RCA: la menace des engins explosifs s’intensifie après l’explosion d’un camion

L’apparition des engins explosifs en RCA depuis un an et demi complexifie l’accès humanitaire dans les zones les plus touchées.

 

En République centrafricaine, un camion loué par l’OIM et transportant des matériaux pour la construction d’un collège a sauté sur un engin explosif jeudi dans le nord-ouest du pays, faisant deux morts et deux blessés. « La menace des engins explosifs ne cesse de croître en RCA » s’alarme la coordination humanitaire des Nations unies dans le pays (Ocha).

L’apparition des engins explosifs en RCA depuis un an et demi complexifie l’accès humanitaire dans les zones les plus touchées. Depuis avril 2021, 32 personnes dont 25 civils ont été tués par des engins explosifs selon Ocha et les conséquences pour la région sont désastreuses.

C’est la seconde explosion sur le même axe, en moins de trois mois. Une route pourtant « dépolluée » par la Minusca, c’est-à-dire qu’elle a bien été ouverte par les Casques bleus qui ont repris leurs activités de nettoyage après un temps d’arrêt.

Quelques jours plus tôt, les rebelles lançaient une offensive dans la localité : « Ils ont donc pu poser de nouveau des mines dites IED après notre passage », estime une source à la Minusca. Les groupes armés cherchent à limiter la progression des forces armées centrafricaines et de leurs alliés russes selon les analystes. Mais « les engins explosifs ne font pas de distinctions », souligne un humanitaire.

Les victimes pour la plupart des civils

Les victimes sont dans leur immense majorité des civils. La conséquence est que certaines localités sont coupées du monde ou ne sont plus accessibles que par la voie des airs, beaucoup plus coûteuse.

Le manque de nourriture et de médicaments vient s’ajouter à l’insécurité qui empêche les agriculteurs de travailler au champ : « Nous n’arrêtons pas nos activités, précise le chef de mission OIM en Centrafrique, mais adaptons les modalités pour ne pas mettre de nouvelles vies en danger. »

RCA : les populations sous la menace des engins explosifs

En Centrafrique, la majorité des incidents humanitaires enregistrés en 2021 ont eu lieu à Bangui et à Bossangoa dans le centre du pays.

 

La Centrafrique est un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires. En 2021, près de 400 incidents – ayant touché des travailleurs humanitaires – ont été enregistrés. C’est une information que vient de révéler Ocha, le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

La majorité des incidents signalés ont eu lieu à Bangui ainsi qu’à Bossangoa dans le centre du pays. Un chiffre en baisse par rapport à l’année précédente -en 2020, le chiffre des « incidents » était de 424- mais qui reste élevé.

« Entre janvier et décembre 2021, nous avons pu enregistrer 396 incidents, y compris trois morts et vingt-huit blessés », explique Safari Djumapili, chef adjoint d’Ocha en Centrafrique, joint par la rédaction Afrique de RFI.

Plus de la moitié de ces incidents sont des « actes opportunistes », c’est à dire « des braquages » ou des « cambriolages », explique Safari Djumapili… « Et aussi, plus d’un tiers des cas sont liés aux interférences et restrictions, comme des barrières et autres. Surtout dans les zones ouest et centre. »

La menace des engins explosifs

Le gros problème, c’est « l’insécurité qui persiste dans certaines parties du pays, avec quelques confrontations armées. Dès qu’on voyage dans des zones où il y a eu des confrontations, il y a toujours un risque d’une attaque, mais aussi d’explosions liées à des engins explosifs », notamment si on circule sur une route qui n’a pas été vérifiée : il peut y avoir une explosion avec des dégâts humains et matériels.

La menace des engins explosifs continue de s’accentuer en République centrafricaine : au moins 23 civils tués entre janvier et novembre 2021, rappelle OCHA. Les groupes armés qui sévissent en Centrafrique posent, de plus en plus, des engins explosifs improvisés le long des axes routiers pour contrer les forces progouvernementales. Cela a aussi pour effet de ralentir voire bloquer le travail des organisations humanitaires et l’acheminement de l’aide.

RCA : 396 incidents affectant les humanitaires en 2021

C’est ce que vient de révéler le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

 

Au cours des douze derniers mois, le Bureau des Nations-Unies de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a enregistré 396 incidents affectant les travailleurs humanitaires en Centrafrique, a indiqué l’ONU dans son dernier rapport.

