Le coronavirus dépasse la barre des 100.000 cas, l’inquiétude grandit

L’épidémie du coronavirus a dépassé la barre des 100.000 personnes contaminées dans le monde où la propagation s’étend, 21 nouveaux cas ayant été détectés à bord d’un navire de croisière au large de la Californie.

La Chine a annoncé samedi 28 nouveaux décès, portant le bilan total à 3.070 morts dans le pays, et une nouvelle augmentation du nombre de cas en dehors de la province du Hubei (centre), où le virus a été détecté en premier.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que la propagation du virus était « très préoccupante ». Au total, 92 pays sont désormais concernés par le Covid-19 qui a fait près de 3.500 morts et contaminés plus de 100.000 personnes.

Aux Etats-Unis, le virus a été détecté sur 21 personnes à bord du Grand Princess, un navire de croisière maintenu au large de la Californie, après la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage, selon le vice-président américain, Mike Pence.

Après avoir organisé sa grande conférence annuelle à Washington, le lobby pro-Israël AIPAC a annoncé vendredi que deux des participants avaient été testés positifs au nouveau coronavirus.

– Fermetures d’écoles –

La propagation, inévitable, a été en partie contenue en Chine, dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, grâce à la mise en quarantaine de quelque 56 millions de personnes depuis fin janvier.

Les nouvelles contaminations de personnes y sont en baisse depuis plusieurs semaines. Avec 74 nouveaux cas, il s’agit du nombre le plus faible depuis les mesures de quarantaines mises en place fin janvier dans la province, selon les autorités chinoises.

Cependant, 24 cas de coronavirus importés ont été recensés dans le Hubei, faisant craindre une nouvelle hausse des contaminations en Chine.

La région pourrait bientôt être rouverte, a laissé entendre vendredi le gouvernement, alors que le régime communiste fait l’objet d’une contestation inhabituelle, les habitants confinés manquant de vivres.

De leur côté 13 pays ont fermé leurs établissements scolaires: 300 millions d’élèves dans le monde sont privés d’école pour plusieurs semaines.

Outre la Chine, les pays les plus touchés sont la Corée du Sud, l’Iran l’Italie et la France.

Vendredi, le Togo, les Territoires palestiniens, la Serbie, le Vatican, la Slovaquie, le Pérou ou encore le Bhoutan ont annoncé de premiers cas.

En Egypte, 12 cas ont été détectés parmi le personnel d’un bateau de croisière sur le Nil. En Grèce, c’est un groupe d’au moins 34 personnages infectées ayant voyagé dans le même autocar pour un pèlerinage en Israël qui concentre toute l’attention.

Alors que l’angoisse sur les places boursières grandit, le président américain Donald Trump s’est voulu rassurant, convaincu que les marchés allaient « rebondir ». Il a appelé la Fed à baisser ses taux pour stimuler l’économie.

– Interdictions –

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine pour des voyageurs provenant de pays touchés. Au moins 36 pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon Séoul, et 22 autres ont pris des mesures de quarantaine.

La Russie a également fermé ses frontières aux voyageurs venant d’Iran.

A Bethléem, principale ville touristique dans les Territoires palestiniens, les autorités ont empêché l’entrée et la sortie de touristes après la découverte de 16 cas de coronavirus en Cisjordanie, où l’état d’urgence sanitaire a été déclaré.

Pour l’Organisation mondiale du tourisme, le nombre de touristes dans le monde devrait baisser de 1 à 3% en 2020, soit une perte « de 30 à 50 milliards de dollars ».

Dans le monde, les populations se ruent sur les masques, désinfectants, gants ou combinaisons, seuls remparts connus contre le virus. Pour garantir un approvisionnement suffisant, de nombreux Etats interdisent l’exportation du matériel médical.

L’Union européenne a appelé à la « solidarité », mais les pays qui ont pris de telles dispositions ont défendu leur choix.

L’Italie, qui ne produit pas de masques, va en recevoir 800.000 d’Afrique du Sud en deux jours, mais elle a besoin d’une dizaine de millions d’autres pour faire face à la situation.

