Julian Assange: des révélations à l’audience d’extradition

Voici les grandes étapes de la saga judiciaire autour de Julian Assange, incarcéré près de Londres. La justice britannique examine à partir de lundi la demande d’extradition du fondateur de Wikileaks vers les Etats-Unis, où l’Australien de 48 ans est accusé d’espionnage.

– Révélations et mandat d’arrêt –

Fin juillet 2010, la presse mondiale publie 70.000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site internet WikiLeaks. 400.000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak sont publiés en octobre puis, un mois plus tard, le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains.

Le 18 novembre, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle de deux Suédoises en août 2010. L’Australien assure que les jeunes femmes étaient consentantes.

Assange se livre à la police britannique le 7 décembre. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence.

En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition de la Suède. L’Australien redoute d’être extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort.

– Réfugié à l’ambassade d’Équateur –

Le 19 juin 2012, Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres et demande l’asile politique. L’Équateur, présidé alors par la figure de la gauche sud-américaine Rafael Correa, le lui accorde en août puis exige en vain un sauf-conduit de Londres pour qu’Assange se rende en Équateur.

Il restera cloîtré dans l’ambassade pendant près de sept ans, période pendant laquelle il obtiendra même la nationalité équatorienne avant d’en être déchu.

Le 2 avril 2019, le président équatorien Lenin Moreno — qui a rompu avec son prédécesseur — affirme qu’Assange a violé l’accord sur ses conditions d’asile. Le 11, Assange est arrêté dans l’ambassade par la police britannique.

– Enquête sur le viol rouverte –

Aussitôt, l’avocate de la femme qui accuse Julian Assange de viol en Suède en 2010 annonce qu’elle va demander au parquet la réouverture de l’enquête. Le parquet l’avait classée sans suite en 2017 faute de pouvoir faire avancer la procédure.

Le 14, l’avocate d’Assange déclare que son client est prêt à coopérer avec les autorités suédoises si celles-ci demandent son extradition mais que la priorité reste d’éviter une extradition vers les États-Unis.

Le 1er mai, Julian Assange est condamné à 50 semaines de prison par un tribunal londonien pour violation des conditions de sa liberté provisoire.

Le 13, le parquet de Stockholm annonce la réouverture de l’enquête pour viol puis demande le placement en détention d’Assange. Demande refusée par la justice suédoise le 3 juin.

– Nouvelle inculpation américaine –

Le 23 mai 2019, la justice américaine, qui l’accuse déjà de « piratage informatique », l’inculpe de 17 nouveaux chefs en vertu des lois anti-espionnage. Assange encourt jusqu’à 175 ans d’emprisonnement. Son audience d’extradition vers les Etats-Unis, prévue le 30 mai, est reportée pour raison de santé en février 2020.

Le 31, le rapporteur de l’ONU sur la torture, après avoir rencontré Assange en prison, estime qu’il présente « tous les symptômes (de) torture psychologique ». Il affirmera début novembre que le traitement infligé à Assange met sa vie « en danger ».

Le 21 octobre, Julian Assange, confus et bredouillant, comparaît pour la première fois en personne devant le tribunal de Westminster.

– Abandon des poursuites en Suède –

Le 19 novembre, le parquet suédois annonce le classement sans suite de l’enquête pour viol, faute de preuves.

« Tous les actes d’enquête ont été épuisés (…) sans apporter les preuves requises pour une condamnation », alors que les faits seront prescrits le 17 août 2020, précise le parquet.

– Audience d’extradition à Londres

La justice britannique examine à partir du 24 février 2020 la demande américaine d’extradition du fondateur de Wikileaks. Les audiences sont prévues toute la semaine, avant d’être interrompues pour reprendre pour trois semaines à compter du 18 mai.

Centrafrique: un procès historique ravive des blessures du conflit

Dans ces allées bordées d’arbres immenses et d’élégantes bâtisses tombées en décrépitude, le temps s’est comme arrêté. A Bangassou, petite cité somnolente du sud-est de la Centrafrique, ne subsistent que les vestiges d’un passé florissant, et les traumatismes d’un des pires massacres qu’a connu ce pays à l’histoire tourmentée.

En mai 2017, une colonne de miliciens chrétiens anti-balaka a déferlé sur cette ville, jusqu’alors relativement épargnée par la guerre civile qui ravageait le reste du pays depuis 2013, et tué au moins 72 civils musulmans et 12 Casques bleus en quelques jours, selon l’ONU.

Les assaillants accusaient leurs victimes civiles de complicité avec la rébellion Séléka, une coalition à dominante musulmane qui avait renversé le régime du président François Bozizé en 2013 et plongé la Centrafrique dans une spirale d’affrontements intercommunautaires.

Pour ce massacre, cinq chefs de ces milices anti-balaka ont été condamnés le 7 février aux travaux forcés à perpétuité à Bangui, pour crimes contre l’humanité. Un verdict historique dans un pays rompu à l’impunité.

