Moubarak, l’autocrate déchu à l’image corrompue

Hosni Moubarak a promené sa silhouette trapue et ses lunettes noires pendant 30 ans sur la scène internationale, mais dans l’histoire, l’ex-président égyptien –détrôné lors du Printemps arabe– restera le dirigeant d’un régime corrompu.

Décédé mardi à l’âge de 91 ans, l’ancien raïs avait été contraint à la démission devant le soulèvement populaire de 2011, alors qu’il était devenu l’un des dirigeants africains les plus anciens.

Hosni Moubarak est vice-président le 6 octobre 1981 lorsque son destin bascule. Assis en grand uniforme aux côtés d’Anouar el-Sadate lors d’un défilé militaire, il échappe aux balles des islamistes visant le président égyptien, artisan d’un accord de paix avec Israël signé deux ans plus tôt.

Légèrement blessé dans l’attentat, cet ancien pilote de chasse, connu pour sa santé de fer et son mode vie ascétique, remplace alors le président assassiné à la tête du pays. Sa « baraka » devait ensuite lui servir pour échapper à six autres tentatives d’assassinat.

Il s’installe à la tête du pays, maintenant en place pendant trois décennies l’état d’urgence décrété après l’attentat.

– « L’histoire me jugera » –

Mais comparé à ses prédécesseurs –le charismatique Gamal Abdel Nasser et le politicien rusé Sadate– il fait pâle figure et sera rapidement surnommé « la vache qui rit », pour sa ressemblance supposée avec la célèbre mascotte du fromage français.

Bien avant sa chute, ses détracteurs lui ont reproché d’être corrompu, de manquer de charisme et de ne pas mener à bien les réformes nécessaires.

« Il avait cette image de personnage corrompu à travers les activités de ses fils et ses liens avec les hommes d’affaires du pays », raconte Mostafa Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l’université du Caire en évoquant les affaires sulfureuses des deux fils Alaa et Gamal.

Après sa chute, le président a dû répondre à une série d’accusations de corruption. Lui et ses deux fils ont notamment été condamnés à trois ans de prison pour un détournement de quelque 10 millions d’euros.

Toutefois, « l’économie a eu un taux de croissance respectable » pendant les années Moubarak, nuance M. el-Sayyed, avant de préciser que la période a été également marquée par « un certain degré de liberté d’expression, avec des télévisions indépendantes et des journaux d’opposition » autorisés sous la pression de l’allié américain.

Jusqu’au dernier moment, le président a défendu son bilan: le 1er février 2011, en plein soulèvement populaire qui devait précipiter sa chute, il déclarait: « Ce pays, j’y ai vécu, j’ai fait la guerre pour lui, et l’histoire me jugera ».

Pragmatique, volontiers patelin, aimant les tournées à travers le pays, il est pourtant très vite apparu comme coupé du peuple et orgueilleux, s’appuyant sur un redoutable appareil policier et un système politique dominé par un parti unique à sa dévotion.

Des élections sont organisées sur fond de soupçons de fraude. En 2005, il l’emporte haut la main et son principal opposant Ayman Nour est mis en prison.

S’il s’est montré un adversaire résolu de l’islamisme radical façon Al-Qaïda, il n’a pas réussi à endiguer la montée progressive de l’islam traditionaliste des Frères musulmans.

– Pilier modéré –

En politique étrangère, M. Moubarak est resté résolument pro-américain, préservant l’accord de paix avec Israël. S’imposant comme une figure familière des réunions internationales, il a fait de son pays un pilier modéré au sein du monde arabe.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a été pilote de Spitfire dans les années 1950, avant de gravir un à un les échelons de la hiérarchie. Chef de l’armée de l’air pendant la guerre du Kippour en 1973, il était nommé vice-président deux ans après.

A ses côtés, Suzanne, son épouse, a marqué la présidence de son empreinte en intervenant dans le domaine des inégalités entre hommes et femmes, donnant ainsi à son mari une image moderne.

L’ancien autocrate, qui avait espéré passer le flambeau à son fils Gamal provoquant la colère des Egyptiens, a finalement été détrôné par le Printemps arabe.

Par la suite, il est apparu malade devant un tribunal, transporté sur une civière dans une cage métallique. Sa santé a été l’objet depuis sa chute d’incessantes spéculations faisant état tour à tour de dépression aiguë, de cancer, d’accident cardiaque ou de problèmes respiratoires.

Premier président égyptien a avoir été traduit en justice, il n’a été autorisé à quitter l’hôpital militaire où il était détenu qu’en mars 2017. Il avait notamment été condamné à la perpétuité, puis acquitté, pour complicité dans la mort de 846 manifestants durant la révolte.

Egypte: les trois décennies au pouvoir d’Hosni Moubarak

Rappel des grandes dates de l’Egypte depuis l’arrivée au pouvoir d’Hosni Moubarak –décédé mardi au Caire– en 1981 à son départ en 2011, emporté dans le tumulte du Printemps arabe, après 18 jours d’une révolte contre son régime.

– Accession au pouvoir –

Le 13 octobre 1981, Hosni Moubarak, vice-président depuis 1975, succède au président Anouar al-Sadate, assassiné une semaine auparavant par des jihadistes, lors d’une cérémonie militaire au Caire. L’état d’urgence est décrété et sera maintenu en permanence durant son règne.

Hosni Moubarak va s’appuyer sur un redoutable appareil policier et sur un système politique dominé par un parti présidentiel à sa dévotion.

– L’Egypte réintègre la Ligue arabe –

Le 25 avril 1982, Israël se retire du Sinaï, à la suite des accords de paix de 1979.

Les 25 et 26 février 1986, des émeutes de conscrits de la police au Caire, protestant contre leurs conditions salariales et sociale, font 107 morts et plus de 700 blessés.

En mai 1989, l’Egypte retrouve sa place au sein de la Ligue arabe, qu’elle avait perdue en 1979 pour avoir pactisé avec Israël.

– Moubarak échappe à un attentat –

Le 26 juin 1995, Hosni Moubarak échappe à une tentative d’attentat à Addis Abeba, lorsque des assaillants coupent la route à son cortège et criblent de balles son véhicule blindé amené spécialement du Caire. L’attentat est revendiqué par le groupe armé islamiste Jamaa Islamiya.

Le président Moubarak sera visé par au moins six tentatives d’assassinat.

– Violences islamistes –

Le 17 novembre 1997, 62 personnes, dont 58 touristes pour la plupart suisses et japonais, sont tuées à Louxor (Haute-Egypte), dans une attaque à la mitraillette et au poignard revendiquée par la Jamaa islamiya.

Le 3 janvier 2000, 22 personnes trouvent la mort en Haute-Egypte dans les pires affrontements entre musulmans et chrétiens depuis vingt ans.

Le 7 octobre 2004, 34 personnes, parmi lesquelles plusieurs touristes israéliens, sont tuées et 105 blessées dans un triple attentat perpétré dans le Sinaï contre l’hôtel Hilton de Taba, à la frontière égypto-israélienne, et contre deux camps de vacances à Noueiba, à 470 kilomètres au sud-est du Caire).

Le 23 juillet 2005, quelque 70 personnes, dont de nombreux Occidentaux, périssent dans une série d’attentats à c(Sinaï).

– Percée des Frères musulmans –

Du 9 novembre au 7 décembre 2005, les Frères musulmans, officiellement interdits mais tolérés dans les faits, obtiennent lors des élections législatives 88 sièges (sur 454) au Parlement, devenant la principale force d’opposition.

Leurs candidats s’étaient présentés sous l’étiquette « indépendants », en raison de l’interdiction de fonder des partis politiques sur des bases religieuses.

– Parti présidentiel renforcé –

Le libéralisme économique s’accentue dans le pays, permettant d’amorcer un décollage économique, même s’il aggrave les inégalités et le mécontentement social.

Les nouvelles législatives du 28 novembre au 5 décembre 2010 permettent au pouvoir de consolider sa domination parlementaire, au prix d’accusations de fraude et de critiques internationales.

Le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) rafle près de 83% des sièges après le retrait au second tour des Frères musulmans qui dénonçaient des fraudes. L’opposition laïque n’obtient qu’environ 3% des sièges.

– Moubarak chassé du pouvoir –

Le 25 janvier 2011, débutent des manifestations massives contre Hosni Moubarak. Le 1er février, plus d’un million de manifestants défilent dans le pays. Une marée humaine envahit la place Tahrir, au Caire, épicentre de la contestation.

Le 11 février, Moubarak démissionne et remet ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées. La répression du soulèvement a fait au moins 850 morts.

Egypte: l’ex-président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, contraint à la démission après le soulèvement populaire de 2011, est mort mardi à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’AFP son beau-frère le général Mounir Thabet.

La famille se trouvait toujours à l’hôpital mardi en milieu de journée, a ajouté le général en précisant que la présidence égyptienne se chargerait d’organiser les funérailles de Moubarak, qui a dirigé l’Egypte pendant trois décennies.

Le 24 janvier, son fils, Alaa Moubarak avait indiqué sur Twitter que son père avait subi « une opération chirurgicale et (…) qu’il se portait bien, grâce à Dieu ».

Depuis sa destitution, la santé fragile de M. Moubarak a été l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Ce dernier a régulièrement été hospitalisé et admis en soins intensifs, depuis qu’il a quitté le pouvoir.

La nouvelle de son décès a été confirmée et relayée par la télévision égyptienne et les grands titres de la presse locale, tels que le journal al-Ahram.

Parmi les premières réactions, la présidence actuelle a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de l’ancien autocrate, présenté comme l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDRL: contre Israël) », durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

A l’autre bout du spectre politique, Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a également présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Les prétendants à l’après-Merkel sortent du bois en Allemagne

Trois poids lourds du parti conservateur allemand ont officialisé mardi leur candidature pour diriger cette formation en pleine crise, lançant la course pour remplacer Angela Merkel à la chancellerie à l’horizon 2021.

Il s’agit d’une part de Friedrich Merz, un ennemi de longue date de la chancelière allemande, qui s’est présenté mardi comme le candidat « de la rupture et du renouveau » et prône un coup de barre à droite de ce parti qui a dominé la vie politique nationale depuis plus de 70 ans.

Visage fermé et ton sec, cet avocat d’affaires de 64 ans a estimé que l’Union démocrate-chrétienne (CDU) comme le pays avaient besoin de « leadership », une pique lancée à Mme Merkel, pour aider l’Europe à sortir de son « désarroi routinier » face aux défis mondiaux.

L’homme avait été écarté au début des années 2000 de la tête du parti par une certaine… Angela Merkel, et ne l’a depuis jamais digéré. Il a assuré vouloir « reconquérir » les électeurs partis au centre comme à l’extrême droite, et viser « la victoire, et non une place » au sein de la future direction du parti.

Il devra affronter un « ticket » comprenant un baron régional CDU modéré, Armin Laschet, partisan de la continuité avec le cap centriste d’Angela Merkel, et l’étoile montante du parti, Jens Spahn, 39 ans, favorable pour sa part à une inflexion à droite du mouvement.

– Crise sans précédent –

Les deux hommes ont fait mardi acte de candidature.

Le parti « traverse la plus grave crise de son histoire », a lancé Jens Spahn dans un plaidoyer en forme de règlement de comptes avec les années Merkel.

« Si nous continuons comme cela, nous risquons notre avenir en tant que grand parti », a-t-il dit. Et « je ne veux pas qu’Angela Merkel reste dans l’histoire comma la dernière chancelière CDU » en Allemagne.

Dimanche, le mouvement démocrate-chrétien a subi une déroute lors d’élections locales à Hambourg, n’arrivant qu’en troisième position avec 11,2% des voix, loin derrière les sociaux-démocrates et les Verts.

A ce trio de candidats s’ajoute un autre centriste, Norbert Röttgen, écarté il y a quelques années du gouvernement par la chancelière.

L’ouverture de ce bal des prétendants, pour prendre la succession d’Angela Merkel au plus tard fin 2021 lors des prochaines élections législatives, a été accélérée par la crise que traverse le mouvement.

