Sahel : près de 3.000 événements violents prévus en 2022

Cette violence qui s’est étendue en intensité et en portée géographique représente le double du taux de l’année écoulée selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.L’ampleur des attaques jihadistes est montée d’un cran en 2022 au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Ces trois pays constituent les foyers où les groupes armés sont les plus actifs dans la sous-région ouest-africaine. Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique basé à Washington, sur les 135 districts administratifs du Mali, du Burkina Faso et de l’Ouest du Niger, 84 districts, soit près des deux tiers, ont connu des attaques extrémistes violentes en 2022. 

Par contre, en 2017, ce chiffre était inférieur à un tiers (40 districts). Cette année-là, signale le centre de recherche, plus de 80% de tous les événements violents avaient eu lieu dans 30 districts du Nord et du Centre du Mali. 

En 2022, plus des deux tiers des événements violents liés à des groupes islamistes militants au Sahel ont eu lieu en dehors de ce pays, principalement au Burkina Faso.

A en croire l’organisme américain, sept districts administratifs du Sahel devraient subir chacun plus de 100 événements violents en 2022, un seuil qui n’avait été franchi que 5 fois avant cette année.

Dans ce magma d’insécurité, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique distingue cinq zones chacune avec des dynamiques de conflit variées. Il s’agit de la zone des trois frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Collectivement, soulignent les chercheurs américains, ces cet espace englobe plus de 70% de la violence islamiste militante au Sahel.

La zone des trois frontières, épicentre des violences au Sahel

Cette zone historiquement dominée par les populations pastorales, couvre des parties du nord du Mali et une région du Burkina Faso et du Niger connue sous le nom de Liptako-Gourma. Plusieurs groupes militants, dont des vestiges du groupe burkinabé Ansaroul Islam, y combattent sous la bannière de la coalition Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM). D’autres sont affiliés à l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS, sigle anglais).

Les cinq districts d’Ansongo, Gao, Oudalan, Soum et Séno répartis entre ces trois pays représentent, d’après les chercheurs, près du quart de tous les épisodes violents liés aux groupes militants islamistes au Sahel. Ils estiment que quatre de ces cinq districts devraient connaître plus de 100 événements violents en 2022.

Le district d’Oudalan au Burkina Faso, qui borde le Mali et le Niger, devrait être le théâtre de plus de 175 événements violents. Cela fera de lui, pour la 2e année consécutive, la zone qui subira la plus forte concentration de violence au Sahel.

Le Think tank informe que plus d’un tiers des civils tués en 2022 par des groupes militants islamistes au Sahel ont perdu la vie dans l’un de ces cinq districts. Par ailleurs, poursuit-il, plus de 340 civils devraient être tués par des groupes islamistes militants dans les districts d’Ansongo et de Séno en 2022.

Il existe de fortes divisions au sein des groupes militants islamistes liés à la violence dans cette zone. La grande majorité des activités extrémistes violentes à Ansongo (92%), Oudalan (88%) et Séno (95%) sont attribuées à l’ISGS. Ce dernier, une émanation de groupes militants précédemment établis dans la région, perçoit une zakat (taxe) coercitive et lourde dans la zone des trois frontières. Il se livre aussi au vol de bétail pour le revenu.

Les événements du Soum, berceau d’Ansaroul Islam, sont quant à eux, massivement attribués à la coalition du JNIM (98%). Les événements à Gao sont à peu près répartis entre les deux réseaux.

Centre-nord du Burkina Faso, zone des escalades de violence les plus rapides du Sahel

Les militants du Front de libération du Macina (FLM), qui fait partie de la coalition du JNIM, ainsi que les restes d’Ansaroul Islam, se sont déployés plus au sud dans cette zone la plus peuplée du Burkina Faso (près de 3 millions d’habitants).

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique affirme que la violence a déplacé près de 2 millions de Burkinabè, dont beaucoup ont cherché refuge dans un camp de personnes déplacées à Kaya, la capitale régionale et cinquième plus grand centre urbain du Burkina Faso. C’est également une zone quidispose d’importants gisements d’or, dont au moins trois mines industrielles et des dizaines de mines artisanales enregistrées. Les groupes islamistes militants cherchent à contrôler ces sites en tant que source majeure de revenus pour leurs activités.

A en croire les chercheurs américains, en 2017, un seul événement violent lié aux groupes militants islamistes a eu lieu dans les cinq districts de cette zone : Bam, Loroum, Namentenga, Sanmentenga et Yatenga. « Plus de 450 incidents violents devraient avoir lieu dans cette zone en 2022, ce qui représente 16% de tous les événements au Sahel », affirment-ils.

Cette zone est devenue un site principal d’expansion du FLM/JNIM au Burkina Faso. Les événements liés à l’ISGS représentent moins de 10% des incidents notés dans cette zone et se sont produits presque entièrement à Namentenga.

La violence contre les civils (deux événements violents sur trois visaient des civils en 2019) a entraîné des déplacements massifs de population de cette zone, permettant aux FLM et à d’autres groupes liés au JNIM de contrôler efficacement ce territoire.

Le centre du Mali, fief du FLM depuis 2015

Dirigée par le prédicateur extrémiste Amadou Koufa, la violence du FLM a radicalement déplacé l’insécurité au Mali des régions les plus reculées du nord vers les districts centraux de Bandiagara, Bankass, Djenné, Douentza, Koro et Mopti. Celles-ci comptent collectivement une population d’environ 1,5 million de personnes.

Depuis cette base, le FLM a récemment mené une poussée dans l’ouest et le sud du pays, devenant de plus en plus capable de menacer la capitale, Bamako. Cela survient après que le FLM a soutenu avec succès des éléments du JNIM poussant dans le nord du Burkina Faso et, dans une moindre mesure, plus au sud du Burkina Faso.

Globalement, notent les chercheurs, les événements violents dans cette zone représentent 14% de tous les épisodes de ce type au Sahel et 40% de tous les incidents au Mali. En 2022, ceux-ci sont généralement liés au FLM et à Amadou Koufa. Depuis 2019, les niveaux de violence dans cette région sont parmi les plus élevés au Mali. Le nombre d’événements a augmenté d’environ un tiers en 2020, puis de 50% en 2021, et devrait encore augmenter de 33% en 2022.

Par ailleurs, le centre de recherche signale que des événements violents liés à ces groupes se sont produits dans dix districts situés au nord de la Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Bien que les activités dans ces régions du nord ne représentent qu’un faible pourcentage de la violence globale, la présence croissante de groupes islamistes militants dans ces régions est préoccupante, alerte-t-il.

Le Think tank note que le Niger est menacé par la recrudescence des activités violentes. Les 174 événements violents prévus dans l’ouest du pays en 2022 représentent une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente, conclut-il.

Les trois zones composées du centre du Mali, des trois frontières et du centre du Burkina Faso représentent plus de la moitié (55%) de tous les événements violents de la région. Cela souligne, d’après les chercheurs, l’importance du centre du Mali en tant que base et zone de rassemblement pour les attaques dans les zones voisines.

Burkina : pas de période de grâce pour le capitaine Traoré

Aussitôt installé dans ses fonctions de président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré est assailli par les réalités du terrain.Les assises nationales étaient prévues pour 48 heures. Finalement, ces concertations convoquées par le capitaine Ibrahim Traoré n’ont vécu que 24 heures au terme desquelles les 354 délégués venus des 13 régions du Burkina Faso ont tranché. Le jeune capitaine de 34 ans sera le président de la transition pour les 21 prochains mois.

Tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba le 30 septembre, l’officier subalterne aura la lourde tâche de « rétablir et renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ». C’est l’une des missions assignées au chef de l’Etat par la charte de transition validée vendredi 14 octobre à la salle de conférences de Ouaga 2000, à Ouagadougou.

La tâche s’annonce donc ardue pour le capitaine Traoré qui n’a même pas eu une période de grâce. La preuve, alors qu’il commémorait, samedi, l’anniversaire de la mort de Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987, il apprenait l’embuscade jihadiste contre le détachement militaire de Silmagué ou Silmadjé, dans la province de Bouroum, à plus de 187 kilomètres au nord-est de la capitale. Un bilan non officiel évoque au moins une dizaine de morts parmi les militaires burkinabè. Le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) est pointé du doigt dans cet incident en raison de sa présence dans cette zone.

Le groupe jihadiste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) avait déjà averti les nouvelles autorités en marge de la revendication de l’attaque contre un convoi de ravitaillement à Gaskindé, dans la région du Sahel. Pour les terroristes, la sortie de crise se trouve dans le dialogue et non par les armes. « Si vous voulez la paix, cherchez-la par ses voies », ont-ils recommandé au nouveau pouvoir central. Leur message sera-t-il entendu par le successeur de Damiba dont l’une des missions est aussi d’ « œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale » ? L’avenir nous le dira.

Mais selon Rida Lyammouri, Chercheur sénior au Policy Center for the new South (PCNS), influent Think tank marocain, « le premier défi du capitaine Traoré, c’est de travailler à unifier les forces de sécurité avant de penser à une éventuelle inversion de la tendance dans la lutte contre les groupes jihadistes ». « Les forces de sécurité sont toujours divisées », conseille-t-il, faisant allusion aux tensions notées entre militaires à l’occasion du renversement du lieutenant-colonel Damiba par le capitaine Traoré et ses hommes. « S’il arrive à unifier les forces de sécurité, ça sera un bon début en vue de la prochaine étape, c’est-à-dire engager la mère des batailles contre les groupes extrémistes », assure M. Lyammouri.