Depuis la signature d’accords de paix locaux en 2018, musulmans et chrétiens arpentent librement les rues.

– Crimes contre l’humanité –

Et à Tokoyo, le quartier majoritairement musulman ravagé par les pillards, la vie reprend péniblement son cours. Depuis dix mois, Baba Kété, un grand commerçant de la région, est revenu vivre dans les ruines de sa propriété détruite en 2017, à quelques pas de la mosquée ravagée et du marché désormais occupé par les étals des chrétiens.

M. Kété veut croire que la réconciliation sera plus facile qu’ailleurs dans cette région où chrétiens et musulmans sont issus des mêmes ethnies et souvent des mêmes familles. « On a confiance, les gens ont compris », assure-t-il.

Mais à ce jour, seuls 145 déplacés ont pu regagner leurs foyers. Le reste de la communauté musulmane, environ 2.000 personnes, habite toujours le « petit séminaire », en face de la cathédrale, où ils avaient trouvé refuge en 2017 sous la protection des Casques bleus de la mission de maintien de la paix de l’ONU, la Minusca, et subi un siège de plusieurs mois.

Entassés dans ce camp de fortune sur une propriété de l’église catholique, ces déplacés continuent d’alimenter les rumeurs les plus folles. “Tant qu’ils resteront là, il n’y aura pas de véritable paix”, pense l’évêque de Bangassou, monseigneur Aguirre.

Le verdict n’a pas dissipé les inquiétudes des uns et des autres.

« Ce n’était pas la justice, plutôt une salle de théâtre », siffle Ali Idriss, chef du camp, pour qui « ceux qui ont encadré et fabriqué les anti-balakas sont toujours là ».

– Impunité pour les notables –

Un rapport d’experts de l’ONU souligne la responsabilité de plusieurs notables locaux dans l’organisation des massacres. Aucun n’a encore été poursuivi.

« Si on rentre au quartier, ils vont s’organiser pour nous tuer encore », s’inquiète Ismaïl Dicky, un habitant du camp.

Parmi les personnalités citées dans le rapport de l’ONU, figure le sultan de Bangassou, Maxime Takama. « C’est toute la population qui devrait être condamnée », balaye son représentant, Antoine Zangandou, d’une voix râpeuse.

« Une majorité de la population était favorable à l’arrivée des anti-balaka », affirme le père Serge Ikaga, curé de la paroisse de Tokoyo, ajoutant: « Beaucoup de gens pensent que si les anti-balaka n’étaient pas rentrés dans la ville, alors c’étaient les Sélékas ».

Pour les experts de l’ONU, ce sont des notables chrétiens qui ont manipulé la population et soutenu les milices anti-balaka, dans le but, notamment, de s’emparer des biens des riches commerçants musulmans.

– « Désarmer les coeurs » –

Trois ans après les tueries, « il faut encore désarmer les coeurs », insiste le père Serge. « On évite de parler de ces événements ».

Car les chrétiens s’estiment tout aussi victimes des évènements de 2017, accusant notamment les déplacés du site d’avoir détruit plusieurs maisons autour du petit séminaire.

« Ils sont victimes de quoi ? C’est de la malhonnêteté ! » s’emporte Ali Idriss.

En attendant, « il y a beaucoup de mécontents » parmi les chrétiens, assure Christian Kotalimbora, coordinateur de la société civile régionale. Et s’ils approuvent les peines infligées aux cinq chefs de milice, la plupart ne comprennent pas la condamnation de 23 complices à de lourdes peines lors du procès à Bangui.

« Ces accusés sont presque tous nos parents. On était traumatisés et abandonnés par l’Etat », argue M. Kotalimbora.

Un abandon dénoncé par les deux communautés: à Bangassou, comme ailleurs en Centrafrique, l’absence des forces de l’ordre et de toute perspective pour les jeunes ont joué un rôle déterminant dans la crise.

Au Sahel, l’exception mauritanienne face au jihadisme

A des kilomètres de la première ville, au fond de la seule tente d’un campement en plein désert de Mauritanie, trône une radio VHF. Qu’un étranger passe par ici, et les habitants actionnent l’appareil pour prévenir les autorités.

C’est un modeste mais efficace maillon du dispositif sécuritaire qui, mêlé à un travail sur les esprits, préserve la Mauritanie de la menace jihadiste alors que celle-ci ne cesse de s’étendre chez ses voisins sahéliens.

Tandis que le Mali frontalier compte ses morts à intervalles réguliers, la Mauritanie, quatre millions d’habitants, n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011.

« Il faut remonter aux années 2005 pour comprendre », explique un diplomate occidental. L’expansion de groupes islamistes en Algérie, voisin du nord, touche alors de plein fouet la Mauritanie, théâtre de plusieurs attentats.

En 2008, l’ancien chef de la sécurité présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, prend le pouvoir par la force. Un an plus tard, il est élu président.

