RCA : commerçants et membres de la société de gestion du marché Km5 très remontés contre la mairie de Bangui

Le vendredi 10 septembre 2021, le président de la délégation spéciale de la ville de Bangui Emile Gros Raymond Nakombo  accompagné d’une équipe a fait une descente au marché Km5, situé dans le 3èm arrondissement de Bangui. Son passage a malheureusement créé une tension en ce qui concerne la gestion du marché du centre de Km 5 et celui de Kokoro.

En effet, depuis 1999, sous la direction de Joseph Bendounga qui était président de la délégation spéciale de la ville de Bangui et qui est actuellement député de la Nation, un comité a signé un contrat avec la Mairie de Bangui pour assurer la gestion du marché de Km5. Ce contrat a permis à ce comité d’assurer la gestion du marché selon la convenance des commerçants depuis ladite époque jusqu’à ce jour.

Plusieurs années se sont écoulées et plusieurs personnes sont passées également à la tête de la Mairie de Bangui. Dans le cadre de la continuité de service de l’État,  ce contrat a toujours existé et jusqu’à l’époque de Emile Gros Raymond Nakombo, l’actuel président de la délégation  spéciale de la ville de Bangui. Mais de manière surprenante, il a décidé de résilier le contrat de la société de gestion afin de remettre le service à des particuliers du nom de Zakaria Djalabi et Oumar Senoussy.

Selon les commerçants et la société de gestion, Oumar Senoussy fut ancien chef d’auto-défense au Km5. Suite à certaines exactions qu’il a pu commettre lors des dernières crises, il a été condamné par la justice centrafricaine mais il est en train de purger sa peine en sursis. Certaines informations font dire que ce dernier a même menacé à mort les membres de la société de gestion du marché de Km5 et certains commerçants.

Ne sachant à quel saint se vouer, les membres de la société de gestion du marché de Km5 ont saisi le Cabinet juridique du Maître Lavou Jérôme qui a finalement déposé une nouvelle plainte à la justice contre Oumar Senoussy et six autres personnes considérées comme des présumés complices. Dans cette plainte dont Oubangui Médias dispose d’une copie, Maître Jérôme Lavou a mentionné que Senoussy et son équipe ont menacé à main armée les membres de la société de gestion dudit marché.  A cet effet, les commerçants ont affirmé que Zakaria Djalabi et Oumar Senoussy ont une moralité douteuse, donc ils ne sont pas dignes d’assurer la gestion du marché de Km5.

Cette situation a engendré un sentiment de mécontentement chez les membres de la société de gestion et les commerçants qui ont entamé une série de discussion avec la Mairie de Bangui. La toute première rencontre s’était déroulée le lundi 13 septembre dernier. Ladite réunion s’était déroulée en la salle de conférence de la Mairie de Bangui et a été dirigée par Guillaume Ngobo, 2èm vice-président de la délégation spéciale de la ville de Bangui.

Après un débat houleux qui a durée au moins 3 heures de temps, les membres de la société de gestion et les commerçants se disent insatisfaits des réponses de la Mairie. Kevin Cédric Litho  directeur technique du marché Km5 déclare : « Nous qualifions la déclaration faite par Emile Gros Raymond Nakombo de non-événement et irresponsable. Il sait pertinemment qu’un contrat nous lie avec la Mairie de Bangui. Même s’il veut résilier  ce contrat, il doit d’abord nous appeler pour discuter les clauses du contrat afin de voir si nous avons ou non respecté ces clauses. Toutefois, il doit passer par le respect des textes juridiques en notifiant sa décision. Nous ne pouvons pas qualifier cela d’une décision mais plutôt d’une déclaration car il l’a fait de manière orale ».

La même source pense que la déclaration du premier citoyen de la ville de Bangui est une manière d’exposer la vie des membres de la société de gestion : « Sa déclaration c’est pour exposer la vie des responsables dudit marché. Une chose, s’il veut résilier le contrat ce n’est pas en son nom propre mais au nom de la Mairie. Sa manière de faire montre s’il ignore la continuité de service de l’État. Il va même loin en disant que si les responsables du marché remettent encore pieds sur le terrain, on va les arrêter. Là, c’est une manière de nous traiter comme des vulgaires personnes. Cette réaction n’est pas digne d’une autorité et nous déplorons cela ».

A la sortie de cette réunion qualifiée de très décevante par les commerçants, ils promettent tous de ne pas lâcher cette affaire et affirment qu’ils conduiront l’affaire devant la justice qui sera obligée de dire la loi.

« Nous savons que la Mairie de Bangui est souveraine de travailler avec le partenaire de son choix. Cependant, les choses doivent se passer dans les normes. La réaction du président de la délégation spéciale de la ville de Bangui est un cas d’éviction forcé car il nous a chassés sur notre droit. Nous avons dépensé pour reconstruire les kiosques sous le contrôle de la société de gestion qui est censée maitriser les commerçants. C’est une manière de semer du trouble au Km5. Nous voulons la paix et la cohésion sociale. Mais, n’est-ce pas que Emile Gros Raymond Nakombo est en train de détruire la politique du président Faustin Archange Touadera ? Il doit se ressaisir et nous laisser reprendre nos activités dans la quiétude », a martelé Tiburce Gauthier Babessagna, représentant des commerçants du marché Km 5.

Nous tenons à préciser malgré que nous ayons demandé la permission et reçu l’autorisation du chef de poste de la police municipale, nous n’avions pas pu prendre les avis des responsables de la Mairie car les journalistes ont été chassés de la salle de conférence par la directrice de la police municipale en présence même de l’équipe de la communication de la Mairie de Bangui.

Rappelons que le marché du Km5 est le poumon économique de la RCA. Secoué par la crise militaro-politique dans le pays, le Km5 s’est finalement rétabli et les activités ont repris à bon train surtout avec une réelle cohésion sociale qui est le vecteur de la paix et le vouloir de tous les centrafricains. A cet effet, comme un seul homme, les membres de la société de gestion et les commerçants souhaitent trouver une solution pacifique à ce problème afin d’éviter une éventuelle crise.