Elections générales au Guyana à l’ombre de la future richesse pétrolière

Les électeurs se rendent aux urnes lundi au Guyana pour les élections générales dans ce pays pauvre d’Amérique du sud, où la découverte de nouvelles réserves de pétrole pourrait rebattre les cartes du paysage politique marqué par des divisions communautaires.

L’élection s’annonce serrée entre la coalition au pouvoir formée par le Partenariat pour l’Unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), dirigée par le président sortant David Granger et l’opposition du Parti progressiste du peuple (PPP) d’Irfaan Ali.

Jusque-là, la coalition n’avait qu’un siège d’avance sur l’opposition à l’Assemblée nationale, où les 65 sièges doivent être renouvelés.

Le chef du parti qui aura remporté le plus de sièges devrait être désigné président de cette république indépendante depuis 1966.

La production de pétrole actuelle d’environ 52.000 barils par jour pourrait atteindre 750.000 barils/jours en 2025, après la mise en service de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit ainsi une croissance économique record de 85% pour 2020.

« C’est une élection très importante car une énorme richesse est sur le point d’arriver », estime Henry Jeffrey, un ancien professeur de relations internationales à l’Université du Guyana.

Mais l’ancienne colonie britannique, frontalière avec le Brésil, le Venezuela et le Suriname, n’est guère préparée à l’arrivée d’une telle manne : l’Etat manque cruellement d’experts pétroliers et aucun cadre législatif n’a été voté pour en assurer la bonne gestion.

Le vote devrait être conforme à la division politique de ce pays de 750.000 habitants – même si des observateurs estiment qu’au moins un tiers de la population a émigré aux Etats-Unis et dans les Caraïbes – calquée sur une ligne de partage communautaire.

La coalition est principalement soutenue par la communauté afro-guyanaise, descendante d’esclaves, et le PPP par la communauté indo-guyannaise, formée de descendants de migrants venus d’Inde.

« Le problème du Guyana est ethnique et aucun de ces partis ne propose quoi que ce soit de nouveau », selon Henry Jeffrey.

Après avoir perdu un vote de confiance fin 2018, dont il a contesté les résultats, le président Granger, 74 ans, a convoqué de nouvelles élections.

Le président sortant et son challenger de 39 ans ont tenté de séduire les électeurs en promettant l’éducation gratuite, des emplois, une augmentation des salaires et des retraites, grâce aux revenus pétroliers.

Mais selon l’ONG britannique Global Witness, le Guyana a d’ores et déjà perdu 55 milliards de dollars à cause d’un contrat d’exploration mal négocié avec ExxonMobil en 2016.

Les résultats du scrutin sont attendus après plusieurs jours. De nombreux bureaux de vote parmi les 2.000 dispersés dans tout le pays, sont situés dans des zones reculées de montagnes forestières.

New York prévoit de nombreux cas de coronavirus, cherche à endiguer la propagation

Le gouverneur de l’Etat de New York a indiqué s’attendre à de nombreux nouveaux cas de coronavirus sur son territoire, les autorités se concentrant sur des mesures de nature à contenir le virus, notamment grâce à une campagne de test massive.

L’Etat de New York a enregistré dimanche son premier cas confirmé de coronavirus, une professionnelle de santé de 39 ans qui est revenue mardi d’un séjour en Iran, foyer connu de la maladie.

Cette femme est actuellement confinée chez elle avec son mari, dont les autorités soupçonnent qu’il est également infecté. Elle souffre de problèmes respiratoires, mais son état n’est pas jugé sérieux.

Lors d’une conférence de presse, lundi, le gouverneur Andrew Cuomo a indiqué s’attendre à de nouveaux cas. « Ce ne sera pas un, deux, ou cinq. Ce sera beaucoup. »

Il prévoit également que des personnes sans contact connu avec une personne ayant séjourné à l’étranger dans un foyer d’infection contractent la maladie, comme cela a déjà été le cas dans les Etats de Washington et Californie.

« C’est pour cela que l’enjeu est de limiter la propagation », a insisté Andrew Cuomo.

Les autorités de la ville de New York et de l’Etat ont rappelé les précautions à prendre en matière d’hygiène et appelé les personnes se pensant malades à contacter les services de santé.

Une campagne de désinfection va être menée dans les transports et les écoles, bien qu’il semble, comme l’a rappelé le maire de New York, Bill de Blasio, que les enfants ne soient pas affectés par la contagion.

Des mesures spécifiques de protection vont être prises pour tous les lieux de séjour de personnes âgées, plus vulnérables aux conséquences de la maladie.

Les autorités new-yorkaises prévoient également de lancer une campagne de détection et le gouverneur a fixé l’objectif d’arriver, d’ici une semaine, à une capacité de 1.000 tests par jour.

Le gouvernement Trump a été critiqué ces dernières heures pour n’avoir pas procédé de manière plus systématique à des tests.

Selon les derniers chiffres du Centre de contrôle des maladies (CDC), publiés samedi, seuls 472 test avaient été réalisés sur tout le territoire américain depuis le début de la propagation du virus.

Le gouvernement fédéral a autorisé samedi l’Etat de New York a effectué ses propres tests.

« Il est important de prendre du recul », a exhorté le gouverneur Cuomo, en réponse aux inquiétudes de la population new-yorkaise. « Dans cette situation, les faits anéantissent la peur, parce que la réalité est rassurante. »

Il a rappelé que le taux de mortalité estimé du coronavirus était de 1,4%, contre 0,6% pour la grippe ordinaire, estimant que la proportion à attendre à New York serait sans doute moindre, compte tenu des mesures de prévention et de la qualité du système de santé.

Les Etats-Unis ont enregistré ce week-end les deux premiers décès liés au coronavirus sur le territoire américain, tous deux dans le même hôpital de la banlieue de Seattle (Washington).

Officiellement, seuls 22 cas ont été diagnostiqué sur le territoire américain, auxquels s’ajoutent 47 personnes rapatriées aux Etats-Unis.

Critiqué par l’opposition pour sa réponse initiale à la crise, le président américain Donald Trump a indiqué lundi matin sur Twitter qu’il allait recevoir dans la journée à la Maison Blanche les grands acteurs de l’industrie pharmaceutique pour discuter « vaccin et remède ».

« Des progrès sont accomplis! », a-t-il assuré.

« J’ai été critiqué par les démocrates lorsque j’ai fermé le pays à la Chine de nombreuses semaines avant ce que presque tout le monde a recommandé. Cela a sauvé de nombreuses vies », a-t-il poursuivi. « Restez calmes et vigilants! »

Le Premier ministre désigné jette l’éponge, l’Irak plonge dans l’inconnu

Le Premier ministre désigné Mohammed Allawi a renoncé à former un gouvernement, enfonçant davantage l’Irak dans l’inconnu et exacerbant la colère de la rue qui conspue ses dirigeants depuis cinq mois.

Face à des manifestants déterminés malgré près de 550 morts dans les violences, la crainte du nouveau coronavirus et face à la baisse des prix de pétrole, l’unique source de devise d’Irak, « les dirigeants sont dans une bulle », dénonce un haut responsable irakien sous couvert de l’anonymat.

Le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et son équipe « continuent comme si de rien n’était », assure-t-il. Démissionnaire en décembre, M. Abdel Mahdi, a assuré dimanche qu’il cesserait de gérer les affaires courantes lundi. Mais il a finalement préféré conserver son poste.

Dans un communiqué en fin de journée, l’homme qui ne préside déjà plus les Conseils des ministres a expliqué qu’il allait seulement se mettre « en retrait » car le « vide constitutionnel » est « le plus grand danger » et qu’il valait mieux attendre qu’un successeur soit désigné à M. Allawi et que son gouvernement soit approuvé par le Parlement.

Ce changement est loin d’être acquis, comme l’a déjà expérimenté Mohammed Allawi. Désigné début février pour former un nouveau gouvernement, il n’a jamais pu présenter sa liste de ministres au Parlement car deux fois cette semaine, l’Assemblée la plus divisée de l’histoire récente de l’Irak n’a pu atteindre le quorum.

Il y a « des parties qui ne négocient que pour leurs propres intérêts sans respect pour la cause nationale », a tonné M. Allawi dimanche en annonçant qu’il jetait l’éponge.

L’influent leader chiite Moqtada Sadr, qui ne cesse de souffler le chaud et le froid tant vis-à-vis des politiciens que des manifestants, a dénoncé « des corrompus » prenant le pays « en otage ».

– « Propres intérêts » –

La Constitution ne prévoit pas l’option d’un départ du Premier ministre en cours de mandat. La démission de M. Abdel Mahdi est sans précédent, tout comme l’échec de son successeur désigné.

Mais d’après la Constitution, sans cesse contournée par politiciens et partis décidés à jouer la montre, la balle est dans le camp du président Barham Saleh après l’échec du Parlement à voter la confiance.

M. Saleh a 15 jours pour choisir qui formera le futur gouvernement. Cette fois-ci, il le fera sans demander l’avis des grands blocs parlementaires comme l’y obligeait la Constitution pour M. Allawi.

Selon des sources politiques, il a déjà fait son choix: le chef du renseignement Moustafa al-Kazimi.

Sur la place Tahrir à Bagdad, épicentre de la contestation, les manifestants réclament toujours une nouvelle classe politique, accusant leurs dirigeants actuels de corruption et d’être incapables de leur assurer les services de base -électricité, emplois, soins médicaux etc…

« Le peuple veut quelqu’un qui n’a jamais été aux affaires », affirme à l’AFP Mohammed, étudiant de 21 ans.

De nombreux manifestants veulent au poste de Premier ministre Alaa al-Rikaby, un pharmacien de Nassiriya, à la pointe de la contestation dans le Sud.

« Les partis ne cherchent que leurs propres intérêts, ils n’écoutent ni notre opinion ni nos problèmes », s’énerve Roqiya, 20 ans, dans un des pays les plus riches en pétrole du monde où un jeune sur quatre est au chômage et un habitant sur cinq pauvre.

– Ministères « à vendre » –

« Allawi a tenté de concilier les intérêts des partis et ceux du peuple pour gagner la rue mais il a échoué sur les deux tableaux », tranche Hamid Abou Nour, un commentateur politique.

Quel que soit son successeur, sa tâche sera ardue. Il devra mener le pays vers des élections anticipées pour renouveler le système politique basé sur la répartition des postes selon ethnies et confessions.

« Seules des élections pourront changer la donne », résume le responsable irakien. Mais, et c’est là que le bât blesse, pour y arriver… il faut un gouvernement!

M. Abdel Mahdi a beau proposer des législatives début décembre couplées à un référendum constitutionnel –alors que jusqu’ici aucune des réformes réclamées par la rue n’a été votée ou sérieusement discutée au Parlement– les divergences entre Kurdes, sunnites et chiites sont telles que même le quorum est inatteignable.

Les Kurdes réclament pour leur région autonome (nord) des garanties sur leur part du budget fédéral. Avec les sunnites, ils veulent le maintien des soldats américains en Irak. Mais le prochain Premier ministre, chiite selon la répartition des postes, est lié par un vote du Parlement ordonnant leur expulsion. Seuls les députés chiites avaient alors voté.

Les trois communautés se disputent les postes ministériels dans le 16e pays le plus corrompu au monde où les postes se « vendent » et s' »achètent » selon de nombreuses sources politiques qui n’hésitent pas à donner des prix.

Virus: la cathédrale rouvre à Milan, qui vit toujours au ralenti

La cathédrale de Milan, monument symbole de la capitale économique italienne fermé une semaine durant pour cause de coronavirus, a rouvert lundi aux touristes, tout comme les musées, mais avec certaines limitations recommandées par les experts de santé publique.

Ce n’était pas la grande foule pour la réouverture à 09H00 (08H00 GMT) à l’entrée de la splendide cathédrale gothique, où se pressaient plus de journalistes que de touristes.

Parmi les rares visiteurs ayant bravé la pluie, Imasu Ohashi, un Japonais de 24 ans accompagné de sa mère. « A l’intérieur, il y avait très peu de monde », raconte-t-il aux journalistes de l’AFP qui, en fin de matinée, ne décomptaient qu’une vingtaine de personnes sous l’immense nef.

« Je suis resté une demi-heure à l’intérieur, j’ai pu admirer les peintures, les marbres, les plafonds, je suis très heureux… » explique le jeune homme, ravi de profiter de Milan et de Venise désertées tout en reconnaissant que « la situation est très difficile pour le gouvernement et les gens angoissés ».

Cristian Russovich, un touriste argentin qui porte un masque « par précaution », se félicite lui aussi de la réouverture. « Nous sommes contents parce qu’hier nous n’avons pas pu visiter le couvent où se trouve la Cène (peinte par Léonard de Vinci), fermé à cause du coronavirus », explique-t-il.

Le gouvernement a fixé par décret des limites à la réouverture des monuments et musées. Il faut le faire « de manière contingentée » en évitant le phénomène de groupes resserrés ne permettant pas d’assurer une distance de sécurité d’un mètre entre les visiteurs pour éviter la contagion, alors que l’Italie affiche le plus lourd bilan d’Europe avec 1.694 cas positifs et 34 décès.

L’Italie est désormais officiellement divisée en trois zones. La « zone rouge » placée sous quarantaine, couvre 11 communes du Nord du pays représentant plus de 50.000 habitants.

– « Symbole italien » –

La deuxième zone appelée « jaune » concerne les trois régions les plus touchées –Lombardie (qui inclut Milan), Emilie-Romagne (Bologne) et Vénétie (Venise). Les écoles et universités y sont fermées jusqu’au 8 mars. Les stations de ski restent ouvertes, mais à condition qu’on ne dépasse pas un tiers de la capacité à bord des remontées mécaniques.

Un coup d’arrêt est aussi donné aux « grands événements » sportifs et culturels (matches, concerts…), tandis que les cinémas, théâtres, discothèques et salles de sports restent fermés.

La troisième zone couvre le reste du pays où des mesures de restriction sont fixées au cas par cas.

Ainsi à Rome, l’église Saint-Louis des Français à Rome, qui recèle des chefs-d’oeuvre du peintre Le Caravage, a été fermée par précaution dimanche après que l’un de ses prêtres rentré en France a été testé positif mais elle devrait rouvrir rapidement après désinfection.

Les mesures de précaution prises par le gouvernement ne font pas l’unanimité.

Andrea Riccardi, fondateur de la communauté catholique de Sant’Egidio très proche du pape François, critique ainsi la fermeture « de tant d’églises dans le Nord de l’Italie », « des mesures qui me remplissent d’une certaine amertume ».

« Les églises ont été assimilées aux cinémas et théâtres », déplore-t-il.

« Les églises ne sont pas seulement un lieu de +rassemblement+ mais aussi un lieu spirituel, une ressource en période difficile, qui suscite de l’espoir, console et nous rappelle qu’on ne se sauvera pas tous seuls », estime-t-il, excluant tout risque aux messes dominicales « auxquelles participent une poignée de personnes dispersées sur des bancs éloignés ».

