –

Selon les médias iraniens, les autorités de plusieurs provinces ont pris des arrêtés de fermeture des hôtels et autres lieux d’hébergement touristiques afin de dissuader la population de voyager.

A la suite de la décision annoncée jeudi par Téhéran de prolonger la fermeture des écoles jusqu’à la fin de l’année iranienne, soit le 19 mars, la chaîne de télévision d’Etat Amouzèche (« Instruction » en persan) a adapté ses programmes avec de nouvelles émissions à destination des élèves du primaire.

Le journal réformateur Etemad a déploré lundi qu’une polémique ait vu le jour entre responsables iraniens sur les origines du virus.

Le quotidien faisait ainsi référence à des propos du général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution (l’armée idéologique de la République islamique) ayant jugé, selon plusieurs médias iraniens que le « virus, d’abord propagé en Chine, puis en Iran (…) pourrait être le produit d’une agression biologique des Américains ».

« Les Etats-Unis doivent savoir que s’ils l’ont créé, (ce virus) se retournera sur leur propre peuple », aurait ajouté le général selon des médias iraniens.

Alaeddin Boroudjerdi, député sortant et ancien chef de la Commission parlementaire de la sécurité nationale et des affaires étrangères, a néanmoins émis des doutes sur cette « hypothèse » en mettant en avant que « les Etats-Unis, le régime sioniste et d’autres pays (étaient) tous affectés » par la maladie, selon des propos cités par Etemad.

Parmi les nouveaux décès liés au virus, les médias iraniens ont rapporté la mort de Mohammadréza Rahchamani, militant réformateur et ancien député, à l’âge de 67 ans.

Le site d’information en ligne Entekhab, annonce pour sa part le décès à 91 ans, à cause du virus, de l’ayatollah Réza Mohammadi Languéroudi, qui fut élève de l’ayatollah Khomeiny, père fondateur de la République islamique.

Primaires démocrates: Biden gonflé à bloc à la veille de son duel avec Sanders

Envolée dans les sondages, ralliements à la chaîne: Joe Biden était en position de force lundi à la veille de son premier duel avec le socialiste Bernie Sanders dans la primaire démocrate.

Après un début de campagne laborieux, l’ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, a repris la place de favori dans la course destinée à désigner l’adversaire de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre.

Quelque 52% des électeurs démocrates souhaitent que ce vétéran de la politique au message modéré porte les couleurs du parti contre 36% pour son rival Bernie Sanders, 78 ans, champion de la gauche, selon un sondage CNN publié lundi matin.

Avec 51% et 27% des intentions de vote respectivement, d’après une enquête du Detroit Free Press, l’écart est encore plus important pour le seul Michigan, le plus peuplé des six Etats où des scrutins sont prévus mardi.

En 2016, déjà en lice dans la primaire démocrate, Bernie Sanders avait nettement devancé Hillary Clinton dans cet Etat industriel de la région des Grands Lacs et un revers cette année porterait un coup dur à sa campagne. Mais à l’époque il avait fait mentir les sondages et tout reste possible.

Les électeurs du Dakota du Nord, Idaho, Mississippi, Missouri et Washington sont aussi appelés à départager les deux septuagénaires dans leur premier affrontement depuis le « Super Tuesday » qui fut fatal à plusieurs prétendants.

De piètres résultats dans les 14 Etats en jeu ont ainsi contraint le multi-milliardaire Michael Bloomberg ou la sénatrice Elizabeth Warren à jeter l’éponge. Si cette dernière réserve encore son choix, la plupart des anciens candidats se sont depuis ralliés à Joe Biden.

– « La bonne personne » –

Après Pete Buttigieg, Michael Bloomberg, Amy Klobuchar ou encore Kamala Harris, le sénateur noir Cory Booker lui a apporté lundi son soutien au nom du « rassemblement » nécessaire pour éviter l’éparpillement des voix.

« Il est temps que nous battions Donald Trump et c’est devenu très clair pour moi que Joe Biden est la bonne personne pour ça », a-t-il expliqué sur la chaîne CBS. « Nous devons nous unir et montrer notre force », a-t-il ajouté.

