Plus aucun cas d’Ebola en RDC, l’OMS « prudemment optimiste »

Il n’y a plus aucun cas confirmé de fièvre hémorragique Ebola en République démocratique du Congo, avec la sortie mardi de la dernière patiente encore hospitalisée dans un centre de traitement, a déclaré l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La directrice régionale de l’OMS, le Dr Mathsidiso Moeti, s’est déclaré sur Twitter « prudemment optimiste » quant à une fin prochaine de cette épidémie officiellement déclarée le 1er août 2018.

L’épidémie sera officiellement terminée « dès qu’on aura atteint 42 jours sans aucun nouveau cas enregistré », précise un porte-parole de l’OMS à Kinshasa.

« Aucun nouveau cas n’a été confirmé pour le 13e jour consécutif », s’est félicité le bulletin épidémiologique quotidien du ministère de la Santé sur la base de données datant de lundi. « 350 cas suspects sont en cours d’investigation », ajoute-t-on.

Le dernier patient est sorti mardi du Centre de traitement d’Ebola (CTE) de Beni, dernière zone touchée dans l’est de la République démocratique du Congo.

Il s’agit d’une femme, Masika Mawasu Semida, qui a remercié les personnels de santé en sortant du CTE.

« L’OMS va continuer d’accompagner le ministère de la Santé dans le renforcement du système de santé à tous les niveaux », a déclaré un porte-parole local de l’OMS, Mory Keita.

Avec 2.264 victimes, la dixième épidémie d’Ebola enregistrée sur le sol congolais depuis 1976 est la deuxième la plus grave de l’histoire après celle qui a touché l’Afrique de l’Ouest en 2014 (plus de 11.000 morts principalement au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone).

La ville de Beni a enregistré le plus grand nombre de cas (730 sur 3.444) et de décès (474 sur 2.264) depuis la déclaration l’épidémie le 1er août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

En février 2019, un nouveau malade du virus Ebola avait été découvert à Beni après vingt-trois jours sans nouveau cas, remettant en cause l’optimisme des autorités. Il existait à l’époque d’autres foyers de l’épidémie.

Près de 320.000 personnes ont été vaccinées. L’OMS a fait de cette épidémie une urgence sanitaire de portée internationale en juillet dernier, quand elle menaçait les pays voisins (Rwanda, Ouganda).

La RDC n’est officiellement pas touchée par la propagation mondiale du coronavirus.

Afghanistan: la reprise des attaques fait douter de la volonté de dialogue des talibans

Les talibans ont mené lundi plus de trente attaques contre des bases militaires, juste après avoir mis fin à une trêve partielle en Afghanistan, ce qui suscite des interrogations sur leur stratégie et sur leur volonté réelle de discuter avec le gouvernement de Kaboul.

Dans les dernières 24 heures, les talibans ont conduit 33 attaques dans 16 des 34 provinces du pays, a tweeté le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Nasrat Rahimi. « Six civils ont été tués et 14 blessés. Huit ennemis ont également été tués et 15 blessés », a-t-il écrit.

Deux soldats ont été tués dans une attaque survenue dans la province de Kandahar (Sud), a annoncé le gouvernement. Quatre membres des forces de sécurité ont également péri dans le Logar, a déclaré à l’AFP Didar Lawang, le porte-parole du gouverneur de cette province frontalière de Kaboul.

Ces violences sont intervenues à l’issue de neuf jours de trêve partielle, pendant lesquels le nombre des attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.

Cette diminution des combats avait été imposée par Washington aux insurgés en tant que préalable à un accord signé samedi à Doha, dans lequel les Etats-Unis se sont engagés à un retrait complet des troupes étrangères d’Afghanistan dans les 14 mois en échange de garanties des rebelles.

Parmi celles-ci, les talibans ont accepté de participer à un dialogue inter-afghan avec le gouvernement afghan, son opposition et la société civile afin de tenter de s’entendre sur l’avenir du pays. Ces pourparlers doivent démarrer le 10 mars.

– Contradictions –

Mais alors que le président Ashraf Ghani avait annoncé dimanche la prolongation de la trêve partielle, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a déclaré lundi à l’AFP qu’elle avait « pris fin », les forces de Kaboul se trouvant à nouveau dans la ligne de mire des insurgés.