Un avis partagé par certains sur le parvis de la cathédrale de Milan. « C’est important que la cathédrale rouvre. Il est illogique d’avoir des supermarchés ouverts mais des églises fermées », estime Ivano Caiola, 54 ans, harnaché d’un sac à dos et venu avec sa femme retirer le carnet officiel de pèlerin pour Saint-Jacques de Compostelle. « La cathédrale, pour nous c’est un symbole italien, c’est notre histoire ».

La Corée du Nord tire deux « missiles balistiques de courte portée »

La Corée du Nord a tiré lundi deux projectiles qui étaient vraisemblablement des missiles balistiques de courte portée, quelques semaines après avoir mis fin à son moratoire sur les essais de missiles longue portée et menacé de tester une « nouvelle arme stratégique ».

Ces lancements surviennent alors que les négociations entre Washington et Pyongyang sur les programmes nucléaire et balistique nord-coréens sont dans l’impasse. La Corée du Nord avait donné aux Etats-Unis jusqu’à la fin de l’année 2019 pour faire de nouvelles propositions.

Les deux engins ont été tirés en direction de l’est, au-dessus de la mer, depuis la région de Wonsan, sur la côte orientale, a précisé l’état-major interarmes sud-coréen (JCS) dans un communiqué. Les projectiles ont parcouru 240 km à une altitude maximale de 35 km.

Il s’agissait « vraisemblablement de missiles balistiques de courte portée », a déclaré un responsable du JCS.

Le gouvernement sud-coréen s’est dit « profondément préoccupé » de ce que le Nord « mène des actions qui fassent remonter les tensions militaires », a indiqué la Maison bleue, la présidence sud-coréenne, dans un communiqué.

Le ministère japonais de la Défense a assuré que rien ne laissait penser que les projectiles se soient abîmés dans ses eaux ou sa zone économique spéciale, tout en ajoutant: « Les lancements répétés de missiles balistiques ou autres par la Corée du Nord sont une question importante ».

La Corée du Nord avait réalisé en fin d’année dernière une série de tirs, dont le dernier en novembre, parlant parfois de tirs de missiles balistiques ou d’essai de « système de lancement multiple de fusées guidées de gros calibre ». Elle avait aussi testé en décembre un moteur.

– Impasse diplomatique –

Le leader nord-coréen Kim Jong Un avait annoncé fin décembre la fin du moratoire sur les essais nucléaires et les essais de missiles balistiques intercontinentaux, lors d’une réunion des dignitaires du parti au pouvoir. Il avait par ailleurs menacé de faire la démonstration d’une « nouvelle arme stratégique ».

La péninsule a connu en 2018 une remarquable détente, illustrée par des rencontres historiques entre M. Kim et le président américain Donald Trump.

Mais les négociations sur la dénucléarisation sont au point mort depuis le deuxième sommet entre les deux hommes, en février 2019 à Hanoï.

Pyongyang a par le passé tiré des missiles capables d’atteindre l’intégralité du territoire continental des Etats-Unis. La Corée du Nord a en outre réalisé six essais nucléaires, dont le dernier était celui d’un engin 16 fois plus puissant que la bombe qui a dévasté Hiroshima en 1945, selon les estimations hautes.

Sous le coup de multiples sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies en raison de ses programmes militaires interdits, la Corée du Nord a souvent par le passé réalisé des essais de missiles pour accroître la pression internationale et essayer d’arracher des concessions de la communauté internationale.

Ces tirs surviennent au moment où Pyongyang tente par ailleurs d’éviter que le coronavirus apparu en décembre dans la Chine voisine ne se propage sur son sol. Les experts soulignent qu’une telle épidémie pourrait être catastrophique dans un pays dont le système de santé est notoirement défaillant.

« Mars est un mois où la Corée du Nord a coutume de faire des essais de missiles », a observé dans un tweet Ankit Panda, de la Fédération des scientifiques américains. « Il semble que le Covid-19 n’ait pas changé cela (ou alors Pyongyang est déterminé à faire croire que cela n’a rien changé) ».

L’ex-responsable du Département d’Etat américain Mintaro Oba a également relevé que l’attention internationale se portait actuellement sur le coronavirus.

« Mais cela rappelle que la Corée du Nord continue de développer ses programmes nucléaire et balistique ». Elle va « chercher des moyens de gagner du poids et de reprendre l’initiative à l’approche de l’élection présidentielle américaine », a-t-il estimé.

La Corée du Nord n’a fait état d’aucun cas de la maladie qui a pourtant infecté plus de 88.000 personnes dans le monde te fait plus de 3.000 morts.

La semaine dernière, Séoul et Washington ont annoncé le report de leurs exercices militaires conjoints en raison de l’ampleur de l’épidémie au Sud, où la maladie a contaminé plus de 4.000 personnes.

Troisième round électoral en Israël, Gantz appelle à tourner la page Netanyahu

L’opposant Benny Gantz a appelé lundi à tourner la page de l’ère de Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, lors des troisièmes législatives en moins d’un an en Israël, pays plongé dans la plus grave crise politique de son histoire.

Et à l’heure du nouveau coronavirus, ce vote a donné parfois lieu à des scènes de science-fiction dans des bureaux désignés, où du personnel électoral en combinaison de protection accueille des Israéliens entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans des pays touchés par l’épidémie.

Après avoir voté à Jérusalem, M. Netanyahu a appelé ses partisans à voter en masse pour assurer la « victoire », affirmant que « cette affaire de coronavirus est totalement sous contrôle ».

Dans le camp adverse, M. Gantz, son principal rival, a dit « espérer qu’aujourd’hui marquera le début d’un processus de guérison (…) Aujourd’hui, nous allons changer de disque, mettre fin aux dérapages, aux mensonges et à la manipulation. »

Après des élections en avril et septembre 2019 n’ayant pas réussi à départager le Likoud (droite) de M. , 70 ans, et la formation centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc ») de M. Gantz, 60 ans, les Israéliens sont appelés à boucler ce triathlon politique.

Une chose a changé depuis le dernier scrutin: l’inculpation de Benjamin Netanyahu, devenu en novembre le premier chef de gouvernement israélien en fonction à être mis en examen, et de surcroît pour corruption, malversations et abus de confiance.

M. Netanyahu joue son avenir politique à deux semaines du de son procès le 17 mars. Son inculpation n’a pas causé de fléchissement de ses soutiens au Likoud, selon les derniers sondages qui prévoient une nouvelle lutte serrée avec M. Gantz, pouvant se jouer à un ou deux sièges près.

– « Il reste innocent » –

Quelque 6,4 millions d’électeurs sont appelés à voter jusqu’à 22H00 (20H00 GMT). Suivront des sondages à la sortie des urnes et des résultats préliminaires.

Ella Levy, 63 ans, a voté pour « Bibi Netanyahu ». Il « nous a menés où nous sommes aujourd’hui, politiquement, économiquement et je veux que cela continue. Et puis, il reste innocent jusqu’à preuve du contraire. »

Etudiante en mathématiques, Inbal a elle donné sa voix à Benny Gantz pour empêcher M. Netanyahu de rester au pouvoir. « Gantz ne m’impressionne pas mais il n’y a pas d’autres options. »

Ni le Likoud, ni « Bleu-blanc » ne peuvent former un gouvernement sans l’appui d’autres partis.

M. Netanyahu, au pouvoir pendant 14 ans dont la dernière décennie sans interruption, compte sur le soutien des formations ultra-orthodoxes du Shass, du Judaïsme unifié de la Torah ainsi que de la liste Yamina (droite radicale).

« Bleu-Blanc » mise sur le soutien des partis de gauche, réunis au sein d’une liste unique, et pourrait bénéficier d’un appui de la « Liste unie » des partis arabes israéliens qui avaient provoqué la surprise en septembre en gravissant la troisième marche du podium avec 13 sièges.

« Nous espérons cette fois en obtenir 16 », a dit le chef de la « Liste unie », Ayman Odeh, dont l’objectif avoué est de barrer la route à M. Netanyahu, « parrain » selon lui du plan du président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.

La « Liste unie » tente de récolter les fruits de la frustration chez la minorité arabe israélienne (environ 20% de la population) face à ce plan applaudi par Israël et rejeté par les Palestiniens.

– Une campagne « sale » –

M. Netanyahu a mené sa campagne sur le socle du projet Trump, en promettant l’annexion rapide de la vallée du Jourdain et de colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, comme prévu par le plan.

Benny Gantz soutient lui aussi le projet américain.

La campagne électorale a été marquée par des scandales, des mots parfois durs, voire des conversations personnelles de responsables politiques enregistrées à leur insu puis diffusées dans les médias…

« Nous ne méritons pas une autre campagne sale et lamentable comme celle qui s’est achevée aujourd’hui et nous ne méritons pas cette instabilité sans fin », a déclaré le président Reuven Rivlin, qui a dit ressentir une « honte profonde ».

Dans cette élection, la grande inconnue demeure la participation liée entre autres à la crainte du nouveau coronavirus.

Des bureaux de vote spécifiques ont été désignés pour environ 5.600 Israéliens entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans des pays touchés par l’épidémie.

Selon un dernier bilan, dix cas ont été recensés en Israël.

Des partis redoutent que la propagation de « fausses nouvelles » sur cette épidémie pousse les électeurs à éviter les bureaux de vote.

Primaires démocrates: Buttigieg jette l’éponge, l’horizon de Biden s’éclaircit

Le jeune candidat modéré Pete Buttigieg a abandonné dimanche la course démocrate à la Maison Blanche, renforçant les chances de Joe Biden face au favori Bernie Sanders, plus à gauche.

La nouvelle choc de son retrait est tombée à deux jours de la primaire géante du , lorsque les électeurs démocrates de 14 Etats voteront pour choisir celui, ou celle, qui affrontera Donald Trump le 3 novembre.

Et alors que le modéré Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, bénéficiait déjà d’une dynamique décuplée grâce à sa large victoire samedi à la primaire démocrate de Caroline du Sud.

« Notre objectif a toujours été d’aider à rassembler les Américains pour battre Donald Trump », a déclaré , premier candidat ouvertement homosexuel dans la course à la Maison Blanche.

Il n’a pas eu d’autre choix que de se retirer et « d’aider à rassembler » le parti a-t-il expliqué lors d’un discours ému dans sa ville de South Bend, dans l’Indiana, dont il a été maire.

Agé de 38 ans, il s’était positionné comme un modéré, mettant en garde contre les excès de l’aile gauche du parti, incarnée par Bernie Sanders. Il l’avait remporté d’un cheveu face à lui dans l’Iowa et était arrivé deuxième dans le New Hampshire.

Une excellente performance pour cet inconnu du grand public il y a encore peu.

Sa décision survient après une sévère défaite en Caroline du Sud, qui a mis en lumière sa grande difficulté à mobiliser au sein de l’électorat noir, essentiel pour qu’un démocrate remporte la Maison Blanche.

Comme certains observateurs, Donald Trump a prédit, sur Twitter, que Joe Biden serait le grand bénéficiaire du départ de Pete Buttigieg.

Mais la société d’analyse Morning Consult affirmait que le report de voix pourrait être presque équivalent entre MM. Biden et Sanders.

– « Coup de fouet » –

Après sa victoire en Caroline du Sud, Joe Biden, 77 ans, s’est plus que jamais posé dimanche en alternative à Bernie Sanders, 78 ans, mettant en doute la capacité de son rival démocrate à rassembler.

Après avoir déçu lors des trois premiers scrutins en Iowa, dans le New Hampshire et le Nevada, M. Biden a finalement réussi à stopper l’hémorragie samedi, réunissant quasiment la moitié des suffrages exprimés (48,4%), plus du double de Bernie Sanders (19,9%), deuxième.

« C’est un gros coup de fouet pour nous », s’est félicité Joe Biden dimanche sur CNN.

Plus d’un tiers des délégués (environ 34%), qui choisiront le candidat du parti lors de la convention démocrate, mi-juillet, seront désignés mardi lors du « Super Tuesday ».

Le septuagénaire fut longtemps le super favori au sein des démocrates avant d’être dépassé par Bernie Sanders. Il ne sont plus que six à briguer l’investiture démocrate, dont trois hommes approchant des 80 ans.

Les autres candidats distancés, Joe Biden affronte mardi un Bernie Sanders qui a levé quasiment le double du montant récolté par son équipe de campagne (134 millions de dollars contre 70) et dispose d’un réseau de terrain inégalé chez les démocrates.

Pour amplifier son élan, celui qui fut sénateur du Delaware de 1973 à 2009 est reparti à la charge contre son principal concurrent, un socialiste autoproclamé dont le programme trop à gauche, selon lui, risque d’échauder une part importante des électeurs.

Mal positionné dans de nombreux Etats importants en jeu mardi, notamment la Californie et le Texas, Joe Biden s’est projeté vers la présidentielle en affirmant qu’il pourrait rassembler au-delà de la base démocrate dans des Etats qui balancent entre les deux grands partis.

– « Pas de révolution » –

« Pour battre Trump, nous allons avoir besoin de la plus forte participation de l’histoire de ce pays », a répliqué Bernie Sanders, sur ABC. « Et je ne crois pas que ce soit faisable si vous n’avez pas un message qui résonne au sein de la classe ouvrière et des classes moyennes. »

« Les gens ne veulent pas d’une révolution », a martelé Joe Biden, en référence au programme de Bernie Sanders.

M. Biden voit aussi approcher la menace Michael Bloomberg, ancien maire de New York et ex-républicain, qui entrera en lice mardi. Il a déjà dépensé plus de 500 millions de dollars en publicités de campagne, du jamais vu.

« Le parti démocrate veut un démocrate », a lancé Joseph Robinette Biden Jr, de son nom complet, sur Fox. « Pas un socialiste, pas un ancien républicain ».

Erdogan menace l’Europe de « millions » de migrants, réclame une trêve en Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que « des millions » de migrants se rendraient en Europe après l’ouverture des frontières, accentuant la pression sur l’Occident dont il attend davantage d’appui pour obtenir une trêve en Syrie.

Depuis que la Turquie a ouvert vendredi ses frontières avec l’Europe, plusieurs milliers de personnes se sont ruées vers la Grèce, une situation préoccupante pour l’Europe qui redoute une nouvelle crise migratoire majeure semblable à celle de 2015.

Ankara, qui est de facto devenu le gardien de l’Europe après avoir conclu un pacte migratoire en 2016 avec Bruxelles, a ouvert les portes pour obtenir davantage de soutien en Syrie où la Turquie a annoncé dimanche le lancement d’une offensive contre le régime.

