Toute l’Afrique à Paris dans un seul homme
Par Muriel Steinmetz - 06/10/2010
Modeste Nzapassara s’empare du roman d'Alain Mabanckou, "Black Bazar", en incarnant tous les personnages. Un spectacle très bien sapé
Modeste Nzapassara, né en République centrafricaine, met en scène et joue Black Bazar, d’après le roman du Franco-Congolais Alain Mabanckou publié au Seuil. Il n’y a que lui en scène – comme un «symbole de la solitude de l’immigré», écrit l’interprète dans sa présentation –, sapé comme un roi, à l’instar du héros du livre, un écrivain congolais en quête de lui-même, qui évidemment ressemble comme un frère à Alain Mabanckou. Ancien manutentionnaire au pays, débarqué sur le pavé de Paris il y a une vingtaine d’années, le personnage principal de l’œuvre se débrouille comme il peut, grattant dans une imprimerie, quand il ne revend pas des costumes de marques sur les trottoirs, à la station Château-Rouge (à deux pas du Lavoir moderne, justement). C’est qu’il aime par-dessus tout se fringuer comme un seigneur: souliers Weston, cols italiens à deux ou trois boutons, chaussettes Jacquard, cravate en soie… Il faut «maintenir la pression», ainsi qu’il est édicté dans son milieu de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (la Sape), invention tout droit venue de Brazzaville, dans le quartier Bacongo. Autre particularité : sa passion pour la partie charnue du sexe féminin, d’où son surnom de «Fessologue». On peut lire la psychologie d’un être humain par la façon dont il remue son arrière-train, clame-t-il. Cela ne l’empêche pas d’être amoureux, d’une Congolaise si noire qu’on la surnomme «Couleur d’origine». «Couleur d’origine» a une paire de fesses à se damner, capable de bouger «dans le sens contraire des aiguilles d’une montre».

Dans son gourbi, un lit, une machine à écrire, un aspirateur, des malles pleines de costumes, Fessologue est souvent injurié par son voisin de palier, Hippocrate, que joue aussi Modeste Nzapassara qui change de rôle comme de chemise. Hippocrate est martiniquais. «Il ne sait pas qu’il est noir.» Il reproche à l’autre de creuser «le trou de la Sécu» et s’acharne à confondre le président Mobutu du Grand Congo, qui est mort, avec celui du Petit Congo, qui ne l’est pas. Quand Fessologue sort de chez lui et qu’il n’a pas de temps, il veille à ne pas tomber sur l’Arabe du coin, qui peste contre les Chinois et les Pakistanais, récite Aimé Césaire, lui offre des bières et lui dit : «Mon frère, nous sommes tous des Africains.» Fessologue passe aussi beaucoup de temps au Jip’s, un bar du 1er arrondissement. Pour restituer l’atmosphère du bar, Modeste Nzapassara, qui joue donc tous les personnages, a choisi de poser de grands tabourets côté jardin… En s’emparant de ce texte truculent, d’une drôlerie irrésistible, issu de l’imagination vive du romancier, Modeste Nzapassara sait donner vie à toute une communauté noire exilée en France. C’est ainsi que le comédien parvient avec élégance à mettre presque toute l’Afrique dans son corps.

© alainfoix.com
Modeste Nzapassara, l'auteur
A propos de l’auteur
Modeste Nzapassara, né en juin 1967 à Bangui (en Centrafrique) est comédien, metteur en scène français. Il monte pour la première fois sur les planches huit jours avant ses vingt ans en 1987 et attrape le «virus» du théâtre, tout en pratiquant le 9ème art comme dessinateur et scénariste de bande dessinée. Il reçoit le 1er Prix du Comédien Espoir en 1989. Il se forme dans le Théâtre National de Centrafrique–parallèlement dans d’autres troupes–, se produit de 1989 à 1992 dans des sketches comiques avec la compagnie de théâtre populaire Les Conteurs de Tout dont les spectacles sont basés sur des canevas et de l’improvisation. Il est remarquable dans le rôle-titre «Néron noir», en 1991, puis, enchaîne alors des rôles principaux… Il réalise sa première mise en scène, à vingt-trois ans, avec un montage de textes de poésie (Des mots en cascades) puis écrit, l’année suivante, des textes pour la scène. Modeste Nzapassara est directeur artistique de la compagnie Polychrome Théâtre. Il est également auteur.
Modeste Nzapassara, né en juin 1967 à Bangui (en Centrafrique) est comédien, metteur en scène français. Il monte pour la première fois sur les planches huit jours avant ses vingt ans en 1987 et attrape le «virus» du théâtre, tout en pratiquant le 9ème art comme dessinateur et scénariste de bande dessinée. Il reçoit le 1er Prix du Comédien Espoir en 1989. Il se forme dans le Théâtre National de Centrafrique–parallèlement dans d’autres troupes–, se produit de 1989 à 1992 dans des sketches comiques avec la compagnie de théâtre populaire Les Conteurs de Tout dont les spectacles sont basés sur des canevas et de l’improvisation. Il est remarquable dans le rôle-titre «Néron noir», en 1991, puis, enchaîne alors des rôles principaux… Il réalise sa première mise en scène, à vingt-trois ans, avec un montage de textes de poésie (Des mots en cascades) puis écrit, l’année suivante, des textes pour la scène. Modeste Nzapassara est directeur artistique de la compagnie Polychrome Théâtre. Il est également auteur.
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