D’après l’accord de Doha, non ratifié par son gouvernement, un éventuel cessez-le-feu n’est qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent.

Le président afghan avait par contre rejeté dimanche l’un de ses principaux points, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.

Des contradictions de Washington peuvent expliquer ce différend.

Alors que les Etats-Unis qualifiaient ces libérations d' »objectif » qu’ils s' »engagent à atteindre » dans l’accord avec les talibans, Washington mentionnait simplement « des discussions » avec les insurgés « afin de déterminer la possibilité de libérer un nombre important de prisonniers », dans une déclaration américano-afghane parue samedi.

Les talibans font désormais de cette mesure un préalable à tout démarrage des discussions inter-afghanes, a déclaré mardi à l’AFP Suhail Shaheen. Alors que Kaboul avait envoyé des délégués à Doha pour préparer avec eux les pourparlers à venir, « notre délégation n’a pas rencontré la leur », a-t-il raconté.

« Pas étonnant que Ghani hésite à libérer les prisonniers : (ils constituent) un de ses rares leviers », a tweeté Vanda Felbab-Brown, une chercheuse à la Brookings Institution, un think-tank américain, pour qui la violence va « inévitablement » augmenter.

« Les talibans en sont arrivés là grâce à leurs fusils. (…) Donc ils doivent rester actifs sur le champ de bataille pour pouvoir gagner à la table des négociations, comme ils l’ont fait avec les Américains », estime de son côté Ahmad Saeedi, un analyste basé à Kaboul.

Interrogé par la chaîne américaine Fox News, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est toutefois montré optimiste. « J’ai donc vu beaucoup de remarques. Regardez ce qui se passe vraiment », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Jusqu’à présent, tout va bien. »

A Lesbos, les ONG prises pour cibles par des groupes « fascistes »

Plusieurs ONG ont annoncé mardi avoir suspendu leur travail auprès des réfugiés sur l’île grecque de Lesbos, et ont évacué leurs équipes après la multiplication d’attaques et de menaces de la part de groupes qualifiés de « fascistes ».

L’île grecque du nord de la mer Égée, située proche des côtes turques, connaît une recrudescence des arrivées de migrants depuis que la Turquie a ouvert ses frontières en fin de semaine dernière.

La tension est montée d’un cran à Lesbos, où la situation avait déjà atteint un point de rupture depuis plusieurs mois avec plus de 19.000 personnes vivant dans des conditions misérables dans un camp prévu pour moins de 3.000 personnes.

Exaspérés de porter le fardeau d’un système d’asile qu’ils jugent défaillant, les insulaires protestent contre la présence de nombreux exilés débarquant sur leurs côtes, estimant qu’ils menacent la sécurité, la santé publique et le tourisme sur l’île.

Le mécontentement s’est transformé en violence ces derniers jours, ciblant souvent des travailleurs sociaux et perturbant leur capacité à aider les réfugiés, selon plusieurs ONG basées sur l’île.

« Quand la nuit tombe, il y a sans arrêt des attaques contre des membres d’ONG, des personnes venues ici en tant que bénévoles », a indiqué Douglas Herman, co-fondateur de l’organisation Refocus, qui donne des cours aux réfugiés.

La police, taxée d’inaction dans ces incidents, a ouvert une enquête après « plusieurs dénonciations d’attaques envers des individus et des voitures » sur l’île, a-t-on appris de source policière.

« La plupart des organisations ont décidé de suspendre leurs opérations, certaines indéfiniment. Plusieurs ONG ont demandé à leurs équipes de quitter l’île », a expliqué M. Herman à l’AFP, ajoutant que les six membres de son équipe étaient sur le départ.

La violence est le fait de mobilisations « fascistes », a-t-il fustigé, décrivant des routes coupées à travers l’île, avec des attaques ou des menaces d’automobilistes.

« Des personnes avec des chaînes frappent les véhicules et essayent d’atteindre les personnes à l’intérieur avec des les bouts de verre cassés », a indiqué M. Herman.

Lundi soir, l’équipage du Mare Liberum, un bateau observatoire des droits de l’homme qui navigue en mer Égée, a indiqué avoir été attaqué par « un groupe de fascistes », alors qu’il était amarré au port de l’île.

