Algérie: nouvelle prolongation de la garde à vue de militants du « Hirak »

La garde à vue de quatre manifestants algériens, dont des figures du mouvement de contestation « Hirak », interpellés samedi par la police lors d’une marche antirégime, a été prolongée une nouvelle fois de 24 heures lundi, a indiqué une association de soutien aux détenus.

La garde à vue a été prolongée « pour complément d’enquête pour Khaled Drareni, Samir Benlarbi, Slimane Hamitouche et Toufik Hassani », a déclaré à l’AFP Kaci Tansaout, porte-parole du Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Samir Benlarbi et Khaled Drareni sont deux figures du « Hirak », le mouvement de contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an. Le premier est un militant de la société civile et le second un journaliste indépendant, correspondant en Algérie de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui a réclamé sa libération.

Toufik Hassani est un ancien policier qui a été interpellé à plusieurs reprises après avoir pris publiquement position en faveur du « Hirak ».

Tous avaient été interpellés samedi pour « attroupement non armé », en compagnie d’une trentaine de manifestants, alors qu’ils participaient à une marche à Alger.

« Ce prolongement de garde à vue est légal mais non justifié au vu des faits qu’on leur reproche » à ce jour, a précisé à l’AFP Me Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) et membre du collectif de défense.

Les autres personnes interpellées samedi ont été relâchées le lendemain et devront comparaître pour leurs procès en avril.

Près de 300 manifestants avaient tenté de défiler samedi dans le centre d’Alger, mais ils avaient été dispersés par la police, selon un journaliste de l’AFP.

Les marches du « Hirak » se déroulent habituellement chaque vendredi mais des appels à défiler aussi le samedi ont été relayés sur les réseaux sociaux.

Plusieurs dizaines de personnes restent en détention dans le cadre du mouvement de contestation, selon les organisations de défense des droits humains, leur nombre précis étant difficile à établir en raison des remises en liberté et des interpellations qui se succèdent.

Parallèlement, la justice algérienne multiplie les renvois de procès pour les opposants.

« Nous n’allons pas nous taire devant cette nouvelle stratégie de renvoi de procès (…) et nous n’allons pas nous taire contre ces gardes à vue prolongées, contre ces arrestations arbitraires et condamnations d’innocents et nous n’allons pas nous taire contre cet acharnement », a écrit lundi le CNLD sur sa page Facebook.

Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, le « Hirak » exige le changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

Burkina: 43 civils tués dimanche dans plusieurs attaques dans le Nord

Quarante-trois villageois ont été tués dimanche au cours de plusieurs attaques dans des localités du nord du Burkina Faso, a annoncé lundi le gouvernement dans un communiqué, des sources locales précisant à l’AFP qu’il s’agit d’attaques de groupes d’autodéfense en représailles aux actions jihadistes.

« Dimanche, des attaques ont été perpétrées dans les villages de Dinguila et Barga situés dans la commune de Barga, province du Yatenga (Nord). Le bilan provisoire fait état de 43 victimes », selon le ministre de la Communication Remis Fulgance Dandjinou. Des sources locales, jointes par l’AFP, indiquent qu’il s’agit de villages où vivent majoritairement des Peuls, souvent accusés d’être proches des jihadistes.

Nucléaire: l’AIEA réclame de nouveau à l’Iran sa « coopération immédiate »

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a de nouveau demandé à l’Iran lundi de donner à ses inspecteurs l’accès à deux sites soupçonnés d’avoir pu abriter des activités nucléaires non déclarées.

« J’appelle l’ à coopérer immédiatement et pleinement avec l’agence, y compris en fournissant un accès rapide aux emplacements spécifiés », a déclaré M. Grossi à l’ouverture du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne.

En janvier, Téhéran a refusé des inspections sur deux sites que souhaitait vérifier l’AIEA. Ces emplacements n’ont pas de lien avec les activités actuelles de l’Iran mais ont trait aux projets nucléaires militaires du pays dans les années 2000, selon plusieurs sources diplomatiques.

Ce « refus nuit à la capacité de l’agence (…) de fournir une assurance crédible de l’absence de matières et d’activités nucléaires non déclarées en Iran », a jouté M. Grossi devant l’organe de décision de l’AIEA, qui tient cette semaine sa réunion trimestrielle.