Si cette étape est franchie, le chercheur au PCNS invite les nouvelles autorités à renforcer les moyens des forces de sécurité pour faire face aux jihadistes.

À côté du renforcement des équipements militaires auquel Ouagadougou semble donner une grande importance, en témoigne l’acquisition récente de moyens aériens dont des drones turcs dits Bayraktar, le chercheur ajoute l’appui des partenaires occidentaux qu’il trouve indispensable pour changer considérablement la donne sur le terrain. « Pour ce faire, pense Rida Lyammouri, le capitaine Traoré doit être sourd aux voix qui lui demandent de faire appel à la Russie ou aux mercenaires du Groupe Wagner ». À l’en croire, « Wagner peut engranger de petit succès sur le terrain, mais n’est pas efficace lorsqu’il s’agit de rétablir la légitimité de l’Etat et de stabiliser des territoires menacés par les groupes armés non étatiques ».

Burkina : Plusieurs soldats tués dans une nouvelle attaque jihadiste

L’armée burkinabè est encore endeuillée suite à une attaque jihadiste dans le Centre-nord.Au Burkina Faso, la pression jihadiste ne faiblit pas. Quelques jours après l’attaque d’un convoi d’approvisionnement sous escorte militaire dans la région du Sahel, une patrouille conjointe entre forces de sécurité et supplétifs appelés Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a été, samedi 15 octobre, la cible d’une attaque dans la localité de Silmagué (appelée aussi Silmadjé), dans la commune de Bouroum (Centre-nord), à 187 kilomètres au nord-est de Ouagadougou.

Selon des sources sécuritaires, le bilan provisoire s’établirait à 12 morts dont 8 militaires et 4 VDP. L’armée n’a pas encore communiqué suite à cet incident sécuritaire.

A lire aussi: Comment le jihadisme s’est enraciné au Burkina ?

La veille de cette attaque attribuée aux jihadistes, le capitaine Ibrahim Traoré, auteur d’un coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même tombeur de Roch Marc Christian Kaboré huit mois plus tôt, était désigné président d’une transition de 21 mois, au terme de la première journée des assises nationales qui devaient s’étaler sur deux jours.

Le jeune officier de 34 ans a pris le pouvoir pour dit-il, corriger « les choix hasardeux » de l’ancien président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) dans la lutte contre les groupes jihadistes.

A lire aussi: Comment le capitaine Traoré a sauvé son coup ?

Le 26 septembre, un convoi de ravitaillement a fait l’objet d’une attaque à hauteur de Gaskindé, dans la région du Sahel. Le bilan officiel fait état de 37 morts dont 27 militaires et 10 civils. Mardi 4 octobre, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a revendiqué l’attaque, affirmant avoir tué au moins 65 soldats 11 VDP. Les insurgés ont soutenu également avoir incendié 90 véhicules sur 119 que comptait le convoi humanitaire à destination de la ville de Djibo, sous blocus jihadiste depuis plusieurs mois. Samedi 8 octobre, le groupe jihadiste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique a diffusé une vidéo de 10 minutes de cette embuscade meurtrière.

Depuis près d’une décennie, le Burkina Faso est confronté à une insurrection jihadiste qui a fait des milliers de morts et a entrainé le déplacement de plus d’un million de personnes à l’intérieur du pays.

Burkina : Le capitaine Ibrahim Traoré rend hommage à Thomas Sankara

Après Roch Kaboré, le capitaine Ibrahim Traoré est le 2e président du Faso à déposer une gerbe au mémorial Thomas Sankara.Au lendemain de sa designation comme président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré a pris part, samedi 15 octobre 2022 à Ouagadougou, à la commémoration du 35e anniversaire de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè.

A l’occasion, le capitaine Traoré, 34ans, a déposé une gerbe en la mémoire de son devancier et de ses douze compagnons assassinés, il ya 35 ans jour pour jour. Il a ensuite reçu le « flambeau de la révolution » de Thomas Sankara.

La présente commémoration s’est tenue sous le thème « passer le flambeau à la jeunesse ».

Le Colonel à la retraite, Pierre Ouédraogo, le président du Comité international Mémorial Thomas Sankara a expliqué qu’il s’agit d’une invite à la jeunesse pour s’approprier les idéaux de la Révolution Démocratique et Populaire, afin de continuer les luttes engagées depuis le 4 août 1983.

Thomas Sankara arrivé au pouvoir en août 1983 a été assassiné, après 4 ans de Révolution, le 15 octobre 1987.

En avril 2022, soit 35 ans après, les principaux assassins de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando, ont été condamnés à la prison à perpétuité.

Hier vendredi, la veuve Mariam Sankara a salué la tenue de ce procès et tous ceux qui ont lutté à cet effet.

« Notre lutte n’est pas finie. Dans une prochaine étape, il sera question du volet international du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons, volet devant faire la lumière sur les complicités extérieures de ces assassinats », a-t-elle insisté.

Elle a exhorté les « amis » de son époux et la jeune génération « à rester vigilants et patients car il nous faut franchir une étape décisive ».

« La campagne « lutte contre l’impunité, justice pour Thomas Sankara » continue. Nous ne devons pas nous laisser distraire par ceux-là même qui n’ont jamais voulu de ce procès », a fait noter Mme Sankara.

ASECNA: le Conseil des ministres invité à se pencher sur la grève des contrôleurs aériens

L’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (USYCAA) a demandé, vendredi à Dakar, aux ministres des Transports aériens des pays membres de l’ASECNA de trouver des solutions à sa plateforme revendicative.Une grève des contrôleurs aériens a perturbé les 23 et 24 septembre 2022 le trafic aérien dans les 18 États de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Dans ce contexte, les ministres des Transports aériens se réunissent ce lundi 17 octobre à Dakar, poussant l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (USYCAA) à leur demander de trouver des solutions aux points revendicatifs relatifs, entre autres, à l’amélioration des conditions de travail et à de meilleurs plans de carrière.

« Nous demandons aux ministres, les seuls capables aujourd’hui de trouver une solution, face au manque de volonté affiché par le Directeur général, à être vigilants à la manipulation et la campagne de diabolisation à notre égard en cours, afin d’urgence, trouver une solution heureuse par rapport à notre plateforme revendicative », a lancé Paul François Gomis, son secrétaire général.

S’exprimant au cours d’un point de presse, M. Gomis a précisé que « nous avons suspendu le mot d’ordre sur la demande de nos ministres de tutelle, les ministres en charge du transport aérien pour leur permettre de se réunir lors d’une réunion prévue le 17 octobre à Dakar ». 

Toutefois, a poursuivi le SG de l’USYCAA, « il y a des suspensions qui ne sont pas encore levées, les camarades ne sont pas sur les tableaux de service, ils ne travaillent pas et, nous connaissons leurs intentions derrière tout cela ».

[LIVE – Burkina] Les Assises nationales de la transition minute par minute

APAnews suit à la minute près les Assises nationales convoquées les 14 et 15 octobre par le capitaine Ibrahim Traoré pour doter le Burkina Faso d’une charte de transition.10h05. Burkina (14 octobre 2022) : « Le chef de l’État voudrait que ce processus, qui sera entamé à l’issue de ces assises, soient non seulement inclusif, mais aussi et surtout conforme aux aspirations profondes de notre peuple. A travers ces Assises, nous avons encore rendez-vous avec l’histoire. Il faut taire nos différends, mettre en commun la richesse de notre diversité et préserver l’essentiel et écrire une page nouvelle de notre histoire», capitaine Marcel Meda, représentant Ibrahim Traoré, le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).

09h58. Burkina (14 octobre 2022) : Des manifestants tentent d’accéder à la salle de conférence de Ouaga2000 où se tiennent les assises nationales.

09h50. Burkina (14 octobre 2022) : Capitaine Meda : « Si l’avènement du MPSR, le 24 janvier 2022 a suscité beaucoup d’espoir pour le peuple burkinabè meurtri et confronté à une crise sécuritaire sans précédent, il y a lieu de reconnaître que nos populations ont désenchanté quelques mois plus tard, face à la dégradation continue de la situation sécuritaire et humanitaire. Aussi, au regard des dérapages constatés et dans le souci d’éviter l’enlisement, il s’est avéré nécessaire de redresser la barre afin de poursuivre au mieux le processus enclenché. C’est ainsi que les 30 septembre et 1er octobre, des officiers, des sous-officiers et soldats de rang ont été contraints de prendre leurs responsabilités pour recadrer et recentrer les objectifs de la Transition, à savoir la reconquête et la sécurisation de l’intégralité du territoire national ».

09h45. Burkina (14 octobre 2022) : Plusieurs hommes politiques de l’ex-majorité et de l’ex-opposition prennent part aux Assises nationales.

09h40. Burkina (14 octobre 2022) : Le capitaine Marcel Meda représente le capitaine Ibrahim Traoré, à l’ouverture des travaux.

09h30. Burkina (14 octobre 2022) : 300 délégués prennent part aux Assises nationales, ouvertes ce vendredi matin. Ils vont adopter la nouvelle Charte de la transition.

