Coronavirus: des croisiéristes dans l’incertitude, état d’urgence à New York

L’inquiétude montait samedi parmi les passagers confinés sur un navire de croisière au large de la Californie après la confirmation de cas de coronavirus, alors que l’Etat de New York a déclaré l’état d’urgence pour accélérer la lutte contre l’épidémie.

Le capitaine du Grand Princess, à bord duquel 21 cas de Covid-19 ont été détectés, « n’a encore rien à nous dire sur quand ni où nous pourrons débarquer », a raconté à l’AFP Carolyn Wright, une photographe professionnelle qui voyage avec une amie.

A la mi-journée, le paquebot était à environ cent kilomètres au Sud de San Francisco.

« Nous espérons que (…) les autorités et les experts médicaux vont vite se mettre d’accord sur un plan pratique qui priorisera la santé et le bien-être de tous ceux à bord du Grand Princess », a déclaré lors d’un point de presse la présidente de la compagnie Princess Cruises, Jan Swartz.

« Nous préférons débarquer les passagers et l’équipage le plus vite possible », a-t-elle ajouté.

Des tests effectués sur 45 passagers et membres d’équipage qui présentaient des symptômes similaires à la grippe ont montré que 21 d’entre eux — 19 membres d’équipage et 2 passagers Américains –, étaient positifs au Covid-19.

Samedi en Floride, le vice-président Mike Pence a évoqué avec plusieurs responsables de compagnies de croisière les « défis uniques » de cette industrie face à cette épidémie.

Il a dit que tous les 3.533 passagers et membres d’équipage seront soumis à des tests et placés en quarantaine si nécessaire.

De son côté, Mme Swartz a indiqué que sur les 2.422 passagers, 2.016 étaient Américains et 938 de Californie. Elle a précisé que les personnes à bord étaient de 54 nationalités différentes.

Le navire doit accoster dans la partie non-commerciale d’un port, qui n’a pas été précisé, d’ici dimanche. Toutes les personnes à bord seront alors de nouveau testées et les cas confirmés seront placés en quarantaine.

Le Grand Princess, parti de San Francisco et qui devait y revenir samedi, a interrompu son circuit après la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage.

Un homme de 71 ans qui a participé à une partie de la croisière est mort du Covid-19 à son retour en Californie.

Un passager gravement malade et ses proches ont été évacués par hélicoptère dans la nuit mais ce cas n’est pas lié au coronavirus, a indiqué samedi la compagnie Princess Cruises.

Princess Cruises possède également le Diamond Princess, qui avait été placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations, dont six mortelles.

– Ralentir la propagation –

Pour tenter d’endiguer la contagion, l’Etat de New York a à son tour déclaré l’état d’urgence après l’annonce de nouveau cas positifs, portant le total à 76.

Selon le gouverneur Andrew Cuomo, cette déclaration « permet d’accélérer les procédures d’achat (d’équipement) et d’embauche (de personnel), ce qui est ce dont nous avons besoin actuellement ».

La majorité des personnes contaminées (57) sont liées à une communauté juive orthodoxe de New Rochelle, dans la banlieue Nord de New York.

Face à la propagation du virus, les visiteurs extérieurs sont désormais interdits dans les maisons de retraites autour de New Rochelle, a dit M. Cuomo. Il a également indiqué que la période de quarantaine de 14 jours pour les personnes infectées pourrait être rallongée.

Le gouverneur a également menacé de poursuites les commerces qui gonfleraient leurs prix en profitant de la pénurie, évoquant des informations de consommateurs sur « une bouteille de gel désinfectant vendue 80 dollars ».

Le coronavirus perturbe également les secteurs de l’éducation et de la culture.

En Californie, la prestigieuse université de Stanford a décidé de fermer ses portes et de passer aux cours en ligne à partir de lundi et pour deux semaines. Cette décision fait suite à « la poursuite de la propagation du Covid-19 dans le monde et dans le comté de Santa Clara », siège de l’institution.

Le ballet de San Francisco a pour sa part annoncé samedi à la demande de la mairie de la ville l’annulation des représentations du « Songe d’une nuit d’été » jusqu’au 15 mars.

Coronavirus: des croisiéristes dans l’incertitude, état d’urgence à New York

L’inquiétude montait samedi parmi les passagers confinés sur un navire de croisière au large de la Californie après la confirmation de cas de coronavirus, alors que l’Etat de New York a déclaré l’état d’urgence pour accélérer la lutte contre l’épidémie.

Le capitaine du Grand Princess, à bord duquel 21 cas de Covid-19 ont été détectés, « n’a encore rien à nous dire sur quand ni où nous pourrons débarquer », a raconté à l’AFP Carolyn Wright, une photographe professionnelle qui voyage avec une amie.

A la mi-journée, le paquebot était à environ cent kilomètres au Sud de San Francisco.

Le navire doit accoster dans la partie non-commerciale d’un port, qui n’a pas été précisé, d’ici dimanche. Toutes les personnes à bord seront alors de nouveau testées et les cas confirmés seront placés en quarantaine.

Le Grand Princess, parti de San Francisco et qui devait y revenir mercredi, a interrompu son circuit après la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage.

Un homme de 71 ans qui a participé à une partie de la croisière est mort du Covid-19 à son retour en Californie.

Carolyn Wright a raconté que sa partenaire de voyage, qui souffre d’une maladie pulmonaire, était « très inquiète par le virus ».

« Jusqu’ici nous allons bien et nous espérons que ça ne changera pas », a-t-elle dit.

Un passager gravement malade et ses proches ont été évacués par hélicoptère dans la nuit mais ce cas n’est pas lié au coronavirus, a indiqué samedi la compagnie Princess Cruises.

La frustration s’est aussi fait sentir vendredi quand les autorités sanitaires ont interdit aux passagers, confinés dans leur cabine depuis jeudi, de passer un peu de temps à l’air libre, a raconté Carolyn Wright.

Princess Cruises possède également le Diamond Princess, qui avait été placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations, dont six mortelles.

– Ralentir la propagation –

Samedi en Floride, Mike Pence a évoqué avec plusieurs responsables de compagnies de croisière les « défis uniques » de cette industrie face à l’épidémie du nouveau coronavirus.

Pour tenter d’endiguer la contagion, l’Etat de New York a à son tour déclaré l’état d’urgence après l’annonce de nouveau cas positifs, portant le total à 76.

Selon le gouverneur Andrew Cuomo, cette déclaration « permet d’accélérer les procédures d’achat (d’équipement) et d’embauche (de personnel), ce qui est ce dont nous avons besoin actuellement ».

« Nous voulons trouver autant de cas positifs que possible afin de les mettre hors circulation », affirmé M. Cuomo. « C’est toute la raison de cet exercice. On isole les gens et on ralentit la propagation ».

La majorité des personnes contaminées (57) sont liées à une communauté juive orthodoxe de New Rochelle, dans la banlieue Nord de New York.

Face à la propagation du virus, les visiteurs extérieurs sont désormais interdits dans les maisons de retraites autour de New Rochelle, a dit M. Cuomo. Il a également indiqué que la période de quarantaine de 14 jours pour les personnes infectées pourrait être rallongée.

Le gouverneur a également menacé de poursuites les commerces qui gonfleraient leurs prix en profitant de la pénurie, évoquant des informations de consommateurs sur « une bouteille de gel désinfectant vendue 80 dollars ».

Le coronavirus perturbe également les secteurs de l’éducation et de la culture.

En Californie, la prestigieuse université de Stanford a décidé de fermer ses portes et de passer aux cours en ligne à partir de lundi et pour deux semaines. Cette décision fait suite à « la poursuite de la propagation du Covid-19 dans le monde et dans le comté de Santa Clara », siège de l’institution.

Le ballet de San Francisco a pour sa part annoncé samedi à la demande de la mairie de la ville l’annulation des représentations du « Songe d’une nuit d’été » jusqu’au 15 mars.

Les Etats-Unis ont enregistré plus de 200 cas confirmés de coronavirus, dont au moins 19 mortels, selon les bilans officiels compilés par l’AFP. Parmi les personnes décédées, 16 sont liées à une maison de retraite dans l’Etat de Washington (Nord-Ouest).

Arabie saoudite: trois princes arrêtés pour « complot » contre le prince héritier

Les autorités saoudiennes ont arrêté trois prince, dont le frère et le neveu du roi Salmane, accusés d’avoir comploté pour renverser le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du pays, ont indiqué samedi trois sources à l’AFP.

Ces arrestations, qui illustrent le renforcement de l’emprise sur le pouvoir du prince héritier en balayant ses derniers potentiels opposants, interviennent dans un contexte sensible pour ce pays ultradépendant du pétrole, confronté à la chute des prix de l’or noir et obligé récemment de limiter l’accès aux lieux saints musulmans, sources de revenus importantes du royaume, en raison du nouveau coronavirus.

La garde royale a arrêté vendredi le prince Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud, frère du roi, ainsi que le neveu du monarque, le prince Mohammed ben Nayef, accusés d’avoir préparé un coup d’Etat pour évincer le prince héritier, ont indiqué un responsable arabe et un responsable occidental à l’AFP.

Le frère cadet du prince Nayef, Nawaf ben Nayef, a lui aussi été appréhendé, ont ajouté ces sources sous couvert de l’anonymat.

Selon le responsable occidental, qui affirme citer des sources au sein du gouvernement saoudien, des militaires et des responsables du ministère de l’Intérieur accusés de les soutenir ont aussi été arrêtés.

« Avec cette purge, aucun rival ne reste pour empêcher le prince héritier d’accéder au trône », a-t-il ajouté.

Ces arrestations ont soulevé des questions quant à la santé du roi Salmane, âgé de 84 ans, et sur la possibilité que Mohammed ben Salmane lui succède bientôt, mais selon les déclarations à l’AFP d’une autre source proche des dirigeants saoudiens, « le roi est en bonne santé et va bien ».

Le prince héritier est « aux commandes » et la purge a été menée « après l’accumulation de comportements négatifs des deux princes », a indiqué cette source sans donner plus de détails.

Le Wall Street Journal, quotidien américain qui a le premier fait état de ces arrestations, avait indiqué que les princes Ahmed et Nayef — autrefois prétendants au trône — pourraient encourir la peine de mort ou la perpétuité.

Le lieu dans lequel ils sont détenus reste inconnu.

Ces dernières années, le prince héritier a consolidé son emprise sur le pouvoir en emprisonnant d’éminents religieux et militants mais aussi des princes et d’influents hommes d’affaires.

Considéré comme dirigeant de facto du pays puisqu’il contrôle les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, Mohammed ben Salmane est aussi connu pour sa volonté de piétiner toute trace de dissidence interne avant d’accéder formellement au trône.

Son image de réformateur a été grandement ternie par le meurtre du journaliste saoudien, critique du pouvoir, Jamal Khashoggi au sein du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul en octobre 2018 qui a entraîné un torrent de critiques à l’international.

Coronavirus: les derniers développements dans le monde

Nouveaux bilans et faits marquants : voici les derniers développements liés à la propagation du coronavirus dans le monde.

– Plus de 3.550 morts –

Dans le monde, 104.901 cas d’infection recensés dans 95 pays et territoires, causant la mort de 3.556 personnes, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles samedi à 17h00 GMT.

Les pays les plus touchés après la Chine sont la Corée du Sud (6.767 cas, 44 décès), l’Italie (5.883 cas, 233 décès), l’Iran (5.823 cas, 145 décès), l’Allemagne (785 cas).

La Colombie, le Costa Rica et les Maldives, annoncent le diagnostic de premiers cas sur leur sol.

La Chine dénombre 80.651 cas, dont 3.070 décès. 99 nouvelles contaminations et 28 nouveaux décès.

– Croisiéristes positifs –

Le coronavirus est détecté sur 21 personnes sur 46 testées à bord d’un navire de croisière maintenu au large de la Californie, le Grand Princess, qui compte 3.533 passagers et membres d’équipage.

– Ecoles et frontières fermées –

Les crèches et établissements scolaires seront fermés à partir de lundi et pour 15 jours dans deux départements français, l’Oise (nord de Paris) et le Haut-Rhin (frontière allemande), où des foyers infectieux prospèrent.

La Russie ferme ses frontières aux voyageurs étrangers en provenance d’Iran.

– Renforts en Italie –

L’Italie décide de recruter 20.000 renforts pour ses hôpitaux, tout en étudiant la création de nouvelles zones de quarantaine.

– Prière du pape par vidéo –

Le pape François prononcera dimanche depuis sa bibliothèque sa traditionnelle prière de l’Angélus, qui sera retransmise en direct par vidéo, et non depuis sa fenêtre surplombant la place Saint-Pierre au Vatican.