La CDU enchaîne les revers électoraux et s’effrite dans les intentions de vote nationales, concurrencée d’un côté par l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et au centre par les écologistes en plein essor.

– Désorienté –

Le parti apparaît depuis des mois désorienté, sans direction et à la recherche d’une ligne cohérente à mesure que le crépuscule de l’ère Merkel entamée en 2015 se précise.

Les tiraillements internes ont atteint leur paroxysme au sujet de la question d’alliances avec l’extrême droite ou l’extrême gauche.

Les élus locaux CDU de la région de Thuringe ont d’abord opté pour la première option, avant de choisir la deuxième, provoquant une levée de boucliers car ces rapprochements brisent des tabous politiques dans l’Allemagne d’après-guerre.

L’affaire a déjà poussé l’actuelle présidente du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, à démissionner et ouvrir la course à la succession d’Angela Merkel.

L’élection du prochain président par les délégués du parti est prévue le 25 avril lors d’un congrès extraordinaire à Berlin.

Elle s’annonce comme une nouvelle confrontation fratricide, comme celle qui avait vu AKK difficilement élue fin 2018.

Contestée d’entrée et peu populaire, elle a fini par jeter l’éponge un peu plus d’un an plus tard.

Une chose est établie: le futur dirigeant du parti sera aussi son candidat à la chancellerie lors des élections législatives.

Le choix du futur président de parti « constituera un signal clair pour la candidature à la chancellerie », selon AKK. M. Merz a néanmoins rappelé qu’il faudrait se concerter sur ce point avec le parti-frère bavarois de la CSU (Union chrétienne-sociale).

Quoiqu’il arrive, la dernière année et demi de mandat d’Angela Merkel s’annonce compliquée avec ces manœuvres en coulisses qui risquent d’éclipser le travail du gouvernement. Certains l’invitent même à quitter le pouvoir plus tôt que prévu pour permettre une transition rapide.

En Syrie, vivre sous terre pour échapper à la guerre

Dans une oliveraie ensoleillée du nord-ouest syrien, Chamseddine Darra descend une volée de marches qui s’enfoncent sous terre. Fuyant l’offensive du régime, lui et sa famille n’ont eu d’autre choix que de s’installer dans une caverne.

Le trentenaire partage avec ses trois frères et leur famille cette « grotte » exiguë, creusée au milieu des champs vallonnés de la région d’Idleb, près du village de Taltouna.

Ils ont abandonné leur maison il y a deux semaines dans l’est de cette province pour échapper aux bombardements meurtriers du régime de Bachar al-Assad et de son allié russe, qui ont repris en décembre leur assaut contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie.

« On vit ici contre notre gré », lâche le Syrien à la barbe fournie.

« On n’avait pas de tentes. On est resté deux jours dans la mosquée du village, on a cherché un abri mais on n’a rien trouvé », ajoute ce père de huit enfants.

Ils habitent donc ce souterrain inoccupé, creusé par les villageois dans la roche du sol pour s’y réfugier en cas de bombardements.

Ils y vivent dans une pénombre permanente. La cave est éclairée uniquement par la lumière qui parvient de l’entrée. Au sol sont étalés un grand tapis et des matelas en mousse.

Assis en cercle, les enfants et les adultes petit-déjeunent, plongeant un morceau de pain dans les assiettes de houmous et de zaatar.

Dans un coin, leurs affaires s’entassent sous une couverture rouge. A l’extérieur, un panneau solaire permet de fournir un peu d’électricité.

« On souffre de l’humidité, les enfants sont malades, il y a aussi des insectes », regrette M. Darra, emmitouflé dans un sweat à capuche noir.

– « Pas d’autres choix » –

En raison des violences, quelque 900.000 personnes ont été déplacées depuis début décembre dans le nord-ouest syrien, selon l’ONU.

Parmi elles, 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, faute d’avoir pu trouver un logement ou une tente dans les camps de déplacés bondés.

Abou Mohamed partage avec ses proches une grotte souterraine près de Taltouna, après avoir fui son village dans l’ouest de la province voisine d’Alep.

Ils sont une quarantaine de personnes au total. Dans un coin, des bocaux de provisions s’alignent. Assises sur un tapis en jute, les femmes préparent à manger. L’une d’elles mélange des légumes en sauce tomate à des morceaux d’une sorte de mortadelle, sur un réchaud à gaz.

A leur arrivée, « la grotte était sale, il y avait des excréments d’animaux » se souvient Abou Mohamed.

« Les habitants du village nous ont prévenu qu’il y avait des scorpions et des serpents, mais on n’avait pas d’autres choix », déplore ce quadragénaire à la barbe et aux cheveux grisonnants.

Régulièrement, des correspondants de l’AFP rencontrent des civils contraints de passer la nuit dans leur voiture malgré les températures hivernales, ou installés dans des écoles, des mosquées, voire des prisons désaffectées, transformées en abri temporaire.

– « Peur de la mort » –

A Sarmada, dans le nord d’Idleb, une soixantaine de familles s’entassent dans le funérarium d’un cimetière.

Le jour, quand la météo le permet, hommes et femmes se dégourdissent les jambes dans les allées, ou s’assoient dans l’herbe avec leurs enfants, près des pierres tombales en marbre blanc.

Le vaste hall funéraire lumineux, chauffé grâce à plusieurs poêles, a été divisé en deux sections, une pour les femmes et une pour les hommes.

Les pleurs des nourrissons se mêlent au brouhaha des conversations. Ici et là, des affaires sont entassées pêle-mêle: des matelas, des tapis, des casseroles et des réserves de nourriture.

« Il y a beaucoup de familles à l’intérieur », soupire Youssra Harssouni, posée près d’une tombe avec deux petits.

Elle reconnaît que cette proximité avec la mort suscite des frayeurs.

Une nuit, un enfant s’est mis à hurler et les gens ont pensé qu’il était habité par un esprit, raconte-t-elle.

« Le cheikh est venu lire le Coran à deux reprises », poursuit la grand-mère, enveloppée dans des voiles noirs qui ne dévoilent que son visage et ses mains.

Elle s’est toutefois résignée à cette cohabitation.

Ayant fui les bombardements sur la ville d’Ariha avec sa belle-fille et ses petits-enfants, elle vit ici depuis une dizaine de jours.

« Bien sûr, au milieu des tombes, il y a la peur de la mort », admet-elle. « Mais bon, entre la peste et le choléra… », confie-t-elle, fataliste.

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Virus: Rome reconnaît un dysfonctionnement, des ministres européens à Rome

Le Premier ministre Giuseppe Conte a reconnu un dysfonctionnement dans un hôpital local ayant favorisé la propagation du nouveau coronavirus en Italie, qui accueille mardi une réunion des ministres de la Santé des pays voisins pour adopter des règles communes.

M. Conte a ainsi mis en cause la gestion « pas complètement appropriée » d' »un hôpital » pour expliquer une diffusion spectaculaire depuis vendredi du virus en Italie, le pays européen le plus touché avec 229 cas dont sept décès, et le troisième au monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Désormais nous le savons, il y a eu une gestion au niveau d’une structure hospitalière pas complètement appropriée selon les protocoles de précaution recommandés dans de tels cas et cela a certainement contribué à la diffusion », a-t-il déploré sur chaîne publique Rai Uno.

Le principal foyer de l’épidémie a été identifié à Codogno, près de Lodi, à 60 km au sud de Milan. C’est dans cette localité de 15.000 habitants qu’avait été d’abord hospitalisé, mercredi dernier, Mattia, un cadre de 38 ans.

Il est considéré comme le « patient 1 », d’où découle une grande quantité de cas recensés en Lombardie (nord-ouest), la région la plus touchée par le virus avec 172 cas détectés sur un total de 229.

Selon les médias, outre sa femme enceinte de 8 mois et d’autres proches, plusieurs des médecins qui l’ont examiné ont été infectés, ainsi que des infirmiers, des aides-soignants puis des patients et leur entourage.

Puisque la Santé en Italie est de la compétence des régions, le chef du gouvernement a aussi décidé de réunir mardi matin tous les présidents régionaux en vue de mieux se coordonner et d’éviter « des initiatives autonomes ».

Parallèlement, les ministres de la Santé de la France, la Suisse, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, frontaliers de l’Italie ainsi que l’Allemagne et l’Union européenne se réuniront dans l’après-midi à Rome pour tenter de définir des « lignes d’action communes » face à l’épidémie, alors que les pays européens ont jusqu’ici réagi en ordre dispersé. Une équipe de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) est également arrivée sur place.

La France a ainsi édicté une série de recommandations pour les personnes revenant des deux régions italiennes les plus touchées par le nouveau coronavirus, la Lombardie et la Vénétie, en leur demandant notamment d’éviter « toute sortie non indispensable ». Ces recommandations gouvernementales portent sur les 14 jours suivant le retour (durée jugée suffisante pour couvrir la période d’incubation du virus).

L’épidémie de coronavirus « est à nos portes », a averti mardi le ministre français de la Santé Olivier Véran avant son départ pour Rome. « On ne ferme pas les frontières car ça n’aurait pas de sens », a-t-il ajouté.

– « Mission impossible » –

Londres a aussi demandé à ses ressortissants revenant de ces zones de rester isolés chez eux, d’éviter tout contact avec d’autres personnes et de se faire connaître auprès des services de santé.

La réunion à Rome devrait débuter à 16H00 locales (15H00 GMT).

Malgré la soudaine flambée depuis vendredi des cas, passés de 6 à près de 230 en quatre jours, le nombre de cas de contamination s’est stabilisé lundi en Italie. Un cordon sanitaire a été mis en place autour de onze communes du Nord comptant 52.000 habitants. Les lieux publics y sont fermés, sauf les supermarchés et les pharmacies de garde.

Les régions les plus touchées sont la Lombardie, voisine de la Suisse, et la Vénétie, frontalière de la Slovénie. Mais sont également concernés: le Piémont, qui jouxte la France, et le Trentin-Haut-Adige, qui est frontalier de l’Autriche.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule, tout comme les activités liées aux activités Erasmus (programme d’échanges d’étudiants européens).

La progression du coronavirus a aussi conduit plusieurs fédérations sportives italiennes à bouleverser leur programmation. Des matches de la Ligue Europa et du championnat d’Italie se tiendront ainsi à huis clos.

Un cinéma italien sur deux est fermé et la production du prochain volet « Mission Impossible », avec l’acteur américain Tom Cruise en vedette, a été interrompue en Italie, où étaient notamment prévues trois semaines de tournage à Venise.

A Zorlesco, en zone rouge italienne, la vie au temps du coronavirus

L’enterrement de la vieille dame s’est déroulé en cinq minutes. Juste le temps pour le curé de dire une bénédiction, en présence d’une seule parente et de deux croque-morts. Zorlesco, village tranquille du nord de l’Italie, se plie désormais aux règles de la vie en « zone rouge ».

Don Nunzio Rosi, le curé de ce petit bourg de 1.700 âmes, dont la vie s’organise traditionnellement autour de l’église, du bar-tabac et de l’épicerie, vient, quarantaine oblige, témoigner à la sortie du village.

Zorlesco est situé en pleine « zone rouge », à côté de Codogno, un des foyers d’infection du coronavirus dans le nord de l’Italie, pays le plus touché par l’épidémie en Europe, avec sept morts depuis vendredi. Les carabiniers empêchent toute sortie et préviennent ceux qui veulent pénétrer dans le village: « vous entrez, vous ne sortez plus ».

Affable, souriant, le curé, bible sous le bras, revient de l’enterrement de sa paroissienne, « morte de vieillesse, pas du coronavirus », souligne-t-il à l’AFP. Aucun malade n’a encore été recensé à Zorlesco, mais le bourg a basculé depuis dimanche dans une autre dimension.