Les propositions de Bernie Sanders sur le système de santé, l’éducation ou le salaire minimum, très à gauche pour les Etats-Unis, font peur au sein de l’establishment démocrate.

Donald Trump, qui préférerait visiblement en découdre avec Bernie Sanders, ne cesse d’assurer que l’appareil démocrate essaie de l’écarter.

« Maintenant les démocrates essaient de salir Bernie avec la Russie, la Russie, la Russie. Ils le rendent fou ! », a-t-il encore tweeté lundi, en référence aux débats sur un voyage en Union Soviétique effectué par Bernie Sanders peu après son mariage.

– Coronavirus –

Même si le vent semble avoir tourné depuis une semaine, le sénateur du Vermont dispose toujours d’un soutien très fort dans certains segments de la population, notamment chez les jeunes et les hispaniques, et de militants déterminés sur le terrain. Il a également été adoubé dimanche par le révérend Jesse Jackson, une figure du combat pour les droits civiques.

Bien décidé à se battre, il promet de se rallier à Joe Biden si celui-ci l’emporte. Mais il ne manque aucune occasion d’égratigner le bilan de son rival, notamment ses votes passés pour l’intervention américaine en Irak ou des coupes dans l’assurance santé.

Lundi, les deux hommes battaient campagne dans le Michigan, qui avait basculé d’un cheveu en faveur de Donald Trump en 2016. Joe Biden, plutôt populaire dans le monde ouvrier, sera à Grand Rapids et Flint, marqué par un scandale d’eau contaminée. Bernie Sanders participera lui à une table-ronde sur le nouveau coronavirus à Detroit.

L’épidémie a touché plus de 500 personnes aux Etats-Unis et fait au moins 21 morts. Des établissements scolaires ont fermé et des grands rendez-vous ont été annulés, mais pour l’instant la campagne n’est pas affectée.

L’émir de Kano, grande figure traditionnelle du Nigeria, « détrôné » par les autorités

L’émir de Kano, l’une des plus grandes figures du pouvoir traditionnel au Nigeria, très influent dans tout le nord musulman du pays, a été « détrôné » lundi par le gouverneur pour insubordination et manque de respect envers le pouvoir politique et religieux.

« Le conseil exécutif de l’Etat de Kano (nord) a donné son accord à l’unanimité pour détrôner l’émir Muhammadu Sanusi II et le relever de ses fonctions », selon un communiqué signé du porte-parole du gouvernement de l’Etat, Alhaji Usman Alhaji.

L’émir a été renvoyé pour avoir « manqué de respect aux institutions » et notamment avoir refusé de participer à des réunions avec le gouverneur Abdullahi Umar Ganduje sans donner « de justification légale », explique le communiqué.

Muhammadu Sanusi II, 58 ans, est l’une des plus grandes figures traditionnelles au Nigeria, et particulièrement dans le Nord musulman, où il se partage le pouvoir traditionnel avec le sultan de Sokoto.

57e émir de Kano depuis le 10e siècle, Sanusi Lamido Sanusi, son nom à l’état civil, fait partie de la nouvelle génération de chefs traditionnels modernes et très éduqués. Il a été gouverneur de la Banque centrale, dont il avait été écarté en 2014 après avoir dénoncé des détournements de fonds massifs sous le précédent gouvernement fédéral.

En février, l’émir avait déclaré qu' »aucun leader dans le nord du Nigeria ne peut s’estimer heureux. »

« Personne ne peut se réjouir d’avoir 87% de la pauvreté du pays dans le Nord et des millions et des millions d’enfants qui ne vont pas à l’école », avait-il lancé à la suite de la publication d’un rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté dans le nord de ce pays de 200 millions d’habitants.

Il avait également dénoncé les abus de la polygamie, demandant aux hommes musulmans qui n’ont pas les moyens financiers d’avoir des familles élargies ou d’envoyer leurs enfants à l’école de renoncer à épouser jusqu’à quatre femmes.