« Ils ont crié, nous ont menacés et ont balancé de l’essence sur notre pont ! », a écrit l’organisation sur Twitter.

Adrian Kok, président de Connect by Music, qui dispense des cours de musique aux réfugiés, a informé l’AFP que tous leurs bénévoles expatriés étaient renvoyés à Athènes tandis que les locaux avaient cessé de travailler.

Côte d’Ivoire: 3,5 tonnes d’écailles de pangolin incinérées par les autorités

Les autorités ivoiriennes ont incinéré devant la presse mardi à Abidjan plus de 3,5 tonnes d’écailles de pangolin, mammifère le plus braconné au monde, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ces écailles avaient été saisies lors de diverses opérations en 2017 et 2018 et ont conduit à l’arrestation d’une vingtaine de personnes.

« C’est un trafic international qui a été démantelé. 3,6 tonnes d’écailles ont été incinérées. Cela se chiffre en milliards de francs CFA (millions d’euros). Nous luttons contre le braconnage mais aussi le trafic illicite des espèces protégées », a affirmé le ministre des Eaux et Forêts Alain Richard Donwahi, après avoir mis le feu à un des quatre bûchers.

« L’écaille de pangolin est très recherchée dans la médecine traditionnelle chinoise (…) et au Vietnam notamment. En Asie, le prix peut aller jusqu’à 1.000 dollars le kg et ici ca peut aller jusqu’à 10-15.000 F CFA (15 à 23 euros) », explique Rens Ilgen, coordinateur de l’ONG américaine Eagle, qui participé aux opérations.

Le trafic « est plus grand que ce pays. Il y a des chasseurs partout. Abidjan est une ville de commerce et ça (les écailles) se collecte ici », a-t-il poursuivi. L’ensemble du trafic autour des espèces protégées « représente 20 milliards de dollars dans le monde » alors que les peines encourues sont relativement faibles comparées à celles du trafic de drogue, a-t-il souligné.

« C’est la criminalité transnationale. Ce n’est pas un trafic localisé seulement en Côte d’Ivoire. Tous ces trafics planent sur toute la sous-région. Parfois ce sont des espèces qui ont été tuées en Guinée ou partout dans la sous-région. Ca transite par la Côte d’Ivoire pour aller vers pays asiatiques », a souligné le procureur d’Abidjan, Richard Adou.

« Il est essentiel que des personnes tapies dans l’ombre ne puissent pas profiter de la mort de nos espèces protégées », a-t-il ajouté.

L’ambassadeur américain Richard Bell a lui précisé que la Côte d’Ivoire avait aussi saisi 600 kg d’ivoire depuis 2017 et arrêté une trentaine de personnes: « Je salue tous ces efforts visant à protéger la faune et la flore qui constituent un patrimoine mondial ».

Israël: moisson « historique » pour les partis arabes aux législatives

Les partis arabes sont en voie mardi d’enregistrer le meilleur score de leur histoire à l’issue d’élections en Israël, une performance qui ne suffit toutefois pas pour atteindre leur objectif: empêcher la victoire de Benjamin Netanyahu, grand gagnant du scrutin.

Aux législatives de septembre dernier, la « Liste unie » des partis arabes avait surpris en s’imposant comme troisième force politique d’Israël avec 13 députés élus sur les 120 de la Knesset, le Parlement, le meilleur résultat combiné pour des formations arabes.

Six mois plus tard, les partis arabes espéraient obtenir 16 sièges en moissonnant la colère chez l’électorat arabe liée au « plan Trump » pour le Proche-Orient, soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Ce plan prévoit de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » d’Israël, mais aussi de transférer le contrôle d’une dizaines de villes et villages arabes en Israël à un futur Etat palestinien, ce qui a choqué nombre des Arabes israéliens qui ont dit se sentir comme des citoyens de « second » rang.

La « Liste unie », qui rassemble des islamistes, des libéraux, des socialistes et des communistes, a conservé sa troisième place et devrait réaliser son meilleur score selon les dernières estimations, qui lui confèrent mardi 15 sièges.

