Japon: peine de mort requise au procès du tueur de 19 handicapés

La peine capitale a été requise lundi au tribunal de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, à l’encontre de Satoshi Uematsu, un Japonais de 30 ans jugé pour le meurtre de 19 handicapés résidents d’une maison spécialisée.

« Nous demandons la peine de mort », a déclaré un représentant du bureau des procureurs de Yokohama devant la cour.

Le verdict est attendu le 16 mars.

Bien que son avocat ait plaidé qu’il était sous l’emprise de stupéfiants, M. Uematsu n’a pas nié les faits et assuré avoir agi en étant pleinement responsable. Il avait été arrêté juste après son forfait commis le 26 juillet 2016.

En pleine nuit, alors que la plupart des occupants dormaient, il s’était introduit dans un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la banlieue ouest de Tokyo, lieu où il avait auparavant travaillé.

Il était passé de chambre en chambre pour poignarder les résidents, laissant 19 morts et 26 blessés, dont la moitié grièvement. Il s’était ensuite rendu dans un commissariat, ses couteaux ensanglantés avec lui, pour avouer son crime. Il est jugé pour six chefs d’inculpation au total.

La tuerie de Sagamihara, une des pires de l’histoire récente du Japon, avait horrifié le pays, où le taux de criminalité est extrêmement faible. L’opinion publique avait aussi été choquée par les motivations de Satoshi Uematsu, liées à sa haine déclarée des handicapés mentaux. Il n’a exprimé aucun remord.

Il avait quitté son emploi au centre de Sagamihara quelques mois avant son attaque. Hospitalisé de force après avoir raconté à des collègues qu’il comptait y faire un carnage, il avait toutefois été rapidement libéré, un médecin ne l’ayant pas jugé dangereux.

La Belgique suspend la demande de remise à l’Espagne du Catalan Puigdemont

La Belgique ne livrera pas à l’Espagne les responsables indépendantistes catalans Carles Puigdemont et Toni Comin avant que le Parlement européen se soit prononcé sur une demande de levée de l’immunité de ces deux eurodéputés, a tranché lundi la justice belge.

Joint par l’AFP, un des avocats des Catalans, Me Simon Bekaert, a confirmé la décision rendue par la chambre du conseil du tribunal néerlandophone de Bruxelles.

« Le juge a décidé de reporter sine die le traitement de la demande d’extradition (…), en attendant la décision du Parlement européen sur la demande de levée d’immunité », a déclaré l’avocat.

M. Puigdemont, ex-président de la région Catalogne, et M. Comin, un de ses anciens « ministres », avaient fui en Belgique fin octobre 2017 après une tentative de sécession.

Ils sont tous deux recherchés par la justice espagnole, qui les accuse notamment de « sédition » et a déjà émis plusieurs mandats d’arrêt européens pour obtenir leur remise par la Belgique.

Les derniers mandats d’arrêt en date remontent à l’automne 2019.

Le juge d’instruction belge ayant engagé la procédure avait décidé de la suspendre début janvier, en vertu de la qualité d’eurodéputé de MM. Puigdemont et Comin leur offrant une immunité.

Une décision que n’a fait que confirmer lundi la chambre du conseil, selon Me Bekaert. « Dans son raisonnement, le juge a dit qu’il était lié par la décision du mois de janvier », a expliqué l’avocat.

Quant à la demande de levée de l’immunité de MM. Puigdemont et Comin, formulée le mois dernier par un juge espagnol, le Parlement européen n’a pas encore tranché. La décision finale n’est pas attendue avant juin, selon des sources parlementaires.

Outre Carles Puigdemont et Toni Comin, d’autres responsables indépendantistes catalans ont été élus en mai 2019 au Parlement de Strasbourg.

L’un d’eux, Oriol Junqueras, ancien numéro deux du gouvernement catalan, emprisonné en Espagne, s’est vu retirer son mandat après sa condamnation à 13 ans de prison et d’inéligibilité par la justice espagnole.

Une autre, Clara Ponsati, qui s’est réfugiée en Ecosse, est également sous le coup d’une demande de levée de son immunité. La procédure a été engagée la semaine dernière par le Parlement européen.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Un chanteur dissident rwandais retrouvé mort dans sa cellule

Un célèbre chanteur rwandais dont la musique a été interdite par le pouvoir « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé lundi la police rwandaise, trois jours après avoir été arrêté pour avoir voulu quitter le pays.

Kizito Mihigo, qui a survécu au génocide au Rwanda et dont les chansons provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame, a été retrouvé mort dans sa cellule vers 05H00 (02H00 GMT).