Guinée: deux responsables de la contestation arrêtés (entourage)

Deux responsables de la contestation en cours en Guinée contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé ont été arrêtés vendredi par des membres d’un service de sécurité et emmenés vers une destination inconnue, a rapporté leur entourage.

Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno avaient donné plus tôt dans la journée une conférence de presse pour dénoncer les arrestations arbitraires, a dit Abdoulaye Oumou Sow, porte-parole du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif auquel ils appartiennent et qui mène le mouvement de protestation depuis bientôt cinq mois.

Les deux hommes sont présentés comme des lieutenants d’Abdourahmane Sanoh, coordinateur du FNDC.

Des hommes encagoulés ont forcé l’entrée de la maison d’Ibrahima Diallo et ont mis les lieux à sac, a rapporté le porte-parole.

« Ils sont entrés dans la maison et ont commencé à tout saccager. J’ai tenté d’établir le dialogue mais l’un d’entre eux m’a poussée violemment », a dit Asmaou Diallo, épouse d’Ibrahima Diallo.

Puis les deux hommes ont été emmenés, ont rapporté l’épouse et le porte-parole, ajoutant être depuis sans nouvelles d’eux.

Ils ont affirmé que l’intervention avait été menée par des membres de la Brigade de recherche et d’interpellation, un service de sécurité guinéen.

Mamadou Camara, contrôleur général et porte-parole de la police, a dit ne pas être « au courant ». Selon lui, la BRI relève directement du Premier ministre et non de la direction générale de la police.

Par ailleurs, le journaliste français Thomas Dietrich a été reconduit à la frontière après l’annulation de son accréditation, a indiqué le ministère de la Sécurité, invoquant dans un communiqué « des activités incompatibles avec (la) mission » du journaliste et une immixtion dans « les activités politiques internes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ».

La Guinée est en proie depuis mi-octobre à la contestation contre le projet prêté au président Condé de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat fin 2020.

Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués à ce stade. M. Condé, qui entretient le flou sur ses intentions, vient de reporter un référendum constitutionnel initialement prévu le 1er mars.

Sierra Leone: décès de Solomon Berewa, ancien vice-président

L’ancien vice-président sierra-léonais et candidat malheureux à la présidentielle de 2007 Solomon Berewa est décédé à l’âge de 81 ans dans un hôpital de Freetown, a indiqué vendredi son parti, au pouvoir depuis 2018.

Le gouvernement a ordonné des funérailles nationales.

Juriste réputé, il avait dirigé la délégation gouvernementale lors du processus de paix qui a permis à ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de sortir d’une décennie de guerre civile (1991-2002).

Il a été ministre de la Justice de 1996 à 2002, avec une brève interruption lors de l’installation d’une junte au pouvoir de 1997 à 1998.

Devenu vice-président d’Ahmad Tejan Kabbah, il a été désigné candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) pour la présidentielle de 2007, mais il a été battu au second tour par l’opposant Ernest Bai Koroma.

« Un géant de la paix et de la stabilité est tombé, un doyen de la justice et de l’Etat de droit est parti pour toujours », lui a rendu hommage vendredi le SLPP.

Ses critiques soulignent que Solomon Berewa avait présidé en 1998, en tant que ministre de la Justice, à l’exécutio, en public sur une plage proche de Freetown, de 24 militaires de haut rang, dont une femme et deux anciens ministres, condamnés pour avoir collaboré avec la junte.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Dans la ville syrienne d’Idleb, on ne croit pas à la trêve

Réfugié à Idleb depuis quelques années, après avoir fui les violences ailleurs en Syrie, Fadi Khatib ne croit plus aux trêves. Au premier jour d’un cessez-le-feu annoncé par Moscou et Ankara, cet énième accord est selon lui voué à l’échec comme les précédents.

Dominée par des jihadistes, la région rebelle d’Idleb proche de la Turquie a fait l’objet de plusieurs offensives menées par le régime de Damas avec l’appui de Moscou, ponctuées de trêves ayant toutes volé en éclat.

Entretemps, le régime n’a eu de cesse de grignoter du terrain, reprenant près de la moitié de la province d’Idleb.

Entré en vigueur à minuit (jeudi à 22H00 GMT), l’accord russo-turc met fin à des semaines de violences ayant tué près de 500 civils et provoqué le déplacement de près d’un million de personnes, l’exode le plus massif en neuf ans de guerre en Syrie.