« Il s’agit d’une réussite historique », s’est félicité Ayman Odeh, chef de la « Liste unie » lors d’une conférence de presse dans sa ville natale de Haïfa (nord). « Je veux remercier notre public, tant les électeurs arabes que juifs qui ont soutenu la Liste unie. »

La performance des partis arabes n’a toutefois pas réussi à diminuer le score de Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption dans une série d’affaires, qui se dirige lui aussi vers sa meilleure performance à la tête du Likoud (droite), avec 36 sièges selon les derniers résultats, non définitifs.

« Nous ne connaissons pas les résultats définitifs mais le gouvernement que formera Netanyahu sera le plus dangereux de l’histoire d’Israël », a prévenu mardi M. Odeh, qui qualifie le Premier ministre sortant de « plus grand provocateur des citoyens arabes ».

« Nous sommes prêts à nous engager dans un véritable combat avec l’extrême-droite, ce combat doit être populaire et doit se mener avec la participation du peuple arabe et des partis juifs démocratiques », a-t-il ajouté.

M. Odeh et une partie de ses troupes avaient, sans succès, recommandé à l’automne Benny Gantz, le rival de M. Netanyahu, au poste de Premier ministre afin de mettre un terme au règne du chef du gouvernement, attendu par la justice pour son procès le 17 mars.

Les Arabes israéliens, qui représentent environ 20% de la population israélienne, sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël en 1948.

Coronavirus: l’Afrique espère profiter des leçons d’Ebola

Pour faire face au coronavirus, les pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de fragiles systèmes de santé publique, mais ils peuvent s’appuyer sur l’expérience acquise au cours des précédentes épidémies d’Ebola en République démocratique du Congo et en Afrique de l’Ouest.

En 2014-2016, plus de 11.000 personnes sont mortes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone essentiellement, pendant la pire épidémie d’Ebola jamais enregistrée. A l’époque, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait été accusée de retard dans sa réponse.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus partie de Chine, qui a déjà fait plus de 3.000 morts dans le monde, seuls deux cas ont été officiellement confirmés en Afrique subsaharienne, au Nigeria la semaine dernière et au Sénégal lundi. Quelques cas ont aussi été enregistrés dans le nord du continent.

« Les épidémies d’Ebola ont permis aux pays (africains) d’avoir des bases sur lesquelles on s’appuie pour la préparation au Covid-19 », affirme Michel Yao, joint par l’AFP à Dakar.

Le directeur Afrique des programmes d’urgence de l’OMS cite la mise en place de systèmes de détection aux frontières des cas suspects, via une prise de température, et de structures d’isolement et de traitement dans les aéroports.

« Les ministères de la Santé ont maintenant l’obligation d’appliquer le Règlement sanitaire international (RSI, remontant à 2005), c’est-à-dire être en mesure de faire remonter précocement les épidémies et les cas, via le ministère, au niveau de l’OMS », a indiqué sur RFI le directeur des Affaires internationales de l’Institut Pasteur, Pierre-Marie Girard.

« Avec l’épidémie d’Ebola, on peut partir du principe que les systèmes de santé, les plateformes de coopération et communication et le +monitoring+ (suivi des cas) se sont développés », confirme Dorian Job, médecin basé à Dakar, responsable de programmes pour MSF aux Burkina, Niger, Nigeria et Cameroun.

« Il y a une meilleure surveillance, un meilleur suivi et cela va certainement aider », ajoute-t-il.

– 78 dollars –

Confrontés à des maladies multiples (paludisme, choléra, rougeole….), les pays africains se caractérisent par des systèmes de santé publique très précaires.

D’après la Banque mondiale, les dépenses de santé s’élevaient en 2016 à 78 dollars par habitant en Afrique subsaharienne, pour une moyenne mondiale de 1.026 dollars (avec des pointes à 9.351 dollars en Amérique du nord, et 3.846 dans l’Union européenne).

Le coronavirus arrive au moment où une autre « urgence de santé publique de portée internationale » frappe le continent: une nouvelle épidémie d’Ebola a en effet tué 2.264 personnes depuis août 2018 dans l’est de la République démocratique du Congo.

Aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis près de deux semaines, mais les autorités doivent encore attendre 42 jours au total sans nouveaux cas pour déclarer la fin de l’épidémie.

Déjà mobilisées par Ebola, les autorités sanitaires congolaises prennent, pour prévenir l’arrivée du coronavirus, la température des voyageurs dès leur descente d’avion à l’aéroport de Kinshasa, ou quand ils traversent le fleuve Congo pour Brazzaville, la capitale du Congo voisin.