Burkina : le capitaine Traoré dirigera-t-il la transition ?

Ce vendredi, s’ouvrent à Ouagadougou les assises nationales visant à doter du Burkina Faso qui traverse une crise institutionnelle depuis plusieurs mois, une charte de transition.Jusqu’à la veille de l’ouverture des assises nationales convoquées par le capitaine Ibrahim Traoré, des doutes ont plané sur les réelles intentions du jeune officier de 34 ans. A l’origine, dans une interview avec Rfi le 3 octobre, il n’avait pas tranché le débat sur son maintien ou non du à la tête du Burkina Faso. « On aura un président civil ou militaire », avait-il répondu. Sauf qu’un évènement semble avoir clarifié la position du maître d’orchestre du coup d’Etat du 30 septembre contre le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, lui-même auteur d’un putsch en janvier dernier contre Roch Marc Kaboré.

Un avant-projet de charte de transition attribué au capitaine Traoré et largement diffusé ce jeudi 13 octobre dispose en son article 5 que « le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) assure les fonctions de président de la transition, chef de l’Etat, chef suprême des Forces armées nationales ». Le second paragraphe de cette disposition précise qu’ « il est remplacé par le Premier ministre en cas de vacances du pouvoir ».

Mais le texte « fuité » reste un avant-projet et le MPSR n’a pas encore officiellement confirmé qu’il émane de son leader même si plusieurs sources de APAnews, y compris au sein de la junte, soutiennent que le document est bel et bien authentique. A la suite de son arrivée au pouvoir, le capitaine Traoré avait indiqué qu’il expédiait les affaires courantes avant la désignation d’un président de la transition. « Ce message était beaucoup plus destiné à l’extérieur, aux partenaires, pour montrer qu’il ne tient particulièrement pas au pouvoir. Mais je suis persuadé que si les choses se passent comme elles se doivent, il va rester au pouvoir. L’autre jour, on l’a présenté comme celui que les militaires ont désigné pour être leur chef. A moins que quelque chose d’extraordinaire ne se produise, je ne vois pas comment les militaires vont laisser le pouvoir à des civils et continuer à vaquer à leurs occupations. L’une des raisons de la prise de pouvoir, selon la nouvelle junte militaire, est le manque d’appui de l’Etat central aux troupes sur le terrain afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs missions. Les militaires sont mieux placés que quiconque pour organiser cette coordination et pour s’assurer que l’essentiel des troupes sur le terrain est soutenu », avait commenté pour APAnews, Ibrahima Kane, spécialiste des questions régionales ouest-africaines.

Jeudi 13 octobre, des manifestants ont bloqué la voie donnant accès à plusieurs villes du pays, en soutien au capitaine Traoré dont ils exigent le maintien au pouvoir. À Bobo-Dioulasso, à plus de 300 kilomètres à l’est de Ouagadougou, les tensions ont conduit à la fermeture du marché alors que la France a invité ses ressortissants à la prudence à l’occasion de ces Assises nationales au cours desquelles sera aussi discutée la durée de la transition. Le document consulté par APAnews la fixe à 21 mois à compter du 2 octobre. C’était l’une des préoccupations de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Mardi 4 octobre, l’institution sous-régionale a envoyé une mission de haut niveau auprès du capitaine Traoré pour s’assurer que les engagements pris par son prédécesseur seront respectés. A l’issue de cette visite, l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, médiateur de la Cédéao pour le Burkina Faso s’est dit « satisfait des échanges » avec le jeune capitaine.

S’il est confirmé comme chef de l’Etat à l’issue des assises nationales, ce dernier s’efforcera à « rétablir et renforcer la sécurité sur l’étendue du territoire national, apporter une réponse urgente, efficace et efficiente à la crise humanitaire, promouvoir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, engager des réformes politiques, administratives et institutionnelles en vue de renforcer la culture démocratique et consolider l’Etat de droit, œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale, assurer l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives », comme le préconise l’article 2 de l’avant-projet de la charte.

Burkina: des manifestations pour le maintien au pouvoir du capitaine Traoré

Dans plusieurs villes du Burkina Faso, des manifestants s’opposent au départ du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch contre le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba.Au Burkina Faso, les assises nationales prévues pour les 14 et 15  octobre risquent de se tenir sous haute tension. A la veille de ces  concertations auxquelles le chef de l’Etat burkinabé, le capitaine  Ibrahim Traoré a convié les forces vives de la nation, des  manifestations spontanées ont été notées dans plusieurs villes, a  constaté APAnews.

À Ouagadougou et à Kaya, les voies sont bloquées  alors qu’à Bobo Dioulasso, à 355 kilomètres à l’est de Ouagadougou, le  marché a été fermé, a-t-on appris de sources locales. Les manifestants  exigent le maintien du capitaine Traoré au pouvoir. « Nous allons  maintenir la pression. Si à la fin des assises, le capitaine Traoré  n’est pas confirmé, nous allons durcir le ton », a menacé un manifestant  à Bobo-Dioulasso.

Vendredi 30 septembre, le capitaine Traoré a  destitué le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, lui-même  auteur d’un coup d’État le 24 janvier dernier contre Roch March Christian Kaboré. Le jeune officier subalterne et ses camarades du  Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR)  reprochent au lieutenant-colonel Damiba ses choix hasardeux dans la  lutte contre les groupes jihadistes.

Le nouvel homme fort du pays, installé  dans ses fonctions de chef d’Etat par un acte fondamental, a dans la foulée rencontré  les secrétaires généraux des ministères, chargés d’expédier les affaires  courantes et les a exhortés à accélérer le rythme des tâches qui leur  sont dévolues. Il a aussi appelé à des concertations nationales pour  l’élaboration d’une charte de transition qui permettra au pays des  hommes intègres d’aller vers la transmission du pouvoir à un civil. Mais pour certains burkinabé, le capitaine Traoré reste l’homme de la  situation, surtout qu’il semble être favorable à un rapprochement avec la  Russie pour sortir du gouffre sécuritaire dans lequel ce pays sahelien est plongé depuis une dizaine d’années.

Burkina : La France appelle ses ressortissants à la prudence

Plusieurs symboles de la présence française au Burkina Faso portent encore les stigmates du putsch du 30 septembre 2022.La France a dit, jeudi, observer avec « la plus grande neutralité » la tenue des assises nationales, prévue 14 et 15 octobre 2022, dans un mail que l’ambassade basée à Ouagadougou a envoyé ses compatriotes.

« Pendant la tenue des Assises nationales, il est à craindre de nouveaux mouvements de protestation ou de soutien à telle ou telle faction ou parti politique », peut-on lire sur la note signée par l’ambassadeur, Luc Hallade.

« Nous observerons cela avec les plus grandes attention et neutralité, dans un processus qui concerne avant tout les Burkinabè eux-mêmes », insiste le diplomate. M. Hallade invite ses compatriotes à limiter leurs déplacements «au strict nécessaire, à éviter tout attroupement et à rester à l’écoute des messages de sécurité». 

Les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022, jours de coup d’État contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, plusieurs enseignes de l’Hexagone ont subi le courroux des manifestants, après un message du capitaine Ibrahim Traoré, selon lequel le président déchu « se serait réfugié à la base militaire française de Kamboincé », à la périphérie de Ouagadougou. L’ambassade de France, les instituts français de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso et un panneau du Groupe Bolloré avaient été saccagés.

En plus des dégâts matériels importants, deux français avaient été blessés lors de l’incident contre l’ambassade, selon des sources de APAnews.

« Soyez assurés de l’entière mobilisation de l’équipe de l’Ambassade et du Consulat Général pour veiller à la sécurité de notre Communauté », rassure l’ambassadeur. Il a ajouté que les autorités françaises se sont préparées à toute éventualité et sauront réagir en cas de besoin.

Le 06 octobre dernier, des éléments du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) sont arrivés à Ouagadougou pour appuyer les soldats sur place à sécuriser les symboles français, confient des sources concordantes à APAnews.

Début du mois de octobre, des soldats ont renversé le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même tomber de Roch Kaboré, en janvier 2022.

Burkina : Un ancien Premier ministre « vote » pour la Russie

Ouagadougou est désormais le théâtre de la guerre d’influence entre la France et la Russie.A la veille des assises nationales convoquées pour les 14 et 15 octobre 2022 au sortir desquelles les forces vives vont valider la Charte de la transition et les critères de choix d’un nouveau président, Yacouba Isaac Zida a appelé, mardi sur les réseaux sociaux, à confirmer le tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Chef de l’État.

« Le peuple burkinabè a clairement fait son choix depuis les événements du 30 septembre dernier, et ce choix s’appelle Capitaine Ibrahim Traoré », affirme l’ancien Premier ministre de la transition de 2015.

Arrivé au pouvoir par un putsch contre le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a, dans son Acte fondamental, consacré le capitaine Ibrahim Traoré, Chef de l’État en attendant qu’un « président civil ou militaire » soit désigné, après l’adoption de la Charte de la transition.

Alors que le coup d’Etat a été le théâtre de manifestations et de l’expression du ressenti anti-français, l’ancien chef du gouvernement prend position pour Moscou.

« Il faut aller vite à la reconquête du territoire national. Pour réussir cette reconquête, il y a également un choix à faire, celui d’un nouveau partenariat stratégique. La Russie comme partenaire, apportera au Burkina Faso les équipements militaires nécessaires pour faire face à cette insurrection djihadiste », indique Yacouba Isaac Zida.