Les partenaires occidentaux sont circonspects, mais pragmatiques: en raison du nombre substantiel de Mauritaniens dans les groupes jihadistes naissants dans le nord du Mali, « la France a très vite compris que la menace jihadiste pouvait s’étendre à la Mauritanie », selon un ancien coopérant français, tenu comme d’autres sources à cacher son identité.

Paris, et Washington dans une moindre mesure, envoient des formateurs encadrer les unités antiterroristes et renforcer le renseignement mauritanien.

Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats: budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.

– Bataille des idées –

Aujourd’hui, des dizaines de checkpoints jalonnent chaque axe routier. Une immense région jouxtant le Mali a été classée « zone militaire » où les civils n’ont pas le droit de circuler. « Toute voiture qui y circulerait serait repérée et contrôlée. Cette mesure a permis le repérage de bandes armées de trafiquants de cannabis qui ont subi des bombardements de l’armée de l’air par le passé », souligne Hassane Koné, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Dakar.

Au même moment, Nouakchott engage la bataille des esprits. Un dialogue est organisé en 2010 entre les principaux oulémas et environ 70 jihadistes en prison. Les leaders religieux en convainquent une cinquantaine de se repentir. Parmi eux, certains sont envoyés à la télévision, dans les mosquées, pour prêcher auprès des jeunes que le jihad n’est pas la bonne voie.

Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des mahadras (écoles traditionnelles islamiques) se voient offrir une formation professionnelle.

« Nous avons vu à cette époque une forte baisse des recrutements jihadistes », explique M. Koné, par ailleurs ancien directeur des renseignements de la gendarmerie mauritanienne. « Les gens sont moins sensibles aux idées radicales, les populations collaborent plus avec l’Etat », continue-t-il.

L’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien chef d’état-major et ex-bras droit du président Aziz, louait en janvier cette « ouverture spirituelle » fondée sur « l’ancrage des valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre pour déstructurer et détruire les fondements religieux de l’action des terroristes ».

Au travail idéologique et sécuritaire s’est greffée la création de villes ex nihilo, synonymes d’activité économique et de services de proximité, quand les groupes jihadistes prospèrent dans d’autres pays sur l’absence de l’Etat.

Ainsi sont nées en plein désert Nbeiket Lahwach, Termessa, Bouratt et Chami.

– Pacte secret ? –

« Il s’agit d’occuper le terrain, de dire aux populations nomades qui n’avaient pas de sentiment d’appartenance étatique: +Votre pays s’occupe de vous, vous protège, vous soigne, éduque vos enfants+ », analyse Isselmou Ould Salihi, journaliste mauritanien spécialiste des questions jihadistes.

L’immunité mauritanienne aux attaques ainsi que des déclarations américaines ont nourri les interrogations sur l’existence d’un pacte de non-agression secret entre Nouakchott et jihadistes.

Les Etats-Unis ont affirmé avoir trouvé en 2011, dans la cache pakistanaise où a été tué l’ancien leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, des documents faisant état d’une tentative de rapprochement entre le groupe et Nouakchott en 2010.

« Rien n’a jamais permis de corroborer ces rumeurs, elles sont fausses », oppose une source proche du pouvoir.

Le diplomate occidental interrogé par l’AFP abonde: « Pas de deal mais des relations tribales évidentes et historiques entre habitants du nord du Mali et de la Mauritanie ».

La Mauritanie prend cette semaine la présidence tournante du G5 Sahel coordonnant la coopération de cinq pays de la sous-région sur la sécurité et le développement. « La Mauritanie est un acteur qui a pu venir à bout du terrorisme en 2011. Nous attendons beaucoup de leur présidence », explique une source française.

Julian Assange, héros controversé d’une transparence parfois troublée

Dangereux propagateur de secrets d’Etat, qu’il faut juger, ou héros traqué de la liberté d’informer, qu’il faut protéger, le fondateur de Wikileaks Julian Assange fait figure d’ardent défenseur d’une transparence controversée.

A 48 ans, l’Australien à la chevelure argentée affronte à partir de lundi une procédure judiciaire cruciale: la justice britannique examine la demande d’extradition des Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage.

La justice américaine lui reproche d’avoir diffusé en 2010 plus de 700.000 documents sur les activités militaires et diplomatiques de Washington sur sa plateforme Wikileaks. Il risque jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis.

Les appels se sont multipliés ces derniers mois pour dénoncer le traitement subi par Assange, incarcéré à la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.

Ses conditions de détention ont été dénoncées par le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer comme une « situation inhumaine », qui mettrait sa vie « en danger ». Un collectif de médecins a assimilé le traitement qui lui est réservé à de la « torture psychologique ».

C’est dans cet établissement pénitentiaire de haute-sécurité qu’il est incarcéré depuis qu’il a été extrait de l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié, déguisé en coursier, le 19 juin 2012, alors sous le coup de poursuites pour viol en Suède, depuis abandonnées.

Son image de « cyber-warrior » s’est brouillée au fil des ans, en particulier avec la diffusion par sa plateforme, en 2016, à un moment-clé de la campagne présidentielle américaine, de milliers de courriels piratés provenant du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.