Le gouvernement de l’Etat de Kano a ainsi accusé l’émir de « détruire l’image » de l’émirat, assurant prendre cette décision très rare et historique pour « défendre le prestige, la religion, la culture et la tradition », valeurs bâties « depuis un millénaire ».

Réputé proche de l’actuel président Muhammadu Buhari, l’émir n’a pourtant jamais hésité à dénoncer les politiques économiques du gouvernement et le gouverneur de Kano, M. Ganduje, élu en 2019, l’accuse désormais de soutenir l’opposition.

Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir politique sous la colonisation britannique, mais leur influence est énorme dans la société nigériane, certains considérant les plus grands chefs comme des demi-dieux.

Nord du Burkina: 43 civils tués dimanche par des groupes d’autodéfense

Quarante-trois villageois ont été tués dimanche au cours de plusieurs attaques dans des localités du nord du Burkina Faso, a annoncé lundi le gouvernement dans un communiqué, des sources locales précisant à l’AFP qu’il s’agit d’attaques de groupes d’autodéfense en représailles aux actions jihadistes.

« Dimanche, des attaques ont été perpétrées dans les villages de Dinguila et Barga situés dans la commune de Barga, province du Yatenga (Nord). Le bilan provisoire fait état de 43 victimes », a dit le ministre de la Communication Remis Fulgance Dandjinou.

Des sources locales, jointes par l’AFP, indiquent qu’il s’agit de villages où vivent majoritairement des Peuls, souvent accusés d’être proches des jihadistes.

« Les blessés, au nombre de six, ont été référés au Centre hospitalier régional de Ouahigouya où ils sont pris en charge. Les Forces de Défense et de Sécurité ont été immédiatement déployées sur les lieux pour sécuriser les villages attaqués », a précisé le ministre Dandjinou.

Le ministre n’a pas fait référence aux groupes d’autodéfense ou aux communautés peules.

« Le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté cette attaque odieuse (…). Le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance de Ouahigouya a par ailleurs été saisi (…) tout est mis en œuvre pour ramener le calme et la sérénité dans les villages touchés », a-t-il dit.

Les ministres chargés de la Défense nationale et de l’Administration territoriale ont été envoyés « sur les lieux pour apporter le réconfort du gouvernement aux populations meurtries et faire le point de la situation ».

« Ce sont des groupes d’autodéfense qui agissent en représailles aux attaques jihadistes », a indiqué une source locale à l’AFP, confirmant la version donnée par d’autres sources locales.

Le nord du Burkina est en proie à de fréquentes attaques jihadistes.

A l’instar du Mali, du Niger, du Nigeria et même de la Côte d’Ivoire, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peuls éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Certains Peuls ayant rejoint les groupes jihadistes, qui ont tué plus de 800 personnes depuis 2015 au Burkina, il est fréquent d’entendre des Burkinabè faire l’amalgame entre jihadistes et Peuls.

Les groupes jihadistes attisent ces tensions, et les représailles contre les Peuls se sont multipliées en 2019.

En janvier 2019, des individus armés non identifiés avaient attaqué le village de Yirgou et tué six personnes, dont le chef du village. Cette attaque avait été suivie de représailles intercommunautaires, faisant 46 morts, selon un bilan officiel. Beaucoup plus, selon des ONG.

Les violences jihadistes, souvent entremêlées à ces conflits intercommunautaires, ont fait quelque 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon l’ONU.

La guerre des prix du pétrole, pari risqué de l’Arabie saoudite

L’Arabie saoudite a fait plonger les marchés mondiaux en réduisant drastiquement les prix de son pétrole, une guerre des prix risquée pour le prince héritier Mohammed ben Salmane, dans un contexte de baisse de la demande liée à l’épidémie du nouveau coronavirus.

Cette bataille pourrait également constituer une menace existentielle pour cette puissance du Golfe, car elle coïncide avec une purge royale dans laquelle le frère et le neveu du roi Salmane ont été arrêtés.

Quelles sont les raisons et les conséquences de cette guerre des prix déclenchée par Ryad?

