Décès de l’ex-secrétaire général de l’ONU Javier Perez de Cuellar à 100 ans

Javier Perez de Cuellar, diplomate péruvien et secrétaire général de l’ONU entre 1982 et 1991, est mort mercredi soir à Lima à l’âge de 100 ans, a annoncé son fils.

« Mon papa est décédé après une semaine compliquée, il est décédé à 08h09 du soir (01h09 GMT jeudi matin, ndlr) et repose en paix », a déclaré Francisco Perez de Cuellar à la radio péruvienne RPP.

La dépouille de l’ancien diplomate recevra les honneurs vendredi au palais Torre Tagle, siège du ministère péruvien des Affaires étrangères, avant d’être inhumée au cimetière Presbitero Maestro de Lima, selon la même source.

Né à Lima en 1920, Javier Perez de Cuellar a été le cinquième secrétaire général des Nations unies, qui l’ont salué pour son centième anniversaire, le 19 janvier.

« C’est avec une grande fierté et une grande joie que je lui adresse mes meilleurs vœux à l’occasion de son 100e anniversaire. J’ai souvent réfléchi à son exemple et à son expérience pour m’inspirer et me guider », avait écrit l’actuel secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans un message sur son compte Twitter.

« Sa vie s’étend non seulement sur un siècle, mais aussi sur toute l’histoire des Nations unies », avait ajouté le Portugais.

Au Pérou, Javier Perez de Cuellar a été simultanément président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères pendant le gouvernement de transition de Valentin Paniagua, du 22 novembre 2000 au 28 juillet 2001.

Candidat à la présidence en 1995, il a été battu par Alberto Fujimori, réélu.

La CPI se prononce sur l’éventuelle ouverture d’une enquête en Afghanistan

Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) vont se prononcer jeudi en appel sur la demande de la procureure d’ouvrir une enquête pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre présumés en Afghanistan, dont des exactions qui auraient été commises par des soldats américains.

Les juges de la CPI, basée à La Haye, avaient refusé en avril d’autoriser l’ouverture d’une enquête sur de tels crimes dans le pays déchiré par la guerre, estimant que cela « ne servirait pas les intérêts de la justice ».

Cette décision était intervenue une semaine seulement après la révocation du visa de la procureure de la Cour Fatou Bensouda par Washington, qui avait aussitôt salué une « grande victoire ».

L’administration du président américain Donald Trump s’était farouchement opposée à toute enquête en Afghanistan de la CPI, fondée en 2002 pour juger des pires atrocités commises dans le monde.

Les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de la Cour, avaient annoncé mi-mars des sanctions sans précédent à l’encontre de la juridiction internationale, avec des restrictions de visa contre toute personne « directement responsable » d’une éventuelle enquête « contre des militaires américains ».

La procureure Fatou Bensouda avait fait appel en septembre du verdict des juges, rapidement critiqué par différents groupes de défense des droits humains qui avaient évoqué un coup dur pour les « milliers de victimes » du conflit afghan.

La chambre d’appel rendra son jugement jeudi à 10H00 (09H00 GMT), a fait savoir la Cour dans un communiqué.

– « Contre les intérêts américains » –

Selon les Nations unies, près de 3.500 civils ont été tués et 7.000 autres blessés à cause de la guerre en Afghanistan l’an dernier.

Mme Bensouda souhaite examiner non seulement des crimes présumés commis depuis 2003 par des soldats talibans et afghans, mais aussi par les forces internationales, notamment par les troupes américaines. Des allégations de tortures ont également été formulées à l’encontre de la CIA.

Le bureau de la procureure – qui avait ouvert un examen préliminaire en 2006 sur la situation en Afghanistan – ainsi que les représentants des victimes du conflit afghan ont de nouveau plaidé pour l’ouverture d’une enquête lors d’audiences tenues en décembre.

La décision de refuser l’ouverture d’une enquête en Afghanistan « prive les victimes de tout », a martelé Fergal Gaynor, une avocate plaidant la cause de 82 victimes.

L’avocat personnel de Donald Trump, Jay Sekulow, a quant à lui dénoncé « une démarche de la procureure allant directement à l’encontre des intérêts américains ».

Si les juges de la CPI refusent une seconde fois d’autoriser l’ouverture d’une enquête, Mme Bensouda aura la possibilité de reformuler une telle demande à l’avenir en cas de « nouveaux faits ou preuves ».

