Centrafrique: un record pour le déploiement de forces de maintien de la paix
Par Jocelyn Coulon-aleteia.org - 31/10/2013
L'auteur est directeur du Réseau de recherche sur les opérations de paix, affilié au CÉRIUM de l'Université de Montréal. Il est en mission d'étude en République centrafricaine
Il y a une Afrique qui marche. Il faut en parler afin de chasser l'impression que ce continent n'est qu'une source de mauvaises nouvelles. Il y a aussi une Afrique qui ne marche pas, au point où l'on se demande comment intervenir pour lui venir en aide. La République centrafricaine est un de ces pays où le temps s'est arrêté. On dit même, ici à Bangui, la capitale, que l'horloge a reculé de 40 ans. Selon la Fondation Mo Ibrahim sur la bonne gouvernance, la Centrafrique est, avec le Tchad, le Congo démocratique, l'Érythrée et la Somalie, en tête de liste des États en déliquescence du continent et de la planète. En fait, entre ces cinq pays, il faut même faire une distinction: d'un côté la Somalie, toujours en proie à l'anarchie et au terrorisme, et la Centrafrique sur le point d'y ressembler, et de l'autre côté, les trois autres qui tentent avec des fortunes diverses de se reconstruire.

© chemisemagazine.org
Jocelyn Coulon
La Centrafrique est aux prises depuis vingt ans avec une instabilité politique et militaire chronique. De rébellions militaires en coups d'État, d'insurrections rebelles en interventions étrangères, le pays ne fait que s'enfoncer, malgré une présence internationale permanente. La Centrafrique détient le record du monde pour le déploiement de forces de maintien de la paix: onze missions depuis 1998, et l'ONU en prépare une douzième. Malgré cela, rien n'y fait. Les élites se disputent le pouvoir et les quelques richesses sans aucune considération pour les quatre millions de Centrafricains. Dès qu'un groupe prend le pouvoir, il donne naissance à une rébellion qui le déloge, et ce groupe est à son tour délogé quelques années plus tard.
Ce cycle infernal a conduit la Centrafrique là où elle est présentement. En août dernier, de passage à Bangui, un représentant de l'ONU a résumé en quelques mots l'ampleur du désastre: «L'État n'existe tout simplement pas en dehors de la capitale. Au-delà de Bangui, il n'y a ni police, ni système judiciaire, ni services sociaux. La sécurité est pratiquement inexistante et la population vit dans un état de peur permanent», déclarait-il. Le dernier groupe rebelle à avoir pris le pouvoir, la coalition Séléka, a tout dévasté sur son passage lors de sa marche sur la capitale en mars dernier. Les préfectures, les écoles, les églises, ont été pillées et brûlées, tout comme les archives. L'ONU, présente au pays depuis treize ans, n'a pas été en mesure de stopper la descente aux enfers. Elle assume le blâme, mais ceux qui auraient pu agir - les membres du Conseil de sécurité - ont tout simplement oublié le pays. Ils avaient d'autres urgences: le 11 septembre, l'Afghanistan, l'Irak, le Congo, la Côte d'Ivoire.
Que faire alors?
La solution régionale a été appliquée, sans résultats. Les pays de la Communauté économique des États d'Afrique centrale n'ont jamais réussi à s'engager massivement pour aider le pays et se sont souvent divisés en prenant parti dans les luttes entre factions. La dernière crise a, semble-t-il, secoué les consciences. À l'initiative de la France, l'ONU vient d'autoriser l'Union africaine à déployer une force de 3500 militaires. Dans quelques semaines, une opération de paix onusienne de plus grande envergure devrait s'installer. Elle ne va pas chômer. Le plus urgent est d'éviter la «somalisation» du pays, c'est-à-dire son morcellement en de multiples entités toutes aussi faibles les unes que les autres, et donc susceptibles d'être la proie de groupes militaires ou terroristes bien organisés. Les djihadistes du Sahel et du Nigeria seraient en mesure de frapper ici, dit-on. Ensuite, convaincre le Tchad de jouer un rôle plus positif dans la résolution du conflit. Ce pays a trop souvent fait et défait les gouvernements en place. Enfin, entamer le relèvement du pays. Tout cela prendra des années.