Ces révélations avaient alors suscité des éloges appuyés du candidat Donald Trump. « J’adore WikiLeaks », affirmait-il lors d’un meeting. D’après la CIA, ces documents ont été obtenus par Wikileaks auprès d’agents russes, ce que nie la plateforme.

Cet épisode a alimenté les soupçons de collusion avec la Russie d’un Assange dont les révélations se font souvent au détriment des Etats-Unis, et qui a collaboré avec la chaîne de télévision RT, proche du Kremlin.

– « Le plus dangereux du monde » –

L’Australien a commencé dans la vie en étant ballotté de droite à gauche par sa mère, Christine Ann Assange, une artiste de théâtre qui s’était séparée de son père avant même sa naissance.

Il compare son enfance à celle de Tom Sawyer, entre construction de radeau et explorations diverses de son environnement. Jusqu’à l’âge de 15 ans, il vit dans plus de 30 villes australiennes et fréquente de nombreuses écoles avant de se poser à Melbourne où il étudie les mathématiques, la physique et l’informatique.

Doué, travailleur, il est happé par la communauté des hackers et commence à pirater les sites internet de la Nasa ou du Pentagone en utilisant le pseudonyme de « Mendax ».

C’est à cette époque qu’il a un fils, Daniel, dont il se disputera la garde avec la mère. Lorsqu’il lance WikiLeaks dans le but de « libérer la presse » et de « démasquer les secrets et abus d’État », il devient, selon un de ses biographes, « l’homme le plus dangereux du monde ».

Il se fait connaître du grand public en 2010 avec la publication de centaines de milliers de documents américains. Un coup d’éclat qui vaut à cet homme grand et mince au teint diaphane d’être présenté comme un champion de la liberté d’informer.

Mais en même temps que sa notoriété grandit, les critiques s’accumulent.

En 2011, les cinq journaux (dont The New York Times, The Guardian et Le Monde) associés à WikiLeaks condamnent la méthode de la plateforme, qui rend publics des télégrammes du département d’Etat américain non expurgés. Ils estiment que les documents sont susceptibles de « mettre certaines sources en danger ». La critique sera également formulée par le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Chargé de rédiger l’autobiographie de Julian Assange, Andrew O’Hagan a fini par jeter l’éponge avec ce verdict définitif : « L’homme qui se targue de dévoiler les secrets de ce monde ne supporte pas de dévoiler les siens ».

Mais un noyau dur lui est resté fidèle, à l’instar de l’actrice américaine Pamela Anderson, ou encore la créatrice de mode Vivienne Westwood.

Décès à 86 ans d’Hervé Bourges, grande figure des médias et de la francophonie

Hervé Bourges, grande figure de l’audiovisuel français et fervent défenseur de la francophonie, est décédé dimanche à l’âge de 86 ans, a-t-on appris auprès de proches.

Il est décédé dans un hôpital parisien, entouré de son épouse et de proches, a notamment indiqué à l’AFP Olivier Zegna-Rata, qui fut son directeur de cabinet au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Journaliste, patron successif des chaînes de télévision TF1, France 2 et France 3, et de radio (RFI), Hervé Bourges avait été à la tête du CSA de 1995 à 2001.

Outre ses rôles éminents dans les médias, Hervé Bourges fut aussi un militant anti-colonialiste du temps de la guerre d’Algérie, un amoureux de l’Afrique et un fervent défenseur de la francophonie.

« Nous qui l’admirions, avons fait appel à lui, pu maintes fois compter sur son inestimable concours, ses avis sur les médias ou sur l’Etat de droit, sommes profondément peinés », a tweeté Michaelle Jean, qui a notamment été envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti (2010-2014) et secrétaire générale de la Francophonie (2014-2018).

De son côté, l’ancien patron de Radio France et de l’Institut national de l’audiovisuel Mathieu Gallet a rendu hommage sur Twitter à l’homme « exigeant et juste ».

« Hervé Bourges, c’était l’Algérie, c’était l’Afrique, c’était la francophonie, c’était le journalisme, c’était l’audiovisuel public, c’était tout l’audiovisuel. C’était une conscience. J’aimais son regard sur le monde et sur les hommes », a-t-il ajouté.

Né le 2 mai 1933 à Rennes (Ille-et-Vilaine, nord-ouest), Hervé Bourges fut diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955. Sa vie fut ensuite un long parcours entre médias, politique et même diplomatie, un temps ambassadeur de France auprès de l’Unesco.

Il avait signé en 2012 un dernier documentaire « l’Algérie à l’épreuve du pouvoir », avec le réalisateur Jérôme Sesquin.

Ethiopie: 29 blessés dans « un attentat à la bombe » pendant un meeting pro-Abiy (police)

Un « attentat à la bombe » pendant un rassemblement de soutien au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a fait 29 blessés dimanche, a déclaré un responsable de la police, illustrant de nouveau l’instabilité dans le pays avant les élections prévues en août.

