C’est ce qui ressort du discourt de Faustin Archange Touadéra au lancement de l’initiative présidentielle pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle.
– Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
– Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
– Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
– Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
– Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatiques et Représentants des Agences du système des Nations-Unies ;
– Monsieur le Gouverneur de Bas-Oubangui ;
– Madame la Présidente intérimaire de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;
– Monsieur le Président de la Société Centrafricaine de Gynécologie-Obstétrique ;
– Madame la Présidente de l’Association des Sages-femmes et Infirmiers Accoucheurs de Centrafrique ;
– Distingués invités ;
– Mesdames, Messieurs ;
Je me réjouis de présider aujourd’hui, 6 novembre 2025, la cérémonie officielle de lancement de l’Initiative Présidentielle pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en République Centrafricaine.
Comme vous le savez, notre pays a connu des décennies de crises qui ont dévasté notre système de santé avec comme conséquences, deux tiers des infrastructures sanitaires détruites, une réduction de l’effectif du personnel a un niveau sans précédent.
Le ratio personnel de santé/population pouvait être estimé à 4.5 agents pour 10.000 habitants, 5 fois moins que la norme de l’O.M.S qui est de 23 agents qualifiés pour 10.000 habitants.
Qui plus est, ce personnel était démotivé, étant par ailleurs victime des exactions et des attaques de groupes armés.
Les indicateurs de santé maternelle et infantile étaient parmi les plus préoccupants au monde. Ils le demeurent d’ailleurs malgré des avancées notables.
Ainsi, en 2015, notre ratio de mortalité maternelle était estimé à 890 décès pour 100.000 naissances vivantes et celui de la mortalité néonatale à 48 décès pour 1.000 naissances vivantes.
En d’autres termes, six (6) mères centrafricaines mourraient chaque jour, et quatre nouveau-nés s’éteignaient chaque heure.
La mortalité maternelle est donc une tragédie humaine silencieuse qui nous interpelle tous, de façon impérative.
Mesdames et Messieurs ;
Fort de ce tableau sombre, j’ai fait de la santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent, l’une des priorités de mon mandat, dès mon accession à la magistrature suprême en 2016.
En édictant les Dix Domaines d’Impulsion Présidentielle pour l’accélération vers la Couverture Sanitaire Universelle, j’ai voulu redonner à chaque femme centrafricaine le droit de donner la vie sans risquer la sienne.
De ce fait, en 2019, j’ai lancé un dossier d’investissement national aligné au Plan National de Développement Sanitaire (troisième génération 2022 – 2026) et consacré à la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile.
J’ai promulgué le décret instituant la gratuité ciblée des soins pour les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les enfants de zéro à 5 ans et les survivantes de violences basées sur le genre.
A l’occasion de mon premier discours sur l’état de la Nation du 28 décembre 2024, j’ai déclaré la mortalité maternelle “une urgence nationale”.
Par cette déclaration, j’ai réitéré ma détermination à réduire de façon drastique et accélérée le taux de mortalité maternelle de deux tiers du taux actuel d’ici 2030 par mon implication personnelle et une action coordonnée au plus haut niveau de l’Etat.
Mesdames et Messieurs ;
Nos ambitions, en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle, sont réalisables, car les causes de ces décès sont connues et évitables.
Ce sont, entre autres :
- les avortements à risque qui représentent 31 % des cas ;
- les hémorragies du post-partum avec 28 % des cas;
- les infections avec 14 % de cas;
- le travail prolongé qui représente 9 % de cas;
- et les pré-éclampsies et éclampsies dans l’ordre de 9 % de cas.
Il faut ajouter à cette liste les maladies non communicables, notamment les cancers du sein et du col de l’utérus, les infections qui sont aggravées par la montée en puissance de la résistance anti microbienne dont les principales causes sont l’automédication et la procuration des médicaments de qualité inférieure, communément appelés faux médicaments.
J’ai donc instruit le Gouvernement de mettre en place, sous la direction du Premier Ministre, un ensemble de mesures politiques, programmatiques et opérationnelles pour lutter efficacement contre les cancers gynécologiques, avec une emphase sur les cancers du sein et du col de l’utérus.
Mesdames et Messieurs ;
Je suis heureux de vous informer aujourd’hui que des progrès considérables ont été accomplis dans le cadre du renforcement du système de santé ces dernières années.