– Effondrement d’un lieu de quarantaine –

Une trentaine de personnes sont bloquées sous les décombres après l’effondrement d’un hôtel réquisitionné comme lieu de quarantaine contre le coronavirus dans l’est de la Chine.

– Les exportations dégringolent –

Les exportations chinoises ont plongé de 17,2% sur un an en janvier-février.

Les indices boursiers, cours du pétrole et taux sur la dette des Etats ont de nouveau chuté vendredi.

– Annulations –

Le grand festival culturel South by Southwest, qui devait se tenir mi-mars à Austin au Texas est annulé.

Le match Ecosse-France prévu à Glasgow pour le tournoi féminin des Six nations est reporté après qu’une joueuse écossaise eut contracté le coronavirus.

Le marathon de Barcelone prévu le 15 mars se tiendra finalement 25 octobre.

La Hongrie annule la célébration de la fête nationale le 15 mars.

En France, le préfet de police de Paris interdit le Mondial du tatouage prévu du 13 au 15 mars. Plusieurs événements sportifs sont reportés ce week-end.

Mais, en Arabie saoudite, Ryad rouvre l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam. Le petit pèlerinage (la Omra) reste suspendu.

– Casques bleus –

L’ONU demande à neuf pays, dont la Chine, la Corée du Sud et la France, de différer de trois mois leurs rotations de Casques bleus dans le monde.

Michel Fourniret, un tueur énigmatique qui a souvent dérouté la justice

Des silences, des aveux et peut-être encore des secrets: le violeur et tueur en série Michel Fourniret a souvent dérouté la justice en quarante ans de crimes qui lui ont valu le surnom d' »ogre des Ardennes ».

Condamné à la perpétuité incompressible en mai 2008 pour sept meurtres, puis de nouveau à la perpétuité en 2018 pour un assassinat crapuleux, le tueur de 77 ans a reconnu l’enlèvement et le meurtre d’Estelle Mouzin, une fillette de neuf ans disparue en 2003 en Seine-et-Marne.

Mais le temps presse pour reconstituer le parcours criminel de celui qui se décrit comme « un joueur d’échecs » face aux enquêteurs et souffre d’un début de maladie d’Alzheimer.

« Jouez avec un partenaire tel que vous, ça en vaut la peine », mais « ma mémoire fiche le camp », disait-il en novembre à la juge d’instruction Sabine Kheris, qui vient, selon le parquet de Paris, de recueillir ses aveux.

En février 2018, Fourniret avait d’abord avoué à la juge avoir tué deux autres jeunes femmes dans l’Yonne: Marie-Angèle Domece, disparue en 1988 à 19 ans, et Joanna Parrish, 20 ans, retrouvée violée et étranglée deux ans plus tard. Des meurtres qu’il niait jusqu’alors et pour lesquels il avait été mis en examen en 2008.

« Si ces personnes n’avaient pas croisé mon chemin, elles seraient toujours vivantes », a-t-il déclaré lors d’un de ses interrogatoires consulté par l’AFP.

Son ex-femme, Monique Olivier a confirmé les aveux sybillins de son ancien époux pour ces deux femmes. Elle l’a aussi clairement accusé fin janvier d’avoir tué la petite Estelle Mouzin, après avoir contredit son alibi cet automne.

Reconnue complice de quatre meurtres et d’un viol en réunion, elle a pour sa part été condamnée en 2008 à la perpétuité avec 28 ans de sûreté.

Des années après les faits, ces différents aveux ont relancé l’espoir d’élucider ces « cold-cases », mais des secrets demeurent enfouis dans la mémoire du tueur, en prison depuis 17 ans.

En novembre dernier, il a d’ailleurs été interrogé pour la première fois dans l’enquête sur la disparition, en 1993 dans l’Orne, d’une femme de 29 ans, Lydie Logé. Sans être mis en examen à ce jour.

– « Absolument pervers » –

Décrit par l’expert psychiatre Daniel Zagury comme « le tueur en série français le plus abouti », le meurtrier a souvent joué au chat et à la souris avec les enquêteurs.

Me Didier Seban, qui défend plusieurs proches de ses victimes, parle de véritable « bataille » avec l’accusé « pour en savoir plus ». « Un crime fait écho à un autre. Mais ils les avouent et les confond entre eux », déplore-t-il.

« Ce qui étonne, c’est l’ego absolu de ce personnnage, la fierté qu’il tire de son oeuvre criminelle », note l’avocat. « C’est le tueur qui vous emmène dans ses crimes. Il est absolument pervers, absolument insupportable », ajoute-t-il.

Né le 4 avril 1942 à Sedan (Ardennes), Fourniret, marié trois fois et père de cinq enfants, aurait été traumatisé de découvrir que sa première femme n’était pas vierge.

De son propre aveu, l’ajusteur et dessinateur en mécanique, père de famille discret le jour, se serait alors mué en « braconnier » à ses heures sombres. Il est condamné à trois reprises en 1967, 1984 et 1987 pour une douzaine d’agressions sexuelles.

De sa troisième épouse, Monique Olivier, rencontrée en détention par petite annonce, il fait sa complice, scellant avec elle un « pacte » criminel: en échange du meurtre de son premier mari, elle l’aidera à trouver une femme vierge. A sa sortie de prison en 1987, il s’installe avec elle.

Deux mois plus tard, il viole et tue Isabelle Laville, 17 ans. Suivront Fabienne, Jeanne-Marie, Elisabeth…

Leur équipée s’achève en 2003 quand Fourniret est arrêté en Belgique pour un enlèvement raté.

En 2004 et 2005, Monique Olivier craque et révèle aux enquêteurs onze meurtres, dont les sept jugés en 2008. Commis entre 1987 et 2001 en France et en Belgique, ces meurtres avaient été précédés de viols ou tentatives de viols.

Il y a cependant, pour l’avocat de Monique Olivier, Richard Delgenes, une « différence » au sein du couple criminel: Monique Olivier fait « encore partie des gens qui restent humains, qui peuvent ressentir des regrets, de la honte ». « Michel Fourniret, lui, il est ailleurs, ces concepts lui sont étrangers. Mais à son contact, vous ne pouviez que devenir comme lui. »

nal-cal-edy-bl/blb/pb

Défaut de paiement de la dette: de nombreux précédents

Avant le Liban, qui a annoncé samedi être pour la première fois de son histoire en défaut de paiement, de nombreux pays se sont trouvés dans une situation d’insolvabilité. Voici les cas les plus emblématiques:

– 1982: Mexique –

Le 22 août, toutes les grandes places financières du monde et près de mille créanciers reçoivent un télex leur annonçant que le Mexique est en état de cessation de paiement. La dette elle-même atteint 86 milliards de dollars et les intérêts 21 milliards.

Le président Jose Lopez Portillo a dépensé sans compter les surplus générés par l’argent du pétrole. Ce déséquilibre est aggravé en 1981 par la chute des cours de l’or noir.

Après l’annonce du défaut, les États-Unis se portent au secours de leur voisin avec des prêts relais de plusieurs milliards de dollars. Le Fonds monétaire international (FMI) apporte aussi une aide en échange de réformes drastiques.

En 1995, le FMI devra à nouveau se porter au secours du Mexique, lui accordant près de 18 milliards de crédit sur un plan international de sauvetage de 50 milliards.

– 1998: Russie –

L’économie russe est déstabilisée par une lame de fond financière venue d’Asie. Les attaques spéculatives sur le rouble se multiplient et les cours des matières premières, principales ressources de la Russie, plongent.

Le 17 août, le gouvernement dévalue la monnaie, déclare un moratoire unilatéral sur la dette étrangère et renonce à honorer ses échéances vis-à-vis des créanciers nationaux.

La Russie, dont la dette publique en devises étrangères s’élève alors à 141 milliards de dollars et la dette intérieure à 50,6 milliards, devra attendre douze ans pour revenir emprunter sur les marchés.

– 2001: Argentine –

En récession économique depuis trois ans, l’Argentine enchaîne les plans d’austérité et ne contrôle plus sa dette extérieure.

Début décembre, craignant l’effondrement de l’économie, le gouvernement plafonne les retraits en liquide dans les banques. Des émeutes sont sévèrement réprimées (33 morts). Le président Fernando de la Rua démissionne.

Le 23, le président intérimaire Adolfo Rodriguez Saa décrète un moratoire sur la dette nationale, entraînant un défaut de paiement d’environ 100 milliards de dollars sur la dette argentine auprès de créanciers privés, soit le défaut le plus important de l’histoire. Certains créanciers ont accepté une restructuration de la dette en 2005 et en 2010, d’autres ont refusé.

Début 2016, l’Argentine est revenue sur les marchés internationaux de capitaux.

– 2008: Équateur –

Le 12 décembre, l’Équateur suspend le paiement de près de 40% de sa dette internationale, qui s’élève alors à 9,9 milliards de dollars, soit 19% du produit intérieur brut (PIB) du pays.

Le président Rafael Correa estime qu’une partie de cette dette est entachée d’illégalité pour avoir été surévaluée lors de la dernière négociation au début des années 2000. C’est la troisième fois en 14 ans que l’Équateur décrète un moratoire sur sa dette.

– 2015: Grèce –

Fin juin et mi-juillet, alors qu’elle est engluée dans la récession et soumise à une austérité stricte depuis l’éclosion de la crise de la dette en 2010, la Grèce fait défaut en n’honorant pas deux remboursements au FMI pour un montant total de 2 milliards d’euros.

Un prêt d’urgence des Européens permet à Athènes de pouvoir à nouveau prétendre à l’aide financière du FMI.

En août, un accord entre la Grèce, dont la dette frôle les 180% du PIB, et ses créanciers sur un troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros sur trois ans éloigne finalement le risque d’un défaut de paiement qui aurait menacé la cohésion de la zone euro.

– 2017 et 2018: Venezuela –

Les 14 et 15 novembre 2017, le Venezuela est déclaré en défaut partiel sur le remboursement de sa dette par les agences de notation SP Global Ratings et Fitch.

Cette annonce ravive les inquiétudes sur les capacités de Caracas à continuer de rembourser sa dette extérieure d’environ 150 milliards de dollars, alors que le pays est mis en difficultés par la chute des cours du pétrole et les sanctions américaines, et que sa population souffre de graves pénuries d’aliments et de médicaments.

Son allié russe lui accorde une restructuration d’un crédit de 3,15 milliards de dollars.

Le 2 janvier 2018, le Venezuela est de nouveau déclaré en défaut de paiement sur le remboursement de bons de dette souveraine.

– 2020: Liban –

Le 7 mars 2020, le Liban englué dans une sévère crise économique qui s’est exacerbée avec le déclenchement en octobre d’une contestation populaire contre le pouvoir accusé de corruption, annonce être pour la première fois de son histoire en défaut de paiement.

Chypre: manifestation contre la fermeture de checkpoints, 4 policiers blessés

La police chypriote a utilisé du gaz lacrymogène lors d’une manifestation samedi contre la fermeture temporaire par Chypre de la moitié des points de passage avec la partie nord de l’île occupée par la Turquie, sur fond de lutte contre le coronavirus.

Environ 350 Chypriotes ont participé à une manifestation organisée à Nicosie par le mouvement citoyen Unite Cyprus Now, durant laquelle des échauffourées ont fait quatre blessés parmi les policiers, qui ont répondu par un « usage limité » de gaz lacrymogène, selon un porte-parole de la police, qui n’a fait état d’aucune interpellation.

Le 28 février, les autorités chypriotes ont annoncé fermer pour une semaine quatre des huit points de passage pour le tiers nord de l’île, sous occupation de la Turquie depuis 1974, « pour un contrôle accru » dans le pays, qui n’a déclaré à ce jour aucun cas de nouveau coronavirus.

Mais jeudi, le ministre de la Santé Constantinos Ioannou a indiqué qu’ils resteraient fermés jusqu’à lundi, avant une nouvelle évaluation de la situation.

C’est la première fois que ces points de passage sont fermés depuis leur ouverture en 2003 le long de la « ligne verte », surveillée par la mission des Nations unies à Chypre (Unficyp), et qui divisait jusque-là hermétiquement l’île en deux.

Samedi, environ 200 Chypriotes-grecs et 150 Chypriotes-turcs se sont rassemblés de part et d’autre du point de passage de la rue de Ledra –l’un des quatre fermés– situé dans le centre-ville de la capitale.

« La paix à Chypre ne peut être stoppée », « Contenir le virus de la partition », ont notamment scandé les manifestants demandant la réouverture des checkpoints.

La tension est montée d’un cran lorsque des manifestants côté chypriote-turc ont tenté de percer un cordon policier, a indiqué la police.

La République de Chypre –seule reconnue par la communauté internationale et membre de l’Union européenne depuis 2004– contrôle les deux tiers sud de l’île.