Le régime iranien estime ne plus être tenu de s’expliquer sur ses agissements dans les années qui ont précédé la signature de l’accord nucléaire de 2015, aujourd’hui menacé de délitement complet. Téhéran reproche à l’AIEA d’effectuer ces réclamations sous pression d’Israël et des Etats-Unis.

Ces nouvelles crispations sont de nature à renforcer la position d’une ligne dure vis-à-vis de l’Iran, en particulier à Washington.

Sur le volet de ses activités nucléaires actuelles, l’Iran collabore sans difficulté avec les inspecteur de l’AIEA qui ont accès à tous les sites nécessaires.

Depuis que les Etats-Unis ont dénoncé unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien en 2018 et imposé des sanctions qui étranglent l’économie iranienne, Téhéran s’est affranchi en plusieurs étapes, depuis mai 2019, de plusieurs limites clés fixées par l’accord international visant à garantir la nature pacifique de son programme nucléaire.

Dernière phase de ce désengagement, l’Iran a annoncé le 5 janvier que son programme nucléaire ne serait plus « soumis à aucune restriction dans le domaine opérationnel ».

« A ce jour, l’agence n’a observé aucun changement » consécutif à cette annonce, a déclaré M. Grossi lundi.

Cinéma: Max von Sydow, 70 ans d’une carrière sans échec

Immortalisé par sa partie d’échecs contre la Mort dans « Le septième sceau » d’Ingmar Bergman, Max von Sydow, décédé à 90 ans, a promené pendant près de 70 ans sa silhouette filiforme devant les caméras des plus grands metteurs en scène.

Carcasse de près de deux mètres, yeux bleus perçants, timbre de voix rauque: des atouts utilisés pratiquement sans temps morts entre 1949 et 2018 sur les plateaux de cinéma.

A Hollywood, Von Sydow, qui a pris la nationalité française en 2002, a notamment habité « L’Exorciste » en 1973 et a été choisi par Steven Spielberg et Martin Scorsese pour leurs blockbusters « Minority Report » (2002) et « Shutter Island » (2010) aux côtés respectivement de Tom Cruise et Leonardo DiCaprio. En 2015, il est encore à l’affiche d’une grosse production, avec « Star Wars, épisode VII, le réveil de la force ».

Étrangement, il n’a jamais récolté de distinction majeure. Il n’a eu les honneurs que de deux nominations par l’Académie des Oscars pour son rôle dans « Pelle le conquérant » (1987), du Danois Bille August et pour son second rôle dans le film du Britannique Stephen Daldry, « Extrêmement près et incroyablement fort » (2011).

Comment expliquer ce manque de reconnaissance? « Les acteurs qui ont obtenu un certain succès se voient toujours proposer le même genre de rôles, et j’en ai moi-même souffert » déclarait l’acteur dans le quotidien suédois Aftonbladet au moment de la sortie de ce dernier film.

Max von Sydow est né le 10 avril 1929 à Lund, dans le sud de la Suède, d’un père, Carl Wilhelm, professeur d’ethnologie et d’une mère, Greta, institutrice. Après ses études secondaires, il s’inscrit à l’Ecole royale d’art dramatique de Stockholm.

Le réalisateur suédois Ingmar Bergman jette son dévolu sur lui dans les années 1950 et lui fait jouer les plus grands rôles sur les planches du Théâtre de Malmö, dans « Peer Gynt », « Le Misanthrope » ou « Faust ».

– Du cérébral à « Conan le Barbare » –

En 1957, Von Sydow incarne le Chevalier dans « Le septième sceau ». Bergman l’emploiera dans douze autres de ses films, parmi lesquels « Les fraises sauvages » (1957), « Le visage » (1958) ou « Le lien » (1971). Le plus souvent, l’acteur se fait l’interprète de l’angoisse existentielle.

En 1960, Max von Sydow revient au Théâtre royal de Stockholm dont il fera partie de la troupe jusqu’en 1972.

A ce moment là, sa carrière hollywoodienne est déjà sur les rails: il incarne Jésus dans « La plus grande histoire jamais contée » (1965) au côté notamment de Charlton Heston, et joue dans « Hawaï » (1966) avec Julie Andrews. En 1986, c’est Woody Allen qui lui offre un rôle dans « Hannah et ses soeurs ».