Alors que la Turquie multiplie depuis plusieurs jours les frappes de drones dans la région d’Idleb (Nord-Ouest), M. Erdogan a dit qu’il espérait arracher une trêve lors de discussions à Moscou jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, soutien de Damas.

A la frontière entre la Turquie et la Grèce, des milliers de migrants continuaient d’affluer dans l’espoir de traverser, en dépit des mesures draconiennes prises par Athènes, dont les forces tirent des grenades lacrymogènes et utilisent des canons à eau.

« Depuis que nous avons ouvert nos frontières (vendredi), le nombre de ceux qui se sont dirigés vers l’Europe a atteint les centaines de milliers. Bientôt, ce nombre s’exprimera en millions », a affirmé M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.

Ces chiffres semblent largement surévalués par rapport à la réalité observée sur le terrain par l’AFP. Samedi soir, l’ONU avait compté 13.000 personnes à la frontière gréco-turque.

– Arrivées sur les îles –

Selon les autorités grecques, 1.300 demandeurs d’asile ont réussi à gagner les îles égéennes entre dimanche matin et lundi matin. Un petit garçon est mort lundi au large de Lesbos lors du naufrage d’une embarcation chargée d’une cinquantaine de migrants.

Se faisant menaçant, M. Erdogan a affirmé qu’il maintiendrait les « portes de l’Europe ouvertes. Maintenant, vous allez prendre votre part du fardeau+ », a-t-il dit lundi lors d’un discours à Ankara.

Face à cette situation et pour montrer leur solidarité, les dirigeants des institutions européennes vont se rendre mardi dans la zone frontalière côté grec, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Et la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué qu’elle attendait que cet accord soit « respecté ». Elle doit s’entretenir lundi soir au téléphone avec M. Erdogan, selon ce dernier.

Mme Merkel avait piloté, côté européen, les négociations qui avaient abouti en mars 2016 à un accord migratoire controversé aux termes duquel Ankara s’engageait notamment à lutter contre les traversées illégales vers la Grèce en échange d’une aide financière.

Le chef de l’Etat turc doit par ailleurs recevoir lundi le Premier ministre bulgare Boïko Borissov, dont le pays est frontalier de la Turquie.

La Turquie accueille sur son sol plus de quatre millions de réfugiés et migrants, en majorité des Syriens.

Ankara a aussi justifié l’ouverture des frontières avec l’Europe par son incapacité à faire face à une nouvelle vague migratoire, alors que près d’un million de personnes déplacées par une offensive du régime syrien à Idleb sont massées à la frontière turque.

– Rencontre Erdogan-Poutine –

Après des semaines d’escalade, la Turquie a annoncé dimanche qu’elle avait lancé une offensive d’envergure baptisée « Bouclier du Printemps » contre le régime de Bachar al-Assad, soutenu par Moscou.

Les forces turques ont abattu deux avions syriens et tué plusieurs dizaines de soldats. « Ce n’est que le début », a prévenu lundi M. Erdogan.

De son côté, le régime syrien a affirmé sa détermination à repousser l’offensive menée par Ankara, qui sera au cœur de la rencontre entre MM. Erdogan et Poutine jeudi à Moscou.

« Je vais discuter de ces développements avec M. Poutine. J’espère qu’il prendra les mesures nécessaires comme un cessez-le-feu et que nous trouverons une solution », a affirmé lundi M. Erdogan.

Alors que la rencontre entre MM. Erdogan et Poutine s’annonce tendue, le Kremlin a souligné lundi la « grande importance » de la coopération entre Ankara et Moscou en Syrie, où le conflit a fait plus de 380.000 morts depuis 2011.

La Turquie appuie certains groupes rebelles et la Russie soutient le régime d’Assad. En dépit de leurs intérêts divergents, les deux pays ont renforcé leur partenariat ces dernières années.

Mais cette relation s’est dégradée depuis que plus de 30 militaires turcs ont été tués la semaine dernière dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime, qui se dit déterminé à reprendre la région d’Idleb, dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie.

Au sol, les combats faisaient rage autour de la ville stratégique de Saraqeb, qui a plusieurs fois changé de mains ces dernières semaines. Selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, les troupes du régime sont entrées lundi dans cette ville.

Plus de 3.000 décès liés au coronavirus, la propagation s’accélère hors de Chine

L’épidémie de nouveau coronavirus, dont le bilan a dépassé lundi les 3.000 morts, se propage désormais à un rythme beaucoup plus rapide à travers le monde qu’en Chine où elle est née, et pèse lourdement sur l’économie mondiale.

La France, nouveau foyer aigu de la contamination en Europe avec 130 cas depuis fin janvier, a enregistré son troisième décès depuis le début de l’épidémie, une personne résidant dans la même ville du nord de la France (Crépy-en-Valois) qu’une précédente victime.

L’Union européenne a relevé son évaluation du risque à « modéré à élevé », avec un dernier bilan de 2.100 cas confirmés dans 18 pays membres. Sans compter le dernier décès en France, l’UE comptabilisait en fin de matinée sur son territoire 38 décès, dont 35 en Italie.

Les ministres de la Santé de l’UE ont été convoqués pour une réunion extraordinaire vendredi à Bruxelles.

En Chine, où le virus est apparu fin 2019, les autorités ont annoncé lundi 42 nouveaux décès, portant le bilan de la maladie dans le pays à 2.912 morts et dans le monde à plus de 3.000. Les 202 nouveaux cas signalés lundi en Chine continentale constituent toutefois la plus faible augmentation quotidienne depuis fin janvier.

Si l’épidémie de Covid-19 semble faiblir en Chine, où des mesures de quarantaine draconiennes visent plus de 50 millions de personnes, elle continue de s’aggraver dans plusieurs pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué lundi qu’il y avait eu en 24 heures près de neuf fois plus de nouveaux cas signalés ailleurs dans le monde qu’en Chine.

En Italie, pays le plus touché en Europe, quelque 500 nouveaux cas ont été recensés dimanche, un bond spectaculaire qui porte le nombre de contagions à près de 1.700.

Un second cas a été signalé lundi en Egypte, pays qui avait annoncé mi-février le premier cas sur le continent africain.

– Réponse concertée –

Un deuxième décès a également été annoncé aux Etats-Unis où 21 cas ont été recensés, auxquels s’ajoutent 47 malades rapatriés de l’étranger. Plusieurs patients diagnostiqués ces derniers jours n’avaient aucun lien connu avec un foyer de l’épidémie, ce qui laisse à penser que la maladie commence à se propager sur le sol américain, encore très épargné.

Quant à la Corée du Sud, deuxième pays le plus touché après la Chine, elle a recensé lundi près de 600 cas supplémentaires et huit nouveaux décès, pour un total de plus de 4.300 contaminations, dont 26 mortels.

Le leader du mouvement religieux lié à la moitié des cas de coronavirus en Corée du Sud a présenté ses excuses pour la responsabilité de son organisation dans la propagation de l’épidémie.

La Thaïlande, qui a enregistré 43 cas de contamination, a fait état lundi de son premier décès, un Thaïlandais de 35 ans qui souffrait également de la dengue.

L’Iran, l’un des pays les plus touchés, a rejeté lundi une proposition d’aide des Etats-Unis, conditionnée à la demande express de Téhéran. Paris, Berlin et Londres, par ailleurs co-signataires de l’accord sur le nucléaire iranien, ont annoncé qu’ils allaient fournir au pays un soutien matériel et financier.

– Risque de récession –

L’épidémie fait par ailleurs redouter une crise économique d’ampleur planétaire.

Le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Thierry Breton, a évoqué un risque de récession en Allemagne et Italie en début d’année. Il a également évalué à un milliard d’euros par mois les pertes pour l’industrie européenne du tourisme.

L’OCDE a ramené lundi sa prévision de croissance planétaire de 2,9% à 2,4% et mis en garde contre un scénario encore plus noir si l’épidémie devait s’aggraver.

Le spectre de la récession plane sur l’Italie pour 2020 en raison de l’impact du virus, après une année 2019 déjà marquée par une faible performance économique.

Les marchés ont subi la semaine dernière leur plus forte dégringolade depuis la crise financière de 2008. La Bourse de Tokyo s’est reprise lundi (+0,95%), ainsi que les places chinoises. Toutefois, Milan perdait encore 2,5% lundi après-midi. Les bourses européennes étaient partagées sur la direction à prendre, et Wall Street a ouvert en hausse.

Le commissaire européen à l’Economie Paolo Gentiloni a appelé les pays de l’UE à agir pour soutenir l’économie, évoquant une « réponse budgétaire coordonnée des pays européens ».

Le ministre Bruno Le Maire s’attend de son côté à des conséquences pour l’économie française, dont la croissance pourrait passer sous la barre des 1%, « maintenant que l’épidémie touche beaucoup plus de pays, notamment la France ».

Le Louvre, plus grand musée du monde, est resté fermé lundi pour une deuxième journée consécutive. Le personnel a invoqué son droit à cesser le travail en cas de danger.

– Grand Prix annulé –

L’épidémie bouleverse aussi le calendrier sportif. Le Grand Prix moto du Qatar, prévu le 8 mars en ouverture du championnat du monde, a été annulé, et celui de Thaïlande, prévu le 22 mars, reporté. En Italie, plusieurs matches du championnat de football (Serie A) ont été reportés.

En Europe, le comité organisateur a indiqué que les matches du Tournoi des Six-nations, outre Irlande-Italie déjà reporté, étaient maintenus « pour l’instant.

L’OMS a porté en fin de semaine le niveau de la menace à « très élevé », son degré maximum. Elle a averti que se croire à l’abri du Covid-19 serait une « erreur fatale ».

Le taux de mortalité semble être de 2 à 5%, selon l’OMS, qui a appelé dimanche les pays à travers le monde à s’approvisionner en dispositifs médicaux d’assistance respiratoire, indispensables pour traiter les patients atteints de la forme sévère de la maladie.

burx-bar-mla/fmi/sg

Slovaquie: Igor Matovic, leader bouillonnant de l’opposition

Lancé à fond dans la dénonciation de la corruption des élites en Slovaquie, l’auto-proclamé « homme du peuple » Igor Matovic, 46 ans, est un homme politique versatile et bouillonnant, qui bouscule l’ordre établi.

« Nous chercherons à former le meilleur gouvernement que la Slovaquie ait jamais eu, avec l’aide des autres leaders de l’opposition démocratique », a-t-il dit aux journalistes à l’annonce des résultats du sondage sortie des urnes, selon lesquels un électeur sur quatre avait voté pour son parti OLaNO (Gens ordinaires et personnalités indépendantes).

Ses partisans voient en lui un non-conformiste doué pour l’autopromotion, tandis que pour ses adversaires l’homme politique est imprévisible, adorant les feux de la rampe et voulant tout contrôler.

Après des études de gestion de finances, Matovic, marié et père de deux filles, avait fondé une maison d’édition qui a bien grandi et contrôle aujourd’hui des dizaines de journaux régionaux.

Il avait aussi possédé un patrimoine immobilier important dans sa ville natale de Trnava, dans l’ouest de la Slovaquie.

Quand il est entré en politique il y a une dizaine d’années, il a transféré tous ses biens et affaires, estimés à plusieurs millions d’euros, à sa femme Pavlina.

Il a fondé alors son mouvement baptisé Gens ordinaires et personnalités indépendantes pour combattre la corruption dans la fonction publique. Mais, après avoir obtenu plusieurs sièges au Parlement, il a vu plusieurs députés quitter sa formation pour cause de conflits internes.

« Il dirige l’OLaNO comme un dictateur », a affirmé lors d’un débat télévisé Michal Truban, chef du parti libéral Slovaquie progressiste et partenaire de coalition potentiel.

Mais, comme pour démentir cette observation, Matovic a mis à la tête de la liste OLaNO un enseignant peu connu, et a réservé la dernière place pour lui-même.

OLaNO a attiré plusieurs candidats hauts en couleurs et populaires, dont un joueur de tennis professionnel et un comédien.

– Singeries politiques –

Les critiques de Matovic ont souvent accusé l’ancien patron de presse d’aimer trop les caméras et de transformer les débats parlementaires télévisés en one-man show.

Certes, il a souvent pratiqué les effets spéciaux en politique. En 2013, il a apporté au Parlement une silhouette en carton du Premier ministre Robert Fico, accusant le chef du parti au pouvoir Smer-SD (gauche) d’être trop proche d’oligarques locaux. « Il a offert la Slovaquie aux riches », pouvait-on lire sur la figure en carton.

Fico a dû démissionner en 2018 après l’assassinat du journaliste Jan Kuciak, tué par balles alors qu’il enquêtait sur la corruption dans les hautes sphères.

Il est aussi arrivé à Matovic d’arborer au Parlement une chemisette avec l’inscription « Fico défend les voleurs ».

Il a eu recours à une tactique semblable en se montrant en direct sur Facebook en train de placer à Cannes (France), sur la clôture d’une villa, des panneaux la déclarant « propriété de la République slovaque » et accusant le propriétaire, un ex-ministre Smer-SD, de frauder les contribuables.

« Je veux faire de la politique comme je le sens, et pas de manière correcte », a-t-il dit au quotidien Dennik N, tout en admettant craindre que ses gestes ne le fassent passer « pour un clown ».

– « Imprévisible » –

Ses amis et des analystes le considèrent comme un homme politique doué, mais difficile.

Le décrivant à l’AFP sous le couvert d’anonymat, un ancien collaborateur de Matovic le qualifie de « phénomène ». « C’est un communicant extrêmement habile. Il est effréné et sincère – parfois trop sincère », dit-il.

« Sa force, c’est son instinct politique et son don pour le marketing politique », pense l’analyste Juraj Marusiak. Cependant, « son caractère imprévisible fait de lui un partenaire problématique ».

« Il est bon pour présenter des problèmes complexes d’une manière très simple », a dit à l’AFP l’analyste de Bratislava Pavol Babos « Mais il est toujours difficile de prévoir s’il tiendra les promesses qu’il fait ».

A l’approche des législatives, Matovic a lancé sur internet un sondage, encourageant les gens à choisir la politique du futur gouvernement en établissant un ordre de priorités parmi les sujets proposés.

Fariba Adelkhah et Roland Marchal, deux chercheurs de terrain internationalement reconnus

Fariba Adelkhah et Roland Marchal, les universitaires français détenus en Iran, dont le procès s’ouvrira mardi, sont tous deux des chercheurs de terrain « de haute volée », selon plusieurs de leurs collègues, qui mettent en avant la même intransigeance critique.

+ Fariba Adelkhah

Il faut « sauver les chercheurs, sauver la recherche, pour sauver l’histoire »: ces mots, Fariba Adelkhah les a écrits de sa prison d’Evine, à Téhéran. Arrêtée début juin par les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime, avec son compagnon Roland Marchal, la chercheuse franco-iranienne est poursuivie pour « propagande contre le système » politique de la République islamique d’Iran et « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ».

