Lutte contre l’insécurité alimentaire : Touadéra présente les potentialités de la RCA

Le président centrafricain a fait la démonstration des atouts que la RCA regorge pour lutter contre l’insécurité alimentaire. C’était au cours des travaux du Sommet Italie-Afrique.

 

« La République Centrafricaine, mon pays, dispose d’atouts majeurs comme le foncier, les pâturages, les ressources en eau et le couvert végétal favorables au développement de l’agriculture et donc à la lutte contre l’insécurité alimentaire. », déclare Faustin Archange Touadéra. Il s’exprime devant un auditoire constitué d’industriels et représentants de plusieurs pays.

 

Le président centrafricain note que, malgré des défis variés, son pays possède un potentiel agricole considérable.  Avec notamment : « 15 millions d’hectares de terres cultivables et un réseau hydraulique abondant, le pays est idéalement prédisposé à devenir le grenier de la sous-région, voire au-delà. »

« En investissant dans le développement agricole, nous pourrons exploiter pleinement cette opportunité et transformer la République Centrafricaine en un vecteur de prospérité et de sécurité alimentaire pour toute la région », poursuit Touadéra.

A cela s’ajoute le potentiel de sols arables, estimé à 15 millions d’hectares, avec une végétation riche et très diversifiée.

« Tout ce patrimoine naturel offre de vastes pâturages non seulement pour l’élevage à grande échelle, soit 16 millions d’hectares de pâturages, mais également, pour alimenter les autres domaines à vocation cynégétique. », renchérit le numéro 1 centrafricain.

Pour contribuer résolument à l’atteinte des objectifs du sommet Italie-Afrique, la République Centrafricaine est disposée à accueillir des investisseurs pour œuvrer avec eux dans les domaines de l’infrastructure agricole, de la mécanisation agricole, de la formation et recherche et enfin celui de l’agropastoral.

RCA : la crise sécuritaire a encore aggravé l’insécurité alimentaire

C’est désormais la moitié de la population qui se trouve en situation d’insécurité alimentaire, soit un tiers de plus que l’année précédente.

 

En République centrafricaine après l’offensive menée en début d’année par la coalition rebelle de la Coalition pour le changement (CPC) et repoussée aux portes de Bangui, la capitale, c’est désormais la moitié de la population qui se trouve en situation d’insécurité alimentaire, soit un tiers de plus que l’année précédente.

En Centrafrique plus de 70% de la population vit et dépend de l’agriculture pour sa subsistance dans les zones rurales selon la FAO. Avec la crise sécuritaire, la plupart des paysans n’ont pu travailler au champ cette année. Nous sommes actuellement en pleine période de soudure, les ressources de l’année précédentes sont épuisées, la prochaine récolte sera très mauvaise et la famine guette. Les humanitaires du Programme alimentaire mondial (PAM) et de la FAO tirent la sonnette d’alarme et organisent des distributions de semences et de vivres à la population,

Dans la cour de la mairie du 7e, les sacs de semences déchargés des camions passent de main en main. Des dizaines de personnes attendent patiemment. Vêtue d’un gilet jaune, Arlette Alègnè tient les comptes : « Dans ces sacs, il y a le riz, les courges, le maïs, les haricots et les outils pour cultiver avec. »

Pénurie

La saison des pluies a déjà commencé. Plus que quelques semaines pour semer. « Bien que nous soyons dans une usine, c’est un quartier agricole, explique Joseph Tagbaley, maire du 7e arrondissement. Beaucoup de crises, cela suppose qu’il n’y a pas eu assez de cultures, beaucoup de semences manquent. Donc la position n’est pas florissante. »

L’offensive rebelle a bloqué les voies d’approvisionnement et l’accès aux champs pour les paysans. Desiré Arsène Fedivo de l’ONG Groupement des femmes agro-pastorales (Groufepa), pose la question : « La majorité de la population, qui vit des produits agricoles, s’ils n’ont pas le temps d’aller aux champs, à la pêche, à l’élevage, que vont-ils manger à la maison ? »

Le pays subit donc une pénurie et une flambée des prix, car 70% des denrées sont importées. La situation est bien plus dramatique dans l’intérieur du pays, où il y a 730 000 déplacés. Les humanitaires tentent de leur venir en aide mais l’accès reste très difficile.

RCA : un comité pour lutter contre l’insécurité alimentaire mis en place

La création de ce comité envisagé depuis plusieurs mois déjà doit permettre d’apporter une meilleure réponse sur le terrain.

En Centrafrique, plus de 2 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aigue. Les déplacements de populations et les épisodes de violence empêchent une production vivrière normale. À quoi s’ajoutent de mauvaises habitudes alimentaires et désormais l’épidémie de coronavirus. Face à ces difficultés, un comité national multisectoriel de sécurité alimentaire et de nutrition a été lancé à Bangui, la capitale.

L’épidémie de Covid-19 a pour conséquence sur l’alimentation des Centrafricains une hausse du prix des aliments sur le marché tandis que l’importation et la production de denrées sont limitées. Cette épidémie vient s’ajouter à une situation déjà fragile, explique Étienne Ngounio Gabia, chargé de programme de la FAO, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, pour la Centrafrique.

« En-dehors de Bangui et de l’Ouham, toutes les préfectures ont des taux de malnutritions chroniques qui dépassent 30%, détaille-t-il. Au niveau des autres préfectures comme la Basse-Kotto, la Mambéré-Kadeï, le Mbomou, la Nana-Mambéré et l’Ouham, ce taux va au-delà de 40%. La situation de malnutrition est préoccupante. Cela a amené les autorités à solliciter l’appui des partenaires, notamment du système des Nations-Unies ».

La création de ce comité envisagé depuis plusieurs mois déjà doit permettre d’apporter une meilleure réponse sur le terrain. « C’est coordonner les différents secteurs qui concourent à la sécurité alimentaire, à la nutrition, à la santé, à l’environnement et à l’éducation, explique le ministre de la Santé, Pierre Somse, vice-président du comité. Mobiliser les ressources pour que ce secteur puisse être plus efficace ».

La FAO a identifié la Centrafrique comme l’un des 27 pays à travers le monde qui risque de voir sa situation alimentaire se détériorer à cause de l’épidémie de coronavirus.