« Dans notre petit village, tout a changé depuis trois jours. Il y a une atmosphère quasi irréelle. Aucun d’entre nous ne pensait se retrouver un jour dans la situation de ces villes en Chine. On les voyait à la télévision et on se disait: les pauvres, obligés de rester confinés à la maison… »

Aujourd’hui, les habitants de Zorlesco ne peuvent plus sortir, les magasins, les commerces, sont fermés. « Même l’église ! », s’étonne presque Don Nunzio. En zone rouge, interdiction de célébrer la messe en présence des paroissiens. Le curé officie seul, portes closes.

Dans cette région très pratiquante, il laisse cependant son église ouverte quelques heures le matin pour que les fidèles, un à un, puissent venir faire « une petite prière ». Il envoie également à ses paroissiens des messages de réconfort et des extraits de l’Evangile sur messagerie whatsapp.

– Chaîne de solidarité –

Après la déclaration de la mise en quarantaine de onze communes du nord de l’Italie dimanche, il y a bien eu un « mouvement de panique », et ses paroissiens ont « pris d’assaut les supermarchés de Codogno », qui jouxte le village, reconnaît Don Nunzio.

Mais « à quelque chose malheur est bon. Nous tirons tous des leçons de cette situation, les gens vont de l’avant et font preuve de bonne volonté jusqu’à présent », assure le curé.

« D’habitude, on est stressés par le boulot, on court toujours. Là, par la force des choses, les familles se retrouvent et passent du temps ensemble. On se salue, on prend des nouvelles, une chaîne de solidarité se met en place », s’enthousiasme-t-il, soulignant que les villageois ne restent pas confinés chez eux.

Comme pour lui donner raison, une jeune femme, non masquée, passe d’un pas vif sur le trottoir et lance: « que c’est bon de se promener! ».

« On va s’en sortir, on va s’en sortir », opine un vieux monsieur, Luigi Malabarba, dont la maison est située juste à la sortie du village.

– Au bord de la crise de nerfs –

Tout le monde ne partage pourtant pas cette vision optimiste en Lombardie, et le coronavirus fait aussi des dégâts dans les têtes.

« C’est dingue. On ne parle que de ça. QUE DE CA », s’exclame Lorenzo, un banquier de la province (département) de Brescia, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

« Il y a des théories conspirationnistes, même chez les gens les plus cultivés, on entend certains dire « c’est à cause des Chinois », d’autres assurer que si Matteo Salvini (le chef de l’extrême-droite italienne, ndlr) avait été là on n’aurait pas eu cette crise », raconte-t-il. « Les extrémistes ont un boulevard, et l’économie s’effondre », s’inquiète le banquier.

Les supermarchés pris d’assaut, les fake news qui s’emballent, de faux volontaires de la Croix rouge proposant des tests aux habitants placés en quarantaine… « Nous sommes un pays au bord de la crise de nerfs », déplore-t-il.

Egypte: l’ex-président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, contraint à la démission après le soulèvement populaire de 2011, est mort mardi à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’AFP son beau-frère le général Mounir Thabet.

La famille se trouvait toujours à l’hôpital mardi en milieu de journée, a ajouté le général en précisant que la présidence égyptienne se chargerait d’organiser les funérailles de Moubarak, qui a dirigé l’Egypte pendant trois décennies.

Le 24 janvier, son fils, Alaa Moubarak avait indiqué sur Twitter que son père avait subi « une opération chirurgicale et (…) qu’il se portait bien, grâce à Dieu ».

Depuis sa destitution, la santé fragile de M. Moubarak a été l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Ce dernier a régulièrement été hospitalisé et admis en soins intensifs, depuis qu’il a quitté le pouvoir.

La nouvelle de son décès a été confirmée et relayée par la télévision égyptienne et les grands titres de la presse locale, tels que le journal al-Ahram.

Parmi les premières réactions, la présidence actuelle a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de l’ancien autocrate, présenté comme l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDRL: contre Israël) », durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

A l’autre bout du spectre politique, Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a également présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Gaza: retour au calme après des affrontements entre Israël et le Jihad islamique

Le calme est revenu mardi dans la bande de Gaza et dans le sud israélien après deux jours d’affrontements entre Israël et le groupe palestinien armé Jihad islamique, qui ont fait craindre une escalade militaire à l’approche des élections israéliennes.

Environ 80 roquettes ont été tirées dimanche et lundi par le Jihad islamique depuis l’enclave palestinienne, selon Israël qui a bombardé des cibles du mouvement islamiste à Gaza, mais aussi près de Damas, en Syrie.

Mardi matin, les autorités israéliennes ont annoncé la réouverture de plusieurs routes dans le sud d’Israël fermées lundi et la reprise du trafic ferroviaire entre les villes d’Ashkelon et Sdérot, proches de l’enclave palestinienne.

L’armée israélienne n’a fait état d’aucun tir de roquettes depuis la bande de Gaza. Et des journalistes de l’AFP dans cette enclave n’ont pas rapporté de frappe israélienne.

Quelque 65.000 élèves ont toutefois été sommés de rester à la maison pour la deuxième journée consécutive dans des villes israéliennes jouxtant le territoire palestinien.

Selon des responsables, le point de passage d’Erez, entre Israël et la bande de Gaza, doit rouvrir mais uniquement pour permettre la sortie des étrangers et des personnes nécessitant des soins médicaux.

Les autorités israéliennes avaient décrété lundi sa fermeture, et celle du point de passage de Kerem Shalom pour les marchandises, et annoncé la fermeture totale de la zone maritime de la bande de Gaza, empêchant ainsi les pêcheurs de sortir en mer.

Dirigée par le Hamas, autre mouvement islamiste palestinien, la bande de Gaza a connu trois guerres avec l’Etat hébreu en 11 ans et est soumise à un strict blocus terrestre, aérien et maritime israélien depuis 2007.

– Pause électorale –

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival Benny Gantz, ancien chef de l’armée qui avait d’ailleurs dirigé les forces israéliennes lors de la dernière guerre de Gaza en 2014, avaient annulé lundi soir des meetings électoraux en raison de la nouvelle flambée de violences.

Dans la dernière ligne droite de leur campagne pour les élections législatives du 2 mars, qui s’annoncent serrées selon les dernières projections, les deux candidats s’étaient toutefois rendus dans le sud du pays.

Si le Jihad islamique et le Hamas « ne cessent pas les frappes complètement -et je ne parle pas d’un jour ou deux, mais définitivement- nous devrons aller de l’avant avec une campagne (militaire) d’envergure », a prévenu lundi M. Netanyahu.

« Cette réalité ne peut continuer. Netanyahu, tu as échoué ! », a lancé Benny Gantz dans la ville de Sdérot, localité située à la lisière de Gaza, où la population a dû se cacher dans des abris en raison du barrage de roquettes du Jihad islamique.

Prônant la ligne dure, Benny Gantz a appelé au « retour des assassinats ciblés » contre les leaders des mouvements armés de Gaza et à des frappes « non conventionnelles » pour les affaiblir.

Après le retour au calme, le Hamas, qui observe depuis mai un accord de trêve avec Israël contrairement au Jihad islamique, a salué la « capacité de la résistance (palestinienne) à imposer ses règles » à l’armée israélienne.

« Le temps où les occupants utilisaient le sang de notre peuple pour leur campagne électorale est révolu », a déclaré un porte-parole du Hamas.

Deux images fortes restent de ces 36 heures d’affrontements qui ont fait craindre une véritable escalade des violences: un parc pour enfants de la ville israélienne de Sdérot abîmé par une roquette et un bulldozer israélien récupérant le corps inerte d’un combattant du Jihad islamique à Gaza.

A Abidjan, le « dernier horloger public » refuse de prendre sa retraite

« Docteur en montres! », peut-on lire sur un étal. A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, le métier d’horloger public, autrefois florissant, est menacé de disparition sous l’effet conjugué des nouvelles technologies et de l’absence de relève.

Assis sous un parasol, dans une rue de Treichville, un quartier populaire d’Abidjan, Séraphin Kouassi Kouadio, 68 ans dont un demi-siècle à réparer les montres, se déclare « dernier horloger public » d’Abidjan.

Penché en avant sur une table, il scrute à l’aide d’une loupe les montres en panne qu’apportent pour réparation une dizaine de clients par jour – il peut ainsi gagner de 30 à 50 euros par jour. Et refuse de partir en retraite, en l’absence d’une relève « assurée et rassurante ».

« Je suis issu de la première promotion de l’Ecole d’horlogerie suisse d’Abidjan créée en 1968 », raconte le presque septuagénaire, vantant les moments de gloire de la montre-bracelet au poignet qui ont favorisé l’essor du métier de réparateur de rue.

« Nous étions des centaines et des milliers installés à tous les coins de rues des quartiers d’Abidjan, la mégalopole de quatre millions d’habitants à l’époque, pour apporter assistance aux personnes dont les montres présentaient des défaillances: pile hors service, remontoir bloqué… », se souvient-il avec beaucoup de regrets.

« Aujourd’hui, de ma génération, il ne reste presque personne, le métier a presque disparu », déplore-t-il.

– Téléphones portables et montres asiatiques –

Ces ateliers de réparation à ciel ouvert se transformaient également en points de ralliement pour discuter football, jouer aux dames ou parler de politique, à une période où la libre expression était contrôlée par le régime de parti unique (1960-1990).

L’avènement du téléphone portable, devenu un compagnon quotidien qui donne l’heure, a accéléré l’agonie des réparateurs de montres.

« Comme un malheur n’arrive jamais seul, la présence sur le marché de montres +made in China ou Indonesia+, aux qualités douteuses, et à des prix très abordables, a largement contribué à la mise à mort du métier », explique le sociologue Roger Manet.

« Les Ivoiriens réparent de moins en moins leurs montres », témoigne-t-il.

« Aujourd’hui (…) quand une montre tombe en panne, on la met au rebut et on préfère s’acheter une nouvelle », renchérit Hermann Konan, comptable de profession, venu déposer sa montre pour une révision.

L’absence d’écoles spécialisées après la fermeture, il y a plusieurs années, de la célèbre Ecole d’horlogerie suisse d’Abidjan, n’a pas permis d’assurer la relève.

– Les « bricoleurs » –

Conséquences: les réparateurs expérimentés et vieillissants, se faisant rares sur le marché, ont été submergés par des amateurs ayant appris sur le tas et dont le travail approximatif est largement critiqué.

A Abidjan cette nouvelle génération de réparateurs est raillée sous le sobriquet de « bricoleurs », sans niveau d’études ni expérience.

« Il n’y a plus de réparateurs d’expérience pour des montres de valeur. J’ai perdu trois montres à cause des bricoleurs », s’insurge Maude Phares, 20 ans, étudiant, une grosse montre au poignet.

Toutefois, comme pour Maude Phares, cette situation n’a pas entamé l’amour des « Botro » (montre de valeur en langue nouchi, l’argot abidjanais) au sein de la jeunesse ivoirienne.

Mis en avant par le « Zighéhi », un mouvement musical qui a précédé le très en vogue coupé-décalé, porter un « Botro » est synonyme de « classe », « d’élégance » et de « tendance ».

« Si le Botro est défaillant on change le moteur. La plupart des Botros sont fabriqués de telle sorte qu’on ne peut les démonter » explique un jeune réparateur de 22 ans, l’un des amateurs critiqués pour leur manque d’expertise.

La seule alternative possible pour remédier à la situation et promouvoir le savoir-faire des derniers horlogers publics d’Abidjan serait d’assurer la relève en créant une école de formation.

Le « dernier horloger public d’Abidjan », « Docteur en montres », comme il est surnommé affectueusement, ne désespère pas.

« Tant qu’il aura des montres, le métier ne va pas disparaître » complètement, veut-il se rassurer, se disant prêt et « encore d’attaque » pour former des jeunes, pourvu qu’il bénéficie d’un appui des autorités publiques.

