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Burkina : suspension de RFI

Le pays est pourtant cité en exemple, en matière de liberté d'expression.Le gouvernement de Transition a annoncé, ce samedi, "la…

Le pays est pourtant cité en exemple, en matière de liberté d’expression.Le gouvernement de Transition a annoncé, ce samedi, « la suspension » des programmes de la Radio France Internationale (RFI).

La mesure concerne tout le pays et prend effet dans « l’immédiat jusqu’à nouvel ordre », peut-on lire d’un communiqué signé par le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, ancien journaliste à la télévision nationale.

La suspension intervient après la diffusion de deux reportages sur les antennes de la radio française. Le premier, diffusé ce samedi, porte sur « le relai d’un message d’intimidation des populations attribué à un Chef terroriste », selon l’exécutif fait allusion au chef d’Ansarul islam, branche locale du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Dans la vidéo de 5 minutes, Jafar Dicko a mis en garde les autorités contre l’implixarkon des civils dans la guerre contre le terrorisme. 

Quant au second reportage reproché à RFI, il traite de la confirmation d’une tentative de coup d’Etat par le Président de la Transition le capitaine Ibrahim Traoré.

Le gouvernement a reproché au média français un « manquement grave » et l’accuse de propager une « information mensongère ». Il s’est indigné face « à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le Peuple burkinabè est engagé pour plus de liberté et de dignité ».

 » Décision illégale »

Le journaliste d’investigation Newton Ahmed Barry a dénoncé la décision du gouvernement qui, selon lui, n’est pas habilité à suspendre un média. » Cette prérogative revient au Conseil supérieur de la communication (CSC). Sauf si la loi a changé », a-t-il insisté. Il a expliqué que les délits qui appellent à la suspension d’un media procédent d’abord d’une audition par le CSC avant toute sanction. Laquelle est susceptible d’être déférée devant un juge.  » Museler ou persécuter la presse ne transforme pas le mensonge en vérité. C’est pas non plus parce que le mensonge est tu ou ignoré qu’il finit par devenir une vérité… Il faut revoir la militarisation de la gouvernance politique. Un État n’est pas une grande caserne », a suggéré l’ancien Président de la Commission nationale électorale indépendante (CENI).

La suspension de RFI est un nouveau pas dans la détérioration des relations entre le Burkina Faso et la France. Depuis plusieurs semaines, des manifestants réclament le départ des forces spéciales françaises basées à Kamboinssin. Ils s’en sont pris aux enseignes de l’ambassade de France à Ouagadougou et de l’institut français, à plusieurs reprises. Le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tambela avait accusé la France, sans la nommer, de manquer de loyauté dans la lutte contre le terrorisme au Burkina.

Longtemps pris pour exemple en matière de liberté d’expression et de la presse, le pays est en chute libre. Le Burkina a été crédité d’une note de 2, 25/4 en 2021, alorqu’il était noté à 2,37 en 2016; 2,44 en 2017; 2,68 en 2018.

Le gouvernement a réaffirmé son attachement à la liberté de presse et d’opinion, mais « également au droit du public à l’information ». Il a invité cependant au respect des règles et principes édictés en la matière dans le pays. 

Avant le Burkina Faso, le Mali a pris une décision similaire contre RFI pour les mêmes griefs.


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