Le meeting était organisé dans la ville d’Ambo, située à environ 100 km à l’ouest de la capitale, Addis Abeba.

« L’attentat à la bombe contre un rassemblement du Dr Abiy a fait 29 blessés, dont 28 ont été soignés et renvoyés chez eux », a déclaré M. Arasa Merdasa, un haut responsable de la police éthiopienne à l’agence de presse officielle Ethiopian News Agency.

M. Abiy n’assistait pas à ce rassemblement, organisé par des responsables à Ambo.

« La police a arrêté six personnes suspectées pour cet attentat », a ajouté le responsable de la police éthiopienne.

La Commission électorale éthiopienne a proposé le 15 janvier d’organiser les très attendues prochaines élections générales en août, en pleine saison des pluies, s’attirant immédiatement des critiques.

Ces élections sont perçues comme une étape cruciale dans la transition politique que tente de mener à bien le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, dans un contexte de violences communautaires croissantes.

Entré en fonction en avril 2018 après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales, M. Abiy espère que les Éthiopiens lui donneront le mandat pour mettre pleinement en œuvre les réformes politiques et économiques qu’il envisage.

La campagne officielle démarrerait le 28 mai, avec une publication des résultats devant survenir avant le 8 septembre.

Deux partis d’opposition, le Front de libération oromo (OLF) et Ezema, avaient notamment demandé en janvier à ce que le scrutin soit repoussé à fin août, en espérant que les pluies seraient alors moins denses.

Lors des dernières législatives, en 2015, la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF) avait remporté les 547 sièges à pourvoir. Mais depuis, Abiy Ahmed a décidé de transformer l’EPRDF en un parti politique unifié, le Parti éthiopien de la prospérité.

Cette modification controversée a cependant été rejetée par l’une des quatre composantes de l’EPRDF, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui jusqu’à 2018 dominait la coalition.

Par ailleurs, l’ouverture décidée par M. Abiy a laissé libre cours aux vieilles rancœurs ethniques. Lors de la dernière éruption de violence, en octobre, des affrontements ethniques en Oromia ont provoqué la mort de 86 personnes. Et en 2018, l’Éthiopie a été le pays comptant le plus de déplacés au monde.

M. Arasa a ajouté que l’attaque de dimanche serait imputable à l’OLA, la branche armée séparatiste de l’OLF.

Des responsables ont également accusé l’OLA d’être responsable de l’assassinat vendredi d’un haut responsable de la sécurité à Burayu, une autre ville d’Oromia située à la périphérie d’Addis Abeba.

Le socialiste Sanders en super-favori, les démocrates modérés s’inquiètent

Le sénateur socialiste Bernie Sanders a frappé un grand coup dans les primaires démocrates en remportant largement le Nevada, mais sa domination laisse un parti facturé et en plein questionnement sur la stratégie pour battre Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre.

Les résultats n’étaient encore que partiels dimanche, au lendemain des caucus du Nevada, troisième étape du long processus des primaires. Mais sur 72% des bureaux de vote, le candidat au programme nettement marqué à gauche disposait d’un très large avantage, avec 47,1% des suffrages, devant l’ancien vice-président Joe Biden (20,9%) et le modéré Pete Buttigieg (13,6%). L’équipe de campagne de ce dernier a adressé une lettre au parti démocrate de l’Etat signalant des « irrégularités » dans le décompte des votes.

« Nous avons mis en place une coalition intergénérationnelle, multiraciale, qui ne va pas juste remporter le Nevada, mais qui va balayer le pays tout entier », s’est targué M. Sanders, sénateur de 78 ans devant une marée de militants samedi soir à San Antonio (Texas).

Longtemps perçu comme un outsider dans un pays où le socialisme évoque encore à certains des relents de guerre froide, Bernie Sanders est désormais en position de briguer la Maison Blanche pour le parti.

Il a réussi à balayer les doutes autour de son âge ou de son état de santé, quelques mois seulement après une crise cardiaque, et se présente en position de force avant le « Super Tuesday », le 3 mars, lorsque 14 Etats américains voteront pour cette primaire démocrate.

L’ascension de M. Sanders révèle aussi les fractures du parti démocrate, où aucun candidat modéré ne parvient pour l’instant à rivaliser avec lui.

– Parti fracturé –

Elle suscite aussi des inquiétudes sur la capacité de Bernie Sanders à rassembler largement pour vaincre Donald Trump en novembre. Le président républicain lui a du reste adressé dimanche ses félicitations pour sa « grande victoire », avant de s’envoler pour une visite en Inde.

Trois centristes sont lancés à la poursuite du sénateur socialiste, qui prône un système d’assurance maladie entièrement public et la gratuité des études universitaires.

Un temps favori, Joe Biden semble requinqué par sa deuxième place dans le Nevada, après deux échecs dans l’Iowa et le New Hampshire. Il pense disposer d’une coalition pour gagner grâce à sa popularité auprès des électeurs noirs qui seront déterminants samedi prochain lors de la primaire de Caroline du Sud.