L’autoproclamée République turque de Chypre-nord (RTCN) est, elle, uniquement reconnue par la Turquie, qui affirme avoir envahi le tiers nord de l’île en réaction à un coup d’Etat qui visait à rattacher le pays à la Grèce.

Aucun cas de nouveau coronavirus n’a été détecté à ce stade en Turquie.

Jeudi, l’Unficyp s’est dite « préoccupée par les perturbations infligées aux personnes des deux côtés » de la « ligne verte » provoquées par la fermeture temporaire des checkpoints.

Lundi, le président de la RTCN, Mustafa Akinci, a critiqué une « décision unilatérale » et a appelé à sa révision, lors d’un entretien téléphonique avec le président de Chypre Nicos Anastasiades, qui avait dit avoir informé son homologue de la fermeture.

Des pourparlers sous l’égide de l’ONU entre MM. Anastasiades et Akinci sont suspendus depuis 2017.

Le Liban se dirige vers le premier défaut de paiment de son histoire

Le Liban se dirige vers le premier défaut de paiement de son histoire, les hauts dirigeants du pays surendetté affichant samedi leur opposition au paiement imminent d’une dette, une décision qui devrait être entérinée incessamment sous peu par le gouvernement.

Réuni samedi au palais présidentiel, le gouvernement doit trancher sur le remboursement de cette dette après des semaines de tractations, tandis que se poursuit depuis près de cinq mois un mouvement de contestation inédit contre une classe politique jugée incompétente et corrompue.

Le 9 mars, l’Etat doit en théorie rembourser 1,2 milliard d’Eurobonds – des bons du Trésor émis en dollar par l’Etat, dont une partie est détenue par les banques et la Banque centrale – mais pourrait déclarer ne pas être en mesure d’honorer son engagement.

A l’issue d’une réunion au palais présidentiel, le chef de l’Etat, le Premier ministre, le chef du Parlement, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale ont laissé entendre que l’Etat ne rembourserait pas.

Au cours de la réunion, il a été « décidé à l’unanimité de se tenir au côté du gouvernement dans sa gestion de la dette, mais pas pour un remboursement de dettes arrivant à échéance », a indiqué la présidence à l’issue de la rencontre.

Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit environ 170% de son produit intérieur brut (PIB), selon l’agence internationale Standard and Poor’s (S&P), l’un des ratios les plus élevés au monde.

– « Retombées » –

Les banques libanaises, qui détiennent une grande partie de la dette publique — dont près de la moitié des 30 milliards d’Eurobonds –, ont récemment appelé l’Etat à éviter un défaut de paiement, qui creuserait leur manque de liquidités notamment en dollars.

Craignant un épuisement de leurs réserves en devises étrangères, les banques ont déjà imposé des restrictions drastiques ces derniers mois, plusieurs établissements plafonnant les retraits à 100 dollars par semaine et interdisant les transferts d’argent vers l’étranger.

« Un défaut aurait des retombées sur l’économie nationale », prévient le chef du département de recherche à la Bank Audi, Marwan Barakat.

De nombreuses voix se sont élevées ces dernières semaines pour réclamer une restructuration de la dette afin d’accorder au gouvernement un délai supplémentaire afin de mener des réformes profondes pour remettre le pays sur la bonne voie.

Au Liban, le dollar est utilisé au quotidien au même titre que la livre libanaise et les Libanais craignent l’accélération de la perte de valeur de leur monnaie.

La livre libanaise, indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar, a récemment frôlé les 2.700 livres pour un dollar sur le marché parallèle, poussant la banque centrale à émettre vendredi une circulaire plafonnant le taux dans les bureaux de change à 2.000 livres pour un dollar.

« Je ne pense pas qu’une dévaluation officielle soit à l’ordre du jour à court terme », estime toutefois M. Barakat.

– « Le prix des lacunes » –

La rue impute la situation actuelle à un cumul de mauvaises politiques au cours des trois dernières décennies.

Le pays a commencé à s’endetter massivement à la fin de la guerre civile (1975-1990) pour reconstruire le pays.

Mais faute de réformes et de bonne gouvernance, le déficit public n’a eu de cesse de se creuser au fil des ans et les banques locales ont continué d’acheter des bons du trésor.

Conséquence: la dette publique a bondi de quelques milliards de dollars au début des années 1990 à plus de 90 milliards de dollars.

Samedi, des manifestants ont défilé à Beyrouth pour crier leur colère.

« Nous ne devons pas payer le prix des lacunes du gouvernement », affirme Nour, une manifestante de 16 ans devant le siège de la Banque centrale libanaise.

A la demande de l’Etat, une mission d’urgence du Fonds monétaire international (FMI) a été dépêchée le mois dernier mais aucune assistance financière de l’institution n’a été annoncée pour le moment.

« Le Liban a besoin avant tout d’un plan imminent de restructuration de la dette dans le cadre d’un plan global (…) sous l’égide du FMI pour que l’aide financière internationale se concrétise », explique Marwan Barakat. Mais certaines forces politiques locales, notamment le Hezbollah, ont récemment affiché leur opposition à une « mise sous tutelle ».

Le Liban a longtemps compté sur les aides internationales.

En avril 2018, une aide de 11,6 milliards de dollars a été promise lors d’une conférence parrainée par la France mais les fonds n’ont toujours pas été débloqués faute de réformes.

Coronavirus: Ryad rouvre l’esplanade de la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam

L’Arabie saoudite a rouvert samedi l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam situé au coeur de la Grande mosquée de La Mecque, qui avait été temporairement fermée pour prévenir la propagation du nouveau coronavirus.

Le petit pèlerinage musulman -la Omra- dans les villes saintes de La Mecque et Médine, reste lui suspendu, une mesure inédite annoncée mercredi par les autorités.

Le petit pèlerinage présentait le risque de devenir un foyer majeur de contamination en Arabie saoudite où 5 cas de nouveau coronavirus ont été confirmés. Plus de 150 cas ont été enregistrés dans le Golfe.

Le roi Salmane « a autorisé la réouverture » samedi à l’aube de l’esplanade entourant la Kaaba pour les pèlerins n’effectuant pas la Omra, a indiqué l’agence de presse officielle SPA.

Des centaines de pèlerins étaient présents sur l’esplanade, tournant autour de la Kaaba, une structure cubique enveloppée dans une étoffe noire brodée d’or et vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier.

Entourée de barrières, la Kaaba restait toutefois inaccessible.

La zone entre les collines avoisinantes de Safa et Marwa où cheminent également les fidèles durant la Omra, restait également fermée.

Les fidèles sont néanmoins toujours autorisés à se rendre dans la Grande mosquée de La Mecque et dans la mosquée du Prophète à Médine pour leurs prières quotidiennes.

Celles-ci sont uniquement fermées une heure après la prière du soir pour permettre de nettoyer et désinfecter les lieux avant leur réouverture à l’aube.

La décision de suspendre la Omra, qui attire chaque année des millions de pèlerins, a soulevé des incertitudes autour du grand pèlerinage du Hajj –un pilier essentiel de l’islam– qui doit débuter fin juillet.

Les autorités saoudiennes ne se sont pas encore exprimées sur d’éventuelles mesures de précaution pour le Hajj, qui a attiré environ 2,5 millions de personnes en 2019.

Déjà affecté par la chute des prix du pétrole, le royaume pourrait perdre des milliards de dollars de revenus générés chaque année par le tourisme religieux en limitant l’accès aux sites.

Samedi, SPA a par ailleurs indiqué que les entrées dans le royaume depuis les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn, seraient « temporairement » restreintes à trois aéroports situés dans la capitale Ryad, à Jeddah (ouest) et à Dammam (nord-est).

Et seuls les camions de marchandises pourront traverser la frontière terrestre, selon SPA.

Le ministère des Sports a lui annoncé « suspendre la participation du public » à tous les événements sportifs dès samedi.

D’autres pays du Golfe ont pris des mesures pour prévenir la propagation du nouveau coronavirus. Le Koweït a annoncé samedi suspendre les vols en provenance et à destination du Bangladesh, des Philippines, d’Inde, du Sri Lanka, de Syrie, du Liban et d’Egypte.

Ankara ordonne à ses garde-côtes de stopper les migrants en mer Egée

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné l’ordre aux garde-côtes d’empêcher les migrants de traverser la mer Egée, confirmant une accalmie dans la crise migratoire entre la Turquie et l’Union européenne.

« Sur ordre du président (…) aucune autorisation ne sera donnée aux migrants de traverser la mer Egée en raison des dangers que cela comporte », a indiqué le service des garde-côtes sur Twitter.

« L’approche consistant à ne pas intervenir pour empêcher les migrants de quitter la Turquie reste valable, sauf pour ce qui concerne les départs par la mer, en raison des dangers », a-t-il précisé.

Le service des garde-côtes a par ailleurs assuré avoir sauvé jeudi 97 migrants en danger, accusant les Grecs d’avoir « dégonflé leurs trois bateaux et les avoir laissé dériver, à moitié en train de couler ».

Ankara et Athènes échangent continuellement des accusations concernant les migrants, les Turcs dénonçant la brutalité des Grecs à l’encontre des migrants, les Grecs accusant la Turquie de les pousser et même de les aider à passer en Grèce.

Des milliers de migrants tentent de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis que le président turc a annoncé le 29 février qu’il cessait de respecter un accord de mars 2016 avec l’Union européenne prévoyant que les migrants restent en Turquie, en échange d’une aide financière européenne à Ankara.

Les autorités grecques ont annoncé jeudi que plus de 1.700 d’entre eux étaient arrivés sur les îles grecques, venant s’ajouter aux 38.000 déjà présents qui surpeuplent les camps de réfugiés dans des conditions de plus en plus précaires.

Cette situation tendue a réveillé en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015.

Pour tenter de sortir de l’impasse, M. Erdogan s’était entretenu au téléphone vendredi avec la chancelière allemande Angela Merkel. Celle-ci avait piloté les négociations ayant abouti à l’accord de 2016.

L’UE a de son côté adressé vendredi un message dissuasif aux migrants: « N’allez pas à la frontière. La frontière n’est pas ouverte », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

– Nouveaux heurts à la frontière –

De nouveaux heurts ont opposé samedi pendant plusieurs heures la police grecque et les migrants massés à la frontière avec la Turquie. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour repousser les migrants qui tentaient de franchir les grilles au poste-frontière de Pazarkule (appelé Kastanies, côté grec). Ceux-ci leur jetaient des pierres et criaient « ouvrez les portes », selon des journalistes de l’AFP sur place.

Aux termes de l’accord de 2016, la Turquie avait accepté de contenir le flot des migrants qui fuient la guerre en Syrie, en échange d’une aide de plusieurs milliards d’euros.

Mais Ankara proteste contre l’insuffisance de cette aide pour faire face au coût des quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu’elle accueille depuis des années.

Ce coût a encore augmenté aveec l’offensive du régime syrien — appuyé par Moscou — depuis décembre contre la province d’Idleb, dernier bastion rebelle en Syrie, qui a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d’un million de personnes déplacées.

Les Européens, qui avaient proposé un milliard d’euros supplémentaire d’aide qu’Ankara a refusé, voient dans la décision d’Ankara d’ouvrir les vannes un chantage politique pour obtenir un soutien occidental aux opérations turques en Syrie.

Le ministère turc des Affaires étrangères a reclamé samedi que Bruxelles applique strictement l’accord de 2016 et a dénoncé le soutien exprimé à la Grèce par les 27 lors d’une réunion ministérielle à Zagreb vendredi.

« Il est malheureux que l’UE agisse en contradiction avec ses propres principes en soutenant la Grèce qui viole la législation internationale sur les droits de l’Homme », a affirmé le ministère en accusant l’UE de faire preuve d' »hypocrisie » et de politiser le dossier migratoire.

La Grèce de son côté se défend « d’user d’une force excessive » contre les migrants. Athènes n’a fait « que réagir aux provocations qui ont eu lieu à la frontière », a affirmé son Premier ministre Kyriakos Mitsotakis sur CNN.

Il avait aussi accusé Ankara d’aider les migrants à passer en Grèce par la voie terrestre mais aussi par mer.

Le directeur de la communication du président Erdogan Fahrettin Altun a rejeté « catégoriquement » ces accusations grecques.

Oum Kalthoum illumine l’Opéra du Caire 45 ans après sa mort

La légende égyptienne Oum Kalthoum a illuminé l’Opéra du Caire vendredi soir le temps d’une chanson, pour la première fois en Egypte et 45 ans après sa disparition, grâce à la technologie de l’hologramme.

Au lever du rideau sur la scène de la grande salle de l’Opéra, celle que l’on surnommait « L’Astre de l’Orient » ou la « quatrième pyramide », s’est matérialisée en trois dimensions dans une robe violette brillante, arborant son célèbre foulard à la main.