A titre illustratif :
– plusieurs lois ont été promulguées sur l’initiative du Gouvernement, notamment la loi sur la vaccination ; la loi sur le VIH et le SIDA ; la loi sur l’exercice de la fonction pharmaceutique, les médicaments et les produits de santé et la loi instituant la déclaration obligatoire des décès maternels et périnatales et riposte.
- 2.100 nouveaux agents de santé recrutés, dont 234 médecins et 1.640 paramédicaux ;
- 115 ambulances déployées pour améliorer la référence et la contre-référence ;
- 236 services de maternité, de réanimation et de bloc opératoire sont équipés dans plusieurs hôpitaux ;
- le nombre d’accouchements assistés a augmenté de façon significative passant de 77.827 en 2023 à 99.662 en 2024; les consultations des enfants de moins de 5 ans ont augmenté de 755.973 à plus d’un million sur la même période.
Des investissements sans précédent ont été consentis pour intensifier les actions au niveau communautaire.
Pour ce faire, nous avons formé 2.500 Matrones traditionnelles et 7.168 agents de santé communautaire déployés dans tous nos Districts sanitaires.
Nous avons aussi créé de nouvelles écoles régionales de formation à Berberati, Bossangoa et Bangassou, pour former localement nos Sages-femmes et Infirmiers Diplômés d’Etat.
Nous comptons ainsi former une centaine d’agents paramédicaux par promotion et par an contre un taux actuel de moins 10 Infirmiers par an.
Pour renforcer les soins obstétricaux et néonataux d’urgence, 32 maternités et 4 dépôts régionaux de produits de santé ont été construits, avec le soutien de nos partenaires.
Par ailleurs, pour combattre l’hémorragie du post-partum, nous avons introduit pour la première fois les mèches de tamponnement intra-utérin, un geste simple mais salvateur, désormais pratiqué dans tout le pays.
J’instruis le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et le Ministre chargé de la Santé et de la Population d’accélérer et d’intensifier la lutte contre les faux médicaments et les médicaments de rue.
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de rappeler que nos efforts ont commencé à produire des résultats tangibles en termes d’impact comme en témoigne le dernier rapport mondial sur les tendances de mortalité maternelle, publié conjointement par l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA, la Banque Mondiale et la Division de la Population de l’ONU (UNDSA).
Selon ce rapport :
– le taux de mortalité maternelle en République Centrafricaine est en déclin, passant de 890 pour 100.000 naissances vivantes en 2016 à 692 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes en (2024) ;
– le taux de fécondité des adolescentes a chuté de 229 à 184 pour mille ;
– le taux de mortalité infanto-juvénile a reculé de 179 à 99 pour mille en dix ans ;
– le taux de létalité post-partum à l’Hôpital Communautaire est passé de 3,1 % à 1,3 % durant la seule année 2024.
Mesdames et Messieurs ;
Nous sommes dans la bonne voie vers l’atteinte des ODD, notamment l’ODD3, “Santé et bien-être”.
Néanmoins, la lutte contre la mortalité maternelle exige que chaque décès soit compté et compris pour prévenir le suivant. C’est pourquoi, j’ai décidé de lancer la première Enquête Nationale sur la Mortalité Maternelle en République Centrafricaine.
J’appelle ici tous les leaders communautaires et toutes les autorités locales à faciliter le travail des enquêteurs afin de garantir la fiabilité des données recueillies.
J’ai promulgué la Loi sur la déclaration obligatoire des décès maternels, périnataux et la riposte.
J’instruis le Premier Ministre et le Ministre chargé de la Santé et de la Population de procéder sans délai à la vulgarisation et l’application de cette loi sur toute l’étendue du territoire centrafricain.
A cet effet, je tiens à indiquer qu’il est mis en place un système d’information digitalisé au moyen duquel je suivrai personnellement, en temps réel, les tendances de mortalité maternelle.
A ce propos, je remercie la firme Dure Technologie qui nous appuie dans la digitalisation du système de santé sur les financements de plusieurs partenaires.
Pour réduire les décès dûs aux retards et aux conditions inadéquates d’évacuation des femmes et des nouveau-nés, 37 nouvelles ambulances médicalisées acquises dont 25 sur le financement du Gouvernement et 12 avec l’appui de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement et du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme.