Joe Biden y espère une victoire qui le relancerait avant le « Super Tuesday ». Mais son avance sur Sanders semble s’évaporer. Selon une moyenne de sondages nationaux des sondages publiée dimanche, Joe Biden n’est plus qu’à trois points au-dessus de Bernie Sanders contre une avance de 12,5 points il y a dix jours.

A 38 ans, le benjamin de la course Pete Buttigieg a adopté une stratégie plus agressive contre Bernie Sanders. L’ancien maire de South Bend, dans l’Indiana, a vivement mis en garde contre le risque de choisir un socialiste pour qui le capitalisme est « à l’origine de tous les maux ».

« Le sénateur Sanders croit en une révolution idéologique inflexible, qui oublie la plupart des démocrates, sans parler de la plupart des Américains », a-t-il lancé.

Le milliardaire Michael Bloomberg fait une analyse semblable. Pour lui, Bernie Sanders n’a aucune chance contre Donald Trump.

L’ancien maire de New York a fait le pari de délaisser les premières primaires démocrates qui apportent un nombre faible de délégués pour l’investiture et de concentrer ses efforts sur le « Super Tuesday », lorsque voteront de grands Etats comme la Californie et le Texas.

– « Erreur fatale » –

M. Bloomberg, 9e fortune mondiale, inonde le pays de publicités de campagne, au point d’avoir — après seulement quatre mois de campagne — pulvérisé le record de dépenses pour un candidat américain. Et le septuagénaire s’est hissé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux.

« Nous allons avoir besoin des indépendants ET des républicains pour battre Trump », a martelé son équipe de campagne. Le choix de Bernie Sanders pour défier Donald Trump serait une « erreur fatale », a-t-elle ajouté.

Huit candidats sont encore officiellement dans la course de ces primaires démocrates. Mais les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar, respectivement 4e et 5e dans le Nevada avec 10% et 5%, pourraient voir rapidement leur horizon s’assombrir et connaître des problème de financement. Certains candidats pourraient devoir jeter l’éponge au début du mois de mars.

La justice britannique examine la demande d’extradition d’Assange vers les USA

Réclamé par la justice américaine pour avoir publié une masse d’informations classifiées, le fondateur de Wikileaks Julian Assange va s’efforcer à partir de lundi de convaincre la justice britannique de refuser de l’extrader vers les Etats-Unis.

Personnage controversé, l’Australien de 48 ans a déclaré lors d’une audience préliminaire qu’il refusait de se « soumettre à une extradition pour un travail de journalisme qui a récolté de nombreuses récompenses et protégé beaucoup de gens ». Il risque jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis.

D’abord poursuivi pour piratage informatique, Assange a vu s’alourdir en mai dernier les charges pesant contre lui lorsque la justice américaine l’a inculpé de 17 chefs supplémentaires, en vertu des lois anti-espionnage. Ses soutiens dénoncent dans ces poursuites un grave danger pour la liberté de la presse.

Les Etats-Unis lui reprochent notamment d’avoir mis en danger certaines de leurs sources en publiant en 2010 sur Wikileaks 250.000 câbles diplomatiques et 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Parmi ces documents figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

La justice britannique va devoir déterminer si la demande d’extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Julian Assange doit comparaître à partir de lundi matin et pour toute la semaine devant la Woolwich Crown Court, à proximité de la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.

L’audience sera ensuite ajournée pour reprendre le 18 mai, pour trois semaines. La décision peut être frappée d’appel.

Julian Assange est incarcéré dans cet établissement pénitentiaire de haute sécurité depuis sa retentissante arrestation en avril dernier dans l’ambassade d’Equateur.

Il y avait trouvé refuge près de sept ans plus tôt, alors qu’il craignait d’être extradé vers les Etats-Unis ou la Suède, où il faisait l’objet de poursuites pour viol. Assange a toujours rejeté ces accusations, et les poursuites ont été abandonnées il y a trois mois après de multiples rebondissements.

– « Torture psychologique » –

Lors d’une ultime audience procédurale mercredi dernier, la défense de Julian Assange a affirmé que le président Donald Trump avait offert au fondateur de Wikileaks de le gracier s’il disculpait la Russie dans une autre affaire de fuite de données, celle des courriels internes du parti démocrate américain. La Maison Blanche a immédiatement démenti.

Dans un document produit pour sa défense, l’avocate de Julian Assange, Jennifer Robinson, a affirmé que la proposition avait été faite par l’ex-député républicain Dana Rohrabacher « sur instruction » du président américain.

Dana Rohrabacher a quant à lui affirmé avoir dit à Assange que s’il « donnait des preuves » pour dire qui était à l’origine de la fuite, il pourrait « appeler le président Trump à le gracier », démentant en revanche avoir fait une quelconque offre au nom du président américain.

Wikileaks avait publié en 2016, à un moment clé de la campagne, des milliers de courriels piratés du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.