Immédiatement, la salle pleine à craquer, d’une capacité d’un millier de personnes, a offert une immense ovation.

Habillé en tenue de soirée rappelant les galas d’autrefois, le public composé d’hommes, de femmes et de jeunes a écouté la chanson « Hayart Albi ma’ak » (Tu as troublé mon coeur) écrite par le poète égyptien Ahmed Rami avec une musique de Riad Al-Sunbati.

Le passage holographique n’a duré qu’une quinzaine de minutes et a été joué deux fois sous les applaudissements. Les chanteuses May Farouk et Riham Abdel Hakim ont ensuite interprété les plus grands titres de la chanteuse.

« Je suis venu aujourd’hui parce que j’ai toujours rêvé d’assister à une soirée d’Oum Kalthoum », a expliqué à l’AFP Aya Yassin, professeur à la faculté de médecine de l’université cairote d’Ain Shams.

« Ma grand-mère me parlait souvent des fameux concerts du jeudi d’Oum Kalthoum », se souvient-il.

Issue d’une famille modeste, Oum Kalthoum ou Fatima Ibrahim al-Beltagui est née en décembre 1898 dans un village du delta du Nil. Son talent est découvert dès l’âge de 16 ans et elle alors entame une longue et flamboyante carrière.

-« Authenticité et identité »-

Véritable star de la musique arabe classique, elle a occupé la scène des années 1920 aux années 1970.

Ses concerts duraient plusieurs heures et leur diffusion en direct à la radio attiraient de nombreux auditeurs.

Plus de quatre décennies après sa mort le 3 février 1975, des taxis aux cafés, en passant par les foyers, sa voix –un contralto profond– résonne encore aujourd’hui aux quatre coins du monde arabe.

« L’utilisation de nouvelles technologies vise à attirer les nouvelles générations (…) et à les rattacher à leur histoire », avait indiqué à l’AFP le directeur de l’Opéra, Magdy Saber, quelques jours avant le concert.

Le concert de vendredi, qui fait revivre par une technologie moderne une icône du passé, intervient en pleine querelle des anciens et des modernes sur la scène musicale égyptienne.

En février, le syndicat égyptien des musiciens a interdit aux artistes du mouvement musical populaire électro « mahraganat » de se produire sur scène, jugeant leurs chansons trop vulgaires pour ce pays conservateur.

« Je suis un ancien militaire, et je suis venu ici parce que (…) j’en ai assez de ce que la génération moderne propose sous le nom d’art, qui n’est rien d’autre que du déchet », a déclaré Mostafa à l’AFP, qui n’a pas souhaité décliner son nom de famille.

« Nous avons choisi Oum Kalthoum pour encourager un retour à l’authenticité et à notre véritable identité », a souligné Mohamed Mounir, l’un des responsables de l’Opéra.

D’autres concerts utilisant la même technologie devraient avoir lieu pour rendre hommage à d’autres chanteurs classiques tels que Mohamed Abdel Wahhab ou Abdel Halim Hafez, selon l’Opéra.

Oum Kalthoum était déjà apparue sur scène deux fois l’an dernier grâce au même procédé technologique, d’abord en Arabie saoudite puis à Dubaï.

RDC: le général tombé en disgrâce est mort par « pendaison » (président)

Le général congolais sous sanction de l’Union européenne (UE) décédé brutalement il y a une semaine, juste après sa mise à l’écart, est mort par « pendaison », selon des « éléments » de l’enquête cités par le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi.

Chef d’état-major adjoint chargé du renseignement militaire, Delphin Kahimbi, 50 ans, est mort le 28 février chez lui à Kinshasa. Il est décédé d’une « crise cardiaque », selon les déclarations de sa femme à la presse.

« Le président de la République a informé les membres du conseil des ministres qu’il avait décidé de diligenter une enquête indépendante à l’initiative de la Monusco (Mission des Nations unies au Congo) », lit-on dans le compte-rendu du conseil des ministres diffusé samedi.

« Cependant, d’après les éléments en sa possession, il s’avère qu’il s’agit d’une pendaison », ajoute le compte-rendu du conseil qui s’est tenu vendredi.

Le président souhaite « que toutes ces enquêtes se terminent rapidement afin de soulager la famille éplorée ».

Nommé à l’époque de l’ancien président Joseph Kabila, M. Kahimbi était l’un des douze officiels congolais toujours sous sanctions européennes pour atteintes aux droits de l’homme dans les dernières années de l’ancien régime (2015-2018).

Dans la semaine ayant précédé sa mort, il avait été suspendu de ses fonctions et entendu par le Conseil national de sécurité (CNS), selon des sources concordantes.

Resté en place après l’investiture du nouveau président en janvier 2019, il était accusé d’avoir mis en place « un système d’écoute des autorités », a déclaré une source militaire à l’AFP.

Juste avant sa mort, les États-Unis – soutien affiché du nouveau président Tshisekedi – avaient publiquement salué sa destitution.

Ancienne figure de l’opposition, M. Tshisekedi gouverne la RDC en coalition avec son prédécesseur Kabila, dont les partisans sont majoritaires au Parlement et les autres institutions du pays.

Plusieurs personnalités très influentes à l’époque du président Kabila ont cependant été mises à l’écart.

Mexique: un raid policier contre un gang tourne au massacre et fait neufs morts

Neuf personnes, dont deux policiers, ont été tuées lors d’un raid mené par la police mexicaine pour tenter de délivrer des personnes qui avaient été enlevées par un gang, dans l’ouest du Mexique, a-t-on annoncé de source officielle.

Outre les deux policiers, six des morts étaient des personnes apparemment retenues en otages dans la maison visée par le raid, le septième étant un passant, a précisé le procureur général de la région Gerardo Octavio Solis.

Les policiers entamaient un raid sur cette maison de la ville de Tlaquepaque, dans l’Etat de Jalisco, lorsque les bandits ont immédiatement ouvert le feu. Les policiers ont demandé du renfort, qui est arrivé sous formes de dizaines de policiers et de soldats, ainsi que deux hélicoptères

Se voyant acculés, les ravisseurs ont tué leurs captifs avant de s’enfuir. La police a fouillé sans ménagement, mais en vain, tout le quartier pour tenter de les retrouver.

« Ils ont cogné si fort sur la porte qu’ils ont cassé les vitres, ils n’ont même pas attendu qu’on arrrive pour ouvrir », a raconté à l’AFP une des habitantes du quartier, expliquant que les policiers étaient ensuite montés sur le toit.

Dans une école maternelle proche, les institutrices ont immédiatement appliqué le protocole de sécurité, faisant allonger tous les enfants par terre pour les protéger, a expliqué une femme de l’école à l’AFP.

L’Etat de Jalisco connaît une violence particulièrement importante due au crime organisé, en particulier la cartel de drogue Jalisco New Generation, que les autorités américaines considèrent comme une des cinq plus dangereuses organisations criminelles internationales au monde.

En Guinée, l’opposition soigne ses blessés dans sa propre clinique

Le patient se retient comme il peut de gémir tandis que le médecin s’affaire autour des blessures par balle qu’il a reçues aux jambes. La pièce décrépite empeste le sang et la sueur, c’est la clinique de fortune de l’opposition guinéenne à Conakry.

La Guinée est en proie depuis octobre à la contestation contre le projet prêté au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la tête de l’un des pays les plus pauvres au monde.

Plus de 30 civils et un gendarme ont été tués et des centaines de personnes blessées, dans la répression brutale des manifestations par les policiers et les gendarmes, mais aussi, souvent, lors de confrontations éparses en marge des rassemblements. Dans bien des cas encore, les blessés dénoncent des attaques des forces de sécurité sans la moindre provocation.

Bon nombre de blessés se retrouvent ici, dans la clinique discrètement tenue par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif qui mène le mouvement contre le président. A l’abri d’une enceinte, ils se remettent entre les mains de médecins volontaires qui soignent leurs plaies dans une seule pièce, rudimentaire et étouffante.

Certains « ont peur de se rendre dans les hôpitaux », explique un médecin, que l’AFP ne nomme pas pour des raisons de sécurité. Il fait référence à la crainte des habitants de certains quartiers soit d’être refoulés par les établissements hospitaliers, soit de voir des hommes en uniforme venir les y chercher.

Les quartiers d’où ils viennent sont réputés être des bastions de l’opposition, dans la banlieue de Conakry par exemple, où nombre d’incidents mortels ont été déplorés. Maints habitants dénoncent un harcèlement policier systématique selon eux.

À l’extérieur de la salle qui fait office de clinique, une douzaine de patients, adolescents pour la plupart, cherchent à récupérer sur des chaises rembourrées et sur une terrasse ombragée. Certains peuvent à peine parler. Les uns n’ont en apparence que des égratignures ou des bleus. D’autres, en revanche, désignent les épais bandages qui, disent-ils, dissimulent leurs blessures par balle.

– La routine –

Les douze hommes et adolescents auxquels l’AFP a parlé ont tous dit venir de quartiers connus pour leur sympathie avec l’opposition et avoir été pris pour cibles sans même avoir participé aux manifestations.

La veille encore, ces quartiers avaient été pour la énième fois le théâtre de manifestations et de heurts le long d’une des principales artères de la ville.

L’un des blessés, âgé de 18 ans, a la lèvre entaillée et arbore un pansement au-dessus de l’oeil droit. Frêle et tremblant, il soulève son tee-shirt pour dévoiler les larges marques sombres qui lui couvrent le dos.

Les policiers l’ont arrêté et frappé avec des câbles, « pour rien », assure-t-il.

Un adolescent de 15 ans à la tête bandée raconte qu’il prenait le thé avec ses amis quand il a été lui aussi arrêté et battu. « C’est juste dans leurs habitudes », accuse-t-il.

Un jeune de 20 ans dit avoir croisé les gendarmes et s’être mis à courir. « J’ai reçu un coup de couteau dans le dos », dit-il. Lui aussi s’exprime en peul, la langue de l’ethnie qui est majoritaire en Guinée avec les Malinkés, autre communauté dont est issu le président.

– Règle d’impunité –

Les autres patients de la clinique rapportent des faits similaires. Les accusations d’abus policiers sont difficilement vérifiables de source indépendante. Cependant, elles sont constantes depuis des années et soutenues par les défenseurs des droits humains. Certains agissements sont corroborés par des vidéos circulant largement sur les réseaux sociaux.

Interrogé, un porte-parole de la police a déclaré ne pas avoir connaissance des faits dénoncés par les patients de la clinique. Celui de la gendarmerie n’a pu être joint.

Dans un entretien récent avec l’AFP, le ministre de la Sécurité, Damantang Albert Camara, admettait qu’aucun service de sécurité n’était parfait. Mais il assurait, comme ne cessent de le répéter les autorités, que les plaintes donnaient « systématiquement » lieu à une enquête.

Les défenseurs des droits humains dressent un tableau plus sombre. Amnesty International écrivait en novembre qu’au moins 61 manifestants et passants avaient été tués par les forces de sécurité depuis 2015. Le bilan s’est alourdi depuis.

Malgré des dizaines de plaintes, un seul membre des forces de sécurité a été poursuivi, et « l’impunité continue d’être la règle en Guinée », disait l’ONG.

Après des mois de tensions, la situation en Guinée reste suspendue aux décisions de M. Condé, 82 ans. Il entretient le flou sur son intention de se présenter ou non à sa propre succession à l’expiration de son mandat en 2020.

Par peur du coronavirus, « c’est la folie » dans des supermarchés de Los Angeles

Pas un rouleau de papier toilette en vue et l’eau minérale est rationnée: des habitants de Los Angeles se sont rués sur des supermarchés cette semaine par peur de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Deux jours après que la Californie a déclaré l’état d’urgence sur son territoire, les magasins de vente en gros visités par l’AFP vendredi n’arrivaient pas à répondre à la demande croissante de toute une série de produits de base.

« C’est la pagaille, on fait le double du chiffre de d’habitude », dit Rene, qui travaille dans un supermarché Costco à Burbank.

« Aujourd’hui, c’est incontrôlable. C’est pour ça que nous n’avons plus de papier toilette, presque plus d’eau, et plus de gel pour les mains ».

La Californie a jusqu’ici enregistré un décès, ce qui la place en deuxième position après l’Etat de Washington (11 morts pour l’instant).

Malgré les appels des autorités à la retenue, des Californiens ont commencé à céder à la panique et à acheter en masse comme dans certaines régions d’Asie et ailleurs.

« C’est la folie », a dit le directeur financier de Costco, Richard Galanti, à des analystes jeudi.

Ce jour-là, la police du comté de San Bernardino, près de Los Angeles, a dû être appelée à la rescousse dans l’un des magasins de la chaîne après que des clients ont explosé de colère au vu du manque de stocks.