Dimanche dernier, elle a été admise à l’hôpital de la prison d’Evine suite à une grave détérioration de son état de santé, selon son avocat, qui y voit le résultat de la grève de la faim qu’elle a menée de fin décembre à mi-février.

Cette spécialiste de l’anthropologie sociale et de l’anthropologie politique de l’Iran post-révolutionnaire a rejoint le Ceri (le Centre de recherches internationales, une unité mixte de recherche commune à Sciences Po et au CNRS) en 1993.

« Toute sa démarche part du terrain », explique Béatrice Hibou, également chercheuse au Ceri. « Extrêmement reconnue dans le milieu universitaire », elle est l’une des rares à porter un regard « critique » et non pas « politique » sur la société iranienne, souligne cette proche.

Née en Iran en 1959, dans une famille de la petite classe moyenne de la province du Khorassan (région située à la frontière de l’Afghanistan), Fariba Adelkhah n’a jamais cessé de retourner dans ce pays, dont sont issus la plupart de ses travaux de recherche.

En 1977, elle arrive en France, à l’université de Strasbourg, pour y commencer des études. C’est là qu’elle rencontre Roland Marchal.

Marquée par la lecture de Simone de Beauvoir, ses travaux initiaux portent sur les femmes et la Révolution islamique.

Cette femme menue aux cheveux noirs, « courageuse » et « combative », selon plusieurs collègues, qui aime traduire des poèmes chrétiens du Moyen-Âge en persan, avait récemment étendu le champ de ses travaux à l’Afghanistan et l’Irak.

Elle s’inquiète de l’isolement auquel est soumis son compagnon, poursuivi pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale », et retenu dans l’aile des Gardiens de la révolution. Leur avocat tentait récemment de légaliser un mariage qui autoriserait un droit de visite.

+ Roland Marchal

« Bourreau de travail, constamment sur le terrain », c’est un « grand chercheur, reconnu internationalement », dit de lui Sandrine Perrot, qui travaille avec lui au Ceri.

Africaniste spécialiste de la Corne de l’Afrique, il a consacré l’essentiel de son œuvre à l’analyse des guerres civiles en Afrique subsaharienne, notamment dans leur rapport à la formation des États.

« Son pays de cœur est la Somalie, mais il connaît aussi très bien le Tchad, la République centrafricaine, le Mali et le Soudan », souligne Mme Perrot. « Ses analyses des guerres, des violences, de la sociologie des groupes armés, ont marqué des tournants dans la littérature », avance-t-elle.

Connu pour avoir des prises de position très franches, notamment sur la politique française au Tchad, qui lui ont valu la réputation d’être « un chercheur à la dent dure », ses critiques étaient « toujours étayées par le terrain », poursuit la chercheuse.

Originaire de Lorraine, ce mathématicien de formation, très engagé à gauche, « est tombé dans la marmite des sciences sociales et a rejoint le Ceri en 1997 », indique Jean-François Bayard, ancien directeur du centre de recherches.

« Chercheur de haute volée, bourru, très exigeant, pas forcément aimé de tous », il fait montre, comme sa compagne Fariba Adelkhah, d’une totale « intégrité professionnelle » et d’une « indépendance absolue », poursuit ce proche.

Décrit aussi comme « râleur », « sarcastique », « très généreux, notamment avec les jeunes chercheurs », « il s’est toujours énormément soucié des sociétés qu’il étudiait, comprenant souvent avant tout le monde ce qui se jouait sur le terrain », souligne Marielle Debos, chercheuse à l’université de Nanterre, qui a travaillé avec lui.

Cet homme trapu aux cheveux gris de 64 ans qui a, aux dires de ses proches, beaucoup maigri en prison et serait très affecté psychologiquement par la longueur de sa détention, est aussi un grand amateur de livres, notamment de polars américains.

Benny Gantz, une main de fer dans un gant de velours

Ancien chef de l’armée, le centriste Benny Gantz affiche une image de « Monsieur Propre » de la politique face à son rival aux élections en Israël, Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption, dont il partage toutefois une vision sécuritaire musclée.

A 60 ans, celui qui se veut pragmatique face aux idéologies radicales de la droite va tenter pour la troisième fois en moins d’un an d’obtenir suffisamment de voix pour former une coalition gouvernementale.

Ce père de quatre enfants, à l’attitude décontractée et abordable, n’avait aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former un nouveau parti, Kahol Lavan, « Bleu-blanc » en français, les couleurs du drapeau israélien.

Mais en fédérant les opposants au Premier ministre, il a réussi, avec sa liste regroupant des personnalités de gauche et de droite, à terminer ex-aequo avec M. Netanyahu aux législatives d’avril et de septembre 2019.

Son but est clair: chasser Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis dix ans et dont le procès pour corruption s’ouvre le 17 mars.

« Le monde doit savoir que nous sommes pragmatiques et voyons uniquement le bien de l’Etat sans se préoccuper d’intérêts personnels », estime celui qui dit vouloir restituer un sens de « l’honneur » à la fonction de Premier ministre.

– « Honnêteté » –

Pur « sabra », terme désignant les juifs nés en Israël, ce fils d’immigrants rescapés de la Shoah est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du Sud.

Le jeune Gantz rejoint l’armée en 1977. Parachutiste, il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015.

Dans un pays où l’armée est fédératrice, cet homme de 1m95 aux yeux bleus bénéficie d’une grande aura conférée par ses faits d’armes et son rang d’ancien commandant des armées.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques à partir de Gaza sur Israël.

Lors de la dernière guerre à Gaza contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas (2014), c’est lui qui était aux commandes et s’est targué du nombre de « terroristes » palestiniens tués dans un clip de campagne, sans évoquer les victimes civiles.

Il a accusé le gouvernement actuel de « faire trop de concessions » et promis d’imposer « une politique de dissuasion » contre le Hamas à qui Israël a livré trois guerres depuis 2008.

– « Fréquentes bourdes » –

Cultivant son image de « dur à cuire », M. Gantz a multiplié les appels du pied en direction de l’électorat de droite, poussant M. Netanyahu à le qualifier de « pâle imitation » de sa personne.

« Soudain, tout le monde est de droite », a ironisé le Premier ministre.

Le Likoud a publié une vidéo avec des extraits d’interventions de Benny Gantz durant lesquelles il a commis des bourdes, confondant des noms ou bégayant lors de discours de campagne.

Interrogé par un journaliste à ce sujet, Benny Gantz a répondu que parfois « il pense plus vite qu’il ne parle ».

« Je ne fais pas carrière à la télévision, je ne suis pas présentateur au journal télévisé, je suis un leader avec derrière lui près de 40 ans de direction dans l’armée », a-t-il asséné.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Face au brillant orateur qu’est Benjamin Netanyahu, aura-t-il convaincu les électeurs de voter pour lui? La question reste ouverte.

Pete Buttigieg, le jeune maire de l’Indiana qui rêvait de Maison Blanche

A 38 ans, il rêvait de « faire mentir les sceptiques » et d’accéder à la Maison Blanche. Pete Buttigieg n’a pas réussi son coup. Mais il a marqué les esprits.

La voix de ce trentenaire polyglotte ouvertement homosexuel a fait souffler un vent frais sur les primaires démocrates dont les deux favoris – Bernie Sanders et Joe Biden – sont septuagénaires et ont siégé pendant des décennies au Sénat.

Doté d’un patronyme imprononçable – dont il avait fait un argument de campagne – il s’était lancé sans autre expérience que la gestion pendant huit ans de la ville de 100.000 habitants où il est né, South Bend, dans l’Indiana.

Très à l’aise durant les débats ou sur les estrades de campagne, « Mayor Pete » était mû par une indéniable confiance en lui, qualifiée d’arrogance par ses détracteurs qui ironisaient sur ce jeune homme trop impatient.

Sa victoire initiale dans l’Iowa lui avait laissé entrevoir l’hypothèse d’un succès final face à des candidats entrés en politique avant sa naissance. Mais son absence de soutien chez les Noirs, électorat traditionnel des démocrates, lui a coûté cher.

Sa foi en son destin ne date pas d’hier. Lycéen, Pete Buttigieg se souvient d’avoir levé la main quand un professeur demanda qui aimerait devenir président.

– Harvard, Oxford, McKinsey –

Peter Paul Montgomery Buttigieg est né le 19 janvier 1982 à South Bend, de parents professeurs d’anglais à l’université de Notre Dame. Son père, spécialiste du philosophe marxiste Antonio Gramsci, était un immigré maltais venu faire son doctorat aux Etats-Unis, où il a rencontré sa mère.

Fils unique, Pete Buttigieg excelle à l’école. Son parcours est typique des premiers de la classe: il entre à Harvard, obtient une bourse prestigieuse et part deux ans à Oxford, avant d’être recruté par le grand cabinet de conseil McKinsey, en 2007: « rien de très excitant », selon lui.

A 25 ans, la politique le ramène à South Bend. Il se présente à l’élection de trésorier de l’Indiana et est largement battu. Mais en 2011, le poste de maire s’ouvre et il se fait élire. Ce sera son tremplin.

Réserviste de la Navy depuis quelques années, le maire est envoyé sept mois en Afghanistan en 2014, comme analyste de renseignement.

Avait-il déjà des arrière-pensées politiques au moment d’entrer dans l’armée? « Si la réponse était oui, est-ce que cela rendrait mon service moins pur? » a-t-il répondu dans le podcast The Daily.

Toutes ces années, il vit avec un secret enfoui: il est homosexuel. « Si vous m’aviez donné une pilule pour devenir hétéro, je l’aurais avalée avant même le verre d’eau », a-t-il confié l’an dernier.

Son coming-out, il ne le fera qu’en 2015, avant d’être réélu maire. Par une application de rencontre (Hinge), il rencontre ensuite Chasten Glezman, qui prendra son nom de famille après leur mariage en 2018. Le couple veut des enfants.

« Mon mariage avec Chasten », dit-il, « m’a rapproché de Dieu ».

Pete Buttigieg cultive cette image d’homme du Midwest, traditionnel, croyant (baptisé catholique, il va dans une église épiscopalienne). Au point qu’il est caricaturé dans la célèbre émission Saturday Night Live comme un gentil garçon timide et ennuyeux.

Quand il se déclare officiellement candidat, en avril 2019, il concède « l’audace » de sa candidature — allusion évidente à « l’audace d’espérer » professée par Barack Obama en son temps.

« Chaque fois que mon parti est entré à la Maison Blanche ces cinquante dernières années, ce fut avec un candidat nouveau venu sur la scène nationale », dit-il aussi en évoquant Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama.

La comparaison est très avantageuse: les deux premiers étaient gouverneurs, le dernier sénateur. Mais il est vrai que le camp Obama a tôt remarqué le jeune maire aux phrases ciselées et à la voix de baryton.

Peu après la victoire de Donald Trump, le président sortant avait été interrogé par le New Yorker sur la relève démocrate. M. Obama avait cité un sénateur et une sénatrice, puis ajouté: « Et puis il y a ce gars de South Bend, dans l’Indiana, le maire », sans se souvenir de son nom.

Primaires démocrates: ce qu’il faut savoir sur le « Super Tuesday »

Après un goutte-à-goutte de scrutins, les primaires démocrates prennent une toute autre ampleur mardi avec l’avalanche de votes du « Super Tuesday », qui pourrait avoir un impact décisif sur la course pour désigner le rival du président républicain Donald Trump en novembre.

Grand favori, Bernie Sanders parviendra-t-il à prendre une avance pratiquement imparable? L’ancien vice-président Joe Biden fera-t-il assez bien pour s’installer en alternative modérée au sénateur indépendant? M. Biden devrait bénéficier du retrait surprise du trentenaire Pete Buttigieg. En perte de vitesse, les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar survivront-elles et quel sera l’impact de l’entrée en lice tant attendue du multi-milliardaire Michael Bloomberg?

Le suspense reste entier.

– 14 Etats aux urnes –

Depuis la pointe nord-est des Etats-Unis jusqu’au milieu du Pacifique, les primaires démocrates organisées mardi couvrent un immense territoire: 14 Etats ainsi que les îles Samoa américaines et les électeurs démocrates vivant à l’étranger.

La Californie, Etat farouchement progressiste aux 40 millions d’habitants, pèsera de façon décisive. Le Texas (30 millions d’habitants) sera l’autre poids lourd de la journée.

Puisque les Etats du « Super Tuesday » reflètent la diversité sociale et économique des Etats-Unis, cela sera l’occasion pour les candidats de démontrer qu’ils peuvent séduire partout… ou au contraire de voir exposée au grand jour leur incapacité à convaincre des électeurs assez variés pour avoir une chance de remporter la Maison Blanche.

Avec un territoire si vaste et divers modes de scrutin, notamment par courrier, les résultats pourraient mettre du temps à arriver.

– Un jackpot de délégués? –

Plus encore que le nombre d’électeurs, c’est surtout le fait que plus d’un tiers des délégués seront distribués d’un coup qui fait de cette journée un moment clé dans le calendrier électoral américain.

Car pour décrocher l’investiture démocrate, un candidat doit afficher une majorité absolue (1.991) de ces délégués, assignés proportionnellement aux scores engrangés dans chaque primaire.

Or 1.357 délégués seront attribués lors du seul « Super Tuesday ». Par comparaison, seuls 155 ont été distribués jusqu’ici.

Bernie Sanders domine les sondages dans les deux Etats les plus riches en délégués: la Californie (415 délégués) et le Texas (228).

Il faut impérativement qu’un candidat fasse plus de 15% pour recevoir des délégués.

Ce qui représente un danger potentiel pour les candidats modérés, qui se divisent les suffrages face à Bernie Sanders.

– Bloomberg entre en piste –

Après avoir déjà dépensé plus d’un demi-milliard de sa fortune personnelle pour financer ses publicités de campagne, l’ancien maire de New York va pour la première fois affronter le verdict des urnes.

Un premier débat raté et une deuxième performance peu convaincante ont fait baisser sa courbe dans les sondages mais il figure toujours en troisième place, derrière Bernie Sanders et Joe Biden.

– Vers une absence de majorité? –

Le prétendant démocrate à la Maison Blanche sera officiellement désigné lors d’une convention organisée, du 13 au 16 juillet, à Milwaukee dans l’Etat du Wisconsin.

Fait rare: avec une course aussi haletante, il est possible qu’aucun candidat n’arrive avec en poche la majorité absolue nécessaire pour gagner.

Le grand favori Bernie Sanders argue déjà que celui qui aura alors le plus de délégués devrait être désigné vainqueur. Mais il est seul, ses rivaux appelant à s’en tenir aux règles du parti démocrate.

Celles-ci énoncent que si personne n’obtient la majorité lors d’un premier tour, les délégués dit « assignés » deviennent libres de voter pour quelqu’un d’autre au deuxième tour.

