Crise centrafricaine: Sortir de la spirale d’affrontements entre les communautés
Par Jean-Charles YAMBELE - 19/12/2013
La tension retombe à Bangui capitale de la Centrafrique mais, la situation demeure incertaine dans les provinces
Dans les quartiers populaires de Km5, PK-13 et Miskine, une véritable ligne de démarcation s’est instaurée entre les communautés musulmanes et chrétiennes depuis la mort des deux soldats français le 10 décembre dernier. Les miliciens chrétiens pointent d’un doigt accusateur les miliciens Séléka en majorité musulmans, connus pour leurs exactions, ceux qui ont mis le pays en coupes réglées après l’éviction du président François Bozizé en mars dernier. Dans les provinces, villages où ils sont passés, ils ont enchainé pillages, viol, incendies de maisons, destructions des infrastructures et des administrations et laissé beaucoup de morts sur le terrain. En somme, des gens impitoyables et sans âme. Vu la gravité de la situation, l’armée française et la Misca la force de l’Union Africaine, fortes du mandat qui leur est accordé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, sont intervenues pour les obliger au casernement puis procèdent au désarmement des groupes de malfaiteurs dans les villes. Les Séléka dénoncent ce processus de désarmement à leur encontre qu’ils jugent unilatéral puisqu’il ne s’applique, selon eux, qu’à eux-seuls, les laissant avec leur famille sans défense à la vindicte des miliciens chrétiens. On assiste depuis peu à un cycle infernal de représailles et contre représailles dans ces quartiers populaires ; cela augure de la difficulté de procéder au désarmement dans ces secteurs de Bangui où depuis toujours les communautés musulmanes et chrétiennes ont cohabité en bonne intelligence. Ces événements ont divisé et jeté ces communautés retranchées dans deux camps.

© journaldebangui.com
Jean-Charles YAMBELE
Comment sortir de la spirale d’affrontements ?
La ville de Bangui se compose de mosaïques de quartiers dirigés par des chefs autour desquels gravitent des comités de quartier. Une idée non moins originale pour baisser la tension consisterait à autoriser les comités de quartier à désigner des agents de vigilance. Ceux-ci seront composés des gens des deux communautés musulmanes et chrétiennes. Les autorités locales pourront aider à mettre sur pied cette structure. La Centrafrique est l’un des pays les plus pauvres du monde mais son taux de possession par habitant de téléphones mobiles est l’un des plus élevés. Les agents de vigilance pourront en faire un bon usage pour rendre compte de ce qui se passe dans les quartiers ou signaler aux autorités toute personne encline à cacher des armes ou tentant de se livrer à un acte malveillant envers une autre communauté. La réconciliation entre les communautés pourra être à ce prix.
Monseigneur Dieudonné Nzapalainga l’archevêque de Bangui, l’Imam de Bangui Omar Kobine Layama et le Pasteur Nicolas Guérékoyamé ne ménagent pas leurs efforts pour désamorcer la bombe de l’affrontement inter-religieux en Centrafrique avec ses répercussions dans les pays environnants. Ensemble ils ont sillonné différentes provinces pour rencontrer les autorités religieuses locales, notamment à Bossangoa, ville martyre et théâtre de violents affrontements communautaires. Pourtant, les groupes religieux, ethniques ont toujours vécu en Centrafrique dans une parfaite tolérance. La langue sango est une langue parlée sur toute l’étendue du pays, faisant de lui l’un des rares Etats africains subsahariens à disposer d’une langue nationale. Les mariages inter-ethniques y ont toujours cours. Les différents groupes ethniques islamisés font partie de la communauté nationale ; c’est le cas des Rounga, des Goula habitant la région du nord-est ; des Bornouan venus du Tchad, des Peulhs, des Bororos, des Foulbés venus du Cameroun et s’installant dans l’ouest du pays. Ils sont, pour les uns, des éleveurs de bétail dans des zones péri-urbaines, ou bien des détenteurs de petits commerces de détail, pour les autres.