« Les mesures que nous avons prises pour lutter contre Ebola sont les mêmes que celles que nous avons prises contre le coronavirus, à savoir l’hygiène et le lavage des mains », détaille le professeur congolais Jean-Jacques Muyembe, chef de la riposte anti-Ebola.

Avec l’aide financière du Japon, Kinshasa vient aussi d’inaugurer un « centre de diagnostic et de recherche » au sein de son Institut national de recherche biologique (INRB).

Début février, seuls l’Afrique du Sud et le Sénégal disposaient de laboratoires pour tester des cas présumés de coronavirus. L’OMS a fourni depuis des équipements à une quarantaine de pays.

En Afrique de l’Ouest, les systèmes de santé sont encore marqués par la plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire.

« Notre préparation est meilleure du fait des leçons apprises pendant la crise Ebola », affirme au Liberia le directeur général de l’Institut national de santé public, Mosoka P. Fallah.

« La population veut nous donner des informations, explique-t-il. Nous avons même plus de données que prévu, car les Libériens ont encore l’expérience d’Ebola en tête ».

Syrie: un avion du régime abattu par l’armée turque, le pilote tué (ONG)

Un avion de combat du régime syrien a été abattu mardi par l’armée turque dans la province d’Idleb en Syrie, où de violents combats opposent soldats des deux pays, a indiqué une ONG en faisant état de la mort du pilote.

Il s’agit du troisième avion de l’armée syrienne détruit depuis dimanche par l’aviation turque, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

De son côté, l’armée syrienne a abattu, selon l’agence officielle syrienne Sana, un drone turc près de la cité de Saraqeb dans le sud de le province d’Idleb, dernier grand bastion rebelle et jihadiste situé dans le nord-ouest du pays en guerre.

Selon l’OSDH, l’avion syrien a été abattu par un F-16 turc et s’est écrasé dans les régions aux mains du régime dans le sud de la province d’Idleb.

Le pilote s’est éjecté mais est mort, a ajouté l’ONG, sans être en mesure de dire s’il avait succombé à sa chute ou a été tué par les insurgés. Sa dépouille a été retrouvée mutilée dans la région de Deir Sounbol contrôlée par les rebelles, selon l’OSDH.

Sana a confirmé la « chute » d’un avion de combat visé par les forces turques mais n’a pas précisé le sort de l’équipage.

A Ankara, le ministère de la Défense a affirmé que « dans le cadre de l’opération +Bouclier du printemps+ qui se poursuit avec succès, un avion L-39 appartenant au régime (syrien) a été abattu ».

La Turquie, qui appuie certains groupes rebelles, déploie des soldats en Syrie voisine principalement dans la province d’Idleb, dernier grand bastion jihadiste et rebelle que le régime syrien cherche à reprendre.

Dimanche, la Turquie a annoncé mener une offensive contre le régime dans cette province après y avoir subi de lourdes pertes. Plus de 30 militaires turcs ont été tués la semaine dernière dans des frappes attribuées par Ankara au régime syrien.

Selon l’OSDH, 119 soldats syriens et 20 combattants prorégime ont été tués dans les bombardements turcs depuis jeudi.

Le régime de Bachar al-Assad s’est dit lundi déterminé à repousser l’offensive turque.

Avec l’aide de l’allié russe, ce régime a repris en décembre son offensive contre la région d’Idleb et a pu reconquérir la moitié de la province, selon l’OSDH.

L’offensive a poussé à la fuite près d’un million de civils d’après l’ONU et tué plus de 470 civils selon l’OSDH.

Mardi, au moins neuf civils dont cinq enfants ont été tués dans l’explosion d’un missile tiré par le régime sur la ville d’Idleb contrôlée notamment par le puissant groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda), selon l’OSDH.

Un missile sol-sol de l’armée syrienne est tombé sur un quartier résidentiel de la ville, chef-lieu de la province du même nom.

Déclenché en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Les drones « made in Turkey » volent au secours de l’armée turque en Syrie

Les images de cibles pulvérisées tournent en boucle sur les télévisions. Pour venger ses soldats tués en Syrie et inverser le rapport de forces, la Turquie se sert d’une nuée de drones armés, dont elle est l’un des principaux fabricants dans le monde.

