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Guinée: «souffrant», Dadis Camara obtient la suspension de son procès

L'ex-chef de la junte militaire guinéenne a évoqué lundi 5 décembre ses soucis de santé pour obtenir le renvoi du…

L’ex-chef de la junte militaire guinéenne a évoqué lundi 5 décembre ses soucis de santé pour obtenir le renvoi du procès du massacre du 28 septembre 2009.Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal spécial de Conakry. Après les auditions d’Aboubacar Sidiki Diakité, surnommé « Toumba », de Moussa Thiégboro Camara et de Claude Pivi,parmi les onze anciens officiels militaires et gouvernementaux accusés, c’était le tour du capitaine Moussa Dadis Camara ce lundi 5 décembre. Mais l’ancien chef de la junte militaire en Guinée (2008 – 2009) n’a pas duré à la barre, ayant réussi à convaincre le président du tribunal, Ibrahima Sory Tounkara, de renvoyer l’audience jusqu’à lundi prochain.

« Je veux vous dire, monsieur le président, avec tout le respect que j’ai pour votre auguste tribunal, j’en ai déjà informé le directeur de la garde pénitentiaire, le médecin chef de la garde pénitentiaire, depuis un très bon moment, je souffre. J’en ai déjà informé les avocats. Sauf pour votre respect, si effectivement vous m’obligez, monsieur le président, je ne suis pas au-dessus de la loi. (…) Mais en toute sincérité, je ne me sens pour le moment absolument (bien) », a-t-il affirmé à la barre sans préciser la nature de sa souffrance ni le délai pour son rétablissement.

« Si depuis plus de treize ans je me suis battu corps et âme, jusqu’à ce que je sois devant votre auguste tribunal, quels que soient les jours à venir, par la grâce de Dieu, je serai là devant votre tribunal, devant les éminents magistrats pour vous livrer ma part de vérité. Mais vous dire un, deux ou trois jours, je ne suis pas un homme qui aime mentir, je veux vous dire tout simplement monsieur le président, dès lors que je vais me rétablir, je serai même plus pressé, en toute sincérité » de venir répondre aux questions du tribunal, a ajouté Moussa Dadis Camara.

Après ce plaidoyer, le juge Ibrahima Sory Tounkara lui a fait savoir que le tribunal était « obligé » de suspendre les débats si son état de santé ne lui permettait pas d’y assister. Le président du tribunal a donc décidé de renvoyer l’audience jusqu’au 12 décembre 2022, soit d’ici une semaine.

Chef de la junte guinéenne du 23 décembre 2008 au 3 décembre 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara est placé en détention depuis son retour en Guinée, il y a un peu plus de deux mois, à la veille de l’ouverture du procès du 28-Septembre, à la maison centrale de Coronthie, dans la capitale Conakry.

Il est poursuivi avec ses dix coaccusés de « meurtres, assassinat, viols, pillages, incendies volontaires, vol à main armée, coups et blessures volontaires, outrage à agents de la force publique, torture, enlèvement et séquestration, non-assistance à personne en danger, violence sexuelle, attentat à la pudeur, détention illégale de matériel de guerre de première catégorie et complicité de ces infractions » dans le cadre du massacre qui s’est déroulé le 28 septembre 2009 au stade de Conakry, à la suite d’un rassemblement de l’opposition interdit par les autorités militaires d’alors.

En effet, l’opposition guinéenne voulait dissuader le capitaine Camara, devenu chef de la junte militaire après la mort du général Lansana Conté, resté 24 ans au pouvoir, de se présenter à l’élection présidentielle de janvier 2010. Mais pas moins de 157 personnes ont été tuées, des centaines blessées et près de 109 femmes violées après la manifestation, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par les Nations unies.

Plusieurs victimes ou proches de victimes continuaient de réclamer depuis treize ans un procès alors que l’instruction des magistrats guinéens était close depuis fin 2017. Il manquait cependant une volonté politique du régime d’Alpha Condé pour vider ce lourd dossier judiciaire. Selon certains observateurs, l’ex-chef de l’Etat, renversé en 2021 après onze ans au pouvoir par un groupe de militaires dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, ne voulait pas se mettre à dos un certain nombre d’officiers qui s’étaient mis à son service après son élection.


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