Et quelque 770 « super-délégués », des notables et élus du parti, entrent alors aussi en piste avec le pouvoir de faire basculer le scrutin.

Du fait de son statut d’ancien vice-président, Joe Biden est lui-même un « super-délégué ».

Avortement aux Etats-Unis: le droit et la pratique

La Cour suprême des Etats-Unis se penche à nouveau mercredi sur le droit des femmes à avorter qu’elle a reconnu il y a près d’un demi-siècle, mais dont l’application est très variable d’un Etat à l’autre.

– Le cadre législatif

Dans son arrêt emblématique Roe v. Wade, la Cour suprême des Etats-Unis a reconnu en 1973 un droit des femmes à avorter dans l’ensemble du pays.

Elle a précisé en 1992 que les femmes pouvaient décider d’interrompre leur grossesse tant que le foetus n’était pas viable, ce qui est généralement compris autour de la 24e semaine.

Si les 50 Etats conservent le droit de légiférer en matière d’avortement pour assurer que la santé des femmes n’est pas compromise, ils n’ont pas le droit de créer un obstacle insurmontable pour les patientes, a-t-elle également jugé.

– Le patchwork géographique

La notion d’obstacle insurmontable étant sujette à interprétation, les Etats conservateurs et religieux du sud et du centre du pays ont multiplié les législations pour restreindre l’accès à l’avortement.

Ces lois ont poussé de nombreuses cliniques à mettre la clé sous la porte. Six Etats (dont le Mississippi ou le Missouri) n’ont plus qu’une structure pratiquant des IVG, alors qu’il y en a plus de 150 en Californie.

D’autres textes obligent les médecins à faire entendre les battements de coeur du foetus à leur patiente, à leur parler d’un lien (non prouvé) entre l’avortement ou le cancer du sein ou encore de la souffrance présumée du foetus.

– Les chiffres

Un peu plus de 862.000 avortements ont été réalisés en 2017 aux Etats-Unis, ce qui revient à 13,5 interruptions volontaires de grossesse (IVG) pour 1.000 femmes en âge de procréer, un taux comparable à la France ou la Grande-Bretagne et en baisse régulière depuis des décennies, selon l’institut Guttmacher.

Mais là encore, les écarts sont importants entre les côtes et le Centre ou le Sud: d’après le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), le taux d’avortement est de 6,2 pour 1.000 en Alabama (Sud) et de 23,1 pour 1.000 dans l’Etat de New York.

– Les clivages dans l’opinion

Le sujet de l’avortement est extrêmement clivant aux Etats-Unis: 58% des Américains estiment que l’avortement devrait être légal, et 37% souhaitent son interdiction, selon un sondage du Centre de recherches Pew de 2018.

Les différences d’opinion suivent en grande partie les lignes partisanes avec des démocrates largement favorables au droit des femmes à avorter, et des républicains, surtout dans les milieux évangéliques, majoritairement opposés aux IVG.

– L’offensive récente

Lors de sa campagne 2016, Donald Trump a courtisé la droite religieuse en promettant de nommer à la Cour suprême des Etats-Unis des juges opposés à l’avortement. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, il y a fait entrer deux nouveaux magistrats (sur neuf juges au total).

Leur arrivée a galvanisé les opposants à l’avortement dans les Etats de la « Bible Belt » qui ont adopté une série de lois en contradiction flagrante avec la jurisprudence de la Cour suprême, allant jusqu’à interdire d’avorter même en cas de viol (en Alabama).

Ces textes ont été logiquement bloqués en justice mais leurs promoteurs ont l’intention de multiplier les appels jusqu’à la haute Cour pour lui fournir l’occasion de revenir sur son arrêt de 1973. Cela permettrait à chaque Etat de faire ce qu’il veut et augmenterait encore les inégalités territoriales.

Sans aller jusque là, il est possible que la haute juridiction « grignote » peu à peu le droit à l’avortement en validant encore plus de lois restrictives.

Netanyahu, le maître de la survie politique

Premier ministre le plus pérenne de l’histoire moderne d’Israël, Benjamin Netanyahu est un « magicien » de la survie politique qui va devoir sortir deux lapins de son chapeau: remporter les élections de lundi puis « vaincre » la justice qui l’accuse de corruption.

Souvent surnommé « Roi Bibi » par ses partisans, il est devenu en novembre le seul chef de gouvernement en fonction de l’histoire israélienne à être inculpé par la justice. Avec à la clé un procès pour corruption, abus de pouvoir et malversation qui s’ouvre le 17 mars.

Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d’un complet-cravate bleu sur chemise blanche, Benjamin Netanyahu, 70 ans, s’est imposé au coeur du système politique comme s’il en avait toujours fait partie.

Ce fin stratège, habitué au louvoiement, est pourtant le seul Premier ministre à être né après la création d’Israël en mai 1948.

Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, il a hérité d’un bagage idéologique musclé par son père Benzion, qui était l’assistant personnel de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite « révisionniste », favorable à un « Grand Israël » intégrant la Jordanie.

Aujourd’hui, Benjamin Netanyahu prône une vision d’Israël comme « Etat juif » avec des frontières s’étendant au nord-est jusqu’à la Jordanie, d’où sa promesse d’annexer la vallée du Jourdain située en Cisjordanie, territoire palestinien occupé.

– Le plus jeune –

Le jeune Netanyahu effectue son service militaire dans un commando prestigieux. Le Proche-Orient est alors dans l’après-guerre des Six Jours, qui a vu en 1967 Israël s’emparer des territoires palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est ainsi que du Golan syrien et du Sinaï égyptien.

Côté arabe, la défaite est amère. Hors du champ des armées classiques, de nouveaux acteurs s’imposent comme l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui regroupe des groupes armés palestiniens.

En 1976, le frère aîné de Benjamin, Yoni, commandant de l’unité chargée de libérer les otages d’un vol Tel-Aviv/Paris détourné par deux organisations palestinienne et allemande en Ouganda, est tué pendant l’assaut israélien.

Ce décès ébranle profondément Benjamin Netanyahu qui fera de la « lutte contre le terrorisme », qu’il associe souvent aux Palestiniens, l’un des fils conducteurs de sa carrière.

Orateur né, pugnace, il devient diplomate à Washington, puis ambassadeur à l’ONU dans les années 1980. De retour en Israël, il est élu député en 1988 sous la bannière du Likoud, grand parti de droite dont il devient, avec son style à l’américaine, l’étoile montante.

Pendant la guerre du Golfe de 1991, qui expose Israël à une pluie de missiles irakiens, il défend le point de vue israélien sur la chaîne américaine CNN. A l’aise devant la caméra, il connaît les codes des médias et maîtrise l’anglais, ayant fait ses études au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Il continue son ascension jusqu’à une première consécration en 1996. A 47 ans, Benjamin Netanyahu triomphe alors du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël.

Mais son règne est de courte durée. Trois ans. Puis après une brève retraite, il retourne à sa passion: la politique. Et reprend la tête du Likoud, puis redevient Premier ministre en 2009.

– « Guerre personnelle » –

Depuis, Israël n’a connu que « Bibi », passé maître dans l’art de former des coalitions, de coopter des petits partis et des formations ultra-orthodoxes, pour asseoir son pouvoir.

Lui se présente comme le grand défenseur de l’Etat hébreu face à l’Iran, nouvel « Amalek », ennemi mortel des Hébreux dans la Bible. Ses adversaires décrivent plutôt un autocrate prêt à tout pour rester à son poste.

Idéologue ou pragmatique? C’est la grande question. « Bien que Benjamin Netanyahu sympathise avec la politique de son père, ses actions comme Premier ministre sont avant tout motivées par des considérations pragmatiques », écrit l’universitaire Neill Lochery dans une biographie récente.

Marié et père de trois enfants, Benjamin Netanyahu est désormais dans le collimateur de la justice pour corruption, fraude et abus de confiance dans des affaires de dons reçus de milliardaires, d’échanges de bons procédés avec des patrons d’entreprises, et de tentatives de collusion avec la presse.

Pour Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, il oscille entre « faucon extrémiste » et « modéré ».

Mais « depuis les accusations de corruption, il est plus à droite, plus enclin au populisme et à des lois antidémocratiques (…) Il se bat pour sa survie, pour éviter les tribunaux, c’est une guerre personnelle », dit-il.

Après son inculpation, des médias israéliens avaient déclaré la « fin de l’ère Netanyahu ». Mais ils pourraient encore attendre…

En Caroline du Sud, les démocrates cherchent le meilleur candidat pour battre Trump

Pour Travis Frierson, la priorité est claire: les Etats-Unis doivent absolument revenir à la « normalité » après quatre ans de présidence Trump. Le restaurateur de 43 ans vient de voter lors des primaires démocrates en Caroline du Sud, et sa voix est allée à l’ancien vice-président Joe Biden.

Mais d’autres électeurs se disent convaincus que pour empêcher le milliardaire républicain d’obtenir un second mandat en novembre, il faut une lame de fond semblable à celle qui a permis à Donald Trump d’arriver au pouvoir en 2016.

Et pour eux, c’est le sénateur et socialiste autoproclamé Bernie Sanders, avec sa promesse d’un système de santé universel et gratuit, qui incarne cette vague.

Ce qui est sûr, c’est que les avis sont tranchés.

« Trump est beaucoup trop radical et Bernie a le même genre de partisans. Il parle comme un dictateur », juge M. Frierson. « Moi je veux revenir à la démocratie ».

Par cette journée froide et ensoleillée dans la banlieue de Columbia, la capitale de Caroline du Sud, des dizaines d’électeurs attendent de faire leur choix devant une école transformée en bureau de vote.

M. Frierson est l’un d’eux.

« Je veux juste le meilleur candidat possible pour ramener le pays à la normalité », dit-il. « La normalité », insiste-t-il. « Une chose que nous avons considérée comme allant de soi pendant longtemps ».

– Biden ou Sanders? –

Après des résultats décevants lors des trois premiers scrutins de la primaire démocrate, Joe Biden compte sur la Caroline du Sud pour se refaire une santé et sauver sa campagne.

Les sondages le donnent pour favori ici, en grande partie grâce à sa popularité dans l’électorat noir.

Mais Bernie Sanders, arrivé en tête dans le New Hampshire et le Nevada et qui caracole actuellement au sommet des sondages au niveau national, talonne l’ancien vice-président en Caroline du Sud.

Les détracteurs du sénateur indépendant au sein même du parti démocrate pensent que son programme est trop radical et qu’il n’a aucune chance de battre l’actuel président.

Au contraire, rétorquent ses soutiens.

« Je pense qu’un progressiste a le plus de chances de battre Trump », affirme James Westmoreland, enseignant de 44 ans qui vient de donner sa voix à « Bernie ».

« J’ai l’impression que le pays est tellement divisé en ce moment, tout le monde semble aller vers les extrêmes », ajoute-t-il.

« Il y a peu de gens qui semblent aller vers le milieu. Alors nous avons besoin de quelqu’un qui aide à équilibrer les choses ».

Une électrice de 51 ans, qui ne souhaite être identifiée que comme Mme Kennedy, intervient pour dire qu’elle aussi votera pour Sanders.

Elle reconnaît que ce sera un défi de battre Trump dans les Etats conservateurs, mais qu’elle ne cèdera pas aux pressions des anti-Bernie.

Les Etats comme le Texas, l’Alabama et la Floride ne sont peut-être « pas prêts pour lui », admet-elle, mais « j’en ai assez du manque de respect dans notre pays. Tout le monde mérite d’être respecté ». Une allusion apparente à la polarisation de la société ces dernières années.

Si la victoire semble se profiler pour Joe Biden en Caroline du Sud, la popularité de Bernie Sanders doit « être suivie de près », juge Kendall Deas, professeur de science politique au College of Charleston.

L’élection de Trump en 2016, « ce fut un mouvement ». Et « en 2020, les démocrates vont peut-être devoir répondre avec un candidat qui soit lui aussi le reflet d’un mouvement pour contrer ce qui s’est passé avec l’élection de Trump » il y a quatre ans, dit-il.

Un salon de l’agriculture au goût d’inachevé

Le salon de l’agriculture, qui se termine samedi soir, laisse de nombreuses questions en suspens pour l’avenir des agriculteurs, des revenus aux retraites en passant par l’accompagnement de la transition environnementale. Ce qu’il faut retenir de cette 57e édition.

Coronavirus

Rattrapé par l’inquiétude liée à l’épidémie de Covid-19, l’événement, qui figure parmi les plus grands salons commerciaux de France, ferme ses portes samedi soir avec 24 heures d’avance et n’a pas connu la fréquentation habituelle.

En 2019, il avait attiré quelque 630.000 personnes. « Nous n’avons pas encore les chiffres de fréquentation totale, mais nous pouvons dire qu’elle est à la baisse par rapport à l’an dernier, et que le coronavirus y a fortement contribué », en particulier sur les derniers jours, a déclaré samedi à l’AFP le président du salon, Jean-Luc Poulain.

Macron veut calmer les tensions

Le président Emmanuel Macron était très attendu sur deux questions lors de sa visite inaugurale: les épandages de pesticides près des habitations avec les fameuses zones de non-traitement (ZNT), et les retraites du monde paysan.

Dans les deux cas, il a tenté de donner des gages aux agriculteurs.

Sur les retraites, il a jugé « impossible » de revaloriser les pensions actuelles à 85% du Smic, une mesure prévue dans le futur système mais qui coûterait trop cher à appliquer aux agriculteurs déjà à la retraite.

Mais il a fait une ouverture: pour « les retraités actuels, je ne pense pas qu’il faut le mettre dans le système des retraites, mais dans la loi de financement de sécurité sociale, on peut un peu améliorer les choses ».

Concernant les ZNT, effectives depuis le 1er janvier, Emmanuel Macron a suggéré que ces bandes de terres agricoles non cultivées puissent à l’avenir être « valorisées », promettant que les agriculteurs seraient « accompagnés » financièrement. Il s’est engagé à assurer une « sécurité juridique » pour que les prochains semis se fassent « dans un cadre apaisé ».

Revenu

La question du revenu des agriculteurs, et particulièrement des éleveurs de vaches à viande, a dominé le salon.

En arrivant avec la vache Idéale, égérie du salon, son éleveur Jean-Marie Goujat a défendu la cause de sa profession, interpellant le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume devant de nombreux journalistes.

Il est encore trop tôt pour faire un bilan définitif des négociations commerciales annuelles, mais la loi Alimentation, qui était censée ramener du revenu dans les cours de fermes, n’a semble-t-il toujours pas porté ses fruits cette année, hormis pour certains secteurs comme le lait.

« Le problème numéro un, c’est le revenu des éleveurs. Aujourd’hui le compte n’y est pas encore, ils doivent être rémunérés à leur juste valeur et vivre décemment », avait reconnu Didier Guillaume en début de salon.