Ces appareils télépilotés ont infligé de lourdes pertes en hommes et matériel aux forces du régime syrien dans la province d’Idleb (nord-ouest), où Ankara a lancé de vastes représailles après la mort de 34 de ses soldats jeudi dans des frappes attribuées à Damas.

L’armée syrienne a affirmé avoir abattu au moins trois de ces drones turcs, mais l’allié russe de Damas qui contrôle le ciel dans le nord-ouest de la Syrie ne semble pas être intervenu face aux appareils d’Ankara.

Le recours très médiatisé à ces drones permet à la Turquie non seulement de frapper en Syrie sans risquer la vie de ses pilotes, mais aussi de faire la promotion de ces appareils dont il ambitionne de devenir un exportateur de premier plan.

« L’utilisation de drones par la Turquie lors de cette opération est sans précédent dans son histoire militaire moderne », explique à l’AFP l’analyste de défense Arda Mevlutoglu. « Ce recours efficace aux drones semble avoir changé la dynamique de la guerre civile en Syrie et influé sur les tractations diplomatiques ».

– « Frappes plus efficaces » –

Les drones militaires turcs sont produits par Baykar, une compagnie dirigée par le gendre du président Recep Tayyip Erdogan, Selcuk Bayraktar, et par Turkish Aerospace Industries (TAI).

La Turquie « est le leader d’un groupe de pays qui montent dans ce domaine technologique et essayent d’avoir un impact », estime Dan Gettinger, co-directeur du Center for the Study of the Drone au Bard College à New York.

Ankara a par le passé affirmé avoir éliminé des centaines de combattants de la rébellion kurde dans des frappes de drones, mais le théâtre d’opération syrien lui permet de montrer son savoir-faire dans ce domaine.

Pour Ozgur Eksi, rédacteur en chef du magazine spécialisé C4Defence, le recours massif aux drones ces derniers jours a rendu les frappes turques « plus efficaces ».

Notant que les forces armées turques avaient détruit plus de cent chars du régime syrien en l’espace de quelques jours, il a souligné que « sans drones, une telle entreprise prendrait beaucoup plus de temps et aurait mis en danger la vie de soldats turcs ».

Outre les frappes qu’ils mènent, ces drones servent aussi à marquer des cibles qui sont ensuite visées par l’artillerie ou des avions de combat.

« Cela permet à la Turquie de mener des frappes à distance, contournant ainsi l’espace aérien syrien tout en infligeant de lourdes pertes aux forces syriennes », affirme M. Mevlutoglu, l’analyste de défense.

– « Source de fierté » –

M. Gettinger estime que la Turquie dispose de 94 drones armés de type Bayraktar TB2 fabriqués par Baykar. Bien que de petite taille, cet aéronef est doté d’un système d’armement capable d’éliminer des véhicules blindés.

L’engouement de la Turquie pour les drones n’est pas nouveau. Selon M. Gettinger, Ankara s’est lancé dans le développement de ces appareils dans les années 1990 pour ne pas dépendre d’autres pays pour s’en procurer, notamment les Etats-Unis et Israël, avec lesquels les relations sont souvent tendues.

M. Erdogan répète à l’envi que la Turquie ambitionne de se placer parmi les dix premiers exportateurs d’armes au monde d’ici 2023, année du centenaire de la République turque.

« Si nous sommes en mesure de mener nos opérations (militaires) sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit, c’est grâce au travail que nous avons accompli et aux résultats que nous avons obtenus », a-t-il dit dans un discours lundi.

A ce jour, la Turquie a exporté des drones vers le Qatar et l’Ukraine, selon M. Gettinger, et elle en a déployé aussi en Libye en soutien au gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar.

La Turquie travaille aussi avec des pays comme l’Indonésie et le Pakistan pour les aider à produire localement des drones avec des moyens technologiques turcs.

« La Turquie essaye inlassablement de promouvoir ses drones à l’étranger, car cette industrie est une grande source de fierté pour elle », souligne M. Gettinger.

A Téhéran, la peur du coronavirus vide les rues et casse le moral

Démoralisées après plusieurs jours passés enfermées chez elles par crainte du nouveau coronavirus, Chahpar Hachémi et sa fille Parmis se sont finalement décidées à sortir faire des courses, dans les rues inhabituellement calmes de Téhéran.