– Rationnement –

Vendredi, les acheteurs chez Costco n’avaient droit qu’à deux packs d’eau, contre quatre la veille.

Beaucoup ont tenté de passer outre mais se sont vu confisquer l’eau à la caisse, ce qui a provoqué des tensions.

Un employé qui ramenait la masse de bouteilles confisquées sur les rayons était constamment arrêté par de nouveaux clients s’emparant de ce qu’ils pouvaient.

« Avec la folie ici, on commence vraiment à réaliser », dit Lisa Garcia, 30 ans, qui reconnaît qu’elle est de plus en plus inquiète.

« On pensait s’approvisionner en papier toilette et essuie-tout mais regardez ces rayons vides! », lance-t-elle.

Dans un autre magasin Costco, des employés racontent comment des clients sont entrés presque en courant dès l’ouverture pour se jeter sur des produits.

En milieu de journée, il ne restait plus que des bouteilles d’une onéreuse eau pétillante, au grand dam de plusieurs acheteurs.

Certains essaient malgré tout de voir le bon côté des choses.

« Je suis prudent », explique Andrew, qui travaille dans les secours et préfère ne pas donner son nom de famille. L’homme pousse un chariot chargé d’eau, d’essuie-tout, de citron vert et de soda au gingembre.

« Je veux être sûr que nous ayons ce qui est essentiel – du tonic, du vin, comme ça, si les choses empirent, je pourrai me faire à boire ».

« Je suis juste ici au cas où ce serait l’apocalypse », plaisante aussi Carlos Gonzalez, 35 ans.

« J’imagine qu’ils ont trouvé un bon moyen de vendre beaucoup de choses ».

Haïti entraîné dans le cercle vicieux de la crise politique et humanitaire

Haïti dispose enfin d’un nouveau gouvernement mais, sans parlement pouvant lui donner sa légitimité ni perspectives électorales, le pays reste paralysé par une crise politique aux conséquences sociales, économiques et sécuritaires alarmantes.

Cela faisait près d’un an que le pays de la Caraïbe était dirigé par un gouvernement intérimaire. Joseph Jouthe, nommé lundi, est le cinquième Premier ministre du président Jovenel Moïse depuis son arrivée au pouvoir en février 2017.

Mais ni la politique générale de M. Jouthe ni son cabinet, dont la composition a été rendue publique mercredi, ne peuvent obtenir l’approbation des députés et sénateurs: les élections législatives n’ayant pas été organisées à l’automne 2019, le parlement est inopérant depuis janvier.

« Haïti n’a ni loi électorale ni budget électoral. Le président Moïse peut les faire passer par décret mais les manifestations populaires et la défiance montrent clairement que cela ne serait pas considéré comme légitime », a témoigné mercredi l’avocate Ellie Happel, directrice du programme haïtien Global Justice Clinic devant la Commission des droits humains du Congrès des Etats-Unis.

Elu à l’issue d’un processus électoral qui a duré près de deux ans et auquel à peine 20% de l’électorat a participé, M. Moïse était inconnu du grand public avant son entrée en politique à l’occasion de la campagne présidentielle.

Décrié depuis la première heure par ses principaux concurrents, le chef de l’Etat haïtien a rapidement concentré la colère populaire et les manifestations exigeant sa démission se sont multipliées à travers le pays.

– Corruption et pauvreté –

Dans ce pays où plus de 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 2,41 dollars américains par jour selon la Banque mondiale), la révolte contre Jovenel Moïse a gonflé quand la Cour supérieure des comptes a fait état en mai 2019 de son implication présumée dans un vaste scandale de corruption s’étalant sur les dix années précédentes.

Face à cette défiance, sans que la police nationale n’ait les capacités de contrôler l’ensemble du territoire, l’insécurité s’est amplifiée au-delà des seuls bidonvilles de la capitale, aux mains des gangs armés depuis des années.

A l’automne 2019, des manifestations et des barricades dressées sur les principaux axes routiers ont abouti à un blocage quasi total des activités. La majorité des écoles ont par exemple gardé portes closes plus de deux mois.

Rétablir la sécurité, en garantissant la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire, a été la priorité donnée par le président à ce cabinet ministériel mais ses capacités d’intervention paraissent minces.

« Un nouveau gouvernement dans un contexte aussi complexe, sans les ressources budgétaires adéquates, sans un climat apaisé, sans un vrai dialogue national, sans une volonté réelle de divorcer d’avec les pratiques de corruption ne fera pas de miracle », analyse l’économiste haïtien Etzer Emile.

– Investissements privés au plus bas –

Outre cette impasse politique, la recrudescence des enlèvements contre rançon enregistrée en Haïti depuis plusieurs semaines est un coup supplémentaire porté à l’espoir d’une relance économique.

« La misère s’est accélérée. Les investissements privés, domestiques et étrangers, n’ont jamais été aussi faibles depuis ces dernières années », déplore M. Emile.

Un tiers des habitants a aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire d’urgence, parmi lesquels un million de Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire sévère, échelon qui précède la situation de famine selon la classification utilisée par le Programme alimentaire mondial.

L’effondrement de la fragile économie du pays n’est, pour l’heure, évité que grâce au large soutien financier des Haïtiens de la diaspora.

En 2019, quelque 3,3 milliards de dollars américains ont été envoyés en Haïti via des transferts de fonds à titre privé, provenant principalement des Etats-Unis, du Chili et du Canada, ce qui représente plus d’un tiers du produit intérieur brut haïtien.

Le coronavirus dépasse la barre des 100.000 cas, l’inquiétude grandit

L’épidémie du coronavirus a dépassé la barre des 100.000 personnes contaminées dans le monde où la propagation s’étend, 21 nouveaux cas ayant été détectés à bord d’un navire de croisière au large de la Californie.

La Chine a annoncé samedi 28 nouveaux décès, portant le bilan total à 3.070 morts dans le pays, et une nouvelle augmentation du nombre de cas en dehors de la province du Hubei (centre), où le virus a été détecté en premier.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que la propagation du virus était « très préoccupante ». Au total, 92 pays sont désormais concernés par le Covid-19 qui a fait près de 3.500 morts et contaminés plus de 100.000 personnes.

Aux Etats-Unis, le virus a été détecté sur 21 personnes à bord du Grand Princess, un navire de croisière maintenu au large de la Californie, après la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage, selon le vice-président américain, Mike Pence.

Après avoir organisé sa grande conférence annuelle à Washington, le lobby pro-Israël AIPAC a annoncé vendredi que deux des participants avaient été testés positifs au nouveau coronavirus.

– Fermetures d’écoles –

La propagation, inévitable, a été en partie contenue en Chine, dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, grâce à la mise en quarantaine de quelque 56 millions de personnes depuis fin janvier.

Les nouvelles contaminations de personnes y sont en baisse depuis plusieurs semaines. Avec 74 nouveaux cas, il s’agit du nombre le plus faible depuis les mesures de quarantaines mises en place fin janvier dans la province, selon les autorités chinoises.

Cependant, 24 cas de coronavirus importés ont été recensés dans le Hubei, faisant craindre une nouvelle hausse des contaminations en Chine.

La région pourrait bientôt être rouverte, a laissé entendre vendredi le gouvernement, alors que le régime communiste fait l’objet d’une contestation inhabituelle, les habitants confinés manquant de vivres.

De leur côté 13 pays ont fermé leurs établissements scolaires: 300 millions d’élèves dans le monde sont privés d’école pour plusieurs semaines.

Outre la Chine, les pays les plus touchés sont la Corée du Sud, l’Iran l’Italie et la France.

Vendredi, le Togo, les Territoires palestiniens, la Serbie, le Vatican, la Slovaquie, le Pérou ou encore le Bhoutan ont annoncé de premiers cas.

En Egypte, 12 cas ont été détectés parmi le personnel d’un bateau de croisière sur le Nil. En Grèce, c’est un groupe d’au moins 34 personnages infectées ayant voyagé dans le même autocar pour un pèlerinage en Israël qui concentre toute l’attention.

Alors que l’angoisse sur les places boursières grandit, le président américain Donald Trump s’est voulu rassurant, convaincu que les marchés allaient « rebondir ». Il a appelé la Fed à baisser ses taux pour stimuler l’économie.

– Interdictions –

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine pour des voyageurs provenant de pays touchés. Au moins 36 pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon Séoul, et 22 autres ont pris des mesures de quarantaine.

La Russie a également fermé ses frontières aux voyageurs venant d’Iran.

A Bethléem, principale ville touristique dans les Territoires palestiniens, les autorités ont empêché l’entrée et la sortie de touristes après la découverte de 16 cas de coronavirus en Cisjordanie, où l’état d’urgence sanitaire a été déclaré.

Pour l’Organisation mondiale du tourisme, le nombre de touristes dans le monde devrait baisser de 1 à 3% en 2020, soit une perte « de 30 à 50 milliards de dollars ».

Dans le monde, les populations se ruent sur les masques, désinfectants, gants ou combinaisons, seuls remparts connus contre le virus. Pour garantir un approvisionnement suffisant, de nombreux Etats interdisent l’exportation du matériel médical.

L’Union européenne a appelé à la « solidarité », mais les pays qui ont pris de telles dispositions ont défendu leur choix.

L’Italie, qui ne produit pas de masques, va en recevoir 800.000 d’Afrique du Sud en deux jours, mais elle a besoin d’une dizaine de millions d’autres pour faire face à la situation.

Guinée: deux responsables de la contestation arrêtés (entourage)

Deux responsables de la contestation en cours en Guinée contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé ont été arrêtés vendredi par des membres d’un service de sécurité et emmenés vers une destination inconnue, a rapporté leur entourage.

Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno avaient donné plus tôt dans la journée une conférence de presse pour dénoncer les arrestations arbitraires, a dit Abdoulaye Oumou Sow, porte-parole du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif auquel ils appartiennent et qui mène le mouvement de protestation depuis bientôt cinq mois.

Les deux hommes sont présentés comme des lieutenants d’Abdourahmane Sanoh, coordinateur du FNDC.

Des hommes encagoulés ont forcé l’entrée de la maison d’Ibrahima Diallo et ont mis les lieux à sac, a rapporté le porte-parole.

« Ils sont entrés dans la maison et ont commencé à tout saccager. J’ai tenté d’établir le dialogue mais l’un d’entre eux m’a poussée violemment », a dit Asmaou Diallo, épouse d’Ibrahima Diallo.

Puis les deux hommes ont été emmenés, ont rapporté l’épouse et le porte-parole, ajoutant être depuis sans nouvelles d’eux.

Ils ont affirmé que l’intervention avait été menée par des membres de la Brigade de recherche et d’interpellation, un service de sécurité guinéen.

Mamadou Camara, contrôleur général et porte-parole de la police, a dit ne pas être « au courant ». Selon lui, la BRI relève directement du Premier ministre et non de la direction générale de la police.

Par ailleurs, le journaliste français Thomas Dietrich a été reconduit à la frontière après l’annulation de son accréditation, a indiqué le ministère de la Sécurité, invoquant dans un communiqué « des activités incompatibles avec (la) mission » du journaliste et une immixtion dans « les activités politiques internes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ».

La Guinée est en proie depuis mi-octobre à la contestation contre le projet prêté au président Condé de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat fin 2020.

Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués à ce stade. M. Condé, qui entretient le flou sur ses intentions, vient de reporter un référendum constitutionnel initialement prévu le 1er mars.

Sierra Leone: décès de Solomon Berewa, ancien vice-président

L’ancien vice-président sierra-léonais et candidat malheureux à la présidentielle de 2007 Solomon Berewa est décédé à l’âge de 81 ans dans un hôpital de Freetown, a indiqué vendredi son parti, au pouvoir depuis 2018.

Le gouvernement a ordonné des funérailles nationales.

Juriste réputé, il avait dirigé la délégation gouvernementale lors du processus de paix qui a permis à ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de sortir d’une décennie de guerre civile (1991-2002).

Il a été ministre de la Justice de 1996 à 2002, avec une brève interruption lors de l’installation d’une junte au pouvoir de 1997 à 1998.

Devenu vice-président d’Ahmad Tejan Kabbah, il a été désigné candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) pour la présidentielle de 2007, mais il a été battu au second tour par l’opposant Ernest Bai Koroma.

« Un géant de la paix et de la stabilité est tombé, un doyen de la justice et de l’Etat de droit est parti pour toujours », lui a rendu hommage vendredi le SLPP.

Ses critiques soulignent que Solomon Berewa avait présidé en 1998, en tant que ministre de la Justice, à l’exécutio, en public sur une plage proche de Freetown, de 24 militaires de haut rang, dont une femme et deux anciens ministres, condamnés pour avoir collaboré avec la junte.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Dans la ville syrienne d’Idleb, on ne croit pas à la trêve

Réfugié à Idleb depuis quelques années, après avoir fui les violences ailleurs en Syrie, Fadi Khatib ne croit plus aux trêves. Au premier jour d’un cessez-le-feu annoncé par Moscou et Ankara, cet énième accord est selon lui voué à l’échec comme les précédents.

