Coronavirus en Italie: combattre la peur

Personnes en panique, en proie à des angoisses de mort, perdant contact avec la réalité… le nouveau coronavirus en Italie et les mesures spectaculaires pour l’enrayer ont créé une « épidémie de peur » parallèle à la crise sanitaire, selon des psychologues.

L’annonce de premiers décès en Italie et la mise en quarantaine de plus de 50.000 personnes dans onze villes du Nord, la fermeture des écoles et l’annulation des rassemblements sportifs et culturels ont créé une véritable psychose en début de semaine, racontent des professionnels.

Celle-ci s’est d’abord manifestée par la prise d’assaut de supermarchés, typique d’une « angoisse de mort », selon la psychiatre Rossella Candela, à Rome.

« Certains s’adaptent. D’autres agissent comme s’ils étaient sous les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale », explique-t-elle par téléphone.

La ruée sur les masques – quasiment introuvables désormais dans les pharmacies du Nord – participe du même phénomène.

Passé le premier mouvement de panique, reste une angoisse permanente, régulière, alimentée par la rupture de la normalité.

« Certaines dispositions ont accru l’anxiété: la fermeture des écoles, des églises… Dans nos petits villages lombards, l’annulation de la messe, c’est fou, c’est du jamais vu », souligne Alessandra Braga, psychothérapeute à Brescia (Lombardie, nord).

« J’ai passé la journée de lundi dans mon cabinet à tenter de ramener mes patients à la réalité », raconte-t-elle à l’AFP.

Ecoles et bureaux fermés oblige, « beaucoup passent la journée à la maison à regarder la télé, ça ne parle que du coronavirus, c’est totalement anxiogène. J’essaye de les convaincre de sortir, de s’aérer », poursuit Mme Braga.

Mais, constate-t-elle, « c’est comme une épidémie émotive. Et c’est très difficile à gérer, l’émotivité ».

– Peur et racisme anti-chinois –

Depuis le début de la crise, les autorités italiennes ont insisté sur le côté préventif des mesures et rassuré en parlant de « situation sous contrôle ».

Mais pour le psychologue Gabriele Zanardi, exerçant à Pavie (Lombardie), « le problème naît de l’interprétation: fermer les écoles, la quarantaine sont des mesures de prévention, mais les gens les voient comme la preuve que la catastrophe est là. Ce sont des mesures +choquantes+, alors qu’en réalité elles sont raisonnables », explique-t-il.

Difficile de lutter face à la peur suscitée par « quelque chose d’intangible, d’invisible, comme l’est un virus », reconnaît-il.

« Du coup on cherche à donner un visage à cet ennemi invisible: ce sera le Chinois, la personne enrhumée… ».

A Milan, le quartier chinois est désert depuis trois jours: commerçants et restaurateurs ont pris les devants et préféré fermer boutique. Par peur d’être ostracisés dans une région gouvernée par la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini.

A Turin, après l’annonce du premier mort de l’épidémie, une Chinoise de 40 ans a été rouée de coups dans la rue par des inconnus qui ont crié: « tu as le virus, va-t’en sinon je te tue ».

« L’Italie est devenue un pays qui a peur », s’inquiète auprès du journal La Stampa Mariella Enoc, directrice de l’hôpital Bambino Gesu à Rome. « Les phobies concernant ce virus sont en train de prendre le pas sur la raison et la parole scientifique ».

– Humour –

Pour les psychologues interrogés par l’AFP, le problème le plus inquiétant vient des « fake news » qui tournent en boucle. La fausse annonce de la fermeture de toutes les écoles italiennes jusqu’au 5 mars a dû faire l’objet d’un démenti officiel mardi.

Les théories complotistes s’emballent: le virus resterait actif jusqu’à six jours sur les paquets en provenance de Chine, l’épidémie viserait à tuer l’économie de la riche Lombardie…

Paradoxalement, les gens en quarantaine apparaissent moins inquiets que ceux qui se trouvent à l’extérieur. « Ils sont confrontés à la réalité, alors que ceux de l’extérieur n’ont que la perception des choses », souligne Gabriele Zanardi.