Décès du dernier maréchal soviétique, figure du putsch anti-Gorbatchev

Le dernier maréchal de l’Union soviétique, Dmitri Iazov, impliqué dans le putsch contre Mikhaïl Gorbatchev et la répression du mouvement indépendantiste en Lituanie en 1991, est décédé mardi à 95 ans, selon les agences russes.

« Le 25 février, le maréchal de l’URSS Dmitri Timofeïevitch Iazov est décédé à Moscou après une longue maladie », ont indiqué les agences, citant un communiqué du ministère russe de la Défense.

Ministre de la Défense de l’URSS entre 1987 et 1991, il a participé au putsch manqué contre le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev en août 1991, un an après s’être vu attribuer le grade de maréchal. Une tentative de coup d’Etat de communistes conservateurs, opposés à ses réformes de l’Union soviétique.

Les putschistes avaient alors assuré que M. Gorbatchev était « incapable d’assumer ses fonctions pour raisons de santé ». Ils avaient proclamé l’état d’urgence pour six mois, le rétablissement de la censure et avaient fait entrer les chars dans Moscou.

Le coup a échoué et les putschistes ont été arrêtés trois jours plus tard, mais ces événements ont scellé le sort de l’Union soviétique, affaiblie par les indépendantistes dans les républiques et qui sera finalement dissoute en décembre 1991.

Arrêté avec les autres putschistes, Dmitri Iazov sera libéré de prison en 1993 et amnistié en 1994.

Après son décès, il ne reste qu’un seul putschiste encore en vie, Oleg Baklanov, qui était vice-président du Conseil de défense auprès du président soviétique au moment du putsch.

En 2019, Dmitri Iazov a par ailleurs été condamné à dix ans de prison par contumace par la justice lituanienne pour avoir participé à la répression en janvier 1991 du mouvement indépendantiste en Lituanie, alors république soviétique, qui avait fait 14 morts et plus de 700 blessés.

En tant que ministre de la Défense, il a aussi été au coeur d’une répression sanglante de janvier 1990 en Azerbaïdjan, Janvier Noir, qui a fait de nombreux morts civils.

Mais en Russie, il est resté une figure révéré. Le 4 février dernier, il recevait encore une décoration « pour services rendus à la patrie » en raison de son engagement en faveur des vétérans des mains du puissant ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

Il a aussi été décoré par le président Vladimir Poutine, qui lui a remis l’ordre de l’Honneur en 2004 et l’ordre Alexandre Nevski en 2014.

Moscou a aussi dénoncé sa condamnation en Lituanie.

Primaires démocrates: Sanders en pole position, Biden sous pression

Les candidats à la primaire démocrate se retrouvent pour un nouveau débat mardi en Caroline du Sud, quatre jours avant un vote crucial qui offrira à Joe Biden une dernière chance de revenir dans la course et d’enrayer la dynamique victorieuse de Bernie Sanders.

M. Sanders est jusqu’ici le grand vainqueur de ces primaires, après avoir obtenu samedi 46,8% des suffrages dans le Nevada, loin devant l’ancien vice-président américain.

Mais son avance illustre la fracture au sein du parti, entre les partisans du sénateur « socialiste » autoproclamé et les tenants d’un discours jugé plus rassembleur destiné à l’électorat conservateur.

A Charleston, il affrontera six candidats lors de ce dixième rendez-vous avec les téléspectateurs (20H00 locales, 01H00 GMT mercredi): Joe Biden, Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Tom Steyer et Elizabeth Warren.

A 78 ans, M. Sanders sera dans le viseur de ses adversaires modérés –Biden, Bloomberg, Buttigieg, Klobuchar– qui devraient de nouveau l’attaquer sur son programme trop radical à leurs yeux, le financement jugé flou d’une assurance santé universelle, ou sur ses récents commentaires sur Fidel Castro.

Dimanche, il a notamment salué le « programme massif d’alphabétisation » lancé par le père de la révolution cubaine, tout en assurant condamner « la nature autoritaire du régime ».

Joe Biden a condamné une « admiration » pour des éléments de la dictature de Castro. Michael Bloomberg a rappelé le « sombre héritage » laissé par le dictateur.

Mais l’élu du Vermont, qui bénéficie d’une armée de militants fidèles, s’est révélé un tribun hors pair depuis le début de la campagne.

« Les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », a-t-il ainsi affirmé dimanche sur CBS.

Joe Biden joue gros lors de ce débat. L’ex-bras droit de Barack Obama espère faire un bon score en Caroline du Sud, cet Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate.

Après deux piteux scores dans l’Iowa et le New Hampshire, l’ancien vice-président âgé de 77 ans a relevé la tête dans le Nevada. Mais il a déçu lors des précédents débats où il s’est présenté comme le seul capable de battre Donald Trump en novembre.

– L’inconnue Steyer –

Son avance de près de quinze points dans les sondages en Caroline du Sud a fondu en quelques semaines et il se retrouve talonné par Bernie Sanders.

« Si vous gagnez la Caroline du Sud de manière décisive, vous préparez le +Super Tuesday+ et vous devenez le grand favori », a pronostiqué dimanche l’influent élu noir Jim Clyburn en référence aux scrutins organisés dans quatorze Etats le 3 mars.

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, qui s’est illustré lors des récents débats, s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote, selon une moyenne réalisée par le site RealClearPolitics.

Derrière, l’ancien maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg ainsi que les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar sont à la traîne.

M. Buttigieg, 38 ans, est le premier homosexuel à avoir une chance de décrocher l’investiture après de bons scores aux deux premiers scrutins. Mais il manque de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale à la mairie et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle.

Après une première apparition ratée la semaine dernière, le milliardaire Michael Bloomberg retrouve l’estrade même s’il ne participe pas au vote samedi.

Troisième des sondages nationaux, l’ancien maire de New York, âgé de 78 ans, entrera dans la course lors du « Super Tuesday » après avoir puisé plus que n’importe quel autre candidat à une présidentielle américaine dans sa fortune personnelle pour faire campagne.

M. Bloomberg a déjà mis en garde contre une éventuelle investiture de M. Sanders, une « erreur fatale » qui fera selon lui réélire Donald Trump.

Depuis l’Inde où il est en visite officielle, le président américain s’est aussi invité dans le débat, en assurant lundi que les démocrates ne « laisseront pas gagner » Bernie Sanders.

Coronavirus: la pandémie menace, les marchés s’affolent

L’épidémie de pneumonie virale a atteint un « plateau » en Chine mais le monde reste menacé de pandémie, a averti l’OMS, alimentant mardi une nouvelle journée de panique sur les marchés financiers.

Avec cinq nouveaux pays touchés et une brusque hausse des bilans en Iran, en Corée du Sud et en Italie, la journée de lundi a été rude pour les Bourses mondiales, Wall Street essuyant sa plus forte chute depuis plus de deux ans.

Alors que plus de 2.000 cas de contamination, dont plus de 30 mortels, ont désormais été enregistrés hors de Chine, la journée de mardi ne s’annonce pas meilleure, Tokyo ayant déjà perdu 3,3% sur la séance.

En Chine, où le nouveau coronavirus est apparu en décembre sur un marché de Wuhan (centre), le bilan humain de mardi s’avérait cependant moins dramatique. Le pays a enregistré 71 nouveaux décès au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines.

Le nombre quotidien de nouvelles contaminations est en revanche reparti à la hausse à 508 contre 409 la veille, même s’il reste très inférieur aux chiffres enregistrés il y a encore une semaine.

– Retour des voitures –

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la situation en Chine est globalement en voie d’amélioration.

Selon l’agence spécialisée de l’ONU, l’épidémie a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan et ses 11 millions d’habitants.

Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, n’en a pas moins averti que le monde restait menacé de pandémie, à savoir une épidémie d’ampleur internationale.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a-t-il déclaré lundi à Genève.

En dehors de la région de Wuhan, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal en Chine, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait.

Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d’un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l’épidémie n’aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l’Education.

– Reflux en Corée –

Ailleurs dans le monde, l’OMS juge « très préoccupante » l’augmentation soudaine de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

Après un pic de 231 nouvelles contaminations annoncées lundi, la Corée du Sud a connu un reflux, avec 60 nouveaux cas répertoriés mardi. Deuxième foyer mondial derrière la Chine, la Corée du Sud compte désormais 893 patients contaminés, dont huit mortellement.

Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils pourraient « réduire » un exercice militaire prévu au printemps avec l’armée sud-coréenne. Quelque 37.000 soldats américains sont stationnés dans ce pays.

Le Japon, qui a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot contaminé Diamond Princess, a décidé de reporter sept matches de football qui devaient se jouer mercredi.

– « Mission impossible » suspendue –

En Europe, l’Italie, qui compte désormais sept morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de communes du Nord.

Le tournage prévu à Venise du prochain volet de « Mission Impossible », avec Tom Cruise en vedette, a été suspendu.

Rome organise mardi après-midi une réunion des ministres de la Santé de pays voisins (France, Suisse, Autriche, Slovénie, Croatie, Allemagne ainsi que l’UE) afin de déterminer « des lignes d’action communes » face à l’épidémie.

La Commission européenne a fait savoir qu’elle ne souhaite pas dans l’immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières à l’intérieur de l’UE.

– L’OMS en Iran –

En Iran, une équipe d’experts de l’OMS est attendue dans la journée, au lendemain de l’annonce d’un bilan de 12 morts, le plus lourd en dehors de la Chine.

Inquiets de la contagion, l’Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan, l’Irak et l’Afghanistan ont fermé leur frontière ou restreint les échanges avec l’Iran.

Cinq pays de la région ont annoncé lundi de premiers cas de contamination: Afghanistan, Bahrein, Koweit, Irak et Oman.

Aux Etats-Unis, l’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) à la lutte contre la maladie. Jusqu’à présent, 53 cas de coronavirus ont été recensés dans ce pays, parmi lesquelles 39 personnes rapatriées de Chine et du Diamond Princess.

burs-bar/lch

Une ex-journaliste au coeur de la joute pour le vote éthiopien en Israël

« Egalité! » clame Pnina Tamano-Shata, première femme née en Ethiopie à siéger au Parlement israélien et qui hérite d’une mission de taille pour les élections: rallier les voix d’une minorité « discriminée » pour chasser du pouvoir le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Après deux duels au coude-à-coude lors des précédentes élections, Benjamin Netanyahu, chef du Likoud (droite), et son rival Benny Gantz, à la tête de la formation « Bleu-Blanc » (centre), misent sur des minorités pour gagner le « vote de plus » pouvant les départager lors du scrutin du 2 mars.

Et cette campagne de séduction bat son plein chez les quelque 140.000 Israéliens d’origine éthiopienne, dont 50.000 sont nés en Israël.

Collier de perles et veston beige, Mme Tamano-Shata, ex-journaliste de la première chaîne israélienne et aujourd’hui élue du parti « Bleu-Blanc », fait son entrée dans un petit café de Hadera, ville au nord de la métropole de Tel-Aviv où vivent des milliers d’Israéliens d’origine éthiopienne.

Non loin, au pied d’un immeuble défraîchi d’un quartier populaire, des habitants observent nerveusement la ronde d’une voiture de police. La mort, en juin 2019, de Solomon Teka, un Israélien d’origine éthiopienne de 19 ans, tué par un policier qui n’était pas en service, a suscité la colère au sein de la communauté.

– Du Likoud à « Bleu-Blanc » –

« Il y a plus d’Ethiopiens en prison, plus de brutalité policière, plus de pauvreté et un taux de suicide élevé » dans la communauté éthiopienne, tonne Mme Tamano-Shata, le poing serré, pour qui mettre fin aux « discriminations » est une priorité nationale.

« Ma génération a hérité de la responsabilité de se battre sans relâche pour être acceptée par la société israélienne et pour affirmer que nous ne sommes pas différents, que nous sommes égaux », déclare à l’AFP l’élue de 38 ans, arrivée en Israël à l’âge de trois ans.

A l’époque, au début des années 1980, la famine sévit en Ethiopie. Sur les chaînes de télévision occidentales, le groupe Band Aid et des tubes comme « We are the world » inondent les écrans pour venir en aide aux enfants d’Ethiopie.