Dominée par des jihadistes, la région rebelle d’Idleb proche de la Turquie a fait l’objet de plusieurs offensives menées par le régime de Damas avec l’appui de Moscou, ponctuées de trêves ayant toutes volé en éclat.

Entretemps, le régime n’a eu de cesse de grignoter du terrain, reprenant près de la moitié de la province d’Idleb.

Entré en vigueur à minuit (jeudi à 22H00 GMT), l’accord russo-turc met fin à des semaines de violences ayant tué près de 500 civils et provoqué le déplacement de près d’un million de personnes, l’exode le plus massif en neuf ans de guerre en Syrie.

« Le régime (syrien) et la Russie jouent toujours à ce jeu. Ils conquièrent des régions, concluent une trêve puis lancent une nouvelle offensive d’envergure » pour étendre leur emprise, affirme à l’AFP Fadi Khatib, âgé de 26 ans.

« Comment pourrais-je croire à cette trêve? », demande-t-il.

Il y a quelques années, Abou Saïd a fui avec son épouse et son enfant la localité de Daraya, près de la capitale, pour rejoindre avec d’autres opposants au régime de Bachar al-Assad la province d’Idleb, transformée en ultime refuge pour des dizaines de milliers d’habitants de régions reconquises par Damas.

« Je ne suis pas optimiste et n’espère rien de cet accord », lâche-t-il.

« Il n’y a pas un seul accord de trêve qu’ils (les Russes et le régime syrien) n’aient pas violé », ajoute ce père de famille âgé de 24 ans. Si une « nouvelle offensive est lancée (…) nous quittons le pays », se résout-il.

– « Mensonge et tromperie » –

Les zones d’Idleb contrôlées par les insurgés abritent environ trois millions d’habitants, dont la moitié ont été déplacés depuis d’autres régions reconquises par le régime.

Dans la ville de Dana, près de la frontière turque, Abou Bassel, qui a fui le sud d’Idleb, tombée en grande partie dans l’escarcelle du régime, n’est guère plus optimiste.

« Cette trêve n’est autre que mensonge et tromperie de la part de la Russie (…) visant à consolider les nouvelles positions du régime syrien » conquises à la faveur de la dernière offensive lancée en décembre.

« Ils vont bientôt recommencer à grignoter » du terrain dans la région.

Soutenu par la Russie depuis 2015, le régime syrien a enchaîné ces dernières années les victoires contre rebelles et jihadistes, et contrôle aujourd’hui plus de 70% du territoire national.

Une partie de la région d’Idleb échappe toujours au contrôle de Damas, alors que la guerre en Syrie entre le 15 mars dans sa dixième année.

Au fil du conflit, « le régime a toujours conclu une trêve après chaque avancée pour se réorganiser et repartir d’un bon pied », souligne Adnane, un déplacé de 30 ans.

« Le régime va poursuivre ses opérations (…) sous le silence coupable de la communauté internationale qui assiste à tous ces massacres et destructions et ne bouge pas son petit doigt pour les déplacés », déplore-t-il.

Dans la ville de Bennich, dans le nord d’Idleb, relativement à l’abri des bombardements, les habitants ne voient aucun intérêt à un cessez-le-feu qui ne prévoirait pas le retour des déplacés dans leurs foyers.

« Nous sommes pour un cessez-le-feu mais à condition que les civils puissent revenir chez eux », affirme Fadi Obeid, ingénieur agronome.

A défaut de cela, l’accord « restera lettre morte ».

« Hirak »: les Algériens défient dans la rue le coronavirus

Les partisans du mouvement de contestation antirégime (« Hirak ») sont descendus dans la rue vendredi à Alger pour la 55e semaine consécutive, moins nombreux que d’habitude mais défiant avec humour l’épidémie du nouveau coronavirus.

« Ce peuple est déterminé à poursuivre son combat. Ni corona (sic) ni les arrestations ne l’arrêteront », a déclaré à l’AFP Boudjema, 56 ans.

Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, les partisans du « Hirak » continuent d’exiger le changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

Des milliers de personnes ont défilé pacifiquement dans le centre de la capitale et se sont dispersées en fin d’après-midi, une mobilisation moindre que les vendredis précédents, selon un journaliste de l’AFP.

La police a procédé à des interpellations, d’après des témoins.

Parmi les manifestants, quelques-uns seulement arboraient des masques de protection contre le nouveau coronavirus. Les policiers, eux, en portaient tous.

Dix-sept cas de maladie Covid-19 ont été confirmés à ce jour par l’Institut Pasteur d’Algérie: un ressortissant italien et 16 Algériens d’une même famille ayant été en contact avec des proches résidant en France, selon le ministère de la Santé.

« Dieu nous protège, on n’a pas besoin de porter de masques comme les policiers », a scandé la foule.

« Le corona, on peut l’attraper n’importe où, dans le métro, le bus ou même dans le magasin où je travaille, donc pas question de nous faire peur avec ces masques que portent les policiers », a réagi Sarah, 29 ans, vendeuse.

« Vous voulez nous faire peur avec le corona? Ça ne marche pas! Si on compte le nombre de jeunes clandestins noyés en mer, ou tous les Algériens morts pendant la décennie noire (la guerre civile des années 1990, NDLR), à côté le corona ne nous fait pas du tout peur. Le combat continue! », a renchéri Brahim, un chômeur de 31 ans.

– « Détenus du Hirak » –

A côté du slogan emblématique « Etat civil et non militaire », on pouvait lire sur une pancarte: « Plutôt le Corona que vous », à l’adresse des dirigeants algériens, fustigés depuis plus d’un an par le mouvement de contestation populaire.

Multipliant les jeux de mots, les internautes n’étaient pas en reste: « Ceux qui rejoignent le +Hirak+ seront préservés du coronavirus et de ceux qui nous appauvrissent. Nous vaincrons », a tweeté l’un d’eux.

D’importants défilés ont eu lieu en province, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest), à Sétif et Constantine (nord-est) ainsi qu’à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l’est d’Alger, où plusieurs personnes ont été arrêtées, selon des militants sur place.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants ont brandi des portraits de héros de la révolution algérienne (la guerre d’indépendance contre la France de 1954 à 1962, NDLR) ou de « détenus du Hirak », arrêtés.

Ainsi était à nouveau omniprésent dans le cortège algérois le portrait de l’opposant Karim Tabbou, figure de proue de la contestation, en détention, contre lequel un tribunal d’Alger a requis cette semaine quatre ans de prison ferme pour « incitation à la violence », une charge qu’il nie.

Amnesty International a appelé vendredi dans un communiqué les autorités à libérer « immédiatement » les manifestants détenus du « Hirak ».

« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées », a déclaré Philip Luther, un responsable régional d’Amnesty.

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Coronavirus: ne pas s’affoler mais ne pas sous-estimer

Le coronavirus, apocalypse planétaire ou broutille sur laquelle on fait trop de battage? Ni l’un ni l’autre, répondent les experts à cette question qui taraude le grand public: les risques, bien réels, pèsent sur les plus fragiles et sur les hôpitaux qui doivent éviter d’être débordés.

– Qui est le plus à risque?

La mortalité augmente nettement avec l’âge: c’est ce que montre l’analyse la plus complète à ce jour, publiée le 17 février par les autorités chinoises, puis le 24 dans la revue médicale américaine Jama.

Sur près de 45.000 cas confirmés, le taux moyen de mortalité est de 2,3%. Mais aucun décès n’est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis passe à 0,4% chez les quadragénaires, 1,3% chez les 50-59 ans, 3,6% chez les 60-69 ans et 8% chez les 70-79 ans.

Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8%.

« Le problème, c’est que quand on parle d’un mort lié au coronavirus, on ne précise presque jamais la raison pour laquelle il est mort », dit à l’AFP Michel Cymes, médecin et animateur télé très populaire en France.

« Quand quelqu’un de 85 ans meurt du coronavirus, ce n’est pas le coronavirus qui le tue », mais plus souvent « les complications qui atteignent des organes qui n’étaient pas en bon état », ajoute-t-il.

Autre facteur de risque: le fait d’avoir une maladie chronique (insuffisance respiratoire, pathologie cardiaque, antécédent d’AVC, cancer…).

Mais les millions de personnes qui souffrent de ces maladies ne doivent pas paniquer pour autant.

Pour le professeur français Jean-Christophe Lucet, le risque concerne avant tout les patients atteints des formes sévères de ces maladies. « Il faut être extrêmement clair » sur ce point, souligne-t-il à l’AFP.

« Le patient qui a un diabète, le patient qui a une hypertension artérielle, c’est des patients qui ne sont pas des patients à risque », rassure-t-il. « Les patients à risque, ce sont ceux qui ont des maladies cardiaques graves, des maladies respiratoires sévères, par exemple des bronchopneumathies chroniques obstructives (BPCO) avancées ».

– A quel nombre de morts s’attendre?

Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus: voilà où semble se situer la dangerosité du Covid-19, même si l’on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.

Selon l’étude du 24 février, la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, « grave » dans 13,8% des cas et « critique » dans 4,7% des cas.

A ce stade, 3,4% des patients confirmés positifs dans le monde sont décédés. Mais sur quelque 100.000 cas positifs au total, plus de la moitié sont déjà guéris, selon l’université américaine Johns Hopkins, qui tient un décompte quotidien.

La dangerosité d’une maladie ne dépend pas seulement du taux de mortalité dans l’absolu, mais aussi de sa faculté à se répandre plus ou moins largement.

« Même si seuls 3% des cas décèdent, ça peut faire des chiffres importants si 30% ou 60% d’une population sont infectés », souligne le Dr Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur à Paris.

« Nous n’allons pas tous mourir : dans le pire scénario, 0,4% des Belges mourront, en large majorité dans les plus de 80 ans. Arrêtez la psychose », a écrit cette semaine sur son blog le médecin belge Philippe Devos, dans une analyse du risque intitulée « Coronavirus: Armageddon ou foutaise? »

– Les hôpitaux vont-ils être débordés?

C’est le principal danger de l’épidémie en cours.

Alors que le nombre de cas augmente un peu partout, l’enjeu est de « ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et (…) réserver les ressources des établissements de santé aux cas les plus graves », selon un guide du ministère de la Santé français destiné aux soignants.

Au fur et à mesure que les cas se multiplient, les patients atteints par une forme légère du Covid-19 ne sont plus hospitalisés mais restent chez eux. De même, des hospitalisations non urgentes sont repoussées pour laisser la place aux malades les plus touchés par le Covid-19.

Si l’hôpital sature, « on a un gros risque de monter à (…) 33.150 morts sur 11 millions d’habitants (0,3% de la population belge qui meurt). C’est +peu+ (on ne va pas tous mourir comme on l’entend parfois) mais quand même 100 fois plus que le nombre de tués sur les routes chaque année », écrit le Dr Devos.

L’autre priorité est d’éviter que les soignants soient eux-même contaminés en nombre, ce qui rendrait encore plus difficile la prise en charge des malades.

Si ces questions sont déjà cruciales dans les pays riches, elles se posent avec encore plus d’acuité dans les pays pauvres.

– Quelle transmission, quels symptômes?

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).

Pour éviter la contagion, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des mesures-barrières: éviter de se serrer la main et de s’embrasser, se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade…

Les symptômes les plus courants « comprennent les troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires », indique l’OMS. « Dans les cas les plus graves, l’infection peut entraîner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale, voire la mort ».

Il n’existe ni vaccin ni médicament et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d’autres traitements expérimentaux, dont l’efficacité est en cours d’évaluation.

– Quid des animaux domestiques?

Le cas d’un chien testé « faiblement positif » à Hong-Kong, alors que son maître était lui-même contaminé, a soulevé des questions sur les infections homme-animal.

Mais les scientifiques insistent sur le fait que ce cas est isolé et qu’on ne peut en tirer aucune conclusion.

« Il faut faire la différence entre une vraie infection et le fait de simplement détecter la présence du virus », souligne le Pr Jonathan Ball, de l’université anglaise de Nottingham.

« Cela nécessite d’en savoir plus, mais il ne faut pas paniquer, ajoute-t-il. Je doute que ce chien puisse transmettre le virus à un autre chien ou à un homme, en raison du faible niveau de virus détecté. Le vrai moteur de l’épidémie, c’est la transmission d’humain à humain. »

Pas de femme à la Maison Blanche: l’Amérique s’interroge (encore) sur le sexisme

Avec le départ d’Elizabeth Warren, la dernière femme ayant des chances d’être élue présidente des Etats-Unis quitte une course à la Maison Blanche qui avait pourtant démarré avec une diversité record. Quatre ans après la défaite d’Hillary Clinton, les candidates sont-elles victimes de sexisme aux Etats-Unis?

