Tranches de vie: Garoua-Boulaï à l’heure de la crise centrafricaine
Par Edith Anaelle Makong, Intégration - 18/01/2013
Sa proximité avec la localité centrafricaine de Beloko, où le porte- parole de la rébellion de la Séléka a ses racines, exacerbe les tensions et la pression
Poste de contrôle à l’entrée de Garoua-Boulaï, ce lundi 07 janvier 2013. Il est environ 20 h et 45 minutes. La cité frontalière présente le visage d’une ville en état de siège. A cet endroit – objet d’une attaque des rebelles centrafricains en septembre 2012 -, le dispositif sécuritaire est renforcé. En plus des éléments de la police et de la gendarmerie nationale, il y a la présence dissuasive du Bataillon d’intervention rapide (Bir). Avant d’atteindre le cœur de la ville, il faut se soumettre à un contrôle strict au niveau des différents postes de contrôle mixte. Il en est de même sur l’axe routier conduisant vers le nord du Cameroun, souffle un passager. Il affirme avoir vécu « ce calvaire » voici trois jours. Il partait de Ngaoundéré pour Bertoua, le chef-lieu de la région de l’Est. Tout le monde doit montrer patte blanche. Ici, apprend-on de quelques personnes interrogées, «nous sommes presque en état d’urgence». En effet, comme si le mot s’était passé entre les tenanciers de buvettes, restaurants et autres lieux de rencontre, tout est fermé à partir de 22 heures. Difficile donc de se restaurer à cette heure tardive de la nuit.

Garaou-Boulaï, une ville à la frontière camerounaise
Le mardi 08 janvier à 10 heures, un tour de ville confirme l’impression de la veille. Il y a une forte présence militaire à Garoua-Boulaï. Une source sécuritaire sur place affirme qu’«il y a un nombre impressionnant des éléments du Bir dans les camps, prêts à parer à quelque attaque». A la frontière entre le Cameroun et la République Centrafricaine (Rca), une vingtaine de camions est stationnée. Ces véhicules en partance pour Bangui, signalés la veille par notre source, transportent des marchandises et des vivres frais en provenance de Douala, Yaoundé et Bafoussam. La psychose ne quitte pas les transporteurs et les habitants de Garoua-Boulaï. Tous ignorent de quoi demain sera fait. Surtout que Beloko est à 7 km de Garoua-Boulaï. C’est le village natal de Charles Masssi, le beau-père d’Eric Massi, le porte-parole des rebelles de la Séléka. «L’armée a quadrillé le secteur et tout le monde a peur de traverser en Rca», indique Arouna Arabo, l’un des chauffeurs rencontrés à la frontière.
Comprendre la psychose de Garoua – Boulaï
Les explications à la psychose ambiante à la frontière principale du Cameroun avec la Rca ne manquent pas. Pour certains, «c’est parce que notre ville est située seulement à environ 60 km du département de Baboua, une forêt où est installée l’une des bases de la rébellion]». Pour d’autres, « la nature hétéroclite de la rébellion fait en sorte que même les négociations de Libreville au Gabon ne garantissent pas un retour à la paix». Conséquence, on retombe dans les scénarii de 2003, où, au plus fort de la conquête du pouvoir d’Ange Félix Patassé par l’actuel président centrafricain, les populations désertaient la plupart des localités occupées par les rebelles. Ces populations en fuite étaient victimes du pillage et du viol exercés au quotidien par les rebelles. S’en était suivi un afflux massif de réfugiés centrafricains dans la région de l’Est, notamment dans les départements du Lom et Djerem et de la Kadey. La région de l’Adamaoua avait également accueilli un nombre impressionnant de centrafricains en quête d’une terre de paix. Et selon les chiffres du Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr) publiés en 2010, le Cameroun abritait environ 46.000 réfugiés centrafricains.