Washington et les talibans afghans ont signé le 29 février un accord historique ouvrant la voie à un retrait total des troupes américaines d’Afghanistan. Les talibans ont mené des attaques ces derniers jours, que le Pentagone a toutefois minimisées.

Les Etats-Unis mènent dans ce pays depuis 2001 la plus longue guerre de leur histoire.

L' »extraordinaire » effondrement d’Elizabeth Warren dans la course à la Maison Blanche

Devant des milliers de personnes, baignée par le halo des projecteurs, Elizabeth Warren semblait dans un meeting de campagne à l’automne avoir l’investiture démocrate et la Maison Blanche en vue. Mais l’ambition de la sénatrice progressiste s’est effondrée à l’épreuve des urnes.

« Des cours universitaires vont être dédiés à l’effondrement mystérieux et total d’Elizabeth Warren. C’est extraordinaire », a réagi, juste après l’avalanche de votes du « Super Tuesday », la journaliste et vétéran de la politique américaine, Mara Liasson, sur la radio publique NPR.

Arrivée en octobre jusqu’au sommet des sondages pour les primaires démocrates, la sénatrice progressiste âgée de 70 ans n’a pas gagné un seul de la vingtaine de scrutins organisés depuis le début des primaires, le 3 février.

Pire, elle n’est arrivée que troisième dans l’Etat du Massachusetts qu’elle représente fièrement au Sénat depuis 2013, et quatrième dans celui où elle est née, l’Oklahoma.

Seule femme pouvant encore peser dans la course à l’investiture démocrate avant mardi, Elizabeth Warren semblait bien avoir perdu toute chance de devenir la première présidente des Etats-Unis.

Ancienne professeure en droit, pourfendeuse de Wall Street, elle « réévaluait » mercredi sa candidature après ces résultats humiliants.

Selon le Washington Post, ses alliés étaient en pourparlers avec l’entourage du sénateur indépendant Bernie Sanders –qui fait campagne nettement à gauche– mais s’entretenaient aussi avec l’ancien vice-président plus au centre Joe Biden.

Avec une seule question en tête: va-t-elle se retirer de la course en accordant son soutien à l’un d’eux ?

La sénatrice d’ordinaire combative est restée très silencieuse mercredi, se contentant de retweeter un message de son chef de campagne.

Un calme qui contraste avec l’ambiance de ses meetings de campagne.

« Rêvons en grand, battons-nous fort, à nous de gagner! »: la foule, d’abord quelques centaines puis des milliers, reprenait en coeur son cri de ralliement à travers les Etats-Unis.

« Il est temps qu’une femme entre à la Maison Blanche », avaient scandé spontanément des élus locaux qui la soutenaient dans l’Iowa, avant le premier scrutin des primaires.

Depuis, elle a enchaîné les défaites.

– Sexisme? –

« Warren s’est fait déborder par Sanders sur sa gauche et par les candidats plus modérés sur sa droite », explique à l’AFP Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie.

« Le problème d’Elizabeth Warren, c’est qu’elle n’est pas parvenue à trouver un moyen d’attaquer Bernie tout en courtisant ses électeurs », renchérit Tobe Berkowitz, professeur en communication à l’université de Boston.

Les deux sénateurs progressistes se disent « amis » depuis plus de trente ans mais le ton est bien monté depuis janvier.

Ils se sont traités mutuellement de menteurs autour d’une question brûlante: M. Sanders lui aurait-il dit, comme Mme Warren l’affirme, qu’une femme ne pourrait jamais gagner face au républicain Donald Trump?

Le sexisme a pesé sur sa candidature, estime Jessica Valenti, une auteure féministe.

La première explication des commentateurs pour ses défaites va « probablement porter sur les craintes concernant sa capacité à être élue » face à M. Trump, écrivait-elle mercredi sur le site Medium. « Ne me dites pas que cela n’a rien à voir avec du sexisme. J’ai passé l’âge ».

– Revirement –

Entrée en lice dès décembre 2018, Elizabeth Warren s’était présentée aux électeurs démocrates se targuant d’avoir « un projet » pour toutes les grandes questions.

Avec une exception notable: le chiffrage de la grande question qui préoccupe les Américains, le système de santé.

Elle avait finalement dévoilé en novembre son projet, en optant pour une refonte en profondeur vers une couverture universelle, sur la même ligne que Bernie Sanders. Contrairement à lui, elle avait révélé le détail de son plan de financement pour couvrir les milliers de milliards de dollars qu’elle coûterait.

Un moment pivot dans la campagne de celle qui avait jusqu’ici voulu se présenter en progressiste pouvant aussi attirer des modérés.

