RCA : S’achemine-t-on vers la révision de la Constitution ?

Plusieurs membres du gouvernement et des parlementaires sont favorables à la modification partielle de la Constitution. Même si certains acteurs de la société civile et de l’opposition ne partagent pas l’idée.

Malgré le refus de certains leaders de l’opposition et des acteurs de la société civile, la loi fondamentale pourrait être modifiée. Si les membres du gouvernement et une centaine de députés pensent que la Constitution actuelle est caduque, certains leaders de l’opposition sont contre sa modification. La question défraie la chronique depuis le 26 mai.

Ledit projet de loi a été proposé par le député de la circonscription de M’baiki1 pendant une conférence de presse. Il regrette que la Constitution actuellement appliquée est celle imposée par les armes.  Il avait laissé entendre que 102 parlementaires sont favorables à cette idée. Le projet de loi vise la modification à l’article 35, du mandat du président de république. « Il existe dans aucune Constitution du pays de la sous-région des dispositions portant limitation du nombre du mandat du président de la République », avait indiqué le député Brice Kevin Kakpayen.

Fidèle Guandjika, ministre conseiller spécial à la présidence, est également favorable : « Je suis pour l’amélioration de cette Constitution qui nous a été imposée par les armes pendant la Transition. S’il y a un référendum et qu’une nouvelle Constitution est votée et promulguée, alors les compteurs seront remis à zéro, parce que la loi n’est pas rétroactive. Donc tout Centrafricain peut se présenter à la magistrature suprême de l’État. »

Or, Me Bruno Hyacuinthe Gbiegba, militant des droits de l’Homme, y voit une volonté du président Touadéra de se maintenir au pouvoir : « Il trouve des justifications pour rester au pouvoir indéfiniment. C’est très maladroit. Je lui dirais de rester son engagement et la loi fondamentale, à savoir deux mandats et un départ. Parce que nul n’est irremplaçable. »

RCA : près de 600 propositions faites pendant le dialogue républicain

Le dialogue républicain en Centrafrique s’est terminé ce dimanche 27 mars 2022. Une semaine de discussions, 450 participants, mais pas l’opposition ni les groupes armés, et au final, 600 propositions.

 

Près de 600 propositions ont donc été retenues à l’issue de cette semaine de discussion. La seule mesure à avoir véritablement déchainer les passions a finalement été retirée. Elle prévoyait une révision de la Constitution. Certains proches de pouvoir y voyaient déjà la possibilité d’un troisième mandat pour le président Touadéra. La société civile s’y est aussi fermement opposée. Le dialogue s’est déclaré incompétent et a renvoyé la question vers la présidence et l’Assemblée nationale.

Les recommandations retenues sont assez générales. Il s’agit de réviser les accords bilatéraux et multilatéraux, renforcer l’armée, réformer les institutions électorales, trouver de nouvelles recettes pour les finances publiques. Pour vérifier l’application de ces mesures, le dialogue propose la création d’un organe de suivi rattaché à la présidence, mais sans préciser de calendrier.

« Les questions de fond n’ont pas été abordées », pour les opposants

À l’exception d’une poignée d’opposants, par la suite exclus de la coalition, les poids lourds de l’opposition et des groupes armés étaient absents. Le président Touadéra les a vertement fustigés dans son discours : « Il est irresponsable de se calfeutrer derrière des arguments fallacieux pour refuser le dialogue et abandonner le peuple qu’on prétend servir. La porte du dialogue vous reste grandement ouverte. »

« Il suffisait d’accepter nos conditions, répond le porte-parole de l’opposition Nicolas Thiangaye. Les faits nous ont donné raison : on a tenté d’amener le troisième mandat alors que les questions de fond telles que la guerre, la présence des mercenaires ou la crise post-électorale n’ont pas été abordées. »

Plus largement, le dialogue répondait à une attente des partenaires internationaux de la Centrafrique. Ils en avaient fait une condition pour maintenir leurs aides financières. Reste à voir s’ils ont été convaincus.