Prenant l’exemple du Mali voisin, il estime qu’avec Moscou, l’armée burkinabè sera équipée d’avions de reconnaissance, de vrais hélicoptères de combat, d’armements de dernière génération et bien d’autres moyens indispensables pour vaincre les « terroristes ».

« Depuis le début de cette guerre il y a six années, tous nos soldats ne sont pas encore dotés chacun d’une arme individuelle. On ne parle même pas des volontaires mobilisés qui vont quelques fois à la rencontre de l’ennemi armés de leur seul courage et de leurs amulettes », s’indigne-t-il.

Yacouba Zida s’interroge sur l’utilité des « centaines de milliards, annuellement injectés dans le budget de La Défense ».

« Tout laisse penser qu’il existe un vaste projet d’anéantissement progressif de ce pays que nous avons hérité de nos ancêtres », soupçonne-t-il.

Il invite le peuple burkinabé à rester debout jusqu’à la libération totale du pays.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à une montée croissante de l’insécurité, du fait de groupes armés non étatique.

Burkina : le GSIM diffuse la vidéo de l’attaque de Gaskindé

Des images de l’attaque meurtrière de Gaskindé, dans le nord du Burkina sont publiées par un groupe jihadiste.Ce samedi 8 octobre, les autorités burkinabè ont enterré les 27 militaires tombés le 26 septembre dans l’attaque d’un convoi d’approvisionnement à destination de la ville de Djibo, dans la province du Soum (Nord). Le même jour, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a diffusé, via des canaux non officiels, une vidéo de l’embuscade meurtrière.

Mardi 4 octobre, la franchise sahélienne  d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué l’attaque, affirmant avoir tué 65 soldats et 11 supplétifs, connus sous le nom de Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP).

D’une denrée de 10 minutes, la vidéo à laquelle APAnews a eu accès, semble avoir été enregistrée avec un téléphone. Elle montre des hommes armés à bord de motos. Sortis de la forêt, ils prennent d’assaut le convoi de ravitaillement qui, s’est soudain immobilisé. Le doigt sur la gâchette, les jihadistes n’hésitent pas à tirer au moindre soupçon de mouvement dans les véhicules qu’ils prennent le temps de fouiller l’un après l’autre. Dans la revendication de mardi dernier, ils prétendent en avoir incendié 90 sur 119 qui composeraient le convoi attaqué.

Pour constater les dégâts, les insurgés sont revenus sur les lieux du crime le 28 septembre, d’après la même vidéo qui ne fait, à aucun moment, allusion aux victimes civiles qui, selon l’armée sont au nombre de 10.

L’Union des conducteurs du Burkina Faso ( UCBF), a dans un communiqué, fait part de la disparition de 70 de ses membres lors de cet incident sécuritaire qui est le deuxième enregistré dans la même localité en moins d’un mois. Le 5 septembre, un convoi sous escorte militaire en partance pour Ouagadougou avait sauté sur un engin explosif improvisé (EEI), occasionnant la mort de 37 civils.

A lire aussi:
Burkina : les jihadistes, « faiseurs » de putschistes ?

Depuis plusieurs mois, des localités du nord du Burkina Faso sont assiégées par les groupes jihadistes qui entendent ainsi accentuer la pression sur les populations locales pour les dissuader de collaborer avec les autorités. 

Dans la revendication de l’attaque de Gaskindé, le GSIM rappelle à la population que son salut se trouve dans l’application de la loi islamique.

L’attaque de Gaskindé a provoqué la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé vendredi 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré pour ses insuffisances dans la lutte contre les jihadistes.  

Burkina : Obsèques des soldats tombés à Gaskindé

Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a assisté, samedi, à la levée de corps de 21 militaires tombés dans l’attaque terroriste de Gaskindé, a constaté un journaliste de APAnews.Les obsèques de 27 militaires tombés le 26 septembre 2022 dans l’attaque de Gaskindé dans la province du Soum, région du Sahel, ont été organisées samedi 8 octobre 2022.

En présence du président du Faso, un hommage national leur est rendue à la morgue du camp militaire Général Aboubacar Sangoulé Lamizana (GASL).

Le capitaine Ibrahim Traoré s’est ensuite incliné sur les dépouilles de ses frères d’armes, tombés au cours d’une attaque contre un convoi humanitaire sur l’axe Bourzanga-Djibo.

Les 27 militaires ont été décorés à titre posthume de la médaille militaire.

Était également présente, la hiérarchie militaire proche du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Il s’agit du Lieutenant-colonel Evrard Somda, Chef d’Etat-major de la Gendarmerie, du Lieutenant-colonel Daba Naon, Commandant de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers (BNSP), le Colonel Major David Kabré, Chef d’Etat-major Général des Armées et du lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, Commandant des opérations du théâtre national.

Plusieurs parents, amis et connaissances, beaucoup vêtus de noir et d’autres en larmes, ont aussi rendu un dernier hommage aux soldats tombés pour la Nation.

Le 26 septembre, un convoi de ravitaillement destiné à la ville de Djibo, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou a fait l’objet d’une attaque jihadiste. L’embuscade qui s’est produite à hauteur de Gaskindé a fait selon un premier bilan de l’armée, 11 décès militaires et une cinquantaine de disparus. L’Etat-major a communiqué un deuxième bilan, reconnaissant la mort de 27 militaires et de 10 civils.

De son coté, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance des organisations sahéliennes proches d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué cet assaut meurtrier et affirme avoir tué au moins une soixantaine de soldats et une dizaine de Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP).

Dans sa revendication relayée par son organe de propagande Az Zallaqa, le groupe jihadiste s’est aussi réjoui d’un « coup économique ayant provoqué un coup d’Etat » avant de demander aux autorités nouvelles de privilégier la voie de la discussion pour sortir de l’impasse sécuritaire.

Burkina : Les assises nationales convoquées pour les 14 et 15 octobre 2022

Au lendemain du putsch du capitaine Ibrahim Traoré, les nouvelles autorités ont dit travailler à la mise en place des organes de la Transition.Le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré a convoqué les Assises nationales les 14 et 15 octobre 2022 pour l’adoption de la Charte de la Transition, selon un décret lu samedi 8 octobre à la télévision nationale du Burkina.

Ce décret est signé par le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré.

Les assises visent à permettre l’adoption d’une nouvelle Charte de la Transition, après le coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Jeudi 6 octobre, le capitaine Traoré a assuré aux manifestants acquis à sa cause que les militaires travaillent « à la mise en place des organes de la Transition » tout en les invitant à « vaquer librement à leurs occupations ».

Le président du Faso, Ibrahim Traoré a par ailleurs, demandé aux Secrétaires généraux, chargés de l’expédition des affaires courantes, de l’exécution de ce décret.

Le Capitaine Ibrahim Traoré avait, à l’issue du coup d’État du 30 septembre dernier, annoncé des assises nationales pour rédiger un nouvelle Charte de la Transition afin de designer un nouveau président de la République, civil ou militaire.

Burkina : requisition d’une quarantaine de «Pickups» du ministère de l’Environnement

Arrivé au pouvoir le 30 septembre dernier suite à un coup d’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré veut gagner la guerre contre les groupes jihadistes au Burkina Faso.Le Capitaine Ibrahim Traoré est un homme pressé. Le jeune officier subalterne avait demandé dès le 2 octobre aux secrétaires généraux des ministères, chargés d’expédier les affaires courantes d’appuyer sur l’accélérateur. Selon lui, « on doit faire en trois mois ce qui devrait être fait ces douze derniers mois ». Un rendez-vous avec les burkinabé et l’histoire que le tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba ne veut pas rater. A cet effet, il a décidé de mobiliser tous les moyens logistiques pour la réussite des opérations de sécurisation du Burkina Faso.

Vendredi 7 octobre, le secrétaire général du ministère de l’économie, des Finances et de la Prospectives a adressé à son collègue du département de l’Environnement de l’Energie, de l’Eau et de l’Assainissement une note consultée par APAnews, pour l’inviter à reverser dans le Parc automobile de l’Etat 42 véhicules de type Toyota Land Cruiser modèle Pickup qui étaient mis à sa disposition. Il a jusqu’au 11 octobre pour s’exécuter.

Auteur d’un coup d’Etat le 24 janvier dernier contre Roch Marc Christian Kaboré, le lieutenant-colonel Damiba a été à son tour renversé vendredi 30 septembre, apres huit mois de transition par une partie de l’armée, dirigée par le capitaine Traoré. Ses anciens camarades du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) lui en veulent pour ses choix hasardeux dans la lutte contre les groupes jihadistes qui déstabilisent ce pays sahélien depuis près d’une décennie.

La chute du lieutenant-colonel Damiba a été accélérée par l’attaque, le 26 septembre, d’un convoi d’approvisionnement à destination de la ville de Djibo, située à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou. L’embuscade qui a fait selon l’armée 37 morts dont 27 militaires et 10 civils, a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Alors qu’il n’avait pas enregistré d’incidents sécuritaires liés à l’activité de groupes armés non étatiques avant 2015, le Burkina Faso est sur le point d’être l’épicentre de l’insurrection jihadiste au Sahel central, devant le Mali. 