John Huston, Sydney Pollack, Bertrand Tavernier, David Lynch, Andrei Konchalovsky, Wim Wenders ou encore Ridley Scott ont également fait appel à ses talents, exploités y compris dans des films moins cérébraux, comme « Flash Gordon » (1980), « Conan le Barbare » (1982) ou « Judge Dredd » (1995).

En 1997, Max von Sydow qui est père de deux garçons d’un premier mariage avec l’actrice suédoise Christina Olin, a épousé en secondes noces la réalisatrice française de documentaires Catherine Brelet.

« Je veux vivre en France. Et je veux mourir en France », affirmait l’acteur, alors que le couple s’était installé dans ce pays. Max von Sydow y a été élevé au rang de Commandeur des Arts et des Lettres en 2005 et fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2011.

C’est son épouse qui a annoncé lundi son décès dans un communiqué: « c’est le cœur brisé et avec une infinie tristesse que nous avons l’extrême douleur de vous annoncer le départ de Max von Sydow le 8 mars 2020 ».

Coronavirus: des passagers « inquiets » sur un bateau en quarantaine à Louxor

Des touristes français, américains et indiens confinés depuis vendredi sur un bateau de croisière sur le Nil à Louxor, dans le sud de l’Egypte, après la détection de cas de nouveau coronavirus, se disent « inquiets » de leur sort et celui de leurs proches hospitalisés.

Le « A-Sara », un bateau de croisière à trois niveaux, est amarré à quai et placé sous haute surveillance policière depuis vendredi, selon des passagers obligés de rester à bord après l’évacuation de personnes contaminées.

Cette mise en quarantaine, impliquant plusieurs dizaines de touristes, est intervenue après la détection la semaine dernière de plusieurs cas de nouveau coronavirus sur le navire.

Au total, 33 passagers et 12 membres d’équipage ayant contracté la maladie Covid-19 ont été évacués ce week-end vers l’hôpital de Marsa Matrouh, dans le nord de l’Egypte, selon les autorités égyptiennes. Onze d’entre eux ont depuis été testés négatifs mais restent en quarantaine, selon la même source.

Les passagers dont le test était négatif avant l’évacuation sont restés à bords, selon les touristes contactés par téléphone par l’AFP et plusieurs sources diplomatiques.

– « Nous sommes inquiets » –

Samedi les autorités égyptiennes avaient pourtant indiqué que ces derniers avaient été « transférés en quarantaine », sans donner davantage de détails.

Le bateau transportait initialement 101 touristes étrangers et 70 Egyptiens, selon les autorités égyptiennes.

« Il y a à peu près 80 personnes à bord, passagers et membres d’équipage, confinés en quarantaine pour 14 jours », a dit lundi par téléphone à l’AFP Philippe Gruwé, 54 ans, membre d’un groupe de touristes qui faisaient une croisière sur le Nil.

Cet habitant de Tarbes (sud-ouest de la France) a précisé que son épouse de 53 ans, testée positive au nouveau coronavirus, a été transférée vers l’hôpital de Marsa Matrouh.

Selon M. Gruwé, le bateau a été éloigné du quai vendredi alors que les touristes devaient visiter un temple à Louxor et des tests ont été pratiqués sur les passagers.

« Nous n’avons pas eu d’explication au départ sur pourquoi ils éloignaient le bateau », a-t-il dit.

« Nous sommes inquiets, les gens ici préfèreraient être en quarantaine à la maison », a-t-il ajouté, précisant qu’il n’avait par ailleurs pas pu joindre son épouse hospitalisée.

Selon lui, une trentaine de Français seraient à bord du bateau et 14 auraient été hospitalisés. Aucune source diplomatique française n’était joignable lundi matin pour confirmer l’information.

Un autre passager français présent à bord, Lucas Bonnamy, âgé de 19 ans, avait posté samedi un « SOS » sur Facebook en déplorant les conditions de la quarantaine et celles des personnes hospitalisées qui « craignent pour leur propre vie ».

Lundi, il a toutefois indiqué à l’AFP que la quarantaine se « passait mieux maintenant » mais qu’il ne recevait toujours « aucun message (téléphonique) ni appel » et qu’il ne parvenait pas à obtenir des nouvelles de ses proches hospitalisés.