Mihigo, qui avait été condamné à une peine de dix ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement avant d’être remis en liberté, a été arrêté pour avoir tenté de traverser la frontière sud du Rwanda, vers le Burundi.

Le porte-parole de la police John Bosco Kabera a déclaré que le chanteur avait reçu la visite de membres de sa famille et de son avocat durant sa détention. »Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son suicide », a-t-il dit.

Kizito Mihigo avait été accusé en 2014 d’avoir mobilisé des jeunes pour des mouvements rebelles en exil dont des membres sont accusés d’avoir activement participé au génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, essentiellement parmi les Tutsi, selon l’ONU.

Il s’est attiré les foudres du Front populaire rwandais (FPR au pouvoir) en 2013 après avoir composé des chansons qui remettaient en question le contrôle strict du gouvernement sur l’héritage de la tragédie de 1994.

Sa musique, autrefois populaire auprès des élites dirigeantes, a été rapidement interdite. Deux ans plus tard, il a été accusé de terrorisme et de soutien à un mouvement politique d’opposition et condamné à 10 ans de prison.

Ses avocats avaient souligné l’absence de preuves contre leur client. Le chanteur a ensuite été libéré après une grâce présidentielle en septembre 2018.

Mihigo n’est pas la première personnalité critique envers le gouvernemenr à mourir de manière suspecte pendant une détention au Rwanda.

L’année dernière, un ancien directeur général du bureau de Kagame a été retrouvé mort dans une prison militaire après avoir été condamné à 10 ans pour corruption. En 2015, le médecin personnel de Kagame, Emmanuel Gasakure, a été abattu par la police alors qu’il était en détention.

Au pouvoir depuis 1994,Paul Kagame est accusé de diriger le pays d’une main de fer, de réprimer toutes les formes de dissidence et d’emprisonner ou d’exiler des politiciens de l’opposition.

Human Rights Watch a notamment accusé le régime de Kagame d’exécutions sommaires, d’arrestations, de détentions illégales et de tortures en détention.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

Face au virus, Taïwan mise sur des mascottes et une communication apaisée

Des mascottes animées, de l’humour et des conseils de prévention appelant à ne pas porter systématiquement un masque: face au coronavirus, Taïwan rejette l’alarmisme et mise sur une communication apaisée — aux antipodes des slogans catastrophistes du frère ennemi chinois.

Taïwan a enregistré une vingtaine de cas de contamination au nouveau coronavirus et a fait état dimanche du premier mort imputé à l’épidémie sur l’île, un chauffeur de taxi âgé de 61 ans.

Pour autant, Taipei évite à tout prix le climat de panique qui règne en Chine communiste où plus de 1.700 décès ont été recensés.

Sur les réseaux sociaux, les autorités taïwanaises recourent à des images d’animaux mascottes pour désamorcer les fausses informations et répéter des conseils d’hygiène de base.

Le ministère de la Santé s’est choisi pour « porte-parole » un chien baptisé Zongchai. Un vrai carton: son nom a acquis une popularité fulgurante et ses consignes sont repostées des centaines de milliers de fois.

Parmi ses recommandations figure le conseil de ne pas porter systématiquement un masque si l’on n’est pas souffrant… étant donné la pénurie.

« Laissez les masques aux gens qui en ont besoin, lavez-vous fréquemment les mains au savon, évitez de vous toucher les yeux, le nez, la bouche », suggère-t-il.

A l’occasion de la Saint-Valentin, le canidé livre ses conseils pour les rendez-vous romantiques par ces temps de coronavirus –lavages de mains réguliers, rester sobre et sexe protégé. « Et si je suis célibataire? », s’interroge le post. Zongchai aboie gentiment: « Tu peux aussi rester à la maison! ».

– ‘Coin-coinrément exagéré’ –

Le ministère des Affaires étrangères décide d’interdire l’entrée aux voyageurs venus de Chine continentale? Un pigeon au bec recouvert d’un masque annonce la nouvelle politique: « Virus à l’extérieur, sécurité à l’intérieur ».

Et pour désamorcer les rumeurs de pénurie de cartons pour les repas à emporter, le ministère de l’Economie met en scène une oie et un jeu de mots: « c’est coin-coinrément exagéré ». Les « likes » s’accumulent.

Certes, l’épidémie à Taïwan est sans commune mesure avec son ampleur en Chine continentale, où au moins 70.500 personnes ont été contaminées et où les autorités imposent des mesures de confinement drastiques à des dizaines de millions d’habitants.

Néanmoins, les modes et le ton de la communication de Taïwan –une île dont Pékin revendique la souveraineté mais qui est de facto dirigée de manière indépendante par un gouvernement démocratique– contrastent fortement avec la ligne du régime communiste.