« Le régime (syrien) et la Russie jouent toujours à ce jeu. Ils conquièrent des régions, concluent une trêve puis lancent une nouvelle offensive d’envergure » pour étendre leur emprise, affirme à l’AFP Fadi Khatib, âgé de 26 ans.

« Comment pourrais-je croire à cette trêve? », demande-t-il.

Il y a quelques années, Abou Saïd a fui avec son épouse et son enfant la localité de Daraya, près de la capitale, pour rejoindre avec d’autres opposants au régime de Bachar al-Assad la province d’Idleb, transformée en ultime refuge pour des dizaines de milliers d’habitants de régions reconquises par Damas.

« Je ne suis pas optimiste et n’espère rien de cet accord », lâche-t-il.

« Il n’y a pas un seul accord de trêve qu’ils (les Russes et le régime syrien) n’aient pas violé », ajoute ce père de famille âgé de 24 ans. Si une « nouvelle offensive est lancée (…) nous quittons le pays », se résout-il.

– « Mensonge et tromperie » –

Les zones d’Idleb contrôlées par les insurgés abritent environ trois millions d’habitants, dont la moitié ont été déplacés depuis d’autres régions reconquises par le régime.

Dans la ville de Dana, près de la frontière turque, Abou Bassel, qui a fui le sud d’Idleb, tombée en grande partie dans l’escarcelle du régime, n’est guère plus optimiste.

« Cette trêve n’est autre que mensonge et tromperie de la part de la Russie (…) visant à consolider les nouvelles positions du régime syrien » conquises à la faveur de la dernière offensive lancée en décembre.

« Ils vont bientôt recommencer à grignoter » du terrain dans la région.

Soutenu par la Russie depuis 2015, le régime syrien a enchaîné ces dernières années les victoires contre rebelles et jihadistes, et contrôle aujourd’hui plus de 70% du territoire national.

Une partie de la région d’Idleb échappe toujours au contrôle de Damas, alors que la guerre en Syrie entre le 15 mars dans sa dixième année.

Au fil du conflit, « le régime a toujours conclu une trêve après chaque avancée pour se réorganiser et repartir d’un bon pied », souligne Adnane, un déplacé de 30 ans.

« Le régime va poursuivre ses opérations (…) sous le silence coupable de la communauté internationale qui assiste à tous ces massacres et destructions et ne bouge pas son petit doigt pour les déplacés », déplore-t-il.

Dans la ville de Bennich, dans le nord d’Idleb, relativement à l’abri des bombardements, les habitants ne voient aucun intérêt à un cessez-le-feu qui ne prévoirait pas le retour des déplacés dans leurs foyers.

« Nous sommes pour un cessez-le-feu mais à condition que les civils puissent revenir chez eux », affirme Fadi Obeid, ingénieur agronome.

A défaut de cela, l’accord « restera lettre morte ».

« Hirak »: les Algériens défient dans la rue le coronavirus

Les partisans du mouvement de contestation antirégime (« Hirak ») sont descendus dans la rue vendredi à Alger pour la 55e semaine consécutive, moins nombreux que d’habitude mais défiant avec humour l’épidémie du nouveau coronavirus.

« Ce peuple est déterminé à poursuivre son combat. Ni corona (sic) ni les arrestations ne l’arrêteront », a déclaré à l’AFP Boudjema, 56 ans.

Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, les partisans du « Hirak » continuent d’exiger le changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

Des milliers de personnes ont défilé pacifiquement dans le centre de la capitale et se sont dispersées en fin d’après-midi, une mobilisation moindre que les vendredis précédents, selon un journaliste de l’AFP.

La police a procédé à des interpellations, d’après des témoins.

Parmi les manifestants, quelques-uns seulement arboraient des masques de protection contre le nouveau coronavirus. Les policiers, eux, en portaient tous.

Dix-sept cas de maladie Covid-19 ont été confirmés à ce jour par l’Institut Pasteur d’Algérie: un ressortissant italien et 16 Algériens d’une même famille ayant été en contact avec des proches résidant en France, selon le ministère de la Santé.