– Familles séparées –

« Toute le monde a été pris au dépourvu, la séparation de notre famille a été très vite violente », a souligné M. Bonnamy qui voyageait avec six de ses proches, dont deux ont été transférés à l’hôpital.

Néanmoins, le jeune homme, étudiant au lycée agricole de Périgueux, a salué le rôle apaisant des guides touristiques présents sur le A-Sara. « Ils ont réussi à garder la tête sur les épaules et à calmer le jeu. C’est très important pour nous de compter sur ces personnes », a-t-il confié.

« Nous souhaitons vite un rapatriement car nous sommes très inquiets » au sujet du sort des passagers hospitalisés, a avoué M. Bonnamy.

Des Américains et des Indiens sont également présents sur le bateau. « Nous sommes en contact avec les passagers américains », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’ambassade américaine Sam Werberg, sans donner de précisions sur le nombre de ressortissants américains présents sur le bateau.

L’ambassade d’Inde en Egypte a confirmé la présence de ressortissants indiens dans un tweet dès dimanche soir.

Matt Swider, l’un des passagers américains transportés à l’hôpital, a diffusé sur Twitter des photos de lui portant un masque pendant son transfert et à l’hôpital. Il a notamment assuré que « le personnel de l’hôpital a été extrêmement amical ».

Lundi, il a précisé que sa connexion internet était « limitée » mais que les « docteurs en Egypte s’occupaient de son #coronavirus ».

Dimanche, l’Egypte a annoncé le premier décès lié au nouveau coronavirus sur le continent africain, un touriste allemand hospitalisé vendredi dans le sud-est du pays.

Crash du vol MH17: ouverture du procès, les proches des victimes réclament justice

Le procès de quatre personnes accusées d’avoir provoqué l’explosion en 2014 du vol MH17 au-dessus de l’Ukraine tuant les 298 personnes à bord, s’est ouvert en l’absence des accusés aux Pays-Bas lundi, un jour « très important » pour les proches des victimes.

Les quatre suspects, trois Russes et un Ukrainien, ne se sont pas présentés à l’audience. Le procès suivra son cours malgré leur absence, a décidé le tribunal.

Les familles des victimes, dont plusieurs ont fait le déplacement pour assister à l’audience, réclament que « justice soit faite », plus de cinq ans après la catastrophe.

Lors de l’ouverture du procès, qui pourrait s’étendre sur cinq ans, le parquet a dans un moment solennel énuméré un à un tous les noms des victimes, hommes, femmes et enfants, sous les yeux de plusieurs proches, visiblement émus.

Le procès se déroule au tribunal de Schiphol, en banlieue d’Amsterdam, à quelques encablures de l’aéroport d’où le Boeing avait décollé avant d’être touché en plein vol par un missile BUK de conception soviétique.

Les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l’Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes pro-russes de l’Est de l’Ukraine, sont poursuivis pour meurtre et pour avoir délibérément causé le crash de l’avion.

Doubinski, Guirkine et Khartchenko seront jugés par contumace, tandis que Poulatov a choisi d’être représenté par un avocat néerlandais, a précisé le juge Hendrik Steenhuis.

« Le tribunal se rend compte de l’impact de la perte de tant de vies humaines, et la manière dont elles se sont terminées si brusquement est à peine concevable », a-t-il déclaré.

– « Jour très important » –

Pour les proches des victimes, qui se battent depuis plus de cinq ans pour que « justice soit faite », il s’agit d’un « jour très important ».

« C’est le premier jour où l’on va nous dire ce qui s’est passé, qui était responsable, pourquoi l’avion a été abattu », a témoigné Piet Ploeg, le président d’une association de victimes néerlandaise qui a perdu son frère, sa belle-soeur et son neveu dans la catastrophe.

« On aura également des réponses à des questions telles que: +quel était le rôle de la Russie+? », a-t-il ajouté devant les journalistes avant l’audience.

Le Boeing 777 de la compagnie Malaysian Airlines, parti d’Amsterdam pour Kuala Lumpur le 17 juillet 2014, avait été touché en plein vol par un missile BUK de conception soviétique au-dessus de la zone de conflit armé avec les séparatistes pro-russes dans l’Est de l’Ukraine. Les 298 personnes à bord, parmi lesquelles 196 Néerlandais, avaient été tuées.