Messages anxiogènes, slogans alarmistes dans les rues et des citoyens paniqués calfeutrés chez eux… Pékin a lancé une vaste campagne en appelant au patriotisme et au sacrifice.

Dans des villes en quarantaine à l’épicentre de l’épidémie, des calicots indiquent que « se rendre visite, c’est s’entretetuer » ou « se réunir, c’est un suicide collectif ». Des instructions catastrophistes qui ont essaimé dans tout le pays.

– Restrictions sur les masques –

En raison de la doctrine de « la Chine unique » défendue par Pékin, Taïwan est exclu de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’île n’en a pas moins réagi promptement au moment où l’épidémie gagnait en ampleur de l’autre côté du détroit, en restreignant puis interdisant l’entrée aux visiteurs du continent.

Taïwan a dû également faire face brièvement à des achats panique de masques, face à des stocks limités.

Réponse pragmatique des autorités: sauf exception, on ne peut acheter que deux masques par semaine en utilisant sa carte d’assurance maladie.

Dans le même temps, Taipei restreignait à 250 le nombre de masques qu’une personne peut exporter. Les douanes ont intercepté la semaine dernière un navire tentant de sortir… 71.000 masques.

Emirats : feu vert à l’exploitation de la première centrale nucléaire arabe

Les Emirats arabes unis ont annoncé lundi avoir donné leur feu vert à l’exploitation de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, mais sans préciser la date de sa mise en service, déjà longtemps retardée.

« L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé l’octroi à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré le représentant permanent des Emirats à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi.

Sa mise en route aura lieu dans un « futur proche » a-t-il ajouté.

Fondée en 2016, Nawah Energy Company exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site internet de l’entreprise.

« C’est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l’énergie nucléaire pacifique », s’est réjoui sur Twitter Mohammed ben Zayed al-Nahyane, prince héritier d’Abou Dhabi.

« Nos efforts continuent pour nous préparer aux 50 prochaines années et assurer les besoins énergétiques du pays », a ajouté l’homme fort des Emirats arabes unis.

L’installation a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d’après les responsables, aux conditions légales de sécurité.

– 25% des besoins –

« Il s’agit d’un moment historique pour les Emirats arabes unis (…)qui vient couronner les efforts de 12 ans de construction », s’est également félicité M. Alkaabi durant la conférence de presse.

« Après l’octroi de la licence d’exploitation du premier réacteur, l’opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale », a-t-il précisé.

Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25% des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole.

L’Etat fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d’habitants, dont environ 80% d’expatriés.

Les besoins en électricité sont croissants, en raison notamment de l’utilisation systématique de la climatisation durant les étés caniculaires.

ENEC, une entreprise publique, a annoncé en décembre que le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur devrait avoir lieu au cours du premier trimestre 2020.

– Programme « pacifique » –

Les responsables émiratis insistent sur le caractère « pacifique » de leur programme nucléaire et assurent qu’il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues.

« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a souligné Hamad Alkaabi.

Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de l’Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010.

De son côté, le Qatar, émirat voisin, dit voir dans Barakah une « menace pour la paix régionale ».

Interrogé par l’AFP sur le fait que ce projet peut exacerber les tensions dans la région, M. Alkaabi, s’est voulu rassurant.

«  »Je dis aux critiques que si vous avez des questions, vous pouvez nous les poser, nous serons heureux d’y répondre (…) et les Emirats font partie de nombreuses conventions, dont celle sur la sécurité nucléaire », a-t-il souligné.

Il a ajouté que le feu vert donné au fonctionnement du réacteur a résulté d’un processus d’évaluation de cinq ans qui a porté sur « la conception du réacteur en termes de sûreté mais aussi de sécurité, y compris les mesures associées à l’urgence ».

Comme plusieurs de ses alliés, dont l’Arabie saoudite, Abou Dhabi est en froid diplomatique avec le Qatar, avec lequel il n’entretient plus de relations officielles depuis juin 2017.

Abou Dhabi, comme Ryad, entretient aussi des liens tendus avec Téhéran.

La centrale nucléaire est située sur la côte nord-ouest du pays et n’est donc séparée de l’Iran, en face, que par les eaux du Golfe.

Grand allié des Emirats, les Etats-Unis mènent une politique de « pression maximale » contre la République islamique, accusée depuis plusieurs mois de semer le trouble dans la région, en attaquant notamment des pétroliers dans les eaux du Golfe.

Ryad et Washington ont également accusé l’Iran, qui dément, d’être à l’origine de l’attaque de septembre 2019 contre des installations majeures du géant pétrolier Saudi Aramco.