Reste, heureusement, l’humour. C’est cette femme qui s’exclame: « Après une semaine enfermés à la maison, si mes enfants ne meurent pas du coronavirus, je les tue moi-même! ».

Ou cette photo sur Twitter de paquets de penne (pâtes) sur des étalages vides, avec le commentaire suivant: « la grande défaite du coronavirus est de n’avoir pas su convaincre les Italiens d’aimer ces penne ».

« Je pense qu’en termes de perception psychologique nous avons vécu le pic de terreur incontrôlée ces derniers jours », relativise M. Zanardi, en ajoutant: « petit à petit, la vie reprendra un peu de normalité. Et l’homme s’habitue. L’exceptionnel deviendra la routine ».

Le virus se propage en Europe mais tue moins en Chine

Après l’Italie, le coronavirus se propage désormais à travers l’Europe, mettant le continent sous forte pression pour contenir l’épidémie de pneumonie virale dont le bilan ne cesse de s’alourdir dans le monde.

Le nouveau coronavirus est apparu mardi dans trois nouveaux pays européens: Autriche, Suisse et Croatie, ainsi qu’en Algérie. Et la France a annoncé mercredi son premier mort français.

Le Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, près d’une quarantaine de nations où elle a fait plus de 40 morts et 2.700 contaminations. Mais l’épidémie, apparue en décembre en Chine, semble avoir atteint un pic dans ce pays: les autorités ont annoncé mercredi 52 nouveaux décès en l’espace de 24 heures contre 71 la veille, le chiffre le plus bas depuis plus de trois semaines.

En Autriche en revanche, deux premiers cas ont été détectés dans un hôtel d’Innsbruck, capitale du Tyrol au cœur des Alpes: un couple d’Italiens venus des environs de Milan, région la plus touchée d’Italie.

En Croatie, c’est un jeune homme ayant séjourné à Milan qui est devenu le premier cas du pays, et des Balkans. Son frère est devenu mercredi le 2e cas confirmé. En Suisse, le premier cas concerne aussi un homme revenu de la région de Milan.

Même en Afrique, c’est un Italien arrivé le 17 février en Algérie qui est devenu la deuxième personne infectée du continent après un premier cas en Egypte.

Sur l’île espagnole de Tenerife (Canaries), un hôtel où a séjourné un Italien pouvant être porteur du virus a été placé en quarantaine. Enfin, le Brésil a annoncé un tout premier cas suspect de contamination: un Brésilien de 61 ans qui s’est rendu du 9 au 21 février dans la région de Milan.

L’Italie, le pays européen le plus touché avec plus de 320 cas et 11 morts, apparaît donc comme une plateforme de diffusion du virus, conduisant plusieurs capitales à déconseiller de s’y rendre et à encadrer le retour des personnes y ayant séjourné, bien que ses voisins se soient engagés à garder leurs frontières ouvertes lors d’une réunion ministérielle mardi à Rome.

– Rugby or not rugby –

Ainsi la France, où le dernier cas concerne « un Français qui rentre d’un séjour en Lombardie » (nord), « invite » ses ressortissants à éviter les régions d’Italie à risque.

La Russie a aussi déconseillé à ses citoyens de se rendre en Italie, mais aussi en Iran et en Corée du Sud, recommandant de s’abstenir de tout voyage « jusqu’à la stabilisation de la situation ».

En Irlande, les autorités sanitaires ont recommandé l’annulation du match de rugby devant opposer l’Irlande à l’Italie le 7 mars à Dublin dans le Tournoi des six nations, en invoquant « l’évolution rapide de l’épidémie en Italie du Nord, et le risque d’importer des cas en Irlande ».

Evénements culturels ou sportifs annulés, économie en berne et dégringolade des marchés financiers: au niveau planétaire, l’épidémie et ses conséquences inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine.

En Corée du Sud où la situation est « très grave », dixit son président Moon Jae-in, le nombre de contaminations a encore bondi pour dépasser le millier de cas.

