RCA : les mercenaires russes à nouveau accusés de crimes contre des civils

Des mercenaires russes auraient tué mercredi une dizaine de civils sur un chantier minier de Pandé dans l’ouest de la République centrafricaine.

 

Des mercenaires russes auraient tué une dizaine de civils sur un chantier minier de Pandé, localité centrafricaine située près de la frontière camerounaise, a-t-on appris, samedi, de sources locales.

« Une dizaine de civils ont été tués, mercredi, dans l’Ouest de la République centrafricaine lors d’une attaque imputée à des mercenaires russes de la société Wagner sur un chantier minier de Pandé, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lamy-Pont », a rapporté, samedi, le site centrafricain Corbeau News, précisant qu’il s’agit d’un « bilan provisoire établi par les autorités locales » du village Lamy-Pont.

« Les mercenaires russes, qui ont soupçonné à tort la présence de rebelles de la coalition des patriotes pour le changement (CPC) dans cette localité, sont intervenus violemment vers 6 heures du matin en tirant sans distinction sur les gens qui s’apprêtaient à aller au travail », a indiqué le journal ajoutant que les mercenaires russes ont aussi « abattus à bout portant » même ceux qu’ils avaient rencontrés sur leur chemin qui allaient dans les champs ou au marché.

Les parents d’une victime interrogés par le journal, « ont indiqué que leur fils, tué dans l’attaque, était un acheteur d’or. Il avait été tué, fouillé, son argent emporté ainsi qu’une quantité d’or en sa possession. On peut parler désormais d’un génocide programmé par ces hommes de Wagner avec la complicité du pouvoir en place ».

Ngono Benjamin Martinien, membre du Conseil préfectoral de la jeunesse de la localité a indiqué dans une déclaration faite samedi à Anadolu qu’il a appris qu’environ 17 jeunes ont été tués et plusieurs autre blessés mercredi à Lamy-Pont.

« Si les faits sont avérés, il faut qu’une enquête soit ouverte et les responsables de ces crimes poursuivis », a-t-il insisté.

« Je pense que le bilan serait plus lourd. Les enfants quittent le village pour s’installer près de ce chantier minier et peuvent y passer plusieurs semaines et des mois à la recherche de l’or. Ceux qui ne retourneront pas au village seront considérés comme tués par les russes », a déclaré samedi à Anadolu, Chomguia François, résident du village Lamy-Pont.

En Centrafrique, le mercenaires russes sont régulièrement accusés de crimes contre les populations civiles notamment dans l’ouest du pays où se trouvent des chantiers miniers.

En juin dernier, la chaîne américaine CNN et The Sentry, un groupe d’investigation indépendant, ont publié un rapport indiquant que les mercenaires russes et les Forces armées centrafricaines auraient violé, torturé et exécuté des civils mais aussi incendié des maisons le 15 février 2021 à Bambari, dans le centre du pays.

La mission de paix des Nations unies en République centrafricaine, la Minusca, a aussi publié un rapport sur de supposés crimes commis par les soldats centrafricains et les mercenaires russes contre les populations civiles.

RCA : un ex-officier mis en examen et incarcéré en France

Son arrestation a eu lieu mardi dans la région de Besançon, dans l’est de la France. Eric Danboy Bagale a ensuite été mis en examen et écroué vendredi 18 septembre à Paris.

Eric Danboy Bagale, un ancien responsable de la garde présidentielle centrafricaine de François Bozizé et chef de milice anti-balaka, a été mis en examen et écroué vendredi soir à Paris, notamment pour actes de tortures et complicité de crimes de guerre et contre l’humanité.

L’ancien responsable de la garde présidentielle centrafricaine de François Bozizé et chef de milice anti-balaka, est notamment accusé d’actes de torture et complicité, complicité de crimes contre l’humanité, complicité de crimes de guerre et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit de guerre.

Les milices anti-balaka affrontaient les groupes armés de la Séléka. Les Nations Unies ont accusé les deux coalitions de crimes de guerre après les massacres qui ont plongé le pays dans la guerre civile.

« Eric Danboy était surtout un proche dans les services de sécurité de l’ex-président Bozizé. Et il a fui avec l’entourage de Bozizé lors du putsch de 2013 et il avait disparu un peu des radars depuis cette époque. On estime qu’il a probablement collaboré avec le mouvement anti-balaka qui avait attaqué Bangui en décembre 2013 », précise Thierry Vircoulon, coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique Centrale et Australe à l’Institut français des Relations internationales (Ifri).

Il lui est notamment reproché des actes commis entre 2007 et 2014 et était recherché dans le cadre d’une enquête ouverte en mai 2017 et désormais confiée à des juges d’instructions spécialisés du tribunal de Paris. Il s’agit de la première mise en examen dans une procédure diligentée par le PNAT (Parquet national antiterroriste) concernant des faits commis en République centrafricaine.

Arrivé en 2014 en France

Cet ancien de la garde présidentielle est arrivé en France en 2014 selon le Parquet national antiterroriste. Il a fui la Centrafrique avec les autres proches du président François Bozizé qui venait d’être chassé par un coup d’État. À l’époque, la France et Monaco avaient gelé les avoirs d’Eric Danboy Bagale et de Jean-Francis Bozizé, le fils de l’ancien président, les accusant d’oeuvrer « à la déstabilisation de la République centrafricaine » et de tenter « de commettre un acte de terrorisme ».

Ces dernières semaines, trois présumés responsables anti-balaka ont été arrêtés, dont deux en France « ce qui montre que beaucoup de membres de l’entourage de Bozizé circulent peut-être encore sur le territoire français », rajoute le chercheur Thierry Vircoulon.