« Le plus difficile, c’est pour toutes ces petites filles qui vont devoir attendre quatre ans de plus » pour voir une femme à la Maison Blanche, a confié Elizabeth Warren, 70 ans, en annonçant jeudi son retrait de la course à l’investiture démocrate.

Son départ ne laisse plus qu’une femme en lice, la jeune élue Tulsi Gabbard qui n’a fait que de petits scores dans les urnes jusqu’ici, et deux hommes septuagénaires, Joe Biden et Bernie Sanders.

Comme pour les quatre autres femmes qui ont jeté l’éponge mais aussi les hommes, le départ d’Elizabeth Warren s’explique parce qu’elle n’a pas réussi à convaincre les électeurs, notamment en n’ayant pas su trouver sa voie entre l’aile gauche et plus modérée du parti démocrate.

Mais « si vous dites que non, il n’y a pas eu de sexisme, un milliard de femmes vont penser +sur quelle planète vivez-vous?+ », a souligné Elizabeth Warren.

« A-t-elle mené une campagne parfaite? Bien sûr que non », reconnaît Debbie Walsh, directrice du Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP).

« Personne ne le fait. Bernie Sanders n’a pas mené une campagne parfaite et Joe Biden n’a certainement pas mené de campagne parfaite. Mais il est difficile d’imaginer qu’un candidat masculin, avec ses compétences, son intelligence, son empathie et sa façon de connecter avec les foules » ne serait pas allé « beaucoup plus loin dans cette élection » que Mme Warren.

« Cela démontre que dans ce pays, les femmes ne sont pas encore sur un pied d’égalité, qu’il y a encore du sexisme, de la misogynie » à l’heure de briguer la plus haute fonction politique, explique-t-elle à l’AFP.

Un biais d’autant plus accentué cette année que les électeurs démocrates ont un grand objectif en tête: battre Donald Trump en novembre.

Or « les femmes et les minorités sont encore perçues comme des choix risqués » pour gagner, regrette Mme Walsh.

Par les hommes, mais surtout par les femmes, d’après un sondage CNN datant de janvier: 20% des femmes interrogées y déclaraient qu’une femme ne pouvait pas gagner la Maison Blanche, contre 9% chez les hommes.

– « Element de misogynie » –

« Il s’agit d’une compétition, vous faites campagne et les gens vous suivent » ou non, « mais je pense vraiment qu’il y a un certain élément de misogynie là-dedans », a réagi la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, jeudi.

« Mais je pense que les Américains sont prêts » à voir une femme présidente, a-t-elle ajouté, en rappelant que Hillary Clinton était arrivée « très près » en novembre 2016.

Battue par Donald Trump, elle avait alors déclaré:

« Je sais que nous n’avons pas encore brisé le plus haut et le plus dur des plafonds de verre, mais un jour, quelqu’un le fera et, espérons-le, plus tôt qu’on ne l’imagine ».

Deux ans plus tard, en 2018, les Américains ont envoyé un nombre record de femmes au Congrès américain, grâce notamment à la mobilisation des électrices.

– « Nous persévérons » –

Une « misogynie » en partie « inconsciente », des « défis » plus grands: d’autres ex-prétendantes à la Maison Blanche, comme la sénatrice Kamala Harris ou l’auteure Marianne Williamson, ont témoigné de leur expérience après le départ d’Elizabeth Warren.

Les candidates sont prises en étau, souligne Debbie Walsh, car elle doivent d’une part davantage démontrer que les hommes qu’elles sont « fortes » et « compétentes » mais, comme dans le cas d’Elizabeth Warren, si « elle souligne ses compétences, on la perçoit comme arrogante ».

Ses attaques virulentes contre le milliardaires Michael Bloomberg lui ont aussi valu d’être qualifiée d' »agressive », un mot rarement attaché à Bernie Sanders pourtant connu pour son ton combatif.

« Elle est méchante et les gens ne l’aiment pas », a affirmé Donald Trump vendredi. Il avait qualifié Hillary Clinton de « teigne » en 2016. Un mot devenu cri de ralliement féministe.

Elizabeth Warren, elle, ne perd pas espoir.

« Cela prendra juste un peu plus de temps avant que nous puissions avoir une femme à la Maison Blanche », a-t-elle déclaré sur MSNBC, sans écarter la possibilité de se représenter.

« Nous ne pouvons pas perdre espoir parce que la seule façon que cela change, c’est de s’y remettre demain et de reprendre le combat. Nous persévérons. »

Coronavirus: un premier cas à l’intérieur du micro-Etat du Vatican

La Cité du Vatican, le plus petit Etat du monde, où réside le pape François, a annoncé vendredi son premier cas de coronavirus.

Il a été détecté dans le modeste centre médical, situé non loin d’une des portes d’accès au territoire de ce micro-Etat, qui accueille en temps normal des habitants, des employés ou des retraités du Vatican, dont des membres du clergé.

Vendredi, il a provisoirement mis fin à toutes les consultations « pour assainir les locaux après la découverte hier d’un cas positif de Covid-19 sur un patient », a annoncé le Saint-Siège.

La Cité du Vatican, en grande partie enserrée derrière des murs élevés de part et d’autre de la place Saint-Pierre, s’étend seulement sur 44 hectares (0,44 km2). Cet insolite Etat ne compte que 450 habitants, dont une centaine de gardes suisses vivant ensemble dans une caserne.

Mais à ses points d’entrée, filtrés par les gardes suisses, passent des milliers de visiteurs internationaux et d’employés du Vatican vivant à Rome, qui se déplacent à pied ou en voiture.

Le centre médical fermé vendredi jouxte un supermarché également réservé aux employés, ainsi qu’une pharmacie accessible à tous les touristes à condition d’avoir une ordonnance en main.

Ces lieux étaient relativement désertés ces derniers jours, tout comme la Basilique Saint-Pierre et les musées du Vatican (qui ont une entrée séparée dans la Cité du Vatican), mais aussi la capitale italienne, submergée par les annulations de séjours.

– « J’ai peur », confie soeur Lucilia –

« J’ai peur parce que c’est une chose nouvelle, il y a beaucoup de cas, beaucoup de morts », a confié à l’AFP soeur Lucilia, une Brésilienne de 41 ans, allée faire ses adieux à la place Saint-Pierre avant de rentrer au pays.

Sara Riveiro, une touriste de Barcelone de 27 ans, balaie en revanche toute inquiétude: « Non je n’ai pas peur, le taux de mortalité est très bas, je suis jeune et en bonne santé ».

Sa concitoyenne Sandra Martinez, une étudiante en histoire de l’art du même âge, s’inquiète davantage. « J’ai des amis qui sont rentrés d’Italie et ont dû rester deux semaines en quarantaine », raconte-t-elle. « J’espère que ça ne va pas m’arriver ! »

Une fois désinfecté, le centre médical sera rouvert au public, a dit à l’AFP le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni.

Ce dernier a précisé que « tous les patients passés dans le centre médical » étaient « en train d’être avertis », sans donner d’indications sur l’état du patient testé positif.

Vendredi quelques bureaux de la Secrétairerie d’Etat du Vatican (le gouvernement central) ont aussi été « fermés par précaution », a précisé une source vaticane à l’AFP. Une fois décontaminés, ils ont été rouverts.

– Activité du pape: mesures attendues –

L’Italie est actuellement le deuxième pays pour le nombre des morts provoquées par le coronavirus et le troisième en termes de contaminations.

Cela fait plus d’une semaine que le pape, à la tête des 1,3 milliard de catholiques, n’a pas quitté son lieu de résidence à quelques pas de la basilique Saint-Pierre.

Le Vatican a annoncé jeudi que de nouvelles mesures de précaution relatives à ses activités étaient à l’étude.

Elles pourraient concerner dès dimanche l’Angélus, que François célèbre habituellement d’une fenêtre du Palais apostolique surplombant la place Saint-Pierre, face à la foule massée en contrebas.

Le Vatican n’a pas encore précisé si le pape, âgé de 83 ans, serait tenu à distance de la foule des audiences générales du mercredi.

L’Argentin Jorge Bergoglio est connu pour apprécier les poignées de main et les baisers sur la joue ou le front, ne semblant pas être effrayé pour lui-même par les risques sanitaires ainsi encourus.

Coronavirus: résultats attendus des tests sur un navire de croisière californien

Les autorités sanitaires de Californie attendaient vendredi le résultat des tests réalisés sur des passagers d’un paquebot de croisière soupçonnés d’avoir contracté le coronavirus pour décider si le navire qui croise au large de San Francisco pouvait accoster.

« C’est un gros bateau, nous devons prendre une décision importante », a commenté depuis la Maison Blanche le président américain Donald Trump, en ratifiant la loi votée la veille au Congrès sur un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre l’épidémie.

Des échantillons ont été prélevés jeudi à bord du Grand Princess sur 45 personnes, passagers et membres d’équipage, a indiqué dans un communiqué jeudi soir la compagnie Princess Cruises, propriétaire du navire.

« Tous les passagers ont été invités à rester dans leur cabine en attendant le résultat des tests » attendu vendredi, a précisé le croisiériste.

Le Grand Princess avait interrompu son circuit à la suite de la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage.

Un homme de 71 ans qui voyageait à bord de ce navire durant une précédente croisière est mort du Covid-19 à son retour en Californie. Une soixantaine de touristes ayant participé à la même croisière étaient demeurés à bord pour poursuivre leur circuit.

Pour l’instant, les passagers ne se plaignent pas « même si ça pourrait changer au cas où on reste coincés dans nos cabines pendant trop longtemps », a raconté à l’AFP Carolyn Wright, l’une des passagères.

Cette photographe professionnelle de 63 ans, qui habite au Nouveau-Mexique, a critiqué les médias qui « en font toute une histoire ».

« Il y a eu deux cas (de coronavirus) sur la croisière précédente et ils font comme si tout le monde à bord avait la peste », s’est-elle agacée.

Les autorités californiennes ont refusé que le Grand Princess accoste à San Francisco et le bateau est resté au large en attendant de savoir si des cas de Covid-19 étaient confirmés à bord.

– Le virus « va disparaître » –

Le gouvernement « travaille » avec le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a déclaré l’état d’urgence dans tout l’Etat, a souligné Donald Trump.

Selon Mary Ellen Carroll, responsable des situations de crise pour San Francisco, les autorités fédérales et californiennes devront déterminer le meilleur endroit possible pour faire accoster le Grand Princess, à San Francisco ou ailleurs.

La compagnie Princess Cruises possède également le Diamond Princess, qui avait été placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations, dont six mortelles.

Comme les autorités l’avaient annoncé, le coronavirus continue à se propager dans le pays, au Texas, dans le Nevada, dans le Colorado et dans le Maryland, aux portes de la capitale fédérale Washington, jusqu’à présent encore épargnée officiellement.

Au total, plus de 200 personnes ont été contaminées aux Etats-Unis et au moins 12 sont décédées dont onze dans le seul Etat de Washington (nord-ouest), selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels.

« Il y a peu de cas » par rapport à d’autres grands pays touchés par l’épidémie, a expliqué Donald Trump, demandant à la population de « rester calme » face au coronavirus. « Il va disparaître », a-t-il assuré.

Le président devrait se rendre dans un centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) à Atlanta vendredi, après avoir annulé sa visite en raison d’un cas suspect de coronavirus au sein du personnel du centre, qui s’est révélé négatif.

En Russie, de nouveaux partis accusés de faire le jeu du Kremlin

Adieu les jeux vidéo! Viatcheslav Makarov, cofondateur du célèbre « World of Tanks », se lance en politique. Mais certains en Russie soupçonnent la création du parti de ce « geek » d’être une ruse visant à protéger la majorité au pouvoir.

L’hypothèse est née dès l’annonce, début janvier, de la création du parti « Démocratie directe », qui organisait jeudi un premier congrès en marge d’une conférence sur les technologies numériques à Moscou.

Invitée surprise: Maria Boutina, une jeune Russe emprisonnée 18 mois aux Etats-Unis pour avoir tenté d’infiltrer les milieux politiques.

« Chaque Russe doit connaître l’art du hacking pour se protéger des menaces étrangères », a affirmé celle qui a désormais une émission sur la chaîne pro-Kremlin RT. « Et Dieu soit loué, ce parti compte des spécialistes des technologies informatiques ».

Pour s’y consacrer, Viatcheslav Makarov, 40 ans, a quitté l’entreprise Wargaming, fondée au Bélarus et à l’origine du populaire jeu de guerre « World of Tanks ».