Controverses

Le site d’information Médiapart a publié une enquête en trois volets mettant en cause la FNSEA, notamment sur les niveaux de salaires de certains de ses dirigeants et sa gestion d’un fonds paritaire pour l’emploi.

Parlant de « règlement de comptes », de « vendetta », le syndicat a réfuté ces mises en cause. « Ils ont essayé de ternir l’image de la FNSEA en lançant leurs éléments avant le salon, ça n’a pas pris, et nous n’avons pas dans notre réseau de protestations », a affirmé Christiane Lambert, la présidente du syndicat, en marge d’un point presse au salon.

Une autre polémique a été déclenchée par l’organisation de défense des animaux L214, qui a demandé la fermeture d’un abattoir de veaux situé en Dordogne après diffusion d’une vidéo montrant selon elle des infractions « multiples ».

Les autorités avaient initialement assuré n’avoir pas décelé de « non-conformité à la réglementation », mais L214 est revenue à la charge: des échanges de courriels internes au ministère de l’Agriculture, adressés par erreur à l’association, montraient selon elle que les infractions « sont avérées ».

Après cet épisode et une enquête vétérinaire sur place, le ministère a finalement retiré l’agrément de l’abattoir, le temps de prendre des mesures correctives.

Motion de censure: une procédure fréquente, une seule fois avec succès

Plus de 100 motions de censure ont été déposées depuis 1958, à l’instar de celles déposées par la droite et la gauche sur la réforme des retraites, mais une seule a été adoptée, en 1962, qui avait fait chuter le gouvernement de Georges Pompidou.

Une motion peut être déposée de façon spontanée par les députés pour censurer la politique d’un gouvernement (art 49-2), comme ce fut le cas, avec succès, dans la nuit du 4 au 5 octobre 1962, ou en vain à de nombreuses autres reprises.

Elle peut aussi être utilisée en réaction à l’engagement de la responsabilité du gouvernement sur un texte (art 49-3), comme ce samedi par le Premier ministre Edouard Philippe.

Aucune motion de censure déposée suite à un 49-3 n’a été adoptée depuis la naissance de la Ve République en 1958.

Le dépôt de deux motions de censure simultanées n’est pas sans précédent sous la Ve République, le dernier cas remontant à l’été 2018 lors de l’affaire Benalla.

En 1979 et 1980, socialistes et communistes avaient ainsi déposé plusieurs motions parallèles contre le gouvernement Raymond Barre, visant les projets de loi de Finances. Les votes sont dans ce cas séparés, ce qui implique qu’un député peut théoriquement apporter sa voix à deux motions.

En 1962, la motion de censure des opposants au projet d’élection du président de la République au suffrage universel est déposée par le centre, les socialistes et la droite non gaulliste. Elle est adoptée le vendredi 5 à 04H40 du matin par 280 députés sur 480.

Le 6 octobre, Georges Pompidou remet la démission de son gouvernement au général de Gaulle, qui le prie de rester provisoirement en fonction puis dissout l’Assemblée nationale. Le « oui » à l’élection présidentielle au suffrage universel l’emporte largement lors d’un référendum le 28 octobre, et les gaullistes remportent les élections législatives un mois plus tard. Pompidou est alors confirmé à son poste par le président de la République.

Emmanuel Macron et le 49-3, un passif

Emmanuel Macron peut garder un souvenir amer du 49-3, dégainé samedi pour la réforme des retraites : sous le quinquennat Hollande, Manuel Valls avait imposé cette arme constitutionnelle à celui alors ministre de l’Economie pour faire passer sa loi croissance.

Au bout de douze jours de débats, l’Assemblée nationale était venue à bout des quelque 300 articles du projet de loi, dont Richard Ferrand, alors de l’aile gauche du PS, était le rapporteur général.

Mardi 17 février 2015 au matin, les 30 à 40 socialistes « frondeurs », emmenés par Christian Paul et Laurent Baumel, annoncent qu’ils vont majoritairement voter contre ce texte allant de l’extension du travail du dimanche à la libéralisation du transport en autocars.

Les quelques voix de centristes ou de très rares UMP (devenus LR) risquent de ne pas suffire pour faire voter en première lecture ce projet de loi emblématique de la ligne réformatrice de l’exécutif. Les abstentions de certains élus de droite, mises en avant par le cabinet d’Emmanuel Macron, ne sont pas « fiables », juge-t-on aussi à Matignon.

« Au moment où je parle le texte ne passe pas », déclare peu après le chef du gouvernement devant les députés PS réunis à huis clos. Un Conseil des ministres est convoqué en urgence à l’Elysée à 14H30, dont rien ne filtre.

Manuel Valls, mine grave, laisse encore planer le doute lors de la séance des questions au gouvernement. « Le gouvernement fera tout pour que cette loi passe parce qu’elle est utile pour le pays », martèle-t-il en réponse au patron des députés UMP Christian Jacob l’accusant de recourir au 49-3 dans « l’urgence et la panique ».

Pendant la pause avant la séance supposée du vote, on compte et recompte. Il y avait même trois comptages à confronter : celui du groupe PS, celui de Matignon, et celui du cabinet d’Emmanuel Macron.

« Là, il y a une hypothèse que ça passe de 5-6 voix, mais dans une configuration hyper idéale, sans accident. Or, 2-3 accidents lors d’un vote c’est très vite arrivé. Donc on dit qu’on ne prend pas le risque », relate un ancien conseiller ministériel à l’AFP. « Et devant nous, Valls appelle le président et demande l’autorisation » d’engager la responsabilité du gouvernement.

– « Acte d’autorité » –

Le locataire de Matignon annonce à la tribune le recours au 49-3, au nez et à la barbe d’Emmanuel Macron, qui espérait faire passer « sa » loi par sa seule force de conviction.

« La réalité c’est que Macron était minoritaire, mais aussi à cause de gens (les frondeurs) qui ont employé des méthodes détestables, des gauchos », lâche un ex-membre du gouvernement Valls.

L’outil constitutionnel permettant un passage en force a amplifié l’image clivante du jeune ministre. Il sera utilisé à nouveau à deux reprises, jusqu’à l’adoption définitive en juillet 2015 de sa loi « pour l’activité, la croissance et l’égalité des chances économiques ».

Manuel Valls s’est ensuite défendu devant des journalistes d’avoir imposé le 49-3 pour tacler Emmanuel Macron, à la popularité grandissante. Ce n’est aucunement « un plaisir d’engager un 49-3 » mais « c’est aussi faire acte d’autorité et permettait d’expliquer à Emmanuel Macron qui disait qu’il était le meilleur ministre du monde, qu’à la fin il n’y a pas de majorité », reconnaît un ancien conseiller. « Ça permettait aussi de dire +mon gars reste à ta place+ ».

L’épisode a laissé « une marque indélébile », juge un député LREM. « L’effet Valls est ultra important » : le dégainer est synonyme de « violence, brutalité ».

Retraites: les principaux points de la réforme, après le 49-3

Un nouveau système de retraite « universel » et par points, avec un « âge d’équilibre » très controversé: voici les principaux points de la réforme, dans la version modifiée sur laquelle le gouvernement a engagé le 49-3.

Il a retenu des amendements adoptés par l’Assemblée ainsi que des mesures issues des discussions avec les partenaires sociaux.

« Universel »

Le futur système couvrira « l’ensemble des personnes travaillant en France, sans exception »: salariés du privé et des régimes spéciaux, fonctionnaires, magistrats, militaires, agriculteurs, travailleurs indépendants…

Tous les actifs nés à partir de 1975 cotiseront à une nouvelle « Caisse nationale de retraite universelle » qui chapeautera les 42 régimes existants – avant, peut-être, de les absorber.

Les députés ont symboliquement acté la future hausse des salaires des enseignants, en isolant dans un article spécifique du projet de loi cette « garantie », qui devra être concrétisée dans une loi de programmation à venir.

Pour répondre notamment à la grogne des avocats, le texte prévoit un abattement de 30% sur l’assiette des cotisations sociales des professions indépendantes, et un « dispositif de solidarité » pour soutenir les « petits cabinets ».

Et la transition pour les indépendants durera 20 ans et non 15 ans comme prévu initialement.

Le texte inscrit « en dur » une des ordonnances sur le « droit à l’information » des retraités, les oppositions critiquant de façon récurrente la trentaine d’ordonnances programmées.

Par points

Le montant de la retraite dépendra du nombre de points accumulés « tout au long de la carrière professionnelle » et non plus de la durée de cotisation (en trimestres) et du salaire de référence (25 meilleures années dans le privé, 6 derniers mois dans le public).

Unité de compte fondamentale du futur système, le point aura une « valeur d’acquisition » (durant la carrière) et une « valeur de service » (pour le calcul de la pension), qui ne pourront pas baisser, ni augmenter moins vite que l’inflation.

La valeur du point sera calculée à l’aide d’un « nouvel indicateur » de l’Insee sur « l’évolution du revenu moyen d’activité par tête », la gauche critiquant un « amateurisme coupable » en fondant un modèle sur « un indicateur qui n’existe pas » à ce jour.

Autre sujet sensible, la prise en compte de la pénibilité de certaines professions, sur laquelle les discussions avec les partenaires sociaux n’ont pas encore abouti.

Le gouvernement prévoit toutefois dans le texte de généraliser la visite médicale à 55 ans pour les travailleurs exposés à des facteurs des pénibilité et veut améliorer les modalités d’acquisition des points, dans le cadre du compte professionnel de prévention, pour les travailleurs exposés à plusieurs facteurs de risques professionnels.

Le projet de loi intègre aussi un « congé de reconversion » pour les personnes soumises à la pénibilité, pouvant aller jusqu’à six mois.

Age d’équilibre

L’âge légal de départ restera maintenu à 62 ans (ou moins pour certaines professions), mais il faudra « travailler un peu plus longtemps » pour toucher une retraite à taux plein.

Un « âge d’équilibre », assorti d’un « mécanisme de bonus-malus » de 5% par an, aura ainsi pour objectif « d’inciter les Français à partir plus tard avec une meilleure pension ».

Dans un premier temps, le gouvernement envisageait son entrée en vigueur dès 2022, pour le porter progressivement à 64 ans en 2027. Face à l’opposition des syndicats, cette « mesure de court terme » a été retirée du projet de loi, une « conférence des financeurs » devant proposer d’ici fin avril d’autres moyens « d’atteindre l’équilibre financier ».

Départs anticipés

Les fonctionnaires exerçant certaines « fonctions régaliennes » (policiers, douaniers, surveillants pénitentiaires, contrôleurs aériens) pourront toujours partir en retraite à 57, voire 52 ans. Idem pour les militaires, qui garderont le droit de toucher une pension après 17 ou 27 années de « services effectifs ».

Pour les autres fonctionnaires des « catégories actives » et les salariés des régimes spéciaux, l’âge légal sera progressivement relevé à 62 ans, mais l’extension du « compte pénibilité » et de la retraite pour incapacité permanente déjà en vigueur dans le secteur privé permettra à certains de cesser le travail à 60 ans.

Le gouvernement a également repris un amendement communiste sur les égoutiers. Ceux recrutés avant le 1er janvier 2022 pourront partir à 52 ans.

Dans la fonction publique hospitalière, les fonctionnaires ayant opté pour leur maintien dans la catégorie B pourront continuer à partir à 57 ans.

Fins de carrière

La retraite progressive, qui permet de toucher une partie de sa pension en continuant de travailler à temps partiel, sera étendue aux salariés en forfait-jours, aux régimes spéciaux et aux agriculteurs.

Les règles du cumul emploi-retraite seront modifiées pour que ceux qui touchent une pension à taux plein puissent engranger des points supplémentaires quand ils reprennent une activité.

Pension minimum

Les futurs retraités « ayant effectué une carrière complète » recevront si nécessaire « des points supplémentaires » afin que leur pension atteigne 1.000 euros net en 2022, puis 83% du Smic net en 2023, 84% en 2024 et 85% en 2025.

Droits familiaux

Chaque enfant donnera droit à « une majoration en points de 5% », dont la moitié sera attribué à la mère au titre de la maternité. L’autre moitié pourra être partagée entre les deux parents ou attribuée à l’un ou l’autre.

Un bonus supplémentaire de 2% sera accordé pour le troisième enfant et réparti à parts égales entre le père et la mère, à moins qu’ils en décident autrement.

Des points supplémentaires seront attribués aux parents isolés.

Droits conjugaux

La pension de réversion garantira au conjoint survivant, à partir de 55 ans et après au moins deux ans de mariage, « 70% des points de retraite acquis par le couple ».

Ces règles ne s’appliqueront toutefois « qu’à partir de 2037 », pour les personnes ayant intégré le système universel.

Le gouvernement assure que les personnes divorcées pourront bénéficier d’un pourcentage de pension de réversion de leurs ex-conjoints décédés.

gbh-parl/dch/mm

Iran: la chercheuse française Adelkhah de retour en prison après son hospitalisation

Fariba Adelkhah, une universitaire franco-iranienne détenue en Iran depuis juin, a retrouvé sa cellule de prison après avoir été hospitalisée, a indiqué samedi son avocat, disant continuer à craindre pour sa santé, et une éventuelle contamination au nouveau coronavirus.

Mme Adelkhah est revenue dans « la section pour femmes de la prison d’Evine », mais « continue de se plaindre de graves douleurs aux reins », a déclaré son avocat, Me Saïd Dehghan, qui a demandé son envoi dans un hôpital équipé de matériel radiographique.

Ces soucis de santé sont la conséquence de la grève de la faim menée par cette anthropologue renommée de fin décembre à mi-février, avait-il précisé antérieurement.

Alors que l’Iran recensait samedi 593 cas de contamination au nouveau coronavirus, dont 43 décès, Me Dehghan s’est cependant dit « inquiet d’une infection éventuelle » de Mme Adelkhah lors d’un passage à l’hôpital.

Son compagnon, l’universitaire français Roland Marchal, détenu comme elle depuis juin par la République islamique, « est malade et en mauvais état, mentalement et physiquement », a-t-il affirmé, alors que la première audience du procès de Mme Adelkhah et M. Marchal est fixée au 3 mars.

Il a indiqué avoir « recommandé d’annuler les visites conjugales entre les époux de peur d’une propagation du virus dans la prison, ce qui a été accepté par le chef de l’Organisation pénitentiaire ».

Une autre détenue, l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, a dit craindre d’avoir été contaminée par le nouveau coronavirus à la prison d’Evine, selon sa famille.

« Je ne vais pas bien. Je me sens très mal en fait. C’est un drôle de rhume, pas comme d’habitude », a-t-elle confié samedi, selon des propos reproduits dans un communiqué de ses soutiens.

