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Guinée : une élection présidentielle à haut risque

Ce dimanche 18 octobre, plus de 5,4 millions de Guinéens sont appelés aux urnes afin de choisir leur président pour…

Ce dimanche 18 octobre, plus de 5,4 millions de Guinéens sont appelés aux urnes afin de choisir leur président pour les six prochaines années. Un scrutin indécis qui cristallise de profondes divergences.C’est un jour capital pour la Guinée. A la faveur d’un changement de Constitution, le président sortant Alpha Condé (82 ans) vise un troisième mandat de suite. Au pouvoir depuis une décennie, le candidat du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) se bat contre onze adversaires dont le plus menaçant est Cellou Dalein Diallo (68 ans), le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).

Cet ancien Premier ministre sous la présidence de Lansana Conté espère enfin accéder à la magistrature suprême après deux tentatives infructueuses. Au lendemain de sa défaite en 2010, Cellou Dalein Diallo avait déclaré que « l’attachement à la paix et à la Guinée une et indivisible (lui) commande d’étouffer (sa) frustration et (ses) souffrances ». Mais dix ans plus tard, l’opposant historique d’Alpha Condé change de rhétorique : « La victoire sera à nous et nous saurons la conserver cette fois-ci ».

Le chef de file de l’UFDG fait allusion à sa première présidentielle. Crédité de seulement 18 % des suffrages valablement exprimés au premier tour, Alpha Condé avait finalement remporté le scrutin au second tour avec 52,5% des voix contre 47,4 % pour Cellou Dalein Diallo. Jusque-là, ses partisans sont persuadés, qu’à l’époque, un tour de passe-passe leur a privé d’une victoire méritée.

C’est pourquoi Ousmane Gaoual Diallo, conseiller politique de Cellou, met en garde les tenants actuels du pouvoir : « Tout dépend de la qualité du scrutin. On ne peut pas reconnaître quelqu’un qui compte sur la violence, la fraude et la corruption pour s’emparer des leviers du pouvoir. Dans ces conditions-là, nous prendrons position dans la rue. Aussi longtemps qu’il le faudra ».

Cette année, l’éternel second entend grimper sur la plus haute marche du podium en prenant « toutes les dispositions pour avoir les résultats sortis des urnes ». En outre, Cellou Dalein Diallo a fait une promesse de taille à ses soutiens : « Si on réussit à avoir la preuve qu’on a gagné, on ne se laissera pas voler notre victoire  ». Un message sans ambiguïté qui en dit long sur sa détermination.

Toutefois, celle-ci va inéluctablement se heurter au désir du président sortant de se maintenir au pouvoir. Pourtant, Alpha Condé s’était engagé à ne jamais modifier la Constitution car « ce serait trahir ce pourquoi (il s’est toujours) toujours battu ».

A priori, le chef de l’Etat a l’intention de garder à tout prix son fauteuil. C’est en tout cas la conviction des partis qui l’accusent d’avoir créé les conditions de son succès à travers notamment un fichier électoral biaisé.

Pour cette raison, les opposants réunis dans le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) ont prôné le boycott de la présidentielle. D’ailleurs, c’était leur résolution pour les élections législatives et le référendum constitutionnel.

Avant cela, des dizaines de civils ont payé de leur vie leur opposition à un éventuel troisième mandat de Condé. En effet, les manifestations organisées sur toute l’étendue du territoire national ont été sévèrement réprimées par les forces de l’ordre.

La tension est toujours palpable. De ce fait, les challengers du président sortant ont dû renoncer à battre campagne en Haute-Guinée pour éviter des heurts. Le cortège de Cellou Dalein Diallo a même été bloqué à l’entrée de Kankan, le fief d’Alpha Condé.

Ce dernier, condamné à mort sous le régime d’Ahmed Sékou Touré (1958-1984) et emprisonné pendant plus de deux ans sous le règne du général Lansana Conté (1984-2008), joue son va-tout.

Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo sont respectivement issus des communautés Malinkè et Peulhes. Ces deux ethnies représentent, selon les estimations, plus des deux tiers des 12 millions d’habitants de la Guinée. Dès lors, la question ethnique constitue un risque majeur de troubles dans ce pays multiculturel.


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