Burkina : Nouvelle manifestation de soutien au capitaine Ibrahim Traoré

L’armée a appelé, jeudi après-midi, la population à « vaquer librement » à leurs occupations.Plusieurs dizaines de jeunes ont occupé, pendant des heures la devanture de la Radiodiffusion télévision nationale (RTB) et les alentours de la Place de la Nation, disent-ils à APAnews, pour apporter leur soutien au Capitaine Ibrahim Traoré.

Des drapeaux du Burkina et de la Russie en main, des manifestants, ils ont dénoncé les « velléités de la hiérarchie militaire », de connivence avec la France, de récupérer le pouvoir aux mains du tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Pour eux, c’est parce que le Capitaine Ibrahim Traoré veut se tourner vers la Russie, ce qu’ils considèrent comme « la solution pour le pays », que la hiérarchie militaire veut lui retirer le pouvoir.

Le gouvernement a démenti dans l’après-midi, des  « informations qui (…) font état de généraux en réunion à l’état-major de l’armée ». Il les a qualifiés « d’informations infondées ».

Dans la soirée, l’armée a invité les manifestants à « vaquer librement à vos occupations surtout à vous départir de toutes rumeurs et désinformations ».

« Tout en vous remerciant pour votre soutien constant et en rassurant après les événements de ces derniers jours, nous restons concentrés sur la poursuite des activités opérationnelles relatives aux urgences sécuritaires et à la mise en place des organes de la Transition », a ajouté le capitaine Aziza Sorgho, nouveau porte-parole de la junte au pouvoir.

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a adopté, mercredi  5 octobre, un « acte fondamental », consacrant la prise de fonction du capitaine Ibrahim Traoré comme chef de l’Etat du Faso.

Le week-end dernier, un groupe de soldats dirigé par le Capitaine Traoré a renversé le pouvoir du lieutenant-colonel Damiba, qui avait évincé Roch Kaboré, 08 mois plutôt.

Burkina : les jihadistes, « faiseurs » de putschistes ?

Des attaques jihadistes sont à l’origine des deux derniers coups d’État survenus cette année au Burkina Faso.En moins de neuf mois, le Burkina Faso a connu deux coups d’Etat. Le premier est mené le 24 janvier dernier par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avant qu’il ne soit lui-même évincé huit mois plus tard par le capitaine Ibrahim Traoré.

Ce deuxième coup d’État qui commence le 30 septembre et s’achève le 2 octobre, après la médiation des autorités coutumières et religieuses alors que Damiba tentait de conserver le pouvoir, est la conséquence d’un concours de circonstances. « Les choix hasardeux du lieutenant-colonel Damiba ont progressivement affaibli notre système sécuritaire et les lourdeurs administratives qui caractérisent le régime déchu se sont aggravées sous la transition compromettant ainsi les opérations à caractère stratégiques », justifient les compagnons du capitaine Traoré.

Selon plusieurs observateurs, c’est l’attaque d’un convoi de ravitaillement survenue le 26 septembre à Gaskindé, dans la province du Soum (Nord) qui a accéléré la chute du lieutenant-colonel Damiba.

Damiba, rattrapé par le syndrome d’Inata

Après cette attaque, la tension est montée entre Damiba et certains militaires, notamment l’unité des « Cobras » qui y aurait perdu une dizaine d’éléments. La colère de ces soldats était d’autant plus grande qu’ils peinaient à percevoir leurs primes à temps.

Lorsqu’ils avaient été attaqués le 14 novembre 2021 par des jihadistes, les gendarmes du détachement d’Inata, dans l’ouest de la province du Soum, étaient dans le même état. Pendant plusieurs jours, ils n’avaient pas de quoi se nourrir. Le commandant de la garnison avait pourtant alerté Ouagadougou, la capitale, sur la situation de ses hommes qui, pour s’alimenter, étaient obligés de chasser.

La colère de la population suite à cette attaque qui a fait 57 morts dont 52 gendarmes a poussé le président Roch Marc Christian Kaboré, alors au pouvoir, à faire des réajustements de sa politique sécuritaire. Des têtes sont tombées dans le commandement militaire. C’est d’ailleurs à la faveur de cette vaste réorganisation de la hiérarchie militaire que le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba avait été nommé commandant de la 3e région militaire. Il profite de cette position pour renverser Roch Kaboré.  « Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire et de l’incapacité manifeste du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré à unir les Burkinabè pour faire face efficacement à la situation et suite à l’exaspération des différentes couches sociales de la nation, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration a décidé d’assumer ses responsabilités devant l’Histoire », avaient assuré les amis de Damiba.

Porté à la tête de l’État avec le titre de « président de la transition », ce dernier promet de redresser la barre. A cet effet, il crée un cadre de dialogue avec les jihadistes désirant déposer les armes. Pour remodeler la riposte aux attaques jihadistes, un Commandement des Opérations du théâtre national (COTN) est créé et confié au lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, qui était commandant de la 1ère région militaire. Mais les changements souhaités ne se sont pas produits. Les attaques jihadistes se sont multipliées. Faisant le bilan de « l’opération reconquête du territoire », le lieutenant-colonel Damiba a promis de rectifier le tir, mais il était trop tard. Une première attaque à la bombe artisanale a visé un convoi à destination de Ouagadougou, entre Djibo et Bourzanga. Au moins 37 civils sont tués. Vingt jours après, un convoi de ravitaillement en direction de la même ville de Djibo est intercepté par les insurgés islamistes à hauteur de Gaskindé. Le dernier bilan de l’armée reconnait la mort de 37 personnes dont 27 militaires et 10 civils. C’était assez suffisant pour qu’une partie de l’armée décide de renverser le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Des actions à dividendes politiques

Deux jours après ce second putsch en huit mois, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) lié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) affirme avoir porté « un coup économique qui a provoqué un tremblement de terre dans les rangs de l’armée, qui s’est soldé par un coup d’État militaire dans le pays ».

« Ils ont de la suite dans les idées et ils ont vu que l’attaque d’Inata a amené le premier coup d’État et que la dernière attaque à Gaskindé a mené au deuxième putsch. Donc, ils ne se privent pas de l’évoquer et d’en tirer les dividendes politiques parce que leurs actions sur le terrain sont toujours à des fins politiques. ils augmentent de plus en plus la pression sur les forces gouvernementales, sur les populations pour qu’elles arrêtent de coopérer avec les forces gouvernementales », analyse Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes.

Ce lien de causalité entre la détérioration de la situation sécuritaire et l’instabilité politique semble être connu des nouvelles autorités putschistes. Au lendemain de son installation à la tête de la junte, le capitaine Traoré a demandé aux secrétaires généraux, chargés d’expédier les affaires courantes, d’accélérer le rythme dans l’exécution des taches qui leur sont dévolues, en l’absence du gouvernement dissous le soir du 30 septembre. Selon le nouvel homme fort de Ouagadougou, « nous devons faire en trois mois ce qui devrait être fait en douze mois ». Mais le GSIM met en garde les nouveaux maitres du pays contre toute tentative de privilégier la guerre. « Si vous voulez la guerre, on est plus que prêts », ont menacé les jihadistes, ajoutant : « si vous voulez la paix, cherchez-la par ses bonnes voies ».

Ce message des jihadistes, « laisse la porte ouverte à des négociations qui font partie de la palette de moyens utilisés par le GSIM et par Al Qaïda en général. Donc, ils allient pression militaire et blocus en laissant la porte ouverte aux négociations », interprète Wassim Nasr.

Attaque de Gaskindé : polémique autour du nombre de disparus

L’armée et l’organisation des chauffeurs du Burkina ne s’entendent pas sur le bilan des portés disparus.Quel est le nombre réel de portés disparus après l’attaque d’un convoi de ravitaillement le 26 septembre dernier à Gaskindé (Nord), à 25 kilomètres de la ville de Djibo, dans la province du Soum ?

Alors que l’armée a dénombré 37 morts dont 10 civils et 27 militaires, 29 blessés et trois disparus dans un bilan fourni le mercredi 5 septembre, l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) affirme, dans un communiqué diffusé le même jour, que « 70 de nos camarades manquent à l’appel (après) ce tragique évènement ».

Cette organisation qui regroupe des conducteurs indique avoir enregistré des décès parmi ses membres. D’ailleurs, une « période de recueillement » sera observée en leur mémoire jeudi et vendredi.

L’attaque de ce convoi d’approvisionnement à destination de la ville de Djibo a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim) via son organe de propagande « Az Zallaqa ».

L’alliance jihadiste regroupant des organisations proches d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) soutient avoir tué 65 militaires, 11 Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) et détruit 90 véhicules sur les 119 que comptait le convoi. Ensuite, le GSIM présente cette embuscade meurtrière comme « un coup économique qui a provoqué un coup d’État ».

Vendredi 30 septembre, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, lui-même auteur d’un putsch contre le président Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier dernier, a été renversé par le capitaine Ibrahim Traoré. Le jeune capitaine et ses camarades du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) reprochent à Damiba « ses choix hasardeux  » dans la lutte contre les jihadistes.

Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à une insurrection jihadiste ayant fait plusieurs milliers de morts et des millions de déplacés internes.