Arrêtée en avril 2016 en Iran et condamnée à cinq ans de prison, Mme Zaghari-Ratcliffe a ajouté avoir de la fièvre, souffrir d’un « sévère mal de gorge » et tousser depuis plus d’une semaine.

En dehors de la Chine, épicentre de l’épidémie, l’Iran est le pays où ont été annoncées le plus de morts liées au nouveau coronavirus. Les autorités ont été accusées de minimiser le nombre de décès.

Au total, le nombre de cas de nouveau coronavirus dans le monde s’élevait à 85.919, dont 2.941 décès, dans 61 pays et territoires, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles samedi à 17h00 GMT.

Coronavirus: quelle est l’ampleur réelle de l’épidémie en Iran?

Des experts internationaux s’interrogent sur l’étendue réelle de l’épidémie de nouveau coronavirus en Iran, pays qui concentre déjà le plus grand nombre de morts hors de Chine et foyer de contamination qui pourrait propager la maladie dans la région.

Si Téhéran ne nie pas que l’épidémie « se propage » avec 43 décès confirmés et 593 cas, d’autres bilans non officiels sont beaucoup plus lourds.

Selon le service persan de la BBC, qui dépend du groupe audiovisuel britannique public, le nombre de morts s’élèverait à 210, un chiffre immédiatement démenti samedi par le ministère iranien de la Santé.

L’organisation d’opposition en exil des Moudjahidines du peuple, considérée comme « terroriste » par Téhéran, a pour sa part affirmé que l’épidémie avait fait « plus de 300 morts » et jusqu’à « 15.000 » infectés dans le pays.

Six épidémiologistes basés au Canada ont quant à eux estimé, via un modèle mathématique, que l’Iran pourrait avoir plus de 18.000 cas sur son sol.

Leurs calculs, pas encore validés par leurs pairs, prennent notamment en compte le nombre de cas dans des pays étrangers ayant pour origine un voyage en Iran.

« Quand un pays commence à exporter des cas vers d’autres destinations, il est très probable que l’infection dans ce pays soit significative », assure à l’AFP Isaac Bogoch, spécialiste des maladies infectieuses à l’université de Toronto et coauteur de cette étude publiée le 25 février sur la plateforme MedRxiv.

– « Position de faiblesse » –

Cette semaine, l’ONG Reporters sans Frontières s’est jointe au concert de critiques contre Téhéran sur cette crise, accusant le régime de dissimuler des informations sur la propagation du nouveau coronavirus.

« Les autorités affirment contrôler la situation, mais refusent de publier le nombre exact des personnes infectées et décédées », estime l’organisation.

Samedi, le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour a réagi à ces critiques en accusant les médias étrangers de diffuser de fausses informations.

« Chez les radicaux en Iran, il y a une obsession de ne pas donner d’arme à l’ennemi et de ne pas apparaître en position de faiblesse », analyse Thierry Coville, spécialiste de l’Iran à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

« Parler du coronavirus sera bientôt considéré comme troubler l’opinion publique, agir contre la sécurité nationale et insulter le président! », s’inquiète pour sa part Assieh Bakeri, une Iranienne, sur Twitter.

– « C’est inquiétant » –

Un autre chiffre interpelle: avec plus de 7% de décès pour le nombre de cas recensés, l’Iran affiche un ratio « nombre de cas/nombre de morts » largement plus élevé que celui des autres pays.

En Chine, il est par exemple deux fois moins élevé (3,5%), tout comme en Italie (2%), deux pays fortement touchés.

« En Iran, les premiers cas ont été détectés avec le décès de patients. Donc si on calcule le ratio entre le nombre de cas et le nombre de morts de cette façon, il sera très élevé », explique à l’AFP Cécile Viboud, épidémiologiste au National Institutes of Health (Etats-Unis).

Quelle que soit la véracité des chiffres officiels, l’Iran est sans conteste l’un des principaux foyers de contamination hors de Chine.

Une situation aggravée par la situation économique actuelle. Le pays traverse une crise majeure avec le rétablissement depuis 2018 de sanctions américaines qui affectent particulièrement ses exportations de pétrole.

« Pourquoi l’Iran n’a-t-il pas arrêté les vols vers la Chine? Il y a une explication rationnelle: la Chine est l’un des derniers pays à leur acheter du pétrole. Ils ont besoin de maintenir ce lien économique », rappelle Thierry Coville.

« Avec les sanctions, on peut dire que le gouvernement a perdu au moins 30% de ses recettes budgétaires. Cela a forcément un impact sur leur système de santé », ajoute le chercheur.

Situé aux portes du Moyen-Orient et de certains pays à la situation humanitaire délicate, ce foyer a de quoi inquiéter.

« C’est inquiétant, tant pour la santé publique en Iran que par la forte probabilité d’une propagation aux pays voisins dont les capacités à répondre à une épidémie d’une maladie infectieuse sont plus faibles », soulignent les épidémiologistes canadiens dans leur étude.

Plusieurs pays comme le Qatar, l’Azerbaïdjan, le Liban ou encore l’Irak ont enregistré des cas de contamination sur leurs sols de personnes revenant d’Iran.

Les autorités iraniennes ont commencé à prendre des mesures pour endiguer la propagation de l’épidémie: annulation de la grande prière du vendredi dans plusieurs villes, fermetures de toutes les écoles jusqu’à mardi, fermeture du Parlement « jusqu’à nouvel ordre » et restrictions à la libre circulation dans le pays.

burx-pid/mig/eh/on

L’article 49-3 de la Constitution utilisé par Edouard Philippe

L’article 49-3 de la Constitution, auquel Edouard Philippe recourt pour le projet de réforme des retraites, permet au Premier ministre d’engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur un texte de loi, pour le faire adopter sans vote.

Sous la Ve République, cet outil a déjà été utilisé quelque 90 fois. L’article 49-3 s’est « progressivement mué en une arme multifonctionnelle, donnée à des Premiers ministres qui abusèrent des facilités qu’elle leur offrait », notait le spécialiste du droit constitutionnel Guy Carcassonne dans son ouvrage « La Constitution ».

Initialement prévu pour « remédier à l’absence de majorité », il peut aussi servir en cas d' »impatience de la majorité » pour abréger les débats, comme pour cette réforme des retraites qui patinait.

Le projet de loi est considéré comme adopté, sans vote, sauf si une motion de censure, déposée dans les 24 heures, est votée par l’Assemblée nationale. La motion est débattue au plus tôt 48 heures après son dépôt, et, si elle est approuvée par la majorité absolue des députés, le gouvernement doit démissionner.

L’article 49-3 ne peut être utilisé que sur un projet de loi budgétaire et un seul autre type de texte durant la session parlementaire. Mais une fois que le Conseil des ministres l’a autorisé, le Premier ministre peut le dégainer à chacune des lectures successives devant l’Assemblée nationale.

En revanche, il ne peut être utilisé devant le Sénat, celui-ci n’ayant pas le pouvoir de renverser le gouvernement.

Cette procédure est en principe peu risquée pour le gouvernement, car il est politiquement difficile à des députés de la majorité, même très critiques, de voter une motion de censure de l’opposition. Dans le cas présent, Edouard Philippe ne prend même aucun risque alors que sa majorité est largement assurée sur la réforme des retraites. C’est la première fois qu’il fait usage de cette arme de la Constitution.

Sous la Ve République, une seule motion de censure a été votée, en 1962, contre le gouvernement de Georges Pompidou. Le général de Gaulle, président de la République, avait alors dissous l’Assemblée, et les législatives s’étaient soldées par une large victoire de ses partisans.

Mais l’article 49-3 constitue souvent pour un gouvernement l’aveu de son impuissance à faire voter des textes cruciaux. Minoritaire à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Rocard (1988-1991) l’avait souvent utilisé.

Le dernier recours au 49-3 par un gouvernement de droite remonte à 2006 lorsque Dominique de Villepin avait fait passer le projet de loi Egalité des chances instaurant le Contrat première embauche (CPE), qui n’a finalement jamais vu le jour.

Manuel Valls l’a utilisé trois fois en 2015 pour faire passer la loi « pour la croissance et l’activité » de son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron… alors très réticent.

Puis en 2016, il y a eu à nouveau recours à trois reprises pour faire adopter la loi Travail de Myriam El Khomri, ce qui avait poussé 56 députés de la majorité à tenter en vain de déposer une inédite motion de censure contre le gouvernement.

Lionel Jospin et François Fillon n’ont jamais utilisé le 49-3 quand ils étaient Premier ministre.

Recours au 49-3: les précédents depuis le gouvernement Rocard

L’article 49-3 de la Constitution, dont s’est saisi samedi Edouard Philippe pour faire adopter la réforme des retraites, a été utilisé par de nombreux Premiers ministres depuis Michel Rocard, champion en la matière.

Jean-Marc Ayrault (2012-2014) et François Fillon (2007-2012) n’y ont cependant jamais eu recours. De même, Lionel Jospin (1997-2002), durant la cohabitation avec Jacques Chirac, n’a jamais fait appel à cette disposition qui permet de faire adopter sans vote un projet de loi, si aucune motion de censure n’est votée contre le gouvernement par l’Assemblée nationale.

Dans la plupart des cas où l’article 49-3 a été utilisé, l’opposition a déposé une motion de censure, à chaque fois rejetée.

– Michel Rocard (mai 1988-mai 1991)

Faute de majorité absolue au Parlement, Michel Rocard engage à 28 reprises sa responsabilité via l’article 49-3 au début du second septennat de François Mitterrand. Quinze textes sont ainsi adoptés, notamment la loi créant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, la réforme du statut de la Régie Renault et la loi de programmation militaire 1990-1993.

– Edith Cresson (mai 1991-avril 1992) –

Elle fait usage à huit reprises du 49-3, pour faire passer en force quatre projets de loi, dont le budget 1992 et la création de l’Agence du médicament.

– Pierre Bérégovoy (avril 1992-mars 1993) –

Le dernier Premier ministre socialiste de François Mitterrand utilise trois fois l’article, sur la maîtrise des dépenses de santé, le budget 1993, le Fonds de solidarité vieillesse.

– Edouard Balladur (mars 1993-mai 1995) –

Disposant d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, durant la seconde cohabitation entre la droite et François Mitterrand, il ne dégaine l’article 49-3 qu’une seule fois, sur les privatisations d’entreprises publiques, pour couper court à « l’obstruction parlementaire » menée, selon lui, par l’opposition, qui a déposé quelque 3.800 amendements.

– Alain Juppé (mai 1995-juin 1997) –

Le Premier ministre de Jacques Chirac a recours à deux reprises à l’article 49-3: en décembre 1995 pour faire passer le projet de loi l’autorisant à légiférer par ordonnances pour réformer la protection sociale, puis en juin 1996 pour faire adopter le projet de loi sur le statut de France Télécom, avant la fin de la session parlementaire.

– Jean-Pierre Raffarin (mai 2002-mai 2005) –

Premier ministre après la réélection de Jacques Chirac, il s’est saisi deux fois de l’article 49-3. Alors que la gauche et l’UDF ont déposé quelque 13.000 amendements sur sa réforme des modes de scrutin régional et européen, il décide une première fois le 15 février 2003 d’engager la responsabilité de son gouvernement.

Le 27 juillet 2004, M. Raffarin utilise à nouveau le 49-3 pour le projet de loi relatif aux libertés et responsabilités locales qui favorise la décentralisation.

– Dominique de Villepin (mai 2005 – mai 2007) –

Le 9 février 2006, Dominique de Villepin utilise le 49-3 pour faire passer le projet de loi pour l’égalité des chances, qui inclut le très contesté Contrat première embauche (CPE). Le projet de loi sera adopté, mais la mobilisation massive de la rue finira par signer la mort du CPE, qui sera abrogé.

– Manuel Valls (mars 2014 – décembre 2016) –

Le 17 février 2015, Manuel Valls utilise le 49-3 pour faire passer en première lecture le projet de loi d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, « pour la croissance et l’activité », face à l’opposition attendue de députés PS, hostiles notamment à l’extension de l’ouverture des commerces le dimanche.

Une motion de censure déposée par l’UMP et l’UDI est rejetée.

Les 16 juin et 9 juillet, nouveaux recours au 49-3 pour le même texte, sans motion de censure dans le second cas. Le texte sera définitivement adopté.

Le 10 mai 2016, M. Valls utilise à nouveau le 49-3 pour l’adoption sans vote en première lecture de la loi travail défendue par Myriam El Khomri, ce qui pousse 56 députés de la majorité à tenter en vain de déposer une inédite motion de censure contre le gouvernement – il leur manque deux voix. Celle déposée par la droite est retoquée le 12 mai.

Le 5 juillet, le Premier ministre engage de nouveau la responsabilité de son gouvernement.

Le 20 juillet, il déclenche un troisième et ultime 49-3 pour l’adoption définitive, et sans vote, du projet de loi travail.

Retraites: treize jours hors norme à l’Assemblée en cinq actes

Une guérilla parlementaire féroce, des tensions, quelques dérapages et un coup de tonnerre surprise avec l’annonce du 49-3: le parcours hors norme de la réforme des retraites à l’Assemblée en V actes.

Acte I – L’ouverture

Après des semaines de contestation dans la rue, le marathon démarre dans l’hémicycle le lundi 17 février dans une atmosphère déjà électrique. Contestée par toutes les oppositions, la réforme qui vise à créer un système « universel » de retraite par points n’a pas pu être examinée intégralement en commission, fait inédit, pour cause d’avalanche d’amendements des Insoumis.

Pour la séance, 41.000 amendements sont déposés (pour l’essentiel par la gauche de la gauche). LFI assume l' »obstruction » et promet de tenir « la tranchée », le PCF dénonce un projet « monstrueux ».

Quinze jours de débats sont programmés, le gouvernement tablant sur une adoption en première lecture avant les municipales et un feu vert définitif « d’ici l’été ».

Mais déjà des « marcheurs » préviennent en coulisse qu’ils n’excluent pas un 49-3 (adoption sans vote) si le débat est « clairement impossible ».

Acte II – Le bras de fer commence

Le président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM) tente dès le mardi de cadrer les discussions en s’appuyant sur le règlement interne, avec notamment un seul orateur sur les amendements identiques. Une troisième semaine de débat est annoncée, week-end compris.

Dans l’hémicycle, de nouvelles tensions émergent : les communistes attaquent les « marcheurs », leur reprochant d' »insulter la mémoire » de leur camp. « Vous auriez été beau dans la Résistance! », lance le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

Les rappels au règlement et suspensions de séance en série commencent, émaillés d’invectives, et le début de l’examen des premiers amendements est poussif. La majorité se dit « consternée » et plaide pour « un vrai débat ».

Acte III – L’enlisement

Dès le troisième jour, les débats virent au blocage. Les rappels au règlement s’enchaînent encore dans une atmosphère houleuse.

Richard Ferrand prévient que faute de changement de rythme, il faudrait 150 jours pour arriver au bout du texte.

