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Bénin : les trésors royaux restitués par la France logés à la présidence

Les œuvres d'art vont subir une acclimatation de trois mois pour éviter tout choc thermique, avant d'être exposées dans des…

Les œuvres d’art vont subir une acclimatation de trois mois pour éviter tout choc thermique, avant d’être exposées dans des salles accessibles au public.Ils sont enfin de retour à la maison. Après plus d’un siècle de séjour en France, les trésors du royaume d’Abomey, pillés par les colons français au XIXe siècle, ont retrouvé leur terre d’origine. L’avion transportant les œuvres artistiques a atterri aux alentours de 15H15 à l’aéroport de Cotonou, la capitale économique du Bénin.

Au rythme des chants et danses royales, elles ont été transportées au palais présidentiel où les attendaient le chef de l’Etat, Patrice Talon, et plusieurs autres invités parmi lesquels des chefs traditionnels et coutumiers.  

Tout en soulignant « qu’il n’y pas de honte à nous rappeler que la déportation des reliques de notre grandeur hors du territoire du Bénin […] relève de l’histoire de l’humanité », il a exprimé toute sa satisfaction de les voir revenir dans son pays.

« Je dois vous avouer ou-bien vous confesser que contrairement à mes habitudes, je n’avais guère la certitude que cette revendication aboutirait un jour, encore moins de mon vivant. Mais une fois exprimé, j’ai été emporté par l’élan. Et nous n’avons pas arrêté jusqu’à ce que cela aboutisse », a-t-il déclaré dans un discours teinté d’émotion.

Patrice Talon a par ailleurs rappelé que l’histoire du Bénin n’a pas commencé avec l’envahissement français de 1892. Et pour lui, ce fait historique marque « la symbolique du retour au Bénin de notre âme, de notre identité, du témoignage de ce que nous avons été, de ce que nous avons existé avant, le témoignage de ce que nous avons connu la grandeur. »

« Je crois que c‘est tout simplement le signe de notre renaissance. (Car) tout ce que nous nous engageons à réaliser depuis quelque temps, nous y parvenons », a-t-il martelé.

Le locataire du palais de La Marina, faisant référence aux autres trésors encore exposés dans les musées, a déploré le fait que les réparations, bien souvent, ne sont pas à la hauteur de l’espérance et  des attentes. « L’idée aurait voulu que la restitution fût plus générale, plus complète. Et j’ai failli le reprocher un peu au président français hier », a-t-il souligné, ajoutant que « si nous avions été associés, nous aurions composé le lot autrement ».

Pour autant, a-t-il dit, « la coïncidence de la restitution des 26 œuvres exclusivement emportées des palais du royaume d’Abomey n’enlève rien à notre plaisir, à notre joie, à notre fierté et à notre satisfaction d’avoir œuvré pour une restitution qui commence par ces œuvres-là. »

Le président béninois a en outre félicité le président français, Emmanuel Macron, qui « a eu le courage d’engager le processus de restitution. »

Statut des trésors

De ces 26 œuvres, chacun sera libre d’établir le lien qui lui convient, a fait savoir le chef de l’Etat. « Mais, informe-t-il, dans notre identité républicaine laïque, ces œuvres ne revêtent, pour la République, aucun caractère religieux ni spirituel. »

D’après lui, si la spiritualité qu’on peut leur conférer n’est qu’une spiritualité neutre, alors elle est républicaine. C’est une spiritualité particulière que la République respecte mais qu’elle ne porterait pas, a-t-il indiqué.

« Les œuvres, que ça soit ici ou dans les autres localités et même prochainement dans le musée des épopées des rois et des amazones d’Abomey, elles seront dans des espaces de la République. Et à ce titre, elles sont dépourvues de toute considération religieuse. Chacun pouvant établir à son aise le lien qu’il voudra avec celles-ci », a-t-il conclu.  

La France a officiellement finalisé mardi 9 novembre la restitution de 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey pillés au XIXe siècle par les troupes coloniales et conservées jusqu’ici au musée du quai Branly.

Parmi ces objets d’art figurent des statues totem de l’ancien royaume d’Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales en 1892.


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