Plus récemment, elle avait été critiquée pour un revirement notable. Après avoir éreinté ses rivaux modérés aidés par des comités d’action politique (Super PAC), qui soutiennent les campagnes des candidats aux Etats-Unis, elle a à son tour accepté, en février, l’aide très conséquente d’un Super PAC.

Ancienne électrice républicaine, née de parents modestes, Elizabeth Warren a aussi été visée sans relâche par les piques de républicains, Donald Trump en tête, sur les origines amérindiennes qu’elle a longtemps revendiquées et qui se sont révélées être en fait très diluées.

Mais il y a aussi quelque chose d’intangible, comme parfois en politique, derrière ses défaites, souligne Tobe Berkowitz.

Les électeurs « veulent quelqu’un dont ils pensent qu’il va se battre pour eux et est +authentique+. Pour une raison ou une autre, Trump et Bernie sont parvenus » à se présenter comme cela. « Pas Warren ».

Ukraine: Zelensky remanie son gouvernement pour sauver sa popularité

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé mercredi un remaniement en profondeur de son gouvernement au motif de faibles résultats économiques et sur fond d’un déclin de sa popularité.

Le Parlement ukrainien a nommé au poste de Premier ministre Denys Chmygal, l’un des adjoints de son prédécesseur Oleksiï Gontcharouk, contraint lui à démissionner après six mois en poste au motif de piètres résultats économiques.

« Le précédent gouvernement faisait tout son possible, mais aujourd’hui, les Ukrainiens ont besoin d’un gouvernement qui fera même l’impossible » et œuvrera « pour les gens », a déclaré le président en présentant son candidat aux députés.

Au total, 291 parlementaires ont voté pour sa nomination après avoir entériné plus tôt dans la journée la démission de M. Gontcharouk.

Son successeur de 45 ans a pour sa part promis de s’attaquer « sans délai » aux « défis » économiques du pays. « Chaque Ukrainien doit voir que l’Etat le protège », a-t-dit.

En poste depuis neuf mois, l’ancien comédien Zelensky a été élu président sur la promesse de « casser le système », éradiquer la corruption endémique et introduire de nouveaux visages dans un paysage politique sclérosé.

– « Il ne suffit plus d’être nouveau » –

Dominé par son parti Serviteur du peuple, le Parlement a ainsi nommé fin août un gouvernement comprenant de nombreux novices. M. Gontcharouk devenu à 35 ans le plus jeune Premier ministre de l’histoire de l’Ukraine n’avait alors que quatre mois d’expérience au sein de l’exécutif.

Mercredi, M. Zelensky a fait comprendre que cette stratégie n’avait pas marché. « Ce gouvernement a des acquis » mais « pour les Ukrainiens cela ne suffit pas », a-t-il déclaré, évoquant de nombreux problèmes sociaux qui n’ont pas été réglés et soulignant la nécessité de « corriger les erreurs ».

« Près de 10 millions de nos concitoyens vivent près du seuil de pauvreté », a-t-il affirmé, accusant aussi les forces de l’ordre du laxisme: « On promettait à la société ukrainienne la victoire sur la corruption. Pour l’instant, ce n’est même pas un match nul! »

« Il s’est avéré qu’il ne suffit pas d’être nouveau », a résumé lundi un des dirigeants du parti présidentiel Oleksandr Kornienko.

C’est la chute de sa propre popularité et celle du gouvernement au début de l’année qui est devenue « la dernière goutte » faisant déborder la vase pour M. Zelensky, explique l’analyste politique Volodymyr Fesenko.

La cote d’approbation du président a baissé à 47% en février contre 62% en décembre suite à des scandales impliquant plusieurs responsables gouvernementaux, selon un récent sondage.

Les députés ont nommé la plupart des ministres, dont plusieurs avec une expérience au gouvernement. Le jeune ministre de la Défense Andriï Zagorodniouk a ainsi été remplacé par un général à la retraite, Andriï Taran, 65 ans.

Le chef de la diplomatie Vadym Prystaïko est devenu vice-Premier ministre pour l’intégration européenne et son prédecesseur à ce poste Dmytro Kouleba a été nommé ministre des Affaires étrangères.

Le nouveau Premier ministre avait dirigé la région d’Ivano-Frankivsk (ouest) depuis août dernier et jusqu’à sa nomination au poste de vice-Premier ministre.