Avec sa mère enceinte, son père et ses soeurs, Pnina Tamano-Shata migre vers un camp au Soudan voisin, d’où des milliers de juifs éthiopiens seront ensuite, comme elle, secrètement exfiltrés vers Israël dans le cadre de « l’opération Moïse » (1984-1985).

« Depuis des générations, nous rêvions de Jérusalem. Je suis née dans un petit village sans électricité, et ma famille a compris que le temps était venu » de se rendre en Israël, explique-t-elle, énumérant la traversée du désert, la famine et l’insalubrité des camps soudanais.

Mais une fois en Israël, les difficultés continuent, déplore Avi Yossef, un juif éthiopien de 35 ans, né dans un camp de réfugiés au Soudan.

« Avant que les gens te connaissent, ils voient ta couleur (de peau) », dit-il. « Tu as toujours besoin de prouver qui tu es, même si tu parles parfaitement hébreu, que tu es juif et que tu as grandi ici ».

« Habituellement, on vote pour le Likoud puisque c’est le parti qui a ramené les Ethiopiens en Israël. Mais aux dernières élections, on a voté pour le parti ‘Bleu-Blanc’, où il y avait deux représentants de la communauté », poursuit-il.

– « Présidente d’Israël » –

Ces dernières semaines, le Likoud a coopté un ancien député « Bleu-Blanc » d’origine éthiopienne Gadi Yevarkan, en lui assurant un siège au Parlement et le gouvernement a autorisé le « rapatriement » de 400 Ethiopiens.

« Bibi (surnom du Premier ministre), les immigrants éthiopiens ne sont pas à vendre, hormis peut-être un », a répliqué une campagne du parti Bleu-Blanc en référence à M. Yevarkan.

La communauté éthiopienne qui vote traditionnellement pour le Likoud se sent « trahie » par « l’inaction » du gouvernement en matière d’égalité des chances, d’où le report récent de voix vers « Bleu-Blanc », explique Alon Burstein, chercheur ayant travaillé sur la politisation des Ethiopiens en Israël.

Selon lui, le vote de cette communauté pourrait être déterminant dans l’élection qui s’annonce une nouvelle fois serrée.

Le Likoud et le parti « Bleu-Blanc » doivent chacun « aller chercher deux sièges de plus », soit l’équivalent d’un peu moins de 2% des voix, pour s’imposer, dit-il.

Un siège au Parlement représentant environ 40.000 voix, les 80.000 électeurs d’origine éthiopienne pourraient ainsi faire pencher la balance et permettre la formation d’une coalition gouvernementale.

Pnina Tamano-Shata, elle, rêve de devenir ministre dans le prochain gouvernement et, un jour même, « présidente d’Israël ».

Arménie: l’ex-président Sarkissian devant la justice pour corruption

Le procès de l’ancien président arménien Serge Sarkissian, accusé de détournements de fonds publics, doit débuter mardi dans la capitale arménienne, près de deux ans après un soulèvement populaire qui l’avait chassé du pouvoir.

Agé de 65 ans, Serge Sarkissian a été inculpé en décembre et il lui est interdit de quitter le territoire de cette ancienne république soviétique du Caucase. En cas de condamnation, il risque jusqu’à huit ans de prison.

Selon les procureurs, l’ex-dirigeant a participé à l’élaboration d’un mécanisme dans lequel une entreprise privée a vendu du carburant à un prix bien supérieur au marché à un programme d’aide agricole du gouvernement arménien.

Les bénéfices de cette combine, près de 489 millions de drams (946 millions d’euros au taux actuel), ont été reversés à de hauts fonctionnaires et hommes d’affaires impliqués, affirment les procureurs.

Alors que l’accusation n’a fourni aucun élément prouvant que Serge Sarkissian ait touché directement une partie de cet argent, ce dernier, et son parti politique, ont dénoncé une affaire « fabriquée visant à faire taire l’opposition » et mettant en danger la démocratie.

L’enquête visant M. Sarkissian — qui faisait profil bas depuis sa démission en 2018 — l’a remis sur le devant de la scène et sous les critiques du Premier ministre, Nikol Pachinian, qui lui a succédé.

Né dans la région séparatiste du Haut-Karabagh, toujours en guerre contre l’Azerbaïdjan voisin, Serge Sarkissian a occupé diverses hautes fonctions de l’Etat avant de devenir président entre 2008 et 2018.

– Révolte populaire –

En avril 2018, sa tentative d’accéder au poste de Premier ministre, dont les pouvoirs venaient d’être renforcés, s’est heurtée à un important mouvement d’opposition qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Cette tentative de M. Sarkissian, qui arrivait au terme de son deuxième mandat présidentiels, a cristallisé la frustration de la population de ce pays pauvre de près de 3 millions d’habitants, à l’économie fragile, où la corruption gangrène de nombreux secteurs.

Après plusieurs semaines d’une mobilisation pacifique menée par Nikol Pachinian, alors député, le mouvement a poussé au départ M. Sarkissian, dont la démission a été célébrée par des milliers de personnes en liesse dans les rues d’Erevan.

Depuis, Nikol Pachinian a été élu Premier ministre et mène une croisade contre la corruption.

Après avoir commencé sa carrière au Parti communiste, Serge Sarkissian s’est fait connaître en rejoignant, à la fin des années 1980, les séparatistes arméniens combattant contre l’armée azerbaïdjanaise dans le Haut-Karabagh.

Ce conflit, non résolu, a fait plus de 30.000 morts. Le long du front, les échanges de tir meurtriers sont encore fréquents.

En 2008, l’élection de M. Sarkissian a été suivie d’échauffourées entre la police et des militants d’opposition dénonçant un vote truqué. Ces affrontements, parmi les pires de l’histoire récente arménienne, ont fait dix morts, dont deux policiers.

Pendant ses deux mandats, Serge Sarkissian a joué un jeu d’équilibriste entre l’Occident et Moscou, l’ancienne capitale du temps de l’URSS.

En 2013, après une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, il a finalement refusé de signer un accord d’association avec l’Union européenne, pourtant négocié de longue date, et a opté pour un ralliement à l’Union économique eurasiatique soutenue par le Kremlin.

Au début de son premier mandat, Serge Sarkissian a également tenté, en vain, de normaliser les relations entre Erevan et la Turquie, mises à mal par la question du génocide des Arméniens par les Ottomans lors de la Première guerre mondiale.

Un autre ex-président arménien, Robert Kotcharian, fait également face à des poursuites criminelles. Il est soupçonné d’avoir truqué l’élection de 2008 en faveur de son successeur, Serge Sarkissian.

Harvey Weinstein ou la chute d’un producteur de cinéma visionnaire

Il était un producteur de cinéma visionnaire, faiseur d’Oscars, donateur du parti démocrate. Sa condamnation lundi pour agressions sexuelles, qui lui fait risquer jusqu’à 29 ans de prison, confirme la descente aux enfers d’Harvey Weinstein, considéré comme l’incarnation du prédateur sexuel par le mouvement #MeToo.

L’accession au gotha d’Hollywood de ce fils d’un diamantaire new-yorkais avait pris des années, il devint paria en quelques jours. En octobre 2017, le New York Times et le New Yorker publient les témoignages de femmes, actrices ou mannequins pour la plupart, accusant le producteur de les avoir agressées sexuellement, puis de les avoir parfois payées pour se taire.

Trois semaines après, plus de 80 femmes, dont des célébrités comme Ashley Judd, Angelina Jolie, Salma Hayek ou Léa Seydoux, l’avaient accusé de harcèlement ou d’agressions allant du baiser forcé au viol, à New York, Los Angeles, Cannes, Paris, Londres ou Toronto, sur plus de trois décennies.

Harvey Weinstein, 67 ans, marié deux fois et père de cinq enfants, a eu beau maintenir que ses relations étaient toutes consenties, le #MeToo était né: ce mouvement a dénoncé les abus sexuels présumés de centaines d’hommes de pouvoir.

Celui qui était la coqueluche des festivals du 7e art est banni de l’Académie du cinéma qui remet les Oscars. Les plaintes contre lui au civil se multiplient.

Le 25 mai 2018, il est inculpé à New York, mais pour deux agressions seulement, une en 2006 et l’autre en 2013. Les images du producteur menotté font le tour du monde.

En liberté surveillée jusqu’à son procès, il fait profil bas pendant des mois.

Peu avant le début du procès en janvier, il donne une rare interview, qui suscitera un tollé.

« J’ai fait plus de films réalisés par des femmes et sur des femmes que n’importe quel producteur (…) J’étais le premier! J’étais le pionnier! », déclarait-il au New York Post.

Lorsque six femmes commencent à témoigner contre lui fin janvier, il semble confiant, assis aux côtés de ses avocats.

Au fil des audiences, il lâche parfois quelques mots ou quelques sourires narquois aux journalistes. Après d’ultimes hésitations, il ne témoignera néanmoins pas, pour ne pas risquer de s’incriminer.

Lundi, après avoir été déclaré coupable d’agression sexuelle et de viol — mais exonéré d’accusations plus graves qui auraient pu lui valoir la perpétuité –, M. Weinstein, qui a paru physiquement affaibli pendant le procès, se déplaçant souvent avec un déambulateur, n’a montré aucune émotion.

Les huissiers l’ont emmené après le prononcé du verdict, et il n’a fait aucune déclaration. Son avocate Donna Rotunno, habituée aux déclarations controversées, a assuré qu’il avait pris le verdict « comme un homme ».

– Roi des Oscars –

Beaucoup d’accusations contre Harvey Weinstein datent des années 1990 ou du début des années 2000, les grandes années de Miramax, le studio qu’il créa en 1979 avec son frère cadet Bob (Mira pour leur mère Miriam, Max pour leur père).

Après « Sexe, mensonges et vidéo », de Steven Soderbergh, encensé par la critique en 1989, Miramax produit le premier succès de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction » (1994), puis « Le Patient anglais » (1997, neuf Oscars) ou « Shakespeare in Love » (1998, sept Oscars).

Les frères Weinstein revendent Miramax à Disney dès 1993, mais y travaillent jusqu’en 2005, année où ils lancent The Weinstein Company, qui produira encore de grands succès, comme « Inglourious Basterds » de Tarantino (2009), « Le Discours d’un roi » (2010) ou « The Artist » (2011).

De 1990 à 2016, le producteur, surnommé « Harvey les ciseaux » pour ses interventions féroces au montage, décrocha 81 fois les célèbres statuettes d’Hollywood.

Lors de la cérémonie des Golden Globes en 2012, Meryl Streep le qualifia, en riant, de « Dieu ».

Aujourd’hui, s’il inspire Hollywood, c’est comme personnage maléfique: un thriller inspiré du scandale, « The Assistant », est sorti fin janvier et au moins un autre est en gestation, produit par Brad Pitt.

Un temps, sa fortune était évaluée entre 240 et 300 millions de dollars, et il contribuait généreusement aux campagnes de candidats démocrates, dont Barack Obama et Hillary Clinton.

Si ses avocats ont obtenu un pré-accord de 25 millions de dollars pour solder la plupart des plaintes déposées contre lui au civil, sans qu’il ait à verser un centime, l’argent lui file désormais entre les doigts.

Il a vendu depuis deux ans cinq de ses propriétés, pour 60 millions de dollars, selon l’accusation.

La Weinstein Company a disparu: mise en faillite, ses actifs ont été rachetés par le fonds d’investissement Lantern.

Il doit payer les pensions alimentaires de ses ex-femmes — la deuxième, la styliste Georgina Chapman, l’a quitté après le scandale — et des millions de dollars d’honoraires à ses avocats.

Mais il n’a peut-être pas dit son dernier mot. Ses avocats, qui ont affirmé tout du long que la médiatisation de son dossier le condamnait d’avance, ont promis lundi de faire appel.