Selon Baltasar Garzon, avocat qui coordonne la défense de Julian Assange, « en août 2017, l’administration Trump a essayé de mettre Julian Assange sous pression pour qu’il dise des choses qui seraient favorables au président » américain.

« Quand Assange a refusé, il a été inculpé et une demande d’extradition a été émise, ainsi qu’un mandat d’arrêt international », a affirmé l’ancien juge d’instruction espagnol jeudi dernier lors d’une conférence de presse à Paris.

De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le traitement infligé à Julian Assange, le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer estimant en mai qu’il présentait « tous les symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique, une anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses ». Selon ses proches, son état de santé s’est récemment amélioré.

Bénéficiant de nombreux soutiens, parmi lesquelles des organisations comme Amnesty international ou Reporters sans frontières, qui souligne que le fondateur de Wikileaks a « transmis des informations d’intérêt général à des journalistes », Julian Assange veut demander l’asile politique à la France.

L’après-Merkel tourne au casse-tête en Allemagne

Le parti conservateur allemand doit dévoiler lundi qui il compte porter à sa tête et comment il envisage de préparer l’après-Merkel à l’horizon 2021. Une tâche compliquée par une crise interne sans précédent autour de son positionnement face aux extrêmes.

La présidente démissionnaire de l’Union démocrate-chrétienne (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer dite « AKK », doit donner des réponses en milieu de journée, au lendemain d’un cinglant revers aux élections régionales de Hambourg.

Dans la cité hanséatique, la CDU a été rétrogradée à la troisième place avec environ 11,5% des suffrages, l’un de ses pires scores de l’après-guerre, derrière des sociaux-démocrates à 37% et surtout des Verts passés de 12,3% à plus de 25%.

Face aux remous qui agitent le mouvement, le choix crucial du candidat à la chancellerie, avec de bonnes chances de succéder au pouvoir à Angela Merkel lors des élections législatives de fin 2021, devrait être reporté à la fin de l’année, selon les médias allemands.

Dans l’intervalle un président de parti devrait être désigné lors d’un congrès extraordinaire en mai ou juin. A moins que la CDU n’opte en faveur d’une présidence intérimaire collégiale rassemblant les principaux courants, pour éviter une lutte fratricide.

– Thuringe –

C’est AKK qui a accéléré le calendrier en annonçant le 10 février son intention de jeter l’éponge, après un peu plus d’un an seulement à la tête du parti.

Raison immédiate: une crise interne à la CDU déclenchée par la décision d’élus locaux de s’allier à l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans la région de Thuringe, en violation des consignes nationales.

Plus fondamentalement, la ministre de la Défense n’est pas parvenue à incarner une relève crédible à la chancelière.

AKK voulait au départ aller vite. Son successeur devait être aussi intronisé candidat à la chancellerie du parti, afin qu’il jouisse d’une légitimité lui faisant cruellement défaut.

Mais choisir dès aujourd’hui le successeur désigné d’Angela Merkel aurait été difficilement compatible avec un maintien de la chancelière au pouvoir pendant encore un an et demi.

« Comment se débarrasser d’Angela Merkel? » devenue encombrante, résume ainsi le quotidien Bild.

Pour la présidence du parti, la CDU devrait avoir le choix entre deux partisans d’un coup de barre à droite, pour rompre avec la politique centriste d’Angela Merkel dans l’espoir de récupérer les électeurs tentés par l’AfD, et deux personnalités modérées.

Parmi les premiers on trouve Fredrich Merz, vieil ennemi d’Angela Merkel dont il a récemment qualifié le leadership de « défaillant », et Jens Spahn, étoile montante du parti.

Dans la deuxième catégorie figurent Armin Laschet, un baron régional, ainsi qu’un invité de dernière minute, Norbert Röttgen, ancien ministre de l’Environnement jadis écarté par la chancelière.

– ‘Auto-destruction’ –

Le choix préfigurera donc l’orientation future de ce parti qui domine la vie politique allemande depuis plus de 70 ans, mais voit sa base électorale s’éroder. Il ne recueille plus que 27% des intentions de vote, contre 23% aux Verts et 14% à l’extrême droite.

Car au-delà des personnes, la CDU doit urgemment clarifier son profil politique dans un paysage électoral de plus en plus morcelé, où les majorités deviennent à tous les niveaux difficiles à composer.

Le mouvement est secoué en interne depuis trois semaines par une crise sur la question des alliances avec les extrêmes, tant à droite qu’à gauche.

Jusqu’ici la CDU campe sur une ligne du « ni-ni », excluant les deux, qui a de plus en plus de mal à tenir.

Le débat a atteint son paroxysme dans la région de Thuringe à la suite de récentes élections marquées par une forte poussée de l’AfD, sans majorité claire pour gouverner.

Après s’être alliés à ce parti, avant de rentrer dans le rang face au tollé provoqué, les responsables locaux de la CDU ont brisé vendredi un autre tabou politique en acceptant de tolérer un gouvernement minoritaire dirigé par la gauche radicale, Die Linke, héritière du parti communiste est-allemand. Nouveau tollé et rappel à l’ordre de leur direction nationale.