« Le Kremlin est une barrière que nous essayons d’éviter mais pas de faire tomber », a-t-il dit à l’AFP. Reconnaissant des contacts au sein de la présidence, il s’est défendu d’être « un projet du pouvoir » et affirme financer le parti avec sa propre fortune.

Ces derniers mois, plusieurs partis ciblant chacun un public précis ont été lancés en Russie, avec dans le viseur les élections régionales de septembre, puis les législatives de 2021.

L’un des plus remarqués, « Pour la Vérité », est dirigé par l’écrivain nationaliste Zakhar Prilépine, qui a combattu parmi les séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine. Lui aussi nie avoir créé sa formation à la demande des autorités mais compte parmi ses sympathisants l’acteur américain Steven Seagal, grand fan de Vladimir Poutine.

Ont aussi vu le jour depuis le début de l’année le parti écologiste « Alternative verte », « Une vie digne » tourné vers la jeunesse, ou le parti pro-business « Nouvelles personnes ». Au total, 39 partis ont été créés en 2019, selon les autorités, dont 17 lors du dernier trimestre.

– « Illusion de concurrence » –

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, n’a pas cette chance: son équipe tente en vain depuis sept ans d’enregistrer son parti alors que son Fonds de lutte contre la corruption (FBK) est actuellement visé par une enquête pour « blanchiment ».

De l’avis des experts, il est peu probable que l’absence de Navalny soit compensée par un de ces nouveaux partis.

« Leur but est de donner l’illusion d’une concurrence politique, d’attirer de nouveaux électeurs et de neutraliser une opposition plus dangereuse », explique à l’AFP la politologue russe Ekaterina Schulmann.

Leurs chances d’atteindre les 5% nécessaires pour entrer au Parlement sont quasi nulles, mais leurs voix, tout en dopant la participation, n’iront pas à d’autres formations pouvant capitaliser sur le mécontentement des Russes, comme le Parti communiste ou celui du nationaliste Vladimir Jirinovski.

« L’objectif est vraiment de minimiser les risques de baisse de popularité du parti au pouvoir Russie Unie », souligne l’experte Tatiana Stanovaïa, du centre de réflexion R. Politik.

Le parti présidentiel connaît une sérieuse désaffection sur fond de stagnation économique. Il plafonne à 32,7% des intentions de vote, loin des 54% obtenus aux législatives de 2016, selon l’institut public de sondages Vtsiom.

– Chanteur de rock –

Outre ces nouveaux partis, une entrée en politique a été très commentée: celle de Sergueï Chnourov, leader du groupe de rock Leningrad, immensément populaire en Russie.

« Avec moi ce sera clairement plus joyeux », a-t-il lancé après avoir rejoint le « Parti de la croissance », dirigé par le représentant du Kremlin auprès des entrepreneurs, Boris Titov.

Jusque-là poil à gratter des autorités, volontiers moqueur, le chanteur a pris soin de supprimer sur les réseaux sociaux plusieurs messages critiquant la politique des autorités.

Pour Tatiana Stonovaïa, ce ralliement s’inscrit dans un contexte de « dépolitisation » : « On voit cela en Europe, la crise des partis traditionnels, l’idée de miser sur des gens sans lien avec la politique ».

« Ce n’est pas une tentative de parler de l’avenir du pays, mais plutôt une volonté d’éviter les vrais problèmes », ajoute la politologue.

Même en l’absence de programmes sérieux, reste une possibilité, ajoute Ekaterina Schulmann: celle que ces partis réalisent une percée électorale et perturbent le très rodé jeu politique russe.

« Comme la confiance envers les partis existants baisse, des entités politiques pensées comme des +parasites+ peuvent avoir plus de succès qu’attendu », dit-elle.

Turquie-Grèce: heurts frontaliers, l’UE cherche à dissuader les migrants

De nouveaux heurts ont brièvement éclaté vendredi à la frontière gréco-turque entre policiers grecs tirant des grenades lacrymogènes et des migrants lançant des pierres, au moment où l’Union européenne a averti les réfugiés que ses portes leur étaient fermées.

Après ces échauffourées, des centaines de migrants se sont massés devant le poste-frontière de Pazarkule (appelé Kastanies, côté grec), scandant « liberté », « paix » et « ouvrez les portes ! », selon un photographe de l’AFP.

Certains brandissaient au-dessus des barbelés des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Nous voulons vivre en paix ».

« Nous voulons simplement une meilleure vie, une situation meilleure, vivre en liberté », explique à l’AFP Amir Massoud, un Iranien, masque sanitaire sur le visage pour se protéger du gaz lacrymogène.

Après l’annonce le 28 février par le président turc Recep Tayyip Erdogan de l’ouverture de ses frontières vers l’UE, plusieurs milliers de migrants se sont dirigés vers la Grèce, réveillant en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015.

L’Union européenne a vivement dénoncé un « chantage » aux migrants au moment où Ankara réclame un appui occidental en Syrie, pays où la Turquie mène une opération militaire et est confrontée à un afflux de déplacés vers sa frontière.

L’UE a adressé vendredi un message aux migrants visant à les dissuader de se rendre à la frontière turco-grecque.

« Je veux envoyer un message clair: n’allez pas à la frontière. La frontière n’est pas ouverte », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, après une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres à Zagreb.

– Condamnations à Lesbos –

Les autorités grecques ont accusé vendredi les forces turques de tirer des grenades lacrymogènes et des fumigènes du côté grec de la frontière. « Il y a eu des attaques coordonnées ce matin », a déclaré un responsable grec.

Selon Athènes, les autorités turques distribuent en outre du matériel pour découper les grillages empêchant les migrants de passer du côté grec.

Face à cette frontière terrestre fermée à double tour, plusieurs centaines de migrants ont réussi a gagner les îles égéennes en prenant la mer depuis la semaine dernière.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants des îles s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention, les nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère à l’encontre des travailleurs humanitaires et des journalistes en particulier.

A Lesbos, deux habitants ont été condamnés vendredi à trois mois de prison avec sursis pour des violences commises le week-end dernier.

Alors que des milliers de migrants sont désormais bloqués à la frontière gréco-turque, des campements de fortune se sont formés du côté turc.

De nombreux migrants dorment à l’air libre malgré le froid. Les plus chanceux, souvent des familles avec enfants, ont confectionné des tentes avec des bâches, dont ils émergent chaque matin le visage exténué.

– Exploités –

Certains d’entre eux exprimaient vendredi leur frustration croissante contre Ankara, estimant avoir été dupés par des autorités turques leur ayant fait croire qu’ils pourraient aisément franchir la frontière.

« On nous a dit: +Soit vous traversez illégalement, soit vous partez d’ici+. Mais nous ne sommes pas venus pour franchir la frontière illégalement », dit à l’AFP Sina, un Iranien. « Nous sommes ici parce que la Turquie nous a autorisés à venir ».

Des autocars garés non loin du poste frontalier de Pazarkule proposaient vendredi d’emmener des migrants vers le fleuve Meriç (Evros, en grec), qui sépare la Turquie et la Grèce.

Toute un système d’exploitation des migrants s’est par ailleurs développé, des vendeurs ambulants turcs écoulant à des prix décuplés des bouteilles d’eau, de la nourriture ou du matériel pour fabriquer des abris.

Un homme vendait ainsi cinq mètres de film plastique étirable pour 200 livres turques (30 euros), contre quelques dizaines de livres dans le marché. Autour de lui, des migrants afghans, pakistanais ou d’autres nationalités se pressaient, billets à la main.

Les nouveaux heurts interviennent au lendemain de la signature, à Moscou, d’un accord de cessez-le-feu dans la région d’Idleb (nord-ouest de la Syrie) entre M. Erdogan et le président russe Vladimir Poutine.

Un responsable de la présidence turque a déclaré à l’agence de presse étatique Anadolu que ce cessez-le-feu ne signifiait pas qu’Ankara allait fermer ses frontières avec l’Europe.

burs-gkg/ezz/ayv

Au temps du « corona », un vendredi de prière sans foule au Moyen-Orient

De La Mecque à Jérusalem en passant par l’Iran, la grande prière hebdomadaire a été annulée ou n’a pas attiré de larges foules vendredi dans les principales villes du Moyen-Orient en raison de craintes de propagation du nouveau coronavirus.

En Arabie saoudite, des milliers de fidèles –et non des centaines de milliers comme d’habitude le vendredi– ont convergé à La Mecque sans toutefois pouvoir se rendre à l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam situé au coeur de la Grande mosquée, fermée « temporairement » pour lutter contre le nouveau coronavirus, une mesure inédite.

« Dieu, je cherche refuge en toi contre les calamités et l’épidémie », a déclaré l’imam de la Grande mosquée, le cheikh Abdullah Awad al-Jouhani, lors de son sermon affirmant que les mesures prises par les autorités saoudiennes pour freiner la propagation du coronavirus, dont cinq cas ont été confirmés dans le royaume, « respectaient la charia », la loi islamique.

Se rendre à la Grande mosquée de La Mecque sans pouvoir s’approcher de la Kaaba a laissé un « sentiment étrange », a indiqué un fidèle. « Le fait que ce soit vide a quelque chose d’effrayant », a dit cet homme, sans donner son nom.

A Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam situé sur l’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem, quelques milliers de fidèles, dont de nombreux le visage recouvert d’un masque se sont réunis pour cette première grande prière depuis le resserrement de mesures anticoronavirus en Israël et dans les Territoires Palestiniens.

Si la mosquée était bondée, la vaste esplanade, généralement comble les vendredis, était presque déserte, selon une équipe de l’AFP sur place.

« Il y a moins de monde que d’habitude. Mais aller prier le vendredi demeure une obligation pour nous », déclare Ammar Jouweilis, un fidèle d’une trentaine d’années.

« C’est important d’être à Al-Aqsa, mais il faut toutefois se méfier du coronavirus », ajoute-t-il.

Compte tenu de la pluie et des craintes de propagation du coronavirus, cette participation reste « excellente », s’est félicité à l’AFP Azzam Al-Khatib, le directeur du waqf de Jérusalem, l’autorité religieuse qui administre les lieux saints musulmans de la vielle ville.

L’entrée sur le lieu est toutefois contrôlée par les autorités israéliennes qui ont interdit des rassemblements de plus de 5.000 personnes dans l’espoir de juguler la propagation du Covid-19, dont 17 cas ont été confirmés en Israël.

En Cisjordanie occupée, où sept cas ont été confirmés, l’Autorité palestinienne a décrété un état d’urgence sanitaire de 30 jours, incluant la fermeture des établissements scolaires et l’interdiction d’accès aux touristes pendant au moins deux semaines à ce territoire palestinien.

– Iran, Irak –

En Iran, un des pays les plus affectés par le nouveau coronavirus avec des milliers de cas confirmés et 124 morts selon le dernier bilan du ministère de la Santé, la prière du vendredi a été annulée dans toutes les capitales provinciales, dont la métropole Téhéran.

Dans les autres villes de la première puissance de la branche chiite de l’islam, la décision de maintenir ou non la prière appartenait à des comités locaux.

En Irak voisin, dans la ville sainte chiite de Kerbala (sud), où se trouve le mausolée de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, la grande prière du vendredi a été annulée par les autorités.

Le sermon prononcé au nom du grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire en Irak, n’a donc pas été diffusé depuis la mosquée de Kerbala pour la première fois depuis 17 ans.

Dans la ville sainte chiite de Najaf, plus au sud, où le premier cas de coronavirus en Irak a été découvert, l’intense mobilisation du leader chiite Moqtada Sadr a forcé les autorités à rouvrir le mausolée de l’imam Ali, gendre du prophète Mahomet.

Ailleurs dans ce pays, plusieurs provinces ont interdit les prières du vendredi de peur d’une contagion, particulièrement redoutée dans les mausolées où, selon la tradition, les pèlerins embrassent les grilles qui entourent les tombes des imams ou frottent des chapelets ou d’autres objets dans l’espoir d’en retirer une bénédiction.

– Chrétiens et juifs –

A Bethléem, ville palestinienne située à moins de dix kilomètres de Jérusalem, les autorités ont fermé la basilique de la Nativité, une des églises les plus anciennes et les plus connues au monde, car érigée sur le lieu présumé de naissance du Christ.

Les autorités israéliennes, en coordination avec l’Autorité palestinienne, ont empêché vendredi l’entrée et la sortie de touristes dans la principale ville touristique en Territoires palestiniens.

Et à Jérusalem, au pied de l’esplanade des Mosquées, nommée Mont du Temple par les Juifs, les autorités ont restreint l’accès au Mur des Lamentations, site le plus sacré du judaïsme, particulièrement visité le samedi, jour de shabbat, autorisant un maximum de 5.000 personnes à la fois.