« 396 incidents ont été comptabilisés en 2021 » sur les travailleurs humanitaires en République centrafricaine, « contre 424 en 2020 », a relevé, lundi, l’OCHA.

Selon l’ONU, « cette baisse de 6,6 % est, en grande partie, due à la mobilité et l’accès plus restreints des humanitaires dans le centre et l’ouest du pays en raison des confrontations armées ou attaques contre des convois civils et menaces d’engins explosifs respectivement ».

Les meurtres, hostilités, vols, braquages, pillages, menaces et agressions représentent presque la moitié des incidents (45,3%). Les interférences et restrictions représentant les autres 35,7% des incidents.

Selon le bureau onusien, les sous-préfectures de Bossangoa, Bangui et Kaga-Bandoro, ont été les plus touchées par ces violences.

L’OCHA a noté que les civils sont les premières victimes des tensions et des violences dans plusieurs régions de la Centrafrique. Mais le pays est également l’un des contextes les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires : plus d’un incident par jour affectant les humanitaires a été enregistré au cours de l’année 2021.

La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu’une coalition de groupes armés, la Séléka, a renversé le régime du Président François Bozizé en mars 2013.

Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, où les groupes armés contrôlent une partie du territoire et se disputent le contrôle des ressources du pays, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles.

RCA : 314 incidents affectant les travailleurs humanitaires au cours des huit premiers mois de 2021

Ce chiffre a été décrié par l’agence onusienne, dans son dernier bulletin humanitaire détaillant les incidents ayant touché les travailleurs humanitaires.

 

« Au cours des huit premiers mois de 2021, 314 incidents affectant les travailleurs humanitaires ont été enregistrés, contre 267 au cours de la même période en 2020 », a décrit l’agence onusienne, dans son dernier bulletin humanitaire détaillant les incidents ayant touché les travailleurs humanitaires.

Selon l’OCHA, les sous-préfectures de Bossangoa, Bangui et Kaga-Bandoro, ont été les plus touchées.

La semaine dernière, le Comité de coordination des organisations non gouvernementales internationales (CCO), qui regroupe une trentaine d’entités, s’est vivement préoccupé par la crise humanitaire.

Selon l’ONU, les vols, braquages, pillages, menaces et agressions représentent 67% des incidents, soit 210 sur 314. Les interférences et restrictions représentent les autres 33% des incidents.

Plus de 2.6 millions en situation d’insécurité alimentaire

La population civile continue d’ailleurs de payer le prix des tensions et des violences qui se poursuivent dans plusieurs parties du pays. En juillet dernier, plus de 64.000 personnes ont fui des affrontements et des exactions, principalement dans les préfectures de la Basse-Kotto, du Haut-Mbomou et de l’Ouaka.

Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays n’a jamais été aussi élevé depuis 2014, atteignant désormais 690.000 personnes et même plus au cours des derniers mois.

Selon l’OCHA, l’une des conséquences de cette insécurité sur le terrain est la détérioration continue de la sécurité alimentaire depuis l’année dernière.

Les données de surveillance suggèrent qu’en juillet dernier, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire a encore augmenté, pour atteindre 2.6 millions. Plus de la moitié (57%) de la population centrafricaine n’avait pas assez à manger. Sur le million de personnes en situation d’urgence concernant leur consommation alimentaire, 250.000 étaient à un pas de la famine.

Malgré ce « contexte sécuritaire volatile », les acteurs humanitaires en RCA sont parvenus tout de même à fournir, au cours du premier semestre 2021, une assistance à 1,4 million de personnes.

RCA-Bakouma : braquage de 7 véhicules humanitaires

Il s’agit  des véhicules de l’agence des Nations unies pour les affaires humanitaires  (OCHA) qui ont été braquées par un groupe d’hommes lourdement armés.

