RCA: l’UE reprendra la formation des Faca si elles ne sont pas «employées» par Wagner

C’est ce qu’a annoncé le vice-amiral Hervé Bléjean, directeur général de l’état-major de l’Union européenne, en visite à Bangui, jeudi 3 février.

 

Depuis la mi-décembre, Bruxelles a décidé de suspendre les formations dispensées aux soldats centrafricains en raison « du contrôle exercé par les mercenaires de la société Wagner sur les forces armées » du pays.

L’hymne européen retentit dans l’enceinte du camp Moana. À Bangui, la France passait hier jeudi le commandement de la mission de formation militaire européenne à la Belgique.

La bannière de l’EU passe symboliquement de main en main comme tous les six mois. Mais depuis la mi-décembre, les formations des soldats centrafricains sont suspendues.

« Ce sont des mercenaires »

« L’UE ne peut plus se permettre d’entraîner des unités qui ensuite sont employées par Wagner, a martelé le vice-amiral Hervé Bléjean, directeur général de l’état-major de l’Union européenne. Les 2 500 mercenaires de Wagner qui sont pour certains Russes mais pas seulement, qui peuvent être d’autres nationalités, ne peuvent pas être assimilés à des forces régaliennes de la Russie. Ce sont des mercenaires c’est aussi simple que ça. D’ailleurs, je rappelle que le code pénal russe interdit l’emploi et la création de sociétés militaires privées à partir de mercenaires. Donc il y a une vraie ambiguïté. »

En RCA, comme au Mali, l’influence grandissante de la Russie est source de tensions avec les pays occidentaux. Les membres de cette société militaire privée russe, présente dans plusieurs pays d’Afrique, sont accusés de graves violations des droits de l’homme, notamment par l’ONU.

« Plan national de défense »

Les formations ne reprendront qu’à certaines conditions reprend le vice-amiral Bléjean : « La première condition, c’est d’avoir la garantie que les unités que nous entraînons ne sont pas employées par Wagner mais sont employées dans le cadre régalien de l’emploi de forces armées nationales. La seconde, c’est d’avoir un plan national de défense cohérent et soutenable dans la durée. »

En six ans, l’EUTM a formé plusieurs milliers de militaires centrafricains. Quelque 70 instructeurs ont déjà quitté le pays. Un peu plus d’une centaine d’hommes se concentrent désormais sur le conseil stratégique.

RCA-Bria : tension entre les Casques bleus et les mercenaires de Wagner

Les tensions sont toujours aussi vives entre les mercenaires de Wagner et les Casques bleus de la Minusca.

 

Trois jours après la tentative d’arrestation à Bria du chef du détachement des forces armées centrafricaines (FACA), la tension est toujours vive entre les mercenaires de Wagner et les Casques bleus de la Minusca, provoquant ainsi un face-à-face tendu entre eux dans un quartier de Bria la semaine dernière.

Depuis quatre jours, on assiste miraculeusement à un départ massif des jeunes de Bria pour la capitale Bangui. Ils évoquent la situation sécuritaire qui prévaut en ce moment dans leur ville.

Selon plusieurs d’entre eux, les mercenaires de la société russe Wagner ont juré de mener une opération musclée dans les prochains jours dans les différents quartiers de la ville.

« Officiellement, les hommes de Wagner disaient qu’ils vont chercher des armes et des effets militaires, mais officieusement, leur objectif serait d’arrêter massivement les jeunes qu’ils considèrent désormais comme des complices du capitaine des FACA en fuite », affirment-ils.

Ainsi, quelques-uns d’entre eux sont partis alerter le service des droits de l’homme et de sécurité  des Nations unies. Mais ce samedi 10 juillet vers 16 heures, une colonne des mercenaires de Wagner, lourdement armés et dans leur véhicule, est entrée dans le quartier Mandet, situé au centre-ville. Les Casques bleus, informés aussi de la nouvelle, ont suivi les hommes de Wagner dans ce quartier. Lourdement armés dans leur véhicule blindé, les Casques bleus, arme au poing,  ont pris position dans des coins stratégiques du quartier Mandet face aux mercenaires de Wagner. Mais face à la présence de la Minusca, les mercenaires de Wagner ont laissé tomber leur plan et retournent dans leur base.

Désormais, les Casques bleus affirment que chaque déplacement des Wagner sera suivi d’une équipe armée afin d’enquêter de près sur leurs faits et gestes.

Rappelons que le jeudi dernier, un capitaine de l’armée nationale, chef du détachement militaire à Bria a failli d’être arrêté par les mercenaires de Wagner. Soupçonné d’avoir vendu des armes aux jeunes de Bria qu’ils considèrent comme des « complices » des rebelles, l’homme avait pris fuite, et s’est réfugié dans la base de la Minusca. Ce qui a provoqué une vive tension entre les Casques bleus et les hommes de Wagner qui accusent désormais les jeunes de Bria, notamment du quartier Mandet d’être des complices de ce fameux capitaine.