La Cedeao « doit s’impliquer dans la sécurisation » du Burkina (analyste)

Dans un entretien avec APA, Ibrahima Kane, chargé de programmes à l’ONG Osiwa et spécialiste des questions régionales, décrypte les perspectives politiques et sécuritaires pour la nouvelle junte au Burkina Faso face à la Cédéao qui l’appelle à respecter la durée de la transition.Après avoir renversé le lieutenant-colonel Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé plusieurs entretiens aux médias. Comment analysez-vous cette stratégie de communication ?

En écoutant ses interviews et ses interventions, on se rend compte que c’est quelqu’un qui n’était pas préparé à organiser un coup d’Etat. Je pense que le putsch est venu du mécontentement d’une partie de la troupe face aux atermoiements du régime militaire, au manque de coordination sur le terrain entre les unités militaires et au fait que l’armée impute tous les problèmes qu’elle rencontre à l’incompétence de l’équipe dirigeante. Cela montre à quel point l’armée burkinabè est divisée et à quel point l’Etat est fragile. Le capitaine Traoré est le chef d’une unité postée dans la ville de Kaya, à environ 150 km de Ouagadougou. Il est parti de là-bas pour prendre le pouvoir. Cela montre à quel point l’Etat burkinabè est complètement déliquescent.

Pourquoi l’armée burkinabè a pris du temps pour se ranger derrière le nouveau chef de la junte ?

Depuis la chute de Blaise Compaoré (1987 – 2014), l’armée burkinabè est divisée pour deux ou trois raisons principales. Le président Compaoré avait créé un régiment spécial qui était le plus équipé du pays pour le protéger et protéger ses intérêts. Et il y avait le reste de la troupe. Quand il a perdu le pouvoir, ses successeurs ont pratiquement dissous cette unité. Sa dissolution n’a pas permis à l’armée de se réorganiser et se consolider pour pouvoir bien protéger l’Etat.

Quand Blaise Compaoré a perdu le pouvoir, tout le système de renseignement a été complètement démantelé par les nouveaux arrivants au pouvoir. Et donc l’armée se trouvait handicapée en termes d’information pour préparer les réactions des services de sécurité dans la protection des personnes et des biens sur le territoire burkinabè. Cette désorganisation de l’armée est en train de montrer ses effets jusqu’à présent dans ce pays. Cela va être un travail de titan, surtout dans le contexte actuel, de réorganiser l’armée et mettre en place une meilleure coordination en vue de la reprise en main du terrain face aux djihadistes. D’après les informations à notre disposition, onze des treize régions du Burkina Faso sont pratiquement entre les mains ou font l’objet d’attaques des groupes djihadistes. Cela veut dire que la quasi-totalité du pays est insécure.

Le capitaine Traoré affirme qu’il va expédier les affaires courantes avant la désignation d’un président de transition. Comment doit-il s’y prendre ?

Ce message était beaucoup plus destiné à l’extérieur, aux partenaires, pour montrer qu’il ne tient particulièrement pas au pouvoir. Mais je suis persuadé que si les choses se passent comme elles se doivent, il va rester au pouvoir. L’autre jour, on l’a présenté comme celui que les militaires ont désigné pour être leur chef. A moins que quelque chose d’extraordinaire ne se produise, je ne vois pas comment les militaires vont laisser le pouvoir à des civils et continuer à vaquer à leurs occupations. L’une des raisons de la prise de pouvoir, selon la nouvelle junte militaire, est le manque d’appui de l’Etat central aux troupes sur le terrain afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs missions. Les militaires sont mieux placés que quiconque pour organiser cette coordination et pour s’assurer que l’essentiel des troupes sur le terrain est soutenu.

Cela dit, le capitaine Traoré s’est aussi engagé à respecter les 24 mois (de transition). Il n’y a que huit mois qui ont été écoulés depuis le coup d’Etat de Damiba. Il reste à peu près seize mois qu’Ibrahim Traoré va devoir gérer pour reprendre le contrôle sur le terrain et ensuite organiser les élections. Toutefois, je vois difficilement le maintien de ces seize mois vu l’état actuel de l’insécurité dans le pays.

Quel comportement doit-il avoir d’ici les assises qui doivent désigner le prochain président de la transition ?

La priorité pour lui, c’est de réorganiser l’armée et les services de sécurité de manière à ce qu’ils puissent, au moins, répondre de manière plus efficace aux attaques dont l’armée est l’objet sur la totalité du territoire.

L’armée a besoin aussi, si elle ne veut pas que les insurgés s’installent durablement sur le terrain, de les déloger dans certains endroits stratégiques. Parce qu’il y a beaucoup de mines d’or occupées par les djihadistes. Elles servent à financer leurs efforts de guerre. Il urge de les y déloger pour éviter une guerre de longue durée. Dans un tel contexte, la lutte contre le terrorisme sera complexifiée et l’organisation des élections pratiquement impossible. (…) Mais comme une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) est aujourd’hui (mardi 4 octobre) à Ouagadougou, les discussions avec la nouvelle junte permettront de se faire une petite idée du respect ou non des seize mois restants pour l’organisation des élections.

En cas de non-respect de la durée de la transition, la Cedeao doit-elle prononcer contre le Burkina les mêmes sanctions que face au Mali ?

Le capitaine Traoré a lui-même accepté les conditions posées par Damiba. Il y a de fortes chances de le voir respecter le délai de seize mois. C’était la condition posée par la Cedeao. (…) Maintenant, cette dernière doit être réaliste dans le sens où depuis qu’ils ont signé ces accords, il y a eu une dégradation de la situation sécuritaire sur le terrain. Si on n’organise pas les élections sur la totalité du territoire, on crée de fait une division du pays. La Cedeao doit être consciente de cette situation et, éventuellement, se donner une marge pour vérifier dans une dizaine de mois si la situation sécuritaire s’est améliorée de manière à pouvoir permettre l’organisation des élections dans des conditions sûres et transparentes. Si cela n’est pas possible, je pense que la Cedeao doit pouvoir tirer les conséquences et, éventuellement, prolonger la transition.

Mais fondamentalement, il me semble que la Cedeao ne doit pas simplement s’intéresser aux aspects politiques. Elle doit aussi s’impliquer dans la sécurisation du territoire. Sur ce point, il n’y a pas jusqu’à présent d’indications claires de la part des organes de la Cedeao pour montrer qu’en tant qu’organisation régionale, comme elle l’avait fait pour le Liberia et la Sierra Leone, elle s’implique vraiment militairement dans la recherche de la paix et la sécurité au Burkina Faso. Si cela ne se fait pas, il va être maintenant difficile d’exiger à ces militaires d’organiser des élections dans seize mois.

Le jeune âge et le grade du capitaine Traoré sont-ils un handicap pour lui dans la conduite des affaires de l’Etat burkinabè ?

Ce n’est pas la première fois au Burkina que des capitaines prennent le pouvoir. Mais le contexte est aussi différent. Parce que, ici, on est dans un contexte où ces militaires vont devoir rentrer dans les rangs dans seize mois. Alors qu’à l’époque des capitaines Blaise Compaoré et Thomas Sankara, on était dans le contexte où quand vous prenez le pouvoir vous le conservez. C’est vraiment une grande différence entre ces deux générations.

Comme le capitaine Traoré dit n’être intéressé que par la chose militaire, j’imagine que sa préoccupation fondamentale à l’heure actuelle est de tout faire pour s’assurer de la protection de l’intégrité territoriale du Burkina et de sa population. Après les seize mois, il va toujours continuer à servir l’armée et son pays. Mais je ne vois pas pour lui un avenir (présidentiel) au-delà de la période de transition, quelle que soit sa durée par ailleurs.

Burkina : Un nouvel « acte fondamental »

Le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) a adopté un nouvel « acte fondamental », qui rétablit la Constitution et assure la continuité de l’État « en attendant la mise en place d’une Charte de Transition ».Suspendue vendredi dernier suite au coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, la Constitution du Burkina Faso est rétablie. Mercredi 5 octobre, le capitaine Azaria Sorgho a fait lecture à la télévision nationale de l’adoption d’un nouvel acte fondamental.

En attendant l’adoption d’une charte de la transition, l’«acte fondamental» fonde le pouvoir du MPSR et justifie ses faits et gestes.

Selon le capitaine Sorgho, le MPSR est composé « d’un président, un premier vice-président, un deuxième vice-président, un Coordonnateur et deux commissions ».

Le « président du MPSR assure les fonctions de chef de l’État, chef suprême des armées », selon le document officiel, lu par le capitaine Sorgho.

Le capitaine Ibrahim Traoré assume ce rôle, après avoir renversé le lieutenant-colonel Damiba; vendredi 30 septembre.

« Le président du MPSR nomme aux emplois de la haute administration civile et militaire ainsi que des entreprises publiques à caractère stratégique… Le Président du MPSR accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des États étrangers…», a déclaré le capitaine Azaria Sorgho.

Burkina : Fermeture de l’ambassade de France

Le coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré a été le théâtre de manifestations et de l’expression du ressenti anti-français.

Depuis les événements des 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022, au cours desquels l’ambassade de France à Ouagadougou a subi le courroux des manifestants, elle n’a plus ouvert ses portes au public.

« Les services de l’Ambassade, du consulat général, des instituts et des opérateurs français qui reçoivent habituellement demeurent fermés jusqu’à nouvel ordre », informe la représentation diplomatique française au Burkina.