« Dieu nous protège, on n’a pas besoin de porter de masques comme les policiers », a scandé la foule.

« Le corona, on peut l’attraper n’importe où, dans le métro, le bus ou même dans le magasin où je travaille, donc pas question de nous faire peur avec ces masques que portent les policiers », a réagi Sarah, 29 ans, vendeuse.

« Vous voulez nous faire peur avec le corona? Ça ne marche pas! Si on compte le nombre de jeunes clandestins noyés en mer, ou tous les Algériens morts pendant la décennie noire (la guerre civile des années 1990, NDLR), à côté le corona ne nous fait pas du tout peur. Le combat continue! », a renchéri Brahim, un chômeur de 31 ans.

– « Détenus du Hirak » –

A côté du slogan emblématique « Etat civil et non militaire », on pouvait lire sur une pancarte: « Plutôt le Corona que vous », à l’adresse des dirigeants algériens, fustigés depuis plus d’un an par le mouvement de contestation populaire.

Multipliant les jeux de mots, les internautes n’étaient pas en reste: « Ceux qui rejoignent le +Hirak+ seront préservés du coronavirus et de ceux qui nous appauvrissent. Nous vaincrons », a tweeté l’un d’eux.

D’importants défilés ont eu lieu en province, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest), à Sétif et Constantine (nord-est) ainsi qu’à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l’est d’Alger, où plusieurs personnes ont été arrêtées, selon des militants sur place.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants ont brandi des portraits de héros de la révolution algérienne (la guerre d’indépendance contre la France de 1954 à 1962, NDLR) ou de « détenus du Hirak », arrêtés.

Ainsi était à nouveau omniprésent dans le cortège algérois le portrait de l’opposant Karim Tabbou, figure de proue de la contestation, en détention, contre lequel un tribunal d’Alger a requis cette semaine quatre ans de prison ferme pour « incitation à la violence », une charge qu’il nie.

Amnesty International a appelé vendredi dans un communiqué les autorités à libérer « immédiatement » les manifestants détenus du « Hirak ».

« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées », a déclaré Philip Luther, un responsable régional d’Amnesty.

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Coronavirus: ne pas s’affoler mais ne pas sous-estimer

Le coronavirus, apocalypse planétaire ou broutille sur laquelle on fait trop de battage? Ni l’un ni l’autre, répondent les experts à cette question qui taraude le grand public: les risques, bien réels, pèsent sur les plus fragiles et sur les hôpitaux qui doivent éviter d’être débordés.

– Qui est le plus à risque?

La mortalité augmente nettement avec l’âge: c’est ce que montre l’analyse la plus complète à ce jour, publiée le 17 février par les autorités chinoises, puis le 24 dans la revue médicale américaine Jama.

Sur près de 45.000 cas confirmés, le taux moyen de mortalité est de 2,3%. Mais aucun décès n’est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis passe à 0,4% chez les quadragénaires, 1,3% chez les 50-59 ans, 3,6% chez les 60-69 ans et 8% chez les 70-79 ans.

Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8%.

« Le problème, c’est que quand on parle d’un mort lié au coronavirus, on ne précise presque jamais la raison pour laquelle il est mort », dit à l’AFP Michel Cymes, médecin et animateur télé très populaire en France.

« Quand quelqu’un de 85 ans meurt du coronavirus, ce n’est pas le coronavirus qui le tue », mais plus souvent « les complications qui atteignent des organes qui n’étaient pas en bon état », ajoute-t-il.

Autre facteur de risque: le fait d’avoir une maladie chronique (insuffisance respiratoire, pathologie cardiaque, antécédent d’AVC, cancer…).

Mais les millions de personnes qui souffrent de ces maladies ne doivent pas paniquer pour autant.

Pour le professeur français Jean-Christophe Lucet, le risque concerne avant tout les patients atteints des formes sévères de ces maladies. « Il faut être extrêmement clair » sur ce point, souligne-t-il à l’AFP.

« Le patient qui a un diabète, le patient qui a une hypertension artérielle, c’est des patients qui ne sont pas des patients à risque », rassure-t-il. « Les patients à risque, ce sont ceux qui ont des maladies cardiaques graves, des maladies respiratoires sévères, par exemple des bronchopneumathies chroniques obstructives (BPCO) avancées ».