Je suis heureux de procéder au déploiement de ces ambulances dans les formations sanitaires et localités ci-après :
Hôpital de District de Begoua,
Centre de Santé de Bagandou,
Hôpital Secondaire de Yaloké,
Centre de Santé de Ndjo,
Hôpital de District de Boda,
Centre de Santé de Ngotto,
Hôpital Secondaire de Boganagone,
Centre de Santé de Bossemptelé,
Centre de Santé de Nandobo,
Hôpital Secondaire de Bayanga,
Centre de Santé de Bambio,
Centre de Santé de Dedé-Mokouba,
Centre de Santé de Abba,
Centre de Santé de Sido,
Centre de Santé de Taley,
Hôpital de District de Bocaranga,
Centre de Santé de Bakala,
Centre de Santé de Ngakobo,
Centre de Santé de Dekoa,
Hôpital secondaire de Bamingui,
Hôpital secondaire de Ouadda-Djallé,
Centre de Santé de Bakouma,
Hôpital de District de Mobaye,
Hôpital secondaire de Zangba,
Hôpital de District de Kembé,
Hôpital secondaire de Satema,
Hôpital secondaire de Mingala,
Centre de Santé de Kongbo,
Centre de Santé de Poudjio,
Centre de Santé urbain des Castors,
Centre de Santé urbain de Lakouanga,
Maternité du Camp Henri Izamo,
Clinique TOUADERA Community.
J’annonce le déploiement de 16 autres dans les semaines à venir avec comme destinations prioritaires les formations sanitaires urbaines de la Ville de Bangui et les localités situées à l’extrême Est et Ouest du pays .
Il s’agit de :
Hôpital de District de Nola,
Hôpital de District d’Obo,
Hôpital secondaire de Zemio,
Centre de Santé de Mboki,
Centre de Santé de Djémah,
Centre de Santé de Bema,
Centre de Santé urbain de la CNSS,
Centre de Santé urbain de Ngaragba,
Centre de Santé urbain de Landja,
Centre de Santé urbain de Petevo,
Centre de Santé urbain de Yapelé,
Centre de Santé urbain de Gobongo,
Centre de Santé urbain de Malimaka,
Centre de Santé urbain de Mamadou M’baïki,
Centre de Santé urbain de Bede-Combattant,
Centre de Santé urbain de Boy Rabe.
J’instruis les Conseils et Comités de gestion des formations sanitaires, les communautés et les partenaires de s’organiser pour assurer la gestion et la maintenance de ces ambulances.
Sur financement du Gouvernement, nous avons construit les maternités et Blocs opératoires à Kongbo, Lomi, Gambo, Landja dans le 9ème Arrondissement, Markounda, Nangha-Boguila et Nana-Bakssa.
Avec l’appui de l’UNICEF, dix (10) nouvelles maternités modernes ont été construites et équipées avec un accès à l’eau potable et à l’énergie solaire à Lakouanga, à Bimbo, à Nana-Bakassa, à Ndjoukou, à Markounda, à Mbrés, à Bornou, à Bossangoa, à Balembe, à Herman.
– Distingués invités ;
– Mesdames et Medssieurs,
Fort des performances très honorables réalisées dans la lutte contre la mortalité maternelle, je tiens à exprimer ma profonde gratitude :
- À nos partenaires techniques et financiers, pour leur engagement constant à nos côtés ;
- Et surtout, à nos agents de santé, Sages-femmes, Infirmiers, Matrones traditionnelles, agents de santé communautaire, et prestataires des soins sur terrain, des véritables héros de la vie, souvent dans des conditions extrêmement difficiles.
Je lance un appel solennel à chaque institution, chaque famille, chaque communauté, afin qu’aucune femme ne meurt en donnant la vie, car sauver une mère, c’est sauver une nation.
J’invite solennellement tous les responsables politiques, administratifs, sanitaires, communautaires ainsi que les partenaires techniques et financiers à se mobiliser comme un seul homme en faveur de la réduction de la mortalité maternelle devenue une haute priorité nationale.
Au nom du peuple centrafricain, je déclare officiellement lancée l’Initiative présidentielle « Zéro décès Evitable » pour la survie, la dignité et le bien-être des mères et des enfants en Centrafrique.
Je vous remercie.