S’il avait occupé de 2017 à 2019 des postes importants au sein du groupe DTEK appartenant à Renat Akhmetov, homme le plus riche du pays à la réputation controversée, M. Chmygal n’est pas considéré comme un proche de l’oligarque.

– Pause avec le FMI –

« Il était l’un des gouverneurs les plus favorables aux affaires que j’ai rencontré en Ukraine », a commenté pour l’AFP Andy Hunder, président d’American Chamber of Commerce (ACC) en Ukraine en le décrivant comme un homme « à la tête froide, prudent et sérieux ».

En revanche, « le timing du remaniement est assez mauvais » en raison de l' »incertitude » globale liée à la propagation mondiale du nouveau coronavirus, qui risque de provoquer « un ralentissement des marchés mondiaux », prévient M. Hunder.

Le changement du gouvernement et notamment le remplacement de la ministre des Finances Oksana Markarova très prisée des Occidentaux par un ancien risque de compliquer les négociations sur une nouvelle tranche d’aide financière du Fonds monétaire international (FMI), préviennent les experts.

Cette aide est cruciale pour Kiev, confronté à une guerre avec les séparatistes prorusses dans l’est et à de lourdes difficultés économiques. « Le FMI est comme un sceau d’approbation pour les investisseurs qui vont voir ce que le FMI fera », souligne M. Hunder.

Echec cuisant pour Bloomberg, malgré son trésor de guerre

Manque de charisme, débats catastrophiques, passif avec les minorités, c’est une série de facteurs qui a mené au revers politique humiliant de Mike Bloomberg, sorti mercredi de la course à l’investiture démocrate.

Il n’aura tenu que 101 jours. Le temps pour lui de dépenser plus de 550 millions de dollars en publicité, un record historique pour une campagne politique.

En comptant l’équipe de plus de 2.000 salariés embauchés pour la campagne, les antennes locales, les déplacements, la facture pourrait être proche du record absolu de 737 millions dépensés par Barack Obama pour sa réélection, en 2011-12.

« Mike Bloomberg a fait le pari que son immense fortune pourrait lui offrir l’investiture démocrate. Il a perdu », résume Doug Muzzio, professeur en sciences politiques à Baruch College.

Entré en campagne très tard, le 24 novembre, neuf mois après Bernie Sanders et sept après Joe Biden, l’ancien maire de New York a-t-il trop attendu?

Pour James Thurber, professeur à American University, même si Mike Bloomberg s’était présenté plus tôt, « certains des mêmes problèmes structurels, des problèmes liés à sa personnalité, auraient déjà été là ».

Pour John Zogby, analyste politique, la décision de faire l’impasse sur les quatre premier scrutins a laissé une impression d’arrogance. « Si vous voulez être président, il faut faire campagne humblement en Iowa, dans le New Hampshire, vous devez aller taper aux portes. C’est comme ça que marche le système. »

« La première raison de l’échec de Mike Bloomberg, c’est le candidat Mike Bloomberg », renchérit Doug Muzzio. « Il est ennuyeux, technocratique, il n’est pas exaltant. Les hommes politiques établissent généralement un lien avec les gens. Pas Mike Bloomberg. »

L’entrepreneur n’a ainsi pas saisi les deux fenêtres que lui a offert le parti démocrate lors des deux débats du 19 et du 25 février, en allant jusqu’à modifier les règles de participation.

Pour Lincoln Mitchell, professeur à l’université Columbia, ces deux sorties en demi-teinte ont été un tournant et l’ont exposé. « S’il n’avait pas été sur scène, la course à l’investiture serait très différente aujourd’hui. »

Outre ses prestations, critiquées, sa présence en a aussi fait une cible privilégiée pour ses rivaux, offrant un répit bienvenu à Joe Biden, jusqu’ici régulièrement attaqué lors de ces débats, souligne Lincoln Mitchell.

Même si l’élément n’aura pas été décisif, le souvenir de sa politique sécuritaire à la tête de New York, jugée discriminatoire par beaucoup, a aussi joué un rôle.

« Il faisait une percée chez les électeurs afro-américains, mais ça allait continuer à le poursuivre », estime Lincoln Mitchell, en particulier face à Joe Biden, dont l’image est très directement associée à celle de Barack Obama.

– Le centre embouteillé –

Autre problème, en se positionnant au centre, Mike Bloomberg a rejoint une voie déjà bien embouteillée par des candidats qui se présentaient tous en alternative au programme très à gauche de Bernie Sanders.