Le pays, qui dénombre 12 morts selon le dernier bilan, est le premier foyer mondial de contamination après la Chine. Le bilan d’infections s’élève désormais à 1.146 personnes touchées, après l’ajout de 169 nouveaux cas.

– « Ouvrir la bible » –

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale. Cette agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

Téhéran a annoncé mercredi 4 nouveaux décès et 44 nouveaux cas, portant son bilan à 19 morts et 139 cas, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été contaminé.

Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité » sur l’épidémie. « Nous ne devrions pas laisser l’Amérique ajouter un virus, appelé la peur extrême (…), au coronavirus », a répliqué le président iranien Hassan Rohani.

A Rome, le pape François a exprimé mercredi sa proximité avec les personnes contaminées, tout en appelant, pour désamorcer les fausses rumeurs et la peur, à « éteindre la télévision et ouvrir la Bible ».

En Chine, outre les cas mortels, le décompte quotidien des contaminations est aussi en baisse: 406 nouveaux cas annoncés mercredi contre 508 la veille. Tous, sauf cinq, sont intervenus au Hubei, province de 58 millions d’habitants sous quarantaine depuis un mois. Au total, le virus a contaminé quelque 78.000 personnes en Chine, dont plus de 2.700 en sont mortes.

Alors que son économie est frappée de plein fouet, la Chine a annoncé mercredi un vaste plan de soutien aux petites et moyennes entreprises asphyxiées, encourageant les banques à leur octroyer des prêts préférentiels.

burs-bar-glr/fka/jhd

Le Groupe BGFIBank récompensé lors du 25ème anniversaire de NSIA

Le Groupe BGFIBank a reçu du Groupe NSIA, un des prix destinés aux partenaires, lors de la célébration des 25 ans de l’assureur-banquier. Cette distinction, également attribuée à deux autres entités, récompense les soutiens de la première heure du projet initié en 1995 par Jean Kacou DIAGOU, Président du Groupe NSIA.

En marge de la 44ème Assemblée Générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines plus connue sous le sigle «FANAF», tenue à Libreville (Gabon) du 17 au 20 février 2020, le Groupe NSIA, fondé en 1995, a soufflé sa 25ème bougie. Des Awards ont été décernées par la même occasion aux dirigeants, collaborateurs et partenaires du Groupe NSIA, avec une mention spéciale au Groupe BGFIBank et à son Président Directeur Général, Monsieur Henri- Claude OYIMA.

Cette distinction témoigne de la gratitude du Groupe NSIA envers le Groupe BGFIBank, un partenaire qui lui est loyal et fidèle.
Ce prix illustre plus globalement les espoirs que les Présidents des deux Groupes fondent dans la coopération sud-sud.

Les groupes BGFIBank et NSIA sont en effet proches par leurs métiers (la banque, l’assurance et les autres services financiers spécialisés), par leurs implantations actuelles (principalement en Afrique) et par leur engagement effectif à la RSE, en tant qu’entreprises citoyennes.

Lire le communiqué ici 

Coronavirus: Xi Jinping promet aide et matériel à l’Afrique

La Chine est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, qui constitue pour eux un défi de santé publique, a déclaré mardi le président chinois Xi Jinping.

Jusqu’à présent, l’Egypte est le seul Etat d’Afrique à avoir enregistré un cas confirmé de contamination.

Mais l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti que les systèmes de santé et les infrastructures sanitaires du continent étaient mal équipés pour affronter le coronavirus si les cas se multipliaient.

« Les pays africains sont confrontés à de nombreux défis en matière de prévention et de contrôle de l’épidémie », a souligné Xi Jinping lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

« La Chine est disposée à fournir aux pays africains le matériel médical dont ils ont un besoin urgent, y compris des tests de dépistage », a-t-il déclaré selon l’agence officielle Chine nouvelle.

Xi Jinping a également promis un renforcement de « la coopération sino-africaine en matière de santé publique et de prévention et de contrôle des maladies », sans offrir de précision.

Selon l’OMS, si des cas de contamination apparaissaient en grand nombre, les pays africains pourraient être confrontés à des pénuries de kits de dépistage et d’équipement de protection comme des masques.