Malgré leur crainte d’attraper la maladie, Mme Hachémi et sa fille de 13 ans battent le pavé dans la capitale iranienne, l’unique masque de protection dont elles disposent sur le visage de Parmis.

Selon le dernier bilan officiel annoncé par les autorités, le virus a fait 77 morts sur un total de plus de 2.300 personnes contaminées. L’Iran est le pays qui recense le plus de morts dues à la maladie Covid-19 après la Chine.

Des écoles ont été fermées à travers le pays, entre autres mesures prises par les autorités pour endiguer la propagation du virus.

« C’est extrêmement dur pour nous mais je ne peux pas prendre un taxi ou un bus même si mes pieds me font mal », dit Mme Hachémi.

« Ma fille était déprimée à la maison, alors je l’ai emmenée faire des courses pour lui remonter le moral ». Les enfants « ne vont plus à l’école et ils ont peur du virus », ajoute cette femme au foyer de 45 ans.

Non loin, des voitures et des bus circulent à intervalles irréguliers sur le rond-point de Vanak, un des grands carrefours de la capitale. Depuis plusieurs jours les embouteillages monstres qui font le quotidien de Téhéran ont disparu.

Le nuage de pollution qui recouvre habituellement la ville de plus de huit millions d’habitants a lui aussi fortement diminué avec la baisse de la circulation.

Un faible réconfort pour Pejman, un architecte de 39 ans, qui partage ses craintes concernant l’épidémie.

– Vies chamboulées –

« La maladie a chamboulé nos vies », dit-il à l’AFP. « Nous avons peur. Il n’y a pas de masque ni de solution hydroalcoolique désinfectante. Les gens en ont besoin mais n’en trouvent pas. »

Les activités commerciales souffrent également. Des collègues de Pejman soupçonnés d’être contaminés ont été contraints de rester chez eux, rapporte l’architecte.

« Cela a eu un effet néfaste sur notre entreprise. Maintenant, ils prennent notre température tous les matins avant d’entrer dans le bureau », ajoute Pejman.

Le ralentissement économique est aussi palpable dans les rues.

Pour passer le temps, les vendeurs jouent à des jeux, les employés nettoient méticuleusement les portes et fenêtres des restaurants vides et les chauffeurs de taxis, garés sur le côté de la route, attendant inlassablement des clients.

« Les rues sont vides », dit Jamchidi, un chauffeur de taxi. Derrière lui des collègues partagent un repas en plaisantant bruyamment.

– « Plus d’argent pour manger » –

« C’est mon travail d’emmener les gens où ils ont besoin d’aller, mais personne ne quitte sa maison, » déplore-t-il.

« Si cela continue comme ça, nous n’aurons plus d’argent pour manger. Hier j’ai très peu gagné et jusqu’à présent, aujourd’hui, je n’ai eu aucun passager », poursuit-il.

Hamid Bayot, qui tient un commerce de jus de fruits sur le rond-point de Vanak, affirme que ses ventes ont chuté de 80% depuis l’annonce officielle des premiers cas de contamination au nouveau coronavirus, le 19 février. Et ce, malgré les mesures sanitaires prises par les commerçants pour rassurer les clients.

« Nous désinfectons tout trois fois pas jour mais les gens ont peur et ne nous achètent rien », dit Hamid Bayot. « Si ça continue, nous allons faire faillite et nous devrons fermer notre magasin. »

Pour tromper l’ennui des jeunes Iraniens, la chaîne d’informations –habituellement austère– de la télévision d’Etat diffuse des émissions légères, allant de la Panthère rose en dessin animé à un documentaire sur le tournage du film « The Revenant » avec l’acteur américain Leonardo Dicaprio.

« Nous devons rester à la maison et ne rien faire. Nous ne pouvons pas voir nos amis et nous ne sommes plus heureux », déplore Parmis Hachémi, à travers le masque que lui a donné sa mère.

L’armée turque incite des migrants à franchir la frontière grecque, sécurité renforcée avant une visite de l’UE

Des Syriens ont accusé mardi l’armée turque de les avoir poussés en Grèce, alors que la sécurité a encore été renforcée au poste-frontière entre la Grèce et la Turquie où sont attendus la présidente de l’UE et le chef du gouvernement grec.