« Il a fait du mal à (Pete Buttigieg et Amy Klobuchar) en essayant de séduire le même public », observe James Thurber, « mais cela lui a aussi été préjudiciable quand il a fallu se distinguer de Joe Biden. »

Après avoir indiqué qu’il n’écartait pas de se maintenir dans la course assez tard, l’homme qui a fait sa fortune grâce à des terminaux de marchés s’est finalement retiré dès le lendemain des premiers scrutins auxquels il a participé.

« Le fait qu’il soutienne Biden est un immense coup de pouce pour le parti démocrate », estime James Thurber. « Maintenant, la question cruciale est de savoir s’il va utiliser ses moyens pour l’aider, parce que Biden n’a pas beaucoup d’argent. »

Durant les trois mois qu’a duré la campagne Bloomberg, elle a souvent été présentée comme innovante, notamment pour son investissement dans les réseaux sociaux.

« Il n’y avait rien de révolutionnaire dans sa campagne ou dans son approche », tempère Doug Muzzio. « Ce qui était révolutionnaire, c’était la capacité de la financer. »

« Ce que l’histoire retiendra, c’est de l’ordre de l’anecdote », assure-t-il, « qui dira: Mike Bloomberg en 2020, trois-quarts de milliard de dollars et une poignée de délégués. »

Continuité contre révolution: Sanders et Biden, septuagénaires très différents

Ils sont septuagénaires, veulent battre Donald Trump et sont des vétérans de la politique avec plusieurs décennies au Congrès au compteur. Là s’arrêtent les ressemblances entre Joe Biden, chef de file des démocrates modérés, et Bernie Sanders, qui prône une « révolution » politique.

Au lendemain du « Super Tuesday », avec le retour fracassant de l’ancien vice-président de Barack Obama dans la course à l’investiture démocrate, c’est bien un duel entre ces deux hommes aux positionnements très éloignés qui se dessine.

– Deux hommes, deux styles –

Sourire éclatant, chevelure soigneusement peignée, Joe Biden est un homme politique à l’ancienne, démonstratif et volontiers tactile. Accolades, poignées de main appuyées, voire baiser sur la tête d’une ancienne élue, ses marques d’affection lui ont valu d’être au centre d’une polémique qu’il a désamorcée en arguant de sa bonne foi et des « normes sociales » changeantes.

L’ancien sénateur du Delaware de 77 ans a un capital sympathie certain, dû en grande partie au fait qu’il n’hésite pas à montrer émotions et empathie. Même ses gaffes, nombreuses, contribuent à l’humaniser.

Sa vie privée a été marquée par la tragédie. Et les deuils qu’il a connus – la mort de sa femme et de leur petite fille dans un accident de voiture en 1972, le décès de son fils Beau d’un cancer en 2015 – sont bien connus des Américains.

Plus austère, Bernie Sanders, 78 ans, avec ses cheveux blancs rebelles, a un style plus rugueux.

Réputé bougon et peu sociable, bien qu’il se déride en meeting et soit chaleureux avec ses partisans, il est passionné jusqu’à être perçu comme colérique.

Connu – et caricaturé – pour la manière dont il agite les bras ou pointe du doigt en parlant, le sénateur du Vermont est farouchement indépendant. Contrairement à son rival, pilier de l’establishment démocrate, il n’a jamais été encarté au parti.

Son ardeur à défendre des idées résolument à gauche a clairement apporté un nouveau souffle aux démocrates et suscite l’enthousiasme chez ses partisans, mais fait grincer des dents chez ses détracteurs qui l’accusent d’être aussi polarisant que Donald Trump.

Pour les deux septuagénaires, la question de la santé s’est en revanche posée. Bernie Sanders a subi un infarctus en octobre, et Joe Biden a régulièrement des difficultés d’élocution qui sèment le doute sur sa forme.

– Continuité contre révolution –

Avec ses positions centristes, Joe Biden se place dans la continuité. Pour de nombreux Américains nostalgiques de l’époque plus apaisée de l’avant-Trump, « Oncle Joe » est rassurant et incarne une certaine normalité.

« Les gens ne veulent pas d’une révolution, ils veulent des résultats », martèle-t-il en référence aux mesures radicales proposées par Bernie Sanders.

Qui rétorque qu' »on ne peut pas battre Trump avec toujours les mêmes vieilles recettes ».

Bernie Sanders est un socialiste autoproclamé – terme toujours choquant pour certains aux Etats-Unis, pour qui il a des relents de Guerre froide – et dit vouloir révolutionner l’Amérique.

– Vote noir, vote latino –

Les différences entre les deux hommes sont aussi évidentes dans leur base.