Les systèmes de santé devront prendre en charge des malades atteints de défaillances respiratoires, de chocs septiques ou de défaillance simultanée de plusieurs organes, a relevé son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Ces patients ont besoin de soins intensifs nécessitant des équipements comme des appareils d’assistance respiratoire qui manquent dans de nombreux pays africains, et c’est une source de préoccupation », a-t-il déclaré.

La Chine avait envoyé en 2014 des centaines de médecins, épidémiologistes, ingénieurs, infirmiers et techniciens en Afrique de l’Ouest pour combattre l’épidémie d’Ebola.

Une ancienne ministre des Finances du Liberia bientôt adjointe de la dirigeante du FMI

Une ancienne ministre des finances du Liberia, Antoinette Sayeh, va devenir directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI) à compter du 16 mars, a annoncé mardi l’institution de Washington dans un communiqué.

C’est la dirigeante du Fonds, Kristalina Georgieva, qui a elle-même proposé cette nomination après le départ de la directrice administrative, Carla Grasso, annoncé début février.

Sollicité par l’AFP, le FMI n’était pas en mesure de dire si Mme Sayeh, ressortissante du Liberia et ancienne ministre des finances de ce pays de 2006 à 2008, avant son entrée au FMI comme directrice du département Afrique, allait remplacer cette dernière dans ses fonctions.

« Antoinette est très connue et très respectée pour avoir occupé (au FMI) le poste de directrice du département Afrique entre 2008 et 2016 où elle a mené une transformation importante des relations du Fonds avec nos pays membres africains », a commenté Kristalina Goergieva, citée dans le communiqué.

Depuis 2016, Mme Sayeh est membre émérite du Center for Global Development (CGD).

En tant que ministre des Finances au lendemain du conflit que le Liberia avait connu, Mme Sayeh avait piloté l’apurement des arriérés, accumulés de longue date, de la dette multilatérale du pays.

Elle avait, en outre, géré les négociations avec le Club de Paris et oeuvré à l’élaboration de la première Stratégie de réduction de la pauvreté.

« Ce faisant, Mme Sayeh a considérablement renforcé les finances publiques du Liberia tout en promouvant la réforme de la gestion des finances de l’Etat », selon le FMI.

Avant d’entrer au gouvernement de la Présidente Ellen Johnson Sirleaf, Mme Sayeh avait travaillé à la Banque mondiale pendant 17 ans, notamment en qualité de directrice des opérations pour le Bénin, le Niger et le Togo et comme économiste pour le Pakistan et l’Afghanistan.

Elle est titulaire d’une licence en économie de Swarthmore College en Pennsylvanie (Etats-Unis) et d’un doctorat en relations économiques internationales de la Fletcher School de l’université Tufts dans le Massachussetts.

Côte d’Ivoire: le procès en appel d’un président de conseil régional reporté au 24 mars

Le procès en appel du président du Conseil régional du Gbêkê (centre de la Côte d’Ivoire), Jacques Mangoua, condamné à 5 ans de prison, a été reporté au 24 mars, en raison de l’absence de l’accusé, écroué à Abidjan et qui n’avait pas été transféré pour l’audience, au grand dam de la défense.

Encadrés par un important déploiement des forces de l’ordre, quelque 200 militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié et dont M. Mangoua est un des vice-présidents, étaient présents au tribunal de Bouaké (centre), a constaté un journaliste de l’AFP.

Faute de prévenu, le président Tahirou Dembélé a renvoyé l’audience au 24 mars.

« Notre justice se doit d’être sérieuse (…) nous sommes rentrés dans une phase d’usure qui est inadmissible » a protesté Me Luc Adje, l’avocat de M. Mangoua.

M. Mangoua, qui a toujours clamé son innocence, a été condamné le 3 octobre 2019 à cinq ans d’emprisonnement ferme et 5 millions de francs CFA (environ 7.600 euros) d’amende pour détention illégale de munitions de guerre.