– Quel élément déclencheur ? –

La semaine dernière, l’Arabie Saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a de nouveau fait pression pour réduire la production de brut afin de compenser la baisse de la demande mondiale en raison de l’épidémie du nouveau coronavirus.

Mais la Russie, deuxième producteur mondial après Ryad et partenaire de l’Opep sur ce dossier, s’y est opposée.

En réaction, l’Arabie saoudite a procédé à des baisses de ses prix les plus fortes depuis 20 ans, s’efforçant de s’approprier des parts de marché de Moscou et déclenchant des troubles sur les marchés financiers.

« Ce que fait l’Arabie saoudite pourraient être une tactique de négociation destinée à ramener la Russie à la table, mais il est peu probable que le marché soit optimiste à court terme », analyse la banque d’investissement Berenberg dans une note.

– Quelles retombées économiques ? –

Selon les analystes, l’effondrement des prix aura des conséquences importantes, allant de l’érosion des revenus des économies dépendantes de l’énergie à la déflation mondiale en passant par un ralentissement des projets d’exploration pétrolière.

Mais il pourrait être particulièrement dévastateur pour les pays du Golfe, qui représentent un cinquième de l’approvisionnement mondial en brut et où les revenus pétroliers comptent pour 70 à 90% des recettes publiques.

En 2014, une guerre des prix avait fait chuter le prix du pétrole à moins de 30 dollars le baril. Frappés de plein fouet, les pays du Golfe avaient dû adopter des mesures d’austérité pour combler leur déficit budgétaire.

Dimanche et lundi, les Bourses du Golfe ont plongé. Celle de Ryad, la plus importante de la région, a clôturé en baisse de 7,8% lundi, dans le sillage des Bourses asiatiques. Les places européennes et américaines leur ont emboîté le pas.

La position saoudienne pourrait également mettre dans l’embarras son allié américain, qui a besoin de cours solides pour rentabiliser son extraction de pétrole de schiste et concurrencer ainsi les acteurs plus importants tels que l’Arabie saoudite et la Russie.

– Quel impact sur MBS ? –

Le krach pétrolier pourrait compromettre les ambitieuses réformes économiques du prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé « MBS », financées par l’argent de l’or noir et précisément destinées à faire sortir l’économie du pays de sa dépendance à cette ressource.

L’effondrement des prix du pétrole coïncide par ailleurs avec une purge royale qui a eu lieu la semaine dernière. Les princes Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud et Mohammed ben Nayef, respectivement frère et neveu du roi Salmane, ont été arrêtés pour, selon plusieurs sources, avoir fomenté un coup d’Etat contre MBS.

Selon une autre source proche de la cour royale, ces détentions constituent surtout un « message » pour étouffer toute opposition au prince héritier avant son intronisation.

Mais « la menace qui pèse sur le prince Mohammed ne vient pas de ses rivaux royaux mais de l’effondrement des revenus du pétrole et, avec eux, ses plans économiques ambitieux », estime Kristin Diwan, chercheuse à l’Arab Gulf States Institute, à Washington

– Qui gagnera la bataille ? –

L’affrontement entre Ryad et Moscou, et les autres producteurs de pétrole, sera remporté par le pays le plus apte à résister aux dégâts.

L’Arabie Saoudite détient d’importantes réserves et extrait son brut à des coûts défiant toute concurrence –seulement 2,80 dollars le baril– ce qui lui assure des marges confortables.

Mais avec son économie plus diversifiée, la Russie est un rival redoutable. « Il est peu probable que Moscou cède en premier, certainement pas avant trois à six mois », selon Chris Weafer du cabinet de conseil Macro Advisory.

« La Russie est dans une bien meilleure position financière pour supporter une guerre des prix du pétrole. Les réserves financières de la Russie sont supérieures de 80 milliards de dollars à celles de l’Arabie Saoudite », souligne-t-il.

Mais la position de Moscou changerait probablement si le prix du brut tombait en dessous de 25 dollars le baril pendant une période prolongée, ajoute M. Weafer.