– A quel nombre de morts s’attendre?

Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus: voilà où semble se situer la dangerosité du Covid-19, même si l’on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.

Selon l’étude du 24 février, la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, « grave » dans 13,8% des cas et « critique » dans 4,7% des cas.

A ce stade, 3,4% des patients confirmés positifs dans le monde sont décédés. Mais sur quelque 100.000 cas positifs au total, plus de la moitié sont déjà guéris, selon l’université américaine Johns Hopkins, qui tient un décompte quotidien.

La dangerosité d’une maladie ne dépend pas seulement du taux de mortalité dans l’absolu, mais aussi de sa faculté à se répandre plus ou moins largement.

« Même si seuls 3% des cas décèdent, ça peut faire des chiffres importants si 30% ou 60% d’une population sont infectés », souligne le Dr Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur à Paris.

« Nous n’allons pas tous mourir : dans le pire scénario, 0,4% des Belges mourront, en large majorité dans les plus de 80 ans. Arrêtez la psychose », a écrit cette semaine sur son blog le médecin belge Philippe Devos, dans une analyse du risque intitulée « Coronavirus: Armageddon ou foutaise? »

– Les hôpitaux vont-ils être débordés?

C’est le principal danger de l’épidémie en cours.

Alors que le nombre de cas augmente un peu partout, l’enjeu est de « ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et (…) réserver les ressources des établissements de santé aux cas les plus graves », selon un guide du ministère de la Santé français destiné aux soignants.

Au fur et à mesure que les cas se multiplient, les patients atteints par une forme légère du Covid-19 ne sont plus hospitalisés mais restent chez eux. De même, des hospitalisations non urgentes sont repoussées pour laisser la place aux malades les plus touchés par le Covid-19.

Si l’hôpital sature, « on a un gros risque de monter à (…) 33.150 morts sur 11 millions d’habitants (0,3% de la population belge qui meurt). C’est +peu+ (on ne va pas tous mourir comme on l’entend parfois) mais quand même 100 fois plus que le nombre de tués sur les routes chaque année », écrit le Dr Devos.

L’autre priorité est d’éviter que les soignants soient eux-même contaminés en nombre, ce qui rendrait encore plus difficile la prise en charge des malades.

Si ces questions sont déjà cruciales dans les pays riches, elles se posent avec encore plus d’acuité dans les pays pauvres.

– Quelle transmission, quels symptômes?

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).

Pour éviter la contagion, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des mesures-barrières: éviter de se serrer la main et de s’embrasser, se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade…

Les symptômes les plus courants « comprennent les troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires », indique l’OMS. « Dans les cas les plus graves, l’infection peut entraîner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale, voire la mort ».

Il n’existe ni vaccin ni médicament et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d’autres traitements expérimentaux, dont l’efficacité est en cours d’évaluation.

– Quid des animaux domestiques?

Le cas d’un chien testé « faiblement positif » à Hong-Kong, alors que son maître était lui-même contaminé, a soulevé des questions sur les infections homme-animal.

Mais les scientifiques insistent sur le fait que ce cas est isolé et qu’on ne peut en tirer aucune conclusion.

« Il faut faire la différence entre une vraie infection et le fait de simplement détecter la présence du virus », souligne le Pr Jonathan Ball, de l’université anglaise de Nottingham.

« Cela nécessite d’en savoir plus, mais il ne faut pas paniquer, ajoute-t-il. Je doute que ce chien puisse transmettre le virus à un autre chien ou à un homme, en raison du faible niveau de virus détecté. Le vrai moteur de l’épidémie, c’est la transmission d’humain à humain. »

Pas de femme à la Maison Blanche: l’Amérique s’interroge (encore) sur le sexisme

Avec le départ d’Elizabeth Warren, la dernière femme ayant des chances d’être élue présidente des Etats-Unis quitte une course à la Maison Blanche qui avait pourtant démarré avec une diversité record. Quatre ans après la défaite d’Hillary Clinton, les candidates sont-elles victimes de sexisme aux Etats-Unis?