Cette mesure concerne les établissements français de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso.

L’ambassade justifie cette fermeture par les actes de vandalisme et de saccage subis lors du coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré.

Le week-end dernier, en effet, les manifestants, brandissant des drapeaux russes, ont mis le feu à la guérite et vandalisé les fenêtres et portes de l’ambassade à Ouagadougou.

Au même moment, des centaines de jeunes s’en sont pris à l’institut français de Bobo Dioulasso.

Le capitaine Ibrahim Traoré a condamné, lundi, ces « actes de vandalisme » et appelé « à la retenue ».

Le nouvel homme fort du pays, tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, a néanmoins souligné la nécessité de réviser certains points de la collaboration entre le Burkina et la France.

Burkina : le bilan de l’attaque de Gaskindé s’alourdit à 37 morts

Les jihadistes ont tué 37 personnes lors de l’attaque d’un convoi de ravitaillement dans le nord du Burkina Faso.L’État-major général des armées burkinabè a livré un nouveau bilan de l’attaque jihadiste contre un convoi de ravitaillement survenu le 26 septembre à Gaskindé, dans la province du Soum, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou.

L’armée burkinabè affirme dans un communiqué daté du 5 octobre que cette embuscade a fait 37 morts dont 10 civils et 27 militaires, 29 blessés dont 21 militaires, 7 civils et 1 VDP (Volontaire pour la défense de la patrie). Trois personnes sont portées disparues alors que des dégâts matériels importants sont enregistrés.

Un premier bilan officiel fourni par l’armée évoquait 11 morts parmi les militaires et une cinquantaine de civils portés disparus.

Mercredi 5 octobre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué cette offensive et prétend avoir tué 65 militaires et 11 VDP.

Les jihadistes disent avoir incendié 90 sur les 119 véhicules que comptait le convoi d’approvisionnement à destination de Djibo, coupée du reste du pays. Le GSIM rappelle aux habitants de cette ville qu’ils n’ont d’autre choix que d’appliquer la charia pour sortir de cette situation.

Dans sa communication, le groupe jihadiste s’attribue le « mérite » du coup d’État du Capitaine Ibrahima Traoré contre le lieutenant-colonel Damiba et invite les nouvelles autorités au dialogue.

Après le coup d’Etat mené par des officiers subalternes contre le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, lui-même auteur d’un putsch en janvier dernier contre le président élu Roch Marc Christian Kaboré, le Burkina Faso sombre dans une nouvelle crise politico-sécuritaire sur fond d’insurrection jihadiste.

Burkina : sous blocus jihadistes, Djibo « au bord de la famine »

Huit enfants sont décédés de faim à Djibo selon la société civile burkinabè.La ville de Djibo au nord-est du Burkina Faso dans la région du Sahel à 208 kilomètres de Ouagadougou est sous blocus djihadiste. L’armée burkinabè est désormais obligée de convoyer des vivres dans cette région par hélicoptère mardi après-midi, selon des sources d’APA.

 Cette ville sous blocus des groupes armés enregistre des décès de la malnutrition. Selon Idrissa Badini du Cadre de concertation de la société civile du Soum, huit enfants sont décédés à cause de la famine. Le responsable de la société civile ne donne pas plus de précisions sur le genre, ni l’âge des adolescents.Toutefois, M. Badini décrit une situation humanitaire « catastrophique » et « au bord de la famine » dans cette région. Dans un rapport publié en mai 2022, l’Organisation des Nations unies pour l’enfance (Unicef) Burkina, indique que c’est « l’une des crises les plus violentes et les plus rapides au monde ».En effet, au Burkina, « on estime que 700 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë ; plus de 179 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, qui peut être fatale si elle n’est pas traitée », peut-on lire dans la note officielle.Cinq provinces du pays dont celle du Soum ont atteint des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire et s’approchent du seuil de déclaration officielle de la famine, s’alarme l’unicef Burkina.L’acteur de la société civile appelle à secourir « urgemment » la ville. « Des efforts sont faits pour sauver ceux qui sont encore en vie à Djibo et des promesses de tout genre sont en attente. Mais tant que ça n’y arrive pas, nous ne pourrions pas dormir », indique-t-il.

Son appel n’est tombé dans l’oreille d’un sourd, puisque 70 tonnes de vivres et produits de premières nécessités ont été acheminés mardi 3 octobre par hélicoptère dans la ville de Djibo.« C’est une première opération pour soulager un tant soit peu les populations », commente Lassana Bary, initiateur d’une campagne digitale, un « Pont aérien pour Djibo » et « AgirPourDjibo ».La campagne consiste à envoyer des « messages clairs à nos autorités et à la communauté internationale » afin de les alerter sur la situation alimentaire de Djobo.« Les enfants meurent de faim, il faut agir », insiste-t-il. Le dernier convoi humanitaire vers cette ville le 26 septembre 2022 a été la cible d’une attaque terroriste à Gaskinde. Revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), organisation jihadiste affiliée à Al-Qaida, l’attaque a fait officiellement 27 soldats tués, 28 blessés et une cinquantaine de disparus.

Burkina : La Cédéao a échangé avec le capitaine Traoré

La délégation de la Cédéao est arrivée à Ouagadougou, mardi, malgré une vague de contestations de plusieurs centaines de jeunes, hostiles à la présence de l’institution régionale au Burkina.Après une rencontre avec le capitaine Ibrahim Traoré, nouvel homme fort du Burkina, la mission de la Cédéao s’est dite, mardi, « satisfaite » et « confiante » de la poursuite de la transition avec les mêmes missions édictées en juillet dans un accord avec le président déchu Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Il s’agit essentiellement de « la reconquête du territoire hors du contrôle de l’Etat »,  de la « résorption de la crise humanitaire » et  du « retour à l’ordre démocratique », a rappelé l’ancien président du Niger, Mahamoudou Issoufou, médiateur de la Cédéao pour le Burkina.

« C’est toujours le même contenu sur lequel le travail va se poursuivre avec l’accompagnement et le soutien de la Cedeao », a-t-il indiqué.

Le Médiateur de la #CEDEAO pour le pays a salué « le rôle extrêmement positif » des autorités religieuses et coutumières pour avoir renoué le fil du dialogue pour une sortie de crise pacifique.

« Ce rôle a été important, ce rôle a été décisif », insiste-t-il.

C’est suite à une médiation menée de bout en bout par des autorités religieuses et coutumières que le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, auteur d’un coup d’Etat contre Roch Marc Christian Kaboré a accepté de démission après avoir été déposé à son tour par le Capitaine Traoré.

Mahamoudou Issoufou a rappelé « l’engagement de la CEDEAO aux côtés du peuple burkinabè afin que le peuple burkinabè réussisse la transition qui est en cours ».

La délégation était composée du Médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso, l’ancien Président nigérien Mahamadou Issoufou, de la ministre des Affaires étrangères de la Guinée-Bissau, par ailleurs Présidente du Conseil des ministres de la CEDEAO, Suzi Carla Barbosa et du Président de la Commission de l’organisation sous régionale, Dr Omar Alieu Touray.

Cette visite a été émaillée de manifestations de jeunes, hostiles à la présence des émissaires au Burkina. Pour beaucoup, la Cédéao est « une marionnette » de la France.

Le pays traverse une crise politico-militaire avec la chute du lieutenant-colonel Damiba, ce week-end, lui-même tombeur de Roch Marc Christian Kaboré.

Burkina : le GSIM revendique l’attaque de Gaskindé

Le coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba est la conséquence de l’attaque d’un convoi d’approvisionnement dans le nord du Burkina Faso, affirme un groupe jihadiste.Après l’attaque de Gaskindé, dans la province du Soum, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou, tous les regards étaient tournés vers le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM). Moins de deux semaines après, la fédération d’organisations jihadistes sahéliennes, affiliées à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) confirme son implication dans cette embuscade meurtrière.

Dans un communiqué en langue arabe diffusé mardi 4 octobre par sa branche médiatique « AZ – Zallaqa » et consulté par APAnews, le GSIM affirme avoir porté un « coup économique qui a provoqué un tremblement de terre dans les rangs de l’armée, qui s’est soldé par un coup d’Etat militaire dans le pays ».

Le groupe jihadiste dirigé par l’ancien rebelle touareg, Iyad Ag Ghjali depuis 2017 prétend avoir tué 65 militaires et 11 volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et avoir détruit au moins 90 des 119 véhicules qui composaient le convoi de ravitaillement. 

Le dernier bilan officiel révélé par une note interne de l’armée consultée par APAnews fait état de 27 militaires tués. Ils seront inhumés vendredi 7 octobre à Ouagadougou, précise la même note.

De leur côté, les jihadistes affirment que leurs combattants, auteurs de ce carnage sont « revenus sains et saufs ».

S’adressant aux « habitants des villes assiégées », le GSIM leur rappelle « qu’ils n’y a d’autre moyen de résoudre leur problème que par l’application de la charia».  

Les nouvelles autorités burkinabè, issues du coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba amorcé vendredi 30 septembre et achevé deux jours plus tard, ont fait de la délivrance des villes du nord sous blocus jihadiste depuis plusieurs mois, une priorité. Mardi 4 octobre, 70 tonnes de vivres ont été acheminées à Djibo par voie aérienne.