Les quatre accusés, premiers suspects à être inculpés dans cette affaire, sont poursuivis par le parquet néerlandais pour avoir convoyé le système de missiles anti-aériens BUK, avant que celui-ci soit tiré par d’autres personnes encore non identifiées.

– « Parti pris » –

L’équipe internationale d’enquêteurs, dirigée par les Pays-Bas, a établi en mai 2018 que l’avion avait été abattu par un missile provenant de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (sud-ouest).

A la suite de ces révélations, les Pays-Bas et l’Australie, dont 38 ressortissants ont péri dans le drame, ont ouvertement imputé à la Russie la mort de leurs ressortissants.

Moscou a toujours nié avec véhémence toute implication dans le crash et rejeté la faute sur Kiev.

Les quatre accusés encourent la perpétuité.

Le plus connu d’entre eux, Igor Guirkine, surnommé « Strelkov » (« Tireur »), était l’un des principaux commandants des séparatistes du début du conflit contre l’armée ukrainienne, il y a cinq ans, et probablement leur représentant le plus médiatique à l’époque. Il dément toute implication des séparatistes ukrainiens pro-russes dans la tragédie.

Les enquêteurs chargés de faire la lumière sur l’explosion de l’avion du vol MH17 tentent toujours d’identifier les personnes ayant déclenché le lancement du missile, n’excluant pas de nouvelles inculpations dans le futur.

Ils ont notamment dévoilé à la mi-novembre le contenu de conversations téléphoniques révélant des « liens étroits » entre les suspects et de hauts responsables russes, parmi lesquels Vladislav Sourkov, un influent conseiller du président russe Vladimir Poutine, et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Malawi: arrestation de deux leaders de manifestations anti-gouvernementales

La police du Malawi a annoncé lundi l’arrestation de deux figures de la contestation antigouvernementale qui ont appelé à faire pression sur le chef de l’Etat pour qu’il promulgue la loi permettant la tenue d’un nouveau scrutin présidentiel en mai.

La Cour constitutionnelle malawite, saisie par l’opposition, a annulé le mois dernier la réélection en mai 2019 du président Peter Mutharika en raison de fraudes « systématiques et graves ».

Au pouvoir depuis 2014, M. Mutharika avait été déclaré vainqueur par la commission électorale avec 38,5% des suffrages, devançant de 159.000 voix à peine son principal adversaire Lazarus Chakwera.

Une loi votée récemment par le Parlement a fixé le nouveau scrutin à « la troisième semaine de mai ».

Elle impose également, conformément à l’arrêt de la Cour constitutionnelle, que le chef de l’Etat soit élu à la majorité absolue des suffrages, alors que la majorité relative suffisait lors des élections précédentes.

Ce texte doit désormais être promulgué par le chef de l’Etat.

Pour faire pression sur M. Mutharika, la Coalition des défenseurs des droits humains (HRDC), en pointe lors des manifestations qui ont soutenu l’annulation de l’élection, a appelé à bloquer le 25 mars ses différentes résidences dans le pays.

Dimanche, la police a réagi en interpellant deux dirigeants de la HRDC, Gift Trapence et le révérend MacDonald Sembeleka.

Elle a aussi émis un mandat d’arrêt contre un troisième chef de l’organisation, Timothy Mtambo, qui n’a pas encore été arrêté.

« Les trois suspects sont parfaitement au courant » de la loi « interdisant toute manifestation ou rassemblement à 100 mètres des résidences officielles », a justifié la police dans un communiqué lundi.

Quelques heures avant leur arrestation, le président Mutharika avait mis en garde dimanche les membres de la HRDC. « Votre temps est compté, c’est la fin de la partie », leur avait-il lancé lors d’une réunion publique à Blantyre.

Le porte-parole du président, Mgeme Kalilani, a assuré à l’AFP que M. Mutharika « travaillait » sur la loi votée par le Parlement et allait « bientôt communiquer sa décision ».

Virus en Egypte: des dizaines de passagers en quarantaine sur un bateau de croisière

Des dizaines de passagers sont restés en quarantaine sur le bateau de croisière « A-Sara » à Louxor dans le sud de l’Egypte après l’évacuation de 45 personnes ayant contracté le nouveau coronavirus, a-t-on appris lundi auprès de deux passagers français.