« Le plus difficile, c’est pour toutes ces petites filles qui vont devoir attendre quatre ans de plus » pour voir une femme à la Maison Blanche, a confié Elizabeth Warren, 70 ans, en annonçant jeudi son retrait de la course à l’investiture démocrate.

Son départ ne laisse plus qu’une femme en lice, la jeune élue Tulsi Gabbard qui n’a fait que de petits scores dans les urnes jusqu’ici, et deux hommes septuagénaires, Joe Biden et Bernie Sanders.

Comme pour les quatre autres femmes qui ont jeté l’éponge mais aussi les hommes, le départ d’Elizabeth Warren s’explique parce qu’elle n’a pas réussi à convaincre les électeurs, notamment en n’ayant pas su trouver sa voie entre l’aile gauche et plus modérée du parti démocrate.

Mais « si vous dites que non, il n’y a pas eu de sexisme, un milliard de femmes vont penser +sur quelle planète vivez-vous?+ », a souligné Elizabeth Warren.

« A-t-elle mené une campagne parfaite? Bien sûr que non », reconnaît Debbie Walsh, directrice du Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP).

« Personne ne le fait. Bernie Sanders n’a pas mené une campagne parfaite et Joe Biden n’a certainement pas mené de campagne parfaite. Mais il est difficile d’imaginer qu’un candidat masculin, avec ses compétences, son intelligence, son empathie et sa façon de connecter avec les foules » ne serait pas allé « beaucoup plus loin dans cette élection » que Mme Warren.

« Cela démontre que dans ce pays, les femmes ne sont pas encore sur un pied d’égalité, qu’il y a encore du sexisme, de la misogynie » à l’heure de briguer la plus haute fonction politique, explique-t-elle à l’AFP.

Un biais d’autant plus accentué cette année que les électeurs démocrates ont un grand objectif en tête: battre Donald Trump en novembre.

Or « les femmes et les minorités sont encore perçues comme des choix risqués » pour gagner, regrette Mme Walsh.

Par les hommes, mais surtout par les femmes, d’après un sondage CNN datant de janvier: 20% des femmes interrogées y déclaraient qu’une femme ne pouvait pas gagner la Maison Blanche, contre 9% chez les hommes.

– « Element de misogynie » –

« Il s’agit d’une compétition, vous faites campagne et les gens vous suivent » ou non, « mais je pense vraiment qu’il y a un certain élément de misogynie là-dedans », a réagi la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, jeudi.

« Mais je pense que les Américains sont prêts » à voir une femme présidente, a-t-elle ajouté, en rappelant que Hillary Clinton était arrivée « très près » en novembre 2016.

Battue par Donald Trump, elle avait alors déclaré:

« Je sais que nous n’avons pas encore brisé le plus haut et le plus dur des plafonds de verre, mais un jour, quelqu’un le fera et, espérons-le, plus tôt qu’on ne l’imagine ».

Deux ans plus tard, en 2018, les Américains ont envoyé un nombre record de femmes au Congrès américain, grâce notamment à la mobilisation des électrices.

– « Nous persévérons » –

Une « misogynie » en partie « inconsciente », des « défis » plus grands: d’autres ex-prétendantes à la Maison Blanche, comme la sénatrice Kamala Harris ou l’auteure Marianne Williamson, ont témoigné de leur expérience après le départ d’Elizabeth Warren.

Les candidates sont prises en étau, souligne Debbie Walsh, car elle doivent d’une part davantage démontrer que les hommes qu’elles sont « fortes » et « compétentes » mais, comme dans le cas d’Elizabeth Warren, si « elle souligne ses compétences, on la perçoit comme arrogante ».

Ses attaques virulentes contre le milliardaires Michael Bloomberg lui ont aussi valu d’être qualifiée d' »agressive », un mot rarement attaché à Bernie Sanders pourtant connu pour son ton combatif.

« Elle est méchante et les gens ne l’aiment pas », a affirmé Donald Trump vendredi. Il avait qualifié Hillary Clinton de « teigne » en 2016. Un mot devenu cri de ralliement féministe.

Elizabeth Warren, elle, ne perd pas espoir.