L’entourage de M. Mangoua crie au « complot » et au « coup monté : « C’est le président lui-même qui a averti la gendarmerie » de la présence des armes à son domicile, avait assuré à l’AFP Moïse Amani, chargé de mission auprès de M. Mangoua.

« Les enjeux de cette affaire sont ailleurs, M. Mangoua préside une région qui se trouve être la plus grande de la Côte d’Ivoire et qui par conséquent est vitale pour l’élection présidentielle 2020. Il préside une région stratégique et est de l’opposition, alors cela est insupportable pour certains hommes politiques », avait écrit à l’AFP sa fille, Joanne Mangoua.

Sa condamnation avait été suivie de troubles qui avaient fait un mort.

Le Gbeké comprend notamment le village de Béoumi, où avaient eu lieu des violences intercommunautaires ayant fait 16 morts en mai 2019.

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

Allemagne: les motivations du conducteur qui a foncé dans un cortège de carnaval restent floues

Les autorités allemandes s’efforçaient mardi d’établir les motivations d’un homme qui a foncé en voiture dans un cortège de carnaval, blessant plusieurs dizaines de personnes, dans un pays déjà frappé la semaine dernière par un attentat raciste.

La police locale a une nouvelle fois révisé son bilan à la hausse, faisant état désormais de près de 61 blessés, âgés de 2 à 85 ans. Parmi eux figurent 20 enfants, selon le parquet de Francfort (ouest).

Les motifs du conducteur allemand de 29 ans restent une énigme. Une chose est sûre: il n’était pas ivre, a précisé le parquet de Francfort.

Il est à ce stade poursuivi pour « tentatives de meurtres aggravées » et a été placé en détention. Le parquet estime qu’il a « jeté délibérément sa voiture dans la foule dans l’intention de tuer ».

Le parquet n’a toutefois pas exclu que l’homme originaire de Volkmarsen, ville de 7.000 habitants de la région de Hesse où se sont déroulés les faits, ait pu être sous l’influence de drogues.

« Je l’ai vu démarrer, il paraissait drogué et il a dit +Bientôt je serai dans les journaux+ », a affirmé un voisin de l’auteur présumé à la télévision RTL.

Les autorités ne pouvaient toujours pas dire mardi avec certitude s’il a agi intentionnellement ou non. Et elles ont vite arrêté d’évoquer une attaque, avant de pouvoir l’interroger. L’homme s’est lui aussi blessé en fonçant dans la foule avec sa Mercedes gris métallisé.

Le parquet a annoncé avoir arrêté une deuxième personne qui avait filmé les événements, sans préciser si elle était liée ou non au conducteur.

– A plein gaz –

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier s’est déclaré « profondément bouleversé », sur son compte Facebook, et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Selon la police, 35 personnes sont encore hospitalisées, plusieurs dans un état grave.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

« Ma femme m’a appelé, j’ai couru vers elle tout de suite et j’ai vu ma fille ensanglantée, allongée sur le sol », raconte Sven Hirdler, 33 ans, au journal populaire Bild. La petite Emilia, 4 ans, s’en sort finalement avec des blessures relativement légères.

Le parquet fédéral anti-terroriste ne s’est pas saisi du dossier, signe que les autorités privilégient pour l’heure la piste d’un acte volontaire mais pas d’un attentat.

Le suspect n’était pas connu des autorités comme un extrémiste. Il s’était toutefois fait remarquer dans le passé par des insultes, violation de domicile et harcèlement, selon les médias allemands.

– Défilés autorisés mardi

Ces faits interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi par un double attentat raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète désormais tout autant, après le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019 à Kassel, également en Hesse, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions catholiques de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier ont célébré ces derniers jours le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Lundi, la police avait annoncé « par mesure de précaution » l’annulation de tous les défilés dans l’Etat de Hesse. Mardi, le ministère de l’Intérieur du Land a donné son feu vert pour que les défilés encore prévus puissent avoir lieu.

