L’ONU se prononce sur le projet de réforme de la constitution en RCA

C’est au terme d’une visite de trois jours dans le pays, que le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix, Jean Pierre Lacroix, a présenté les inquiétudes des Nations unies vis à vis de la Centrafrique sur le plan politique et sécuritaire.

 

« La RCA n’a pas besoin de plus de violence. La Force de la MINUSCA va conserver et consolider sa posture robuste, ensuite travailler pour la consolidation de la paix dans les zones où la sécurité a été établie », renseigne, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de paix, Jean Pierre Lacroix.

Il s’est inquiété de la reprise des activités de certains groupes armés avec l’arrivée de la saison sèche, ce qui peut générer des tensions, « Nous devons non seulement condamner, mais nous devons contrer. La MINUSCA a renforcé ses capacités, elle a adopté une posture robuste, afin de contribuer à restreindre les capacités de nuisance des groupes armés, même s’il est important que la réponse à ces menaces ne soit pas seulement d’ordre sécuritaire », a-t-il dit.

Toutefois, Jean Pierre Lacroix a rassuré que l’Onu va continuer à assister le pays afin qu’on puisse un jour voir le bout du tunnel,

« Nous allons continuer à faire le maximum pour soutenir la population centrafricaine, consolider certains acquis, mais aussi travailler pour aider la Nation et le peuple centrafricain à surmonter les défis qui restent », a dit Jean Pierre Lacroix, au terme de sa visite de travail en RCA.

Il a également fait la promesse selon laquelle, « les Nations Unies continueront au maximum de leur capacité à fournir cette aide humanitaire aux populations qui en ont besoin »

Par la même occasion, le diplômât a fait part de la poursuite du plaidoyer de l’Organisation auprès des donateurs, pour que « le financement de l’aide à la population centrafricaine soit au rendez-vous ».

L’actualité politique du pays avec notamment la possible réforme de la constitution n’a pas laissé l’émissaire Onusien indifférent, « les forces politiques, la société civile, doivent pouvoir s’exprimer, c’est important, les institutions ont besoin d’être respectées ».

Il rajoute par ailleurs « la tension croissante dans le débat politique, avec des messages négatifs, parfois très négatifs exacerbent les tensions, avec des messages de haine aussi, et de désinformation. Le peuple centrafricain, a besoin d’un débat politique ouvert, apaisé, notamment dans le contexte de la préparation des élections locales », insistant sur le fait que « la vie politique a besoin de se dérouler sans violence ».

 

Sécurité en RCA : le point de l’ONU

Dans une interview à la DW ce jeudi matin, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’Onu Jean-Pierre Lacroix estime que le processus de paix avance, mais insiste sur l’engagement de tous.

Une délégation conduite par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, séjourne depuis quelques jours à Bangui, en République centrafricaine. Au cours de son séjour, cette délégation a rencontré les autorités centrafricaines, la société civile, les partis politiques ainsi que les signataires de l’accord de paix signé à Khartoum en février 2019. L’ONU souhaite faire le point sur la situation sécuritaire.

Jean-Pierre Lacroix estime qu’il y a du mieux, mais qu’en dépit de ces améliorations, le climat sécuritaire dans le pays n’est pas au niveau où l’ONU le souhaiterait.

Des élections en décembre

Il est important de venir à ce moment précis, parce que les élections (législatives et présidentielle, le 27 décembre 2020, ndlr) en République centrafricaine se rapprochent et elles seront extrêmement importantes pour la République centrafricaine. Nous avons réitéré notre détermination à continuer à appuyer les efforts de sécurisation, notamment là où les groupes armés continuent, en violation de leurs engagements, des activités violentes, mais aussi des efforts de dialogue.

Les Nations unies ont déployé un contingent de Casques bleus en République centrafricaine pour aider les pays à un cycle de violences. Est-ce que vous êtes satisfait par le climat sécuritaire en ce moment dans le pays ?

Le climat sécuritaire s’est amélioré depuis la signature de l’accord de paix. Est-ce qu’il est au niveau où nous souhaiterions ? Non. Il y a encore des groupes armés qui violent leurs engagements et semblent garder en réserve l’option du recours à la violence.

Il y a eu des accrochages avec les rebelles 3R (« Retour, Réclamation et Réhabilitation », un groupe rebelle centrafricain). Est-ce qu’il ne serait pas judicieux que les Nations-Unies aident les autorités centrafricaines à engager des pourparlers afin de mettre un terme à ce climat de terreur ?

Il y a toujours une approche qui repose sur deux piliers : l’ouverture constante au dialogue et les efforts de dialogue en permanence. C’est d’ailleurs ce qui a été fait dans la région Nord-Ouest, avec un engagement extrêmement actif des partenaires, des garants de l’accord et donc des pays voisins qui ont un rôle extrêmement important à jouer. Dialogue d’un côté, ouverture permanente au dialogue, et de l’autre côté fermeté lorsque cela est nécessaire. Parce qu’on ne peut pas tolérer non plus qu’il y ait des recours à la violence. Chacun des protagonistes doit vraiment faire un effort, et notamment des forces politiques, pour rejeter les méthodes de division et faire prévaloir l’esprit de dialogue démocratique qui doit caractériser une consultation électorale.