« Cela prendra juste un peu plus de temps avant que nous puissions avoir une femme à la Maison Blanche », a-t-elle déclaré sur MSNBC, sans écarter la possibilité de se représenter.

« Nous ne pouvons pas perdre espoir parce que la seule façon que cela change, c’est de s’y remettre demain et de reprendre le combat. Nous persévérons. »

Coronavirus: un premier cas à l’intérieur du micro-Etat du Vatican

La Cité du Vatican, le plus petit Etat du monde, où réside le pape François, a annoncé vendredi son premier cas de coronavirus.

Il a été détecté dans le modeste centre médical, situé non loin d’une des portes d’accès au territoire de ce micro-Etat, qui accueille en temps normal des habitants, des employés ou des retraités du Vatican, dont des membres du clergé.

Vendredi, il a provisoirement mis fin à toutes les consultations « pour assainir les locaux après la découverte hier d’un cas positif de Covid-19 sur un patient », a annoncé le Saint-Siège.

La Cité du Vatican, en grande partie enserrée derrière des murs élevés de part et d’autre de la place Saint-Pierre, s’étend seulement sur 44 hectares (0,44 km2). Cet insolite Etat ne compte que 450 habitants, dont une centaine de gardes suisses vivant ensemble dans une caserne.

Mais à ses points d’entrée, filtrés par les gardes suisses, passent des milliers de visiteurs internationaux et d’employés du Vatican vivant à Rome, qui se déplacent à pied ou en voiture.

Le centre médical fermé vendredi jouxte un supermarché également réservé aux employés, ainsi qu’une pharmacie accessible à tous les touristes à condition d’avoir une ordonnance en main.

Ces lieux étaient relativement désertés ces derniers jours, tout comme la Basilique Saint-Pierre et les musées du Vatican (qui ont une entrée séparée dans la Cité du Vatican), mais aussi la capitale italienne, submergée par les annulations de séjours.

– « J’ai peur », confie soeur Lucilia –

« J’ai peur parce que c’est une chose nouvelle, il y a beaucoup de cas, beaucoup de morts », a confié à l’AFP soeur Lucilia, une Brésilienne de 41 ans, allée faire ses adieux à la place Saint-Pierre avant de rentrer au pays.

Sara Riveiro, une touriste de Barcelone de 27 ans, balaie en revanche toute inquiétude: « Non je n’ai pas peur, le taux de mortalité est très bas, je suis jeune et en bonne santé ».

Sa concitoyenne Sandra Martinez, une étudiante en histoire de l’art du même âge, s’inquiète davantage. « J’ai des amis qui sont rentrés d’Italie et ont dû rester deux semaines en quarantaine », raconte-t-elle. « J’espère que ça ne va pas m’arriver ! »

Une fois désinfecté, le centre médical sera rouvert au public, a dit à l’AFP le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni.

Ce dernier a précisé que « tous les patients passés dans le centre médical » étaient « en train d’être avertis », sans donner d’indications sur l’état du patient testé positif.

Vendredi quelques bureaux de la Secrétairerie d’Etat du Vatican (le gouvernement central) ont aussi été « fermés par précaution », a précisé une source vaticane à l’AFP. Une fois décontaminés, ils ont été rouverts.

– Activité du pape: mesures attendues –

L’Italie est actuellement le deuxième pays pour le nombre des morts provoquées par le coronavirus et le troisième en termes de contaminations.

Cela fait plus d’une semaine que le pape, à la tête des 1,3 milliard de catholiques, n’a pas quitté son lieu de résidence à quelques pas de la basilique Saint-Pierre.

Le Vatican a annoncé jeudi que de nouvelles mesures de précaution relatives à ses activités étaient à l’étude.

Elles pourraient concerner dès dimanche l’Angélus, que François célèbre habituellement d’une fenêtre du Palais apostolique surplombant la place Saint-Pierre, face à la foule massée en contrebas.

Le Vatican n’a pas encore précisé si le pape, âgé de 83 ans, serait tenu à distance de la foule des audiences générales du mercredi.

L’Argentin Jorge Bergoglio est connu pour apprécier les poignées de main et les baisers sur la joue ou le front, ne semblant pas être effrayé pour lui-même par les risques sanitaires ainsi encourus.