Une spécialiste du Golfe requérant l’anonymat a indiqué que « l’intensification des tensions régionales augmente la vulnérabilité des nouvelles infrastructures énergétiques » face au risque de telles attaques.

Allemagne: la course à l’après-Merkel est lancée

La course à la succession d’Angela Merkel en Allemagne s’ouvre cette semaine au sein de son parti conservateur, qui voit les prétendants prendre leurs distances avec la dirigeante et plonger sa fin de règne dans l’incertitude.

En jetant l’éponge lundi dernier après une année tumultueuse à la tête de la CDU, la dauphine désignée jusque-là de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer dite « AKK », a balayé la perspective d’un passage de témoin paisible fin 2021, échéance du quatrième mandat de Mme Merkel.

« Le problème avec les géants, c’est qu’ils doivent finir comme des géants. Une transition ordonnée n’est pas possible avec eux (…). Les tout-puissants doivent être renversés », a prophétisé lundi le quotidien Bild.

Le journal populaire rappelle d’ailleurs qu’Angela Merkel a elle-même précipité en 1999 la chute d’un autre mastodonte, son mentor Helmut Kohl, évincé de la tête de la CDU à la suite d’un scandale politico-financier.

AKK, qui entend passer la main d’ici l’été, doit s’entretenir cette semaine avec les candidats pour lui succéder à la direction du parti conservateur, avant de présenter son rapport aux responsables chrétiens-démocrates lundi 24 février.

Elle doit en particulier rencontrer mardi Friedrich Merz, 64 ans, rival historique et ennemi juré de la chancelière, crédité par les sondages d’une large majorité dans les rangs conservateurs, selon l’agence DPA.

– Merkel attaquée sur l’Europe –

« L’éternel second », selon le Spiegel, tient-il enfin sa revanche ?

Partisan d’un net virage à droite, cet avocat d’affaires passé par Blackrock, un puissant fonds d’investissement américain, avait été battu d’un cheveu par Mme Kramp-Karrenbauer fin 2018 pour la tête du parti.

Parmi les favoris figure aussi Armin Laschet, 58 ans, actuel chef du plus grand Etat régional allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Centriste, il doit convaincre la base conservatrice, mais paraît mieux placé que Friedrich Merz pour nouer avec les Verts, en plein essor, une coalition inédite au niveau fédéral.

Pas question pour lui, pourtant, de jouer de sa proximité politique avec Angela Merkel: il s’est démarqué de la chancelière dès dimanche, déplorant son manque de réactivité face aux propositions d’Emmanuel Macron pour relancer le projet européen.

Enfin, l’ambitieux ministre de la Santé Jens Spahn, 39 ans, part en outsider, lui qui s’était distingué fin 2015 en étant l’un des premiers à critiquer la décision de la dirigeante d’ouvrir les frontières allemandes à plus d’un million de personnes fuyant la guerre et la misère.

Moins bien placé que ses concurrents, M. Spahn s’est montré ouvert à une direction « collective », piste évoquée ce week-end par plusieurs responsables soucieux de ne pas diviser le parti, et qui repousserait de fait le moment de désigner un candidat à la chancellerie.

– Positionnement vis à vis de l’AfD –

Le « premier point » à clarifier sera le positionnement vis-à-vis du parti d’extrême droite AfD, a insisté dimanche soir lors d’une émission télévisée Markus Söder, patron du « parti-frère » de la CDU en Bavière, la CSU.

Lui-même présenté comme un prétendant à la chancellerie, M. Söder exclut tout rapprochement avec l’AfD, après le séisme déclenché début février par une alliance dans la région de Thuringe entre droite modérée et extrême droite.

Brisant un tabou dans l’Allemagne d’après-guerre, le sujet divise la CDU, puisque la fuite d’une partie de ses électeurs vers l’extrême droite compromet sa capacité à gouverner.

Crédité d’environ 40% des intentions de vote en 2015, l’attelage avec la CSU n’attire plus que 26% des sondés, selon le baromètre DeutschlandTrend de jeudi dernier.

Mais la réponse à l’AfD, complexe tant le parti surfe à la fois sur un discours anti-migrants et sur un sentiment anti-élites et anti-européen particulièrement prégnant à l’Est, est loin d’être le seul chantier.

Le départ d’Angela Merkel, qu’il ait lieu fin 2021 ou à la faveur d’élections anticipés, coïncide en effet avec la fin d’une période économique dorée: à ses successeurs de préparer l’avenir d’une Allemagne vieillissante, réticente à utiliser ses excédents publics pour investir.

Le pays devra par ailleurs accélérer sa transformation industrielle face au changement climatique, un défi particulièrement épineux pour son secteur automobile.

Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.