Syrie: 9 combattants prorégime tués par des bombardements turcs à Idleb

Neuf combattants du régime syrien ont été tués lundi par des bombardements turcs à Idleb où les forces de Damas avancent dans le cadre de l’offensive qu’elles mènent contre ce dernier bastion jihadiste et rebelle de Syrie avec le soutien de la Russie.

Des rebelles soutenus par la Turquie voisine sont parvenus à récupérer la localité de Nayrab, au sud-est de la ville d’Idleb, alors que l’artillerie turque tuait neuf combattants des forces du régime dans le secteur, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Un total de 94 combattants ont été tuées sur plusieurs fronts lundi dans la région d’Idleb, a d’autre part indiqué l’Observatoire. Parmi eux figurent 41 prorégime ainsi que 53 combattants jihadistes et rebelles alliés, selon la même source.

Plus tôt, l’Observatoire avait fait état de la mort de cinq civils, tués dans le secteur de Jabal al-Zawia par des frappes aériennes de l’allié russe du régime dans le sud de la province d’Idleb, où les combats se concentrent notamment à l’ouest de la grande ville de Maaret al-Noomane, a précisé l’OSDH.

La progression du régime a lieu au sud de l’autoroute stratégique M4, qui relie la grande ville d’Alep à la province côtière de Lattaquié, deux bastions du pouvoir de Bachar al-Assad, a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

A terme, l’objectif est de reconquérir les tronçons de cette autoroute qui traversent Idleb, pour l’instant tenus par les jihadistes et les rebelles, selon M. Abdel Rahmane.

« Ces dernières 24 heures, les forces du régime ont progressé et conquis 10 localités et villages » au sud de la M4, a-t-il affirmé.

« Les unités de l’armée syrienne poursuivent leur progression dans le sud d’Idleb », a confirmé l’agence de presse officielle Sana, rapportant la conquête dimanche et lundi d’au moins sept villages et localités.

Le régime a lancé son offensive en décembre dans le nord-ouest et près de 900.000 personnes ont été déplacées par les violences, d’après l’ONU, qui a prévenu lundi que les combats se rapprochaient « dangereusement » de leurs campements, risquant de provoquer un « bain de sang ».

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent encore plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

La reprise des combats à Idleb intervient alors que ces dernières semaines les opérations se concentraient sur l’ouest de la province d’Alep.

Les forces gouvernementales ont reconquis tous les secteurs insurgés autour de la ville d’Alep. Elles ont également repris dans son intégralité une autre autoroute reliant la deuxième ville du pays à Damas.

Pour reconquérir l’autoroute M4, le régime devra « lancer des opérations contre Ariha et Jisr al-Choughour », deux villes qui se trouvent sur cette voie, prévient M. Abdel Rahmane.

Pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer particulièrement ardue pour le régime. La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Le Sénégal en avance pour la part de l’éolien dans son mix énergétique

L’éolien devrait représenter plus tôt que prévu une part significative du mix énergétique du Sénégal, avec la production à plein régime prévue en mai du premier parc de turbines à dimension industrielle du pays, a-t-on appris lundi auprès de l’entreprise qui mène le projet.

Le parc éolien de Taïba Ndiaye (ouest), présenté par ses promoteurs comme le plus grand projet du genre en Afrique de l’Ouest, a été officiellement inauguré lundi par le président sénégalais Macky Sall. En réalité, 16 éoliennes injectent déjà depuis décembre 50 mégawatts dans le réseau national de la société nationale d’électricité, la Senelec, a-t-on appris auprès de l’entreprise britannique Lekela.

A terme, 158,7 mégawatts seront livrés par 46 turbines s’élevant jusqu’à 180 mètres de haut, l’équivalent d’un immeuble de 60 étages, dans cette zone rurale proche de l’Atlantique.

Or le projet est en avance sur le calendrier « et la totalité des 158 mégawatts sera sur le réseau au mois de mai », a affirmé dans un message transmis à l’AFP le directeur général de Lekela Senegal, Massaer Cissé. En octobre, Lekela se fixait 2020 pour horizon.

Le président sénégalais a présenté le parc comme un moyen d’atteindre l’objectif de fournir l’électricité à tous dans le pays et de combattre le réchauffement climatique.

Taïba Ndiaye « permettra d’éviter le rejet de 300.000 tonnes de gaz carbonique par an. Avec la dynamique que nous avons lancée depuis 2014, nous en sommes désormais à 22% d’énergie renouvelable disponible sur l’ensemble de notre réseau national », a-t-il déclaré.

Le parc alimentera avec 450.000 mégawattheures par an près de deux millions de Sénégalais, sur une population de 15 millions. M. Sall a évoqué la possibilité d’un nouveau contrat pour augmenter encore ces capacités.

Le mégawattheure correspond à la quantité d’énergie produite en une heure par un mégawatt.

Le développement énergétique est un chapitre capital du Plan Sénégal Emergent (PSE) élaboré par le pouvoir et qui vise à transformer l’économie du pays en croissance pour le mettre sur la voie de l’émergence d’ici à 2025.

Dans un pays où la pauvreté affecte environ 40% de la population, la part de ceux qui ont accès à l’électricité est chiffrée à plus de 60%, mais avec une forte disparité aux dépens des campagnes. Le pouvoir compte élargir l’accès à une électricité bon marché, augmenter les capacités de production et rééquilibrer le mix, où le pétrole et le charbon importés prédominent lourdement.

Avec son ensoleillement et plus de 500 km de côte, le Sénégal dispose d’un potentiel d’énergie propre appréciable. Avec le fonctionnement à plein régime de Taïba Ndiaye, l’éolien représentera la moitié de l’énergie renouvelable disponible au Sénégal, à côté du solaire.

Lekela a par ailleurs des projets éoliens en opération en Afrique du Sud, et à différents stades d’avancement, également en Afrique du Sud en Egypte et au Ghana.

Une tempête de sable et de poussière recouvre la Mauritanie et le Sénégal

Visibilité de moins de 100 m, voitures au ralenti roulant avec leurs phares anti-brouillard allumés et des silhouettes fantomatiques circulant dans des rues quasi désertes: la capitale mauritanienne Nouakchott a été recouverte lundi d’un épais nuage de sable et de poussière, qui s’est étendu jusqu’au Sénégal.

« C’était une ambiance fin du monde, avec des silhouettes noyées dans la poussière », a constaté une journaliste de l’AFP, selon qui les vendeurs de rue étaient notamment nettement moins nombreux que d’habitude dans la capitale de ce vaste pays sahélien.

« La prudence est requise, surtout chez les transporteurs qui empruntent les grands axes routiers en raison de la possibilité de formation de petites dunes de sable provoquées par les tempêtes », a déclaré à l’AFP le directeur des prévisions de l’Office national de la météorologie, Sidi Ould Mohamed Lemine.

Ces conditions, provoquées par une zone de basse pression sur Nouakchott, le Sud et l’Est de la Mauritanie, perdureront jusqu’à mercredi, a-t-il ajouté, en recommandant la prudence aux personnes atteintes de maladies respiratoires, aux enfants et aux personnes âgées.

Une « couche dense de poussière » est également apparue lundi après-midi sur le nord du Sénégal, voisin de la Mauritanie, selon les services météorologiques sénégalais, qui prévoient à partir de mardi une « densification de la poussière » et une « visibilité fortement réduite ». Elle va progressivement toucher l’ensemble du territoire sénégalais jusqu’à jeudi, selon les même sources.

Les huit aéroports de l’archipel espagnol des Canaries, au large du Maroc, ont en revanche rouvert lundi, après avoir été fermés dimanche en raison d’une tempête de sable d’une ampleur exceptionnelle.

Le chef du gouvernement régional des Canaries, Angel Victor Torres, a évoqué un « week-end cauchemardesque », en assurant que cela avait été la pire tempête de sable ayant frappé les Canaries en quatre décennies.

Cameroun: la présidence rejette des « propos surprenants » d’Emmanuel Macron

La présidence camerounaise s’est offusquée lundi soir des « propos surprenants » du chef d’Etat français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » sur son homologue camerounais Paul Biya.

« La présidence de la République du Cameroun rejette (…) les propos surprenants du président de la République française », a écrit son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans un communiqué.

Le président camerounais « est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger, fut-ce un ami », a-t-il assuré, indiquant que pour accomplir sa mission, le chef de l’Etat camerounais « n’a pas besoin, pour ce faire, de pression extérieure ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Brésil: 150 meurtres en cinq jours dans un Etat sans police militaire

L’Etat brésilien de Ceara (nord-est), où la police militaire s’est mutinée pour obtenir de meilleurs salaires, a enregistré 147 assassinats en cinq jours, soit cinq fois plus que la moyenne quotidienne, ont annoncé lundi les autorités.

Ces homicides ont eu lieu entre mercredi et dimanche, en pleine période de Carnaval au Brésil. Ils sont cinq fois plus nombreux que la moyenne de six meurtres par jour, enregistrés dans cet Etat depuis le début de l’année, selon le secrétariat pour la sécurité de Ceara.

Les policiers militaires (PM), un corps de maintien de l’ordre qui dépend des autorités de chaque Etat, ont interdiction de faire grève.

Mais après deux mois de négociations salariales infructueuses, des groupes de mutins ont lancé mardi l’occupation de casernes, ont attaqué plusieurs patrouilles et se sont mis en grève. Des voitures de police ont été volées et des installations ont été détruites.

Conséquence, le nombre d’assassinats sur la voie publique a grimpé en flèche.

Mercredi, le sénateur de centre-gauche Cid Gomes a été blessé par balles après avoir tenté, aux commandes d’une pelleteuse, de briser un piquet de grève de policiers mutinés à Sobral, ville située à 230 km de Fortaleza, la capitale de cet Etat.

Après avoir été hospitalisé, l’ex-ministre de l’Education du gouvernement de l’ancienne présidente Dilma Rousseff (2011-2016) est chez lui en convalescence.

Face à cette situation, le président Jair Bolsonaro a décidé vendredi l’envoi de 2.500 militaires et effectifs de la Garde nationale pour renforcer la sécurité à Ceara.

Lors d’une visite dans l’Etat, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Sergio Moro, a dit souhaiter que « la situation se résolve le plus vite possible ».

Selon les médias locaux, 200 policiers militaires ont été suspendus pour leur participation à la mutinerie et 37 ont été incarcérés pour désertion.

Avec une population de quelque 8,8 millions d’habitants, l’Etat de Ceara avait été paralysé il y a un an par plus de 200 attaques de la part de factions criminelles, mécontentes du durcissement des conditions de détention dans les prisons de l’Etat.

Libye: les deux camps rivaux annoncent « suspendre » leur participation aux pourparlers de Genève

Les deux camps rivaux libyens invités par l’ONU à des pourparlers politiques mercredi à Genève ont annoncé séparément avoir suspendu leur participation au dialogue, invoquant des raisons différentes.

Le Parlement basé dans l’Est du pays qui appuie le maréchal Khalifa Haftar a annoncé qu’il ne participerait pas à la réunion parce que la mission de l’ONU en Libye (Manul) n’a pas approuvé la totalité de ses 13 représentants.

Son rival, le Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli a indiqué de son côté qu’il préférait attendre qu’un progrès soit réalisé dans les négociations militaires.

« C’est à la lumière des conclusions (des discussions militaires) que le Haut conseil d’Etat décidera s’il prend part ou non au dialogue politique ».

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la Manul a indiqué néanmoins que la date du lancement du dialogue politique sera maintenue.

« Le dialogue politique libyen sera maintenu comme prévu, le 26 février. De nombreux participants sont déjà arrivés à Genève et nous espérons que tous les (autres) participants invités emboîteront le pas », a déclaré Jean El Alam.

« Si la mission onusienne insiste pour organiser la réunion politique à la date prévue avant de connaître les conclusions du dialogue militaire, le Haut conseil d’Etat ne se considère pas tenu par les conclusions du dialogue politique », a par ailleurs déclaré lundi lors d’une conférence de presse le président du Conseil Khaled el-Mechri.