Le come-back de Joe Biden lors du « Super Tuesday » est ainsi en grande partie dû à sa popularité chez l’électorat noir.

Il a aussi été davantage choisi par les femmes, les personnes plus âgées et les personnes diplômées.

Quant à Bernie Sanders, il a pu compter, notamment en Californie, sur les Hispaniques, et a aussi attiré les jeunes et les électeurs indépendants.

Mais le vote latino, comme les autres, est loin d’être homogène, et des déclarations de M. Sanders vantant certains aspects de la révolution cubaine ainsi que d’anciens voyages dans des pays communistes, revenus hanter sa campagne, pourraient lui nuire notamment en Floride. Cet Etat clé de l’élection présidentielle américaine accueille une importante communauté de réfugiés cubains.

– Politiques –

« Bernie » croit fermement à une entière refonte d’un système de santé américain « cruel » et plaide pour une assurance maladie universelle et gratuite.

Il promet aussi d’effacer la totalité de la dette étudiante, ce qui a été applaudi par ses soutiens mais a suscité des interrogations sur le financement de cette mesure.

Joe Biden, lui, veut se présenter comme un politicien plus souple et se targue de pouvoir travailler avec les républicains. Ce qui lui a été reproché par ceux qui jugent qu’il a été trop complaisant avec eux.

Sur la dette étudiante, il va moins loin que son rival, proposant de renforcer les voies permettant aux étudiants d’alléger, ou d’annuler, leurs dettes. Il défend farouchement la réforme de la santé passée sous le mandat de Barack Obama.

M. Sanders est allé à l’offensive mercredi, en affirmant que « Joe allait devoir s’expliquer » sur son programme et son passif, évoquant notamment son vote en faveur de la guerre en Irak. « Bernie », également sénateur à l’époque, avait voté contre.

Mali: le Premier ministre en visite hautement symbolique dans le fief touareg de Kidal

Le Premier ministre malien Boubou Cissé a entamé mercredi une visite hautement symbolique à Kidal (nord), fief touareg, un nouveau geste censé manifester le rétablissement de la souveraineté de l’Etat sur le territoire, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Cette visite intervient trois semaines après le retour de l’armée dans la ville contrôlée par d’ex-rebelles touareg.

Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l’armée le 13 février et la visite du Premier ministre mercredi se veulent autant d’affirmations d’une restauration de l’autorité de l’Etat malien, qui ne s’exerce plus sur de larges étendues du pays.

Avant ces dernières semaines, l’Etat malien n’avait quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes avaient été chassées de Kidal quand une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l’armée.

Kidal est depuis contrôlée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance à dominante touareg d’anciens groupes armés rebelles. La CMA est signataire de l’accord de paix d’Alger de 2015 avec une alliance de groupes armés progouvernementaux appelée la Plateforme.

Le chef du gouvernement a été accueilli à son arrivée par des représentants de l’ex-rébellion, de l’Etat dans la région et de la mission de paix de l’ONU (Minusma), autre actrice de la crise malienne, ont constaté les correspondants de l’AFP. Il a prévu de passer deux nuits à Kidal au cours d’un déplacement qui doit s’achever vendredi dans le nord du pays.

Il doit rencontrer les unités de l’armée récemment revenue à Kidal. Ces unités sont supposées donner l’exemple de la réconciliation puisqu’elles comprennent d’anciens rebelles intégrés dans l’armée malienne conformément à l’accord de paix d’Alger.

La mise en oeuvre de cet accord ainsi que le redressement de l’autorité de l’Etat sont considérés comme des composantes politiques indispensables à une sortie de crise, en plus de l’action purement militaire menée par les forces maliennes, françaises, africaines et onusiennes.

Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, est le bastion culturel touareg et le berceau historique des clans les plus influents. C’est aussi une région qui a été marginalisée depuis l’indépendance malienne et où sont nées les différentes rebellions touareg.

Le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du pays, les violences se sont propagées au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

L’accord d’Alger tarde à être appliqué et de vastes étendues du nord demeurent sous le contrôle des ex-rebelles indépendantistes.

Les forces maliennes et des pays voisins sont par ailleurs en butte à des attaques jihadistes qui ont fait des centaines de morts dans leurs rangs ces derniers mois. Les jihadistes exploitent ou fomentent les violences intercommunautaires.