La réconciliation des communautés est un préalable au redressement de l’autorité de l’Etat qui ne fonctionne plus, pire, elle écope de la défiance du public centrafricain. Porté au pouvoir par les rebelles du Séléka, Michel Djotodia le président centrafricain par intérim subit par ricochet l’impopularité de ces rebelles. Président de transition jusqu’au terme de l’année 2014, en tant que tel il n’a pas su faire cesser les crimes des Séléka dans le pays. Tout porte à démontrer que la situation en Centrafrique n’est plus sous son contrôle. La qualité d’un grand homme d’Etat se mesure dans l’adversité par son courage, son talent, son génie à prendre la décision qui change le cours de l’histoire de son peuple et le préserve. On ne lui demande pas d’être un héros qui, bien souvent, n’existe que grâce aux faits de guerre destructrice.
Un grand homme d’Etat sait créer les conditions de paix et d’intégration des différentes composantes de son peuple. A cet égard, on gardera de Nelson Mandela cette formule : « Personne ne naît pour haïr une autre à cause de la couleur de sa peau, de son passé ou de sa religion. On apprend aux gens à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire.»
La ville de Bangui se compose de mosaïques de quartiers dirigés par des chefs autour desquels gravitent des comités de quartier. Une idée non moins originale pour baisser la tension consisterait à autoriser les comités de quartier à désigner des agents de vigilance. Ceux-ci seront composés des gens des deux communautés musulmanes et chrétiennes. Les autorités locales pourront aider à mettre sur pied cette structure. La Centrafrique est l’un des pays les plus pauvres du monde mais son taux de possession par habitant de téléphones mobiles est l’un des plus élevés. Les agents de vigilance pourront en faire un bon usage pour rendre compte de ce qui se passe dans les quartiers ou signaler aux autorités toute personne encline à cacher des armes ou tentant de se livrer à un acte malveillant envers une autre communauté. La réconciliation entre les communautés pourra être à ce prix.
Monseigneur Dieudonné Nzapalainga l’archevêque de Bangui, l’Imam de Bangui Omar Kobine Layama et le Pasteur Nicolas Guérékoyamé ne ménagent pas leurs efforts pour désamorcer la bombe de l’affrontement inter-religieux en Centrafrique avec ses répercussions dans les pays environnants. Ensemble ils ont sillonné différentes provinces pour rencontrer les autorités religieuses locales, notamment à Bossangoa, ville martyre et théâtre de violents affrontements communautaires. Pourtant, les groupes religieux, ethniques ont toujours vécu en Centrafrique dans une parfaite tolérance. La langue sango est une langue parlée sur toute l’étendue du pays, faisant de lui l’un des rares Etats africains subsahariens à disposer d’une langue nationale. Les mariages inter-ethniques y ont toujours cours. Les différents groupes ethniques islamisés font partie de la communauté nationale ; c’est le cas des Rounga, des Goula habitant la région du nord-est ; des Bornouan venus du Tchad, des Peulhs, des Bororos, des Foulbés venus du Cameroun et s’installant dans l’ouest du pays. Ils sont, pour les uns, des éleveurs de bétail dans des zones péri-urbaines, ou bien des détenteurs de petits commerces de détail, pour les autres.
La réconciliation des communautés est un préalable au redressement de l’autorité de l’Etat qui ne fonctionne plus, pire, elle écope de la défiance du public centrafricain. Porté au pouvoir par les rebelles du Séléka, Michel Djotodia le président centrafricain par intérim subit par ricochet l’impopularité de ces rebelles. Président de transition jusqu’au terme de l’année 2014, en tant que tel il n’a pas su faire cesser les crimes des Séléka dans le pays. Tout porte à démontrer que la situation en Centrafrique n’est plus sous son contrôle. La qualité d’un grand homme d’Etat se mesure dans l’adversité par son courage, son talent, son génie à prendre la décision qui change le cours de l’histoire de son peuple et le préserve. On ne lui demande pas d’être un héros qui, bien souvent, n’existe que grâce aux faits de guerre destructrice.
Un grand homme d’Etat sait créer les conditions de paix et d’intégration des différentes composantes de son peuple. A cet égard, on gardera de Nelson Mandela cette formule : « Personne ne naît pour haïr une autre à cause de la couleur de sa peau, de son passé ou de sa religion. On apprend aux gens à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire.»
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