L’hebdomadaire Der Spiegel parle d’une « auto-destruction de la CDU » à l’oeuvre, à l’heure du crépuscule de l’ère Merkel, d’un « parti sans direction, sans centre stratégique ».

« Parti hors de contrôle », grince également Bild.

Syrie: des frappes israéliennes tuent deux militants du Jihad islamique

L’armée israélienne a revendiqué lundi une série de frappes aériennes contre des « positions » du Jihad Islamique en Syrie, qui ont fait deux morts, après des tirs de roquettes par ce groupe islamiste armé depuis Gaza.

Deux combattants du Jihad islamique ont été tués à Damas par un bombardement de l’aviation israélienne sur la capitale syrienne, a annoncé lundi l’organisation à Gaza.

Peu avant minuit heure locale (22h00 GMT), une correspondante de l’AFP à Damas a entendu plusieurs explosions successives et très fortes. L’agence de presse syrienne Sana a publié des images montrant des explosions lumineuses dans le ciel noir.

« L’aviation militaire israélienne (…) a visé les environs de Damas avec plusieurs salves de missiles », a indiqué une source militaire syrienne citée par Sana.

« En représailles (à des tirs de roquettes), des avions de combat de l’armée israélienne ont bombardé des cibles du Jihad Islamique au sud de Damas », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué après minuit.

Les forces israéliennes sont souvent accusées par les autorités à Damas de mener des frappes en Syrie, mais elles revendiquent rarement des bombardements chez le voisin syrien, qu’elles accusent d’héberger des éléments qui lui sont hostiles comme le Hezbollah libanais, les forces iraniennes Al-Qods, et le Jihad Islamique.

La « majorité » des missiles israéliens ont été « détruits avant d’atteindre leurs cibles » tandis que d’autres ont été déviés de leur trajectoire, selon la source militaire citée par l’agence Sana.

Et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui suit de près l’évolution du conflit en Syrie, a évoqué des frappes aériennes « près de l’aéroport international de Damas » visant « des positions des Gardiens de la révolution iraniens », armée idéologique de la République islamique d’Iran, mais aussi « des positions du Jihad Islamique ».

– Bombes, bulldozer et roquettes –

Les forces israéliennes ont aussi bombardé dans la nuit des positions du Jihad islamique dans la bande de Gaza au terme d’une journée tendue dans cette enclave paupérisée où vivent deux millions de Palestiniens sous blocus israélien. Ces bombardements ont fait quelques blessés selon des responsables à Gaza.

L’armée israélienne avait ouvert le feu dimanche matin sur « deux terroristes » qui « tentaient de placer un engin explosif à proximité » de la barrière séparant Israël de Gaza, mince bande de terre contrôlée par les islamistes du Hamas qui ont livré trois guerres à Israël depuis 2008.

Mais le Hamas bénéficie depuis près d’un an d’un accord de trêve avec l’Etat hébreu contrairement au Jihad Islamique, considéré comme le deuxième plus important groupe islamiste armé de Gaza, d’où l’armée israélienne s’est retirée il y a une quinzaine d’années.

Dans la foulée de ces heurts à la frontière, « un bulldozer de l’armée a récupéré le corps de l’un des assaillants », tué par les forces israéliennes a précisé à l’AFP une porte-parole de l’armée.

Selon un journaliste de l’AFP sur place, des Palestiniens se sont approchés pour tenter de récupérer la dépouille de l’homme que le Jihad Islamique a présenté comme l’un de ses combattants, avant qu’un bulldozer israélien ne ramasse le corps inerte et retourne en direction de la barrière frontalière.

Israël garde les corps de Palestiniens pour s’en servir comme monnaie d’échange avec le Hamas, qui détient aussi des dépouilles d’Israéliens.

Une vidéo de l’incident, authentifiée par l’AFP, circulait d’ailleurs en boucle dimanche sur les réseaux sociaux palestiniens.

Appelant à venger l’un de ses « martyrs », le Jihad Islamique a lancé plus d’une vingtaine de roquettes vers Israël, dont certaines ont été interceptées par le bouclier antimissile israélien Dôme de Fer selon les autorités locales qui ont annoncé la fermeture, lundi, des écoles dans des villes jouxtant la bande de Gaza.

Selon l’armée israélienne, ces tirs n’ont fait aucun blessé en Israël.

Du point de vue israélien, « le risque d’une escalade (militaire) à Gaza cette année est de plus de 50% », a indiqué une source proche du dossier.

Israël impose depuis plus de dix ans un blocus sur le territoire palestinien qu’il justifie par la nécessité de contenir le Hamas, qu’il tient pour responsable de toute attaque venant de l’enclave.

L’Etat hébreu avait toutefois mené en novembre dernier une mini-campagne militaire contre des éléments du Jihad islamique à Gaza en tentant d’éviter de frapper les positions du Hamas pour ne pas compromettre la trêve avec ce mouvement armé.