« Il y a à peu près 80 personnes à bord, passagers et membres d’équipage, confinés en quarantaine pour 14 jours », a dit par téléphone à l’AFP Philippe Gruwé, 54 ans, membre d’un groupe de touristes qui faisaient une croisière sur le Nil.

Cet habitant de Tarbes (sud-ouest de la France) a précisé que son épouse de 53 ans, testée positive au coronavirus, a été transférée vers un hôpital à Marsa Matrouh dans le nord de l’Egypte.

Au total, 33 passagers et 12 membres d’équipage ont été évacués du bateau ce week-end, selon les autorités égyptiennes. Les cas négatifs ont été « transférés en quarantaine », selon les autorités, qui n’ont pas donné plus de détails.

Le bateau transportait initialement 101 touristes étrangers et 70 Egyptiens, selon les autorités égyptiennes.

Selon M. Gruwé, le bateau a été éloigné du quai vendredi alors que les touristes devaient visiter un temple à Louxor et des tests ont été pratiqués sur les passagers.

« Nous n’avons pas eu d’explication au départ sur pourquoi ils éloignaient le bateau », a-t-il dit.

« Nous sommes inquiets, les gens ici préfèreraient être en quarantaine à la maison », a-t-il ajouté, précisant qu’il n’avait par ailleurs pas pu joindre son épouse hospitalisée.

Selon lui, une trentaine de Français seraient à bord du bateau et une quinzaine auraient été hospitalisés.

Aucune source diplomatique française n’était joignable lundi matin pour confirmer l’information.

Un autre passager français présent à bord, Lucas Bonnamy, avait posté samedi un « SOS » sur Facebook en déplorant les conditions de la quarantaine et celles des personnes hospitalisées qui « craignent pour leur propre vie ».

Lundi, il a confirmé à l’AFP qu’il se trouvait toujours à bord mais qu’il ne recevait « aucun message ni appel ».

Des Américains et des Indiens sont également présents. « Nous sommes en contact avec les passagers américains », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’ambassade américaine Sam Werberg, sans donner de précisions sur le nombre de ressortissants américains présents sur le bateau.

L’ambassade d’Inde en Egypte a confirmé la présence de ressortissants indiens dans un tweet dès dimanche soir.

Dimanche l’Egypte a annoncé le premier décès lié au nouveau coronavirus sur le continent africain, un touriste allemand hospitalisé vendredi dans le sud-est du pays.

En Syrie, l’improbable cohabitation entre soldats russes et américains

Sur une autoroute du nord-est de la Syrie, Hussein Abdel-Hamid s’est retrouvé un jour coincé une heure dans sa voiture: des forces américaines faisaient face à des blindés russes et aucune des deux patrouilles ne voulait céder le passage à l’autre.

Ces incidents devenus routiniers illustrent la fragile cohabitation entre troupes américaines et russes, déployées dans la Syrie en guerre depuis 2011 où le conflit implique de multiples belligérants, soutenus par des puissances étrangères aux intérêts divergents.

« Les forces américaines et les forces russes, on les voit toujours dans la confrontation, elles se comportent comme des taxis » qui font la course, regrette M. Abdel Hamid, 55 ans.

Les soldats américains sont sur le sol syrien depuis 2014, dans le cadre d’une coalition internationale mise sur pied pour soutenir les forces kurdes dans leurs combats contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Quant à l’armée russe, elle est militairement engagée depuis 2015 au côté du régime de Bachar al-Assad. Elle s’est déployée fin 2019 dans le nord-est syrien, quand Damas est venue à la rescousse de forces kurdes, confrontées à une offensive de la Turquie voisine.

Depuis, soldats russes et américains se côtoient directement en Syrie, pour la première fois depuis des décennies.

Des correspondants de l’AFP ont pu voir des soldats surveiller à la jumelle les déplacements du camp adverse. Régulièrement, les blindés des deux armées se croisent lors de patrouilles, faisant craindre aux experts un dérapage entre les deux grandes puissances.

M. Abdel Hamid raconte avoir été récemment témoin de frictions, sur l’autoroute reliant la ville de Qamichli à Hassaké. « On ne sait plus quelles routes emprunter, c’est comme si on passait d’un pays à un autre », déplore-t-il.