Alger et Madrid se disent « en accord à 100% » sur leur frontière maritime

L’Algérie et l’Espagne ont déclaré mercredi n’avoir aucun désaccord sur le tracé de la frontière maritime entre les deux pays en Méditerranée, à l’occasion d’une visite de la cheffe de la diplomatie espagnole à Alger.

Cette visite survient alors que l’Algérie a décidé unilatéralement en avril 2018 d’étendre ses eaux territoriales jusqu’à proximité de l’archipel espagnol des Baléares.

La ministre espagnole, Arancha Gonzalez Laya, a rencontré son homologue algérien, Sabri Boukadoum, avant de s’entretenir avec le président Abdelmadjid Tebboune.

« Je voudrai être très claire au sujet des frontières maritimes sur lesquelles l’Algérie et l’Espagne sont d’accord à 100%. Nous n’avons pas de problème à fixer les frontières maritimes », a affirmé Mme Gonzalez Laya lors d’une conférence de presse conjointe avec son collègue algérien.

« Les deux pays ont le droit de fixer leurs frontières maritimes, selon les règles des Nations unies. (…) Quand il y a un chevauchement des zones maritimes, il faut une négociation pour arriver à un accord », a-t-elle expliqué en rejetant tout « unilatéralisme ».

M. Boukadoum a abondé. « Nous n’avons pas de problème de délimitation des frontières maritimes entre l’Espagne et l’Algérie », a-t-il assuré de son côté, affichant lui aussi sa « volonté de négocier dans le futur pour tout chevauchement des espaces maritimes ».

Il a démenti que le nouveau tracé des eaux territoriales algériennes en Méditerranée engloble l’île de de Cabrera, comme l’avait rapporté le quotidien espagnol El Pais.

« L’Algérie ne veut aucune région, ni Cabrera, ni Ibiza. Elle veut uniquement le dialogue et le partenariat avec l’Espagne », a insisté le chef de la diplomatie algérienne.

Cette première visite à Alger de la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères a été reportée à deux reprises depuis le début de l’année par les autorités algériennes, selon la presse espagnole et algérienne.

L’Algérie fournit à l’Espagne près de la moitié de son gaz naturel.

La ministre espagnole a salué « une coopération utile et performante dans la migration, la lutte contre le terrorisme et une très bonne relation en matière énergétique » avec l’Algérie.

La question des frontières maritimes est également un sujet de désaccord entre l’Espagne et le Maroc, où Mme Gonzalez Laya s’est rendue fin janvier.

Si cette dernière a reconnu le « droit » du Maroc à délimiter ses frontières maritimes, elle a affirmé que cela devait se faire en accord avec les normes internationales alors que Rabat a adopté deux lois délimitant son espace maritime, auquel ont été intégrés les eaux du Sahara occidental, une mesure controversée.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été le théâtre d’un conflit jusqu’en 1991 entre le Maroc, qui a annexé le territoire en 1975, et le Front Polisario, qui, soutenu par l’Algérie, réclame l’indépendance de cette étendue désertique de 266.000 km2 dans une région riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses.

Coronavirus: le droit de retrait, un droit et des situations « au cas par cas »

Face à la crise du coronavirus, le droit de retrait n’est pas automatique et, comme dans toute situation concernant la santé des salariés, l’employeur est tenu de la protéger.

Loi et réalité ne font cependant pas toujours bon ménage et chaque situation devrait être examinée au cas par cas, estiment des spécialistes de la question.

Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, interrogée mercredi, « la situation sanitaire ne justifie pas un droit de retrait ».

Employés du Louvre, chauffeurs de bus, salariés habitant l’Oise, l’un des principaux foyers, l’ont pourtant déjà testé et pourraient faire des émules.

La législation l’encadre strictement: tout salarié peut se retirer d’une situation de travail s’il estime qu’elle présente « un danger grave et imminent » pour sa santé. L’employeur, tenu de respecter les directives gouvernementales sanitaires, ne peut l’en empêcher. Et il a une obligation de résultat concernant la prévention. En cas de contentieux, c’est un juge qui tranche, explique à l’AFP Jean-Paul Teissonière, avocat spécialisé dans les questions de santé au travail.

« Mais comment mesurer l’imminence du danger? », s’interroge-t-il. « Certains métiers sont plus exposés que d’autres. Il faut apprécier chaque situation et évaluer le risque au cas par cas. Toutes les entreprises ne sont pas exposées à l’identique, tous les métiers non plus, ceux en contact avec le public le sont plus », détaille-t-il.