Ce cycle infernal a conduit la Centrafrique là où elle est présentement. En août dernier, de passage à Bangui, un représentant de l'ONU a résumé en quelques mots l'ampleur du désastre: «L'État n'existe tout simplement pas en dehors de la capitale. Au-delà de Bangui, il n'y a ni police, ni système judiciaire, ni services sociaux. La sécurité est pratiquement inexistante et la population vit dans un état de peur permanent», déclarait-il. Le dernier groupe rebelle à avoir pris le pouvoir, la coalition Séléka, a tout dévasté sur son passage lors de sa marche sur la capitale en mars dernier. Les préfectures, les écoles, les églises, ont été pillées et brûlées, tout comme les archives. L'ONU, présente au pays depuis treize ans, n'a pas été en mesure de stopper la descente aux enfers. Elle assume le blâme, mais ceux qui auraient pu agir - les membres du Conseil de sécurité - ont tout simplement oublié le pays. Ils avaient d'autres urgences: le 11 septembre, l'Afghanistan, l'Irak, le Congo, la Côte d'Ivoire.
Que faire alors?
La solution régionale a été appliquée, sans résultats. Les pays de la Communauté économique des États d'Afrique centrale n'ont jamais réussi à s'engager massivement pour aider le pays et se sont souvent divisés en prenant parti dans les luttes entre factions. La dernière crise a, semble-t-il, secoué les consciences. À l'initiative de la France, l'ONU vient d'autoriser l'Union africaine à déployer une force de 3500 militaires. Dans quelques semaines, une opération de paix onusienne de plus grande envergure devrait s'installer. Elle ne va pas chômer. Le plus urgent est d'éviter la «somalisation» du pays, c'est-à-dire son morcellement en de multiples entités toutes aussi faibles les unes que les autres, et donc susceptibles d'être la proie de groupes militaires ou terroristes bien organisés. Les djihadistes du Sahel et du Nigeria seraient en mesure de frapper ici, dit-on. Ensuite, convaincre le Tchad de jouer un rôle plus positif dans la résolution du conflit. Ce pays a trop souvent fait et défait les gouvernements en place. Enfin, entamer le relèvement du pays. Tout cela prendra des années.
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5 COMMENTAIRES
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Bonne analyse mais des actions urgentes s'imposent.
Par Ngarra31/10/2013 21:37
Cette descente aux enfers a été provoquée par les forces extérieures avec la complicité des politiciens locaux. Justement le peuple centrafricain, c'est-à-dire, les quatre millions de personnes dont vous parlez, aimerait retrouver rapidement la paix ; que ces divers envahisseurs soient mis hors d'état de nuire. Que la vraie démocratie se mette en place et vous verrez que ce pays va rapidement se relever. Beaucoup de promesse et rien de concret. Ne nous fatiguez plus avec ces analyses connues de tout le monde...
Analyse partielle, copie à revoir sur les raisons exogènes
Par Nomzamo01/11/2013 18:01
Tant que les pseudos spécialistes occidentaux de l'Afrique se contentent d'analyser les raisons internes aux crises en RCA et effleurer à peine les raisons externes nous serons toujours au même point de départ.
Où sont les analyses sur le rôle de la puissance coloniale, france? sur les enjeux économiques (pétrole, uranium, bois, or, diamant etc..)?
Devons-nous nous contenter des pansements sur des jambes en bois?
Ce pseudo chercheur trouve t-il normal que la puissance coloniale qui est juge et partie soit celle qui propose des résolutions sur ses colonies dont la RCA?
L'ONU sert -elle finalement à quoi au juste?
Le verbe descendu du ciel
Par Zi ngoussou01/11/2013 23:06
Mr fait ce qu'il peut. Pour avoir un œuf il faut une poule. On a les morts par balles (les filles), des armes qui viennes de l'occident (la mère). Que dit ce Mr à propos. Zéro.
L'Afrique francophone, pauvre. Oui peut-être. Que dit ce Mr à propos. Zéro.
Les coups d'Etats organisés contre les indésirables, le FCFA avec les 65% de confiscation forcées, le pilotages des contrats miniers sous les menaces des armes, de fermetures des soit disons "aides", le pilotages de la presse pour créer le méchant, ou blanchir le dictateur soumis à leurs causes…Zéro!
Les troupes de l'ONU pour sécuriser! Sécuriser quoi, et où?
Peut on former 3000 tirailleurs locaux, pour défendre son propre territoire? Ou sont-ils trop pauvres et ignorants pour tenir les armes aussi sophistiquées?
Il n'ya jamais eu des colonisateurs en Afrique, ni de colonies ou ex colonies. Ne laissons pas aux autres la faculté et le monopole de définir nos malheurs, surtout quand ils viennes de nos tortionnaires.
Nous avions depuis tjrs que des Génocidaires esclavagistes, et des esclaves. Que cela déplaise, vous et moi dans la réalité, ns ne sommes que ds esclaves aux yeux de nos gentils tuteurs.
CQFD!
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