– Confrontation « limitée » –

A l’origine de cette cohabitation, il y a aussi les coups d’éclat et les rétropédalages du président américain Donald Trump.

En octobre 2019, il avait annoncé le retrait des troupes américaines de zones frontalières dans le nord-est syrien, un feu vert pour l’offensive de la Turquie contre les combattants kurdes.

Ces derniers, s’estimant lâchés par leur allié américain, n’ont eu d’autres choix que de se tourner vers le régime, et surtout Moscou, pour stopper la progression d’Ankara.

Washington avait ensuite annoncé garder 500 soldats dans le secteur pour assurer la protection des puits pétroliers tenus par les Kurdes.

« La présence conjointe de la Russie et des Etats-Unis dans le nord-est syrien est une situation exceptionnelle », résume Samuel Ramani, doctorant à l’Université d’Oxford.

Toutefois « le risque d’une confrontation majeure est très limité », estime-t-il.

Même si les incidents sont fréquents ces derniers mois.

Début mars, deux blindés américains près de la localité de Tal Tamr ont stationné à une cinquantaine de mètres d’une position du régime, attendant de s’assurer qu’une patrouille russe allait quitter le secteur.

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont partagé la vidéo d’un blindé russe roulant à toute allure pour dépasser un véhicule américain qui voulait lui bloquer le passage, les deux engins se frôlant quasiment.

En février, des échanges de tirs ont eu lieu au passage de véhicules américains près d’un barrage des forces prorégime. Un Syrien a été tué.

Le ministère de la Défense russe avait évoqué un « conflit entre la population locale et les troupes américaines », assurant que c’est l’intervention des soldats russes qui a permis d’empêcher une « escalade ».

– Faire pression sur Washington –

Ces incidents « montrent à quel point la situation est fragile sur le terrain », souligne Charles Thépaut, chercheur au Washington Institute for Near East Policy.

« La concentration de forces hostiles les unes aux autres dans un secteur limité où tout le monde doit utiliser les mêmes routes rend les choses dangereuses », explique-t-il.

Toutefois un mécanisme de « déconfliction » est en place depuis plusieurs années entre forces russes et américaines.

Il s’agit de canaux de communication dont l’objectif est d’empêcher les confrontations dans les zones où sont stationnées différentes forces et de gérer la présence des différentes aviations dans le ciel syrien.

Washington et Moscou ne veulent pas de « confrontation directe » estime M. Thépaut. « Le potentiel d’escalade des incidents pourrait être contenu, sauf si une des parties souhaite montrer sa force », dit-il.

Un risque avéré. En février 2018, une centaine de combattants prorégime, dont une poignée de Russes, ont été tués dans des frappes aériennes de la coalition internationale. Washington avait assuré que ces raids intervenaient après une offensive contre des forces kurdes.

Aujourd’hui, « l’objectif de la Russie » reste de pousser les troupes américaines à quitter la Syrie, rappelle M. Thépaut. Mais aussi « faire pression » sur les forces kurdes pour « négocier avec le régime ».

Avec les intérêts divergents de Moscou et de Washington, les Kurdes se livrent à un exercice d’équilibriste pour coopérer avec les deux, et tenter de préserver une semi-autonomie durement acquise.

Mais la désillusion est là.

« Nous ne faisons plus confiance ni aux Américains ni aux Russes », lâche le sexagénaire Yaacoub Kassar, rencontré près de Qamichli. « Les Etats ne cherchent que leurs propres intérêts ».

Nucléaire: l’Iran continue d’inquiéter la communauté internationale

L’Iran est de nouveau sur la sellette pour ses activités nucléaires: les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont constaté un accroissement important de son stock d’uranium enrichi et ils se sont vus refuser l’accès à deux sites qu’ils souhaitaient vérifier.

Ces nouveaux développements laissent augurer de débats tendus au Conseil des gouverneurs de l’agence onusienne qui se réunit toute la semaine à Vienne.

– Quelles limites a franchi Téhéran?

D’importantes bornes fixées par l’accord de 2015 entre l’Iran et les grandes puissances (JCPOA) ont sauté. Téhéran a lancé le processus d’enrichissement d’uranium dans ses centrifugeuses avancées récemment installées, repris le processus d’enrichissement dans l’usine souterraine de Fordo et dépassé le taux d’enrichissement autorisé, fixé à 3,67%.