« Nous conseillons la prudence avant d’exercer ce droit de retrait qui n’intervient que si l’employeur ne respecte pas les préconisations », dit à l’AFP Philippe Portier, spécialiste de ces questions à la CFDT. Si l’exercice de ce droit « est jugé abusif, cela peut avoir des conséquences graves pour le salarié, de la sanction au licenciement », dit-il.

« En pratique, salariés et employeurs s’entendent souvent sur une solution mais il y a des zones grises », concède ce syndicaliste.

« Tout salarié est en droit de cesser son activité après en avoir averti son employeur, s’il estime que les mesures sont insuffisantes pour protéger sa santé, ce qui suscite de l’anxiété, elle aussi nocive à sa santé », rappelle néanmoins Jérôme Vivenza, responsable de ces questions à la CGT.

Droit d’alerte

« Même en pleine forme, on peut considérer que les mesures prises sont insuffisantes au vu de l’exposition, notamment en cas de contact avec le public », assure Marc Benoit, secrétaire général CGT à l’INRS (santé et sécurité au travail), citant le cas d’un chauffeur routier qui serait obligé d’assurer une livraison, sans protection particulière, dans le département de l’Oise.

A la SNCF, indique Anne Guezennec, responsable à la CFDT Cheminots, les élus du personnel « ont d’abord exercé leur droit d’alerte » pour « réclamer des mesures de protection supplémentaires pour certains métiers », comme ceux en contact avec la clientèle. C’est, précise-t-elle, « l’inspection du travail qui tranchera ».

Une cellule de crise nationale a également été mise en place dans l’entreprise ferroviaire et des réunions régulières pour traiter les demandes. « Dans certains endroits on réfléchit à la désinfection totale des trains dans les centres de maintenance », ajoute-t-elle.

Le Louvre, fermé depuis dimanche en raison du droit de retrait invoqué par son personnel, a rouvert ses portes mercredi. Des réunions avec les syndicats ont abouti à la mise en place de mesures de protection du personnel, comme la distribution de solutions hydroalcooliques et l’autorisation de mener des contrôles plus distants.

Des chauffeurs de bus des réseaux franciliens Transdev et Keolis ont eux aussi exercé leur droit de retrait, notamment dans l’Essonne, tandis que le syndicat Unsa a averti que les salariés de la RATP pourraient exercer ce droit si l’opérateur ne prenait pas de mesures de protection supplémentaires, comme des gants, des masques pour les conducteurs et des lingettes désinfectantes. Chez Air France, masques, gants et gels hydroalcooliques ont été distribués aux personnels comme dans nombre d’entreprises.

Interrogé sur le sujet, une médecin du travail dans un grand groupe de presse a rappelé qu’en cas de passage au stade 3 de l’épidémie, les salariés les plus fragiles (maladies chroniques, déficience immunitaire… ) pourraient se voir proposer du télétravail. Plus généralement, elle déplore « une inquiétude excessive sur le risque infectieux qui a tendance à minimiser tous les autres risques pour la santé (environnementaux, chimiques…) ».

Libye: Paris regrette la démission de l’émissaire de l’ONU Ghassam Salamé

La France a regretté mercredi la démission de l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, et réitéré son appel à un « cessez-le-feu durable » dans ce pays déchiré par le conflit entre les autorités de Tripoli et l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar.

« La France a appris avec regret l’annonce de la démission du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye », a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, saluant « la compétence et la conviction » avec lesquelles M. Salamé a conduit sa mission depuis juin 2017.

Ghassan Salamé a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.

Depuis 2017, Ghassan Salamé a tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.

« Nous saluons ses efforts en faveur d’un cessez-le-feu et du lancement d’un dialogue politique interlibyen sous l’égide des Nations unies », a relevé le porte-parole du Quai d’Orsay.

« La France souhaite que cette dynamique se poursuive et appelle l’ensemble des acteurs à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu durable, d’un meilleur contrôle des ressources et d’un dialogue politique représentatif et inclusif », a-t-il ajouté.

« La France réitère son plein soutien aux efforts en ce sens du secrétaire général des Nations unies, a-t-il assuré.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Ghassan Salamé a régulièrement dénoncé les ingérences étrangères en Libye qui se poursuivent, malgré les engagements pris à la conférence internationale de Berlin en janvier, compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.

Le GNA est soutenu par la Turquie et le Qatar, le maréchal Haftar par les Emirats arabes unis, la Russie, l’Egypte et l’Arabie saoudite. La France est aussi soupçonnée de soutenir en coulisses l’homme fort de l’Est libyen, ce qu’elle dément.