Comprendre la psychose de Garoua – Boulaï
Les explications à la psychose ambiante à la frontière principale du Cameroun avec la Rca ne manquent pas. Pour certains, «c’est parce que notre ville est située seulement à environ 60 km du département de Baboua, une forêt où est installée l’une des bases de la rébellion]». Pour d’autres, « la nature hétéroclite de la rébellion fait en sorte que même les négociations de Libreville au Gabon ne garantissent pas un retour à la paix». Conséquence, on retombe dans les scénarii de 2003, où, au plus fort de la conquête du pouvoir d’Ange Félix Patassé par l’actuel président centrafricain, les populations désertaient la plupart des localités occupées par les rebelles. Ces populations en fuite étaient victimes du pillage et du viol exercés au quotidien par les rebelles. S’en était suivi un afflux massif de réfugiés centrafricains dans la région de l’Est, notamment dans les départements du Lom et Djerem et de la Kadey. La région de l’Adamaoua avait également accueilli un nombre impressionnant de centrafricains en quête d’une terre de paix. Et selon les chiffres du Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr) publiés en 2010, le Cameroun abritait environ 46.000 réfugiés centrafricains.

© Intégration
Dans ce numéro de Intégration
Aujourd’hui encore, affirme une source sécuritaire, «des victimes de la crise centrafricaine commencent à se rabattre au Cameroun, afin de sauver leur vie, puisque le Tchad et le Soudan, d’autres voisins de la Rca, ne présentent pas des garanties de sécurité». D’après ces sources, «plusieurs français en provenance de Bangui ont profité de la période des fêtes de fin d’année pour rallier Yaoundé en transitant par Garoua – Boulaï». La raison : «[iils ne pouvaient pas prendre le vol en Rca, parce que l’aéroport de Bangui était fermé. Et lorsque ces Français ont été aperçus à Garoua - Boulaï, nous avons informé notre hiérarchie qui nous a demandé de les laisser passer pour Bertoua, ville à partir de laquelle leur situation de transit serait régularisée]».
Il n’y a pas seulement à Garoua-Boulaï que l’on prévient les mouvements de personnes aux frontières entre les deux pays. Le Cameroun et la Rca partagent une très longue frontière qui touche les localités de Gari-Gombo, Mboy II, Salapoumbé, Mobilong et Gribi dans la Boumba-et-Ngoko, Kentzou, Gbiti et Toktoyo dans la Kadey. Autant de possibilités pour les populations pourchassées ou fuyant les représailles en Rca de se réfugier au Cameroun. Et le plus souvent, on note parmi ces fuyards des personnalités très importantes de la société. A Toktoyo, selon nos sources, la police a sauvé un procureur de la République centrafricaine de la ville de Carnot, pris en chasse par les éléments de la gendarmerie nationale centrafricaine. La raison de cet acharnement? «Le procureur, originaire de Baboa, est le neveu du porte - parole des rebelles et proche de Charles Massi, assassiné dans son pays en 2010, dans des conditions qui restent encore à élucider.» Selon nos sources, ce réfugié a d’abord été convoyé à Bertoua, avant d’être mis en route pour Yaoundé.
Il n’y a pas seulement à Garoua-Boulaï que l’on prévient les mouvements de personnes aux frontières entre les deux pays. Le Cameroun et la Rca partagent une très longue frontière qui touche les localités de Gari-Gombo, Mboy II, Salapoumbé, Mobilong et Gribi dans la Boumba-et-Ngoko, Kentzou, Gbiti et Toktoyo dans la Kadey. Autant de possibilités pour les populations pourchassées ou fuyant les représailles en Rca de se réfugier au Cameroun. Et le plus souvent, on note parmi ces fuyards des personnalités très importantes de la société. A Toktoyo, selon nos sources, la police a sauvé un procureur de la République centrafricaine de la ville de Carnot, pris en chasse par les éléments de la gendarmerie nationale centrafricaine. La raison de cet acharnement? «Le procureur, originaire de Baboa, est le neveu du porte - parole des rebelles et proche de Charles Massi, assassiné dans son pays en 2010, dans des conditions qui restent encore à élucider.» Selon nos sources, ce réfugié a d’abord été convoyé à Bertoua, avant d’être mis en route pour Yaoundé.
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