 

Le mardi 23 mars dernier, un convoi des véhicules humanitaires a fait l’objet d’un braquage spectaculaire dans la sous-préfecture de Bakouma, située à 130 kilomètres au nord de la ville de Bangassou,  et  à 864 kilomètres à l’est de Bangui. Il s’agit  des véhicules de l’agence des Nations unies pour les affaires humanitaires  (OCHA) qui ont été braquées par un groupe d’hommes lourdement armés, identifiés comme des éléments rebelles de la coalition des patriotes pour le changement (CPC). Aussitôt, les proches du régime de Bangui accusent l’agence humanitaire de l’ONU d’avoir livré tout simplement les rebelles, tandis que ces derniers accusent OCHA d’avoir transporté parmi les humanitaires des soldats de l’armée nationale.

Une semaine après la sortie médiatique du burkinabé Harouna Douamba, proche du pouvoir en Centrafrique,  au sujet du braquage de sept véhicules humanitaire à Bakouma par les rebelles du CPC, ces derniers ont finalement donné leur version des faits, et accusent l’agence des Nations unies chargée des affaires humanitaires (OCHA)  d’avoir transporté clandestinement les soldats FACA à leur arrivée à Bakouma.

« Les humanitaires, quand ils sont arrivés à bord de neuf véhicules, à Bakouma, ils ont commencé d’abord à distribuer des biscuits à la population. Nous sommes à côté, nous les observons jusqu’à la fin du partage. Déjà, nous soupçonnons quatre hommes qui ressemblent aux militaires dans l’un de leurs pick-up doubles cabines. Et lorsque l’équipe se prépare à rentrer,  nous leur demandons de revenir nous voir. Ce qu’ils ont fait, et nous leur demandons si l’on peut fouiller leur véhicule, ils acceptent. C’est au moment de la fouille du premier véhicule que l’un des pick-up que nous soupçonnons avec des militaires à bord prend la fuite à destination de Bangassou. Nous n’avons rien dit. Nous poursuivons notre fouille jusqu’à retrouver de nombreux effets militaires à bord, y compris des chargeurs et des munitions, et l’équipe reconnaît leur faute. C’est à partir de là que nous conduisons les autres membres de l’équipe dans l’unique camion humanitaire et nous leur avons demandé de rentrer », a déclaré le chef de le CPC à Bakouma.

Les rebelles reconnaissent avoir confisqué les sept véhicules humanitaires sans plus de précision. Ils ont dit qu’il y’avait neuf véhicules en tout, dont un camion avec l’enseigne de WWF sur les cabines.

Contactée par CNC, l’agence humanitaire des Nations unies n’a pas voulu faire des commentaires.

Notons qu’après cet incident, le ministre de la Sécurité publique ordonne à toutes les agences humanitaires  de faire valider désormais leur ordre de mission à la gendarmerie de Bangui avant leur départ.

Depuis le coup d’État manqué du 13 janvier dernier, les ONG internationales humanitaires ont de sérieuses difficultés à faire leur travail sur le terrain, tant du côté des rebelles que du pouvoir. Il y a quelques jours, un responsable de l’ONG humanitaire allemande a été interpellé et placé en détention. Le pouvoir soupçonne son organisation d’avoir fait le jeu des groupes armés.

Affrontements à Bria : plus de 35 morts

Samedi, des violences ont éclaté dans la ville de Bria, dans l’est de la Centrafrique, entre les membres d’un groupe de l’ex-Seleka. Des violences « a priori » à caractère ethnique. Les combats ont duré jusqu’à dimanche.

Les combats de ce weekend à Bria auront fait plusieurs dizaines de morts. Au moins 35 selon la Croix-Rouge centrafricaine. Un chiffre qui pourrait même s’élever jusqu’à 50, selon le préfet sur place. L’accès aux quartiers était difficile dimanche à cause des tensions ; de plus, des enterrements ont été rapidement effectués rendant le décompte précis des victimes difficile à réaliser.

À Bria, la pression est retombée dans la journée de lundi et les différents acteurs ont pu mener des évaluations. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a ainsi estimé à 11 000 le nombre de déplacés. Un chiffre qui vient s’ajouter aux 50 000 personnes ayant déjà fui de précédentes violences. L’assistance en eau, en vivres et en kits pour abriter ces populations est la priorité assure OCHA qui prépare actuellement sa réponse.

Le préfet a déclaré que des réunions se sont tenues avec les différentes parties et que la situation se normalise peu à peu dans la ville. Les commerces étaient en partie ouverts ce mardi. Mais un suivi est nécessaire affirme-t-il pour assurer la stabilité de la situation.