Burkina : Le bilan de l’attaque de Gaskindé revu à la hausse

Alors que le gouvernement déchu a annoncé un bilan de 11 soldats tués au cours de l’attaque de Gaskindé, le 26 septembre dernier, l’armée prépare les obsèques suivi d’inhumation de 27 militaires, prévus pour vendredi 07 octobre 2022.Le 26 septembre dernier, un convoi d’approvisionnement à destination de la ville de Djibo, à plus de 200 kilomètres de Ouagadougou est tombé dans une embuscade jihadiste. 

Dans un premier bilan, l’armée avait déploré 11 morts et une cinquantaine de civils. Selon une note interne de l’armée burkinabè consultée par APAnews., 27 militaires sont morts dans cet incident.

Ils seront inhumés vendredi à Ouagadougou. Le message de l’armée invite à prendre toutes les dispositions à cet effet.

Début septembre, un convoi de civils, composé essentiellement de commerçants et en partance pour Ouagadougou, a été la cible d’une embuscade sur l’axe Djibo-Kongoussi.

Au moins 32 personnes avaient été tuées et 37 autres blessés, selon un bilan officiel.

Pour plusieurs observateurs, l’attaque de Gaskindé a précipité la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, le week-end dernier. 

Le tombeur de Roch Marc Christian Kaboré a été renversé à son tour par le capitaine Ibrahim Traoré, désigné depuis dimanche 2 octobre, chef d’Etat par intérim du Burkina Faso. 

Burkina : Le capitaine Traoré déroule le tapis rouge à la Cédéao

Le capitaine Ibrahim Traoré a appelé, lundi soir, dans un communiqué diffusé à la télévision nationale, les populations à faire confiance aux nouvelles autorités et à ne pas perturber la mission de la CEDEAO, attendue mardi à Ouagadougou, alors que des jeunes ont érigé des barrières, à cet effet, a constaté APAnews.Peu avant 20h, une poignée de jeunes ont installé un check-point devant l’hôtel Laïco à Ouaga 2000, sur l’avenue Pascal Zagré.

Ils disent également vouloir « faire barrière à la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) » qui est attendue, mardi, à Ouagadougou, selon des sources de APAnews.

Dans un communiqué diffusé à la télévision nationale, plus tard, le président du Faso par intérim, le Capitaine Ibrahima Traoré a regretté la diffusion de messages appelant à empêcher le bon déroulement de la mission de la Cédéao.

« Du reste, toute personne qui entreprendrait des actes de nature à perturber le bon déroulement de la mission de la Cédéao se verra appliquer la rigueur de la loi », peut-on lire dans le communiqué.

Le président de la transition le lieutenant-colonel Sandaogo Damiba a été renversé par un coup d’Etat le 30 septembre 2022.

Il a ensuite démissionné, cédant le pouvoir au capitaine Traoré, qui gère les affaires courantes en attendant la désignation d’un nouveau président.

Burkina : L’ancien président Damiba est à Lomé

Le gouvernement togolais confirme la présence de Paul-Henri Sandaogo Damiba au Togo.Il y avait beaucoup de bruits sur le sort de l’ancien président de la transition burkinabé contraint à la démission par un groupe de jeunes officiers subalternes. Le capitaine Traoré qui est le nouvel homme fort du pays n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, se limitant juste à dire dans un entretien à RFI que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est en sécurité. Selon l’AFP (Agence France Presse), l’ancien président de la transition s’est refugié au Togo.

L’agence cite le ministre togolais en charge de la communication Akodah Ayewouadan.

« Le Togo, comme la CEDEAO, salue le fait que l’esprit de paix l’ait emporté » au Burkina Faso, a déclaré le ministre, précisant que l’accueil à Lomé de « M. Damiba fait partie de cet esprit ».

Plusieurs sources concordantes ont indiqué à APAnews que le séjour togolais du tombeur de Roch Kaboré sera bref. « Il a prévu de s’installer définitivement à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Des démarches sont en cours à cet effet. Son séjour à Lomé sera de courte durée », a confié à Apa un analyste politique, proche du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).

Au lendemain de son éviction par le capitaine Ibrahim Traoré, le lieutenant-colonel Damiba a accusé son successeur d’être guidé par « des motivations individualistes et subjectives ».

Burkina : L’ancien président Damiba règle ses comptes

Moins de 24h après sa chute, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba s’est exprimé, lundi 03 octobre 2022, dans deux éléments audiovisuels (une vidéo et un audio) de 6mn21, authentifiée par APAnews.L’ancien président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba affirme avoir quitté le pouvoir « devant les risques de divisions et de fractures » au sein de l’armée et pour préserver « l’intérêt supérieur du Burkina ».

Au lendemain de son départ forcé de Kosyam, il est règle ses comptes avec ses tombeurs.

Pour lui, le Capitaine Ibrahima Traoré et Cie, se prévalant de « certaines frustrations et revendications » de la troupe sont en réalité « mués par des motivations individualistes, subjectives »

L’ancien président estime que lorsqu’ils ont convergé, avec « des sympathisants de civils et politiques » vers les « zones sensibles » de la capitale Burkinabè, « l’objectif affiché était clair: interrompre la transition ».

« Leurs actions ont occasionné au niveau de nos périmètres deux morts, 9 blessés et des dégâts matériels », dénonce-t-il.

Le lieutenant-colonel Damiba s’est aussi exprimé sur les raisons de sa chute. « L’avènement du MPSR en janvier 2022 a suscité pleins d’espoirs  au sein de toutes les couches de notre population au point de nous aveugler sur les durs défis de la réalité de notre pays, des énormes efforts et des sacrifices à consentir collectivement à remettre le pays sur les chemins du progrès et du renouveau », admet-il.

L’autre raison, selon lui, c’est l’attaque contre le convoi de ravitaillement en vivres de la ville de Djibo qui a servi de « ferment ». Cette attaque qui a eu lieu le 26 septembre 2022 sur l’axe Bourzanga-Djibo, dans la province du Soum, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou à fait 11 soldats tués, 28 blessés et plus d’une cinquantaine de civils portés disparus.

Burkina : La Russie appelle au retour de la « légitimité »

Moscou s’est exprimé sur l’instabilité institutionnelle au Burkina Faso marquée par le coup d’Etat du Capitaine Touré contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.Alors que Ouagadougou a été le théâtre de l’affirmation de la guerre entre russe et français en l’Afrique de l’ouest, ce week-end, Kremlin a appelé, lundi, à un retour total à l’ordre au lendemain de la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

« Nous souhaiterions que la situation au Burkina Faso se normalise au plus vite, que l’ordre soit totalement assuré dans le pays et qu’on revienne au plus vite dans le cadre de la légitimité », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, lors de son briefing quotidien, selon l’agence russe Tass.

Au cours des événements qui ont abouti à la prise du pouvoir par le Capitaine Ibrahima Traoré vendredi 30 septembre, on a pu assister à l’affirmation des mouvements pro-russes. Les drapeaux du pays dirigé par Vladmir Poutine et ceux du « pays des Hommes intègres » ont été brandis par des manifestants.

Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 octobre, un soldat, sur un véhicule de l’Onu, a brandi le drapeau devant plus d’une centaine de jeunes acquis à sa cause.

Samedi, les putschistes ont affirmé, à la télévision nationale, avoir pris les armes contre le lieutenant-colonel Damiba au prétexte qu’il a refusé « d’aller vers d’autres partenaires prêts à aider dans la lutte contre le terrorisme ».

« C’est clairement une guerre ouverte entre la France et la Russie par soldats burkinabè interposés », a commenté Abdoul Fhatave Tiemtoré, journaliste à Radio Oméga.

Le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba a été contraint à céder au Capitaine Ibrahim Traoré, la gestion de la transition entamée en janvier dernier, suite à un coup de force, du 30 septembre au 2 Octobre.

Burkina : Retour à la normale à Ouagadougou

Au lendemain du championnat de pouvoir au Burkina, la vie a repris son cours normale et les ouagalais(es) vaquent à leurs activités, a constaté APAnews, lundi matin.A Ouagadougou, c’est la rentrée des classes au lycée « Le bon berger », sis au quartier Sin-Yiri, ce lundi 03 octobre 2022, au lendemain du putsch du capitaine Ibrahim Traoré.

Matinée très bouillante. Ce sont les retrouvailles entre élèves, enseignants et administratifs. « Nous avons préparé la rentrée scolaire. Mais avec la situation nationale (coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba), nous pensions qu’elle serait reportée. Nous sommes très contents de reprendre. Les vacances ont assez duré », affirme Drissa Hié, enseignant de mathématiques.

A un jet de pierres, se trouve le marché de » Katr Yaar ». Les boutiques ont rouvert, les étables réinstallés. Les commerçants parlent du capitaine Ibrahim Traoré et cie.

Les rues sont bondées de monde. Les barricades devant la RTB, autour du Monument des Martyrs à Ouaga 2000 ont disparu.

Sur l’avenue des « Tensobâ », allant du Siao (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou) à l’échangeur de l’Est, il y a de longues files devant plusieurs banques. Les stations-services qui avaient fermé leurs pompes durant les événements sont à nouveau fonctionnelles.

Dans les services publics et privés, les agents ont rejoint leurs bureaux. En attendant les « instructions » des nouvelles autorités, on se tourne les pouces.