Afghanistan: la trêve « respectée », Washington entrevoit une opportunité « historique »

La trêve partielle inédite en Afghanistan était globalement respectée mardi à son quatrième jour, permettant aux Etats-Unis d’afficher leur optimisme sur la signature samedi d’un accord « historique » avec les talibans.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a toutefois lancé une mise en garde à peine voilée aux autorités de Kaboul, qui s’entredéchirent sur les résultats de la dernière élection présidentielle, afin qu’elles n’entravent pas cette « énorme opportunité politique ».

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il martelé mardi depuis Washington. « La réduction de la violence est respectée, de manière imparfaite mais ça fonctionne », a-t-il assuré, tandis que le chef des forces américaines en Afghanistan, le général Scott Miller, confirmait « une tendance à la baisse de la violence ».

A Kaboul aussi, le ministère de l’Intérieur a fait état d’une diminution des « attaques ennemies » depuis l’entrée en vigueur samedi de cette trêve partielle d’une semaine entre les Etats-Unis, les forces afghanes et les talibans.

Selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP, les attaques talibanes ont chuté de 75 à 15 par jour en moyenne depuis le début de cette phase officiellement baptisée « réduction de la violence ».

Cinq membres des forces de sécurité afghanes ont toutefois été tués mardi dans trois attaques attribuées aux talibans par le gouvernement. Les talibans ont explicitement revendiqué deux de ces trois attaques.

Ces incidents n’ont pas été considérés de nature à remettre en cause la trêve — « la première pause d’une semaine dans la violence concernant toutes les parties en 19 années de guerre », a souligné Mike Pompeo.

– « Voix des femmes » –

Si elle tient jusqu’à samedi, les Etats-Unis signeront avec les talibans à Doha, au Qatar, un accord négocié depuis un an et demi.

Ce texte doit permettre à l’armée américaine d’entamer son retrait voulu par Donald Trump, mais aussi par une grande partie de la classe politique et de l’opinion américaines: les troupes en Afghanistan passeraient dans un premier temps de 12.000 ou 13.000 soldats actuellement à 8.600, avant de nouveaux départs progressifs qui n’auront lieu que si les talibans respectent leurs propres engagements.

Les insurgés promettent en effet, en contrepartie au départ des Américains qu’ils réclament de longue date, de fournir des garanties sécuritaires en matière de contreterrorisme, et d’entamer immédiatement des négociations de paix directes sans précédent avec les autorités de Kaboul.

La paix elle-même, dans ce pays exsangue après tant d’années de conflits, ne découlerait donc pas de l’accord de samedi, mais de ces pourparlers interafghans qui s’annoncent compliqués tant la classe politique afghane apparaît divisée face aux talibans.

Le président sortant Ashraf Ghani a été proclamé la semaine dernière vainqueur de l’élection de septembre, mais le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah conteste ces résultats et revendique aussi la victoire.

Les deux hommes prévoyaient initialement de prêter serment le même jour, jeudi, à la tête de gouvernements rivaux.

Un obstacle qui risquait de faire dérailler les efforts américains. Finalement, ils ont accepté de reporter leurs investitures respectives, selon Washington et le camp Abdullah.

Le département d’Etat américain a exhorté « toutes les parties » à s’unir pour mettre en place une délégation « pleinement représentative » pour négocier avec les talibans.

Fait notable, les Etats-Unis n’ont toujours pas félicité le président Ghani pour sa réélection, se bornant à « prendre acte » des résultats et des contestations.

Mais sans s’adresser à un camp en particulier, Mike Pompeo a prévenu tous ceux qui « veulent faire dérailler » le processus de paix, car ils ont « tout intérêt à préserver le statu quo »: « nous n’allons pas les laisser faire ».

Le chef de la diplomatie américaine s’est montré tout aussi évasif au sujet des droits humains, et particulièrement des droits des femmes, dont plusieurs acteurs de la société civile afghane s’inquiètent qu’ils soient en danger en cas de participation des talibans à de futures institutions.

« Notre mission est de faire en sorte que les Afghans parviennent à une solution qui soit une solution afghane », a-t-il éludé, se disant tout juste « confiant » quant au fait que ce processus permettra aux « voix des femmes » et « des minorités » de se faire entendre.