« Ils nous ont lâchés au bord du fleuve et nous ont juste dit: +Partez!+ Ils nous ont laissé seuls. C’était l’armée turque », témoigne auprès de l’AFP Taisir, 23 ans, un Syrien de Damas réfugié depuis cinq ans à Istanbul.

Le jeune homme, qui ne souhaite pas révéler son nom de famille, fait partie d’un groupe d’une dizaine de personnes, toutes syriennes, interpellées mardi à l’aube par la police grecque qui a confisqué au moins quatre de leurs téléphones portables.

Dans cette zone frontalière longue de 212 kilomètres et qui borde le fleuve Evros (nommé Meritsa côté turc), des milliers de migrants se sont massés côté turc depuis vendredi dans l’espoir de passer en Europe.

Une situation préoccupante pour l’UE qui redoute une « crise » migratoire semblable à celle de 2015.

La sécurité au poste-frontière de Kastanies, dans l’extrême nord-est de la Grèce, a encore été renforcée mardi avant la visite dans la journée de la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, et les présidents du Conseil et du Parlement européens, Charles Michel et David Sassoli.

– Renforts –

D’importants renforts de policiers ont été déployés devant l’entrée de la zone tampon qui sépare les deux pays, a constaté l’AFP sur place.

La tension, toujours vive après des échauffourées dimanche entre migrants et policiers grecs, était descendue d’un cran lundi.

Aucun jet de pierres ni gaz lacrymogène n’ont été constatés lundi par une équipe de l’AFP présente du côté grec, tandis qu’une source gouvernementale grecque sur place assurait que la situation était « plus calme » que samedi et dimanche.

Selon des sources gouvernementales grecques, entre lundi 06h du matin (04h00 GMT) et mardi 6h, les garde-frontières ont empêché l’entrée de 5.183 personnes sur le territoire, le long de la frontière terrestre où est déployé « un contingent policier très important ».

Quarante-cinq personnes ont également été interpellées durant cet intervalle. « La plupart d’entre elles sont originaires d’Afghanistan, du Pakistan, du Maroc ou du Bangladesh », selon cette source.

– ‘Soutien ferme’-

Peu avant sa visite, le chef du gouvernement grec a affirmé attendre un « soutien ferme » de l’UE, selon une source gouvernementale alors que la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016, a dénoncé la pression « inacceptable » de la Turquie « sur le dos des réfugiés ».

« La Grèce ne va pas subir le chantage de ceux qui utilisent des personnes persécutées pour servir leurs propres intérêts », a déclaré le Premier ministre grec, en passant en revue des officiers de l’armée près de Kastanies. Il a répété que « personne n’entrerait illégalement dans le pays ».

Sur la route qui longe la frontière, le groupe de Syriens témoigne de sa colère d’avoir été poussés à quitter Istanbul.

Parmi ces réfugiés figurent deux bébés de cinq mois et un an, protégés du froid dans des couvertures, et deux petites filles en bas âge, apeurées et visiblement épuisées.

« Hier ils nous ont chassés de nos maisons, ils ont pris notre argent, ils ont pris nos téléphones portables », soupire le jeune homme, désemparé alors qu’une des petites filles, en larmes, reçoit un peu d’eau.

Son témoignage, recueilli près du village grec de Lavara est impossible à vérifier mais il vient corroborer les récits de migrants massés devant la clôture côté turc depuis la décision d’Ankara de ne plus retenir les migrants désireux de se rendre en Europe.

Ce groupe de Syriens devrait venir grossir le flot des migrants soumis aux méandres de la justice grecque pour entrée illégale sur le territoire.

Les migrants, qui parviennent à franchir la frontière, sont livrés à eux-mêmes, errant là sur un chemin de terre, là au bord de ruisseau ou en contrebas d’une voie express.

Sur une centaine de kilomètres, tout au long de la frontière, on ne croise aucun bénévole, aucune organisation humanitaire ou ONG pour leur apporter de l’eau, une soupe, une assistance médicale.

Les routes et chemins sont en revanche soumis au ballet incessant des véhicules de l’armée grecque dont des renforts ont été dépêchés depuis le week-end dernier dans cette région rurale parmi les plus pauvres et les plus reculées de Grèce.