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Coronavirus : se déplacer en Italie devient un casse-tête

Se déplacer en Italie, frappée de plein fouet par le nouveau coronavirus, est devenu un casse-tête, surtout dans le nord placé sous quarantaine, où les contrôles se multiplient et de nombreux vols sont annulés.

Le gouvernement a pris dimanche des mesures draconiennes pour endiguer l’épidémie, l’Italie étant désormais le 2e pays le plus touché derrière la Chine avec 7.375 cas dont 366 morts.

Les entrées et sorties d’une vaste zone septentrionale qui va de Milan, la capitale économique, à Venise, un haut lieu du tourisme mondial, sont désormais étroitement limitées, selon le décret gouvernemental.

La compagnie nationale aérienne Alitalia a ainsi décidé de suspendre à partir de ce lundi les vols de tous ses avions au départ et à l’arrivée de Malpensa, le principal aéroport de Milan.

L’autre aéroport milanais, Linate, reste ouvert mais avec un nombre de vols en très forte baisse et uniquement sur des liaisons intérieures, tandis que celui de Venise n’en assure qu’entre la Cité des Doges et Rome, a précisé Alitalia dans un communiqué.

Les deux aéroports milanais restent cependant ouverts aux activités des autres compagnies aériennes, précise Malpensa sur son site internet.

Dans la capitale italienne, les deux aéroports – Fiumicino et Ciampino – ont instauré des mesures préventives pour les passagers en partance, jusqu’ici réservées aux arrivées : la température de tous les voyageurs à destination d’un pays hors de l’espace Schengen est contrôlée avec des scanners thermiques.

Pour faire respecter la quarantaine qui frappe le nord de l’Italie, le ministère de l’Intérieur a prévu toute une série de mesures, notamment des patrouilles sur les principaux axes routiers pour contrôler si les personnes qui en sortent ou y entrent en ont bien le droit.

– Pour aller où ? –

Ainsi, entre la Lombardie, la région du nord sous quarantaine incluant Milan, et la région voisine du Trentin-Haut Adige (frontalière de l’Autriche), des carabiniers vérifient si les personnes ont le droit de se déplacer, notamment en présentant une « déclaration sur l’honneur » qu’ils travaillent bien dans l’une ou l’autre des deux régions, condition suffisante pour se déplacer.

La zone de Lombardie où se trouvait le principal foyer du Covid-19, les petites communes de Codogno et de Casalpusterlengo sont en revanche sorties dimanche soir de la « zone rouge » sous quarantaine.

« Aujourd’hui, c’était la reprise pour ceux qui travaillent en dehors de Codogno, avec toutes les mesures de précaution nécessaires. On peut se déplacer pour le travail, pour des visites médicales, donc avec des limitations, et il y a encore des contrôles de police », a expliqué à l’AFP le commandement de la police de cette localité.

« La dernière chose que j’ai entendue aujourd’hui, que je trouve inadmissible, pour ne pas dire complètement folle, c’est que vu que la Lombardie est bloquée, on peut ouvrir Codogno. Mais on est fou ou quoi ? » s’est insurgé le professeur Massimo Galli, le directeur du Département des maladies infectieuses du prestigieux hôpital Luigi Sacco de Milan, cité lundi par des journaux.

Des militaires et des policiers contrôlaient également la gare centrale de Milan pour assurer le respect des consignes.

Si les déplacements se compliquent dans la péninsule, une autre question se pose : bouger pour aller où ?

Toute l’Italie est en effet concernée par la fermeture des établissements d’enseignement, des discothèques, des salles de sport, des cinémas et des musées, ainsi que par l’annulation des conférences, congrès et salons professionnels, vidant de leur sens la plupart des déplacements.

En outre, les déplacements professionnels sont déconseillés et le télétravail privilégié.

Toutes les autorités du pays martèlent d’ailleurs le même message depuis des jours : « restez chez vous s’il n’est pas absolument indispensable de se déplacer, c’est le seul moyen d’arrêter la propagation de l’épidémie ».