La République islamique entend ainsi répliquer aux Etats-Unis de Donald Trump qui se sont unilatéralement retirés, en 2018, de cet accord historique visant à l’empêcher de se doter de l’arme atomique.

Conséquence de cette intensification du programme nucléaire iranien, le stock d’uranium faiblement enrichi de l’Iran, de 1.020,9 kilos, est désormais cinq fois supérieur au seuil autorisé, selon le rapport de l’AIEA daté du 3 mars.

En revanche, alors que Téhéran avait annoncé le 5 janvier la fin de toute restriction sur son programme nucléaire, et notamment la levée des limitations du nombre de centrifugeuses, aucun changement notable dans ses installations n’a été constaté depuis cette date, selon ce rapport et des diplomates interrogés par l’AFP.

– Pourquoi surveiller la quantité d’uranium?

La quantité autorisée n’a pas été fixée au hasard. C’est le résultat d’un calcul précis destiné à définir le « breakout time », c’est-à-dire le temps qu’il faudrait en théorie à l’Iran, avec une limite de 5.060 centrifugeuses, pour obtenir le matériau destiné à une bombe nucléaire.

Avec l’accord de Vienne, ce délai était d’environ un an.

L’accroissement du stock d’uranium faiblement enrichi dont dispose l’Iran constitue un « importante préoccupation », explique un diplomate. Il réduit le « breakout time » à quelques mois selon les experts.

Mais accumuler l’uranium ne suffit pas; il faut aussi l’enrichir à un taux de 90% pour qu’il soit utilisable à des fins militaires.

A ce stade, Téhéran n’a pas dépassé le taux d’enrichissement de 4,5%. « On n’est pas encore dans une zone d’alerte rouge », note l’ancien ambassadeur de France en Iran, François Nicoullaud.

Le régime iranien a toujours nié vouloir se doter de la bombe. Le stock actuel d’uranium est bien inférieur à ce qu’il était avant le JCPOA.

– Pourquoi le refus de deux inspections?

Démarche singulière depuis la signature de l’accord, l’Iran a refusé en janvier des inspections sur deux sites que souhaitait vérifier l’AIEA.

Le nouveau patron de l’agence, Rafaël Mariano Grossi, a « tiré la sonnette d’alarme » et demandé plus de transparence à l’Iran.

Ces deux sites n’ont cependant pas de lien avec les activités actuelles de l’Iran. Selon plusieurs sources diplomatiques, ils ont trait aux projets nucléaires militaires du pays dans les années 2000.

Les deux sites inaccessibles comptent parmi un total de trois positions liées à l’hypothèse de « matériel nucléaire et d’activités nucléaires non déclarés », selon l’agence.

« L’AIEA est une agence technique et elle a l’obligation de tirer au clair ces présomptions » car, en tant qu’Etat signataire du Traité de non prolifération (TNP), l’Iran doit signaler tous les sites contenant du matériel nucléaire, remarque François Nicoullaud.

Téhéran a cependant vertement répliqué en jugeant ces réclamations illégitimes et téléguidées par Israël et les Etats-Unis.

Israël affirme disposer d’archives iraniennes prouvant que la République islamique a dissimulé, dans les années 2000, des sites de fabrication d’armes nucléaires.

Sur le volet de ses activités nucléaires actuelles, l’Iran collabore en revanche sans difficulté avec les inspecteur de l’AIEA qui ont accès à tous les sites nécessaires.

– Qu’en pensent les grandes puissances?

Indépendamment de cette affaire, Paris, Londres et Berlin ont déclenché le 14 janvier le mécanisme de règlement des différends (MRD) prévu dans l’accord de 2015 afin de contraindre Téhéran à revenir au respect de ses engagements.

Les trois Etats de l’Union européenne sont, avec la Chine et la Russie, parties à l’accord de Vienne.

A terme, l’absence de conciliation peut mener au rétablissement par le Conseil de sécurité de l’ONU de toutes les sanctions qui avaient été levées après la signature du JCPOA, mais les Européens assurent que tel n’est pas leur objectif.

Une première réunion s’est tenue fin février pour lancer cette conciliation. Plusieurs source diplomatiques assurent qu’il n’y a pas de date butoir et que les négociateurs prendront le temps nécessaire.