Une Commission militaire conjointe constituée de dix hauts responsables militaires – cinq pour chaque camp – s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève et elle est parvenue à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

« Les deux parties ont convenu de présenter le projet d’accord à leurs dirigeants respectifs pour de nouvelles consultations et de se réunir à nouveau le mois prochain pour reprendre les discussions », a indiqué la Manul dans un communiqué.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le GNA reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est, qui a lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Cameroun: des centaines de jeunes manifestent devant l’ambassade de France contre des propos de Macron

Des centaines de jeunes Camerounais ont manifesté dans le calme lundi devant l’ambassade de France à Yaoundé, s’indignant de propos du président français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » à son homologue camerounais Paul Biya, a constaté un journaliste de l’AFP.

Entre 400 et 600 jeunes, selon une estimation de la police et de la gendarmerie, s’étaient mobilisés à l’entrée de l’ambassade de France, chantant et dansant à la gloire de M. Biya, tout en s’insurgeant contre l’attitude de M. Macron.

De nombreux gendarmes et policiers étaient également présents pour éviter tout débordement, et la foule s’est dispersée vers 14H00 (13H00 GMT), selon un journaliste de l’AFP présent sur place.

La plupart des manifestants portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d’autres brandissaient des pancartes hostiles au président français.

« M. Macron, le Cameroun n’est pas un Dom-Tom » (départements et territoires français d’Outre-Mer), « M. Macron mêle-toi de tes oignons », pouvait-on lire sur certaines pancartes.

« Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu’il a manqué de respect à notre patriarche (Paul Biya) », a expliqué un manifestant, Souley Aboubakar, président d’une des associations des jeunes partisans de M. Biya, à l’origine de ce rassemblement.

« Il (M. Macron) est un président de la République. Il doit être respecté, mais il doit respecter notre président », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas une province de la France. Le Cameroun est un Etat souverain, indépendant depuis 1960 », a-t-il poursuivi, invitant M. Macron à présenter « des excuses ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Sollicitée, l’ambassade de France n’a pas réagi.

Nigeria: enquête sur une vidéo montrant un lamantin traîné dans la rue

Le ministère nigérian de l’Environnement a ordonné une enquête à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant un lamentin – gros mammifère aquatique herbivore appartenant à une espèce protégée -, trainé dans une rue, qui a suscité l’indignation des organisations protectrices de l’environnement.

Sur cette vidéo dont la date n’est pas connue, mais partagée sur Twitter samedi, un groupe de jeunes hommes trainent le mammifère ligoté et gigotant dans une rue poussiéreuse.

La vice-ministre de l’Environnement a condamné dimanche sur Twitter cette « vidéo très dérangeante et désagréable » tournée dans le delta du Niger (sud), selon elle, appelant à une « campagne de sensibilisation dans les régions côtières pour protéger les lamantins ».

« Il est triste que les lamantins restent l’un des mammifères marins les plus intensément chassés », a-t-elle déploré, ajoutant que les autorités locales avaient été mobilisées pour tenter de retrouver le lamantin de la vidéo.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il y a quelque 10.000 lamantins sur les côtes ouest-africaines, mais leur population décline rapidement.

Bien que la chasse au lamantin soit interdite au Nigeria, elle demeure pratiquée, ce mammifère étant recherché pour sa viande, son huile et ses organes, utilisés dans la médecine traditionnelle.

La pauvreté généralisée dans le delta du Niger, où les populations locales sont largement exclues des bénéfices des immenses richesses pétrolières de leur région, alimente la criminalité et la chasse illégale.

De plus, les fuites d’hydrocarbures y ont endommagé le milieu naturel de la faune aquatique, dont les lamantins.

Selon la Société nigériane de préservation de la Nature, les agences gouvernementales font rarement respecter la législation sur les espèces protégées.

Canada: la police démantèle un premier barrage ferroviaire en terre autochtone

La police canadienne a démantelé lundi un barrage autochtone qui paralyse depuis des semaines un axe ferroviaire crucial, alors que Justin Trudeau tente de mettre fin à une crise provoquée par la protestation contre un projet de gazoduc.

Les barrages qui ont essaimé dans tout le pays, en soutien à la nation Wet’suwet’en de Colombie-Britannique opposée à la construction d’un gazoduc sur son territoire ancestral, « doivent être levés maintenant », avait prévenu vendredi le Premier ministre. Il avait alors laissé la porte ouverte à une intervention policière faute de déblocage rapide.

Plusieurs dizaines de policiers sont intervenus lundi matin sans violence sur l’un des principaux barrages du pays: celui situé sur la réserve mohawk de Tyendinaga, près de Belleville (Ontario), à environ 200 km au nord-est de la métropole Toronto.

Le barrage de Tyendinaga est situé sur un axe stratégique pour le trafic ferroviaire entre l’est et l’ouest du Canada, ainsi qu’avec le nord des Etats-Unis.

Après une brève échauffourée avec quelques manifestants, filmée par l’un d’eux et diffusée sur les réseaux sociaux, la police a interpelé plusieurs personnes.

La police de l’Ontario « a la responsabilité légale de faire respecter l’injonction et nous avons commencé à le faire ce matin », a-t-elle indiqué dans un communiqué, alors qu’un ultimatum aux manifestants avait expiré dimanche à minuit.

« Tous les manifestants sont encouragés à quitter le site de façon pacifique », a ajouté la police, précisant que « le recours à la force ne se fera qu’en dernier recours ».

Les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en à l’origine du mouvement devaient se réunir dans la journée en Colombie-Britannique pour décider de la suite à lui donner.

– Le spectre d’Oka –

Samedi, alors qu’ils visitaient un autre barrage en territoire mohawk, à Kahnawake, près de Montréal, plusieurs d’entre eux avaient réitéré leurs demandes, préalables à toute négociation avec le gouvernement: retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral en Colombie-Britannique et suspension des travaux du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink.

La mise en garde de Justin Trudeau n’a pas semblé dissuader les manifestants: si un barrage au sud de Montréal a été levé par la police vendredi soir, d’autres ont fleuri depuis pendant le weekend en Saskatchewan ou à Vancouver, dans l’ouest) du pays.

Lundi matin, quelques heures après l’intervention policière à Tyendinaga, des membres de la communauté mohawk de Kahnawake, qui bloquent également des voies sur leur territoire depuis plusieurs semaines, ont brièvement perturbé la circulation sur un pont menant à Montréal.

Dans la capitale Ottawa, plusieurs centaines de personnes ont défilé et dansé dans les rues lors d’une manifestation spontanée, a constaté l’AFP.

« Il est absolument essentiel que ces barricades soient levées », a réaffirmé lundi le ministre de la Sécurité publique Bill Blair, en marge d’une réunion d’urgence convoquée par Justin Trudeau à Ottawa.

Pour autant, « nous restons engagés à mettre en oeuvre le processus de réconciliation, mais ce sont deux questions distinctes », a-t-il ajouté.

Un Justin Trudeau à bout de patience avait durci le ton vendredi face aux manifestants. Il avait exigé la levée immédiate de tous ces barrages qui affectent l’économie canadienne, tout en appelant à une reprise du dialogue et une issue « pacifique » à cette crise.

M. Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les autochtones l’une des priorités de son deuxième mandat, marche sur des oeufs.

Pressé d’agir vite par l’opposition conservatrice, le dirigeant libéral veut éviter que la crise ne dégénère en cas d’incident lors d’une intervention policière, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières décennies.

Il y a trente ans, la crise d’Oka au Québec, qui avait mobilisé les Mohawks en raison de l’agrandissement controversé d’un terrain de golf, avait fait un mort du côté des forces de l’ordre.

Cinq ans plus tard, c’est un militant autochtone qui avait été tué par balle par la police lors d’une intervention dans le parc provincial d’Ipperwash en Ontario.

Virus: l’OMS évoque un risque de « pandémie », mais recul de l’épidémie en Chine

Le directeur général de l’OMS a appelé lundi le monde à se préparer à une « éventuelle pandémie » du nouveau coronavirus, en jugeant « très préoccupante (…) l’augmentation soudaine » de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

L’épidémie a en revanche reculé en Chine, d’où a surgi le nouveau coronavirus fin décembre et où 77.000 personnes ont été contaminées depuis.

Les experts de la mission conjointe de l’OMS qui se sont rendus dans plusieurs provinces chinoises, dont à Wuhan, épicentre de l’épidémie, ont en effet constaté que l’épidémie du Covid-19 a atteint en Chine « un pic, suivi d’un plateau, entre le 23 janvier et le 2 février, et qu’elle n’a cessé de décliner depuis lors », a déclaré à la presse le chef de l’agence spécialisée des Nations unies, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Cela devrait donner aux pays l’espoir que ce virus peut être contenu », a-t-il insisté, saluant une fois de plus les mesures drastiques prises par la Chine où des dizaines de millions de personnes vivent confinées depuis des semaines.

Ailleurs dans le monde, l’épidémie de pneumonie virale s’est accélérée lundi, avec des bilans en forte hausse de la Corée du Sud à l’Iran, qui enregistrent désormais le plus grand nombre de cas de contamination et de décès en dehors de la Chine.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie, ndlr), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« L’augmentation soudaine du nombre de cas en Italie, en Iran et en Corée du Sud est très préoccupante », a ajouté le patron de l’OMS, qui doit se rendre mardi à Téhéran avec des experts.

En Europe, l’Italie, qui compte désormais cinq morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de villes du Nord.

L’Italie, passée de 6 à 219 cas en quatre jours, est le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Nous devons comprendre la dynamique de l’épidémie en Iran. Cela va prendre quelques jours, une équipe arrive en Iran demain », a expliqué aux médias le Dr Michael Ryan, directeur du Programme pour les urgences de l’OMS.

Scientifiquement parlant, la mission conjointe qui s’est rendue en Chine a également permis de montrer « qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans l’ADN du coronavirus », a indiqué le Dr. Tedros.

Quant au taux de mortalité en Chine, il est de 0,7%, et se situe entre 2 et 4% à Wuhan, a-t-il détaillé.

Les experts ont également constaté que les personnes qui ont été contaminées mais ne souffrent pas de symptômes graves ont un temps de guérison d’environ deux semaines, tandis que ceux qui sont sévèrement atteints se rétablissent dans un délai de trois à six semaines, a-t-il expliqué.

Précurseur à la base de militants inégalée, les atouts-clé de Bernie Sanders

Il a une base de militants que ses rivaux lui envient, un discours pour réduire les inégalités devenu un must pour tous les démocrates, et une capacité à débattre et résister aux attaques personnelles: voici les principales qualités qui ont fait de Bernie Sanders le favori de la course à l’investiture démocrate.

– Précurseur

Doyen de la course à 78 ans, le sénateur du Vermont, « socialiste » revendiqué, défend les droits des travailleurs et dénonce un système conçu pour les riches depuis les années 70.

Il a fait des inégalités, de l’augmentation du salaire minimum, d’une sécurité sociale sur le modèle européen un leitmotiv depuis 40 ans, alors que ses rivaux et le parti démocrate ne se sont emparés de ces thèmes que récemment. Il prône aussi un « +New Deal+ vert », vaste plan de relance de l’économie alliant justice sociale et lutte contre le changement climatique.

Depuis sa campagne malheureuse contre Hillary Clinton en 2016, le parti démocrate a évolué dans sa direction, et « les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », disait-il dimanche sur CBS.

« Si les grands partis refusent de prendre les décisions nécessaires pour changer les inégalités économiques dans ce pays, il ne faut pas s’étonner que les électeurs se tournent vers des candidats plus extrêmes idéologiquement », dit Costas Panagopoulos, professeur à Northeastern University.

-Base enthousiaste

Cette constance vaut au sénateur indépendant du Vermont le soutien d’une base électorale « très dévouée », que tous ses rivaux lui envient, souligne David Barker, politologue à l’American University de Washington. Seul Donald Trump peut se targuer d’une base aussi fidèle, selon plusieurs analystes.