Des élus de la majorité disent leur « honte » que l’Assemblée « se transforme en cirque ».

« Chenil », « tyrannie », « petites connes »…., le ton monte aussi sur le web entre certains députés, avec des répercussions jusque dans l’hémicycle.

Dans le brouhaha, les élus LR, qui veulent incarner une « troisième voie » entre la gauche et la majorité, plaident pour que le fonctionnement de l’Assemblée ne soit pas bloqué « par une partie de ping-pong ».

Acte IV – Dans l’oeil du cyclone

Les échanges commencent à tourner en boucle, toujours sur l’article 1er consacré aux « principes généraux » de la réforme, certains évoquant « un jour sans fin ».

Le secrétaire d’État Laurent Pietraszewski, au banc depuis le départ, se dit « pantois » de ce débat « sur des mots ». Il faudra six jours pour voir adopté un premier amendement et huit jours d’un impossible dialogue pour passer le cap de l’article 1.

Au 9e jour, Edouard Philippe demande aux députés LREM de « tenir », mais laisse ouverte la possibilité du 49-3.

Dans la soirée, la majorité déserte momentanément l’hémicycle pour protester contre « l’obstruction » – une « mise en scène » pour les oppositions. Après leur retour, le co-rapporteur Nicolas Turquois (MoDem) met le feu aux poudres en lançant: « vous n’êtes rien »… s’excusant par la suite.

Tout le monde a en tête un déclenchement imminent du 49-3, et le jeu du mistigri a démarré: la majorité accuse la gauche de la gauche de vouloir l’y « emmener » par l’obstruction, LFI affirme que les « marcheurs » le « préparent » en surjouant « l’indignation ».

Personne ne voulant en porter le chapeau, c’est ensuite le rétropédalage général: la gauche de la gauche joue la carte du débat de fond, la majorité leur demande de retirer des amendements pour avancer.

Les débats avancent cahin-caha, entre accusations mutuelles de « déni de démocratie » et quelques sous « remis dans le jackpot » par les uns et les autres.

Acte V – Le coup de théâtre

Dans un hémicycle dégarni pour le deuxième week-end consécutif, l’Assemblée vote dans la matinée l’application de la réforme aux régimes spéciaux, un point sensible.

Dans les couloirs, le bruit commence à monter de l’arrivée du Premier ministre. Après une suspension de séance, Edouard Philippe fait l’annonce surprise du recours au 49-3 après 115H d’échanges, afin de « mettre fin à cet épisode de non-débat ».

Incidents en marge du concert d’une star congolaise à Paris: 51 gardes à vue samedi

Le parquet de Paris a indiqué à l’AFP que « 51 gardes à vue étaient en cours samedi matin » suite aux manifestations et aux incendies intervenus vendredi gare de Lyon à Paris en marge du concert de la star congolaise Fally Ipupa.

Le chanteur de rumba congolaise, accusé d’être proche du pouvoir en place en République démocratique du Congo (RDC), ne s’était pas produit en France depuis des années, par peur de débordements. Avant le début de son concert à l’AccorHotels Arena, de multiples incidents ont éclaté vendredi en début de soirée aux abords de la gare et du quartier proche de Bercy.

Plusieurs scooters et poubelles ont été incendiés, dégageant d’épaisses volutes de fumée dans la zone. Envahie par les fumées, la partie souterraine de la gare a été évacuée par précaution et le trafic des métros et RER a été perturbé.

Vers 18H30, les feux ont été maîtrisés par les pompiers et une trentaine de véhicules, surtout des deux-roues, entièrement carbonisés, avait constaté une journaliste de l’AFP.

La préfecture de police avait placé le concert sous haute surveillance, en interdisant les multiples manifestations prévues par les opposants. Mais depuis plusieurs jours, la bataille d’opinions faisait rage sur Twitter autour de la venue du chanteur.

Les premières interpellations de manifestants bravant l’interdiction ont débuté dès la mi-journée. A 23H00, 71 personnes avaient été interpellées, selon la préfecture, qui a dénoncé le « comportement scandaleux » de certains manifestants qui ont entravé l’action des pompiers.

Le « meneur des incendiaires » fait partie des personnes interpellées, avait précisé une source policière.

A Dakar, des citoyens nettoient une plage envahie de déchets médicaux dangereux

Des enfants avaient transformé en terrain de football une plage de Dakar jonchée de compresses, flacons de sang et aiguilles souillées, abandonnés sur le sable par des hôpitaux voisins. Samedi, des citoyens ont nettoyé le bord de mer de ces déchets dangereux.

Bordée d’eaux turquoises et de chantiers de construction, la plage du Cap-Manuel, jouxtant le centre-ville de Dakar, est remplie de monde. Quelque 200 bénévoles de tous âges et de plusieurs nationalités bravent le chaud soleil pour enlever les déchets médicaux de cette plage, habituellement très fréquentée par les Dakarois.

Une vidéo diffusée fin janvier par un lanceur d’alerte écologiste, Riad Kawar, avait suscité un émoi dans le pays. Elle montrait des dizaines de seringues, cathéters, tubes médicaux usagés abandonnés sur la plage.

« Quand ma vidéo a été diffusée, des médecins m’ont dit que les seringues visibles sur la plage sortaient de blocs de maladies infectieuses, et qu’elles auraient dû être incinérées », explique M. Kawar.

« On est arrivé à un stade de saturation écologique. Il fallait faire quelque chose », martèle t-il, en embrassant du regard la file de bénévoles se dirigeant vers la plage.

El Hadj Abdoulaye Seck, un Franco-sénégalais d’une quarantaine d’années en vacances à Dakar, est parmi eux. « Ce projet est d’une importance capitale. C’est un devoir pour tout citoyen sénégalais de participer au développement de notre pays », dit-il, souriant, avant de se munir d’une fourche et d’un seau.

Près de lui, un groupe de jeunes filles ratisse le sable à la recherche de tubes abandonnés. « Cette plage est la nôtre. Nous devons la garder propre pour les générations futures », explique Nogaye Diop, 25 ans, étudiante en management.

Ces déchets sont jetés depuis la falaise qui surplombe la plage par les hôpitaux attenants dont certains ne disposent pas d’incinérateur. A demi-mots, Dibocor Sène, chef de service de la division hygiène hospitalière de l’hôpital Le Dantec, qui jouxte la plage, explique que l’incinérateur censé brûler les déchets connaît des défaillances mécaniques.

« En cas de panne, nous avons un local de stockage des déchets. Mais de temps en temps, ça peut déborder. Quand il est rempli, les sacs sont empilés devant l’incinérateur (puis jetés sur la plage). C’est sans doute ce qui a causé ce tollé », explique M. Sène.

Municipalité, société de collecte des ordures, ministère de la Santé: les autorités contactées par l’AFP se sont renvoyées la responsabilité de l’abandon de ces déchets dans l’espace public. Une enquête a été ouverte par les autorités pour déterminer l’origine des déchets médicaux sur la plage.

« Est-on en Grèce? »: les migrants à l’assaut de la frontière terrestre gréco-turque

Certains jettent des morceaux de bois en feu, d’autres tentent de découper les barbelés: des milliers de migrants s’étaient massés samedi au poste-frontière de Kastanies, où quelque 500 soldats et policiers grecs tiraient sporadiquement des gaz lacrymogènes pour les empêcher d’entrer de Turquie dans l’UE.

A des kilomètres de là, des centaines de réfugiés ont réussi à pénétrer par groupes dans le nord de la Grèce en traversant à l’aube le fleuve Evros, qui longe la frontière sur 200 kilomètres, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Est-on en Grèce? », demande un jeune homme, qui a franchi la frontière dans la boue avec un groupe de 20 personnes. « Où peut-on trouver un taxi ou un train pour aller à Athènes », ajoute le réfugié afghan, rencontré sur une route locale près de la ville d’Orestiada.

La Turquie a annoncé vendredi qu’elle laisserait ouvertes aux migrants ses frontières avec l’Union européenne (UE). Depuis, militaires et policiers grecs ont renforcé leurs patrouilles le long du fleuve Evros, avertissant par haut-parleur de l’interdiction d’entrer en Grèce.

Mais la zone est vaste et ardue à surveiller. Les autorités grecques utilisent des drones pour tenter de localiser les groupes de migrants marchant près de la ligne invisible et surveiller leur avancée.

« Le fleuve Evros est vraiment très long et il y a des passages faciles », a souligné Christos Metios, gouverneur de Macédoine de l’Est et de Thrace. « Les forces de l’ordre grecques multiplient les efforts mais certains migrants arrivent à passer », a-t-il dit sur Skai TV.

« Depuis tôt ce matin, nous procédons sans cesse à des arrestations. Ce qui me frappe c’est que la plupart sont des jeunes hommes en provenance d’Afghanistan, sans bagage », rapporte un policier à l’AFP. Avec ses collègues, il vient d’interpeller dix migrants et les conduit à bord de deux vans blancs au poste de police le plus proche.

Au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule côté turc), quelque 4.000 migrants et réfugiés se sont massés derrière les grillages, selon une source policière grecque, contre 1.200 la veille.

Certains ont grimpé aux arbres, d’autres ont cassé du béton qu’ils jettent du côté grec, d’autres encore lancent des grenades lacrymogènes par-dessus les fils barbelés.

Sur place, Panagiotis Harelas, président des garde-frontières grecs, montre aux médias certaines de ces grenades de fabrication turque: « Nous faisons face à la propagande turque et à des grenades lacrymogènes turques », fustige-t-il.

– Trempés et épuisés –

Sur les routes secondaires proches de la frontière, des groupes de réfugiés marchent sans relâche, certains ont perdu leurs chaussures dans le fleuve, ils sont trempés et couverts de boue, épuisés par des heures de marche dans le froid et sous la pluie.

Ils cherchent un moyen de rejoindre Thessalonique, la deuxième ville du pays, à 3 heures de route de là, ou Athènes, espérant contacter des représentants des Nations unies.

« Nous marchons depuis quatre jours. Nous avons traversé le fleuve car il n’y avait pas beaucoup d’eau », raconte à l’AFP un Iranien de 36 ans.

« Je veux atteindre l’Albanie et de là gagner l’Europe », confie ce réfugié rencontré près du village de Neo Cheimonio. Il a passé la frontière avec un groupe d’Afghans et d’Africains, sans bagages, dont les vêtements sont détrempés par les pluies de la nuit.

Dans le village de Marassia, à deux pas du fleuve, Popi Katrivezi, la propriétaire du café, a « l’habitude » de voir passer des réfugiés « depuis des années. « Mais ce qui se passe depuis vendredi est du jamais vu. Il semble qu’ils arrivent par milliers depuis la Turquie », dit-elle à l’AFP.

A quelques mètres de là, des familles afghanes ont trouvé refuge depuis une dizaine d’heures dans une chapelle. Il y a cinq enfants, ils ont faim et leurs vêtements sont mouillés. « Aidez-nous », implorent-ils, en demandant de l’eau et de la nourriture.

En Israël, derniers meetings de Netanyahu et Gantz avant les élections

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, et son rival Benny Gantz bouclent samedi soir leur troisième campagne électorale en moins d’un an dont l’issue dépend désormais de la volonté des électeurs à se rendre aux urnes.

Après deux élections n’ayant pas réussi à faire de vainqueur, en avril et septembre, les derniers sondages placent les deux rivaux au coude-à-coude pour cette dernière épreuve d’un long triathlon politique en Israël.

Selon ces projections, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et la formation centriste Kahol Lavan (Bleu blanc, couleur du drapeau israélien) obtiendraient 33 sièges chacun sur les 120 de la Knesset, le Parlement, un score quasi identique aux derniers scrutins.

Et en comptant leurs alliés respectifs – la droite et les partis religieux pour M. Netanyahu, le centre-gauche pour M. Gantz – aucun des deux grands blocs n’obtiendrait suffisamment d’appuis pour former un gouvernement selon ces sondages.

Samedi, jour de repos en Israël, les deux leaders se préparaient en journée à leurs derniers rassemblements de campagne prévus en soirée, après le shabbat, à Tel-Aviv pour M. Gantz et dans ses environs pour M. Netanyahu. Et leur message devrait être clair: galvaniser les électeurs.

Pour une troisième élection en moins d’un, la grande inconnue demeure le taux de participation. D’avril à septembre, la participation avait légèrement progressé (+1,5 point), en raison notamment du vote plus important que prévu des électeurs arabes, pour s’établir à près de 70%.

Les partis arabes israéliens, réunis sous la bannière de la « Liste unie », avaient gravi la troisième marche du podium et espère cette fois encore augmenter leur nombre de sièges en misant sur l’opposition au « plan Trump » pour le Moyen-Orient défendu par MM. Netanyahu et Gantz.

« Nous voulons la chute de Netanyahu car c’est le plus grand provocateur des citoyens arabes et c’est le parrain de ‘l’accord du siècle' », surnom du projet américain qui prévoit notamment de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » d’Israël, a déclaré à l’AFP Ayman Odeh, le chef de la liste des partis arabes.

– Coronavirus –

Mais pour ce round 3, une inconnue s’invite dans l’arène : le coronavirus. Au cours des dix derniers jours, la campagne électorale a été en partie éclipsée dans les médias par l’épidémie mondiale de coronavirus touchant aussi Israël qui recense au moins six cas.

Les autorités ont pris une série de mesure d’urgence comme mettre sur pied un centre d’appel pour filtrer les cas potentiels et rassurer la population et bloquer l’accès au pays à des voyageurs provenant de différents pays dont l’Italie.

Pour les élections, le ministre de la Sécurité intérieure a d’ailleurs mis en garde contre la propagation de « fausses nouvelles » sur le coronavirus qui pourrait amputer, selon lui, la participation populaire aux élections de lundi, si des électeurs boudent les bureaux de vote par crainte de contamination.

– Procès Netanyahu –

Sur les boulevards de Jérusalem et Tel-Aviv, des publicités du camp Netanyahu exhortent directement les « Likoudniks » – terme désignant les sympathisants du parti Likoud – à soutenir leur chef qui est dans le viseur de la justice.

Benjamin Netanyahu, 70 ans, dont 14 au pouvoir, est devenu en novembre le seul chef de gouvernement de l’histoire d’Israël a être inculpé pendant son mandat, et de surcroît pour corruption, malversation et abus de confiance dans différents affaires.

Son procès doit s’ouvrir le 17 mars à Jérusalem, d’où l’importance cruciale de ce scrutin. S’il parvient, avec ses alliés, à obtenir une majorité de sièges au Parlement il pourra se présenter devant la justice en position de force et garder son job de Premier ministre.

Mais s’il n’arrive pas à obtenir de majorité avec ses alliés, il devra alors ferrailler pour s’imposer à la tête d’une coalition au moment même où s’ouvrira son procès pour corruption.