Faite surtout de jeunes blancs lors de sa première campagne présidentielle en 2015-2016, cette base s’est diversifiée depuis pour inclure beaucoup plus d’électeurs noirs ou hispaniques, à l’image du soutien actif que lui apporte la jeune élue du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.

Sa victoire haut la main samedi dans le Nevada, première primaire du calendrier organisée dans un Etat où les minorités constituent une part importante de l’électorat, a confirmé l’élargissement de sa base.

Ses partisans sont aussi très généreux, et ont permis au sénateur de bénéficier d’un record de donations individuelles depuis le début de sa campagne (121 millions de dollars).

Utilisant avec dextérité les réseaux sociaux, ils peuvent s’avérer redoutables contre les détracteurs de leur héros. Les critiques contre les méthodes de ces « Bernie bro(thers) » vont d’ailleurs crescendo: le jeune candidat centriste Pete Buttigieg a pour la première fois épinglé publiquement M. Sanders sur ce point lors du dernier débat démocrate mercredi dernier.

– Infatigable

Fort de ses 40 ans d’expérience, et malgré une crise cardiaque qui aurait pu sonner le glas de sa campagne en octobre, Bernie Sanders enchaîne les meetings à travers le pays – où il harangue souvent la foule pendant plus d’une heure – à un rythme endiablé.

Depuis sa victoire dans le Nevada, Bernie Sanders porte désormais son attention vers la prochaine primaire en Caroline du Sud samedi avec l’espoir de l’emporter, ce qui lui donnerait un avantage certain pour le « Super mardi » du 3 mars, rendez-vous clé des primaires avec 14 Etats qui désigneront leur candidat.

– Fin communicateur anti-élite

Depuis 40 ans qu’il défend ses idées « socialistes », dont près de 30 ans comme élu au Congrès, Bernie Sanders a peaufiné ses arguments.

Avec sa dénonciation de Wall Street et son appel à changer « un système corrompu », sa présentation pédagogique du coût du système de santé privé américain ou de la dette étudiante, il est un débatteur aguerri, et un bon communicateur qui ne reculera pas devant Donald Trump, selon M. Barker.

Il partage avec le président un discours anti-élite et une spontanéité qui fait qu' »ils n’ont pas besoin de demander leur avis à un +focus group+ avant de s’exprimer », souligne Jim Campbell, politologue à l’université de Buffalo.

Lors du débat de mercredi dernier, Bernie Sanders a réussi à sortir quasi-indemne d’attaques contre son passé « communiste », émanant du milliardaire new-yorkais Michael Bloomberg, ou contre ses idées présentées comme « clivantes » par Pete Buttigieg.

Donald Trump l’a aussi déjà attaqué plusieurs fois sur son « socialisme » qui, pour beaucoup d’Américains, rime avec le communisme honni de la Guerre froide. Le président a ainsi rappelé son voyage avec sa femme à Moscou en 1988, ou sa défense à la même époque du régime sandiniste au Nicaragua.

Ces attaques font que beaucoup de démocrates modérés doutent que Bernie Sanders puisse emporter la présidentielle face à Trump en novembre.

Mais plusieurs sondages indiquent qu’il peut gagner. Un tout récent sondage CBS News/YouGov le voit ainsi devancer légèrement Trump au plan national, et d’autres sondages le prédisent gagnant dans des Etats-clé comme le Michigan, le Wisconsin ou la Pennsylvanie.

Harvey Weinstein jugé coupable d’agression sexuelle et de viol

Le producteur déchu Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d’agression sexuelle et de viol, mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict en demi-teinte qui constitue cependant une victoire pour le mouvement #MeToo.

Reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein, 67 ans, est passible de 25 ans de prison au maximum, mais ne risque pas la perpétuité, car le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement « prédateur », qui aurait pu lui valoir la prison à vie.

Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats.

Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo, celle de l’acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017.

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l’unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict.

Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Au final, le jury ne l’a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013.

Il a, en revanche, relaxé le producteur d’un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout de la circonstance aggravante de comportement « prédateur ».

L’agression de Mimi Haleyi et le viol présumé de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d’une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante.

Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l’hiver 1993, près avoir demandé à réentendre le témoignage de l’actrice durant ses délibérations.

– Témoins discrédités

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes.

Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016.

« Ce n’était pas une relation », avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. « Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein. »

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel initié par l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance.

Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par « peur », tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une « relation professionnelle ».

La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

Les avocats d’Harvey Weinstein avaient aussi laissé entendre que les deux plaignantes avaient témoigné par intérêt, pour augmenter leurs chances d’obtenir du producteur des dommages et intérêts une fois celui-ci condamné.

« Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l’espoir de faire entendre leur voix » au procès, leur avait opposé la procureure.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast avaient souligné qu’en fait d’opportunités, elles n’avaient quasiment rien obtenu du magnat d’Hollywood.

L’accusation a aussi rappelé qu’aucune des deux femmes n’avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu’elles n’avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès.

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.

M. Weinstein doit encore répondre d’une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

Pourfendeur de Wall Street, Bernie Sanders y a aussi ses fidèles

Bernie Sanders, grand favori pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de novembre, a fait de Wall Street sa bête noire. Mais même au coeur de la finance new-yorkaise, ce socialiste revendiqué a ses fans.

Surfant sur une dynamique favorable avec sa nette victoire dans le Nevada samedi et plusieurs sondages nationaux récents qui le placent largement devant ses rivaux, le sénateur de 78 ans apparaît comme le grand favori pour obtenir l’investiture démocrate et défier Donald Trump en novembre.

Son projet de taxer les riches et de resserrer le contrôle des banques et du système financier effraye des barons des marchés new-yorkais, tels l’ex-PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein ou le gestionnaire de fonds Leon Cooperman, qui a jugé mardi que Bernie Sanders était plus dangereux que le coronavirus pour les marchés financiers. Le milliardaire Warren Buffett a lui affirmé, lundi sur la chaîne CNBC, qu’il voterait « certainement » pour l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, accusé par Bernie Sanders de vouloir acheter la nomination démocrate avec sa fortune personnelle.

Mais d’autres acteurs du secteur accueillent avec enthousiasme la montée en puissance du sénateur du Vermont.

« Je ne suis pas Lloyd Blankfein, je travaille dans une entreprise familiale et je dois payer ma facture de santé à la fin du mois », explique Wade Black, un des membres fondateurs de la société d’investissement Scarsdale Equities, depuis son bureau du Rockefeller Center, au coeur de Manhattan.

Pour ce souriant quadragénaire démocrate qui dit avoir viré plus à gauche avec l’âge, les opinions à Wall Street sont bien plus diverses que certains clichés ne le laissent entendre.

« Beaucoup des gens qui y travaillent sont de simples salariés, ils ne sont pas payés comme les dirigeants de fonds spéculatifs. Il y a des employés de banque, du personnel administratif. Ce serait choquant qu’ils ne reflètent pas la diversité d’opinions qui existe aux Etats-Unis », insiste-t-il.

Un avis auquel souscrit Daniel Alpert, 61 ans, co-fondateur de la banque d’investissement new-yorkaise Westwood Capital.

« Wall Street s’est rajeunie. On ne sait pas vraiment ce que les jeunes pensent, car ils sont muselés. Les plus âgés qui sont restés occupent aujourd’hui des postes de direction, mais ne font que répéter le même refrain », décrit M. Alpert.

Le creusement des inégalités rend selon lui le message de Bernie Sanders plus audible dans l’ensemble de la société américaine, y compris le monde de la finance.

– Soutien financier –

Il n’y a eu aucun sondage qui permette d’avoir une idée précise de la proportion d’employés du secteur qui soutiennent M. Sanders.

Mais selon le Center for Responsive Politics, qui comptabilise les donations politiques de groupes de campagne et de particuliers supérieures à 200 dollars, Bernie Sanders a touché 1,7 million de dollars du secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier depuis le début de sa campagne il y a un an, sur un total de 108 millions collectés au 31 décembre 2019.

Une somme loin de celles provenant du même secteur qu’ont perçues ses rivaux démocrates Pete Buttigieg (4,4 millions) et Joe Biden (4,1 millions), sur une ligne plus modérée, ou Donald Trump (2,7 millions).

Les contributions issues de fonds spéculatifs, de groupes d’investissement privés ou de sociétés de capital-risque sont en revanche quasi-nulles pour le sénateur socialiste revendiqué, se targuant de dépendre essentiellement des dons modestes de particuliers.

Wade Black a lui versé « environ 400 dollars » pour la campagne de Bernie Sanders, disant contribuer sous le coup de l’émotion lorsqu’il estime que le candidat est injustement attaqué.

– Menace pour les marchés? –

Si Bernie Sanders s’en prend régulièrement à Wall Street et à la haute finance, opposant la classe dominante des 1% aux 99% restants de la population, ses soutiens dans ce secteur ne se sentent pas pour autant visés.

« Il parle des grandes banques d’investissement, comme Goldman Sachs ou Bank of America. Elles exercent un pouvoir immense, encore plus qu’en 2008 » lors de la crise financière mondiale, souligne M. Black.

Dans son programme, Bernie Sanders propose de démanteler ces établissements, « trop grands pour faire faillite » et de mettre fin à ce qu’il qualifie d’impunité pour leurs dirigeants.

Pour plusieurs milliardaires américains, ce projet de réforme et d’autres mesures dans la même veine font courir le risque d’un effondrement boursier si le sénateur accédait à la Maison Blanche.

« On avait dit la même chose pour Donald Trump. Le marché a chuté au lendemain de son élection avant de se reprendre. Tout cela est grotesque », balaie Dan Alpert.

Allemagne: une voiture fonce dans un défilé de carnaval, « plusieurs blessés »

Plusieurs personnes ont été blessées lundi lorsqu’une voiture a foncé dans un défilé de carnaval dans le centre de l’Allemagne, a annoncé la police, sans pouvoir préciser pour l’heure s’il s’agissait d’un acte délibéré.

Le conducteur du véhicule « a été arrêté », a précisé la police, alors qu’une partie de l’Allemagne célèbre le « lundi des roses », le point culminant des festivités du carnaval.

La police a dans la foulée annoncé sur Twitter l’annulation « par mesure de précaution » de tous les défilés de carnaval dans l’Etat-région de Hesse.

Selon des médias locaux, un break Mercedes gris métallisé a foncé dans la foule à Volkmarsen, près de Kassel, et au moins dix personnes ont été blessées, dont des enfants.

Selon le quotidien Bild, le nombre de blessés s’élevait à « plus de trente, dont environ un tiers grièvement ».

« Il est encore trop tôt » pour déterminer si le conducteur a délibérément foncé dans la foule, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la police, qui n’a pas voulu non plus donner d’indications sur la gravité des blessures.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

De nombreuses victimes gisaient au sol et ont été prises en charge par des équipes de secours déployées en masse dans cette commune de 7.000 habitants, situé dans l’Etat régional de Hesse.

– Vigilance –

Selon des témoins cités par les médias locaux, le véhicule a percuté la foule vers 14h30 (13h30 GMT).

Des photos publiées par les médias montraient une voiture Mercedes arrêtée devant l’entrée d’un parking de supermarché.

De nombreux véhicules de police et des pompiers ont investi les alentours de ce supermarché. Un hélicoptère a également atterri dans la zone, selon le quotidien local Hessische Niedersächische Allgemeine.

L’origine des faits n’est pas encore établie mais ils interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi dernier par une double fusillade raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Depuis cette date, les autorités allemandes ont déjoué neuf tentatives d’attentat de ce type, dont deux en novembre 2019, selon des chiffres de l’Office fédéral de police criminelle.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète tout autant les autorités, avec le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier célèbrent actuellement le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Traditionnellement le lundi des roses consiste en un défilé de chars dans les rues des grandes villes comme Cologne, Düsseldorf ou Mayence.

Le carnaval est très suivi dans les régions à majorité catholique.